•    Révolution colibri

     

    Cher colibri,

     Révolution colibri Vous faites partie des milliers de personnes qui participent, avec nous, à construire un nouveau projet de société écologique et humain. Grâce à votre mobilisation, le Mouvement compte aujourd’hui près de 10 000 donateurs, 70 000 sympathisants et des dizaines de groupes Colibris partout en France.

      Les dons sont indispensables à la réalisation de notre mission. Vous êtes les garants de notre autonomie d’action et de notre indépendance.

    En 2012, nous avons organisé 25 forums citoyens TNT (Transformons nos Territoires) dans toute la France, qui ont permis l’émergence de 218 plans d'actions locaux et plusieurs dizaines de projets.

    Révolution En 2013, nous continuons notre action, avec la (R)évolution des Colibris ! Notre mouvement s'élargit et nous impulsons de nouvelles initiatives partout où nous le pouvons. Car il s’agit aujourd’hui d’incarner concrètement les valeurs que nous avons porté haut et fort ! colibris

    En savoir plus sur la Révolution : www.revolution-colibris.org

    Continuons à unir nos forces, à mutualiser nos richesses et nos compétences.

    Nous vous tiendrons régulièrement informés de l’avancement de nos projets.


    Cordialement,

    Bernard
    Administration et relations donateurs   Colibris


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  • Collection "Domaine du Possible"

    Une collection pour comprendre, découvrir et agir !

    Partout dans le monde, des hommes et des femmes s’organisent autour d’initiatives originales et innovantes, en vue d’apporter des perspectives positives pour l’avenir. C'est pour les mettre en lumière et montrer comment nous pouvons transformer en profondeur nos sociétés qu'Actes Sud et Colibris ont coopéré pour la création de cette collection d'ouvrages.

    Alimentation, énergie, habitat et urbanisme, économie, éducation :

      -Lionel Astruc,

      -Thierry Salomon,

      -Raphael Souchier,

      -Bernard Lietaer,

      -Sophie Rabhi…

     apportent un éclairage et des pistes concrètes pour comprendre et agir.

     La plupart des livres sont chroniqués dans ce blog.


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  • Les enfants du monde racontent

    2011    80 p.   16,10 €

     

      À l'occasion du 50e anniversaire d'Amnesty International, La Martinière Jeunesse retrace le rôle déterminant de cette association par le biais de 14 textes de fiction mettant en scène des enfants ayant bénéficié de son soutien.

      Depuis 50 ans, Amnesty International lutte sans relâche pour la défense des droits humains à travers le monde. Afin de témoigner de l'importance de son action, l'auteur imagine la vie de 14 enfants, répartis sur la planète, dont les portraits sont le reflet des combats menés par Amnesty sur les 50 dernières années.
      Chacun des portraits fait référence à l'un des combat d'Amnesty international : les enfants soldats, la peine de mort, les disparitions forcées (enlèvements politiques), les violences armées en milieu scolaire, la torture, le travail des enfants, les droits fondamentaux, la défense des réfugiés, le droit d'asile, les discriminations envers les minorités et notamment les roms, les violences faites aux femmes, la cybercensure, la persécution des défenseurs des droits humains, la justice internationale.

    Les courts récits sont accompagnés d'informations documentaires présentant des faits et des chiffres pour comprendre l'ampleur du problème et les avancées obtenues en matière de droits de l'homme.

    Deux dossiers viennent s'intercaler dans ces chapitres :
    - le premier propose des conseils destinés aux jeunes générations désireuses de s'engager au quotidien.
    - le second retrace les grandes dates de l'engagement de l'association depuis 50 ans.

    Pour chaque livre vendu, un euro sera reversé à Amnesty International.
     
     Née à Marseille en 1965, Anne-Marie Thomazeau est journaliste depuis 1986 et vit à Paris. Diplômée de l'Institut d'études Politiques d'Aix-en-Provence, elle est spécialisée dans les domaines touchant à la société, au social, à la solidarité, à la psychologie, à la santé et à l'éthique. Elle collabore à la presse magazine et est également l'auteur de nombreux livres, comme
      -160 questions strictement réservées aux ados,
      -Aider les autres,
      -les Métiers de l'extrême et
      -Nous, les 14-17 ans, publiés aux Editions de La Martinière Jeunesse. Parallèlement, elle anime des conférences et participe à des émissions sur les différents thèmes qui lui sont chers. Alice Gravier est une jeune illustratrice qui vit et travaille à Paris. Elle a déjà réalisé de nombreux livres pour les enfants et les adolescents, comme le

      -Dico de la musique, paru aux Editions de La Martinière Jeunesse.

    Extrait

    LA GUERRE, C'EST PAS UN JEU

    J'ai été un enfant soldat
    République démocratique du Congo

    Lorsqu'ils sont venus dans mon village, ils ont demandé à mon grand frère s'il était prêt à rejoindre la milice. Il avait tout juste 17 ans et il a dit non; ils lui ont tiré une balle dans la tête. Ensuite, ils m'ont demandé si je voulais m'engager, j'avais 11 ans. Alors, qu'est-ce que je pouvais faire ? Je ne voulais pas mourir. Je suis devenu un kadogo, «trop petit» en swahili, un enfant soldat.

    C'était il y a 15 ans. Avec des dizaines d'autres enfants, j'ai été envoyé dans le camp d'entraînement de Kagera au Rwanda, à la frontière du Zaïre. Il y avait aussi beaucoup de filles mariées de force à des soldats adultes. Nos instructeurs étaient violents. Ils nous ont appris à nous servir d'armes, à piller, massacrer. Le message était clair... il fallait tuer ou être tué... Je voulais vivre.

    On m'a envoyé sur le front... Comme tous les enfants j'avais peur de tout... de mourir, de me battre, de tuer... Alors on nous a donné de l'alcool et de la drogue, pour ne plus ni sentir l'angoisse ni la douleur.
    Nous nous battions contre des adultes mais aussi contre d'autres enfants. Nous avons tué, encore et encore.

    En 2003, j'ai eu 20 ans... Sous la pression d'associations comme Amnesty International, 19 000 jeunes ont pu quitter l'armée. Mais pour la plupart, nous n'avions aucun endroit où aller... Plus de famille, plus de maison, pas d'argent, pas d'avenir... Notre passé ? Nous voulions simplement l'oublier. Je suis devenu un «sans mémoire».

    À Kinshasa, la capitale du pays, j'ai eu de la chance. J'ai rencontré une association dont la mission était de réinsérer les enfants soldats.
    J'ai reçu une formation. Je suis devenu menuisier à Goma, une ville située à l'est du pays. Peu à peu, je me reconstruis.

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  • réfugiés un scandale planétaire (Amnesty International )

    2012    192 p.   16€

      Très nombreux sont les États qui ont ratifié la Convention de Genève de 1951 relative au droit d'asile. Pourtant, les pratiques ne suivent pas : on ne compte plus les épisodes dramatiques aux frontières d'États "forteresses", à Sangatte, à Patras en Grèce, à Lampedusa, en Israël... Des murs s'érigent.

      Dans les discours officiels, les demandeurs d'asile sont de plus en plus assimilés à des criminels. L'Union européenne "sous-traite" le refoulement des réfugiés comme pour se protéger d'un afflux massif, alors que très majoritairement, les réfugiés fuient dans des pays proches des leurs : Pakistan, Syrie, Soudan...

      Aujourd'hui, les demandeurs d'asile sont bienvenus... nulle part. Une synthèse unique d'Amnesty International qui formule 10 propositions concrètes pour que le droit d'asile redevienne une réalité.


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  •  Alter Sommet : construisons ensemble une campagne de terrain pour une autre Europe !   

    http://www.france.attac.org/articles/construisons-ensemble-une-campagne-de-terrain-pour-une-autre-europe

    • 7 et 8 juin : ensemble vers un Alter Sommet à Athènes !

    Alors que le Forum Social Mondial, auquel Attac participe largement, débute dans quelques jours (plus d’info aller sur le site d'ATTAC), l’association se prépare déjà pour la prochaine échéance altermondialiste : un «alter sommet» qui se tiendra à Athènes les 7 et 8 juin 2013. Ce rassemblement est organisé par de nombreuses organisations syndicales, associatives, réseaux en lien avec le mouvement social grec

    L’objectif : affirmer haut et fort qu’une rupture avec les politiques actuellement menées en Europe est nécessaire, que les alternatives existent et que les mouvements sociaux européens se battront pour les imposer !

    Au programme : un tour d’Europe des luttes à l’occasion d’un grand évènement public introductif à Athènes le 7 juin, qui permettra par ailleurs de présenter les alternatives portées par les mouvements sociaux européens à travers un manifeste des peuples (dont voici une version de travail) qui sera présenté à Athènes.

    Cet évènement sera suivi le 8 juin d’échanges à l’occasion d’assemblées sur les moyens de mettre en œuvre des actions communes sur les questions de l’austérité, des biens communs, de l’extractivisme, ou encore de la lutte contre l’extrême-droite. Ces échanges seront suivis d’une grande manifestation européenne à Athènes (lire le tract de présentation ici).

    • Une mobilisation européenne, des mobilisations nationales et locales

    Attac s’apprête à participer activement à la préparation de ce rassemblement. La dynamique qui doit s’enclencher vers Athènes doit être une dynamique populaire, qui trouve son souffle au niveau local, sur la base de l’action de comités, mobilisations et collectifs locaux.

    En France, une caravane de l’Alter Sommet est en cours de construction qui pourra prendre des formes variées (marches, réunions publiques, actions…), circulant dans plusieurs régions en France pour ancrer la dynamique de l’Alter Sommet dans les luttes locales, et permettre des actions de solidarité concrète.

    Si vous souhaitez participer à l’organisation de tels évènements dans votre localité, contactez : altersommet@attac.org

    Dans le cadre de cette caravane, des initiatives sont prévues au-delà de la France, notamment en Italie, en Allemagne et bien sûr en Grèce jusqu’à Athènes (voir le compte-rendu de la réunion de préparation). De plus amples informations vous seront fournies sous peu !

    • Initiatives de solidarité avec le peuple grec

    Des initiatives se construisent : c’est le cas de la campagne de solidarité France-Grèce pour la santé, qui vise à promouvoir des formes de résistance radicales, celle des dispensaires autogérés, et d’organiser de la solidarité matérielle et financière avec ces centres. Ces initiatives pourront s’articuler aux caravanes.

    Des initiatives de solidarité avec la Grèce sur le thème de la santé sont déjà prévues à Strasbourg, Lyon, Grenoble, Toulouse, Bordeaux, Caen et Paris.

