• Semer pour résister (Josie JEFFREY)

    2012   128 p.  18 €

      

      Qu'est-ce qu'une bombe à graines ? D'abord, ce n'est pas un explosif, ni un produit comestible ! Une bombe à graines est une petite boule composée d'un mélange de terreau, d'argile et de graines. Le lancer de bombes à graines, ou Seedbombs, fait partie du mouvement de guérilla jardinière né dans les années 90 chez les Anglo-saxons. Cet acte militant nous incite à mieux connaître les plantes et à semer des graines de façon ludique et engagée. Si le lancer de graines permet d'embellir certains endroits désolés, il permet aussi de se réapproprier l'espace public et de l'investir de façon positive.
      Ce livre propose un petit historique du mouvement de lancer de graines, mais également les portraits de 41 plantes communes à semer. Et après la théorie, la pratique ! Dix recettes de bombes à graines sont détaillées ; certaines pour attirer les papillons, pour nourrir les oiseaux, d'autres pour avoir des fleurs colorées ou encore des plantes à parfum. De quoi devenir un adepte du lancer de bombes à graines !
     
      Josie Jeffery a grandi dans un bus avec toute sa famille. Durant leurs voyages, elle a appris à récolter des graines, à les semer et à s'occuper de jeunes plants d'arbres. Sa voie était toute tracée. Josie a étudié l'horticulture et est designer paysagiste. Depuis la fin des années 2000, les bombes à graines sont sa passion. Elle anime avec succès des ateliers de jardinage en Angleterre et a développé sa propre entreprise : SeedFreedom.  

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  • Révolution au potager (Guylaine GOULFIER)

    2012     191 p .   22,50 €

      Pour quelles raisons éviter de travailler le sol, de le mettre sens dessus dessous ? Quels sont réellement les bienfaits du compost ? A quoi peut bien servir le BRF (bois raméal fragmenté) au potager ? Y a-t-il vraiment de bonnes et de mauvaises associations de plantes ? Comment agissent les purins d'ortie et autres extraits de plantes ?

        Ce livre décrypte toutes les nouvelles pratiques du jardinage d'aujourd'hui et certainement de demain (mise en place de biomax, utilisation de JCAA ou thé de compost...). Ce faisant, il nous invite à partager une nouvelle façon de voir le sol, les plantes, le potager. Reposant sur des études scientifiques récentes, il offre une vision un rien révolutionnaire de ce monde passionnant encore à découvrir : si les plantes enrichissaient le sol et l'ameublissaient, si elles communiquaient entre elles et avec leur environnement, si elles savaient se défendre toutes seules contre les agressions...

      Il nous amène à reconsidérer le rôle du jardinier qui ne saurait tout contrôler mais devrait se contenter d'offrir aux plantes des conditions de culture qui leur permettent de déployer leurs multiples qualités et de croître harmonieusement.  

       


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  •  « OGM : l'agence européenne aux doubles casquettes

    lundi, 22 octobre 2012  (Nouvel OBS )

    Les deux avis délivrés mardi par le Haut conseil des biotechnologies (HCB) et l'Agence nationale de sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), commis par le gouvernement pour tirer les conclusions de l’étude Séralini, constatent tous deux la quasi-inexistence des tests "vie entière" sur les animaux. Et que le travail du Professeur de Biologie moléculaire de Caen est par voie de conséquence une première.

    Une étude quasi sans précédent qui en appelle d'autres

    Imparfaite ou insuffisante, sans doute, contestable sur les interprétations des tumeurs décrites, la comparaison avec les groupes tests qui serait non significative et la "puissance statistique" insuffisante, c’est entendu. Mais une première. Et soit dit en passant une première nettement plus complète que beaucoup des études produites par les industriels et qui ne sont, elles, jamais publiées. Et jamais soumises, elles, aux questions de la communauté des chercheurs. 

    Si le HCB étrille des "conclusions spéculatives", notamment sur les interprétations apportées sur les tumeurs, l’Anses qui a des réserves analogues sur ce point, salue une étude "ambitieuse" et "originale" conduite "en mobilisant de larges moyens".

    Et si l’un et l’autre des organismes conclut, mais en des termes très différents, que le travail du Pr Séralini ne permet pas de "remettre en cause les précédentes évaluations du NK603", ils appellent cependant à l’unisson à des "études long-terme" "indépendantes" et même "contradictoires" sous les auspices de la "recherche publique". Que ne l’a-t-on fait plus tôt et spontanément ? Quelques oreilles doivent siffler ce soir à l’Inra ou au CNRS….

    Pour se convaincre du désert de ce chantier public, en France et ailleurs, sur des plantes pourtant associées à des produits phytopharmaceutiques, les deux organismes s’appuient sur une étude très instructive. Celle de José Domingo, publiée dans la revue "Environnemental International". Ce chercheur catalan du Laboratoire de toxicologie et de santé environnementale a réalisé deux fois de suite, en 2006 et en 2010, le tour complet des études de toxicité disponibles.

    Des études sur OGM et santé humaine "étonnament limitées"

    Lisez bien : "Environ 15 ans se sont écoulés depuis l'introduction des plantes génétiquement modifiées dans la nourriture, et des nouveaux produits OGM sont actuellement ajoutés à la liste existante. Toutefois, il ya 10 ans, nous avons déjà remarqué qu'il n'y avait pas suffisamment d'informations publiées concernant la sécurité des aliments génétiquement modifiés en général, et les plantes génétiquement modifiées, en particulier."

    "Plus précisément, le manque d'études toxicologiques publiées sur les effets indésirables sur la santé était évident (Domingo, 2000 ; Domingo-Roig et Gómez-Arnáiz, 2000). En 2006, 6 ans après que notre examen initial ait été publié, nous avons procédé à un nouvel examen de la littérature scientifique. Le nombre de références trouvées dans les bases de données était encore étonnamment limitées."

    "La plupart des études, poursuit-il, qui concluent que les aliments OGM ont une valeur nutritionnelle et une sûreté identique à celles obtenues par sélection classique, ont été effectuées par les entreprises de biotechnologie ou leurs associés, qui sont également responsables de la commercialisation de ces plantes".

    On est donc très loin des premières salves de critiques lancées contre Gilles-Eric Séralini qui soutenaient que les études académiques long terme étaient légions et démontraient l'innocuité des OGM comme deux et deux font quatre. Et que comme le titrait le Figaro : "Les animaux nourris aux OGM se portent bien". Après la reprise d'une d’une méta analyse française des recherches en cours qui, curieusement, ne citait pas l’étude de Domingo. Et qui, curieusement encore, ne provoquait pas de levée de boucliers après sa parution sans discussion contradictoire.

    Une carence pourtant à ce point béante que tant le HCB que l’Anses en appellent aujourd'hui l’un et l’autre à ces "études de long terme" manifestement introuvables sauf deux aboutissant à des conclusions contraires et qui souffrent l'une et l'autre d'insuffisances.

    Des études longue durée sur tous les OGM

    Mieux, l’Anses, qui s'est dotée d'un comité de déontologie et de pare-feux contre les conflits d'intérêt, élargit le champ à tous les OGM : "L’Agence recommande d’engager des recherches visant à décrire les effets potentiels sur la santé associées à la consommation sur le long terme d’OGM ou à l’exposition aux formulations psycho pharmaceutiques associées".

    A commencer par le Round'up. Des études qui viseraient non seulement les "substances actives" mais aussi les "coformulants", c’est à dire les adjuvants employés par les industriels pour mieux faire pénétrer l’herbicide dans les plantes. (1) Très exactement la revendication de Gilles-Eric Seralini depuis une bonne dizaine d’années et des chercheurs qui s’interrogent sur une éventuelle toxicité .

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    Le Foll pour une remise à plat de l'évaluation

    Oui, l’abcès est bel et bien crevé. Lorsque le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll déclare que "le gouvernement veut une remise à plat du dispositif européen d’évaluation, d’autorisation et de contrôle", il met la pression sur les autorités bruxelloises et l’Efsa (Agence de sécurité alimentaire européenne) qui n’a toujours pas rendu son avis définitif.

    Certes, Séralini n’a pas gagné sa guerre. Mais il a remporté une sacré première bataille soutenue par plus de 100 chercheurs dans le monde (voir texte en français). Une bataille qui permettra peut-être d’y voir plus clair sur la toxicité ou non des OGM résistants aux herbicides. D’ici… trois ans, le temps de les mener à bien et si le gouvernement satisfait les demandes du HCB et de l’Anses.

    Voilà en tout cas qui va permettre à Gilles-Eric Séralini de regarder ses nombreux détracteurs dans le blanc des yeux. Eux qui l’accusaient d’avoir choisi des rats qui attrapent le cancer comme la grippe et d'utliser des doses faussée. Un réquistoire repris encore vendredi dernier par six académiciens qui, sous le couvert de l’anonymat, excommuniaient courageusement le chercheur normand. Ils allaient même jusqu’à suggérer l'instauration d'un cabinet noir pour filtrer l’information scientifique !

    Les principaux griefs balayés

    Reprenons en effet les principaux griefs et écoutons la réponse de l’Anses. Les fameux rats ? "Il apparaît, note l’Anses, pertinent de choisir les Sprague Dawley qui sont les plus fréquemment utilisés dans le cadre de ce protocole". Leur nombre insuffisant ? "Un choix couramment utilisé dans le cadre des études de toxicité subchronique". Les doses de maïs OGM ? "Le protocole expérimental adopté est complet et standard". Le scandaleux financement par la grande distibution ? Même pas évoqué. Les "micotoxines" responables des tumeurs ? Oubliées. Il n'y en avait pas....

    Le "secret industriel" en passe d'être levé

    Mieux, Gilles-Eric Séralini aurait obtenu de l’Anses de pouvoir consulter les études des semenciers protégées jusque-là par le "secret industriel". Et il est alors probable qu’il rendra public de son côté les données brutes de sa propre étude comme il s’y était engagé initialement.

    L’étude de Séralini était donc bien l’événement que le "Nouvel Obs" a parfaitement eu raison de répercuter dans ses colonnes. Une première qui révèle la vacuité des tests menés jusque-là. Une étude toxicologique fort inquiétante qui doit maintenant, comme toutes les autres, être discutée puis évidemment, reproduite. Et surtout complétée par une étude de cancérogénèse que n’avait pas entrepris Séralini parce qu’il ne s’attendait pas à une telle explosion de tumeurs.

    La science et le dogme de "[l']équivalence en substance"

    Plutôt une excellente nouvelle ? Non. Pas pour l’Association française des biotechnologies végétales (AFBV) qui déclare ce soir qu’elle craint que "la proposition du HCB et de l’Anases de réaliser une nouvelle étude à long terme sur ce maïs NK 603 ne vienne décrédibiliser leurs propres conclusions rassurantes pour le consommateur".

    Mais en quoi les avis de l’Anses et du HCB sont-ils une demi-seconde "rassurants" ? Ils expliquent que les conclusions angoissantes de Séralini ne peuvent en l’état être retenues, mais qu'il n'en existe aucune autre pour démontrer le contraire. Et qu’il faut donc mettre en oeuvre d’autres travaux pour en avoir le cœur net. Qu’y a-t-il donc de si rassurant pour le consommateur ? Et pourquoi cette opposition systématique, opiniâtre et si constante aux tests de longue durée ? Qu’est-ce qu’un scientifique peut craindre de l’expérimentation avec tous les rats nécessaires et tous les moyens que n'avait pas Séralini ? Parce que la recherche publique lui avait refusé. Voir sur ce sujet les explications très franches de Gérard Pascal.

    A moins que l’ASBV ne considère que les plantes OGM conçues pour absorber des herbicides sans en être affecter et les plantes conventionnelles soint "équivalentes en substance". Qu’une fois pour toutes, il n’y a pas lieu de s’interroger ainsi que c’est l’usage aux Etats-Unis et au Canada en vertu du seul fait que les valeurs nutritives sont identiques.

    Question : ce dogme par ailleurs très contesté (voir l'article de Erik Millstone, Eric Brunner and Sue Mayer dans la revue "Nature") peut-il se hisser sans vérification au rang de vérité intangible ? Un principe commercial, fut-il adoubé par l'OCDE, autorise-t-il à s’affranchir de toute vérification en… longue et due forme ?

    Voir à ce sujet l'avis très argumenté du groupe des experts (GECU) commis par l'Anses, qui rappelle qu'un OGM n'est pas seulement une construction génétique résistant aux herbicides ou en secrétant. Et que l'action à long terme de ces herbicides est encore étudiée de manière très incomplète. C'est le coeur de l'énigme.

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    Guillaume Malaurie


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  • Manger local (Lionel ASTRUC )

    2011    176 p.    19,30 €

       Il y a au moins trois bonnes raisons de manger local.
      -D'abord, parce que notre approvisionnement dépend pour une trop large part d'importations en provenance de pays parfois lointains, ce qui le rend fragile.
      -Ensuite, parce que ces importations sont coûteuses en pétrole, et en pollutions qui viennent accroître le réchauffement climatique.
      -Enfin, parce que privilégier les "circuits courts" permet de renouer un lien avec les producteurs locaux et de savoir comment est produit ce que l'on mange.
      Comment faire pour manger local ? Retrouver la maîtrise de son alimentation oblige à réapprendre des gestes souvent oubliés (jardiner, préparer des conserves...) et à redécouvrir la coopération et l'entraide qui conditionnent la plupart du temps la réussite.
       Pour aider à cette grande "requalification", les auteurs de Manger local proposent vingt-six initiatives qui reposent sur des expériences réussies et facilement reproductibles, des plus simples à mettre en oeuvre (constituer un réseau de paniers, approvisionner une cantine en produits bio et locaux ou démarrer son potager) aux plus "engagées" (se réunir autour d'un jardin partagé, créer un éco-hameau, mettre les initiatives locales en réseau...). Chaque initiative est accompagnée de conseils pratiques pour l'adapter à son propre territoire, et d'adresses utiles pour se mettre en relation avec d'autres projets et passer à l'action.
       Après des études de sciences politiques, Lionel Astruc est devenu journaliste spécialisé dans l’environnement. Ses enquêtes le conduisent à visiter des projets écologiques pionniers. Ses reportages paraissent dans la presse et ont fait l’objet de nombreux livres, parmi lesquels:
      - Voyage en Terre durable (Glénat),
      - Echappées vertes (Terre Vivante),
      - Aux sources de l’alimentation durable (Glénat)…
      Cécile Cros, titulaire d’un master en gestion de l’environnement de l’université de Plymouth, en Grande-Bretagne, est chargée des relations extérieures et rédactrice à la Fondation Goodplanet.  

