• L'opinion ça se travaille (Serge HALIMI )

    2006   223 p.   8,20 €

     « Traitement exemplaire » et « On a tiré toutes les leçons de nos erreurs passées » constituent les formules sous lesquelles les médias travestissent leur travail en temps de guerre. D’un conflit à l’autre, le parallélisme des expressions laisse en effet songeur : « On a tiré toutes les leçons de la guerre du Golfe, où on n’avait pas assez conceptualisé l’image », estima ainsi Etienne Mougeotte. Le vice-président de TF1 oubliait seulement que ces « leçons » avaient déjà été tirées au moment de la guerre du Kosovo... puis de celle d’Afghanistan.

    Exemples à l’appui, ce livre rappelle comment les médias ont broyé l’information du public tout au long des quinze dernières années - et continuent de le faire. Ce qu’il décrit, loin de constituer une collection d’exceptions, est devenu la règle ; pas un dérapage, la norme.

     Serge Halimi et Dominique Vidal sont journalistes au Monde diplomatique;

     Henri Maler co-anime l'association Acrimed (Action-Critique-Médias).


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  • Moins & mieux, guide ....(

    2011   160+176 p.   12 €

      Le livre se présente avec 2 parties imprimées tête-bêche. D'un côté, des informations pour se sensibiliser à la consommation responsable, de l'autre, un guide thématique qui présente des centaines de contacts.. En option, un guide complémentaire uniquement sur le Val d'Oise(54 p. 4€).

      Fort intéressant si ce n'est que de faire l'entrée du choix par la consommation nous fait passer à côté de nombreuses initiatives non-marchandisables.


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  • Américan écolo....(

    2011   212 p.   16,20 €

      American écolo raconte une Amérique peu connue : celle des cantines scolaires et des cimetières, des autoroutes tentaculaires du Texas et des banlieues campagnardes du Nebraska, des usines à bétail biologique et des petits poulaillers urbains, des loisirs familiaux et des comportements insolites de certaines féministes, mais aussi celle de hippies modernes et de scientifiques époustouflants. Toute une culture dont on n'imagine pas qu'elle soit si différente de la nôtre. Les Etats-Unis ont changé au cours de la première décennie du XXIe siècle, bousculés par trois événements choc : l'attentat du 11 septembre 2001, l'ouragan Katrina en août 2005 et l'élection de Barak Obama en novembre 2008.Cette évolution est chroniquée par une Française devenue binationale, lestée d'une sensibilité particulière pour les choses de l'écologie. Au travers des détails d'une vie quotidienne partagée, l'auteur a compris pourquoi - et non seulement en quoi - les Américains étaient différents. Mais reste-t-il une place pour cette différence revendiquée dans le monde d'aujourd'hui ?

      Hélène Crié-Wiesner, journaliste spécialisée en environnement, vit au Etats-Unis depuis 10 ans. Elle a travaillé 18 ans à Libération et pour de nombreux titres de presse écrite, radio et télévision. Franco-américaine, elle travaille aujourd'hui en indépendante pour la presse française, notamment pour Rue89, Sciences et Avenir, Politis et Libération. 

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  • Homéopathie à la ferme.....(Jocelyne PORCHER)

    2011    220 p.   16 €

     Agnès, Vincent, François, Yveline et les autres, sont éleveurs depuis de nombreuses années. Préoccupés par la question du bien être et de la santé de leurs animaux, ils ont la curiosité de s'intéresser aux médecines alternatives. La rencontre avec un vétérinaire homéopathe et une conseillère en élevages biologiques les conduit à se former, expérimenter, à échanger entre eux pour soigner autrement.

      Dans ce livre, ils témoignent de leurs réussites et de leurs tâtonnements ; mais bien au-delà d'une connaissance technique, ils nous parlent de patience, d'observation, d'entraide, de choix, de responsabilité... Un art de vivre avec les animaux qui interroge profondément notre vision de la santé.
      Ce livre est le fruit de ce cheminement collectif. Il se veut un outil à la disposition de toutes celles et ceux que la curiosité n'effraie pas et que la santé de la planète préoccupe.

      « Homéo à la ferme est un livre à offrir de toute urgence à tous ceux qui vivent avec un ou des animaux, à la ferme ou non. Non seulement parce qu'il est riche d'enseignements sur l'usage de l'homéopathie pour les animaux d'élevage mais aussi parce qu'il est bien plus que cela. Car l'homéopathie, ce n'est pas seulement une façon de soigner les animaux, c'est aussi, et peut-être surtout, une façon de vivre et de travailler avec eux. C'est ce que nous permettent de comprendre les éleveur(e)s qui ont participé à cet ouvrage avec le vétérinaire Alain Boutonnet.
      Quelle belle idée d'écriture que ce travail collectif de réflexions, de partage d'expériences, de témoignages précis ou touchants autour du soin des animaux.
      Et quelle merveilleuse manière de nous rappeler que les animaux d'élevage existent subjectivement, que chacun a sa personnalité, son caractère, que Amina et Savane, toutes deux chèvres Alpine, ne sont pas la même chèvre et que donc elles n'ont pas la même relation à la maladie et ne réclament pas le même remède. »

    Jocelyne Porcher

        Ecrit collectivement sur plusieurs années, ce livre est à plusieurs voix. Chaque éleveur a pris la plume pour raconter son trajet et son exploitation, ensemble ils ont construit cet ouvrage où la parole de chacun a été respectée et rapportée.


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  •  L’austérité pour les nuls ou le FMI au piquet    

    Jeudi 10 Janvier 2013 
    Jack Dion - Marianne   Directeur adjoint de la rédaction de Marianne et grand amateur de théâtre 
     
    Mouvement social européen (MSE), à Rome, 2012 - MISTRULLI LUIGI/SIPA
    Mouvement social européen (MSE), à Rome, 2012 - MISTRULLI LUIGI/SIPA
    Il paraît que l’austérité est aussi nécessaire au redressement de l’économie que le sang au corps humain. Le FMI (Fonds Monétaire International) nous explique la chose chaque matin que font les Dieux de l’économie. La Commission de Bruxelles, cet aréopage de gens n’ayant de comptes à rendre qu’à eux-mêmes, en a fait le premier de ses dix commandements, ceux-là même qu’il fait appliquer à la schlague en Grèce, en Espagne, au Portugal et en Italie (liste non définitive).

    Il s’est même formé une « Troïka », composée du FMI, de la Commission, et de l’inénarrable Banque Centrale Européenne (BCE). Cette « Troïka » surveille l’application à la lettre du principe de base de l’austérité qui veut que plus on étrangle le malade et plus il a de chances de s’en sortir un jour, à une date incertaine, mais de s’en sortir, car il est impossible de faire autrement que d’en passer par là.

    Comme dit l’autre, il n’y a pas le choix. Margaret Thatcher l’expliquait déjà en son temps, de même que Ronald Reagan. Le tout puissant gourou du forum de Davos, Klaus Schwab, en a remis une louche voici peu dans les colonnes du Monde : « Il n’y a pas d’alternative au capitalisme ». Et le capitalisme, c’est l’austérité. CQFD.

    Or qu’apprend-on, de la bouche même de deux des principaux économistes du FMI ? Qu’ils se sont plantés sur toute la ligne. A en croire les deux têtes chercheuses concernées, Olivier Blanchard et Daniel Leigh, l’austérité à tout crin était une erreur.

    Lors d’un colloque, l’un et l’autre ont reconnu qu’il y avait un bug dans leur logique intellectuelle, et que le modèle informatique gitait tellement qu’il était tombé à l’eau.

    L’explication du bouillon idéologique ? On vous la donne en mille : les « experts » du FMI n’avaient pas prévu les effets en chaine de l’austérité. Excusez, mais si un gamin disait pareille ânerie, on serait tenté de lui donner une taloche en lui demandant de réfléchir une seconde.

    Avec tout le respect que l’on doit à Olivier Blanchard, formé à l’école DSK (on ne parle ici que d’économie, pas de mélange des genres) et à Daniel Leigh, à leurs titres respectifs, et à leur statut de premiers collaborateurs de Christine Lagarde, garde chiourme en chef du FMI, on se doit de leur rappeler, fort modestement, qu’ils découvrent la lune.

    Voilà des mois et des mois que l’on explique, ici et là, que l’austérité n’est pas la solution, ni en Grèce ni ailleurs. On répète qu’étouffer la consommation va tuer la croissance et donc assécher les rentrées fiscales qu’elle génère. Il n’est pas besoin d’avoir fait une thèse pour comprendre çà, ni d’être un accro de la psychologie collective et individuelle. Il suffit de faire fonctionner ses neurones cinq minutes et de constater ce qui se passe à Athènes, à Madrid, et à Lisbonne.

    On aurait pu croire que l’histoire serait méditée par tous ceux qui se sont transformés, dans cette bonne terre de France, en docteurs de la potion amère. On aurait pu espérer que les adeptes de la purge réviseraient un peu leurs classiques et qu’ils s’interrogeraient sur des médications qui sont à l’économie ce que la saignée des médecins de Molière était à la santé.

    Il n’en est rien. A preuve ce que les stars de la cour médiatique expliquent à propos de la négociation dite sociale entre le Medef et les syndicats. Tous vantent les mérites de la « flexibilité », autrement dit de la précarisation aggravée du salariat, fidèles en cela aux vieilles lunes idéologiques de la « Troïka ».

    Ainsi va la vie intellectuelle en ces temps de (non) débat. On ne change pas une équipe qui perd et encore moins une technique qui rate. 

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  •   Fiche publiée par Colibri

      Comment les écomédecines peuvent-elles s’inscrire dans notre quotidien au bénéfice de notre santé et de notre équilibre ?

    Comment les inscrire dans une logique de vie personnelle, en harmonie avec la nature ?
    Comment trouver un équilibre entre la vie qui est en nous et la vie qui nous environne ?
    Les écomédecines sont une ouverture vers la circulation des énergies, respectueuse de notre rythme personnel.

      En résumé  , les écomédecines peuvent nous aider à :

    • trouver de vraies réponses à nos maladies contemporaines ;
    • retrouver un rythme naturel personnel ;
    • nous placer dans une démarche préventive et non uniquement curative ;
    • respecter notre corps et l'environnement.  

    Pourquoi avoir recours aux écomédecines ?

    Il est reconnu que dans les sociétés occidentales la progression de nombreuses maladies est consécutive à la dégradation de l’environnement et au caractère tendu et artificiel des modes de vie ; ceux-ci, par leur coté anti-naturel fragilisent et dégradent nos organismes.
    Les médecines occidentales ou allopathiques se révèlent elles-mêmes acteurs du même schéma anti-naturel et sont souvent impuissantes à trouver des réponses à nos maladies contemporaines, y compris les plus courantes. Ces graves atteintes font peser une lourde hypothèque sur la qualité du patrimoine génétique de l’humanité…
    Les écomédecines sont les véritables "médecines traditionnelles", telles que celles utilisées depuis des millénaires par certaines civilisations orientales.

      Quelles sont les écomédecines ?

    Les écomédecines auxquelles on peut avoir désormais facilement recours en Europe prennent des formes multiples :
    • la médecine traditionnelle chinoise ;
    • la médecine traditionnelle ayurvedhique ;
    • l’homéopathie ;
    • la naturopathie ;
    • l’ostéopathie ;
    • la microkinésithérapie.

     [Et probablement bien d'autres encore à découvrir]

    Elles sont pratiquées à la fois par des médecins, des dentistes et des vétérinaires. 

     Comment se soigner autrement et passer aux écomédecines ?

    • Faire le point sur les tensions récurrentes dont nous souffrons et les maladies chroniques ou répétitives face auxquelles la médecine traditionnelle allopathique ne fonctionne pas.
    • Faire le tri dans notre pharmacie et réfléchir à notre gestion des médicaments.
    • S'interroger sur la composition des médicaments que nous utilisons, leur impact sur l'environnement, leur coût et leur impact écologique.
    • Tenter l'expérience d'aller aller voir un homéopathe, un naturopathe ou un praticien de santé diplômé pour en parler.
    • Tenter le sevrage des excitants qui nous aident à tenir dans le quotidien, pour retrouver un rythme naturel.
    • Repenser notre alimentation  

    Que sont les écomédecines ?

    Les écomédecines sont la traduction effective et efficace adaptées notamment aux populations des pays industrialisés du XXIème siècle d’un patrimoine de l’humanité.
    Elles s’accordent à deux préoccupations majeures de notre temps : préserver l’environnement et la planète, et assurer l’épanouissement de l'homme. 

    Que proposent les écomedecines ?

    Elles peuvent apporter des solutions simples et efficaces aussi bien en curatif qu’en préventif. Elles ont des points communs essentiels :
    • elles considèrent le patient dans sa globalité physique et psychologique ;
    • elles s’attachent moins au symptôme qu’à son origine : elles proposent au patient une gamme de choix thérapeutiques ;
    • elles donnent une place majeure à l’écoute du patient, à sa relation avec le thérapeute et à l’accompagnement multiple que celui-ci peut lui apporter ;
    • elles visent à renforcer le terrain et l’immunité ;
    • elles utilisent le concept de rééquilibrage énergétique ;
    • elles sont en harmonie avec le respect de l’environnement proposant des traitements à base de produits naturels et non générateurs de déchets toxiques ;
    • elles donnent une grande place à la prévention ;
    • elles sont attentives aux relations qu’entretient le patient avec son cadre et son mode de vie : habitat, alimentation, biorythmes, facteurs de tension ou de stress, exposition aux pollutions (métaux lourds ou non, cosmétiques, microbes, parasites, bactéries, pesticides, insecticides, et autres polluants chimiques...), aux radiations électromagnétiques, et nucléaires, addictions diverses...  

    Questions... suggestions... réactions...

    Si vous avez des questions, des suggestions, des réactions sur la page, n'hésitez pas à contacter Gregory.Merci!

     Quelques liens


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  •    Ce village de la Sarthe a offert à ses habitants volontaires de goulues gallinacées. Le but: réduire le volume de déchets collectés, en débarrassant les poubelles des restes de repas.