    D’autres initiatives de solidarité concrète sont possibles et envisagées :

    • sur la question du logement, des initiatives sont en cours de préparation avec les plateformes logement en France, en Espagne et dans d’autres pays européens (lire le communiqué du DAL sur l’action européenne du 18 mars)
    • dans le cadre de la campagne grecque «Solidarité pour tous» ! (pour en savoir plus lire ce document);
    • en soutien à la campagne Save Greek Water (Sauvons l’Eau en Grèce – lire ici plus d’information) et l’organisation de passerelles entre le mouvement de l’eau en France et en Grèce;
    • en soutien aux luttes contre l’ouverture de mines d’or qui détruisent la campagne grecque à grande quantité de cyanure, et l’organisation de passerelles avec le mouvement contre les gaz de schistes en France;
    • en soutien aux initiatives d’usines autogérées, comme celle de Théssalonique (lire plus d’info) et l’organisation de passerelles avec les boîtes en lutte en France (PSA, Sanofi, Goodyear, Ford, Fralib…) ;
    • l’organisation de passerelles entre les initiatives paysannes et de distribution de nourriture autogérée en Grèce avec le réseau des AMAP en France.

    Voici également des suggestions pour l’organisation de vos évènements :

    • donner la parole aux porteurs des luttes locales
    • favoriser les regards croisés notamment avec un intervenant européen (pour des idées, contactez altersommet@attac.org)
    • prévoir une partie festive et conviviale
    • vous pouvez aussi vous inspirer de ce message-type aux organisations et associations.

    A Athènes en juin, ou en France d’ici là, mobilisons-nous pour une autre Europe ! 


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  • No steak (Aymeric CARON)

    2013    360 p.    19 €

      Bientôt, nous ne mangerons plus de viande. Nous cesserons définitivement de tuer des êtres vivants – 60 milliards d’animaux chaque année – pour nous nourrir.
    D’abord parce que notre planète nous l’ordonne : en 2050 nous serons près de 10 milliards, et nos ressources en terres et en eau seront insuffisantes pour que le régime carné continue à progresser.
      Mais au-delà des raisons économiques et écologiques, le passage au végétarisme va faire partie d’une nouvelle phase de notre évolution. La science nous prouve en effet un peu plus chaque jour que, contrairement à ce que nous avons longtemps prétendu, les animaux que nous exploitons sont des êtres sensibles, intelligents et sociaux. Dès lors, avons-nous encore le droit de les manger ? Le développement de l’éthique animale nous oblige aujourd’hui à reconsidérer nos devoirs vis-à-vis des autres espèces.
      Aymeric Caron a mené l’enquête pour décrire, avec verve et humour, tous les aspects de notre étrange rapport à la viande. Pourquoi les chats et les chiens ont-ils un palace qui leur est dédié au Canada alors qu’en Chine ils peuvent finir au fond d’une casserole ? Pourquoi avons-nous choisi de manger en priorité des cochons, des poulets et des bœufs ? Comment ces animaux de consommation sont-ils produits ? Pourquoi Bill Clinton, Carl Lewis et Bryan Adams ont-ils décidé d’arrêter la viande ? Les végétariens vivent-ils vraiment plus longtemps que les carnivores ? Comment peut-on remplacer les protéines animales ?
      Lui-même végétarien depuis plus de vingt ans, Aymeric Caron nous fait partager son expérience. Se gardant de tout prosélytisme et refusant les catéchismes de tout bord, il nous explique de manière limpide pourquoi, un jour, la viande disparaîtra.

     Aymeric Caron est journaliste. Il a été grand reporter, a travaillé à Canal + et Europe 1. Depuis septembre 2012, il fait partie de l’équipe d’On n’est pas couché, animée par Laurent Ruquier sur France 2.


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  •   J'organise un évènement Incroyables Colibris

    Rendez-vous le 4 mai pour une nouvelle journée de mobilisation citoyenne qui réunira les colibris autour de plants, bacs, pots et graines dans la convivialité et la bonne humeur !

    Pour préparez au mieux cette journée, vous retrouverez ci-dessous tous les détails. Bons préparatifs à tous !

    Comment vous préparer ?

    1. Prenez contact avec des colibris et des Incroyables Comestibles, proches de chez vous

    Les colibris et les Incroyables Comestibles sont partout !

    • Contactez-nous et nous enverrons un message aux colibris et aux référents locaux Incroyables Comestibles pour les inviter à vous rejoindre dans cette action.
    • Visitez le réseau social des Colibris . Ce réseau est constitué de groupes thématiques et géographiques. Vous pourrez y retrouver d’autres colibris déjà actifs pour cet événement et des colibris de votre territoire près à embarquer avec vous pour l’aventure. Ouvrez l’œil ! Dans de nombreux groupes, une discussion sur les Incroyables Comestibles  est déjà ouverte.
      Pour en savoir plus sur le réseau social des colibris, voici un mode d’emploi .
    • Consulter également le groupe Coordination nationale Incroyables Comestibles pour avoir des informations sur la démarche et vous relier avec des personnes déjà engagées.
    • Contactez votre réseau (amis, associations proches, etc.) pour leur faire part de votre envie d’être un "Incroyable Colibri" et de planter partout sur votre territoire le samedi 4 mai prochain.

    2. Réunissez-vous pour organiser la journée de mobilisation

    Avec les Colibris, les Incroyables Comestibles, vos amis, vos voisins, etc., réunissez-vous pour mettre en commun vos idées d’animation pour cette journée de mobilisation et décider ensemble de l’endroit de rendez-vous le jour J.

    Au cours de cette réunion, vous pourrez choisir et déterminer :

    • La place centrale (place de la mairie, place de l’église, place du marché, école…) où vous réunir le 4 mai dès le matin (10h ou 11h

      ).
    • La liste du matériel nécessaire : plantations comestibles et transportables (petits pots de plantes aromatiques, de graines germées...), bêches, pelles, appareils photos, portraits Tous candidats pour ceux qui les ont conservés, pancartes "Nourriture à partager" ... Décidez de qui apporte quoi !
    • Les animations du jour J (atelier de construction de bacs, point de distribution de graines et de plants à planter pour les passants, "espace photo"),
    • L’organisation d’un déjeuner : pique-nique "locavore", repas partagé, soupe ou salade à la mode Disco Soupe Slowfood...
    • La communication à faire en amont autour de vous sur cette journée de mobilisation. N’oubliez pas de mentionner dans le message le matériel que chacun peut apporter le jour J,
    • La personne qui va réceptionner les documents d’information et de sensibilisation. Communiquez-nous son adresse !

    3. Entre la réunion et le jour J

    Vous pouvez :

    • Prévenir la mairie et les inviter à se joindre à vous en leur expliquant le sens de la démarche
    • Tracter et informer les citoyens de l’intention de la journée "Planter ce que nous mangeons, on le fait !"
    • Inviter le plus grand nombre à se joindre au mouvement avec leurs propres bacs, pots, terre, graines, affiche "Nourriture à partager" et appareils photos.

    Nous vous enverrons :

    • des kits d’action de la campagne "(R)évolution : Planter ce que nous mangeons"
    • des semences de Kokopelli
    • des affiches de la campagne
    • des flyers pour l'évènement
    • un communiqué de presse à diffuser aux médias locaux

    4. Le jour J

    À l'heure et au point de rendez-vous que vous aurez convenus, vous répartir les documents d’information (kits d’action, flyers...), informer sur le déroulé de la journée, et préparer les animations.

    Prendre des photos/ vidéos avec les bacs, les pots, etc., éventuellement en groupe, pour immortaliser la rencontre, ou selon différents "thèmes" (avec les enfants, avec la pancarte du nom de la ville, avec des bacs insolites, avec les logos "Nourriture à partager" ou (R)évolution, la fête, la musique...)

    Sélectionner les meilleurs clichés et les poster sur la page Facebook de l’évènement.

    Interpeller les passants en leur donnant un mini bac ou un plant dans une boîte de conserve fabriqué par les enfants, ou encore un message accroché avec une pince à linge (à transmettre et à accrocher à l’épaule de son voisin)...

    5. À J + 1…

    Postez les photos et les vidéos sur le réseau social, ou sur Facebook, partagez avec nous vos témoignages !

    Et c'est PARTIIIII !!!

    Aidez nous à financer la (R)évolution des Colibris

    En donnant 5 euros, vous nous aiderez à financer les milliers de semences anciennes, de kits d'action, de flyers et d'affiches dont chaque collectif aura besoin le 4 mai pour faire passer le message sur son territoire.

    Merci de votre aide à tous ! Chaque goutte compte.

     


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  • Combien d'ordinateurs avez-vous déjà jetés ? Combien de mobiles végètent en ce moment même dans vos tiroirs ? Qu'allez-vous en faire lors de votre prochain déménagement ?

    En Europe, nous produisons chaque année plus de 11 millions de tonnes de déchets électroniques. 50 millions à l'échelle mondiale. Les innovations technologiques s'enchaînent à un rythme toujours plus soutenu, la pub nous abreuve de must-have et l'obsolescence programmée est devenue monnaie courante : pas étonnant que nous nous débarrassions si facilement de nos écrans, iPods, smartphones et autres ordinateurs, la plupart du temps toujours en état de marche.

    Ce qui pose deux grands problèmes environnementaux. D'abord, la surproduction inutile de ce type de matériel, énergivore et polluante, nécessitant l'extraction de matériaux dans des conditions souvent déplorables. Ensuite, le devenir de ces déchets électroniques. La plupart sont envoyés dans des pays en développement où hommes, femmes et enfants les récupèrent et les dépiautent souvent sans protection, malgré la présence de produits toxiques.

    Alors que faire, à notre échelle, pour limiter les dégâts ? A l'occasion de la Semaine du Développement Durable, voici quelques conseils simples à suivre.

    Résister aux sirènes de la surconsommation. C'est une évidence, mais éviter de céder trop souvent aux nouveaux gadgets est le premier comportement à adopter. Et quand votre ordinateur commence à montrer des signes de faiblesse, mieux vaut se procurer de nouveaux composants, qui augmenteront sa durée de vie, que d'en acheter tout de suite un autre. Un conseil écolo qui vous permettra en plus de faire des économies.

    Recycler près de chez vous. Si vous souhaitez vous débarrasser d'un appareil électronique, surtout, ne le jetez pas à la poubelle. Partout en France, des lieux collectent les e-déchets pour les recycler convenablement. Pour savoir où déposer quoi, suivez ce guide simple et clair. Vous pouvez aussi utiliser cette carte interactive pour repérer d'un coup d'oeil le lieu de collecte le plus proche de chez vous.

    Recycler solidaire. Mieux encore : vous pouvez doubler votre bonne action en faisant appel à une organisation de recyclage solidaire. Exemple avec Mobo, qui vous permet de recycler votre mobile. La collecte et le tri des mobiles sont assurés par les Ateliers du Bocages, une entreprise d'insertion appartenant à Emmaüs. 100% des revenus de Mobo sont reversés aux Ateliers du Bocage et à Emmaüs International.

    Donner. Votre matériel, surtout s'il fonctionne toujours, peut faire des heureux ! Vous pouvez le donner directement à des organismes solidaires comme Emmaüs ou Envie. Il est aussi possible de publier une annonce sur un groupe Freecycle : si un de vos voisins est intéressé, il passera récupérer l'objet. Simple et efficace.

    Bidouiller. Même si votre matériel électronique ne marche plus, il contient de nombreux composants qui, eux, peuvent toujours servir. A condition d'aimer bidouiller. Il est par exemple possible de transformer ses déchets électroniques en jouets pour enfants... ou pour adultes. La démocratisation de cartes électroniques comme Arduino permettent désormais à tous de fabriquer à partir de matériel de récupération toutes sortes d'objets. Laissez libre court à votre imagination ! Pour vous lancer, rendez-vous à un Open Bidouille Camp qui saura vous dégourdir les doigts et les neurones.