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  • ( R)évolutions... (Lionel ASTRUC)

    2012     290 p.    20,30 € 

       L’objectif, éminemment politique, de cet ouvrage est de proposer pour 2012 une alternative aux programmes court-termistes et consensuels qui pourraient être développés par les candidats lors de la campagne officielle pour les élections présidentielles. Il vise à offrir une perspective de long terme de ce à quoi la société pourrait ressembler d’ici trente à cinquante ans si nous prenons un véritable virage écologique et humain et si nous opérons un changement concret de paradigme.
       Si, ces dernières années, un grand nombre d’ouvrages et de films ont dénoncé les pires crises que traverse l’humanité, si d’autres se sont évertués à mettre en lumière des alternatives, force est de constater que très peu se sont attelés à la tâche d’offrir une vision articulée, écologique et positive de l’avenir.
        Loin des “yaka-fokon” et des déclarations d’intention pleines de bonne volonté, cet ouvrage met en lumière des solutions qui ont fait leur preuve, à petite comme à grande échelle, dans la plupart des domaines de la société. Pour chaque thématique, une personnalité “experte”, ayant développé une vision du sujet - voire souvent conduit ou observé une expérimentation -, propose en quelques pages des voies de transition concrètes, ainsi que les moyens à disposition de tous, qu’ils soient citoyens, élus ou entrepreneurs, pour les mettre en action. Chacune de ces propositions s’appuie sur un “cas pratique” : un exemple concluant mené à l’échelle d’un territoire européen (canton, département, région…). Au-delà d’une simple compilation, ces propositions sont mises en relation comme un véritable projet de société.
        Journaliste et auteur, Lionel Astruc se consacre aux thèmes de l’écologie et de l’économie solidaire. Il a écrit une dizaine d’ouvrages dont la plupart sont des enquêtes de terrain sur les filières de produits “durables” (alimentation, mode, tourisme…), en France et dans le monde. Il est également l’auteur de la biographie d’une icône mondiale de l’altermondialisme, l’indienne
        - Vandana Shiva (Terre Vivante, septembre 2011), et de
        - Manger local (Actes Sud, octobre 2011).  

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  • Manger tous et bien (Bruno PARMENTIER)

    2011     336 p.    21,30 €

        "Avant", les rapports à la nourriture étaient angoissants, mais simples : on voulait être sûr de manger demain et on espérait ne pas mourir après souper. Aujourd'hui, en France, on n'a plus faim, mais on n'a jamais autant parlé de nourriture ni d'agriculture. On réclame à la fois du simple, sophistiqué et pratique, traçable et biologique, équitable et local, rapide et diététique, équilibré et varié, traditionnel et moderne, issu du terroir et exotique...

       Mais surtout, on veut maigrir ! Sans oublier qu'ayant voulu gagner du temps, on a confié à d'autres une bonne partie de la préparation de notre nourriture, ce qui nous angoisse, car "on ne sait plus ce qu'on mange". On ne trouvera ici ni recette de cuisine, ni réquisitoire contre les responsables supposés de la "malbouffe", ni programme pour une vie meilleure. On y puisera en revanche quantité de réponses à des questions que chacun peut se poser :

       -qu'est-ce que manger, au fond, et surtout qu'est-ce que bien manger, à la fois seul le soir après une journée de travail et quand on reçoit des amis ?

      - Pourquoi, alors que l'espérance de vie augmente régulièrement, les maladies liées à la nourriture - obésité, allergies, intolérances, boulimie, anorexie - ne cessent-elles de proliférer ?

      - Pourquoi mange-t-on sans sourciller des OGM aux Etats-Unis alors qu'on s'y refuse en France ? Quelle est la réalité, et l'avenir, du bio et des circuits court ?  

      -Mais aussi, quels sont les problèmes que nous rencontrons avec les céréales, les fruits et légumes, la viande, le lait ?

       -Comment s'organiser pour manger à la fois mieux, tous et durablement ?

      - Le manger "bien" des uns est-il incompatible avec le manger "tous", à bientôt neuf milliards d'individus sur Terre ?

      -Quelles nouvelles relations inventer entre les agriculteurs et les consommateurs ?

       Un livre accessible à tous, consommateur de base tout comme spécialiste ou "décideur", pour aider chacun à élargir sa vision et se faire sa propre opinion.

     
       Bruno Parmentier, ingénieur des Mines et économiste, a dirigé dix ans le Groupe ESA (Ecole supérieure d'agriculture d'Angers). Il est l'auteur de Nourrir l'humanité, les grands problèmes de l'agriculture mondiale au XXIe siècle (La Découverte, 2007) et donne de nombreuses conférences.

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  • 2009      172 p.     35,50 € 

    Noix, coquelicot, sureau, blé, pomme, chardon, lierre... Autrefois, au fil des balades de «l'école buissonnière», plus de 150 plantes, arbres, légumes et fruits étaient utilisés pour fabriquer des jouets au naturel. En quelques minutes, avec ce que leur offrait la nature, petits et grands se confectionnaient un sifflet, un petit bateau, une fronde, une poupée ou une couronne de fleurs.

    Au fil des décennies, tous ces jouets simples et gratuits sont tombés dans l'oubli. Pourtant, intemporels, ils n'appartiennent pas au passé : la nature continue toujours de nous offrir généreusement sa matière première pour les recréer éternellement.

    C'est ce que nous raconte Christine Armengaud au fil des pages de ce beau livre de mémoire : à travers son travail d'ethnologue depuis plus de 30 ans d'abord, qui lui a permis de recueillir témoignages et pratiques (elle sait les fabriquer !) ; à partir aussi de sa fabuleuse collection de jouets non manufacturés et de livres anciens illustrés pour enfants, rares témoignages visuels de cette richesse... Une richesse à redécouvrir, et à faire découvrir à nos enfants.

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  •  11 Octobre 2012     Par Laurence Dequay  (Marianne)

    Embourbé dans le chômage de masse, notre service public de l'emploi ne parvient pas à remplir ses missions. Entre problèmes structurels lourds et anomalies bureaucratiques, il y aurait pourtant beaucoup à faire pour tenter de conjurer au mieux la conjoncture... Enquête sur une administration défaillante.


    (Lionel Cironneau/AP/SIPA)
    (Lionel Cironneau/AP/SIPA)
    Cela fait trois ans que Maurice* K. est inscrit à Pôle emploi. Trois ans que ce cadre commercial de 55 ans regarde avec angoisse les chiffres du chômage grimper, et le marché du travail se tendre. Trois ans, enfin, qu'il estime avoir été insuffisamment pris en charge par un service public défaillant. Alors, appuyé par la CGT Précaires, notre homme a porté plainte, le 10 septembre dernier, accusant son conseiller de Pôle emploi de ne l'avoir reçu que quatre fois depuis 2009, et de ne lui avoir jamais transmis les offres de travail existantes correspondant à son profil, l'obligeant ainsi en fin de droits à survivre d'un job à temps partiel de porteur de journaux. En référé, la justice administrative a, en première instance, tranché en sa faveur. Citant, même, dans ses ordonnances, le préambule de la Constitution de 1946 (« Chacun a le devoir de travailler et le droit d'obtenir un emploi »), et la Déclaration des droits de l'homme. Mais, en appel, les magistrats ont annulé le référé, arguant que la condition d'urgence n'était pas remplie...

    Et pourtant. Au moment même où des milliers de Maurice K. reprochent au service public de les négliger, ce dernier renonce officiellement, faute de budget et faute de troupes, à convoquer mensuellement ses 4,73 millions d'inscrits. C'était pourtant, en 2008 encore, la grande ambition du nouveau service de l'emploi (né de la fusion entre l'ANPE et les Assedic) : offrir, comme en Angleterre ou en Allemagne, un soutien suivi et individualisé à chaque inactif. Mais, quatre ans plus tard, on est encore très loin des performances de nos voisins aux derniers pointages, Pôle emploi disposait d'un ratio de 71 agents à temps plein pour 10 000 chômeurs, contre 113 en Grande-Bretagne et 110 outre-Rhin.

    Renoncements contraints
      
    Tellement loin, donc, que le nouveau directeur de l'administration, l'inspecteur des finances Jean Bassères, a décidé de battre en retraite : désormais, les 45 400 conseillers de Pôle emploi ne seront plus tenus d'organiser que quatre rendez-vous au cours des neuf premiers mois d'inactivité. Et seuls les 300 000 inscrits les plus éloignés de l'emploi se verront proposer un suivi plus assidu, avec des agents n'ayant pas plus de 70 chômeurs dans leur portefeuille. Sans doute faut-il reconnaître à la démarche un certain pragmatisme, comme l'ont fait le gouvernement et la CFDT. Reste qu'en période d'explosion du chômage ces renoncements contraints par l'absence de moyens paraissent insupportables aux inscrits.

    Et les choses ne sont hélas pas près de s'arranger. D'abord parce que le sous-emploi de masse est en train d'enrayer totalement ce service public, dont les bénéficiaires comprennent de moins en moins le fonctionnement. Ces derniers temps, en effet, Pôle emploi a dû faire face à une explosion du nombre de ses inscrits (+ 7 % au premier semestre 2012), tandis que le nombre d'offres de recrutement, lui, chutait.

    Ajoutez à cela que la qualité des jobs proposés, elle, s'est drastiquement dégradée en 2011, 11 millions de contrats portaient sur une durée inférieure à une semaine et vous comprendrez pourquoi, désormais, 62 % des dossiers traités par Pôle emploi concernent les cas complexes de chômeurs enkystés comme Maurice K. dans un dispositif dit d'« activité réduite », cumulant, au mois le mois, des petits jobs éphémères aux salaires ultrachiches, avec un peu d'allocation de retour à l'emploi (ARE), une pincée de revenu de solidarité active (RSA) ou encore un bout d'allocation spécifique de solidarité (ASS). Un dispositif si alambiqué que, selon la dernière enquête de l'Unedic, 92,4 % des bénéficiaires en ignorent les règles précises d'indemnisation ! Et, côté administration, c'est une galère sans nom.

    « Cette énorme surcharge de travail embourbe Pôle emploi », s'alarme ainsi Jean-Louis Walter, médiateur de ce service public, et ancien secrétaire général de la CFE-CGC. De sorte qu'en cette rentrée les 32 000 conseillers en charge de l'accueil des chômeurs ne consacrent que deux ou trois demi-journées par semaine à cette activité.
     
    Propositions de postes rares
      
    Autre aberration qui vient plomber l'agenda des conseillers : en plus d'une bureaucratie de plus en plus chronophage, il leur faut aussi dénicher les offres d'emploi auprès des entreprises. Car, contrairement à ce que pensent beaucoup de gens, la grande majorité des propositions de postes échappent à Pôle emploi (50 % du marché ouvert !). Et, crise oblige, celles qui finissent par passer par les listes du service public se raréfient ( 16,8 % sur un an). « En 2013, on ne va quand même pas les inventer, les jobs ! » s'inquiète Stéphanie Drouin, conseillère dans la banlieue de Toulouse, où Sanofi lance de sévères restructurations. Pour elle, comme pour beaucoup de ses collègues, ce n'est hélas pas la création de 2 000 postes d'agents de Pôle emploi annoncée en juin par Michel Sapin qui viendra à bout du problème.

    « La nouvelle majorité a beau avoir fait de la lutte contre le chômage une priorité nationale, c'est le serpent qui se mord la queue, critique Emmanuel M'Hedhdi, du SNU Pôle emploi FSU. Comment allons-nous convaincre en 2013 des patrons d'embaucher des jeunes en contrat d'avenir ou de génération si nous ne connaissons pas précisément leurs besoins ? » Même constat du côté du médiateur, Jean-Louis Walter, qui regrette que la collecte des postes disponibles « soit devenue la variable d'ajustement de l'activité de Pôle emploi ». « Quand un conseiller n'a pas d'offre à transmettre à un chômeur, tous les discours qu'il lui tient sur la nécessité de se former tombent un peu à l'eau », ajoute cet Alsacien de 60 ans à la bouille ronde.
     
     

    Formations opportunistes

    La formation, c'est justement le nerf de la guerre contre le chômage. C'est dans la formation, en effet, que réside le succès des services de placement scandinaves, et les insuffisances de notre système à cet égard constituent un véritable scandale. Sans cet instrument (dont le financement et le fonctionnement dépendent en grande partie des régions), Pôle emploi a vite fait de se transformer en agence d'intérim au rabais. « Le service public n'a pas vocation à appeler des chômeurs à 22 heures pour leur proposer un boulot de nuit qu'un employeur a posté à 20 heures, comme je l'ai déjà vu ! tonne Gaby Bonnand, ancien président de l'Unedic, et auteur d'un livre sur Pôle emploi (1). Nous devons à tout prix sortir de ce court-termisme. » Un défi qui suppose une meilleure adéquation entre les formations financées par les régions et les besoins des salariés fragilisés.

    Car, on peut le regretter, Pôle emploi propose surtout des formations opportunistes, sur les métiers dits en tension BTP, commerce, aide à domicile, ou des préparations opérationnelles sur des embauches ciblées. Par ailleurs, tout le dispositif de formation des chômeurs est pénalisé par le naufrage de l'Afpa, une association à but non lucratif qui dispense de l'apprentissage aux métiers manuels, avec laquelle Pôle emploi collabore fructueusement depuis des décennies.