    Festin de déchets pour des cocottes  Tout a commencé par une boutade, en mars 2012. Au sortir d’un conseil municipal, Nicole Foucault, première adjointe du petit village de Pincé, dans la Sarthe, et Sylvie Testier, conseillère municipale, jabotent gaiement. Puisque la commune de 206 habitants va bientôt suivre les recommandations de la loi Grenelle I et instaurer une redevance incitative pour le ramassage des ordures ménagères – moins le camion lèvera de poubelles, moins les ménages paieront pour ce service – pourquoi ne pas diminuer son volume de détritus en refourguant ses déchets organiques à de voraces volatiles ?

    Le gîte et le couvert offerts

       L’idée fait d’abord glousser. Mais, très vite, Lydie Pasteau, maire de la commune, débloque 600 euros pour acheter 62 poules pondeuses de Loué. Le 21 septembre dernier, sous l’œil d’un troupeau de caméras, elle a donné deux gallinacées à chacun des 31 foyers volontaires, sur les 87 que compte le village. Lors de cette cérémonie, parrainée par Jean-Pierre Coffe, les ménages ont signé un contrat d’adoption dans lequel ils s’engagent à offrir aux oiseaux de bassecour le gîte et le couvert pendant au moins deux ans. « On n’a rien inventé ! Nous avons tous vu nos parents avoir des poules au fond du jardin, à qui ils donnaient leurs restes », se remémore Sylvie Pasteau.

       Il y a bien eu un grincheux qui a estimé que, s’il était venu chercher le calme à la campagne, ce n’était pas pour être réveillé par les coqs. Qu’il soit rassuré : les adoptants se sont engagés à ne pas se procurer de mâle à crête. Et puis les poules ont changé l’ambiance du village, en mieux.

    Colocation dans le poulailler

      Certains ménages ont mis leurs volailles en coloc : elles partagent poulailler et déchets. Quand deux d’entre elles se sont fait croquer par un renard, le village était en émoi. « Des gens qui ne se parlaient pas s’enquièrent désormais de leurs poules respectives, les enfants apprennent que les œufs ne sortent pas des boîtes, on apprend à mieux trier nos déchets », énumère Nicole Foucault, à qui Mercedes et Austin, ses poulettes « adorées », donnent entière satisfaction. Non seulement elles lui permettent de ne sortir ses poubelles plus qu’une fois par mois au lieu de trois auparavant mais, en plus, elles pondent deux œufs par jour. Alors promis juré, en échange de ces bons services, ses poules ne finiront pas en cocotte.

          La  rédacrice  Alexandra BogaerT ( terraeco.net)

      Quand le bon sens revient dans les campagnes! Et pourquoi pas en ville quand c'est possible! (petit jardin, espace vert avec un coin volailles de nos campagnes, et en plus cela ferait une sortie pour les enfants des écoles.....)


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  • Le nucléaire, une névrose française (Patrick PIRO)

    2012    250 p.   14,20 €

      L'accident de Fukushima a fait resurgir la question nucléaire de manière encore plus puissante qu'après Tchernobyl. C'est arrivé dans un pays fortement industrialisé, démocratique et qui inspire confiance ; alors, pourquoi pas en France ? Sur le terrain des arguments, le rapport de force s'est inversé : qui sont les " irresponsables " aujourd'hui ? Ces utopistes d'écolos soupçonnés de vouloir revenir à la bougie, ou ceux qui persistent à affirmer que " chez nous, ça n'arrivera pas " ? Le dossier d'une sortie du nucléaire est donc légitimement remis sur la table : on se penche à nouveau sur des incidents prétendument banals survenus au cours des années passées, on revoit les calculs de probabilité d'un accident. La question sera au cœur des négociations pour un accord à gauche, lors des scrutins de 2012. L'ouvrage est centré sur les raisons qui justifient un vrai débat en France et sur les motifs de croire qu'une sortie du nucléaire est possible. Les esprits évoluent au PS, le Parti de gauche y est favorable, la question est " non négociable " chez Europe Ecologie-Les Verts. Et des -perspectives montrent des chemins crédibles, à la fois " zéro nucléaire " et " zéro CO2 " . D'autres pays ont d'ailleurs franchi le pas.

      Patrick Piro est journaliste de formation scientifique, responsable de la rubrique Ecologie à l'hebdomadaire Politis. Il est notamment l'auteur du
      -Guide des énergies vertes pour la maison et du
      -Guide des économies d'énergie au quotidien (Terre vivante). 

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  • Les réalités du commerce équitable l'exemple...(Arnaud KABA)

    2011    184 p.  17,50 €

      Tantôt présenté comme la panacée, tantôt critiqué comme étant une pure opération de marketing, le commerce équitable fait débat. Ainsi, les emballages de produits équitables nous montrent des images teintées d'exotisme représentant des ouvriers agricoles et des fermiers qui travaillent la terre avec entrain. Mais que sait-on des réalités sociales présentes à l'autre bout de la chaîne ? Cet ouvrage qui fait l'ethnographie d'une plantation de thé équitable, située près de Darjeeling, au nord-est de l'Inde, propose de répondre à cette question. S'il n'a pas vocation à établir des généralités, il permet d'avoir une idée précise de ce que peut être la réalité sociale du commerce équitable labellisé dans les pays en voie de développement. Il s'adresse à tous ceux, acteurs du commerce équitable, étudiants en sciences humaines et sociales, consommateurs responsables, chercheurs et amateurs de thé, qui s'intéressent à l'industrie du thé et au commerce équitable.

    Arnaud Kaba est doctorant en anthropologie à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. Il a travaillé durant deux ans sur les plantations de thé indiennes et mène actuellement ses recherches sur les travailleurs du secteur informel dans la ville de Bhopal, en Inde. 

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  • Les pionniers de la ville durable (

    2010    294 p.  25,40 €

     Réconcilier la nature et la ville. Faire face au changement climatique. Imaginer, à l'échelle locale, d'autres voies de développement. Une utopie ? Un rêve certes. Mais de ceux qui semblent si réels qu'on croit les toucher du doigt au réveil. A Stockholm, à Bologne, à Grenoble, des âmes libres ont osé y croire. Pendant de longs mois, Cyria Emelianoff et Ruth Stegassy ont arpenté l'Europe en train, en bus, en ferry, pour recueillir la mémoire de ces pionniers, capables de mettre toute leur énergie dans la transformation d'un modèle qu'ils pensent profondément inadapté au monde qui vient. Loin de se contenter de repeindre le bitume en vert, ils inventent de nouvelles manières de produire et d'utiliser l'énergie. Ils imaginent de nouvelles manières d'habiter, de se mouvoir, écologiques, certes, mais surtout plus humaines. En un mot : conscientes. Et si la ville durable était tout simplement la ville apaisée ?

    Cyria Emelianoff est géographe, maître de conférences à l'université du Maine.
    Ruth Stegassy est journaliste spécialiste de l'environnement. Elle anime l'émission "Terre à Terre" sur France Culture.  

      "Les écoquartiers sont le résultat d’engagement pris par les villes signataires de la charte d’Aalborg de 1994 (80 villes) et par celles qui les ont rejointes par la suite (2600 collectivités). Les 620 villes qui ont signé les « Engagements d’Aalborg » en 2009 s’engagent sur dix volets qui couvrent largement les trois piliers du développement durable (Social, Economie, Environnement). La prochaine conférence se tiendra à Dunkerque en 2010. Ce mouvement de villes est européen et montre bien à quel point (malgré quelles initiatives locales impulsées par des associations européennes), les villes du sud sont encore trop peu concernées par ces mesures alors qu’il apparaît que l’échelle urbaine soit le niveau le plus pertinent pour transformer la société et réduire sa consommation énergétique.

    Ces mouvements ont été bien souvent initiés par des militants qui ont ensuite essaimé à force de persuasion. C’est à ces personnes que ce livre est consacré. Les interviews d’une trentaine d’acteurs des projets (architecte, élus, directeur de l’environnement au sein des villes ou de communautés urbaines, responsable d’Agenda 21, directeur d’entreprise, présidents d’association) sont accompagnées de textes de présentation des lieux. La forme même du livre fait que c’est un regard très optimiste et positif qui est porté sur les territoires et sur leur place dans l’aventure du développement durable. L’implication des acteurs fait qu’ils ne sont pas les mieux placés pour porter un regard critique sur leur expérience. C’est pourquoi le questionnement par les deux auteurs doit les amener à une vision critique de l’expérience menée. Les premières interviews le sont peu mais au fil des pages, le questionnement devient plus percutant, fort heureusement.

    On retiendra dans la masse des interviews, celle de Michel Delebarre, président de la Communauté urbaine de Dunkerque et maire de Dunkerque. Les auteurs l’amènent à justifier le choix de Dunkerque pour la tenue prochaine de la Conférence des villes durables. Difficile, à priori, sans détails et explications, de comprendre ce choix et pourtant l’orientation de Dunkerque vers le développement durable est d’autant plus intéressante que la ville dispose d’un parc industriel à la fois générateur d’une pollution atmosphérique légendaire et fortement consommateur d’espace (à l’origine d’une « cassure » dans le tissu urbain, en passe d’être résorbé grâce à la reconquête des friches industrielles des anciens chantiers navals). La lecture de l’interview, comme la présentation de la ville qui est faite par les deux auteurs apportent beaucoup et constituent, à n’en pas douter, un incontournable pour une mise à jour sur la ville, bien utile pour un commentaire de carte topographique. Une lecture très bénéfique pour ceux qui préparent la nouvelle question au Capes, millésime 2011 (dont les écrits se tiendront en novembre 2010 !) consacrée à La France en villes, à la condition qu’ils n’oublient pas de porter un regard critique sur ces expériences. Surcoût, ségrégation sociale (« boboland »), pilier Economie du développement durable trop souvent absent des projets sont les principaux défauts de ces quartiers qui se veulent exemplaires, sans oublier le fait que ces initiatives, mêmes lorsqu’elles sont convaincantes, ne touchent bien souvent qu’un quartier de la ville et n’affectent pas l’ensemble du pôle urbain, même l’Agenda 21 de la ville prévoit des initiatives à une échelle urbaine plus petite."

    Copyright Les Clionautes


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  •  Le collectif Appel de la Jeunesse est une association de sensibilisation et d'information sur les questions de santé-environnement. Lancée en 2009 par des jeunes elle a pour vocation d'être intergénérationnelle. L'association a été créée face à l'observation de la recrudescence des maladies chroniques dans la société et notamment chez des populations de plus en plus jeunes. L'objectif de l'association est donc d'agir pour contribuer à améliorer l'état de santé de la population telle qu'elle est définie par l'OMS, c'est à dire "un état de bien être physique, psychique et social ressenti par la personne et son entourage".
    Pour cela le collectif met en place :

    • des formations aux liens entre la santé et l'environnement pour les porteurs de projets,
    • des débats en milieu scolaire,
    • des campagnes de sensibilisation,
    • une GreenPride à Paris le 23 octobre 2011.

    Le collectif a pour but d'interpeller les décideurs politiques et l'opinion publique pour que les questions de santé-environnement (pesticides, ogm, nanotechnologies, alimentation…) soient portées au coeur des débats publics.

    L'Appel de la Jeunesse : appeldelajeunesse.org

     Publié par le Mouvement Colibris


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  •   L'or est-il au-dessus de tout, M. Montebourg ?

     

    La forêt est la richesse durable du Parc amazonien de Guyane (crédit photo : Rhett Butler)


    Chers ami(e)s de la forêt tropicale,

    Par un arrêté paru au Journal Officiel le 11 décembre 2012, le Ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg a accordé à la société REXMA un permis d'exploitation aurifère de 10 km2 sur la Crique (rivière) Limonade à quelques kilomètres du bourg de Saül à l'intérieur du Parc amazonien de Guyane.

    Cette décision unilatérale parait totalement invraisemblable car elle ne prend en compte ni le code minier en vigueur depuis janvier 2012 en Guyane, ni les différents rapports défavorables des organismes concernés, ni le statut de Parc national protégeant le Parc amazonien de Guyane, ni la volonté des habitants de Saül de développer leur économie sur la valorisation durable d'un patrimoine naturel exceptionnel : la forêt.

    Signez notre pétition ( sur le site) pour obtenir le retrait du permis aurifère accordé par M. Montebourg à la société REXMA.

    En vous remerciant de votre attention,

    Sylvain Harmat
    Sauvons la forêt
    info@sauvonslaforet.org
    www.sauvonslaforet.org 


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  •  Oui, l'écologie, c'est social (Sandrine ROUSSEAU)

    2012    105 p.   5 €

      L'objectif de ce livre est de montrer en quoi le projet écologiste est profondément social et générateur de plus d'égalité dans la société. Un propos qui pourra surprendre certains, car les écologistes ne sont guère entendus sur ce sujet, et il règne un malentendu entre eux et les classes populaires, traditionnellement méfiantes quant à la capacité du projet écologiste à améliorer leurs conditions d'existence. Pourtant, ce projet repose sur la création d'emplois, l'amélioration de la qualité de vie, hors et dans le travail, la réduction des écarts de richesse. Un tel projet passe par une conversion écologique de l'économie, avec la création de nouveaux secteurs et la transformation d'autres (notamment l'automobile), une remise en route de la réduction du temps de travail (sujet quasi absent des débats politiques actuels) et une meilleure qualité des emplois créés (moins de stress, de souffrance et de précarité). Au-delà de l'emploi, ce projet repose plus largement sur de nouveaux choix de société facteurs de bien-être : nouveaux droits liés à la parentalité ou à la formation tout au long de la vie, accroissement de la représentation syndicale, meilleure répartition de l'accès à certains droits et services, fiscalité plus juste. Oui, le projet politique écologiste ouvre la voie à une société plus durable, où le bien-être ne se mesure pas à l'aune de la seule consommation matérielle.

     Sandrine Rousseau est économiste et vice-présidente de la Région Nord-Pas-de-Calais. Elle est notamment l'auteur (avec François-Xavier Devetter) de
      -Du balai. Essai sur le ménage à domicile et le retour à la domesticité (Raisons d'agir, 2011). 