    Pour en savoir plus sur la question de l'e-waste, suivez sur Twitter le hashtag #WebDDweek, consacré aujourd'hui à "la seconde vie de nos appareils électroniques".


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  •   Un lanceur d'alerte, parfois appelé dénonciateur au Québec et au Canada francophone(« whistleblower » en anglais), désigne une personne ou un groupe qui estime avoir découvert des éléments qu'il considère comme menaçants pour l'homme, la société, l'économie ou l'environnement et qui de manière désintéressée décide de les porter à la connaissance d'instances officielles, d'associations ou de médias, parfois contre l'avis de sa hiérarchie.

    À la différence du délateur, le lanceur d'alerte est de bonne foi : il ou elle n'est pas dans une logique d'accusation visant quelqu'un en particulier mais affirme divulguer un état de fait, une menace dommageable pour ce qu'il estime être le bien commun, l'intérêt public ou général. Le ou la lanceuse d'alerte prend des risques réels au nom de la cause qu'il ou elle entend défendre et diffuser : il ou elle met souvent en risque sa santé financière ou physique, la tranquillité de son couple ou de sa famille, sa sécurité personnelle, et son image (en cas de médiatisation, son nom et son visage sortent alors de l'anonymat — au sens de non-célébrité). Les lanceurs d'alertes sont régulièrement l'objet de poursuites-bâillons : des procédures judiciaires dont le but réel est de censurer et ruiner un détracteur.

    Le terme récent, « lanceur d'alerte », a été inventé par les sociologues Francis Chateauraynaud et Didier Torny. Il a notamment été popularisé par le chercheur André Cicolella, lui-même un « lanceur d'alerte ». La création de cette notion visait explicitement à la séparer de celles de dénonciateur (sincère) et de délateur (intéressé).

    En France, depuis les années 1990, plusieurs personnes ayant lancé de telles alertes ont été menacées ou poursuivies par leur employeur ou d'autres acteurs, cela a incité des mouvements associatifs ou politiques à demander la mise en place d'une législation afin de protéger les lanceurs d'alerte, en s'inspirant du droit existant dans différents pays, dont les États-Unis, sur cette problématique. Le Grenelle de l'environnement, en 2007, a proposé une protection juridique des lanceurs d'alerte. Le gouvernement fédéral du Canada s'est doté d'une loi sur la protection des fonctionnaires divulgateurs d'actes répréhensibles qui a été modifiée en 2007.

    Les lanceurs d'alerte entrent en interaction, en amont et en aval, avec toutes sortes d'« acteurs vigilants », appelés aussi des sentinelles de veille.

    Quelques lanceurs d'alerte En France

    • Jean-Baptiste Drouet (1763-1824), maître de poste à Sainte-Menehould. Le 21 juin 1791, il identifia Louis XVI, en fuite, de passage dans son relais, alerta les autres relais puis retarda le départ du convoi royal pour permettre à l'aide de camp de Lafayette de l'arrêter conformément à un décrèt de l'Assemblée pris antérieurement. Napoléon, lui remettant la légion d'honneur lui aurait dit: Monsieur Drouet vous avez changé la face du monde.
    • Jacques Pâris de Bollardière (1907-1986) est un militaire qui, alors qu'il était en fonction à la tête de deux brigades en Algérie depuis 1956, a manifesté publiquement en 1957 son opposition à l'usage de la torture en Algérie par une partie de l'armée française. Sa prise de position publique lui valut une sanction de soixante jours d’arrêt de forteresse à La Courneuve.
    • Émile Zola, (1840 - 1902) Écrivain et homme public français est notamment l'auteur de l'article J'accuse qui remet en cause la condamnation du capitaine Alfred Dreyfus, officier juif accusé injustement de trahison. Cette publication conduira à un nouveau procès puis à un arrêt de la Cour de cassation qui rectifiera l'erreur judiciaire et innocentera le capitaine Dreyfus, après la mort de Zola.
    • Henri Pézerat, chimiste, un des membres fondateurs du collectif intersyndical de Jussieu qui, dès le début des années 1970 a alerté sur les dangers de l'amiante — voir le livre Danger ! Amiante qui raconte l'histoire du conflit de l'amiante en France. Animant la contre-expertise notamment en toxicologie, il a également contribué au retour de l'amiante dans le débat public au milieu des années 1990.
    • Jean-François Viel, épidémiologiste et professeur à l'université de Besançon, auteur notamment d'une étude sur les leucémies autour des sites nucléaires de La Hague, laquelle avait créé un précédent en matière d'exposition des populations riveraines autour des centres nucléaires français — sur le modèle de Sellafield en Angleterre. Cette étude, publiée dans une revue anglo-saxonne, a été reprise en France par Science&Vie en décembre 2005, dans un numéro qui titrait « Nucléaire et cancer ».
    • Carine Mayo, journaliste et écrivain français, elle contribue par ses articles a faire connaitre l'affaire des cancers pédiatriques de Vincennes.
    • Georges Méar, pilote de ligne ayant fait construire une maison à Brest en 1989 et subi un empoisonnement chimique lié aux matériaux de construction de cette maison, a porté, des années durant, une alerte sur la pollution intérieure des habitations, qui n'a fini par devenir un problème public et reconnu, en France, qu'à partir de la fin des années 1990. Un lanceur d'alerte qui a réussi, puisqu'a été créé en 2001 l'Observatoire de la Qualité de l'Air Intérieur (OQAI).
    • André Cicolella, chercheur à l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS), est sanctionné, en 1994, par sa direction pour avoir souligné publiquement les dangers de l'éther de glycol. En octobre 2000, après six ans de procédure, la Cour de cassation le rétablit dans ses droits en reconnaissant le caractère abusif de son licenciement.
    • Pierre Meneton, chercheur à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et spécialiste des maladies cardio-vasculaires, attaqué en justice le 31 janvier 2008 pour avoir dénoncé le poids des lobbies dans le domaine de la santé. Le Comité des salines de France lui reproche d'avoir dit dans une interview, en mars 2006, que « le lobby des producteurs de sel et du secteur agroalimentaire industriel est très actif. Il désinforme les professionnels de la santé et les médias ». En France, on consomme 10 g de sel par jour. André Cicolella conclue : « Si on passe à 6 g par jour, on réduit de 22 % les accidents vasculaires cérébraux et de 16 % les infarctus, selon les estimations des experts. ». Le 13 mars 2008, le tribunal correctionnel de Paris donnait raison à Pierre Meneton et déboutait le Comité des salines de France.
    • Étienne Cendrier, porte-parole de l'association Les Robins des toits soulignant les dangers mal évalués des ondes produites par la téléphonie mobile, poursuivi en diffamation par les compagnies de téléphones portables (il a été relaxé dans deux cas, la procédure se poursuit dans un troisième).
    • Roger Lenglet, philosophe et journaliste d'investigation, et Jean-Luc Touly, juge prud'homal et ex agent de maîtrise chez Vivendi Environnement qui ont révélé les pratiques douteuses employées en France et dans le monde par les multinationales de l'eau pour s'approprier les marchés publics et s'arroger les aides internationales. Ils ont dû faire face à plusieurs procédures judiciaires, dont deux ont été lancées par Henri Proglio, alors PDG de Veolia (ex Vivendi), et une par un syndicat de la même société. Deux des trois procédures se sont conclues en faveur des auteurs (un retrait de plainte du PDG et une relaxe). La troisième procédure en diffamation leur a valu une condamnation à un euro symbolique pour avoir qualifié de « détournement » une opération de transfert, sur des comptes irlandais, de 4,5 milliards d'euros qui devaient initialement servir à entretenir et renouveler les canalisations des 8 000 communes françaises qui avaient versé ces fonds, et dont la destination finale n'a jamais été élucidée. Une demande d'enquête parlementaire a été déposée sur le destin de ces fonds par le député Noël Mamère (Les Verts) en 2003. Des auditions parlementaires ont été menées à ce sujet, au cours desquelles les dirigeants de la multinationale ont assuré aux députés que l'entretien et le renouvellement des canalisations d'eau seraient tout de même assurés.
    • Christian Vélot, chercheur à l'Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire subit de nombreuses privations matérielles : confiscation de la totalité de ses crédits pour 2008, privation d’étudiants stagiaires, menace de déménagement manu militari et décision arbitraire de non renouvellement de son contrat. Il estime que sa direction le sanctionne parce qu'il a pris publiquement position sur les risques sanitaires liés à l'introduction des organismes génétiquement modifiés dans l'alimentation.
    • Véronique Lapides, présidente du Collectif Vigilance Franklin soulignant le nombre élevé de cancers parmi les enfants ayant fréquenté l’école maternelle Franklin Roosevelt construite à Vincennes sur une partie du site de l'ancienne usine chimique de la société Kodak.
    • Thierry Souccar, journaliste et écrivain scientifique a fait connaître au grand public les résultats d'études mettant en cause de nombreux aliments transformés par l'industrie agro-alimentaire et pourtant innocentés ou recommandés par les autorités sanitaires. Il a ainsi dès 1997 souligné la responsabilité du sucre et des céréales raffinées dans le risque d'obésité et de diabète, alors que cette responsabilité était encore en 2001 contestée par l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments. Dès 2004, il a souligné que la consommation de laitages au niveau des recommandations officielles ne prévient pas l'ostéoporose et qu'elle peut favoriser des maladies chroniques.
    • Denis Robert et Ernest Backes révèlent l'existence d'une boîte noire de la finance mondialisée avec l'affaire Clearstream dans Révélation$ en février 2001.
    • Irène Frachon, médecin au CHU de Brest, à l'origine de l'affaire du Mediator.

      Wikipédia


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  • Composts et paillis (Denis PEPIN)

    2013  256 p.  25 €

     

      Déchets de cuisine, tontes de gazon, tailles de haie, feuilles mortes, vieux papiers, on n'imagine pas à quel point on a de l'or dans nos poubelles... Avec quelques bons tours de mains, quelques infos et un peu de patience, nos déchets se transforment en composts et paillages gratuits.
      Finies les voyages à la déchetterie, vive le recyclage ! Depuis quelques années, les pratiques de compostage ont énormément évolué et elles se sont petit à petit installées dans les campagnes comme dans les villes. Chez le jardiniers amateurs et souvent en province, on trouvera du compostage sous toutes ses formes : compost classique, lombricompost mais aussi des déchets utilisés en paillis (herbe sèche, broyat, feuilles mortes, BRF, déchets de cuisine) voire des produits issus de toilettes sèches.
      En ville et souvent au niveau collectif on observe le développement du compostage semicollectif (en pied d'immeuble, dans des jardins partagés) ou dans la restauration collective. Dans les communes se créent des plateformes de compostage des biodéchets.
      Denis Pépin pratique toutes les formes de compostage dans son jardin. Partisan du moindre effort, il a adopté le compostage en continu et les déchets verts de son jardin sont pour leur plus grande majorité utilisés en paillis...
      Dans ce livre :
       - Pourquoi recycler et comment valoriser nos déchets
       - Comment faire un bon compost et bien l'utiliser
       - Comment réaliser ses paillis
       - Comment économiser du temps en privilégiant le paillage en continu
        Denis Pépin est spécialisé dans la pratique du jardinage biologique depuis plus de 30 ans. Premier prix du Concours national des Jardins potagers de France, il est l'auteur d'ouvrages sur le jardinage biologique, journaliste horticole, conférencier et formateur.