    Chômage de masse qui enraye la machine, manque de temps et d'agents pour s'occuper des demandeurs d'emploi et pour dénicher des offres, dégradation du dispositif de formation... A ces problèmes structurels lourds s'ajoutent des aberrations administratives qui pourrissent la vie des chômeurs. A ce titre, l'exemple des « contrôles suspensifs » est édifiant : les malchanceux tirés au sort par Pôle emploi (pour vérifier la régularité de leur situation) sont privés d'indemnités pendant la durée des contrôles. « Les chômeurs ont beau être patients dans leur très grande majorité, c'est le genre d'épreuve qui fait monter la tension au guichet ! » se désole Suzanne, conseillère dans le sud de la France, où les arrêts pour maladie de ses collègues repartent à la hausse...
     

    Fragilité financière

    Dans cette veine kafkaïenne, on peut également signaler l'absurdité des radiations rétroactives : souvent, les ordinateurs biffent les demandeurs d'emploi de leurs listings sans attendre que le chômeur reçoive un courrier motivant sa désinscription, comme le voudrait la loi (2). Un dysfonctionnement qui plonge certains dans une grande fragilité financière certains chômeurs apprenant dix ou vingt jours plus tard que leurs subsides ont été coupés. « Cette pratique nous expose à de nouvelles poursuites judiciaires », prévient Jean-Louis Walter. Mais l'Unedic, par pingrerie, préfère attendre la sanction du Conseil d'Etat pour l'interdire. Bravo, les partenaires sociaux !

    Pour ces petits scandales du quotidien comme pour les problèmes structurels, syndicats et patronats ont du pain sur la planche. Et les discussions qui s'ouvrent ces jours-ci sur la sécurisation de l'emploi seront décisives. « Si on ne nous donne pas plus de moyens, nous allons droit dans le mur », martéle le secrétaire général de l'Unsa Pôle emploi, Dominique Nugues. Rêveur, il se souvient que, pendant la présidentielle, le député PS Alain Vidalies, alors pressenti pour la Rue de Grenelle, n'excluait pas d'aller plus loin que les 10 % des cotisations reversées aujourd'hui par l'Unedic à Pôle emploi, afin de passer le périlleux cap de 2013. Une audace bienvenue qui permettrait peut-être à Maurice K. et à des milliers d'autres de retrouver un travail...

    * Le prénom a été modifié.

    (1) Pôle emploi : de quoi j'me mêle, de Gaby Bonnand, éditions de l'Atelier.

    (2) Les chômeurs en difficulté peuvent s'adresser au site recours-radiation.fr
     
    Quand on y met les moyens, ça fonctionne !

    Jamais Anita, ancienne femme au foyer, ou François, ex-ouvrier agricole, ne se seraient imaginés chevauchant d'énormes compacteurs pour construire une ligne de TGV. Pourtant, dès 2013, ces deux anciens chômeurs, et quelque 900 autres, participeront à la construction de 302 km de voie entre Tours et Bordeaux. La preuve que, lorsque Pôle emploi travaille en bonne intelligence avec les employeurs (ici : Cosea, le consortium d'entreprises chargé de livrer ce tronçon) et avec la région (dans ce cas : Poitou-Charentes, qui a largement financé les formations), la France peut recruter 1 800 personnes dans le BTP en un temps record. Fût-ce pour des missions de deux à trois ans ! « Dès 2011, sur les 3 000 demandeurs d'emploi que nous avions sollicités, plus de 2 000 se sont présentés, raconte avec bonheur Dominique Morin, directeur de Pôle emploi Poitou-Charentes. Mille six cents ont été retenus après une première réunion, et 900 sont ensuite entrés en stage. » Pour les encadrer, Pôle emploi a installé neuf de ses conseillers chevronnés dans les bureaux de Cosea à Poitiers et sur l'ensemble du tracé. Ne manquent plus à l'appel, sur cet énorme chantier, que quelques centaines de coffreurs dotés d'un bon tour de main. A bon entendeur...
     

     Article paru dans le n°807 de Marianne daté du 6 octobre 2012.


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  • 2008     205 p.    21,90 €

          Les bons jardiniers savent que le sol est tout sauf une substance inerte. Un sol en pleine santé fourmille de vie - pas seulement de vers et d'insectes, mais d'une quantité stupéfiante de bactéries, de champignons et d'autres micro-organismes. Lorsque nous utilisons des engrais chimiques, nous portons atteinte à la vie microbienne qui normalement suffit à satisfaire les besoins des plantes. Dans le même temps, nous nous rendons de plus en plus dépendants de tout un arsenal de substances artificielles, dont beaucoup sont toxiques pour les humains comme pour les autres formes de vie.

        Mais il existe une alternative : jardiner d'une façon qui renforce, au lieu de le détruire, le sol et son réseau alimentaire, ce réseau fragile et complexe d'organismes vivants dont les interactions créent un environnement favorable aux plantes. Dans cet ouvrage clair qui évite le jargon et les termes trop techniques, vous ferez mieux connaissance avec les différents organismes qui composent le réseau alimentaire du sol. Vous apprendrez ensuite comment l'entretenir et le régénérer afin d'optimiser la qualité de ce sol grâce à l'emploi de compost, de jus de compost et de paillis, et quelles solutions favoriser en fonction de la composition de votre jardin (pelouse, potager, arbres et arbustes, vivaces et annuelles...). Bref, si vous voulez faire pousser des plantes vigoureuses et en bonne santé tout en cultivant votre jardin sans recourir aux produits chimiques, ce livre est fait pour vous.
       Jeff Lowenfels est un journaliste spécialisé dans la nature. Il rédige depuis plus de vingt ans une colonne hebdomadaire dans l'Anchorage Daily News et anime toutes les semaines une émission de radio.
      Wayne Lewis est jardinier. Il a depuis vingt ans travaillé avec Jeff Lowenfels sur de multiples projets, parmi lesquels le programme " Un rang pour ceux qui ont faim " (Plant a Row for the Hungry), qui encourage les jardiniers à céder une partie de leurs récoltes à des organisations caritatives.  

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  •   Le "jugaad", secret de la réussite de l'Inde

    | 15/08/2012
     

    Rencontre avec Navi Radjou autour du concept indien de "jugaad" ou innovation frugale, dans un contexte de raréfaction des ressources. Doit-on alors s'inspirer de l'Inde?

    Le "jugaad" devrait être le mot d’ordre de 2012. Et pour une fois, ce modèle ne vient pas de l’Occident. Pour le trouver, il faut aller en Inde. En hindi, le "jugaad" définit une espèce d’improvisation ingénieuse, une sorte de système D face à l’adversité.

    Ce concept séduit au point que deux nouveaux livres sur le sujet sont sortis quasiment en même temps aux Etats-Unis: Reverse Innovation de Vijay Govindarajan et Chris Trimble, et Jugaad Innovation de Navi Radjou, Jaideep Prabhu et Simone Ahuja.

    Youphil.com: Qu’est-ce que l’innovation "jugaad"?

    Navi Radjou: Nous sommes partis d’un constat, l’innovation occidentale n’apporte pas les résultats espérés. Booz & Company a montré que les 1000 entreprises qui dépensent le plus en recherche et développement (R&D) y ont consacré 500 milliards de dollars en 2010 (soit près de 387 milliards d'euros), un chiffre faramineux. Et pourtant, les rendements ont été très limités. Pour comprendre, nous avons regardé les modèles alternatifs, comme l’Inde et les autres BRICS qui ont un taux de croissance de 6 à 10%.

    Quel est donc le secret de l’Inde? Pas de formule magique, mais plutôt une mentalité particulière: le "jugaad". Les Indiens ont appris à développer des solutions frugales et économes - car faibles en coûts et en ressources naturelles - qui sont par-dessus tout flexibles. L’enjeu principal est cette capacité à changer de modèle économique et à s’adapter à chaque changement. Le "jugaad", c’est donc la capacité d’improviser une solution efficace face à un problème, dans un contexte où les ressources sont limitées et les contraintes nombreuses. Ce qui est le cas en Inde.

    Youphil.com: Un exemple de "jugaad"?

    N.R.: L’Inde est la capitale du diabète, qui est devenu une véritable épidémie. Un diabétologue qui travaille dans le sud de l’Inde, le docteur Mohan, est parti du constat que les gens ne se soignaient pas. Il s’est demandé pourquoi c’était toujours aux patients d’aller voir les docteurs. Au lieu d’adopter la manière classique d’approcher cette question, il a retourné le problème.

    C’est comme ça qu’il a décidé d’amener le docteur au malade en créant un service mobile de télémédecine qui permet de faire des diagnostics par satellite. Il a aussi formé un réseau de personnes pour faire le suivi. Or, c’est un service utile, flexible mais aussi économe car il réutilise un système satellitaire déjà existant, mis à disposition gratuitement par le gouvernement. Plus de 50.000 personnes ont été diagnostiquées grâce à ce modèle.

    Youphil.com: A quoi sert l’innovation "jugaad" en Inde?

    N.R.: Le "jugaad" comble un vide institutionnel. Compte tenu des déficiences du pays au niveau de ses infrastructures, c’est une forme de palliatif mis en place par des innovateurs sociaux. Ce phénomène s’explique par le fait que les Indiens n’ont pas envie d’attendre que les choses changent. Ils préfèrent retrousser leurs manches. Or, l’Inde est un pays très diversifié qui est en mutation constante. Les problèmes sociaux aussi sont une cible mouvante et c’est un vrai enjeu. Tout est en flux et c’est pour ça que le "jugaad" prospère.

    Youphil.com: Qu’est-ce qui a permis le développement du "jugaad" en Inde?

    N.R.: L’Inde est le cas-type car elle réunit les quatre facteurs propices au "jugaad". D’abord, la rareté et ce, dans tous les domaines: ressources, infrastructures, services, etc. Ensuite, la liberté: c’est une démocratie avec une société civile forte qui permet une innovation qui part de la base.

    Puis, la diversité. Les conditions géographiques et culturelles diffèrent tellement de région en région que des solutions à l’emporte-pièce ne suffisent pas. Les produits et les services doivent être adaptés aux besoins spécifiques des gens. Or, cela force à être flexible. Une entreprise comme SELCO a su s’adapter aux différents besoins des villageois indiens en leur fournissant un accès à de l’énergie solaire personnalisé, en fonction des besoins de chacun. Aujourd'hui, 200.000 familles vivant dans des villages reclus de l’Inde y ont accès.

    Enfin, dernier élément, l’interconnectivité. L’infrastructure mobile permet aux entreprises de faire de grands bonds en avant. En Inde, 600 millions de personnes n’ont pas de comptes bancaires, mais 800 millions ont des téléphones portables. On peut utiliser cette connectivité pour développer l’accès aux banques ou encore, comme le fait Nokia en Inde, pour fournir aux agriculteurs un service d’information, sur les conditions météorologiques ou sur les prix du marché, dans leur langue locale, en temps réel par SMS (au cout de 1,25 dollar par mois). L’interconnectivité est centrale car elle permet de pallier la rareté.

    Youphil.com: Qui sont les entrepreneurs "jugaad"?

    N.R.: Avant tout, ce sont des entrepreneurs sociaux, qui sont les pionniers en la matière. Puis il y a les grandes entreprises. Par exemple, à la suite d’un conflit politique, Tata a mis seulement quatre jours pour trouver un site de remplacement au Gujarat pour l’usine qui devait fabriquer la Tata Nano dans le Bengale-Occidental. Ils ont même construit cette nouvelle usine plus rapidement que la première. Personne n’aurait cru cela possible en si peu de temps. Ils ont montré qu’ils étaient capable d’improviser, et vite. Enfin, il y a les multinationales occidentales dont GE, Nokia, Pepsico ou Renault Nissan, qui passent beaucoup de temps en Inde pour s’imprégner de l’esprit "jugaad".

    Youphil.com: Vous parlez dans votre livre* du rôle que les générations Y et Z en Occident jouent pour retrouver une forme d’innovation "jugaad". Est-ce le cas aussi en Inde?

    N.R.: Le "jugaad" existait dans les pays développés, mais il a disparu. Aux Etats-Unis et en Europe, les enfants du millénaire sont ceux qui permettront d’y revenir. Pour l’instant, en Inde, le "jugaad" transcende les générations et surtout les classes socio-économiques. Les innovateurs "jugaad" sont d’ailleurs bien souvent peu scolarisés. Mais dans le futur, les générations Y seront aussi à la source des innovations en Inde. La moitié de la population indienne a moins de 25 ans, et ces jeunes comprennent mieux que quiconque un des aspects fondamentaux du "jugaad": l’interconnectivité. Peut-être parlerons-nous prochainement d’un "jugaad" 2.0, qui reposera principalement sur les technologies de pointe.

    Youphil.com: Vous dites que le "jugaad" doit être adopté par l’Occident. Quels sont les défauts de l’innovation occidentale?

    N.R.: Il y a en plusieurs. Elle est trop coûteuse et peu flexible avec des processus de développement des produits et des services qui sont rigides. Elle est aussi élitiste car elle est perçue comme une fonction pratiquée par les "chosen few" (les heureux élus) au sein d’une même entreprise. Or, les médias sociaux nous montrent bien que tout le monde peut être un innovateur. Le "jugaad" est par définition du "bottom-up". Il part de la base. Répondre aux problèmes de manière moins centralisée permet plus de résilience et d’adaptation. Mais cela va poser problème aux dirigeants! Ils vont devoir apprendre à lâcher prise.

    Youphil.com: Votre livre* se base surtout sur des cas d’entrepreneurs sociaux qui cherchent à pallier un problème social. Et pourtant, on y retrouve souvent l’idée de "faire mieux, plus vite et moins cher". Finalement, le "jugaad" s’adapte à tout?

    N.R.: "Faire mieux, plus vite et moins cher" est une méthode, une approche. Les entrepreneurs sociaux ont été obligés d’adopter cette méthode pour faire face à des problèmes qui étaient tellement complexes et qui renfermaient tellement de contraintes qu’ils devaient pouvoir s’adapter. Or, nous estimons que le monde occidental va être confronté à des contraintes de plus en plus similaires à l’Inde: le profil des consommateurs va devenir assez semblable à celui des Indiens, les ressources naturelles seront rares et la compétition sera grandissante.