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  • Faibles et puissants face à l'impôt (Alexis SPIRE)

    2012    134 p.   8,10 €

         Les Français ne sont pas égaux devant l'impôt : les riches en paient moins en proportion de leurs revenus que les pauvres. Mais l'inégalité fiscale ne s'arrête pas là. Contrairement à tous les discours censés faire de notre pays un enfer pour les riches, ces derniers bénéficient également d'un contrôle fiscal beaucoup plus clément que celui appliqué aux pauvres. C'est ce que montre, enquête à l'appui, le sociologue et directeur de recherche au CNRS Alexis Spire.

      Son livre démarre par une passionnante histoire du contrôle fiscal en France. Marginal durant l'entre-deux guerres, il faut attendre 1948 et la création de la Direction générale des impôts pour qu'il commence à trouver ses lettres de noblesse. On le sait peu mais, dans les trente ans qui suivent, le développement des effectifs de l'administration fiscale en fera un lieu d'emploi des femmes et de promotion des classes populaires. Les contrôles seront renforcés par le ministre de l'Economie de la fin des années 1960, Valery Giscard d'Estaing, et le début des années 1970 voit monter les premiers débats accusateurs sur l'évasion fiscale. S'instaure alors rapidement une logique de rendement : il faut que les contrôles rapportent plus qu'ils ne coûtent, d'autant plus que la gauche arrivée au pouvoir en 1981 embauche 5 800 fonctionnaires du fisc dont 1 100 contrôleurs.

    Traquer la fraude sociale

      La suite de l'histoire montre une double évolution. D'un côté, les contrôles sur les personnes les plus fragiles s'intensifient. C'est qu'avec la création de la prime pour l'emploi destinée à aider les travailleurs pauvres, l'administration fiscale ne se contente plus de prélever de l'argent, elle peut aussi en distribuer. Au nom de la défense de l'Etat-providence, les fonctionnaires des impôts vont alors se donner pour mission de traquer la fraude sociale, telle cette agente des impôts du 93 qui oublie délibérément de saisir le nombre d'heures travaillées, suscitant de la part des contrôleurs des demandes de justification auprès des contribuables concernés.

    La culture du dialogue

      De l'autre côté, celui des contribuables plus aisés, c'est l'inverse qui se produit. Après le retour de la droite au pouvoir, la loi Aicardi de 1987 impose la charge de la preuve du comportement fiscal délictueux à l'administration fiscale. Plus tard, en 1999, c'est sous Lionel Jospin que le directeur des impôts institutionnalise la notion d'"application mesurée de la loi fiscale", à savoir une culture du dialogue, de la conciliation et du "rescrit", la possibilité pour un contribuable de soumettre à l'administration une pratique fiscale pour vérifier si elle est acceptable.

      Or, cette culture du dialogue va s'appliquer essentiellement en faveur des contribuables les plus aisés. D'abord parce que, manquant de moyens, les contrôleurs ont plus de mal à juger des revenus réels des plus riches, dont les sources sont diversifiées (salaires, dividendes, loyers…) et qui bénéficient des conseils de fiscalistes avisés. Ensuite, le contrôle, lorsqu'il aboutit à quelque chose, n'est qu'une première étape vers la négociation dont les plus fortunés savent mieux tirer parti, et ce d'autant plus que l'administration la privilégie au contentieux.

      Pour Alexis Spire, la conclusion est claire : les conditions d'application de la loi fiscale sont socialement déterminées. Selon que vous serez puissants ou misérables, le fisc vous sera plus ou moins conciliant.

     Christian Chavagneux 
    Alternatives Economiques n° 320 - janvier 2013    

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  • Eloge de l'éducation lente (

    2011    125 p.   13;70 €

       "Je n'ai pas le temps... ". Alors, je passe à la vitesse supérieure... Ce faisant, je m'éloigne du sens profond des choses et je contribue à une société névrosée et impersonnelle. Plus, plus tôt et plus vite ne sont pas synonymes de meilleur. L'auteur applique ce principe au champ éducatif - scolaire, familial et personnel : il envisage un temps qui permet notamment de retrouver le sens de la diversité des rythmes d'apprentissage. L'éducation lente ne signifie pas agir lentement, mais savoir trouver le temps adapté à chacun et à chaque activité. Eduquer lentement, c'est ajuster la vitesse au moment et à la personne. Faire un éloge de l'éducation lente, c'est faire l'éloge d'un modèle éducatif essentiel pour l'humanisation de la société. Le temps n'a pas à coloniser notre vie ni celle de l'école ou des familles ; le temps appartient aux enfants, aux parents et aux professeurs. Pleinement vécu, il est pleinement éducatif.

      Joan Domènech Francesch est professeur d'école, licencié en philosophie, militant de mouvements de rénovation pédagogique, formateur; il est membre du Conseil scolaire de Catalogne et co-organisateur des Journées annuelles de réflexion des écoles catalanes... Il a publié:

      -L'Organisation du temps et de l'espace à l'école (en espagnol),

      -L'Education primaire, dilemmes et propositions (en espagnol et en catalan), éditions Grao.

     Père de deux enfants, il vit "intensément" la question du temps en éducation - familiale et scolaire. Directeur, depuis sa création, d'une école publique de Barcelone, il s'efforce d'appliquer au quotidien, ses idées.     


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  •   Interview - André Cicollela, toxicologue, estime que les agences de santé doivent disposer d’un code de déontologie fixé par un organisme extérieur. (Article publié dans le n° 41 de novembre 2012 de terraéco)

    André Cicolella est toxicologue, président du Réseau environnement santé.

    Terra eco : Vous connaissez bien les risques pris par les lanceurs d’alerte. Vous en avez vous-même fait l’expérience…

    André Cicolella : J’ai été licencié pour faute grave en avril 1994 à quelques jours d’un colloque international que j’avais organisé et qui portait sur les risques associés à une famille de solvants : les éthers de glycol. C’était un colloque qui réunissait 200 participants. Du jour au lendemain, on m’a licencié pour insubordination parce que j’avais refusé de participer à une réunion préalable. Elle visait à m’empêcher de porter à la connaissance du public, via ce colloque, la confirmation des effets génotoxiques sur l’homme de ces substances. En 2000, la Cour de cassation a déclaré que mon licenciement était abusif. J’ai été ainsi à l’origine d’une jurisprudence reconnaissant la nécessité de protéger les lanceurs d’alerte. Cette affaire est assez caractéristique de la situation dans laquelle on peut se trouver lorsqu’on veut alerter le public sur un problème de santé public.

    Pensez-vous que la situation a changé depuis ?

    Dans l’opinion publique, l’expression « lanceur d’alerte » est maintenant connue. Mais au niveau des responsables politiques, c’est encore très partagé. Le Grenelle avait voté à l’unanimité le principe d’une loi pour protéger ces lanceurs d’alerte. Cette promesse n’a pas été tenue. Je l’ai rappelée lors de la conférence environnementale mais il n’y a pas eu de reprise. Une proposition de loi des sénateurs verts reprend l’idée que je défends : celle de la création d’une Haute autorité (de l’expertise scientifique et de l’alerte en matière de santé et d’environnement, ndlr). Si j’avais eu ce lieu de recours quand j’ai été licencié, peut-être que les choses ne se seraient pas passées comme ça.

    Comment fonctionnerait cette autorité ?

    L’idée centrale, c’est que pour protéger les principes, il faut protéger les processus et donc les dispositifs d’expertise. Le code de déontologie doit être fixé par un organisme extérieur. On me dit que les agences sont exemplaires parce qu’elles ont un code de déontologie. Mais de multiples exemples montrent que ce n’est pas le cas. Il faut qu’une haute autorité définisse le code de déontologie, en dehors des crises. Personne n’a intérêt à jouer les martyrs.

    Si cette haute autorité faisait bien son travail et rendait les agences étatiques irréprochables, les lanceurs d’alerte pourraient être amenés à disparaître ?

    Aucun système n’est parfait. Mais potentiellement oui. En tout cas, la société doit avoir une politique de santé publique qui fonctionne et non des organismes qui font semblant. L’exemple du bisphénol A est parlant. Les députés et les sénateurs doivent voter pour qu’on l’interdise dans les contenants alimentaires ou qu’on bannisse la présence de phtalates dans les dispositifs médicaux. La population la plus exposée à ces phtalates, ce sont les prématurés qui reçoivent 1 000 fois les doses autorisées pour les adultes.

    C’est quand même anormal que l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé n’ait pas pris de position sur ces dispositifs médicaux. Ce n’est pas faute de ne pas avoir alerté l’opinion. Nous avons fait une conférence de presse au mois d’avril sur cette question. Quand après ça, on dit que les agences fonctionnent et qu’elles sont parfaitement vertueuses… Je peux vous donner un deuxième exemple. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a fait un rapport sur les effets à faible dose du bisphénol A. Un an après, on attend toujours les conséquences de ce rapport sur la DJA (la dose journalière admissible soit la quantité de substance qu’un individu moyen peut théoriquement ingérer quotidiennement sans mettre sa santé en danger, ndlr).

    Pourquoi ces agences ne font-elles pas bien leur travail, selon vous ? Est-ce une question de moyens ?

    Non. Ce n’est pas très compliqué de calculer une DJA. On prend l’effet à la concentration la plus basse et on divise par mille. Si l’Anses ne le fait pas, elle est en faute.

    Mais justement pourquoi ne le fait-elle pas à votre avis ?

    Sur des cas précis, il y a une difficulté au sein de ces agences à se détacher de l’argumentaire défendu par l’industrie chimique. Mais une agence n’a pas à se substituer à l’industrie qui peut bien se défendre toute seule. Elle doit avoir une position de protection de la santé publique. Comme elle ne le fait pas, ce sont les députés et les sénateurs qui s’y collent mais ce n’est pas normal. On ne va pas faire 870 lois (1), une loi par perturbateurs endocriniens présumés !

    La création d’une haute autorité de l’expertise scientifique pourrait changer ça ?

     OGM, Médiator : « Il faut protéger les personnes, donc les dispositifs d’expertiseOui. Sur ce problème de DJA, en tant que président du Réseau environnement santé je pourrais saisir cette haute autorité qui rendrait alors un avis. Elle aurait un rôle un peu similaire à celui de la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité ou de la Commission nationale de l’informatique et des libertés. Son objectif ne serait pas de faire une expertise mais elle constituerait un lieu de recours. Quand on reproche à Gilles-Eric Séralini d’avoir utilisé des souches de rats plus susceptibles de développer des cancers alors qu’elles sont les plus utilisées en cancérologie et que Monsanto les utilise, c’est une accusation grossière, qui pourrait être examinée par la haute autorité.

    L’étude de Gilles Eric Séralini aurait donc dû, selon vous, être menée au sein d’un organisme étatique ?

    Ou au moins recevoir un financement public. On lui reproche d’avoir utilisé de petits groupes d’animaux mais s’il avait eu plus d’argent, il aurait fait ces expériences sur 50 animaux ! Il faut aussi se souvenir que les lanceurs d’alerte ne sont pas que des chercheurs. Dans une acception plus large, ça peut être tout citoyen qui observe une situation environnementale ou de santé anormale. Les salariés de PIP qui changeaient de gel quand les inspecteurs arrivaient (l’entreprise utilisait un gel non homologué mais moins cher et mentait à l’organisme certificateur, ndlr) ont expliqué qu’ils faisaient ce que leur patron disait et que s’ils ne le faisaient pas, ils risquaient d’être mis à la porte. Mais si la loi les avait obligés à lancer l’alerte, ils auraient pu saisir la haute autorité pour dysfonctionnement. Dire que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, c’est une vaste blague.

    (1) Dernière estimation faite en 2011 par la spécialiste Theo Colborn. Liste à télécharger sur Terraéco.

      La rédactrice :  Karine Le Loët

    Journaliste à " Terra eco"  (17/10/2012 )


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  • Les chiens de garde (Paul NIZAN)

    2012    182 p.   8 €

      L'actualité des Chiens de garde, nous aurions préféré ne pas en éprouver la robuste fraîcheur.Nous aurions aimé qu'un même côté de la barricade cessât de réunir penseurs de métier et bâtisseurs de ruines. Nous aurions voulu que la dissidence fût devenue à ce point contagieuse que l'invocation de Nizan au sursaut et à la résistance en parût presque inutile. Car nous continuons à vouloir un autre monde. L'entreprise nous dépasse ? Notre insuffisance épuise notre persévérance ?
    Souvenons-nous alors de ce passage par lequel Sartre a résumé l'appel aux armes de son vieux camarade :

      "Il peut dire aux uns : vous mourez de modestie, osez désirer, soyez insatiables, ne rougissez pas de vouloir la lune : il nous la faut. Et aux autres : dirigez votre rage sur ceux qui l'ont provoquée, n'essayez pas d'échapper à votre mal, cherchez ses causes et cassez-les."  Serge Hamili Extrait de la préface. 

    Les Chiens de garde est un essai de Paul Nizan paru en 1932.

    Il s'agit d'un essai pamphlétaire dirigé contre quelques-uns des philosophes les plus connus de l'époque – notamment Bergson, Émile Boutroux, Brunschvicg, Lalande, Marcel, Maritain. Pour Paul Nizan, lui-même alors jeune philosophe communiste, ces penseurs incarnent une « philosophie idéaliste », en ce sens que tous ne font qu'énoncer des vérités sur l'homme en général, et de ce fait ne tiennent aucunement compte du réel quotidien auquel chaque homme en particulier se trouve confronté : la misère matérielle, la maladie, le chômage, les guerres, etc. Pour l'auteur, qui fonde son argument en s'appuyant sur la notion marxiste de lutte des classes, ces philosophes n'ont d'autre but, au fond, que de justifier et de perpétuer les valeurs morales et socio-économiques de la classe bourgeoise. Selon lui, leur idéalisme leur interdit toute analyse de l'exploitation de la classe prolétarienne par la bourgeoisie.

    Le livre se clôt par un appel aux jeunes générations de philosophes à lutter contre la bourgeoisie et ses « chiens de garde » que sont, pour Paul Nizan, les penseurs en question, et à mettre la réflexion philosophique au service du prolétariat. (D'après Wikipédia)

     Paul-Yves Nizan, né le 7 février 1905 à Tours et mort le 23 mai 1940 à Audruicq (Pas-de-Calais), est un romancier, essayiste, journaliste et traducteur français.