     


     

     


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  •   La  France est un grand pays d’agriculture et d’élevage. Conséquences malheureuses de ces activités : elle produit quantité de rejets et des sous-produits qui, au mieux, sont inexploités, au pis polluent l’environnement. Le pays est ainsi régulièrement condamné par l’Europe pour la mauvaise qualité de son eau — et la piètre qualité de son air d’ailleurs… Mais l’Hexagone est en outre aussi fortement dépendante de l’étranger pour ses besoins énergétiques. D’où l’idée de mettre à contribution le monde agricole pour à la fois diminuer la facture énergétique et réduire la pollution. Tout en apportant un revenu complémentaire aux agriculteurs.
    Même si le développement de la filière méthanisation est embryonnaire en France, des exemples existent qui prouvent qu’elle mérite d’être développée. Comment en effet négliger une piste qui permettrait de traiter des polluants dont on ne sait que faire et de produire l’énergie dont le pays à besoin ? Les obstacles sont cependant nombreux qui peuvent entraver le développement d’un tel projet, l’absence de technologie (même si là aussi des exceptions existent) et de filière industrielle tricolores notamment. A moins que l’Etat ne prenne les choses en mains. C’est ce qu’il a fait jadis pour le téléphone, l’autoroute, la grande vitesse ferroviaire ou le nucléaire. C’est ce qu’il a commencé à faire hier pour l’éolien off-shore avec les premiers appels d’offres. C’est ce qu’il entame aujourd’hui pour la méthanisation. Les ministères de l’Agriculture et de l’Ecologie — avoir réussi à les associer est déjà une performance ! — ont annoncé, le 29 mars 2013, le lancement du plan «Énergie Méthanisation Autonomie Azote». De quoi s’agit-il ? Selon le communiqué officiel, de « développer en France, à l’horizon 2020, 1 000 méthaniseurs à la ferme, ce qui mobilisera 2 milliards d’euros d’investissement et permettra de créer environ 2 000 emplois pérennes au plus près des territoires ». Il s’agit pour ce faire de structurer « la filière, dans le cadre d’un projet présenté au Programme investissement d’avenir pour créer une filière nationale dans le domaine des équipements de méthanisation et dans le domaine de la valorisation des digestats »…
    Quoi que l’on pense du soutien des pouvoirs publics au nucléaire ou au moteur Diesel, on ne peut que constater son efficacité. Peut-être le biogaz connaîtra-t-il demain le même succès que le gazole. Mais attention: l’Allemagne, laboratoire de la méthanisation, connaît aujourd’hui une surchauffe de la filière, certaines installations devant importer du maïs de l’étranger pour faire « tourner » leurs méthaniseurs, tandis que les prix des terres agricoles se sontenvolés.

      La Fabrique Hexagonale, les produits made in France, les entreprisent qui fabriquent localement.

      avril 2013


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  • Résister,

    2013    196 p.    18 €

      Comment humaniser la mondialisation? Ce livre est né d’une interrogation sur le rôle du droit face aux effets de la mondialisation. D’un côté,celle-ci renforce l’humanisme juridique par le développement international des droits de l’homme, la reconnaissance des biens publics mondiaux, l’affirmation d’un droit humanitaire et d’une justice pénale internationale.

      Mais de l’autre, elle le menace par le durcissement du contrôle des migrations,l’aggravation des exclusions sociales, la multiplication des atteintes à l’environnement, la persistance des crimes internationaux les plus graves ou les risques d’asservissement engendrés par les nouvelles technologies.

      À force d’être invoquée à tort et à travers sans être pour autant mieux appliquée, la ritournelle humaniste, n’annonce-t-elle pas, en réalité, la mise à mort de l’humanisme juridique ? À moins d’inventer un nouvel humanisme, ou plutôt de se projeter dans l’avenir en faisant le pari, utopique mais réaliste, qu’il est possible d’humaniser la mondialisation autour de trois objectifs : résister à la déshumanisation, responsabiliser ses acteurs, anticiper sur les risques à venir.Tel est l’esprit qui anime ce livre de combat.

      Mireille Delmas-Marty, qui a enseigné le droit à l’Université (Lille II, Paris XI et Paris I), est titulairede la chaire « Études juridiques comparatives et internationalisation du droit » au Collège de France.Elle est notamment l’auteur des

      -Forces imaginantes du droit (4 vol. parus au Seuil, 2004-2011),

      -Libertés et sûreté dans un monde dangereux (Seuil, 2009).

      Elle est membre de l’Académie dessciences morales et politiques.

     Mireille Delmas-Marty, réhabilite l'humanisme dans son dernier livre, Résister, responsabiliser, anticiper. Un débat qu'ouvre Marianne.


    CARR DAVID/SIPA
              CARR DAVID/SIPA
      L'obstination de la rigueur et la force d'imagination. Ces deux expressions s'accordent parfaitement au tempérament de Mireille Delmas-Marty. Cette juriste de talent, qui fut professeur au Collège de France, ne désarme pas devant les difficultés de notre époque bousculée par le vent de la mondialisation. Son dernier livre, époustouflant de clarté, apporte une nouvelle preuve de sa détermination. Son titre, à lui seul - Résister, responsabiliser, anticiper, ou comment humaniser la mondialisation -, est un véritable programme de pensée ; il se présente comme une lettre d'intention, une sorte de précis humaniste, où le mot est pesé, la phrase, chevillée, et l'esprit, tendu comme un arc.

      Qui dira que l'humanisme est mort, après l'avoir lu, se trompera. Car ce n'est pas parce que le droit fut souvent malmené, les droits de l'homme, vilipendés, par Marx, Péguy, Deleuze et bien d'autres, que la quête d'un droit commun de l'humanité s'est épuisée. Bien au contraire ! La mondialisation du droit, actuellement en cours, place l'humanité entière devant des problèmes et des solutions universels. Or c'est précisément à ces situations que se confronte Mireille Delmas-Marty.

    Pédagogie de la complexité

      Née à Paris en 1941, elle appartient à la tradition éclairée du protestantisme français. Celle qui fut, à la fin des années 80, présidente de la commission justice pénale et droits de l'homme, et conseilla de nombreuses organisations internationales, plaide aujourd'hui pour une «pédagogie de la complexité» et prétend «lutter contre la démagogie de la simplicité», dans un style toujours limpide. Son livre est le fruit de cette longue expérience. «Elle a le goût des réalités les plus lointaines et les moins explorées, dit d'elle Stefano Manacorda, professeur de droit à Naples. Elle est devenue une des voix les plus écoutées dans l'univers juridique chinois et a forgé des instruments d'avenir comme le procureur européen.» Mireille Delmas-Marty ne se borne pas à poser des diagnostics, elle propose des remèdes susceptibles de conjurer le chaos.

      Que ce soit sur les droits sociaux, le droit des étrangers, le droit de l'environnement, la justice pénale, les risques biotechnologiques, la juriste lance des alertes, sans jamais se complaire dans la dénonciation. Dans son livre, les pages qu'elle consacre à la responsabilité sociale des entreprises et de l'Etat ne sont pas lettre morte. Elles indiquent le chemin de ce que pourrait être une responsabilité partagée, et le moyen d'éviter l'instrumentalisation du droit au profit du plus fort, celui des entreprises transnationales, notamment.

     «Si Mireille Delmas-Marty était une devise, ce pourrait être : force, humanité, créativité», résume son collègue Laurent Neyret, professeur en droit privé. Il n'a pas tort. Son idée fixe n'est pas de savoir ce qu'est le droit, mais de savoir «ce qu'il peut». Et ce n'est pas pour rien que cette femme férue des tableaux de Van Rogger et de Klee s'efforce de résoudre les ambivalences du droit à tous les niveaux : du simple citoyen aux organisations internationales. Quand les droits de l'homme redeviennent un dogme, elle recompose le tableau de nos espérances. «Je cherche à rendre perceptibles et visibles les données juridiques», nous disait-elle récemment. Deux adjectifs qui s'appliquent à la peinture ! Ce n'est pas un hasard. Mireille Delmas-Marty nous aide à voir le droit tel un paysage en mouvement.

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  •   Quelles stratégies pour réduire les gaspillages en eau  (trouvé sur Youphil.com)

    Le 22 mars 2013, c'est le 20ème anniversaire de la Journée Mondiale de l’Eau.

    Comme l’explique le Food Tank, initiative de Danielle Nierenberg (ex directrice de Nourishing the Planet/World Watch Institute) et Ellen Gustafson, l’eau se raréfie et la pression monte entre les différents usagers.

    Même si il y a 1,4 milliards de kilomètres cube d’eau sur terre, seul 0,001% de cette eau est accessible à l’homme. Et 70% de cette eau disponible est utilisée par l’agriculture en moyenne.

    Avec les sécheresses récentes à répétition, un climat qui se réchauffe, la croissance démographique continue, et les besoins croissants pour nourrir cette population supplémentaire, qui plus est s’urbanise, s’industrialise et donc consomme plus par tête, il y a urgence pour sauvegarder les ressources en eau.

    On comprend donc le choix du thème de cette année : la coopération autour de l’eau. Car une gestion durable, équitable de l’eau commence par mettre autour de la table les différentes parties. Coopération entre pays, coopération entre les différents secteurs d’activité, coopération au niveau communautaire pour comprendre ensemble les enjeux de l’eau et les compromis que chacun doit faire.

    Il devient aussi crucial de développer des systèmes innovants d’économie d’eau, notamment dans le secteur agricole premier usager de l’eau. Le Food Tank recense 7 stratégies pour réduire les gaspillages en eau dans nos systèmes alimentaires actuels.

    1. Manger moins de viande

    D’après Sandra Postel du Global Water Policy Project, il faut environ 3000 litres d’eau pour répondre aux besoins alimentaires moyens journaliers d’une personne, soit environ un litre par calorie. Mais suivant ce qu’on mange, on a besoin de plus ou moins d’eau. Et la viande est ce qui a besoin de plus d’eau. Il faut entre 13000 et 43000 litres d’eau pour faire un kilo de viande rouge. Un kilo de volaille représente 3500 litres d’eau. Un kilo de porc, 6000 litres. Si on devient végétarien pour un jour ou deux, on aide à la conservation des ressources en eau. Ce raisonnement de l’eau virtuelle (quantité d’eau qu’il a fallu pour produire tel ou tel produit agricole) a été bien décrite par Orsenna dans son livre l’avenir de l’eau.

    2. Utiliser l’interculture, l’agroforesterie et les couverts végétaux
    Comme je l’avais déjà décrit dans l’initiative Bhoo Chetana dans l’Etat du Karnataka, ou le modèle de gestion communautaire de l’eau de Kothapally en Andhra Pradesh, la santé du sol est importante pour une bonne conservation des ressources en eau.