    Aux Etats-Unis, 60% de la population a un accès limité ou inexistant aux banques. Wal-Mart, qui est un supermarché, a développé des centres financiers. On a donc affaire au même type de consommateur et à une compétitivité croissante. Dans ce cas, celle-ci vient des Etats-Unis mais d’un autre secteur que le secteur bancaire. L’innovation "jugaad" sera alors nécessaire.

    Youphil.com: Le "jugaad" peut-il vraiment être la solution aux problèmes sociaux de l’Inde à grande échelle?

    N.R.: Ce qu’il faut comprendre c’est que l’Inde a 1,2 milliard d’habitants. Il n’y a donc pas un problème indien, mais 1,2 milliard de problèmes indiens. Le "jugaad" peut résoudre les problèmes, mais il faut abandonner notre vision européenne. Se contenter de changer d’échelle ne suffit pas. Il faut aussi adapter son champ d’action qui doit être personnalisé. Finalement, l’enjeu n’est pas seulement "scale" (le changement d’échelle) mais aussi "scope" (la personnalisation du champ d’action). L’innovation centralisée ne fonctionnera pas. Il faut une innovation polycentrique, différenciée avec une redéfinition de l’échelle.

    Youphil.com: Ce fractionnement des solutions est-il soutenable?

    N.R.: Selon la Banque mondiale, si l’Inde était capable de partager les pratiques qui fonctionnent, son PIB pourrait encore augmenter de 2 à 3%. Ce système différencié ne fonctionnera que s’il y a interconnectivité. Et c’est là que le gouvernement rentre en jeu. Sam Pitroda, président du National innovation council, est en train de bâtir un réseau informatique qui va permettre de disséminer les bonnes pratiques en ce qui concerne par exemple la gestion de l’eau ou la santé dans tout le pays. C’est un projet crucial. Le gouvernement fédéral peut donc aider au niveau de l’infrastructure. Et dans un pays de la taille de l’Inde, les gouvernements régionaux peuvent s’occuper du changement d’échelle.

    Quant au reste, un partenariat entre les grandes entreprises et les entrepreneurs sociaux est inévitable. Ces derniers sont les premiers acteurs du "jugaad": ils innovent depuis la base et savent offrir des services personnalisés qui arrivent en complément des produits existants. Le partenariat est la seule manière d’exposer les entreprises. La coexistence de ces deux acteurs sera un grand enjeu en Inde.

     * "Quand l'Inde s'éveille, la France est endormie" de François GAUTIER

    > Cet article a d'abord été publié dans la lettre professionnelle "Tendances de l'innovation sociétale".

    Crédit: Le Xav'./Flickr 


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  • Quand l'Inde s'éveille  (François GAUTIER)

    2012      155 p.    15,90 €

     Ecrivain et journaliste français, François Gautier fut le correspondant en Inde et en Asie du Sud du Figaro, durant huit ans. Auteur de Un autre regard sur l'Inde, La Caravane intérieure et Les Français en Inde, François Gautier est aujourd'hui le rédacteur en chef de la Nouvelle Revue de l'Inde.

      Nul besoin d’être prophète aujourd’hui pour se rendre compte que l’Inde est la prochaine grande puissance en Asie. Il se pourrait même que ce pays démocratique, libéral et pro-occidental
    devance la Chine. D’ailleurs, les Américains sont en train de miser politiquement sur le sous-continent indien, d’une immense importance géostratégique. Pourtant, nous, Français, nous trouvons une fois de plus à la traîne, complètement obnubilés par la Chine. Peut-être faudrait-il donc examiner quelles oeillères laissent la France endormie tandis que l’Inde s’éveille, les dix clichés qui perdurent et nous empêchent de poser un regard économique et même politique sur la prochaine grande puissance mondiale.


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  •  Stop aux agrocarburants, maintenant !


                     Chers ami(e)s de la forêt tropicale,

    L'Union européenne (UE) est en train de redéfinir sa politique sur les « biocarburants ». La loi européenne oblige à l'incorporation de ces agrocarburants par millions de tonnes dans l’essence et le gazole de nos automobiles. La Commission européenne est en train de présenter des propositions qui doivent être adoptées par le Conseil des ministres et le Parlement européen.

    A ce jour, il est devenu clair pour tous les participants que les agrocarburants sont nocifs et leur encouragement démentiel. L'énergie produite à partir de denrées alimentaires comestibles exacerbe la faim dans le monde. L'expansion des plantations sur d'immenses territoires se fait au prix des forêts tropicales et de la biodiversité. D'énormes quantités de CO2 sont rejetées dans l'atmosphère et participe au réchauffement climatique mondial.

    Mais les lobbies industriels font pression auprès des institutions européennes pour qu'elles ne changent pas leur politique de soutien aux agrocarburants. Car l'incorporation obligatoire, les avantages fiscaux et autres subventions représentent un marché de plusieurs milliards d'euros.

    Nous réclamons la fin de la folie des agrocarburants ! Signez notre pétition adressée à l'Union européenne :

    PÉTITION

    En vous remerciant pour votre participation,

    Sylvain Harmat       Sauvons la forêt
    info@sauvonslaforet.org
    www.sauvonslaforet.org


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  • OGM : mettre fin à 15 ans de "débat stérile"

    Créé le 10-10-2012
     

    "Il faut sortir du mythe de l'expertise indépendante pour instituer l'expertise contradictoire", explique Gilles-Eric Séralini.

    Gilles-Eric Séralini. (CHARLY TRIBALLEAU / AFP)

    Gilles-Eric Séralini. (CHARLY TRIBALLEAU / AFP)

    Le professeur Gilles-Eric Séralini, auteur d'une étude tendant à démontrer la toxicité d'un maïs OGM, a appelé mardi 9 octobre les députés à instituer les conditions d'une "expertise contradictoire" pour mettre fin à quinze ans de "débat stérile" sur les organismes génétiquement modifiés.

    "Il faut sortir du mythe de l'expertise indépendante pour instituer l'expertise contradictoire", a-t-il lors d'une audition devant les commissions du développement durable et des affaires sociales de l'Assemblée nationale.

    Le député UMP Bernard Accoyer, qui avait mis en cause dans la journée une audition "précipitée", a de nouveau contesté avec virulence l'étude du biologiste, notamment sur sa médiatisation ou son financement.

    Nous ne parviendrons pas à apaiser le débat sans mettre sur la table l'ensemble des analyses de sang qui ont permis l'autorisation de ces produits, sinon nous sommes au Moyen âge de la connaissance scientifique", a répondu le Pr Seralini, appelant les députés à demander la levée du "secret illégal" sur les données ayant permis les autorisations d'OGM.

    De plus, "il faut instituer l'expertise contradictoire", "avec chacun démasqué", a-t-il ajouté, pointant les "intérêts industriels importants à réduire l'ampleur et la longueur des tests".

    "Les tests réglementaires doivent être publics, indépendants des compagnies et soumis à l'expertise contradictoire pour que nous puissions enfin sortir des débats stériles", qui durent "maintenant depuis 15 ans", a-t-il ajouté.

    Bernard Accoyer, dans un courrier à la présidente de la commission des Affaires sociales, avait jugé "surprenant" que cette audition "intervienne avant même que les parlementaires puissent disposer des conclusions sur la validité scientifique de l'étude en cause de l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) et du HCB (Haut conseil des biotechnologies)".

    Le député PS du Gers, Philippe Martin, a toutefois remercié les commissions concernées, estimant que "cette réunion est moins précipitée que les commentaires des détracteurs" du Pr Séralini.


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  •   130 ONG exigent la transparence et réclament la suspension provisoire des autorisations du Maïs NK603 et du Roundup
    ...'Tous Cobayes': retrouvez ce nouveau film de J Paul Jaud près de chez vous !

        Santé publique:

    Suite à la publication de l’étude toxicologique à long terme par l’équipe du professeur Gilles-Eric Séralini , 130 organisations de la société civile (dont le WWF, Greenpeace, Générations Futures, le Réseau Environnement Santé, ATTAC, CAP21, le collectif Roosevelt 2012, la Confédération Paysanne,…) signent un appel commun. Cet appel a été remis ce jour aux autorités publiques compétentes (Premier ministre, Ministres de la recherche, de la santé, de l'agriculture et de l'environnement...), afin de prendre les mesures de précaution nécessaires dans l’intérêt général.

    OGM - Santé publique : Appel des organisations de la société civile
    « La publication de l’étude toxicologique à long terme par l’équipe du professeur Gilles-Eric Séralini1 conclut à la toxicité d’un maïs OGM tolérant au Roundup (NK603) et du Roundup lui-même, l'herbicide le plus utilisé au monde. Face à la gravité des conséquences sanitaires possibles, les organisations signataires s’inquiètent, et ce d’autant plus qu’elles constatent que les principales critiques de cette étude proviennent des membres des comités d’évaluation à l’origine de l’autorisation dudit maïs. Elles demandent donc la suspension provisoire des autorisations du maïs NK603 et du Roundup.
    De plus, elles demandent la transparence sur les études d’évaluations des risques sur la santé et l’environnement ayant conduit à l’autorisation (culture ou importation) dans l’Union européenne des OGM et des pesticides. Elles exigent la communication des données brutes de ces études sur un site public en ligne et sous une forme exploitable statistiquement, pour permettre à l’ensemble de la société civile de réaliser ou commanditer toute contre-expertise. Cette exigence de transparence concerne en priorité les données brutes des études ayant conduit à l’autorisation :
    - du maïs OGM NK603, autorisé à l’importation et à la consommation en Europe, objet de l’étude citée ;
    - des différentes formulations commerciales des Roundup autorisées en Europe, dont l’une fait l’objet de l’étude citée ;
    - de deux maïs OGM Bt : le Bt 176, le premier à avoir été autorisé à la culture en France, et le maïs MON810, seul maïs OGM autorisé actuellement à la culture en Europe ;
    - des sojas OGM tolérant le Roundup : le GTS 40-3-2, le plus ancien autorisé, et le soja qui entre actuellement le plus dans l’alimentation animale et humaine. »
    voir la liste des assocs signataires sur notre blog:

      http://generations-futures.blogspot.fr/2012/10/ogm-sante-publique-130-ong-exigent-la.html

    - Les associations (uniquement) désirant soutenir cet appel peuvent le faire par email à l'adresse : ogmsante@gmail.com

    - les particuliers peuvent aussi soutenir cet appel en cliquant "j'aime" depuis la page Facebook de l'appel à :
    http://www.facebook.com/OgmSantePubliqueTransparence


    Une pétition ouverte à tous sera très bientôt lancée pour que le plus grand nombre rejoigne cette initiative.


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  •  07.10.2012

     

    Garden City court contre le cancer

    Quoique les Américains aient pour ainsi dire réduit l’égoïsme en théorie sociale et philosophique, ils ne s’en montrent pas moins fort accessibles à la pitié » (Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique, 1840)

     Ce matin, Garden City a couru pour Sainte-Catherine. Le seul hôpital public de la ville, fidèle à ses principes catholiques, soigne quiconque a besoin de lui, même si le patient n’est pas assuré. Son service de cancérologie manque de fonds. Chaque premier samedi d’octobre, il en appelle à la solidarité locale. Aux Etats-Unis, l’émotion paie volontiers, et la fondation chargée de ratisser des dollars est donc une assocation créée en 2007 en hommage à une habitante de Garden City, mariée et mère de deux garçons, décédée d’une tumeur au cerveau.

     Cette année encore, l’histoire de Laura Kleystuber a ému 500 masochistes, venus joyeusement pointer à 7 heures du matin, sous la bruine et avant le lever du soleil, par 34° Fahrenheit, 1° Celcius. C’est peu pour des muscles encore engourdis de sommeil, mais la souriante ambiance compense.

     Avant le départ, une organisatrice dit une prière en mémoire de Laura et en soutien aux malades actuellement cloués sur les lits de Sainte-Catherine. Les yeux se ferment, des mains se joignent, et les mentons touchent les poitrines dans un respectueux recueillement. Puis, un haut-parleur joue l’inévitable hymne américain. Seuls ceux qui n’ont pas la nationalité, et il y en a quelques-uns ici, n’ont pas la main droite sur le coeur, ni ne lèvent les yeux vers la bannière étoilée, perchée au mât du Zoo Richardson où le départ est donné.

     Deux parcours sont proposés aux mollets des généreux lêve-tôt. Pour courir 5 kilomètres, il faut avoir cotisé 20 dollars. Pour le 10 kilomètres, c’est 30 billets. Personne ne saura dire si les porte-monnaie sont maigres ces temps-ci ou si les jambes flagellent, mais 4 galopeurs sur 5 ont choisi la plus courte distance. Au long du parcours, de rares spectateurs matinaux et solidaires encouragent le coureur qui, à les voir emmitouflés, se demande pourquoi il n’a pas choisi d’applaudir plutôt que souffler.

      Quelques sympathiques « Good job » lui réchauffent la bonne volonté, encouragements typiques de ces Américains pour qui l’effort est forcément un « beau boulot ». Les pompiers du Garden City Fire Department lui donneront son temps à l’arrivée. Il aura le choix entre eau froide et café chaud, sous les bannières des sponsors. Objectif : ramasser plus de 20.000 dollars pour moderniser les équipements de mammographie. Les organisateurs semblent confiants. Tocqueville avait peut-être raison.

     05:00 Publié dans Blog, Religion, Sport (Nouvel Observateur , blog de Thierry DUGEON))


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  • 2004   346 p.  8,10 € (en poche)

      A l'heure où les grands programmes d'étude du génome humain drainent la majeure partie des crédits de la biologie, où les biologistes, en somme, " se regardent le nombril ", un botaniste tente de rétablir un salutaire équilibre. À l'exact opposé d'une vision anthropocentrée recherchant une explication déterministe, voire mécaniste, du vivant, Francis Hallé propose ici d'élargir l'horizon de la biologie au monde végétal en mettant l'accent sur l'observation in situ et l'étude qualitative des plantes. " Belle et utile, discrète et autonome, silencieuse et d'une totale non-violence ", la plante serait-elle un modèle à suivre ? Au lecteur d'en juger, au terme d'un parcours plein de surprises éclairé par les dessins de l'auteur, et où l'animal, individu mobile de petit volume, à vie brève et dispersant l'énergie, est comparé à la plante, " être collectif " fixé, de grande surface externe, à vie très longue et concentrant l'énergie. De la forme à la fonction et de la cellule au génome, une merveilleuse leçon de biologie incitant à remettre d'urgence la plante à la place, primordiale, qui est la sienne.  