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  • Savoir revivre (Jacques MASSACRIER )

    2011    200 p.    24 €

      A la fin des années 70, Jacques Massacrier a fui sa confortable vie de bobo parisien pour s'installer avec femme et enfants dans une petite maison avec un jardin dans la campagne d'Ibiza, loin de tout, dans un coin perdu de l'île, très loin de l'Ibiza carte postale. Là, il écrit un livre qui se veut le vade-mecum du nouveau Robinson :

       -Comment construire sa maison, creuser un puits, capter une source, gérer ses déchets, cultiver un jardin bio, faire un compost, irriguer, faire une lampe à huile, du mortier, du plâtre, les enduits, mais aussi, comment coudre ses vêtements, cuisiner ses légumes, prendre soi de soi, soigner naturellement les petits bobos, prévoir le temps Son ouvrage Savoir Revivre a connu un immense succès : 400 000 exemplaires vendus, sans compter les innombrables lectures sur internet !

     "A quoi bon lancer des cris d'alarme contre la société de consommation et d'industrialisation, contre la pollution qui en résulte, si nous continuons à faire vivre les industries qui nous empoisonnent et épuisent les ressources naturelles de notre planète !

    Pourquoi entretenir les mauvaises herbes qui étouffent les légumes de notre jardin ?

    Dans le tumulte de la foule indifférente des grandes cités, on ne perçoit plus les plaintes, alors n'usons pas le peu d'oxygène que nous reste à crier notre désarroi.

    Allons plutôt réapprendre à vivre en se passant du produit de ces industries et retrouvons au contact de la nature les bases d'une véritable échelle des valeurs, devant le merveilleux équilibre biologique nous pourrons mesurer l'immensité du désordre de notre société.

    Certes, nous aurons du mal à nous passer complètement de ces produits manufacturés, nous avons accumulé trop de vilaines manies pendant des générations.

    Peut-être ne faudrait-il pas éliminer une production industrielle dans un intérêt commun et limité aux choses essentielles, mais comment les déterminer puisque nous avons précisement perdu la notion de l'essentiel ?

    Mettons nos connaissances en veilleuse, allons méditer sur l'opportunité de leur utilisation. Reconsidérons les éléments primordiaux de notre existence.

    Il faut avoir un puit pour connaître la valeur de l'eau… Il faut faire pousser un arbre pour hésiter avant d'en abattre un autre… Il faut savourer les légumes de son jardin pour savoir à quels succédanés nous étions accoutumés… Il faut couper son bois pour retrouver devant sa cheminé la véritable sensation du confort… Il faut confectionner ses propres vêtements pour ne plus avoir envie de subir les caprices de la mode… Il faut regarder vivre les animaux et les insectes avant d'exterminer quelques soit-disant "nuisibles"… Il faut retrouver la santé du corps et de l'esprit pour réaliser le plaisir de vivre et celui d'aimer.


    Je lui dis :
    - Rends moi cette cerise, tout de suite.
    - Bien, répond le loriot.
    Il rend la cerise et, avec la cerise, les trois cent mille insectes nuisibles qu'il avale en une année.

    Jules Renard

     

    Chaque année, des centaines de milliers de gens prennent conscience de la stérilité de leur vie sociale, éprouvent le pressentiment des grands bouleversements ou des cataclysmes qui n'épargnent que les peuples primitifs et ils partent pour réapprendre à vivre organiquement dans la nature.

      Cette nature que la pluspart ont seulement abordée en vacances et en week-end, ceux qui n'ont jamais fait pousser qu'un haricot dans un coton humide à l'école communale, ceux qui voudraient bien construire un mur mais qui ne connaissent pas les proportions pour faire du ciment, ceux qui ont toujours pensé qu'il fallait un coq dans un poulailler pour que les poules puissent pondre, ceux qui sont désemparés lorsqu'ils n'ont pas de médecin pour soigner le moindre malaise, ceux qui s'imaginent qu'il faut être tailleur pour confectionner des pantalons ou boulanger pour faire du pain…

    …Ce livre leur est destiné, il leur apprendra des choses simples et élémentaires, les éléments de base qui sont généralement formulés d'une manière trop complexe pour les "non-initiés" dans les ouvrages spécialisés, des recettes et conseils divers recueillis auprès de ceux qui ont vécu l'aventure en s'échappant des villes ; ils ont appris eux-même à revivre avec la nature et nous proposent dans ce livre les solutions aux difficultés qu'ils ont éprouvées.

    En fait, il s'agit de remplacer le plus possible les produits du commerce par ce que l'on peut faire facilement soi-même, il ne faut pas espérer pouvoir vivre d'un jour à l'autre sur sa propre production mais on peut rapidement réduire au stricte minimum ses besoins financiers (surtout ceux qui vivent en communauté).

    En retournant près de la nature, nous contribuons à la protéger, nous réintégrons notre élément naturel et cessons de collaborer avec une société dont la vitalité est basée sur le gâchis. Nous sommes peut-être les pionniers d'une grande migration vers un monde meilleur qui est à notre porte.

    L'Homme s'obstine à inventer l'Enfer dans un monde paradisiaque."

      Jacques Massacrier 


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  •   Interview - Un chercheur qui refuse la Légion d'honneur, c'est rare. C'est le cas d'Annie Thébaud-Mony, spécialiste des cancers professionnels. Elle alerte depuis trente ans sur l'épidémie de cancers parmi les ouvriers. En vain.

    Annie Thébaud-Mony, 68 ans, est directrice de recherche honoraire à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale. Fin juillet, elle a refusé la Légion d’honneur que Cécile Duflot, ministre de l’Egalité des territoires et du Logement, souhaitait lui accorder. Dans une lettre adressée à la ministre, la chercheuse en santé publique qui s’est spécialisée dans les maladies professionnelles explique que son refus a pour but de dénoncer « l’indifférence » qui touche, selon elle, la santé au travail et l’ « impunité » des « crimes industriels ». Elle nous en dit plus.

    Terra eco : On vous a proposé la Légion d’honneur pour couronner votre carrière. Vous l’avez refusée. Pourquoi ?

    Annie Thébaud-Mony : Il y aurait selon moi une certaine indécence à être décorée alors que cela fait trente ans que je travaille sur la mort ouvrière, que je tire le signal d’alarme sur la situation dans laquelle travaillent les ouvriers, les risques qu’ils encourent pour leur santé, les risques industriels auxquels ils sont exposés, sans constater de réelle amélioration des conditions de travail. Les préconisations que j’ai pu faire n’ont pas été suivies d’effet par les pouvoirs publics.

    En tant d’années, il n’y a donc pas eu d’avancées ?

    Il y a quinze ans, l’amiante a été interdit en France. On pensait que l’interdiction d’autres produits industriels cancérogènes suivrait, mais pas du tout. Pourtant, les industriels savent que certains des produits qu’ils obligent leurs employés à utiliser sont dangereux et que les conditions de travail sont pathogènes. C’est une mise en danger délibérée de la vie d’autrui. Et pourtant, les modifications du droit du travail protègent davantage les industriels et les employeurs que les salariés.

    Avez-vous des exemples ?

    Le tableau 57 des maladies professionnelles du régime général de la Sécurité sociale liste la plupart des troubles musculosquelettiques (TMS). En 2009, une révision du tableau a raidi les critères de reconnaissance des TMS, et donc d’indemnisation des salariés. Vont-ils devoir travailler jusqu’à être handicapés ? Concernant l’exposition des salariés aux cancérogènes, aucune mesure contraignante n’a été prise malgré les alertes. A Montluçon (Allier) par exemple, l’usine Adisseo qui produit de la vitamine A de synthèse pour l’alimentation animale, utilise depuis les années 1990 un cancérogène puissant, le chloracétal C5 (lire l’enquête de l’Institut national de veille sanitaire (INVS)). Moins de dix ans après l’introduction de cette molécule dans la chaîne de production, plusieurs salariés ont développé un cancer du rein. Or, il existe des produits de substitution permettant de créer de la vitamine A sans chloracétal C5 mais l’entreprise ne veut pas en entendre parler car changer sa ligne de production serait coûteux. Et donc les salariés sont toujours exposés. C’est un crime industriel.

    Dans leur ensemble, les salariés français travaillent-ils dans de bonnes conditions ?

    Non. Dans les filières de la chimie, de la pétrochimie, de l’automobile, de la métallurgie ou du nucléaire, les conditions de travail sont souvent très mauvaises. Pas tant dans la phase de production, car les mesures de confinement sont plutôt efficaces et beaucoup de procédés sont automatisés, que dans la phase de maintenance, donc de nettoyage et de gestion des déchets. Dans ces phases, les salariés sont directement exposés aux produits cancérogènes.

    L’enquête Sumer 2009 du ministère du Travail sur l’exposition aux risques professionnels a évalué à 2,4 millions de salariés (soit 13,5% des salariés, dont 70% sont des ouvriers, ndlr) ceux qui étaient exposés, la semaine précédant l’enquête, à au moins un des 25 cancérogènes listés. Mais cette évaluation est à minima car il existe plusieurs centaines de cancérogènes non pris en compte dans l’enquête. De même que ne sont jamais pris en compte les produits issus de la dégradation d’un processus industriel : les fumées de combustion, les poussières, les solvants des peintures qui deviennent volatiles quand on nettoie les avions par exemple.

    La directive européenne Reach ne sert-elle donc à rien ?

    Elle n’est pas vide de sens car elle introduit un principe : les industriels sont censés faire la preuve de la non toxicité d’un produit avant de l’utiliser. Mais il y a un retard abyssal. Seules quelques dizaines de produits sont examinés et aucun n’est interdit à ce stade.

    Y a-t-il une épidémie de cancers parmi les ouvriers ?

    Oui. Il y a une aggravation des inégalités face au cancer. En 1980, un ouvrier avait quatre fois plus de risques de mourir d’un cancer avant 65 ans qu’un cadre supérieur. En 2000, il en avait dix fois plus ! Et ces cancers sont liés à l’exposition, dans le cadre du travail et sur une longue durée, à de multiples cancérogènes, pas à des spécificités biologiques.

    Donc les risques augmentent alors même que les connaissances sur ces risques s’accroissent. N’est-ce pas paradoxal ?

    Si. Et c’est aussi lié au fait que les ouvriers n’ont pas le choix. Dans de nombreux secteurs, le mode de fonctionnement dominant est la sous-traitance du travail, avec sous-traitance des risques. Dans l’industrie nucléaire, 90% du travail de maintenance est fait par des entreprises sous-traitantes dont les employés supportent 80% à 90% de l’exposition aux rayonnements ionisants, dans des conditions de travail catastrophiques. On exige d’eux une grande flexibilité, une mobilité géographique forcée. Leurs conditions d’intervention s’aggravent, leur travail s’intensifie. Pour respecter des délais de plus en plus courts, ils peuvent enchaîner jusqu’au 20 heures de travail dans le bâtiment réacteur d’une centrale. On met donc en péril leur santé mais aussi la sûreté des installations nucléaires. Quand on évoque le nucléaire, on parle des risques d’accident – présents avec ce mode de fonctionnement –, mais on n’évoque jamais les dizaines de milliers de salariés sacrifiés de cette filière, alors qu’un certain nombre d’entre eux est atteint de cancers entre 45 et 55 ans.

    Les pouvoirs publics ont-ils abdiqué ?

    Ils sont bernés par les industriels qui, malgré les études et les préconisations des scientifiques, mettent constamment en doute les risques encourus par leurs employés. Et puis, on a aussi tendance à se représenter les risques professionnels comme étant inévitables et normaux. Ce qui est faux. Quand il y a un accident du travail, on indemnise – très mal d’ailleurs – mais sans remettre en cause le risque industriel responsable de l’accident.

    Le développement des métiers dits « verts » va-t-il aller de pair avec une amélioration des conditions de travail ?

    Oui, si cela s’accompagne de l’utilisation de matériaux plus verts. Mais reste le problème de fonds de la sous-traitance des salariés, et des institutions représentatives du personnel qui sont systématiquement bâillonnées dans les entreprises sous-traitantes. Le principal outil de l’amélioration des conditions de travail, c’est l’information des salariés sur les risques encourus. C’était le sens de la réforme du droit du travail mise en place au début de l’ère Mitterrand, mais qui n’a pas été suivie d’effet.
      Le rédacteur :
    Alexandra BogaerT (31/08/2012 )

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  •   Interview - Ingénieur spécialiste du climat et de l’énergie, Jean-Marc Jancovici fait un état des lieux sans concessions du secteur aérien. Et lui prédit un avenir en pointillés. Entretien-choc.

     Article publié dans le n° 43 de terraéco de janvier 2013

    Jean-Marc Jancovici est ingénieur spécialiste du climat et de l’énergie.

    Terra eco : Vous alertez depuis des années sur la raréfaction des ressources en pétrole. La France s’est engagée dans la construction d’un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Qu’en pensez-vous ?

    Jean-Marc Jancovici : J’ai compris depuis que je m’intéresse aux infrastructures de transport que leur décision répond plus souvent à une logique de compétition territoriale qu’à un besoin. Chaque élu local veut son aéroport, son bout d’autoroute... Tant que l’on est dans un monde où il n’y a pas de limite globale de ressources et d’énergie, ce système est autoréalisateur. Si je construis mon infrastructure et que l’énergie qu’il faut pour qu’elle fonctionne est disponible sans limite, alors des usagers vont s’en servir et je pourrai dire que j’ai bien eu raison de la faire puisqu’on s’en sert. Mais dans un monde contraint, ce n’est pas l’offre en infrastructure qui est le facteur limitant, c’est l’offre en énergie. On en a un exemple avec l’autoroute Pau-Langon, qui a été décidé à un moment où l’on savait que les ressources en pétrole se raréfient et donc que les prévisions de trafic étaient fantaisistes. Et de fait les projections de trafic ne sont pas au rendez-vous.

    Prédisez-vous le même avenir à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ?