    Ainsi une étude publiée en mai 2011 par ICRISAT et le Centre de Résilience de Stockholm a démontré que le modèle de gestion de l’eau de Kothapally a permis de diminuer le ruissellement de moitié par rapport à avant l’intervention et la recharge de la nappe phréatique avait augmenté de plus de 200%.

    Interculture légumineuse-céréale, agroforesterie (allier cultures annuelles et arbres fruitiers), et de manière générale diversifier les cultures et éviter un sol nu permet de ne pas épuiser le sol, de limiter le ruissellement et l’érosion.

    3. Améliorer l’efficacité de l’irrigation et populariser encore plus la micro-irrigation
    eau,journée mondiale de l'eau,icrisat,économie en eau,food tank,microirrigation,conservation de l'eauD’après le Food Tank, environ 60% de l’eau utilisée en irrigation est gaspillé. Le goutte-à-goutte (sur la photo un paysan de Karnataka, Inde montre le microtube dans un champ de bananiers) consiste à arroser au niveau des racines des plantes en micro quantité de manière continue. Cela peut être plus cher à l’installation mais c’est beaucoup plus efficace, ça économise aussi de l’engrais, et les rendements sont meilleurs.

    Des organisations comme IDEI ont développé des kits de microirrigation pas chers et adaptés aux petites parcelles des paysans pauvres du Sud.

    Encore plus fort dans l’économie d’eau, un innovateur Tunisien Chahbani a créé le " diffuseur goutte-à-goutte enterré" qui utilise 2 fois moins d'eau que le goutte à goutte classique pour produire un même poids de fruit. Etant enterré, l’évaporation est réduite. C’est donc particulièrement adapté pour les régions arides.

    4. Améliorer la récolte de l’eau de pluie
    Depuis les années 1980s, les paysans au Burkina Faso par exemple ont modifié leur technique traditionnelle de culture en zaï (cuvette de plantation), en les creusant plus profonds et plus larges, et en ajoutant de la matière organique au fond. Les cuvettes retiennent l’eau de pluie plus longtemps, et cela aide les paysans à augmenter leurs rendements même les années de faible pluie. ICRISAT travaille avec ses partenaires en Afrique de l’Ouest, comme au Mali ou au Niger, pour populariser cette technique alliée à l’agroforesterie, un choix approprié de légumes et autres cultures pour réhabiliter des terres incultes [relire le post améliorer l’accès à la terre pour les femmes au Sahel]

    eau,journée mondiale de l'eau,icrisat,économie en eau,food tank,microirrigation,conservation de l'eauEn Inde aussi, différentes structures de collecte et conservation d'eau sont mises en place comme ce barrage (photo ci contre dans le district d'Hassan, Karnataka) qui stoppe les eaux de ruissellement pour améliorer l'infiltration dans le sol. Ceci permet la recharge de la nappe phréatique, ce qui bénéficie aux zones agricoles en aval. De telles installations nécessitent un effort collectif.

     

     
     
    5. Utilisation de la téléphonie mobile pour économiser l’eau
    Santosh Ostwal entrepreneur Indien a développé une application mobile le Nanoganesh qui permet aux paysans d’allumer ou stopper leur système d’irrigation à distance. Cela permet des économies d’eau et d’électricité quand le paysan constate que les champs sont déjà saturés en eau. Je rajouterai dans cette catégorie le water impact calculator mis en place par ICRISAT qui informe de façon simple le paysan quels sont les besoins optimum d’irrigation selon la culture, la zone agroclimatique etc… En gros un paysan bien formé, informé et connecté sera plus à même d’économiser l’eau.

    6. Planter des cultures pérennes
    à rapprocher du point 2. Les plantes pérennes protègent mieux le sol que les plantes annuelles, ce qui réduit les pertes d’eau par ruissellement. D’après le Land Institute les cultures annuelles peuvent perdre plus de 5 fois d’eau et 35 fois plus de nitrates que les plantes pérennes.

    7. Pratiquer l’agriculture de conservation
    Même idée derrière : éviter les sols nus, et éviter les perturbations du sol, en pratiquant le non labour. Cela améliore la capacité de rétention du sol, ainsi que l’efficacité d’absorption de l’eau par les plantes.

    ICRISAT vient justement d'évaluer l'impact de l'application de l'agriculture de conservation au Zimbabwe (voir le brief présenté pour l'Initiative Européenne pour la Recherche Agricole pour le Développement). Les gains de rendement pour les 300 000 familles touchées allaient de +15% à un doublement de la récolte; cela a permis aussi de renforcer la résilience face à un climat variable.

    A cette liste de 7 stratégies, je rajouterais pour compléter le point 1, que le raisonnement vaut aussi pour le choix de cultures plus économes en eau. Remplacer par exemple le riz par du mil permettrait de faire beaucoup d’économie en eau. Cela implique des choix de politiques mais aussi que les marchés agricoles incitent à cette reconversion. Cela peut être par exemple de sensibiliser les consommateurs à la valeur nutritionnelle du mil pour stimuler la demande. Lire par exemple mon article sur Reuters Millet for our bread in 2050?

    Inciter le changement, prouver les bénéfices d'une agriculture économe en eau

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    Il y a une dimension importante à la problématique d'économie en eau: le prix de l’eau. Le point de départ serait sûrement là : on économise seulement quand ça nous coûte (il n’y a qu’à regarder quand le prix de l’essence augmente, le covoiturage se développe).

    Pour être encouragé à lutter contre le gaspillage d'eau, le paysan doit récolter un bénéfice significatif de son effort d'économie d'eau, et ce rapidement.

    Il sera plus facilement convaincu d'investir dans un goutte-à-goutte si on lui explique que cela peut améliorer en moyenne ses revenus de 33% comme le Programme Challenge sur l'Eau et l'Alimentation du CGIAR (CPWF) l'a démontré au Cambodge.

    Changer des pratiques collectives qui auront un impact sur le plus long terme, comme passer à une agriculture de conservation, est plus délicat et le paiement pour services écosystémiques peut être un moyen d'encourager une communauté à basculer sur cette pratique agricole de non labour. Ainsi, comme l'explique le cas d'étude remarquable du bassin versant du lac Fuquene en Colombie, informer les paysans des bénéfices de l'agriculture de conservation ne suffit pas. Le fait que la plupart des paysans travaillent sur des terres en location ne les incitent notamment pas à améliorer le sol. C'est la mise en place d'un fond renouvelable qui puisse attribuer des crédits à taux très bas aux paysans qui a accéléré le changement des pratiques. Chaque crédit n'est accordé qu'après acceptation d'un plan d'utilisation des terres, qui soit bénéfique pour l'environnement (protéger la qualité et quantité d'eau du lac) et pour le paysan. Une situation gagnant - gagnant.

    Mais comme le dit l'excellent blog d'Alain Vidal / CPWF Outcomes are nice, but what about measuring them? c'est par un travail en partenariat entre différents acteurs de l'eau et du développement agricole qu'on arrivera à un "océan de changement". On pourra commencer par s'inspirer des "îles de succès" comme ces histoires d'impact joliment présentées grâce au soutien du FIDA pour capitaliser l'expérience de 68 projets du CPWF dans 10 bassins versants du Gange aux Andes en passant par l'Afrique du Sud ou l'Ouganda.

    Et vous, voyez vous d'autres façons d'avoir une agriculture plus économe en eau?


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  •   Cinq actions pour être plus écolo

    Pour améliorer votre quotidien et faire du bien à la planète.

    À l’occasion de la semaine du développement durable (du 1er au 7 avril), Youphil.com vous donne cinq idées pour vous réconcilier avec la protection de l'environnement.

    1. Recycler ses mégôts

    Il est 9 heures. Vous sortez déjà fumer votre première cigarette. Plutôt que d'écraser votre mégôt sur le sol, sachez que vous pouvez aussi le recycler.

    Grâce à un réseau de bénévoles dans 21 pays, dont la France, l'entreprise américaine TerraCycle récupère et redonne vie à des tas de détritus qui ne trouvent pas leur place dans nos bacs de tri.

    Son dernier procédé permet de transformer les mégôts en matière plastique réutilisable à l'infini. Vous vous chargez de les collecter, TerraCycle s'occupe de les réceptionner.

    2. Eviter le gaspillage alimentaire

    À 13 heures, c’est l’heure de la pause déjeuner. Et si vous cuisiniez votre tambouille grâce à des légumes ramassés dans les poubelles?

    C'est un peu l'idée du mouvement citoyen des Gars Pilleurs. Ces activistes urbains fouillent les poubelles des boulangeries et des supermarchés lyonnais pour y trouver légumes et produits emballés toujours consommables. Lorsque la récolte est bonne, ils distribuent gratuitement leur butin dans la rue.

    Une idée d'autant plus utile que chaque Européen génère près de 179 kg de déchets alimentaires par an, dont une bonne partie sont encore consommables. Pour lutter contre ce gaspillage hors norme, de nombreuses initiatives existent.

    La chaîne d’épiceries californiennes Andronico’s Community Market propose par exemple de vendre des fruits moches destinés à être jetés. Plus près de chez nous, en Belgique, un supermarché de la ville d'Herstal a désormais l’obligation de donner sa nourriture invendue à des associations.

    3. Ouvrir un livret de développement durable?

    Après votre pause déjeuner, vous en profitez pour faire un crochet par la banque et y souscrire un livret de développement durable (LDD). Attention, le LDD n’a pourtant de durable que le nom.

    Selon le cofondateur d’Axylia Conseil Vincent Auriac, ce livret sert surtout à financer "des prêts aux PME et aux particuliers". Son concurrent, le Livret A, sert davantage à "financer le logement social et la politique de la ville."

    4. Se mettre aux énergies propres

    En cette dixième semaine du développement durable, la transition énergétique est à l’honneur. Si le débat national sur la question reste peu relayé et "bat son plein dans la plus grande discrétion", comme l'ironise Libération, des initiatives concrètes existent pour adopter une attitude responsable en matière de consommation d'énergie.

    En tant que particulier, il vous est notamment possible de souscrire un contrat auprès d’Enercoop. Cette société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) fournit de l’électricité d’origine renouvelable (par l'éolien, le solaire photovoltaïque, la biomasse ou l'hydraulique) depuis 2005.

    D’après la dernière étude sur la consommation responsable [pdf] du site Mescoursespourlaplanète.com, 12,8% des énergies consommées en France en 2012 étaient renouvelables. Près de 16% de l’électricité produite provenait d'énergies propres.

    5. Manger local

    Des champignons polonais, des mangues chinoises ou des tomates espagnoles. Il est 20 heures et au moment de passer à table, votre frigo ne regorge pas forcément de produits locaux. Or, qui dit consommation raisonnée, dit consommation de proximité.

    Le mouvement des locavores encourage la consommation d’aliments locaux, produits dans un rayon géographique limité à 200km environ.

    Plusieurs initiatives ont déjà vu le jour pour soutenir ce mode d'alimentation “Made in près de chez soi”. Des plateformes web comme SourceMap ou C’est fabriqué près de chez vous permettent, par exemple, de connaître le lieu de production de ce que nous mangeons.