      Savons-nous vraiment ce qu'est une plante ? Nos sciences naturelles, dominées par le modèle animal, méconnaissent les spécificités du monde végétal. C'est une vision neuve de ce monde, riche de surprises, que propose l'auteur, et qu'il illustre de sa main experte. Souvent considérées comme une forme de vie inférieure, les plantes constituent pourtant un succès biologique qui vaut, ou même dépasse, celui des animaux ; mais notre vision zoocentrique de la biologie nous empêche de le percevoir. Nous ne pourrions pas vivre sans les plantes, alors quelles n'ont pas besoin de nous. Plutôt que de les considérer comme des cas particuliers d'importance mineure dans une biologie focalisée sur l'animal et l'homme, ne faut-il pas recentrer les sciences de la vie sur ces êtres énigmatiques, silencieux, immobiles et trop méprisés, à qui nous devons notre existence ?

       Je rêve d'une botanique qui saurait se déterminer de façon autonome, selon ses propres règles, cessant d'être à la trame derrière la physiologie animale ou humaine : prenant en compte la plante elle-même, comme une forme de vie originale, comme un modèle en matière d'autonomie et de restauration de l'environnement, elle pourrait retrouver sa place au centre des sciences de la vie. Dans notre monde de fric, de frime, de pub, de bruit, de pollution et de brutalité, quel meilleur témoignage que celui des plantes, belles et utiles, discrètes et autonomes, silencieuses et d'une totale non-violence ? E H.

     Francis Hallé, professeur à l'Institut de botanique de l'université de Montpellier, est biologiste et botaniste, spécialiste de l'architecture des arbres et de l'écologie des forêts tropicales humides. Il dirige depuis 1986 les missions du radeau des cimes sur les canopées des forêts tropicales. Il a consacré aux Tropiques un précédent ouvrage,

      - Un monde sans hiver (Seuil, 1993).

    Sommaire:

    • Les plantes, les animaux et l'homme
    • Voyage au pays de la forme
    • La cellule
    • Tout dire sans un mot, la biochimie des plantes
    • L'évolution
    • Des êtres vivants différents
    • L'écologie

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  •   Néo-libéralisme(s), une archéologie intellectuelle, Serge Audier,
    Paris, Grasset, 2012, 630 p., 27 euros

    Le Colloque Lippmann. Aux origines du , Serge Audier
    Lormont, Le Bord de l'eau,

    Denis Clerc, fondateur d'Alternatives Economiques
    L'Economie politique n° 056 - octobre 2012
      
     
     

    Ce sont deux (énormes) livres que nous offre le même auteur sur ce qui pourrait sembler a priori être le même sujet. Ce n'est cependant pas tout à fait le cas. Le second, Le Colloque Lippmann, comme son titre l'indique, est centré sur le colloque tenu à Paris en 1938 autour de l'influent éditorialiste américain et du livre qu'il venait de publier, La Cité libre. En effet, c'est au cours de ce colloque que le terme "néo-libéralisme" fut en quelque sorte intronisé, même si plusieurs auteurs (en France, notamment Gaëtan Pirou) l'avaient occasionnellement utilisé antérieurement. Cet ouvrage retrace donc l'histoire intellectuelle des participants, mais aussi l'analyse des débats et des désaccords qui s'y firent jour entre libéraux. Il reproduit le compte-rendu du colloque, rédigé par l'un ses organisateurs (Louis Rougier), tout en débordant quelque peu sur ses suites, et notamment sur la création (en 1947) de la Société du Mont-Pèlerin qui, rassemblant une partie des participants du colloque de 1938, en a parfois été présentée comme la filiation directe. Quant à l'autre ouvrage, Néo-libéralisme(s), s'il insiste également sur le colloque Lippmann, il ne s'y limite pas, décrivant et analysant par le menu l'évolution des différentes familles libérales, aux thèses souvent très différentes, voire opposées, qui plongent tout ou partie de leurs racines dans ce colloque. Certes, ces deux livres se nourrissent en quelque sorte l'un de l'autre, et le lecteur ne s'étonnera donc pas de retrouver bien des éléments communs, voire des passages entiers, dans chacun de ces deux livres, sans qu'ils soient pour autant le décalque l'un de l'autre.

    Toutefois, ce ne sont pas les redites - inévitables et sans doute bienvenues, tant ces deux titres contiennent d'informations - qui frappent le plus, mais l'impressionnante ampleur de la documentation sur laquelle l'auteur s'est appuyé, allant puiser dans les fonds d'archives et dans de nombreuses lectures de quoi nourrir les multiples biographies intellectuelles dont ses livres sont truffés. Sa connaissance de la langue et de la culture italiennes, en particulier, permettent au lecteur de rencontrer des acteurs du néo-libéralisme très rarement, voire jamais mentionnés dans les travaux sur ce sujet. Cette connaissance encyclopédique coupe le souffle et, ne serait-ce que pour cela, ces deux livres sont désormais des références obligées. Peut-être, pourtant, en rajoute-t-il à l'excès, explorant ici les "nouveaux conservateurs" qu'il ne faut surtout pas confondre avec les "néo-conservateurs", dressant là un tableau détaillé des influences auxquelles a été soumis tel personnage, jusqu'à donner le tournis au lecteur. Mais ce constat n'est pas un reproche : c'est justement parce qu'il ne se contente pas de survoler son sujet, mais qu'il le fouille jusque dans le moindre détail [1], qu'il peut se permettre de critiquer nombre d'interprétations hâtives du néo-libéralisme.

    Car c'est là son vrai sujet : redresser une vérité historique à ses yeux distordue, tronquée ou maltraitée par des courants d'opinion d'analystes se situant dans la mouvance de Pierre Bourdieu ou de Michel Foucault (les "néo-foucaldiens") sans vraiment être allés regarder "l'ampleur des clivages politiques ou stratégiques" qui traversaient ce courant depuis son origine, dans les années 1930 - même si, aujourd'hui, le terme désigne essentiellement les branches les plus radicales de ce courant, les "fondamentalistes de marché" à la Hayek ou à la Friedman, qui ont, en quelque sorte, occupé le terrain et brouillé une étiquette qui rassemblait des sous-ensembles initialement bien plus diversifiés et souvent pas du tout ultra-libéraux. D'où, par méconnaissance ou par déformation politique (Serge Audier évoque même "des histoires approximatives et conspirationnistes" dont la gauche "dite radicale" serait coutumière), une histoire imaginaire qui a fait de cette mouvance initialement très diversifiée une sorte de bataillon idéologique homogène n'ayant de cesse de détruire l'Etat social. Non, pour Audier, le néo-libéralisme ne peut se confondre avec le "cauchemar de la concurrence généralisée". C'est une étiquette polysémique. Certes, ces néo-libéraux sont aussi des libéraux : ils croient aux vertus de la concurrence et du marché. Mais les uns mettent des bémols, les autres pas.

    Des libéraux prônant l'interventionnisme d'Etat

    Dans le premier ensemble - ceux qui mettent des bémols au "laisser-faire" tout en acceptant (ou en ne récusant pas) l'étiquette néo-libérale -, les composantes d'origine allemande sont majoritaires. Elles ont en commun de mettre en avant la nécessité d'une politique de la concurrence visant à empêcher les abus engendrés par les firmes dominantes, les monopoles ou les cartels : la compétition sur le marché, estimait Böhm, est "le plus génial instrument pour émasculer le pouvoir".

    Mais au-delà de cette position (qui a nourri la "concurrence libre et non faussée" des principes organisateurs de l'Union européenne), ces courants allemands ont comme autre point commun de plaider en faveur d'un interventionnisme public visant à corriger les défauts du marché et donc à civiliser le capitalisme dans ce qu'il a d'excessif. Ainsi, Eucken et Böhm (fondateurs de l'"ordolibéralisme") estiment nécessaire la mise en place d'un "cadre institutionnel choisi par les autorités publiques", afin d'empêcher l'"exploitation des faibles". D'une certaine manière, ce sont les héritiers d'un Bismarck réalisant à la fois le Zollverein (le grand marché allemand sous l'égide de la Prusse) et la première protection sociale organisée. Rüstow plaide en faveur d'un "interventionnisme libéral" visant à réduire les inégalités tout en maintenant la propriété privée, de façon à instaurer une troisième voie entre socialisme et capitalisme. Il estimait notamment qu'à chaque génération, il s'agissait de taxer au maximum l'héritage pour empêcher les inégalités de se creuser. Röpke imaginait plutôt un Etat soutenant les petites entreprises, tandis que Ludwig Erhard, partisan d'une "économie sociale de marché" qui triomphera après-guerre sous son impulsion, voyait dans l'Etat davantage un régulateur conjoncturel promouvant le dialogue social dans les entreprises.

    En France, René Courtin (l'un des fondateurs du journal Le Monde), Maurice Allais et même Jacques Rueff n'étaient pas en reste. Le premier estimait que "le néo-libéral se distingue du libéral, son prédécesseur, en ce qu'il ne refuse pas à la collectivité toute possibilité d'agir", jusqu'à soutenir un "devoir d'intervention" de l'Etat lorsque la justice ou l'efficacité le nécessitent. Allais avait refusé de signer la déclaration de la Société du Mont-Pèlerin parce qu'il récusait l'idée que la propriété publique soit par principe estimée moins légitime que la propriété privée. Enfin, Rueff, tout auréolé de libéralisme qu'il était par sa défense de l'étalon-or et ses critiques virulentes de l'assurance chômage, se rapprochait en fait beaucoup de l'ordolibéralisme allemand. On pourrait aussi retenir le "libéralisme social-conservateur" du Suisse Hunold. Or tous ces gens - et bien d'autres, comme l'explique Néo-libéralisme(s) -, qui récusaient ce que nous nommons aujourd'hui l'ultra-libéralisme, ont été soit au colloque Lippmann, soit membres de la Société du Mont-Pèlerin.

    Les ultra-libéraux

    En fait, cette dernière est peu à peu tombée sous l'influence dominante de courants ultra-libéraux, symbolisés par les noms de Hayek et de Friedman. Pourtant, même dans ces courants, des divergences de vue, voire des conflits, existaient. Partager la même antipathie vis-à-vis des fonctions économiques ou sociales de l'Etat n'implique pas d'être d'accord sur le reste. On sait à quel point les "Autrichiens" (von Mises et Hayek) refusent la démarche néo-classique (défendue par Friedman) de l'homo oeconomicus, être rationnel et calculateur. Et il existe encore plus extrémistes que ceux qui peuvent nous paraître extrémistes : ainsi, Murray Rothbard, un des fondateurs du courant des "libertariens", estimait Hayek "trop étatiste et interventionniste", et Jasper Crane, un autre libertarien, suspectait Hayek d'être "teinté de la pensée collectiviste qui est caractéristique de la pensée juive réformée"… Bref, dans la demeure qualifiée de néo-libérale, il y a eu place pour un large éventail de courants de pensée qui, au fil du temps s'est réduit, autorisant - à tort - certains à confondre néo-libéralisme et fondamentalisme de marché. Comme l'écrit Emile Chabal dans sa recension de Néo-libéralisme(s) [2], la thèse de Serge Audier est qu'il est "absurde de prétendre qu'une idéologie néfaste, bien définie et se nommant "néo-libéralisme" s'est révélée dans les années 1930 pour finalement s'épanouir dans les années 1970 […] et de construire une téléologie douteuse reliant le colloque Walter Lippmann à la crise financière de 2007-2008 en passant par le néo-impérialisme américain et le démantèlement de "l'Europe sociale"".

    Audier a évidemment raison, tant son analyse est minutieuse, étayée - on l'a dit - sur une connaissance encyclopédique. Difficile, et sans doute impossible, de le mettre en défaut. Certes, sans être aussi connaisseur que lui, on peut cependant relever quelques (très petites) faiblesses dans ces deux livres majeurs. Par exemple, l'oubli de Mancur Olson comme pionnier dans la réhabilitation de l'homo oeconomicus et de l'Etat partial et inefficace, ouvrant ainsi un chemin royal aux "nouveaux classiques" (également non mentionnés). Il semble aussi qu'il ait fait pencher Michael Polanyi (le frère de Karl) plus que cela n'était justifié parmi les partisans de Keynes. Gilles Dostaler ne le mentionne pas une seule fois dans son livre de référence, Keynes et ses combats [3]. Certes, Michael Polanyi, dans le seul livre de lui qui a été traduit en français, La Logique de la liberté [4], critique les partisans du laisser-faire au motif qu'il n'est pas vrai que le marché puisse à lui seul réaliser un optimum économique, et il avance que "la tâche de la législation sociale est de découvrir et de faire passer dans les faits les améliorations nécessaires du cadre institutionnel, dans le but de modifier délibérément le système d'ordre spontané établi par le marché". Incontestablement, Michael Polanyi n'était donc pas un ultra-libéral. Il demeure cependant que le reste de son livre consiste en un éloge de l'efficacité supérieure d'un "ordre polycentrique" - de type concurrentiel - sur un ordre hiérarchique, ce qui le rapproche davantage de Hayek que de Keynes. Mais il s'agit là de broutilles.