    Oui. Ce projet a commencé à être évoqué il y a déjà des dizaines d’années, par des gens qui ont acquis leurs modes de raisonnement dans un monde pensé comme infini. Jean-Marc Ayrault en est le bon exemple, il a une soixantaine d’années et défend ardemment le projet. Seule l’inertie du système fait qu’ils veulent pousser ce projet à bout. Le problème est qu’in fine, c’est le contribuable qui prend le risque puisque c’est lui qui va payer la facture. Regardez le nombre d’aéroports qui sont vides en Espagne. Qu’est-ce qui nous garantit que nous ne serons pas dans la même situation dans quinze ans ? L’Espagne, la Grèce et le Portugal sont les pays européens les plus frappés par la crise mais aussi les plus dépendants au pétrole. Plus de 60% de l’énergie consommée en Grèce est du pétrole, pour l’Espagne et la Grèce, ce ratio est de 50%. Ce sont les pays qui se sont pris les plus grosses claques sur leurs factures d’énergie depuis 2005 et ce sont eux qui ont commencé à dégringoler. Pendant ce temps, leurs élus ont construit des aéroports, et non des trains, et les contribuables payent la facture.

    Le contribuable est aussi parfois un passager, qui prend de plus en plus souvent l’avion...

    En moyenne, le contribuable prend assez peu l’avion qui, dans les faits, est surtout un transport pour riches. L’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) nous apprend que la mobilité aérienne se concentre sur les 20% qui gagnent le mieux leur vie. Certes, le riche est un contribuable mais il n’est pas le seul. C’est amusant que ce soit un Premier ministre socialiste qui fasse la promotion d’une infrastructure destinée aux plus aisés au surplus en cette période d’argent public rare et cher.

    Les vols low-cost se sont aussi démocratisés. On peut aujourd’hui se rendre dans n’importe quel pays européen pour quelques euros. La construction d’aéroports se justifie-t-elle à ce titre ?

    Quand on regarde qui prend ces vols low-cost, on constate que ce sont les cadres et les étudiants – qui appartiennent aux ménages aisés. Les gens qui tirent la langue pour boucler les fins de mois ne prennent pas l’avion du tout, low-cost ou pas.

    Qui pourra se permettre de prendre l’avion si l’accès au pétrole se raréfie ?

    Il y a quelques dizaines d’années, seuls les ministres et les stars prenaient l’avion. Même les gens aisés ne pouvaient se permettre de le prendre. Je ne sais pas pour qui l’avion restera disponible dans les décennies à venir, mais en toute logique, il le sera de moins en moins puisque l’on ne peut pas faire déplacer un avion sans carburant liquide. Aujourd’hui, il n’y a aucune alternative crédible. On peut donc dire qu’un projet comme Notre-Dame-des-Landes ne peut fonctionner que si les personnes qui peuvent aujourd’hui prendre l’avion ne voient pas leur niveau de vie baisser dans les années à venir, même en cas de récession due à une baisse des ressources en pétrole. C’est bien sûr possible avec une répartition à venir des revenus encore plus inégalitaire, mais il faut cela pour que Notre-Dame-des-Landes ne soit pas un échec. Par ailleurs, pour le pétrole, il ne faut pas seulement réfléchir en termes de prix, mais aussi en volume. Or, avec un approvisionnement déclinant, il est possible que, de plus en plus souvent, il n’y ait pas de carburant du tout pendant quelques jours. A ce moment-là, il sera compliqué d’assurer un service fiable...

    Est-ce la fin du village global que l’on décrivait à la fin du siècle dernier ?

    Encore une fois, il n’y a de village mondial que pour les riches. Par contre, il est vrai que l’avion participe à homogénéiser les cultures, les pratiques commerciales et aussi les modes de raisonnement. La baisse du trafic aérien va nécessairement modifier la donne de ce point de vue.

    L’Union européenne a échoué à imposer une taxe carbone au secteur aérien. Comment faire pour réguler ce secteur, grand émetteur de carbone mais complètement transnational ?

    La taxe dont on parlait était de 15 ou 20 euros la tonne. Un aller-retour transatlantique nécessite, par passager, 600 litres de carburant, ce qui engendre environ 2 tonnes de CO2. Ce qui donne une taxe d’à peine 30 euros. Les avionneurs se plaindront toujours d’une taxe nationale ou européenne, et menaceront forcement d’aller voir ailleurs. Mais je pense qu’imposer une taxe carbone pour les vols qui arrivent ou partent d’un pays, surtout à 15 ou 20 euros la tonne, ne changera pas le nombre de personnes qui viennent visiter Paris en avion chaque année. La bonne question, c’est de savoir comment augmenter cette taxe année après année et pour quel objectif. Et là je confesse ne pas avoir réfléchi à la question.

    Vous pensez que Notre-Dame-des-Landes n’est pas la priorité. Mais quels sont les investissements à réaliser aujourd’hui en France ?

    Si le but du jeu est de donner 500 millions d’euros à un constructeur pour faire des choses utiles, choisir de construire un aéroport est la dernière des idées à avoir. On ferait mieux d’établir des lignes d’autocars de périphérie pour remplacer la voiture dans les trajets domicile-travail. On peut aussi investir pour renforcer le réseau ferré secondaire, ou offrir des offres cadencées sur les TER, ou déconstruire et reconstruire des logements pour les rapprocher des gares... Il y a des tas de choses utiles à faire pour la collectivité, mais la construction d’un aéroport n’en fait plus partie.

    Le débat sur la transition énergétique va commencer, ces solutions ont-elles une chance d’être retenues à son issue ?

    Le débat n’est pas lancé. Le pouvoir politique a assurément dit qu’il y aurait un débat, mais à ce stade, il est difficile de dire ce qui en sortira (Cette interview a été réalisée le jeudi 29 novembre, avant le lancement du débat, ndlr). Pour moi, la transition doit être un moyen de résister au monde fini, alors qu’elle est généralement vue par nos dirigeants comme un ensemble de mesures sympas financées par la croissance. Ils n’y sont pas du tout. Ni les médias, ni les dirigeants politiques ni les mouvements environnementaux ne partent de la bonne vision du monde, où l’environnement est le socle de notre économie et non pas son ennemi. Sans comprendre cela, on part dans la mauvaise direction. Par ailleurs, ce débat part non point des contraintes majeures sur les combustibles fossiles, à savoir contraintes d’approvisionnement et changement climatique, mais de la promesse de campagne tirée d’un chapeau de descendre le nucléaire à 50% dans notre mix électrique, sans que la moindre argumentation construite explique pourquoi cela est un point de départ imposé.

    Nous sommes loin de la transition que vous souhaitez aujourd’hui ?

    Ce qui est sûr, c’est qu’une transition va avoir lieu de toute façon. En fait, elle a commencé en 1974, et s’est accélérée depuis 2005. Cette transition, c’est celle vers moins de pétrole et de gaz, et elle est déjà en route. L’Europe a perdu 10% de son pétrole depuis 2005, et entre 2006 et 2011, la disponibilité en gaz a baissé de 9%. Et ce ne sont pas les gaz de schiste qui vont nous sauver, leur potentiel de production annuelle est 20 à 30 fois inférieur à ce que nous consommons en Europe. La vraie transition c’est de mettre 5 000 milliards d’euros sur la table - en quarante ans - pour la rénovation de nos infrastructures vitales, c’est-à-dire les villes, les moyens de transport, l’organisation des terres agricoles et les moyens de production industrielle. Il faut le financer en faisant tourner la planche à billet, ce qui nous donnera une économie un peu plus à la chinoise, où les gens ne gagneront pas de pouvoir d’achat mais auront un boulot, et sauront pourquoi ils se lèvent le matin. 
     
    Le rédacteur :  Thibaut Schepman
    Journaliste à Terra eco.
    Sur Twitter : @ThibautSchepman

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  •   Mettre en place un système de covoiturage

    Face à la montée du prix de l'essence, les kilomètres d'embouteillages, la perte des liens sociaux, la pollution, le covoiturage est une alternative. Pourtant ce système n'a pas la côte : seuls 2 % des gens déclarent partager une voiture, alors que 70% des français utilisent leur véhicule personnel pour aller travailler.

    Qu'est-ce que le covoiturage ?

    Le covoiturage ne fait l'objet d'aucune définition officielle, ni de législation spécifique. Selon Séverine Millet, auteur de « La stratégie du Colibri » le covoiturage "a pour vocation de mettre en relation des personnes effectuant seules tout ou partie d'un trajet identique, afin qu'elles voyagent désormais à plusieurs. Ce système permet au final de diminuer le nombre de voitures en circulation pour un même déplacement".

    Les trajets peuvent être de différentes natures, réguliers ou irréguliers : domicile-travail, domicile-université, domicile-supermarché, domicile-loisirs, domicile-gare, mais aussi trajets longues distances.

    Pour les utilisateurs, les principaux atouts sont souvent le partage des frais de déplacement liés à la voiture et la convivialité du trajet effectué à plusieurs. C’est aussi et surtout un moyen de réduire son empreinte écologique.

    On relève deux façons d'utiliser un véhicule en covoiturage :

    • utilisation à tour de rôle du véhicule de chacun des covoiturés, ainsi alternativement conducteurs et passagers
    • utilisation d'un seul véhicule et participation des passagers aux frais de déplacement (essence, péage, parking)

    Quel impact sur le territoire ?

    Modèle actuelModèle proposé
    Pollution Réduire son empreinte écologique
    Individualisme Mutualisation
    Dépendance vis-à-vis du pétrole Plus grande autonomie vis-à-vis du pétrole
    Pertes de liens sociaux Favoriser les échanges entre citoyens

     

     

     

     


    En mettant en place un système de covoiturage vous :

    • Favoriser les échanges entre citoyens car le partage d'un véhicule restaure une communication entre passagers qui n'existe pas dans les transports en commun.
    • Réduisez votre empreinte écologique car la mutualisation de la voiture permet de diminuer les gaz à effet de serre. En effet, le secteur des transports est le premier consommateur de produits pétroliers et constitue en France la première source d'émission de GES.
    • Vous faites des économies car vous mutualisez l'utilisation de la voiture, le coût des éventuels péages, des places de parking et surtout, de l'essence. Une économie non négligeable dans un contexte d'augmentation du prix du pétrole.

    Comment monter un système de covoiturage ?

    1. Constituer un groupe d'automobilistes et de passagers. Vous pouvez, dans un premier temps, commencer à petite échelle en réunissant votre entourage (voisins, collègues, parents d'élèves, etc.). Cependant, vous devez vous assurer qu'il y ait suffisamment de personnes car moins il y en a, moins il y a de combinaisons possibles et cela ne permettra donc pas de répondre aux besoins des adhérents.
    1. Définir la façon d'utiliser un véhicule en covoiturage. En fonction des besoins des adhérents, il faudra savoir si l'utilisation se fera à tour de rôle de chacun des covoiturés ou si un seul véhicule sera utilisé avec la participation des passagers aux frais de déplacement.
    1. Mettre en place un système de mise en relation qui permettra une meilleure flexibilité, et par conséquent, la participation de nombreuses personnes. Celui-ci peut se faire sur un site Internet, par échanges de courriels ou SMS.
    1. Réaliser une campagne de sensibilisation auprès des personnes concernées afin de vaincre les freins psychologiques du covoiturage et établir un lien de confiance.
    1. Déterminer les acteurs concernés et trouver les bons interlocuteurs. Le covoiturage peut se faire sans les responsables publics mais ils s'avèrent souvent très utiles. Il peut s'agir du maire, de la commune ou du département. Ils peuvent intervenir dans le projet de plusieurs manières : prise en charge des actions de sensibilisation, aide logistique ou encore prise en charge du covoiturage au même titre qu'un service de transport collectif.
    1. Définir le cadre juridique à la mise en place du covoiturage. Que vous soyez constitué en association ou non, il est conseillé d'entreprendre une action auprès des compagnies d'assureurs pour des contrats adaptés à ce type de transport. Mais le covoiturage n'entraîne pas de risques juridiques particuliers. L'organisateur de la mise en relation ne peut pas être tenu responsable en cas d'accident. Le conducteur et le passager sont soumis sensiblement aux mêmes engagements que pour un trajet hors-covoiturage. Les règles de fonctionnement se construisent autour d'une charte de bonne conduite, d'une identification des covoitureurs, du montant de la participation aux frais, etc.

    Quelles sont les structures qui peuvent vous aider ?

    ADEME

    L’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) soutien la mise en place de système de covoiturage en accompagnant des projets locaux de création de moteurs Internet de mise en relation et des projets de sensibilisations.
    http://www2.ademe.fr/servlet/getDoc?id=11433&m=3&cid=96

    Sites de mise en relation

    www.patacaisse.com ;                   www.covoiturage-France.fr ;

    www.ecotrajet.com ;                     www.123envoiture.com ;

    www.covoiturage.com ;                   www.covoiturage.fr ;

    www.laroueverte.com

    Le site covoituval.org promeut notamment les modes de déplacement alternatifs à la voiture solo dont le covoiturage et anime et gère une base de données de covoitureurs.
    http://www.covoituval.org/

    Rapport d'étude "Le covoiturage en France et en Europe : état des lieux et perspectives"

    Disponible en téléchargement gratuit sur le site internet du Certu
    http://www.certu.fr/fr/catalogue/product_info.php?products_id=1956&langu...

     Un exemple:

    "Lors des grèves de 95, sur le campus de l'université de Nanterre (Haut-de-Seine) les étudiants se sont spontanément organisés et ont mis en place un système de co-voiturage. Mais il s'est peu à peu épuisé avec le retour des transports en commun. Trois étudiants ont alors décidé d'instituer le co-voiturage en dehors de situations exceptionnelles. Le succès était au rendez-vous notamment grâce à la direction de l'université de Nanterre qui a réservé le parking universitaire aux covoitureurs. 13 ans après la création de l'association Voiture & co nous avons mis en place 8 plateformes. Mais malgré une connaissance généralisée de ce système, travailler la relation de confiance reste nécessaire car la voiture reste dans nos mentalités un espace privé dans lequel on ne fait pas rentrer n'importe qui."