     

    Crédit photo: levork/Flickr

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  •   La loi scélérate du 8 décembre 2011 va-t-elle bientôt sévir ?

     www.kokopelli-semences.fr

    La loi du 8 décembre 2011 relative au « Certificat d’Obtention Végétale » (COV), proposée par un sénateur UMP, soutenue par le gouvernement de Nicolas Sarkozy et votée par la majorité UMP, a gravé dans le marbre l’interdiction de semer le grain récolté et l’obligation, dans cette hypothèse, de payer des royalties aux semenciers-sélectionneurs dès l’usage en deuxième génération des semences vendues sur le marché.

    Bien que François Hollande, alors candidat à la présidentielle, se soit engagé1 à retirer ce texte, ses décrets d’application sont en cours de préparation.

    Pour comprendre les enjeux de cette loi, il faut en connaître le contexte technique : là où les méthodes de sélection agronomique n’ont pas réussi à rendre le grain stérile ou dégénérescent en deuxième génération (hybrides F1), les semenciers cherchent, par des méthodes juridiques cette fois, à recréer le marché captif extrêmement lucratif que les hybrides F1 leur ont permis de s’aménager.

    C’est ainsi qu’ils sont parvenus à interdire la reproduction de leurs semences par le biais des droits de propriété intellectuelle applicables aux variétés végétales (le COV), et à faire qualifier la semence récoltée de contrefaçon, sur le plan international d’abord (Convention UPOV dans sa version de 1991), puis au niveau européen (Règlement 2100/94) et plus récemment sur la scène nationale.

    Cela signifie donc qu’au delà d’un seul usage, la semence vendue ne peut plus être utilisée, même à des fins personnelles, sur l’exploitation.

    C’est un peu comme s’il n’était pas possible d’écouter un CD plusieurs fois ou qu’un logiciel informatique devait s’autodétruire passé un certain délai, pour obliger les consommateurs à racheter ces produits régulièrement. Ici les semenciers ont tiré parti du caractère auto-reproductible des semences pour prétendre que, au delà de la première génération et alors même qu’il s’agit du même matériel génétique, le droit d’usage du produit était expiré.

    C’est ainsi que la règlementation a mis en place, rappelons-le, une grotesque « Contribution VOLONTAIRE OBLIGATOIRE », faite, comme la dîme naguère, d’une fraction de la récolte obtenue, pour qui dans les campagnes oserait semer le grain récolté. Cela afin de « financer les activités de recherche » des semenciers-sélectionneurs…

    Mais par qui les agriculteurs se sont-ils laissés hypnotiser pour accepter une sémantique aussi arrogante ?

    Et comment les semenciers, menés par le Groupement National Interprofessionnel des Semences (GNIS), ont-ils réussi à imposer dans les esprits de nos députés l’idée que la survie de la sélection variétale impliquait d’interdire aux agriculteurs de semer une partie de sa récolte ?

    L’exposé des motifs de la proposition de loi, de même que les rapports réalisés par les parlementaires POINTEREAU et LAZARO fournissent une réponse.

    Ainsi parlait donc Thierry LAZARO le 9 novembre 2011 devant la Commission des affaires économiques de l’Assemblée Nationale :

    « le COV est un outil indispensable pour notre recherche. (…) je l’ai dit dans mon propos liminaire, sur les 74 entreprises françaises concernées, 70 % sont des PME familiales. Si l’on compte quelques coopératives importantes, elles n’ont rien à voir avec des groupes comme Monsanto. (…) notre secteur semencier n’a pas la puissance des multinationales. La vraie question consiste donc à savoir si nous disposons ou non des moyens de financer la recherche. »

    La proposition de loi commence également ainsi :

    « Le secteur semences français occupe une place prépondérante en Europe (1er pays producteur) et dans le monde (2ème exportateur mondial), notamment grâce à ses 73 entreprises de sélection de semences, dont une majorité de coopératives et de PME familiales. »

    => Il s’agit ici ni plus ni moins du baratin du GNIS sur le secteur semencier français.

    En effet, le groupement aime à entretenir les images d’Epinal d’une France agricole encore dominée par une majorité de petites entreprises familiales ou artisanales, et où les plus gros acteurs sont régulièrement présentés comme des « coopératives », attachées à un terroir régional et au monde paysan.

    Cette présentation des choses a l’avantage de masquer la toute-puissance des entreprises de sélection, les phénomènes de concentration, la présence étrangère et force ainsi l’apitoiement de nos décideurs publics.

    Mais la réalité est toute autre.

    En effet, le GNIS confond systématiquement, pour les besoins de la démonstration, entreprises de sélection et entreprises de production de semences, de même que leurs chiffres d’affaires respectifs.

    Or, en France, la sélection et la production de semences sont deux activités distinctes, aux enjeux très inégaux. Les activités de sélection représentent 71 entreprises, qui se dédient à l’obtention de « variétés » nouvelles et à l’enregistrement au Catalogue de ces obtentions. L’activité de production, quant à elle, représente 225 entreprises, qui ne font que multiplier les semences par des contrats signés avec environ 18.000 agriculteurs multiplicateurs, puis les conditionnent pour la vente. Ce dernier secteur n’est pas particulièrement intéressé à l’application stricte des droits de propriété intellectuelle.

    • Les semences de grandes cultures et fourragères

    Or, un « Palmarès des firmes de semences grandes cultures et fourragères » (les plus concernées par la pratique des semences fermières), publié récemment par la presse agricole, fait apparaître, après quelques regroupements d’entreprises appartenant aux mêmes groupes :

    un marché partagé entre seulement 35 entreprises, dont les dix plus grosses réalisent près de 74% du chiffre d’affaire global de tout le secteur.

    De plus, le reste des entreprises présentes sur ce marché, si, compte tenu de leur chiffre d’affaires individuel, peuvent être apparemment rattachées aux groupes des PME ou des TPE, un examen plus détaillé montre qu’elles sont pratiquement toutes des filiales de gigantesques groupes de l’agroalimentaire, ayant des implantations multinationales (Groupes Euralis, Florimond Desprez, Maïsadour, Saaten Union, Terrena, Barenbrug, Acolyance, Scael, Unéal, De Sangosse, etc.).

    C’est ainsi que, dans le palmarès précité, 12 entreprises seulement apparaissent comme des entreprises indépendantes.

    Enfin, au TOP 10 des plus grosses entreprises, 4 sont des multinationales étrangères (Pioneer, Monsanto, Syngenta, KWS)

    • Les semences potagères

    Quant au secteur des semences potagères, et au phénomène de concentration qui n’a pas manqué de s’y produire, les chiffres ne sont pas disponibles. Le GNIS ne publie que des chiffres généraux, qui, ici encore, cumulent les activités de sélection et de production.

    Cependant, un examen détaillé du Catalogue officiel français, pour quelques espèces, permet de se faire une idée :

    Sur 15 espèces2 potagères examinées, le géant Limagrain détient 61,16% des variétés F1 et 5 multinationales, en général, contrôlent 90% des variétés F1.

    Ces multinationales sont essentiellement les suivantes : Limagrain, Monsanto, Syngenta, Bayer, Sakata. Une seule est française, les 4 autres sont étrangères.

    Pour quelques espèces, parmi les 5 premiers groupes peuvent également se trouver les entreprises : Gautier, Rijk Zwaan, Hollar Seeds. Une seule est française, les 2 autres sont étrangères.

    => On est donc loin des 70 % de PME françaises avancés par le GNIS et repris par nos parlementaires injustement apitoyés. Et le régime du COV récemment renforcé bénéficie aux géants multinationaux de ce qu’il est légitime d’appeler « l'industrie semencière ».

    Quant à la nécessité pressante de permettre aux entreprises de sélection de financer leurs activités de « recherche » en ponctionnant les agriculteurs, notons que celles-ci sont loin d’être à plaindre sur le plan économique, à la différence de ceux-là :

    Le GNIS a publié une enquête rétrospective sur la période 2005-2011 aux termes de laquelle il apparaît qu’en 5 ans l’ensemble du secteur semences a fait une progression de 23%. Or les plus fortes progressions sont observées dans les secteurs oléagineux (+58 % - chiffre d’affaires qui passe de 162 M€ à 256 M€), céréales à paille (+26 % - CA qui passe de 270 à 341 M€) et pommes de terre (+25 % - CA qui passe de 129 à 161 M€), secteurs les plus directement concernés par le « problème » des semences de ferme !

    De plus, le prix des semences certifiées est exorbitant par rapport à celui de la semence fermière et il n’a pas cessé d’augmenter.

    Ainsi, les statistiques publiées par l’INSEE font apparaître une hausse de 414% du prix des semences et plants entre janvier 1975 et janvier 2013 .

    Comparé au coût des semences de ferme de maïs, par exemple, les semences commercialisées par les semenciers sont pratiquement cent fois plus chères, selon un ancien Directeur de Recherche à l’INRA et un professeur à l’Université Harvard.

    => Ce qu’il faut ici comprendre c’est que, comme dans la vente d’un CD, d’un logiciel informatique ou de tout produit manufacturé, le paysan n’a aucun lieu de « rémunérer le sélectionneur pour ses activités de recherche », puisque celui-ci a déjà perçu cette rémunération lorsqu’il lui a vendu ses semences pour la première fois.

    Ce qu’il fait sur son exploitation de ce travail de sélection qu’il a acquis, présent ou non sur la descendance de la première graine, ne devrait regarder que lui.

    Mais il faut se rendre à l’évidence : ce n’est en fait pas la rémunération d’un travail effectif de recherche que poursuivent les sélectionneurs, mais la recherche d'une rémunération sans travail, c'est-à-dire une situation de rente.

    Le législateur ne devrait pas se rendre complice de ces aspirations à la féodalité.

    Les semenciers, comme tous les autres acteurs de l’économie, n’ont aucun droit à rendre leurs consommateurs captifs, et leur prospérité ne devrait dépendre que de la mise sur le marché de produits innovants et séduisants pour leur clientèle.

    Que les semenciers souhaitent obtenir des semences de céréales ou d’oléagineux le même profit qu’avec les semences de maïs, pour lequel les hybrides F1 leur assure un marché captif, est une chose. Que cette prétention soit légitime en est une autre. Et qu’elle ait été reconnue par certains traités internationaux3 ne la rend pas immuable.

    Rappelons aussi que d’autres traités internationaux, signés par la France et l’Union Européenne, ont reconnu le droit inaliénable des paysans à semer le grain récolté. Il serait temps de donner application à ces traités là.

    Quant aux agriculteurs, il est urgent qu’ils reviennent à ce qu’ils n’auraient jamais dû abandonner : les variétés paysannes du domaine public, librement reproductibles.

    Rien ne les empêche de poursuivre le très prolifique travail de sélection qu’ils ont interrompus il y a 50 ans en se soumettant au dictat des technocrates de l’agronomie.

    C’est le message que véhicule, partout, l’association Kokopelli, qui milite pour la liberté et l’autonomie des paysans, et dont la collection est intégralement fertile et libre de droits.