    Reste une énigme

    Le vrai problème est de savoir si le "néo-libéralisme" contemporain - celui illustré par les héritiers, plus ou moins extrémistes, de Friedman et de Hayek, qui voit dans l'Etat le problème, dans le marché, la solution, et dans la protection sociale, une source coûteuse d'effets pervers - a quelque chose à voir avec celui dont se réclamaient (avec plus ou moins de vigueur) les participants du colloque Lippmann ou les fondateurs de la Société du Mont-Pèlerin. Serge Audier répond clairement par la négative. Et sans doute a-t-il raison. Pourtant, un spécialiste reconnu de la monnaie européenne, Michel Dévoluy, avance dans un livre récent [5] que les fondations de la construction monétaire européenne sont imprégnées d'ordolibéralisme, et que ce sont les règles rigides issues de ce courant de pensée qui, appliquées à des pays hétérogènes, sont à l'origine des problèmes de l'euro. De même, le néo-libéralisme contemporain existe bel et bien, et, quoique radical, il a conquis la plus grande respectabilité intellectuelle, avec le courant des nouveaux classiques, celui du capital humain, celui des cycles réels et celui des anticipations rationnelles. Or ses racines plongent loin, en partie chez Ricardo, en partie chez Menger, en partie chez Friedman : il y a donc bien des filiations intellectuelles. Le néo-libéralisme contemporain - si l'on me pardonne la métaphore - se nourrit d'un fumier dans lequel il y a eu des apports variés, dont certains proviennent d'économistes faisant partie de la nébuleuse qu'analyse Serge Audier.

    Aucune école de pensée ne naît sans puiser quelques ressources dans le passé, sans s'appuyer sur au moins quelques fondements anciens. Que l'étiquette néo-libérale ait correspondu à des marchandises intellectuelles très variées dans le passé, et pas forcément si libérales que cela, c'est désormais chose prouvée, grâce à Serge Audier. Mais pour quelles raisons les courants les plus radicaux connaissent-ils depuis une trentaine d'années une résurrection ou une exceptionnelle embellie, au point d'emporter la conviction majoritaire des citoyens dans certains pays, et pourquoi, à l'inverse, le fleuve de l'histoire finit-il par noyer dans les profondeurs de l'océan nombre d'autres approches moins radicales, voilà qui reste en partie une énigme. L'économie n'étant pas une science exacte mais une science morale, ce n'est pas seulement à la raison qu'il faut attribuer l'essor d'une école de pensée et le déclin d'une autre. Mais alors, à quoi ?,

      Notes

    • (1) Ainsi, il est très critique à l'égard de ceux qui se sont intéressés à la Société du Mont-Pèlerin sans même consulter le trimestriel qu'elle a longtemps édité. Mais il ajoute que la publication était "confidentielle" et "absent[e] des bibliothèques universitaires".
    • (2) Emile Chabal, "Le néo-libéralisme introuvable ?", La Vie des idées, 4 juillet 2012 (disponible sur www.laviedesidees.fr).
    • (3) Gilles Dostaler, Keynes et ses combats, Paris, Albin Michel, 2005.
    • (4) Michael Polanyi, La Logique de la liberté, Paris, PUF, 1989.
    • (5) Michel Dévoluy, L'euro est-il un échec ?, Paris, La Documentation française, 2011, 2e éd. (1re éd. 2011).

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  •  09.10.2012

    Le banquet des 5 000, pour se régaler sans gâcher

    Le banquet des 5 000, pour se régaler sans gâcher

    Comment se régaler sans gâcher une miette de nourriture ? C’est le pari lancé par Canal + à l’occasion de la sortie du documentaire « Global Gâchis » diffusé le 17 octobre prochain à 20h50 sur Canal +. Dans l’intervalle, un banquet géant sera organisé le 13 octobre à 13h sur le parvis de l’Hôtel de Ville de Paris, avec un repas à base de fruits et légumes « disqualifiés », c’est-à-dire mal calibrés pour la vente et destinés à être jetés, quoique tout à fait consommables : carottes tordues, pommes de terre difformes et autres produits frais incongrus mais tout aussi délicieux. Le concept est né en Angleterre avec Tristram Stuart, un fervent opposant au gaspillage alimentaire qui avait déjà organisé un banquet géant à Londres en novembre 2011. Au programme des festivités : un curry géant de légumes pour 5000 personnes, des leçons de cuisine pour remettre à l'honneur les abats, des recettes anti-gaspi, et autres réjouissances. Pas besoin de réserver, il suffit juste d’y aller avec le plus de monde possible ! L’objectif de cet événement et du documentaire télévisé est d'alerter sur le scandale du gâchis alimentaire en France et dans le monde (selon l'ADEME, les déchets alimentaires représentent 79 kg par personne et par an en France), le tout dans une ambiance bon enfant. Et pour ceux qui trépignent d’impatience, le site internet dédié invite à s’informer, participer, s’engager et échanger sur la toile.

     


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  • M. M. ROBIN: vive l'agroécologie!

    (Crédit photo: Frédéric Pardon )

    27-09-2012

    Marie-Monique Robin : « L’agroécologie, c’est la science du futur »

    Le documentaire « Les Moissons du futur » sera diffusé sur Arte le 16 octobre à 20 h 40. Le DVD sera disponible à la vente le 24 octobre. DVD, sortie prévue le 11 octobre 2012.

    Interview - Après le « Monde selon Monsanto », la documentariste sort un nouveau film-événement. Elle y loue l’efficacité du bio et veut croire à des lendemains qui chantent pour les paysans. Rencontre.
    Article publié dans le

    N° 40 - octobre 2012

    L’auto est morte, vive l’auto ?

    Nourrir la planète sans assécher les sols, polluer les cours d’eau ou mettre en péril la santé des hommes, c’est possible grâce à l’agroécologie. Pour mettre à bas les arguments de certains industriels et politiques qui ne jurent que par les grandes exploitations gorgées de pesticides, Marie-Monique Robin a fait un tour du monde des initiatives les plus réussies, s’appuyant sur les témoignages d’experts et d’agriculteurs. Du Kenya au Japon, de l’Allemagne au Mexique, la réalisatrice du Monde selon Monsanto raconte le push-pull au Kenya, le système de circuits courts des teikei au Japon, les techniques culturales simplifiées et, dans leur sillage, le retour de la souveraineté alimentaire, de la sérénité économique et du bonheur d’être paysan.

    Vos documentaires précédents dressaient un constat alarmant de l’agriculture contemporaine. Dans Les Moissons du futur, vous montrez que les choses peuvent changer. Pourquoi ce revirement ?

    Après Le monde selon Monsanto et Notre poison quotidien, j’ai collaboré à beaucoup de projections-débats. A la fin, les gens étaient sous le choc. Ils demandaient toujours : « Qu’est-ce qu’on peut faire ? » Je me suis dit qu’il fallait répondre à cette question. L’autre point de départ, c’est ce qui s’est passé sur un plateau de télévision en février 2011. Pendant ce débat auquel je participais, Jean-René Buisson (président de l’Association nationale des industries alimentaires, ndlr) affirmait que cultiver sans pesticides revenait à réduire de 40 % la production agricole et à augmenter les coûts de 50 %. Je voulais vérifier ça. D’autant que, quinze jours après, devant le Conseil des droits de l’homme, Olivier de Schutter (le rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l’alimentation, ndlr) disait totalement le contraire. Je me suis dit : « Il faut absolument tirer la pelote. » Mon métier, c’est ça : je tire les pelotes. Je vais jusqu’au bout pour démonter les vérités établies. D’où viennent alors les chiffres cités par Jean-René Buisson ? De deux études menées par des labos européens. Mais deux études parmi d’autres ! Leurs conclusions sont devenues une espèce de vérité qui ne repose sur rien, mais qui est reprise par tout le monde. Moi-même, quand j’ai commencé cette enquête, j’avais complètement accepté l’idée qu’on perdait en rendement avec le bio ou l’agroécologie. Je me disais : « Ce n’est pas grave parce qu’on va gagner sur d’autres plans : on va moins polluer l’eau, être moins dépendants des énergies fossiles, on émettra moins de gaz à effet de serre et, au bout du compte, ça coûtera moins cher à la société. » Mais en fait, l’argument du rendement ne tient pas. C’est l’ultime mensonge de l’industrie de dire que c’est grâce à l’agriculture conventionnelle qu’on nourrit le monde : c’est faux. La preuve, il y a un milliard de personnes qui ne mangent pas aujourd’hui à leur faim.
     
     Comment avez-vous découvert que l’argument du rendement était erroné ?
       J’ai d’abord lu le rapport d’Olivier de Schutter qui s’appuyait sur un certain nombre d’études. Et j’ai observé les choses sur le terrain. Quand on voit John Otiep au Kenya appliquer sa méthode du push-pull (une technique qui consiste à semer dans les champs des plantes qui repoussent les insectes et, autour de ces champs, des plantes qui les attirent, ndlr), ça vaut mille discours. Cela marche extrêmement bien. En quatre ans, il a inversé la courbe : il est passé d’un rendement de deux sacs de maïs à vingt-deux ou vingt-quatre sacs. Il s’est construit une maison, il a acheté des chèvres et des vaches et on voit bien qu’il est heureux.

    Qu’est-ce exactement que l’agroécologie ?

    C’est réintroduire de la biodiversité, s’appuyer sur la plantation d’arbres, la rotation des cultures, les animaux qui apportent leur fumier, et se servir de leur complémentarité. Le paysan japonais de mon film fait du compost avec des résidus de soja, des excréments humains et animaux pour apporter de la matière organique au sol. C’est un circuit fermé. Dans le modèle agro-écologique, il n’y a pas non plus de sols nus. C’est une aberration, les sols nus. Dans la nature, il y a toujours quelque chose qui pousse. Manfred et Friedrich Wenz en Allemagne pratiquent les techniques culturales simplifiées et font du couvert végétal permanent. Grâce à cela, ils n’ont pas eu de problème pendant la grande sécheresse de 2003, ni pendant les grands froids de février dernier. Cette agriculture s’appuie sur des pratiques ancestrales, un vrai savoir-faire. Mais on peut optimiser les savoirs ancestraux avec des connaissances nouvelles : la microbiologie, la communication entre les plantes… L’agroécologie, ce n’est pas un retour à l’âge de pierre. C’est, au contraire, la science du futur. Pour cela, les scientifiques doivent sortir de leur tour d’ivoire et travailler avec les paysans dans un échange non plus vertical, mais horizontal. Enfin, c’est aussi une agriculture à hauteur d’homme, parce qu’on ne peut être autosuffisants que sur des exploitations qui ne sont pas démesurément grandes.

    Ça veut dire qu’il faut davantage de paysans ?

    Oui. C’est une bonne nouvelle, ça !

    Donc il faut attirer à nouveau les gens vers l’agriculture…

    Oui. C’est ce que dit Hans Herren (président du Millenium Institute, organisation américaine qui promeut l’économie verte, ndlr), il faut regarder les paysans comme on regarde les médecins. Sans paysans, pas de nourriture. Il faut donc considérer le métier d’agriculteur comme un métier très important, très noble. Avec ça et des prix rémunérateurs, on attirera des gens.

    Vous montrez dans votre documentaire plusieurs expériences très variées. On voit qu’il n’y a pas de modèle-type, que ce modèle doit s’adapter…

    Comme chaque terroir est différent, a des contraintes climatiques, de qualité des sols, il n’y a pas de recette universelle. Ce qu’on sait, c’est qu’il y a une complémentarité dans les écosystèmes et que la clé, c’est le sol. Une chose qu’on a complètement oubliée dans l’agriculture industrielle, pour ne s’intéresser qu’à la plante et à ses maladies.

    Et en France, comment peut-on procéder ?

    Il faut arrêter les monocultures de blé. Il faut mettre des arbres, faire de la rotation de cultures, des légumineuses. Ça protège les paysans : quand il y a un problème avec une culture, les autres sont là pour assurer une production. En plus, ces plantes résistent mieux grâce à l’humus qui garde l’humidité. Il faut aussi remettre les animaux dans les champs, faire en sorte qu’ils mangent ce qu’il y a sur place. Pourquoi fait-on du cochon en Bretagne ? A cause du port de Lorient (Morbihan) qui permet d’importer du soja. C’est la seule raison. Comme les paysans bretons ont arrêté de faire des céréales, les cochons ne sont plus dans la paille, le lisier va dans les rivières et on se retrouve avec des algues vertes sur les plages. Pendant ce temps, dans la Beauce, où ils n’ont plus de cochons, les agriculteurs mettent plein d’engrais chimiques parce que le blé ne pousse pas. Tout ça est un non-sens total. S’il y avait une vraie volonté politique gouvernementale, on pourrait changer de cap rapidement. Le film et le livre le montrent. En cinq ou six ans, les choses peuvent changer !

    Comment se manifesterait ce soutien ? Sous forme de subventions ?

    Oui. Ça pourrait être fait à l’occasion de la réforme de la PAC (la Politique agricole commune, ndlr) prévue pour l’année prochaine. Les 9 milliards d’euros de subventions annuelles qui sont destinées aux plus grands pollueurs de nos pays pourraient être réorientés vers des mesures pour soutenir la conversion. Acheter des arbres pour ceux qui le veulent. Les soutenir pendant la décontamination des sols. Pour les paysans, c’est un grand frein de ne pas savoir ce qu’ils vont faire pendant trois ans, cette période pendant laquelle ils n’auront pas encore le droit aux primes réservées aux cultures bios. Mais réformer la PAC sera difficile. Je crains fort l’influence des lobbys. Les multinationales n’ont pas du tout intérêt à ce qu’on explique aux paysans comment se passer de leurs produits !

    Vous dites dans votre livre qu’il faut remettre le paysan au cœur du système…

    Oui, il faut remettre le paysan au cœur du processus de production agricole, qu’il en reprenne la maîtrise. Aujourd’hui, les paysans sont devenus des salariés des grands groupes agro-alimentaires. Ceux-ci déterminent la quantité, la manière dont on produit, les prix. Les paysans sont pieds et poings liés. Il faut qu’ils entretiennent eux-mêmes la fertilité de leurs sols sans recourir aux intrants et qu’ils puissent innover. Mais, si on veut que ce soit massif, il faut un signal fort du gouvernement.

    Tout le monde n’a-t-il pas intérêt à le faire ?

    Oui, à condition d’avoir une vision à moyen ou à long terme. A un moment, les politiques constateront que, moins on utilise d’intrants chimiques, plus les paysans s’en sortent, moins ça coûte cher à la société, en frais de santé notamment, et plus on crée d’emplois car l’agroécologie a besoin de plus de main-d’œuvre. Ça veut dire aussi qu’il faut faire du protectionnisme. Ce n’est pas un gros mot ! Il faut arrêter de considérer que l’alimentation est un produit comme un autre. Chaque pays doit avoir les moyens de soutenir sa production agricole pour protéger ses paysans et ses consommateurs. Le Sénégal l’a fait en interdisant l’importation d’oignons certains mois de l’année pour protéger la culture locale. Chez nous aussi, il faut protéger nos productions. Et on doit également revoir les prix.