    Joël Gombin, responsable de Voiture&co Bougez Futé (Paris, Ile de France )


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  • Raison et liberté (Noam CHOMSKY)

    2010    400 p.   25,40 €

       L'action Politique Et Sociale doit être animée par une vision de la société future et par des jugements de valeur explicites, qui doivent découler d'une conception de la nature humaine. Si l'esprit humain était dépourvu de structures innées, nous serions des êtres indéfiniment malléables, et nous serions alors parfaitement appropriés au formatage de notre comportement par l'Etat autoritaire, le chef d'entreprise, le technocrate et le comité central. Ceux qui ont une certaine confiance dans l'espèce humaine espéreront qu'il n'en est pas ainsi. Je pense que l'étude du langage peut fournir certaines lumières pour comprendre les possibilités d'une action libre et créatrice dans le cadre d'un système de règles qui reflète, au moins partiellement, les propriétés intrinsèques de l'organisation de l'esprit humain.
       Ce livre réunit onze textes de Noam Chomsky pour la plupart inédits en français. Offrant un large panorama de ses idées, il fait apparaître le fil qui relie son socialisme libertaire à son oeuvre de linguiste et à son anthropologie : notre irrépressible besoin de liberté est inséparable de la créativité illimitée du langage qui fait de nous des êtres humains. Chomsky montre comment l'école et l'université pourraient éduquer à autre chose qu'à l'obéissance, les intellectuels de gauche jouer un autre rôle que celui de commissaires du contrôle des esprits, et les mouvements civiques et sociaux imposer des réformes radicales.
      C'est en héritier des Lumières et de la tradition rationaliste que Chomsky pense et intervient.

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  •   Ils changent le monde - Pour s’assurer de disposer d’une eau pure, la capitale bavaroise a décidé de subventionner l’agriculture sans pesticides dans les exploitations des environs. Vingt ans après le début de l’expérimentation, les résultats sont spectaculaires.

    A Munich, les nitrates sont solubles dans le bio

    (Crédit photo : heinrich hülser - swm)

    Après quelques kilomètres à remonter la vallée du Mangfall, dans les Alpes bavaroises, Rainer List arrête sa voiture à l’abord d’un champ. « Voilà, nous y sommes ! » Le directeur du service des eaux de Munich, en Allemagne, embrasse du regard la forêt alentour, les champs couverts de feuilles mortes, les montagnes déjà saupoudrées de neige. Puis il pointe le sol du doigt : « C’est d’ici que vient la plus grande partie des 320 millions de litres d’eau dont Munich a besoin chaque jour. » 40 mètres sous ses pieds se cachent de colossales réserves d’eau… bio.

    De l’eau bio ? En théorie, cela n’existe pas. En pratique, 1,4 million de Munichois en boivent tous les jours. Sur les 60 kilomètres qui séparent la vallée du Mangfall de la capitale bavaroise, il ne se trouve en effet pas une usine de traitement, pas un filtre chimique, pas une paire de petites mains ajoutant un peu de chlore ici ou là, histoire de tuer une bactérie. Comment est-ce possible ? Depuis vingt ans, la ville a mis en place un système révolutionnaire de gestion de l’eau : elle subventionne les agriculteurs installés dans la zone de captage pour qu’ils cultivent en bio. L’idée : « Si la surface de la terre est propre, l’eau en sous-sol ne peut pas être sale », résume Rainer List. A l’origine de ce changement de mentalité, il y a la prise de conscience par la municipalité, au début des années 1990, que la qualité de l’eau est menacée par l’emploi de produits chimiques pour l’agriculture. Le laboratoire de contrôle de l’eau de Munich constate en effet que les taux de nitrates augmentent dans les zones de captage de manière continue et de plus en plus rapide. De 1962 à 1992, ils sont passés de 2 milligrammes par litre (mg/l) à 15. C’est encore loin du maximum autorisé de 50 mg/l, mais « notre souhait n’est pas de respecter des taux maximums mais d’établir constamment de nouveaux minima, signes de qualité pour le consommateur », rappelle Rainer List. Il se forge chez les décideurs de l’époque une conviction alors rare : le plus grand nombre d’agriculteurs possible doit passer au bio afin de diminuer le volume de pesticides imprégnant la terre et préserver l’eau en sous-sol.

    3 500 hectares en bio

    Vingt ans après, le programme est une réussite. 150 exploitants agricoles ont franchi le pas du conventionnel au biologique, convaincus notamment par une subvention annuelle oscillant entre 160 et 310 euros par hectare. Avec 3 500 hectares, ils cultivent aujourd’hui la plus grande superficie biologique d’Allemagne – et assurent, jour après jour, une eau d’une qualité irréprochable à la métropole bavaroise. Les analyses qualitatives des dernières années, scotchées sur l’une des portes vitrées du service des eaux de Munich, le prouvent. Toutes les courbes symbolisant les taux de polluants se situent à des niveaux plancher. Les quelque 60 tests de qualité réalisés quotidiennement évaluent les nitrates à un taux de 6,6 mg/l. C’est presque dix fois moins que ce qu’autorise la législation européenne, cinq fois moins qu’à Paris, trois fois moins que les taux constatés dans la plupart des grandes villes d’Allemagne. En Bretagne, terre particulièrement polluée par cette substance, la barrière des 50 mg/l est souvent dépassée. « Cela montre très clairement que la façon dont on cultive dans les zones de captage a une influence directe sur la qualité de l’eau », tranche Rainer List.

    Une addition pas plus salée

    Si les sols denses de la vallée du Mangfall filtrent l’eau de pluie de manière particulièrement efficace, toutes les régions auraient intérêt à tester l’agriculture bio, estime le directeur du service des eaux. « Bien sûr, on peut laisser pénétrer toutes les substances nocives dans le sous-sol et mettre ensuite en branle une usine de traitement pour récupérer de l’eau potable. Mais on peut aussi faire la démarche inverse. Il faut se poser la question à long terme : quel est le plus logique ? » Sur le plan international, l’expérience munichoise suscite la curiosité. Le ministère français de l’Ecologie a récemment envoyé une délégation s’informer sur le système. Avant, il y avait déjà eu des Chinois, des Brésiliens ou des Tchèques. Quant aux critiques, personne n’en formule, car personne n’en trouve ! Même le prix ne pose pas problème. L’eau de Munich est l’une des moins chères d’Allemagne : 1,58 euro le mètre cube contre 1,91 euro dans le reste du pays. Rainer List en rigole : « C’est normal, cela coûte moins cher d’investir dans les vaches que dans une usine de traitement ! »

    Impact du projet

    150 exploitants agricoles ont fait le saut du conventionnel au bio

    Le taux de nitrates des eaux munichoises est 5 fois inférieur à celui de Paris.

      Le rédacteur :  Isabelle HartmaNN  pour Terra éco.net  n° 43 de janvier 2013

    [Et pourquoi ne pas mentionner la production de viande et de légumes sans pesticides ou autres; les cantines des  écoles doivent avoir des menus bios sans que cela demande des mesures spéciales.Il serait intéressant aussi de comparer la santé des Munichois avec celle du reste de la population: les bénéfices financiers, sanitaires et humains sont peut-être beaucoup plus importants que ce qui est dit.]

     lavieenvert


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  • Pour l'éducation populaire ( LENOIR)

    2012    88 p.    8 €

      Composé de deux textes, ce livre souligne la volonté des libertaires, non pas d'éduquer le peuple, mais de permettre au peuple de s'auto-éduquer. Le premier texte est une relecture critique du Programme d'enseignement de l'association fraternelle des instituteurs et institutrices et professeurs socialistes de 1849. II se propose de faire émerger de ce « manifeste »fondateur quelques éléments qui viendront ultérieurement alimenter le discours et les pratiques pédagogiques des libertaires. Le second texte décrit une expérience contemporaine et locale d'éducation née à la marge de l'éducation populaire officielle, tout en s'inscrivant dans une tradition historique et sociale revendiquée, celle la Dionyversité ou université populaire de Saint-Denis (93). Elle se réclame d'un projet politique, social et éducationniste explicite, à visée émancipatrice, dans un cadre autonome se revendiquant clairement de la capacité politique des classes ouvrières. 

      Hugues Lenoir : 

    Enseignant-chercheur en Sciences de l'Education à l'Université Paris Ouest Nanterre.
    La Défense Responsable de la Licence professionnelle de Formation de Formateurs.
    Membre du Conseil scientifique et de l'évaluation de l'Agence Nationale de Lutte contre l'Illettrisme (ANLCI).


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  •  

    2001    184 p.   12,50 €

      Face aux déferlantes médiatiques, à la succession de dépêches faussement neutres et d'informations impensées, une voix résiste, solitaire et irréductible : celle de Noam Chomsky. À 73 ans, c'est un monument de la contre-culture. Depuis la guerre du Vietnam, ce penseur radical dénonce l'organisation du monde au profit des oligarchies financières.

      Dans ces libres conversations, paradoxales et tranchantes, Noam Chomsky décortique pour nous les mécanismes de la société de marché, l'économie invisible, la fabrication du consentement, les centres de pouvoir...

      Derrière l'apparente neutralité du système médiatique se cachent des présupposés qui s'effondrent lorsqu'ils sont mis à nu. C'est pourquoi Noam Chomsky demeure irremplaçable: ces Deux heures de lucidité offrent un formidable antidote contre les fausses évidences.

      • Romancier et enquêteur, Denis Robert est l'auteur, chez le même éditeur,
          -du Bonheur, de révolte. coin et de Révélations.
      •Journaliste, ancienne rédactrice en chef de World Media Network, Weronika Zarachowicz est l'auteur, chez le même éditeur, de l'album
          -Global Village. À qui profite la révolution technologique ?
      • Dessinateur, Rémi Malingrëy, qui a mis en images les propos de Noam Chomsky, est également l'auteur de
       -Chagrin mode d'emploi et de
       -Fumer de l'argent rend pauvre (Éditions Verticales).

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  • L'emprise de l'image (

    2011   210 p.

     Extrait de l'avant-propos

    Affronter la Gorgone

    L'objectif de ce livre ne se limite pas à mettre en lumière le bouleversement de l'ordre de droit. Le travail a déjà été effectué en grande partie dans un ouvrage précédent. De telles analyses, basées sur l'étude objective des textes, sont actuellement difficilement recevables car il n'y a plus de séparation entre l'observation et le regard. Nous vivons dans une époque où la référence aux faits relève de la «théorie du grand complot». Tout ce qui donne un point de vue ou dévoile des événements qui pourraient ébranler le rapport d'amour, de fusion entre l'individu et la Mère symbolique, l'État maternel, doit être expulsé du champ de la vision. Le problème n'est donc pas seulement de réaffirmer la primauté des faits, mais de leur construire un espace, afin de les rendre inscriptibles, c'est-à-dire, saisissables, non pas par la conscience, par la faculté de juger, mais recevables par l'inconscient, par ce qui permet à la conscience d'émerger.

    Pour ce faire, il faut rétablir la fonction du langage qui consiste à représenter le réel. Ainsi, les concepts de la psychanalyse s'avèrent indispensables. Au moment où l'on nous intime de nous taire et de nous abandonner à la machine jouissante, la psychanalyse nous montre qu'il n'y a d'homme que parlant. Promouvoir le principe de réalité, construire un discours qui rétablit la primauté de l'objectivité sur le sentiment et l'émotion, ne suffit plus. En même temps que de construire une analyse du réel, il est nécessaire de rétablir les conditions pour que la parole émerge et puisse être entendue.

    La décomposition du rapport social est telle que l'installation d'une structure politique démocratique passe par le rétablissement d'un ordre symbolique, de ce qui fait de nous des êtres humains. Ce ne sont pas uniquement nos libertés qui sont attaquées, mais ce qui nous constitue en tant que sujets, des êtres de désir susceptibles de s'inscrire dans le devenir... Le niveau imaginaire, ce qui organise le lien social, est détruit. Il n'y a plus de cran d'arrêt au circuit pulsionnel. Nous sommes installés dans une matrice psychotique et non plus dans une structure névrotique, où l'individu n'est plus un être parlant, mais est parlé, procréé par l'autre et où le virtuel se confond avec le réel. Nous sommes également insérés dans des rapports interindividuels relevant de la perversité, qui nous intiment de jouir de cette psychose, qui font de nous des machines jouissantes.

    Dans un tel contexte, fournir les armes de la critique et assurer la critique de ces armes ne suffit plus, car nous ne sommes plus dans le langage. Nous n'avons plus les mots pour dire, pour opposer une critique et ainsi, dans un même mouvement, déterminer qui est l'ennemi, tout en nous construisant comme sujet social.
     
     Jean-Claude Paye est sociologue. Il est connu grâce à un grand nombre d'articles, dans des revues internationales ou des quotidiens francophones (dont Le Monde Diplomatique, Libération, L'Humanité, Mediapart, etc.) portant sur le bouleversement du droit pénal, induit par la "lutte antiterroriste". Il s'est d'abord intéressé aux réformes de la police et de la justice en Belgique. Il en est sorti un premier livre :
       -Vers un Etat policier en Belgique (EPO, 1999).
     Le côté international de ses travaux sur la mutation du juridique a été confirmé par le livre
       -La fin de l'Etat de droit (La Dispute, 2004), et par
       -Global War on Liberty (TELOS Press, USA, 2007).
     Ces ouvrages ont été traduits dans les principales langues européennes. Il vit à HUY, en Belgique. 

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  •   Construire un plan de descente énergétique local

     (Publié par Colibris)

      Face aux risques environnementaux et industriels majeurs et à l'épuisement des réserves du sous-sol nous devons nécessairement revoir notre façon de consommer. Tout le monde s'accorde à dire que le pic du pétrole, puis sa raréfaction sont inéluctables. L'humanité chemine donc vers un déclin continu de l'énergie nette disponible dans des sociétés totalement dépendantes du pétrole. En effet, l’usage massif de ces ressources déstabilise le fragile équilibre de la biosphère et menace notre climat : pour revenir à une situation viable nous devons diviser par 4 ou 5 nos émissions de gaz à effet de serre et donc notre consommation d’énergies fossiles.   