    Kokopelli, le 26 Mars 2013

    1. Extrait de la lettre de François Hollande à la Confédération Paysanne lorsqu’il était candidat à la présidentielle : « la loi sur les COV soulève une incompréhension chez les agriculteurs français qui voient créer un prélèvement nouveau de 35 millions d’euros à leur égard et perdent un droit immémorial d’utiliser gratuitement les semences de ferme. Les socialistes ont proposé des évolutions et une discussion pour une autre loi. Ils n’ont pas été entendus. Il faudra y revenir. »
    2. Concombres, melons, aubergines, pastèques, radis, choux cabus, choux brocolis, choux-fleurs, piments/poivrons, laitues, pois potagers, carottes, fenouils, tomates, courgettes.
    3. Traité International sur les Ressources Phytogénétiques pour l’Alimentation et l’Agriculture (TIRPAA) - V. article 9 particulièrement.

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  •  Ils achètent local pour sauver la planète

     
    par Juliette Labaronne (Clés)

    Deux cent cinquante kilomètres entre la production et l'assiette : c'est la distance maximale qu'Anne-Sophie accepte de faire parcourir à ce qu'elle mange. Comme elle, de plus en plus de personnes exigent de se nourrir de saison et local.

     [....]« La consommation n’est pas un acte neutre. C’est une force de frappe. En vertu de quoi avons-nous renoncé à fabriquer les produits dont nous avons besoin ? Pour fermer nos usines ? Faire venir du bout du monde baskets et jouets, rejetant au passage des tonnes de CO2 ? » Ce coup de gueule est lancé par Hervé Gibet, quarantenaire parisien qui, en 2007, se met à traquer, pour sa consommation personnelle, les produits fabriqués de A à Z en France. En 2008, pour partager le fruit de son enquête, il lance le site La Fabrique hexagonale. « Au départ, les gens étaient perplexes. Où est l’intérêt ? Il a viré pétainiste, le garçon ? Dans mon milieu plutôt alter, ça dérangeait. »

      Trois ans plus tard, des dizaines de milliers d’internautes consultent chaque mois son blog. Logos cocardiers, coqs bombant le torse et stickers « Fabrication française » ont fleuri sur nos emballages. On n’est plus en 1993, quand la campagne « Nos emplettes sont nos emplois » tentait de sensibiliser les Français à l’achat bleu-blanc-rouge : si le slogan fit mouche, le succès fut mitigé. En 2011, ce ne sont pas les chambres de commerce qui poussent au made in France, mais les consommateurs eux-mêmes – dont quatre sur dix se déclarent prêts à payer plus cher pour un produit fabriqué dans l’Hexagone. Et ce que consom’acteur veut, il l’obtient généralement assez vite.[....]

    Tendance réac ?

     

    Après nous être goinfrés par palettes de marchandises made in monde, peut-on parler d’épidémie de chauvinite aiguë ? Ou de retour à un protectionnisme tendance réac ? Hervé Gibet met les pieds dans le plat : « Quand j’ai remarqué que mon site était beaucoup lu par des gens recroquevillés dans la peur de l’étranger, cela m’a surpris. Pour clarifier les choses, j’ai posté des billets engagés à gauche, ce qui m’a valu menaces et attaques de hackers d’extrême droite : ils croyaient être en territoire ami ! En défendant l’économie locale, on n’est pas nationaliste : mes motivations sont sociales et écologiques. Et je me sens plus proche d’un ouvrier sénégalais qui bosse et paye ses impôts en France, que d’un grand patron du CAC 40. »

    Des alters et des frontistes réunis à leur insu sur un même site ? L’anecdote fait sourire Patrick Viveret, ­ardent défenseur du concept de sobriété heureuse : « Cette histoire illustre l’ambivalence et la diversité des démarches qui conduisent à l’achat de proximité. En ces temps de montée de la xénophobie, il est important de les différencier. » Pour le philosophe, si la tentation du repli identitaire ou le snobisme du made in France existent, l’arbre ne doit pas cacher la forêt : « Nous sommes devant un changement de posture plus large. De plus en plus de gens sont soucieux de consommer autrement, à échelle humaine mais dans l’ouverture multiculturelle, sensibles à la justice sociale, à l’écologie… Avec eux émerge une société civile mondiale, consciente que sa consommation devient acte civique. Et si la valeur locale n’est pas un absolu, elle fait partie des éléments pris en compte, au même titre qu’un label bio ou commerce équitable. » [....]

     

    Chasse au CO2

     

    L’argument écologique met la planète entière au cœur des préoccupations. Avec lui naît une nouvelle génération d’acheteurs prompts à lire les étiquettes, à des années-lumière du franchouillard chauvin. Dans cette chasse au CO2, certains vont jusqu’à fixer une limite géographique aux aliments qu’ils mettent à leur menu : cent cinquante à trois cents kilomètres. Manger strictement local : l’idée paraît extrême, voire injouable. Le mouvement s’est pourtant répandu comme une traînée de poudre. Anne-Sophie Novel, 30 ans (lire CLES n° 71, p. 45), se nourrit autant que possible de denrées produites près de sa maison bordelaise et s’épanouit en prenant le temps de discuter au marché avec « ses » producteurs. « Je suis de la génération Pacte écologique. Porto Alegre, Hulot, Al Gore, sont à l’origine de mon engagement, en 2006. » C’est là qu’elle s’interroge : que faire à son niveau ? « Veiller à l’impact de ce que je mange est l’une des réponses. Sans rompre avec le reste du monde : les locavores ont inventé les exceptions Marco Polo, qui permettent de contourner la règle, notamment pour les épices. Manger local m’a ouverte à d’autres domaines. En modifiant mon rapport au temps, aux saisons et même aux autres, cela a donné du sens à ma vie. »

    Plus largement, le Grenelle de l’environnement et des actions grand public comme « Des fraises au printemps », pilotée par la Fondation pour la nature et l’homme, font leur effet. Après les années « bio à tout prix » (à contre-saison ou venu par cargo des antipodes), le coût écologique entre dans les consciences.


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  • 2013    125 p.  10 €

      Sylvain Allemand
    Alternatives Economiques n° 322 - mars 2013 

    Qu'a-t-on encore à dire sur la mondialisation qui n'ait été débattu et théorisé, y compris sous un angle sociologique ? Tout l'intérêt de ce livre est de l'appréhender dans sa double réalité : un discours performatif et un syndrome, c'est-à-dire "une myriade de processus, projets et activités divergents, articulant des flux transnationaux variés". Il retrace l'itinéraire de la notion en montrant comment, à partir des années 1980, elle a été importée/exportée dans les sciences sociales, en s'appuyant aussi bien sur des références bibliographiques que des données quantitatives. Ainsi apprend-on que si dans la littérature anglo-saxonne, l'économie arrive en tête des disciplines pour la proportion de publications sur ce thème (8 %), la géographie (7 %), la sociologie (7 %) et la science politique (près de 6 %) ne sont pas en reste.

    On ne tiendra pas rigueur à l'auteur de ne pas s'être attardé sur la globalisation, utilisée à tort comme synonyme. Il rend déjà amplement service en rendant compte de manière synthétique des débats qui ont agité, de part et d'autre de la Manche ou de l'Atlantique, les sciences sociales concernant les temporalités du phénomène (chapitre 2), ses représentations spatiales (chapitre 3), la réalité des mobilités (chapitre 4) et des circulations culturelles (chapitre 5) qu'il est censé favoriser.

     

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  • Initialement appelé Mouvement pour la Terre et l'Humanisme, Colibris tire son nom d’une légende amérindienne, racontée par Pierre Rabhi :

    Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! »

    Et le colibri lui répondit :« Je le sais, mais je fais ma part. »

     Retrouvez aussi la légende du colibri en dessin animé ! Elle est racontée (en anglais) par Wangari Maathai, première femme africaine à avoir reçu le prix Nobel de la paix pour son engagement en faveur de l'environnement. (à voir sur le site de Colibris)

    L'éthique du colibri

    Les crises écologique, économique, sociale et culturelle que nous traversons, les enjeux auxquels nous sommes confrontés sont sans précédent. La course à la croissance et aux profits illimités épuise les ressources, aliène les personnes, affame les peuples, détruit la biodiversité.
    L’humanité se trouve à un carrefour. L’interdépendance du vivant étant irrévocable, nous sommes appelés, si nous voulons assurer la pérennité et l’épanouissement de l’espèce humaine sur la planète, à profondément et consciemment changer la vision que nous avons du monde et de la société.
     

    1. Il est indispensable de changer de paradigme de société

    Notre modèle de société conduit l’humanité vers l’abîme. Il est principalement fondé sur une croissance économique infinie, un prélèvement sans limite des ressources naturelles, une prédominance de l’argent et de la logique économique sur la nature et les êtres humains, le non respect des équilibres naturels, le patriarcat, l’éducation à l’obéissance, les structures de domination, la compétition, la violence.

    Il est incontournable de changer l’orientation de nos activités et de nos structures sociales pour les mettre au service de la nature et des êtres humains.

    2. La société c’est moi et je suis la société.
    C’est mon changement qui détermine le changement du monde.

    Notre organisation sociale est la traduction concrète de notre représentation du monde. Pour que nos modèles changent, nous devons individuellement voir le monde différemment et incarner au quotidien une relation harmonieuse à nous-mêmes, aux autres et à la nature.

    3. Nous sommes tous liés et interdépendants

    Nous sommes partie intégrante d’un écosystème vivant. Nous ne sommes séparés de rien. Détruire la nature ou nuire à des êtres humains, même à l’autre bout de la planète, revient à nous détruire nous-mêmes. De la même façon, les enjeux écologiques, sociaux, politiques sont étroitement liés et ne peuvent être traités séparément. Notre vision doit être globale et notre action concerner tous les plans de l’être et de la société.

    4. L’autonomie est l’un des fondements de la liberté

    Si nous sommes tous liés par un destin commun, chaque personne, chaque culture, chaque territoire doit pouvoir s’exprimer et s’épanouir dans sa diversité. L’autonomie est l’une des conditions essentielles permettant à un individu, un collectif humain ou à un territoire de faire ses choix par et pour lui-même, et de préserver son intégrité et sa liberté.

    5. L’éducation est le ferment de notre rapport à nous-mêmes, aux autres et à la nature

    « Il ne peut y avoir d’écologie saine tant que nous fabriquerons des êtres avides de vengeance et de destruction. » Alice Miller Le modèle éducatif actuel, fondé sur l’éducation à l’obéissance, la violence éducative ordinaire, la différence de valeur accordée à un enfant par rapport à un adulte, à une femme par rapport à un homme, et sur un système d’instruction destiné à conformer chaque enfant à un système de performance, de compétition et de domination, est l’une des sources majeures du désordre de nos sociétés. L’enfance est le moment où se forment les perceptions du monde, où se construit la relation aux autres, à la société, la confiance et l’estime de soi, la capacité d’empathie… L’éducation a pour vocation d’accompagner les enfants à devenir des êtres libres, épanouis et responsables, à trouver leur juste place dans la société, fidèle à leurs aspirations et à leurs talents ; à respecter la terre qui leur donne la vie, à connaître la nature dont ils sont issus, à coopérer avec leurs semblables. Elle n’est pas l’apanage de l’école, ni des systèmes éducatifs, mais la responsabilité de l’ensemble de la société.