    En incluant les externalités ?

    Bien entendu. Dans les débats, les gens disent toujours : « Oui, mais le bio, c’est plus cher. » Mais la réalité, c’est qu’on n’achète pas l’alimentation traditionnelle assez chère. Un paysan aujourd’hui ne sait pas vraiment ce que produire lui coûte. Il reçoit des subventions, dispose d’un prix privilégié pour le fuel, ne paie pas pour les pollutions qu’il occasionne. Il faut réintroduire tous ces coûts dans l’alimentation.

    Mais la facture risque d’augmenter pour le consommateur…

    Il va y avoir un moment difficile. Mais on peut s’y retrouver en développant les circuits courts. Dans le panier bio que j’achète à mon Amap (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne, ndlr) de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), les fruits et légumes ne sont pas beaucoup plus chers qu’ailleurs. Il faut aussi faire comprendre aux gens qu’on n’achète pas des haricots verts du Sénégal en hiver. Même s’ils sont bios ! Qu’on doit manger moins de viande. Parce que la viande, ça nécessite beaucoup de céréales, d’eau, de pétrole, et c’est mauvais, à force, pour la santé. Si on revoit son budget nourriture en suivant ces règles, on retombe très vite sur ses pattes ! —

    Le documentaire « Les Moissons du futur » sera diffusé sur Arte le 16 octobre à 20 h 40. Le DVD sera disponible à la vente le 24 octobre. DVD, sortie prévue le 11 octobre 2012.

    Marie-Monique en dates

    1973 Naissance dans les Deux-Sèvres

     1984 Diplômée du Centre universitaire d’enseignement du journalisme de Strasbourg

    1995 Reçoit le prix Albert Londres pour son docu Voleurs d’yeux

    2008 Sortie du Monde selon Monsanto

    2011 Sortie de Notre poison quotidien

    Octobre 2012 Sortie des Moissons du futur


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  • Ces gestes écologiques

    2009      302 p.     17,14 €

      

      Et si sauver la planète pouvait également sauver son pouvoir d'achat ?

      Il est souvent dit que les citoyens réticents à agir pour l'environnement assimilaient les gestes écologiques à des gestes coûteux et contraignants.

      L'auteur démontre au contraire que la plupart des gestes écologiques permettent d'économiser de l'argent tout en gardant un niveau de confort identique.
      À terme, l'objectif de cet ouvrage est bien d'inciter les personnes à renforcer leur implication quotidienne dans la préservation de l'environnement. Le livre évalue en euros pour une famille de 4 personnes les gains annuels engendrés par des comportements écologiques, de même que l'investissement initial nécessaire.

      Au-delà de la démonstration des économies réalisées, cet ouvrage est un guide pratique : les gestes sont détaillés et complétés par des astuces, le degré de facilité de mise en oeuvre et des liens Internet. Vous aurez ainsi toutes les clés pour consommer écologique !

      Pascal Carré est convaincu que la cause environnementale ne devrait pas être abordée uniquement via des mesures collectives, mais également par des gestes quotidiens et citoyens. Il a été membre d'Action Consommation, avant de créer le site Internet www. econo-ecolo.org.
    Auteur du livre
      -Le guide des jeux pour la planète, le développement durable dans les mains de nos enfants.

     


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  • ANTIDOTE EUROPE - Contact : Claude Reiss (33(0)1 60 12 14 54) ; Hélène Sarraseca (33 (0)4 68 80 53 32) - http://www.antidote-europe.org

    Extraits du N° 179 (juillet-août 2007) de L'ERE NOUVELLE
    Revue bimestrielle - Abonnement annuel 29 euros à L'ERE NOUVELLE, BP 171, 06407 CANNES cedex. (specimen contre 3 timbres)
    Directeur et rédacteur en chef : Pierre LANCE
    Site Internet : http://assoc.wanadoo.fr/lerenouvelle/pub 

    Bienvenue sur votre site. Vous pouvez y découvrir les techniques de santé.

    Elles représentent une synthèse de plusieurs centaines de recherches scientifiques en psychologie et en psychothérapie de la santé.

    Les mettre en pratique est bénéfique à l'état de bien-être et de santé.

    Toutefois, bien que d'une remarquable efficacité, ces techniques ne se substituent en aucune façon aux ordonnances médicamenteuses éventuellement prescrites par votre médecin.

     Chronique du Professeur Claude Reiss, Président de l'association Antidote Europe.

    Antidote Europe est une association à but non lucratif, créée par des chercheurs, pour la plupart issus du CNRS, oeuvrant pour une meilleure prévention en matière de santé humaine.

    Après le succès de notre mobilisation en juillet 2006, qui avait recueilli 140 signatures d'associations de 12 pays, représentant plus de 1 million de citoyens européens (voir http://www.antidote-europe.org/barrosoII_fr.htm ) mais après la réponse décevante de la Commission européenne, Antidote Europe prépare non plus un simple courrier mais une action juridique.

    Lire la suite...


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  •   Agroécologie : vers une autre agriculture

    18 septembre 2012,

    ble_coquelicot© C. Magdelaine / notre-planete.info

    "Une autre agriculture est possible, et l'avenir passera par l'agroécologie". Tel est, en substance, le message du groupe GIRAF, cofondé par Pierre Stassart, chercheur au sein du Département des sciences et gestion de l'environnement de l'Université de Liège (ULg). Dans un texte récemment publié, ce groupe se penche sur l'histoire et le futur de l'agroécologie, une discipline émergente sur la scène mondiale, qui vise à allier agriculture, écologie et équité sociale.

    C'est l'histoire d'une Terre, pressée comme un citron jour après jour pour en extraire ce qu'elle produit de meilleur. C'est l'histoire d'un monde où près de 850 millions de personnes – soit plus d'un huitième de sa population totale – souffrent de la faim. Ironie du sort, plus de la moitié d'entre elles sont des agriculteurs ou des travailleurs agricoles. C'est l'histoire d'une société où, sous d'autres cieux réputés plus développés, le fléau contre lequel il faut lutter n'est plus désormais la malnutrition, mais bien le... gaspillage alimentaire : 89 millions de tonnes de denrées saines sont jetées à la poubelle chaque année dans les 27 pays de l'Union européenne, soit 179 kilos par habitant.

    Inévitablement, on se dit qu'il y a quelque chose qui cloche, sur cette Terre. Que d'autres modes de production devraient pouvoir être mis en place. Qu'une consommation plus équitable devrait pouvoir émerger.

    Tel est précisément l'enjeu de l'agroécologie. Un néologisme que Pierre Stassart, chercheur au sein du Département des Sciences et gestion de l'environnement de l'ULg, résume en quelques mots. "L'agroécologie, c'est faire rentrer l'équité sociale et l'écologie dans l'agriculture".

    Avec huit autres spécialistes issus de différents horizons académiques[1], il fait partie du GIRAF, Groupe Interdisciplinaire de Recherche en Agroécologie du FNRS . Ce groupe, fondé en 2009, vient de publier un texte intitulé L'agroécologie : trajectoire et potentiel. Pour une transition vers des systèmes alimentaires durables, qui est en réalité le premier chapitre d'un ouvrage publié en septembre 2012[2]. L'objectif de ce texte est double : analyser, d'une part, ce que cette discipline émergente recouvre aujourd'hui et définir, d'autre part, une série de principes qui devraient guider son développement.

    Révolution verte

    "Ce mouvement est né aux États-Unis, au début des années 80, raconte Pierre Stassart. Il s'appuie dès le départ sur une critique du modèle de développement dans les pays du sud." À cette époque, la « révolution verte » battait son plein. Les avancées technologiques à l'œuvre depuis le début des années 60 poussaient les pays en développement à chambouler leur agriculture. Nouvelles variétés de céréales à haut rendement, irrigation, mécanisation, utilisation d'engrais... C'était à travers la diffusion de ce paquet technologique qu'était pensé le développement, l'objectif étant d'intensifier la productivité agricole.

    C'est contre ce modèle biotechnologique que l'agroécologie se positionne. C'est-à-dire contre ce paradigme qui entend résorber la question alimentaire exclusivement par l'intensification de la production grâce à la technologie, de manière à répondre à la demande croissante des marchés globaux.

    "Les principe de base du modèle agroécologique, c'est la réorganisation du travail tant au niveau de l'emploi que de la distribution, tout en transformant les modes de consommation commente le chercheur. Notamment en tentant de résoudre les problèmes de gaspillage ou en diminuant la place de la consommation de viande dans le système alimentaire. En Europe, par exemple, 65% de la production végétale sont destinés à la production animale. Selon nous, l'hypothèse productiviste ne suffira pas à résoudre les problèmes de faim dans le monde. Il faut explorer d'autres pistes. Mais attention : nous ne disqualifions pas ce modèle. Plusieurs peuvent cohabiter."

    Un petit poucet

    Face à la tendance biotechnologique, largement dominante à l'heure actuelle, l'agroécologie fait encore figure de petit poucet. Mais un évènement a récemment accéléré la remise en cause du paradigme productiviste. En 2007-2008, plusieurs régions du monde sont touchées par une forte hausse des prix des produits alimentaires de base. Les prix du blé, du riz, du soja ou encore du maïs atteignent des pics sans précédent. En cause : des facteurs classiques tels que les mauvaises récoltes dans certaines zones de production et l'urbanisation croissante des populations pauvres mais également pour la première fois, la part croissante pris par les agrocarburants et la spéculation sur les biens alimentaires.
    Les pays développés se tournent massivement vers les agrocarburants pour contrer la hausse des produits pétroliers, réduisant ainsi l'offre de certaines denrées alimentaires. Si l'on ajoute à cela une touche de crise financière, savamment entremêlée à toute une série d'autres facteurs, on obtient une série d'émeutes de la faim dans plusieurs pays en voie de développement : Haïti, Cameroun, Égypte, Indonésie, Sénégal, Côte d'Ivoire, Mauritanie, Mozambique, Maroc, Burkina Faso, Philippines, Thaïlande, Bangladesh...

    Face à ces évènements, la question d'un autre modèle agricole – qui intégrerait non seulement les enjeux alimentaires mais aussi énergétiques, environnementaux et climatiques – ressurgit sur le devant de la scène politique et médiatique. Petit à petit, l'agroécologie commence à être considérée comme une alternative crédible. "Bien que minoritaire ce mouvement trouve de plus en plus d'échos sur les arènes internationales, notamment à travers le rapporteur spécial pour le droit à l'alimentation des Nations Unies."

    L'agréocologie est un concept fédérateur qui revendique son caractère polysémique. Impossible de la résumer en une seule phrase, ce qui, d'une certaine manière, rend sa compréhension plus laborieuse. Dans son texte, le groupe GIRAF précise son propos au travers de l'évolution historique de la définition de l'agroécologie. Ainsi, trois définitions, l'une prenant en compte le caractère durable de l'agriculture, l'autre s'intéressant plus largement aux systèmes agroalimentaires, la troisième soulignant le fait que ce concept ne relève ni exclusivement de la recherches scientifique, ni de la pratique, ni des mouvements sociaux, mais résulte bien de l'interaction entre ces trois dimensions.

    L'agroécologie répond par ailleurs à cinq principes historiques :

    1. Permettre le recyclage de la biomasse.
    2. Garantir des conditions favorables pour la croissance des plantes, en limitant au maximum l'usage d'engrais, de pétrole ou de pesticides.
    3. Assurer une gestion microclimatique, c'est-à-dire en rapport avec le climat d'une région donnée.
    4. Favoriser la diversité génétique et d'espèces.
    5. Permettre des synergies biologiques entre composantes de l'écosystème.

    Au fil du temps, d'autres préceptes méthodologiques sont venus s'y greffer, comme le fait de devoir favoriser la gestion sur le long terme et plus seulement sur le court terme, ou encore la volonté de considérer la diversité comme un avantage plutôt que comme un inconvénient qu'il faudrait gommer à tout prix. Sans oublier certains principes socio-économiques, ajoutés par le groupe GIRAF : impliquer chercheurs, producteurs, consommateurs et pouvoirs publics, favoriser la possibilité d'autonomie par rapport aux marchés globaux et enfin valoriser la diversité des savoirs, tant locaux que traditionnels.

    « La terre appartient à celles et ceux qui la travaillent »

    Via Campesina (la « voie paysanne » en espagnol), qui fut l'un des premiers mouvements internationaux à s'inscrire dans la veine agroécologique, illustre bien le concept. Il puise ses racines dans les années 80, mais s'est officiellement constitué en 1993, lors d'une conférence à… Mons (Belgique), réunissant 46 représentants issus d'organisations paysannes, de travailleurs agricoles, de petits producteurs, de peuples indigènes… Ces organisations, venant d'Amérique du Sud, d'Amérique du Nord, d'Europe, etc. se regroupent autour de l'idée que, malgré les apparences, Nord et Sud partagent finalement une série d'intérêts communs, qu'ils doivent défendre ensemble. Via Campesina plaide aujourd'hui pour le respect des petits et moyens paysans et s'est fixé huit axes de travail :

    • l'agriculture paysanne durable,
    • la réforme agraire et l'accès à l'eau,
    • la souveraineté alimentaire,
    • la biodiversité,
    • la défense des jeunes paysans,
    • la défense des femmes,
    • la défense des travailleurs migrants
    • et la défense des droits humains.

    Dans de multiples endroits du monde, le mouvement organise régulièrement des conférences, actions de sensibilisation, des campagnes de soutien… Son slogan : "Stop aux accaparement de terres. La terre appartient à celles et ceux qui la travaillent."