    Qu'est-ce qu'un plan de descente énergétique local ?

    Selon Rob Hopskins, fondateur des "Villes en transition", la descente énergétique est "le déclin continu de l’énergie nette sur laquelle se base l’humanité, qui est le reflet de la montée énergétique qui a pris place depuis la révolution industrielle. La descente énergétique se réfère également au scénario d’un futur dans lequel l’humanité s’est adaptée avec succès au déclin des énergies fossiles disponibles et est devenue plus locale et autosuffisante. C’est un terme privilégié par ceux qui voient le pic énergétique comme une opportunité vers un changement positif, plutôt que comme un désastre inévitable". Ainsi, un plan de descente énergétique local consiste à anticiper cette descente énergétique et ses conséquences au niveau local (quartier, commune, département, etc.) en diminuant les besoins énergétiques et en augmentant la part des énergies renouvelables.

    Les villes en transitions sont pionnières dans l'anticipation du renchérissement des sources d'énergies traditionnelles en intégrant de nouveaux comportements citoyens. Ils sont à l'initiative d'un Plan d'Action de Descente Energétique qui concrétise l’activité d’une initiative de transition à long terme.

      Pour plus d'information, allez sur le site de Colibri, site de l'action de Pierre RABHI. 


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  •  Emmanuel Todd : "Annulons la dette du Vieux Monde ! 

      Le Point - Publié le 13/12/2011  

    L'État est au service d'une oligarchie liée aux marchés, assure Todd, le "prophète certifié".

    Emmanuel Todd est démographe, anthropologue, historien, politologue. Il vient de publier le tome I de "L'origine des systèmes familiaux" (Gallimard, coll. "NRF Essais", 768 p., 29 euros)

    Emmanuel Todd est démographe, anthropologue, historien, politologue. Il vient de publier le tome I de "L'origine des systèmes familiaux" (Gallimard, coll. "NRF Essais", 768 p., 29 euros) © Éric Garault, pour "Le Point"   

     

    Le Point : Les États sont-ils en guerre contre "les marchés" ?

    Emmanuel Todd : Ne soyons pas dupes de ces concepts mystificateurs, Bruxelles, les marchés, les banques, les agences de notation américaines : ces faux nez camouflent la prise du pouvoir politique, à l'échelle mondiale, par les plus riches. Sous couvert de protéger l'argent des petits épargnants, les marchés, ce sont tout simplement les plus riches jouant avec les États. Les riches ne se battent pas contre les États, ils se battent pour les contrôler encore mieux (voir "L'État prédateur", de James Galbraith). Il suffit d'observer les parcours de certains individus entre la haute administration, les firmes américaines, Bruxelles et, désormais, les gouvernements pour comprendre qu'ils y parviennent. Si une même caste contrôle les marchés et les États, l'opposition entre les uns et les autres n'a plus aucun sens.

    Vous êtes bien léger avec l'argent des petits épargnants !

    Je refuse de céder au chantage. Lorsqu'ils partaient à la conquête de villes, les Mongols utilisaient des otages comme boucliers humains. Le groupe des plus riches fait exactement la même chose : ses otages, ce sont les petits épargnants.

    "La faute aux riches !" : n'est-ce pas sommaire ?

    Que cela vous plaise ou non, l'accumulation excessive d'argent dans les strates supérieures de la société est l'une des caractéristiques de la période. La baisse, ou la stagnation, des revenus des gens ordinaires est allée de pair avec la hausse des revenus des 1 % les plus riches et, à l'intérieur de ce petit groupe, des 0,01 % les plus riches. Quant à l'État, il faut reconnaître son ambivalence et s'appuyer sur la partie raisonnable du marxisme pour comprendre ce qui se passe. L'État est à la fois l'incarnation de l'intérêt général et l'expression de la classe dominante. L'État social d'après-guerre, l'État gaulliste, et quoi qu'en ait dit le Parti communiste, agissait surtout au nom de l'intérêt général, il gérait une croissance pour tous. Aujourd'hui, l'État est prioritairement un État de classe. Le capitalisme financier contrôle à nouveau les États.

    La situation serait-elle meilleure si les riches étaient moins riches ? Autrement dit, le problème est-il moral ou économique ?

    Mon analyse n'a aucune visée morale. Depuis 1990, l'ouverture des échanges et la libéralisation des flux financiers ont effectivement provoqué un fantastique accroissement des inégalités. À ce sujet, je rends hommage à l'école Piketty, dont il semble que les travaux comparatifs à l'échelle mondiale aient été décisifs dans l'émergence actuelle de la thématique des 1 % aux États-Unis et au Royaume-Uni. Aussi opaque que puisse paraître le système, on peut approcher sa réalité en analysant la façon dont un groupe social contrôle une partie importante des ressources. Dans ces conditions, la question essentielle n'est pas celle des marchés en tant que tels, mais celle de l'oligarchie et de son rapport à l'État. Il faut donc identifier cette oligarchie et analyser sa structure, son mode de vie, sa composition.

    S'agit-il d'un groupe hors sol, d'"élites mondialisées", expression qui faisait bondir tout le monde il y a dix ans ?

    Encore une fantasmagorie de l'époque ! On croit que le libre-échange globalisé a engendré une oligarchie transnationale. Parce qu'on fait abstraction des facteurs culturels, on ne voit pas qu'il existe plusieurs oligarchies dont les relations sont structurées par d'implacables rapports de forces. La spécificité de l'oligarchie française, c'est sa proximité avec la haute administration. Ses membres ont souvent étudié dans de grandes écoles - sans forcément être des héritiers -, parlent en général très mal l'anglais, sont incroyablement français dans leurs moeurs et n'en finissent pas de se faire rouler par les vrais patrons, l'oligarchie américaine. La soumission à Standard & Poor's et Moody's est une soumission à l'oligarchie américaine. Quant à l'oligarchie allemande, nouvelle venue dans le système de domination, elle s'habitue ces jours-ci à traiter les Français comme de simples vassaux. Le charme singulier de l'oligarchie chinoise est son étroite intrication avec le Parti communiste. La plupart des analystes passent à côté de cette hétérogénéité. La gauche nourrit l'illusion d'une égalité au sommet, alors que l'inégalité caractérise autant le haut que le bas de la structure sociale mondiale.

    Si les États ne s'endettaient pas, ils ne s'appauvriraient pas et n'enrichiraient personne en remboursant leur dette.

    Cette idée est complètement à côté de la plaque parce qu'elle méconnaît le mécanisme réel de l'endettement. On analyse la dette publique à partir du point de vue d'un emprunteur qui serait coupable d'avoir dépensé sans compter. Les peuples doivent payer parce qu'ils ont vécu à crédit. Or ce ne sont pas les emprunteurs qui sont, fondamentalement, à l'origine de la dette, mais les prêteurs, qui veulent placer leurs excédents financiers. Marx l'avait très bien vu dans "Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte", les riches adorent la dette publique ! Un État qui s'endette est un État qui, grâce au monopole de la contrainte légale, permet aux riches d'obtenir une sécurité maximale pour leur argent.

    Donc, ce n'est pas la faute des gouvernements, puisqu'on les a poussés à emprunter ?

    Sauf que ce sont leurs choix fiscaux qui les ont conduits à se mettre dans la main des plus riches. Dans "Les dettes illégitimes", François Chesnais montre bien comment, en France, les ultrariches ont bénéficié d'une baisse de leurs impôts qui leur permet de prêter à l'État les ressources dont il s'est lui-même privé. Sans oublier l'auto-interdiction pour l'État de fabriquer de la monnaie, établie par la loi Pompidou dès 1973, mais rendue idéologiquement formidable par le mythe supplémentaire d'une Banque centrale européenne à Francfort, supposée être hors de portée de l'État français. Chaque année, les Français se voient ainsi ponctionner, à travers la TVA et les impôts directs, 250 milliards d'euros, dont près de 50 milliards d'intérêts, qui vont à des gens qui ont déjà trop d'argent. Les deux tiers sont d'ailleurs étrangers, parce que la fête est mondiale, les riches Français pouvant en contrepartie se gaver de la soumission des États et des peuples. Voilà ce que cache le discours alarmiste et moralisateur sur l'endettement abyssal, la faillite du pays et la nécessité de sauver le triple A. Derrière l'apparente logique libérale du système, l'État devient une machine à rançonner les populations au bénéfice des plus riches.

    L'impôt est aussi le fondement de la démocratie. Quand ils rechignent à s'en acquitter, comme en Grèce, les citoyens sont-ils des victimes ?

    Je ne peux que me répéter : on a poussé les Grecs à s'endetter afin de pouvoir mieux les étrangler. Regardez votre téléviseur : sans cesse des publicités nous incitent à emprunter. Les banques, pardon, les riches, aiment prêter. Et les usuriers aiment saisir les biens si l'on ne peut rembourser. Privatiser les biens de l'État grec, par exemple.

    Ne seriez-vous pas un peu complotiste ? Même si "on" les a poussés, le dealer est-il le seul coupable de la dépendance du drogué ?

    Le monde de l'oligarchie est un monde de pouvoir et de complots. En aidant l'État grec à trafiquer ses comptes, Goldman Sachs s'est comporté en usurier. Maintenant, ce qu'on appelle "aider" les Grecs, c'est les maintenir en état d'être rançonnés. La crise de la zone euro n'a pas été fondamentalement créée par la nonchalance des débiteurs, mais par l'agressivité des prêteurs.

    Cette oligarchie, la définiriez-vous comme une classe sociale et, en ce cas, est-elle dotée d'une conscience de classe ?

    L'oligarchie se comporte comme une classe sociale, mais en même temps on sent en elle de l'irrationalité et même un vent de folie collective. Du coup, je me demande s'il faut recourir à l'analyse marxiste de l'idéologie ou à la psychiatrie. Pourtant, un groupe social privilégié n'est pas nécessairement décadent et irresponsable. À la différence des nobles français du XVIIIe siècle, attachés à l'exemption fiscale, les classes supérieures anglaises acceptaient une pression fiscale élevée. Elles ont conquis le monde. L'oligarchie actuelle est à mille lieues de cet exemple. Il serait préférable, si ce terme ne renvoyait aux slogans antisémites, de parler de ploutocratie. Gardons en tout cas à l'esprit que l'oligarchie, pouvoir d'un petit nombre, diffère de l'aristocratie, qui est celui des meilleurs.

    Ces oligarques ont plus à perdre que les autres catégories. L'irrationalité explique-t-elle tout ?

    La conduite des acteurs hésite entre rationnel et irrationnel. Le point de départ de la crise de 2008, c'est l'accaparement par la Chine et d'autres, grâce à leurs bas salaires, d'une part croissante de la production mondiale, qui entraîne, dans les pays riches, une compression des revenus, donc une insuffisance de la demande. Le résultat, c'est que les salaires évoluent à la baisse, alors que le volume de la production mondiale augmente. C'est dans ce contexte que les États-Unis, puissance monétairement dominante, découvrent le mécanisme fou du crédit hypothécaire. Les ménages américains ne s'endettent pas seulement pour acheter une plus grande maison, mais pour continuer à consommer des produits chinois. Et à la veille de la crise de 2008, le déficit commercial américain s'élève à 800 milliards de dollars. Le système est étonnant : les États-Unis, forts de leur statut impérial, font de ce déficit un régulateur keynésien à l'échelle mondiale. Ainsi, l'endettement est appelé à compenser l'insuffisance de la demande. Bien entendu, le mécanisme du crédit finit par imploser et les revenus comme les importations par s'effondrer. Dans ce contexte, les plans de relance concoctés par le G7, le G8 et le G20 sont une réaction rationnelle. On célèbre le triomphe de Keynes et le retour de l'État.

    Voilà qui n'aurait pas dû vous déplaire !

    Le problème, c'est qu'il s'agit d'un keynésianisme des riches. La relance n'est pas financée par la création monétaire - la planche à billets -, qui ne coûterait rien à l'État, mais par l'endettement, qui permet de sécuriser l'argent des nantis sans apporter la moindre réponse de fond à l'insuffisance de la demande. Ce pseudo-keynésianisme encourage la croissance chinoise, booste le CAC 40 et accélère les délocalisations en Europe. À l'arrivée, le fameux "retour de l'État" n'est rien d'autre que l'instauration d'un socialisme des riches. L'État doit sauver les riches, nom de code : "les banques", parce que les banques, qui contrôlent aussi les moyens de paiement des citoyens, comme l'a très bien dit Frédéric Lordon, ont pris l'État en otage pour le compte de leurs riches actionnaires. Si on avait opté pour leur nationalisation, on aurait pu garantir les économies des gens ordinaires, indemniser les petits actionnaires et sanctionner les coupables. La vérité de cette période n'est pas que l'État est impuissant, mais qu'il est au service de l'oligarchie.

    Si la relance profite aux riches - les prêteurs -, l'austérité bénéficiera-t-elle aux pauvres ?

    Ce qui est certain, c'est que le discours antirigueur, incarné par exemple par Martine Aubry, est complètement archaïque. Les gouvernements ont fini par comprendre que les politiques de relance ne relançaient que l'économie de la Chine et des pays émergents. Mais ils refusent toujours la moindre mesure de protectionnisme national, sectoriel ou européen. Dans ces conditions, la rigueur peut apparaître comme un refus passif de contribuer à la croissance de la Chine, une troisième voie que je qualifierai de "protectionnisme des imbéciles". Voilà la triste vérité, nous sommes gouvernés par des imbéciles. Les gens qui sont aux commandes doivent être tenus pour responsables de leurs actes. Cela dit, je ne suis pas mélenchoniste : je crois qu'il faut des élites pour gouverner. Il ne s'agit pas de les pendre, mais de les ramener à la raison. Baroin et Pécresse, l'incompétence au sommet, sont sans doute sincèrement convaincus que le retour à l'équilibre budgétaire donne la solution de tous nos problèmes. Toutefois, il n'est pas exclu que les gouvernements aient inconsciemment fait un autre choix : si la relance est impossible et le protectionnisme impensable, la réduction des dépenses budgétaires dans les pays déficitaires est le seul moyen de mettre à genoux les pays exportateurs excédentaires, en gros l'Allemagne et la Chine, pour les obliger à entrer dans un processus de négociation.

    La fascination française pour le modèle allemand va de pair avec la montée de la germanophobie...

    De même que l'antisémitisme et le philosémitisme constituent deux versions d'un excès d'intérêt, pathologique, pour la question juive, la germanophobie et la germanolâtrie sont deux façons de prendre l'Allemagne trop au sérieux, ce qui contribue à aggraver le problème. Au début de son quinquennat, Nicolas Sarkozy avait une position assez antiallemande et faisait preuve d'une certaine souplesse doctrinale en économie. Le maintien de François Fillon à Matignon et la nomination d'Alain Juppé au Quai d'Orsay ont consacré le retour de la droite orthodoxe et de ses vieilles lunes économiques et moralisatrices. C'est alors que le gouvernement et une bonne partie des élites françaises ont adopté un discours germanolâtre, dangereux pour les Allemands eux-mêmes. Privés d'un partenaire sympathique mais critique, ils se sont enfermés dans l'admiration de leur propre modèle. L'urgence aujourd'hui n'est pas de les flatter, mais de les arrêter.

    Vous n'allez pas entonner l'air de la bête immonde ? Cela fait cinquante ans que la puissance allemande va de pair avec une démocratie solide.

    Je ne qualifierai pas forcément de démocratique un pays qui pratique l'union nationale plus volontiers que l'alternance et où, grâce à une prédisposition anthropologique à la discipline, les sociaux-démocrates ont pu mener une politique de compression acceptée des salaires. L'Allemagne a mené une stratégie parfaitement égoïste d'adaptation au libre-échange, en délocalisant hors de la zone euro une partie de la fabrication de ses composants industriels, en pratiquant contre la France, l'Italie et l'Espagne la désinflation compétitive, puis en utilisant la zone euro comme un marché captif où elle a pu dégager ses excédents commerciaux. Cette stratégie commerciale est la poursuite d'une tradition autoritaire et inégalitaire par d'autres moyens.

    Vous jouez à nous faire peur ?

    Je ne joue pas, mais vous devriez avoir peur. Les pays passés sous le contrôle des technocrates ou menacés sont la Grèce, l'Italie, l'Espagne et le Portugal, pays de démocratie récente. D'ailleurs, c'est pour les sécuriser dans un espace démocratique qu'on les a intégrés à l'Europe et à la zone euro. Or, aujourd'hui, loin de stabiliser ces démocraties fragiles, les mécanismes bureaucratico-monétaires les renvoient en accéléré aux pires moments de leur instabilité passée. Oui, l'heure est grave. Le risque de voir resurgir l'Italie du fascisme, la Grèce des colonels, l'Espagne de Franco, le Portugal de Salazar est bien réel. Vous voulez que je vous fasse peur ? En démographe, je vois réapparaître l'opposition des années 1930 entre l'Europe nord-occidentale des démocraties libérales, où la fécondité tend vers 1,9 ou 2 enfants par femme, et l'Europe autoritaire, fasciste ou communiste continentale, où la fécondité est ultrabasse, avec 1,3 à 1,5 enfant. Mais que faire si les Allemands sont réfractaires à toute négociation sur la capacité d'intervention de la BCE ? Devrons-nous mourir pour l'euro ? N'exagérons pas ! S'il est angoissant de voir l'Allemagne mettre à genoux ses partenaires tout en s'enivrant de l'admiration que lui vouent les droites européennes, il ne s'agit pas de tomber dans la psychose. Souvenez-vous que les Allemands ne voulaient pas entendre parler de l'euro et qu'ils n'ont cessé, après sa création, de menacer de sortir de la zone euro. Aujourd'hui, le gouvernement et le patronat ont compris que la fin de l'euro mettrait l'Allemagne au tapis, puisqu'elle seule serait dans l'impossibilité de dévaluer. En réalité, les Allemands sont plus souples qu'on ne l'imagine. Mais ils ne comprennent que la négociation franche et brutale.

    Au fait, pourquoi tenez-vous tant à l'euro ?

    Je ne tiens pas particulièrement à l'euro. Je dis qu'en régime de libre-échange l'euro est condamné. Je ne prédis pas l'avenir ici, je décris le présent. De toute façon, l'enjeu immédiat n'est pas l'euro, mais la crise de la dette. Soyons clair : les dettes souveraines ne seront jamais remboursées. Même les emprunts allemands commencent à être suspects. Nous avons deux possibilités : la planche à billets et le défaut sur la dette, qui serait selon moi préférable, ayant la netteté d'une opération chirurgicale. Le défaut sur la dette marquera le début de la reconquête de l'État par l'idéal démocratique, un État aujourd'hui pillé et rançonné par l'oligarchie financière.

    Oui, mais, pour les "otages", petits épargnants français, retraités américains, ce défaut négocié ressemblerait fort à une spoliation assumée.

    Mais ce sont les prêteurs qui nous spolient ! Pourquoi laisserait-on les prédateurs engloutir ce qui reste du patrimoine national ? Quant aux otages, les petits épargnants, en France, c'est pour les protéger que la nationalisation des banques est indispensable. Et cessons de pleurnicher sur le petit retraité américain, l'Amérique vit à crédit sur le dos du monde depuis des années. Et ce ne sont pas de petits retraités qui détiennent les deux tiers de la dette publique française. De plus, un défaut sur la dette de la France entraînerait des défauts en cascade des autres nations. Dans cette redistribution générale, les défauts s'annuleraient pour l'essentiel les uns les autres. Quelques nations seraient perdantes. À l'arrivée, je vous garantis que les plus coupables - nations ou individus - seront le plus sévèrement punis.

    On peut comprendre que nos dirigeants aient la trouille, non ?

    Plus le naufrage idéologique et intellectuel de la société est évident, plus les gens d'en haut s'enivrent de leur discours de domination, plus ils exigent la mise en vente des biens publics et la baisse des salaires. Et le pouvoir se réfugie dans une sorte de déni munichois : non contents d'avoir mis en place un système stupide, des gens supposés être modérés et compétents nous laissent en état d'impréparation pour gérer son effondrement. Ne nous laissons pas intimider, une société développée, dotée d'un haut niveau éducatif et technologique, est parfaitement capable de s'adapter après un effondrement systémique de cet ordre. Nous traverserons une année très difficile, mais très vite la libération des énergies et des ressources permettra un nouvel avenir. La délégitimation d'élites médiocres et corrompues sera une nouvelle jeunesse pour notre pays, un coup de balai moins douloureux que celui de 1940, un coup de balai sans la Wehrmacht !

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    Propos recueillis par Elisabeth Lévy 

    Emmanuel Todd (né en 1951) est démographe, anthropologue, historien, politologue. Il vient de publier le tome I de "L'origine des systèmes familiaux" (Gallimard, coll. "NRF Essais", 768 p., 29 E).


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    Reconsidérer la richesse (Patrick VIVERET )

    2010      249 p.     8,90 €
    " Il est nécessaire de porter les questions d'une nouvelle approche de la richesse à la fois dans l'espace des institutions internationales, dans celui des entreprises, et bien sûr dans celui de la société civile mondiale. Ce qui était encore il y a huit ans une approche extrêmement marginale commence en effet à s'imposer dans le débat public international sous l'effet de la crise écologique, sociale et financière ". Patrick Viveret, mars 2010
     
    1 L'ouvrage de Patrick Viveret se compose dans une première partie, d’une conférence tenue à Lille en 2002, suivie du texte du rapport demandé par Guy Hascoët, secrétaire d’Etat à l’Economie Solidaire. Constatant en effet que «la vie associative et, plus largement, l’économie sociale et solidaire voient leur contribution à la richesse collective sous-estimée», G. Hascoët avait confié à P. Viveret la mission d’étudier les nouvelles formes de richesses, les modalités de leur reconnaissance et leurs implications.

      2 La première partie présente à nos yeux un intérêt moindre dans la mesure où elle retrace à grands traits et de manière moins précise et moins argumentée les éléments de la seconde partie, c’est-à-dire le rapport. Nous nous concentrerons donc sur la seconde partie du livre dans laquelle l’auteur entend livrer une critique du mode de calcul de la richesse d’un pays telle qu’elle est faite actuellement au travers du seul PIB (Produit Intérieur Brut).

      3 Les critiques émises au sujet du PIB sont désormais classiques et biens connues des experts: indicateur d’activité économique, il possède une marge d’incertitude peu mise en avant lors de son interprétation et qui relativise les 2 ou 3 points de croissance qu’il peut connaître en une année. Par ailleurs, c’est un outil de mesure des flux monétaires sans prise en compte des destructions provoquées par une activité économique peu respectueuse de la nature ou du lien social. Les objets comptabilisés dans le PIB et la manière dont ils le sont n’ont pas l’objectivité et la neutralité qu’ils prétendent avoir, ils sont le résultat de conventions et de compromis à une époque particulière et doivent être régulièrement réinterrogés pour être adaptés aux mutations du système économique. Enfin, ils s’appuient sur une unité de mesure qui repose elle-même sur un compromis instable et évolutif : la monnaie dont on sait que la valeur même peu varier mais aussi qu’elle se base sur une relation de confiance entre contractants et utilisateurs susceptible de se rompre en cas de crise (lire à ce sujet Aglietta, Orléan, La monnaie entre violence et confiance, 2002 ou encore Stiglitz, La grande désillusion, 2002).

      4 Voici pour les grandes critiques formulées à l’encontre du PIB. Suit une analyse d’autres indicateurs proposés par divers organismes et groupes sociaux comme l’indicateur de développement humain, le PIB vert ou l’indicateur de « social health » qui complètent voire peuvent remplacer le PIB.

      L’interrogation principale de l’auteur tout au long du livre est de savoir comment mieux rendre compte d’un développement durable, c'est-à-dire respectueux de l’homme en société et de la nature dans laquelle il vit. But résumé dans la phrase suivante: «Le concept de développement durable et celui de développement humain doivent être liés afin d’inscrire clairement tout objet de croissance économique comme un moyen et non une fin» (p. 197).

      6 Le but de l’auteur est pertinent: les interrogations sur le PIB sont en effet nombreuses et émanent de divers horizons ce qui, en soi, constitue une remise en cause de sa légitimité. L’argumentation est fournie, détaillée et sans cesse illustrée ce qui la rend agréable à lire. Le rapport contient un certain nombre de propositions qui lui évitent de tomber dans la critique stérile de l’hégémonie économique trop souvent rencontrée. Enfin, une partie de l’ouvrage est consacrée à la réponse aux grandes critiques entendues sur le rapport intermédiaire prenant ainsi de court une partie des remarques que le lecteur ne manque pas de se faire.

      7 Deux questions mériteraient cependant davantage de précisions.

      8 La première est de savoir à quoi sert une éventuelle transformation du PIB?

      9 A la lecture de la thèse de l’auteur on a parfois l’impression que le but ultime serait de faire apparaître les pays riches un peu moins riches, en considérant les destructions dont ils se rendent coupables, et de rendre les pauvres un peu moins pauvres puisque disposant encore d’un lien social développé et de ressources naturelles moins abîmées car moins exploitées. Il y a là de bonnes intentions mais est-ce pour rendre compte d’une autre réalité ou pour mieux accepter les différences existantes? Dans le même ordre d’idée, la question du travail «invisible» des femmes est posée étrangement. L’auteur nous dit qu’il faudrait l’intégrer aux comptes du PIB pour le rendre visible. La question posée est dès lors de savoir en quoi un changement d’indicateur modifierait la position des femmes dans la société. Les chiffres de la répartition des tâches au sein du couple sont connus, passent dans les médias régulièrement et ne subissent que des évolutions mineures. Dès lors, la prise en compte dans le PIB du travail invisible des femmes relève-t-il d’un désir de considération du travail des femmes (et dans ce cas rien ne change quant à l’inégalité, la réalité devient plus acceptable aux yeux de certains puisque reconnue, leur conscience est sauve) ou est-ce pour modifier les inégalités hommes – femmes ancrées profondément dans la société et dans ce cas, le changement de calcul du PIB est-il le bon outil? Pour les pays pauvres n’est-ce pas au rapport de domination qu’il faut s’attaquer plutôt qu’à la manière dont on mesure l’écart de richesses. L’exposé des objectifs peut prêter à confusion dans l’esprit du lecteur. Au sujet du travail domestique: sa reconnaissance est intéressante dans le but d’une comparaison internationale des PIB. Dans ce cas en effet, le taux d’activité des femmes peut avoir un impact sur la richesse produite.

       10 La seconde remarque concerne directement le PIB. Comme le note l’auteur, c’est un indicateur créé dans le but de mesurer la puissance industrielle d’un pays, c’est la raison pour laquelle il se centre sur les flux monétaires. Le plus grand inconvénient, me semble-t-il, de son utilisation actuelle, tient dans l’oubli de son utilité première et des incertitudes quant à son mode de calcul. Le fait qu’il y ait eu un glissement entre son but initial et la volonté de mesurer la richesse, représente le problème majeur, mais pour autant doit-on remettre en cause l’indicateur parce qu’il a été mis dans des mains trop promptes à en généraliser l’interprétation? Le naufrage de l’Erika augmente le PIB comme le note l’auteur mais en effet, il fait fonctionner un certain nombre d’entreprises, de travailleurs, il crée donc de la valeur pour les entreprises. Les bénévoles en revanche ne font rien perdre au PIB mais ils ne l’augmentent pas non plus simplement parce qu’ils ne sont pas rémunérés et donc ne participent pas à un processus d’accumulation. Je ne vois pas en quoi cela pose un gros problème. L’unicité de l’indicateur reconnu est plus gênante. Si l’on ne dispose que du PIB pour juger de la vitalité d’un pays alors en effet, il y a un problème, mais s’il est couplé à d’autres, déjà existants, comme le «social health» dont l’évolution comparée avec le PIB est éloquente, alors on relativise la qualité du développement et le bien-être des sociétés dites "riches".

      Sandrine ROUSSEAU   Elle est Maître de conférences, économie, Université de LilleI. Elle co-anime la rubrique "Lecture" de la revue DDT. sandrine.rousseau@univ-lille1.fr


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