    Mais le futur de l'agroécologie passera également par toute une série d'initiatives actuellement « en voie de développement ». Comme l'agroforesterie, ce mode d'exploitation de terres agricoles combinant des plantations d'arbres dans des cultures ou des pâturages. Une pratique permettant d'allier production alimentaire, énergétique et biodiversité.
    Autre type de système dit « mixte » : la polyculture-élevage (soit le contraire de la monoculture), qui vise à combiner cultures et élevages sur un même site pour tirer de leur complémentarité des avantages. La question des semences entre aussi dans ce débat.

    Aujourd'hui, la mise au point, la production et la diffusion des variétés de semences sont aux mains de firmes privées. Les fermiers n'ont plus le droit de sélectionner et de diffuser leurs propres semences. Tout passe désormais par l'industrie semencière qui imposent ses critères d'homogénéité et de standardisation. Cette approche a provoqué la disparition de multiples variétés. L'idée est dès lors d'en revenir à un mode de production plus adapté aux nouveaux défis en matière de résilience (changement climatique) de biodiversité (goût, etc) et d'autonomie locale. On pourrait enfin citer la certification participative, cette tentative de réintégrer les consommateurs et les producteurs dans le processus de certification de l'alimentation biologique dont ils sont jusqu'à présent exclus.

    "L'avenir passera aussi par la formation, conclut Pierre Stassart. On constate qu'il existe une forte demande de la part des étudiants, une volonté de s'investir dans un modèle capable de renouveler l'agronomie en répondant aux enjeux sociaux et aux défis planétaires : énergie, biodiversité, changement climatique notamment. Il faudra aussi participer à faire évoluer les idées dans les arènes internationales et se poser cette question centrale : comment organiser face à l'impasse actuelle des systèmes non durables, la transition pour qu'un autre modèle tel que l'agroécologie devienne réalisable ? Souvent, changer, implique d'apprendre à apprendre autrement... Ce qui peut impliquer en quelque sorte de renoncer en la transformant à la manière d'apprendre qui nous a menés à l'impasse actuelle."

    Notes

    1. Catholic University of Louvain, the Free University of Brussels, the University of Ghent, the Walloon Agronomy Research Centre.
    2. Stassart, P., M., P. Baret, J.-C. Grégoire, T. Hance, M. Mormont, D. Reheul, D. Stilmant, G. Vanloqueren, and M. Visser. 2012 (forthcoming) Trajectoire et potentiel de l'agroécologie, pour une transition vers des systèmes alimentaires durables. Pages 25-51 in D. Vandam, J. Nizet, M. Streith, and M. Stassart, Pierre, editors. Agroécologie, entre pratiques et sciences sociales. Educagri, Dijon.

    Auteur

    Université de Liège     ( notre-planete.info)


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  •  L’image au service de l’écologie

    L'Auditorium de BourgesDu jeudi 11 au dimanche 14 octobre 2012, la Ville de Bourges déroule le tapis rouge au 8e Festival International du Film Ecologique.

    Elle mène depuis de nombreuses années, une politique environnementale affirmée, sous l’impulsion de son Maire, Serge LEPELTIER. Elle s’est engagée dans de nombreuses actions en termes de développement durable. De la construction d’équipements respectant des critères environnementaux forts à la suppression des produits phytosanitaires, de la construction d’une chaufferie au bois à l’aménagement de jardins pédagogiques dans les écoles en passant par le développement d’une politique vélo, la Ville marque la volonté de faire avancer le développement durable, pour tous les Berruyers.

    Le Festival International du Film Ecologique s’intègre dans cette politique de sensibilisation. Entièrement gratuit et ouvert à tous, il a pour but de toucher par l’image en présentant et récompensant des films traitant de l’écologie et de débattre avec des personnalités reconnues dans ce domaine.

    37 films, sélectionnés parmi plus de 200 films reçus, sont projetés durant le festival : 17 documentaires, 10 reportages et 10 fictions. 14 d’entre eux sont en compétition officielle pour l’Arbre d’or, la récompense ultime du Festival.

    Bruno Genty, Président de France Nature Environnement, a accepté d’assurer la présidence du jury de palmarès.

    Le Festival International du Film Ecologique, ce sont également des rencontres et des échanges, avec les Entretiens de Bourges. Sont proposés quatre débats et conférences sur des sujets d’actualité, notamment entre Serge LEPELTIER et Jean-Vincent PLACE, Sénateur de l’Essonne, sur l’économie verte, ou encore avec Jean-Marie PELT, Président de l’Institut Européen de l’Ecologie qui donnera une conférence sur la prise de conscience des diversités. 

    De nombreuses animations sont organisées, pour petits et grands. Le Festival du P’tit Ecolo va sensibiliser les plus jeunes à travers des contes et des projections. 2012 voit le retour du Marché Bio mettant à l’honneur des produits biologiques locaux ainsi que des produits culturels et cosmétiques. Le Pôle apicole, grâce à sa ruche transparente, fait découvrir l’univers des abeilles, véritables sentinelles de notre environnement.

    Pour les curieux et retardataires, l’Espace médias propose de voir ou revoir, à la demande, des films présentés durant le festival.

    Un simulateur d’éco-conduite permet de se tester et d’apprendre à conduire de manière plus respectueuse de l’environnement.

     Pour plus d'informations et voir notamment les résumés des films, aller sur le site du festival.


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  • 2012     212 p.     21 €

      

       Le vif débat public sur les organismes génétiquement modifiés (OGM) a jeté en pleine lumière des questions qui jusque-là n’avaient guère mobilisé l’opinion publique.
       -D’où proviennent les variétés de légumes, de fruits et de céréales que nous consommons ?
       - Comment ont-elles été défi nies, par qui et en fonction de quels objectifs ?
      -Est-il légitime qu’elles fassent l’objet de formes restrictives de propriété intellectuelle ?
      L’agriculture industrielle ne rend-elle pas les paysans dépendants des grandes firmes semencières et agrochimiques, en assurant à ces dernières un monopole quasi absolu sur les semences ?
      Ce livre propose une histoire de l’amélioration des plantes en France depuis la Seconde guerre mondiale, à commencer par les cultures les plus importantes et les plus emblématiques, blé, maïs ou colza. Cette histoire est présentée à la fois sous ses aspects scientifiques, juridiques, économiques et sociaux, elle permet aux auteurs d’évoquer les mutliples voies alternatives qui s’ouvrent aujourd’hui en matière de sélection variétale : agriculture biologique, semences paysannes… autant de moyens qui permettent d’« innover autrement ».
      
      Christophe Bonneuil est chargé de recherche au CNRS et membre du centre Alexandre Koyré de recherche en histoire des sciences et techniques. Il travaille sur l’histoire de la biologie, la génétique végétale et sur les transformations des rapports entre science, nature et société.
      Chargé de recherche à l’IRD, Frédéric Thomas travaille sur l’histoire de l’amélioration des plantes, le droit international de la biodiversité et la gestion des ressources génétiques dans le monde.
      Olivier Petitjean travaille à Ritimo, Réseau d’information et de documentation pour le développement durable et la solidarité internationale.   

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  • Sans viande et très heureux (François COUPLAN)

    2006     207 p.    18 €

     

       On peut vivre sans manger de viande. Et même vivre très bien. Il est maintenant établi que la viande n'est pas indispensable, et qu'au contraire son abus peut être dangereux pour la santé. Sans compter que sa qualité est souvent mise en doute. On peut être en droit de s'inquiéter !
      A l'inverse, le corps médical a maintenant pris conscience que les légumes protègent contre de nombreuses maladies. Et il est avéré qu'une alimentation à base de végétaux, à condition d'être équilibrée, exclut tout risque de carence. Le plaisir est également au rendez-vous : les produits végétaux sont innombrables et, bien cuisinés, ils sont une des bases de la gastronomie. D'ailleurs certains des plus grands chefs cuisiniers ne font-ils pas aujourd'hui l'apologie des légumes, des plantes ou des condiments ?
       Vous trouverez ici des éléments concrets et de nombreuses recettes pour vous permettre de découvrir une alimentation à la fois saine, savoureuse, équilibrée et bon marché. Se nourrir sans viande peut, à condition de savoir s'y prendre, présenter tous ces avantages. C'est aussi la découverte d'une nouvelle façon de penser, de concevoir le monde, plus douce et plus harmonieuse.
     
      François Couplan, Docteur-ès-Sciences est spécialiste des utilisations traditionnelles des plantes sauvages et cultivées, qu'il a étudiées sur les cinq continents.
      Ethnobotaniste, il enseigne depuis 1975 les usages des plantes sous forme de stages pratiques sur le terrain. Il est le créateur de la " survie douce ", expériences profondes de vie en harmonie avec la nature.
      François Couplan est l'auteur de nombreux ouvrages sur les plantes et la nature et contribue régulièrement à divers magazines. Il collabore dans plusieurs pays avec de grands chefs cuisiniers à la réhabilitation des saveurs oubliées. Depuis de nombreuses années, François Couplan parcourt la planète à la recherche des traditions alimentaires des différents groupes culturels qui peuplent notre monde.  

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  •   Made in Montreuil, coopérative créative et solidaire


    Ce nouvel espace de co-working veut donner aux créateurs de la ville les moyens de s’exprimer.

    Installé derrière son tiroir-caisse à l’entrée de sa supérette vide, Mahjoub a le sourire aux lèvres lorsqu’on lui demande ce qu’il pense de ses nouveaux voisins: “c’est très bien, de créer, de faire bouger les choses. On attend de voir évidemment, mais c’est très bien."

    Pour ce commerçant, une chose est sûre: le projet "Made in Montreuil" va mettre de l’animation sur ce boulevard déserté de la ville.

    Made in Montreuil, c’est un nouvel espace destiné aux créateurs indépendants de la ville, qui doit être lancé début novembre. Des locaux à partager dans lesquels des artistes, artisans, designers et autres travailleurs indépendants vont pouvoir échanger, exposer, vendre leurs productions.

    100% Montreuil

    Plus qu’un espace créatif, le lieu a pour but de mutualiser les talents pour permettre aux entrepreneurs de Montreuil de sortir de la précarité. L’objectif des fondateurs, Nicolas et Christine Bard, est en effet de développer une filière de production “100% montreuilloise”.

    Ici, les créateurs d’entreprises trouveront bien plus que des bureaux: un restaurant, une boutique, un atelier de création pour le bois, le tissu, le métal, un studio photo, un lieu d’exposition et trois salles de réunion.

    217 créateurs se sont déjà inscrits pour venir s’installer dans cette ancienne salle de réception de 1.700 mètres carrés, qui accueillait il y a peu encore des mariages. Parmi eux, 60% de femmes.

    De 19 à 395 euros par mois

    Le système fonctionne par abonnements. Le tarif le plus bas (19 euros par mois) permet d’accéder à l’espace sans bureau attitré, mais d'avoir des réductions sur tous les services (conférences, formations marketing, etc.) Pour 395 euros par mois, l’entrepreneur a accès à un bureau à plein temps et à tous les services.

    Pour valoriser les initiatives multiples du quartier et de la ville, Nicolas Bard a d'abord créé un groupe Facebook, puis écrit, avec sa femme, un livre mettant en avant les entrepreneurs montreuillois, diffusé à 50.000 exemplaires.

    > Ecoutez Nicolas Bard expliquer comment Made in Montreuil est né:(sur le site de Youphil)

    Au moment de notre reportage, fin septembre, l’équipe de Made in Montreuil finalise les travaux avant l’ouverture. A l’entrée, 20.000 tonnes de bois (recyclé), des détritus et du papier de verre jonchent le sol, et une vingtaine d’ouvriers s’activent pour donner vie aux lieux.

    Preuve de cet esprit créatif, cette fresque un brin futuriste, en phase de réalisation par les artistes Seyb, Maniak et Alex.

    Made in Montreuil


    “Nous nous sommes inspirés des start-up qui changent le monde, comme la Factory, au coeur de Brooklyn”, annonce Nicolas Bard. Made in Montreuil possède l’agrément “entreprise solidaire” délivré en préfecture.

    “Nous avons choisi d’être une SCIC, c’est un statut très intéressant, car il permet à des mairies de soutenir le projet sans moyens. Les SCOP, c’est plus contraignant.”

    Parmi les soutiens du projet, la mairie de Montreuil donc, mais aussi France active, le Réseau entreprendre, la fondation la Mondiale, le Crédit coopératif, la Bred. Différents actionnaires, entrepreneurs à Montreuil, ont apporté 160.000 euros au projet.

    L'entrepreneuriat social? Pas toujours évident...

    Pour cet ancien publicitaire qui porte la barbe et les Converses, l’entrepreneuriat social est une conviction... mais aussi, parfois, une désillusion. “On n’avait pas envie d’être une entreprise classique, on souhaitait réunir des compétences. Nous avons donc choisi le statut coopératif. Le dirigeant n’a pas le pouvoir mais le bémol, c’est qu’il reste tout de même caution!”

    Concrètement, le statut d’entreprise solidaire implique un salaire limité pour le dirigeant (pas plus de 5 fois supérieur au salaire minimum versé dans l'entreprise). 30% des emplois doivent également être occupés par des personnes en situation d’"inemployabilité”.

    Une initiative qui pourrait bien donner un nouvel essor créatif à cette ville, dont le taux de chômage élevé (17%) ne doit pas faire oublier qu'elle reste très dynamique sur le plan associatif.

    > Envie d'en savoir plus sur le projet? Suivez Made in Montreuil sur Facebook et Twitter, ou consultez leur site!


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  • 2005   126 p.  16,30 €

      Plus de réussite au jardin grâce aux expériences issues de 50 années de recherche sur les plantes.

      Semer, planter, soigner, récolter et conserver ses légumes et fruits les jours apportant des influences favorables ; c'est la méthode de Maria Thun.

      Obtenir des plantes saines grâce à l'emploi de tisanes de plantes ; récolter des plantes médicinales puissantes grâce à la bonne date de semis ; bien conserver ses pommes grâce à la bonne date de récolte ; des rosiers sans pucerons grâce aux soins adéquats ; stopper les invasions de limaces ; organiser la bonne rotation des cultures dans la serre. Cet ouvrage indispensable présente les résultats fantastiques d'un travail de recherche unique au monde.

      Version totalement revue et complétée avec les résultats des recherches des huit dernières années. Facile d'accès et utilisable par tout jardinier. 


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