    6. L’avenir est dans le génie de la simplicité, l’élégance de la sobriété

    « Dans le futur, la plus grande performance consistera à répondre à nos besoins par les moyens les plus simples et les plus sains. » Pierre Rabhi Les contraintes d’un monde limité en ressources naturelles et le devoir d’équité envers les autres êtres humains, nous offrent aujourd’hui deux opportunités extraordinaires :
    • exercer notre créativité dans un champ nouveau consistant à trouver la façon la plus saine et la plus simple de résoudre nos problèmes, de subvenir à nos besoins, de faire fonctionner nos sociétés.
    • nous épanouir dans un nouvel art de vivre où le bonheur d’être supplante la capacité d’avoir : « la sobriété heureuse ».

    7. Small is beautiful

    Dans la nature, un organisme ne croît pas indéfiniment. Il s'adapte aux contraintes extérieures pour atteindre sa taille optimale : ni trop grand, ni trop petit, capable de subvenir à ses besoins et d’assurer sa pérennité. Chercher en toute structure une taille optimale, permettant une gouvernance harmonieuse et responsable, des relations humaines directes, souplesse et légèreté dans l’action, le respect de la liberté et de l’intégrité de chacun, une empreinte écologique légère, une véritable autonomie, est non seulement un gage d’efficacité mais également d’altruisme et de sagesse.

    8. La coopération est la condition incontournable du changement

    La complexité extrême de nos sociétés et l’enchevêtrement de nos destins nous oblige, plus que jamais, à nous réunir et à coopérer pour résoudre les crises que nous traversons. Aucun être humain, aucune classe sociale, aucune culture, aucun peuple ne peut prétendre connaître, seul, les solutions, ni se désolidariser de ces enjeux planétaires. L’intelligence collective, mâtinée d’altruisme, d’humilité, de générosité, peut en revanche faire de nos diversités et de nos différences une formidable force créative et transformatrice. Nous avons besoin les uns des autres pour changer.

    9. Le territoire est le lieu d’action privilégié pour amorcer la transformation

    La commune, la ville, le village, tous les types de territoire où les êtres humains ont une prise suffisante pour participer à la transformation de la société et pour en ressentir directement les effets, sont les lieux privilégiés d’une véritable mutation, fondée sur l’autonomie.

    10. La joie est notre bien suprême

    « La finalité humaine n’est pas de produire pour consommer, de consommer pour produire ou de tourner comme le rouage d’une machine infernale jusqu’à l’usure totale. C’est pourtant à cela que nous réduit cette stupide civilisation où l’argent prime sur tout mais ne peut offrir que le plaisir. Des milliards d’euros sont impuissants à nous donner la joie, ce bien immatériel que nous recherchons tous, consciemment ou non, car il représente le bien suprême : la pleine satisfaction d’exister.Un jour, il nous faudra bien répondre à notre véritable vocation, qui n’est pas de produire et de consommer sans fin, mais d’aimer, d’admirer et de prendre soin de la vie sous toutes ses formes »
    Pierre Rabhi Exemples de pratiques dans les grands domaines de la société :
    • AGRICULTURE
      Permaculture, agroécologie, agriculture biodynamique
    • HABITAT / URBANISME
      Éco-habitats, éco-quartiers, villages et villes
    • ÉDUCATION
      Méthodes Montessori, Steiner, Freinet, interdiction de toute violence éducative et particulièrement de la violence éducative ordinaire
    • ÉCONOMIE
      Économie et monnaies locales, monnaies libres, entrepreneuriat social
    • GOUVERNANCE
      Sociocratie, Holacratie, CNV, Techniques d’intelligence collective (Forum Ouvert, World Café…)
    • ÉNERGIE
      Autonomie énergétique par les énergies renouvelables, sobriété énergétique
    • Ancien paradigmeNouveau paradigme

      ECONOMIE
      Économie mondialisée, globalisée, hors-sol
      Argent, monnaie comme une fin
      Monnaies bancaires
      Système fondé sur la dette et la mise en dépendance des populations

       
      Économies locales reliées
      Argent, monnaie comme un moyen
      Monnaies libres, « le peuple bat monnaie »
      Système fondé sur l’autonomie des populations et la liberté d’échanger les richesses

      ORGANISATION SOCIALE

      Modèles pyramidaux, "top down"
      Pouvoir centralisé, concentré
      Segmentation / sectorisation (séparation corps-esprit, mental - émotionnel - spirituel, hyper - spécialisation)

       

      Modèles en réseaux, "bottom up"
      Pouvoir partagé, réparti
      Unité / pensée et actions holistiques (Recherche de la complémentarité, polyvalence, interdépendance…)
      RELATION À LA NATURE
      Nature comme un gisement
      L’humain est extérieur à la nature et la domine


      Nature comme une richesse
      L’humain est nature et dépend d’elle

      VALEURS
      Individualisme
      Dépendance
      Monoculture / uniformisation
      Compétition

      Partage, générosité
      Autonomie / interdépendance
      Polyculture / Diversité
      Coopération
      ÉNERGIE
      Dépendance aux énergies fossiles et aux grands groupes

      Autonomies locales, régionales fondées sur les énergies renouvelables, autonomie des moyens de production et de distribution
      AGRICULTURE
      Agriculture industrielle, mondialisée, fondée sur le pétrole et la pétrochimie,
      monoculture, OGM, semences brevetées, patrimoine génétique pauvre
      De moins en moins de paysans sur des exploitations de plus en plus grandes

      Agriculture paysanne, agroécologique, locale, fondée sur le savoir agronomique,
      Semences anciennes, libres, patrimoine génétique riche

      De plus en plus de paysans sur beaucoup de petites exploitations en polyculture
      MÉDECINE
      Médecine allopathique, chimique, d’urgence, basée sur une approche mécaniste de la santé.

      Médecine globale (naturopathie, homéopathie, allopathie), basée sur la prévention et une approche holistique de la santé

     


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  •  De  Christian et Eckart Von Wistinghausen, Wolfgang Scheibe et Uli Johannes Köning, 52 pages avec de nombreux dessins et schémas. (9,10 €)

      Ce petit livre est conçu de manière très pragmatique. Reflétant l'état actuel des connaissances, c'est un guide pratique pour les agriculteurs, maraîchers et toutes les personnes qui veulent elles-mêmes élaborer et employer les préparations bio-dynamiques. Il contient les recommandations de Rudolf Steiner ainsi que le résultat de plus de 70 ans d'expérience pratique de nombreux amis.

      Dans la mesure du possible, les préparations devraient être élaborées sur la ferme ou le maraîchage lui-même, ou dans les associations bio-dynamiques régionales : c'est seulement ainsi qu'elles deviennent totalement partie constituante de l'organisme vivant de la ferme et du paysage. Elles ne remplacent pas la fumure et leur rôle n'est pas en premier lieu de diriger les processus de décomposition dans le fumier, le compost, le lisier ou le purin mais elles servent d'abord à transmettre des forces de la terre et du cosmos en soutenant ainsi la faculté de la plante à devenir un organe sensoriel de la terre.

      A commander sur le site:  www.bio-dynamie.org si votre libraire ne peut pas l'avoir.


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  •   Combien de morts et combien de millions versés en indemnités aux malades avant que l’on prenne la mesure de l’importance de traiter véritablement les alertes et de protéger les lanceurs d’alertes ?

    Par Sciences Citoyennes        Lundi 4 février 2013
    Miniature  Communiqué de la Fondation Sciences Citoyennes le 4 février 2013

    Une semaine après la publication du rapport « Signaux précoces et leçons tardives » de l’Agence Européenne de l’Environnement, la Fondation Sciences Citoyennes ne peut que confirmer que les leçons sont effectivement bien tardives pour ne pas dire ignorées. En effet, le 31 janvier, l’Assemblée nationale terminait de vider de sa substance une proposition de loi relative à l’indépendance de l’expertise en matière de santé et d’environnement et à la protection des lanceurs d’alerte, déposée fin août au Sénat par le groupe écologiste.
     
    Après avoir évacué l’idée d’un organisme indépendant seul capable de traiter efficacement les alertes et d’imposer des règles de déontologie de l’expertise, les parlementaires ont enfoncé le clou en supprimant la possibilité pour un lanceur d’alerte de saisir une autre personne que son employeur. Et si celui-ci ne réagit pas ou conteste l’alerte, la seule « alternative » restera l’interpellation du préfet de département, nous voilà rassurés.
    La proposition de loi, qui doit refaire la navette entre les deux chambres, ne prévoit rien pour les salariés des petites entreprises ou pour les non salariés qui ne seront donc toujours pas protégés. Hormis l’incitation à continuer de se taire, ils devront se tourner vers une association ou un syndicat, lesquels, devenus sous-traitants du dispositif, pourront saisir la Commission nationale de la déontologie et des alertes en matière de santé et d’environnement. Celle-ci ne devrait pas souffrir de surmenage.

    Par ailleurs, cette commission, dont la composition et les modalités de fonctionnement sont renvoyées à un décret devant être pris en Conseil d’État, sera sous tutelle du gouvernement. Outre sa mission de facteur, elle n’aura qu’un rôle consultatif en ce qui concerne les codes de déontologie propres à l’expertise des agences sanitaires et environnementales, le gouvernement restant l’interlocuteur exclusif de ces agences.

    La crainte largement ressassée de voir exploser le nombre d’alertes infondées trouvait des parades dans le texte initial, y compris des poursuites en cas de nuisance délibérée. Mais les élus ont négligé ces mesures pour jeter l’ensemble du dispositif, avec des arguments budgétaires qui ne prennent pas en compte les coûts directs et indirects des traitements tardifs des alertes, et la volonté délicate de ne pas vouloir froisser les industriels ou les partenaires sociaux. Le gouvernement et le parlement entérinent ainsi un mode de gestion des risques sanitaires a posteriori. Combien faudra-t-il encore de scandales sanitaires pour que le système d’expertise et de traitement des alertes soit enfin adapté aux enjeux de santé publique et de protection de l’environnement ?

    Contact :
    Glen Millot : 01 43 14 73 65 – glen.millot arobase sciencescitoyennes.com


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  • 2007   92 p.   9,20 €

      Peu à peu se fait jour l'idée que le communisme serait la cause initiale de tous les crimes du XXe siècle. Pour les tenants d'une histoire réactionnaire, le génocide de "race" initié par les nazis ne serait qu'une réponse au génocide de "classe" lancé par les bolcheviques. L'auteur démontre que les germes des massacres du XXe siècle, étaient pourtant bel et bien présents bien avant Octobre 17. Contre les faussaires de l'histoire, Losurdo révèle à quel point le colonialisme fut une véritable école du crime de masse pour les nazis comme pour la plupart des pays libéraux de tradition démocratique. On pense à l'exemple saisissant d'Hitler fasciné par les massacres d'indiens par les américains. L'originalité du livre est de dénoncer le discours hypocrite qui compare les crimes du communisme aux déclarations de principe de la démocratie libérale, en ignorant la pratique de cette dernière. Il s'amuse à inverser le processus. Un exercice salvateur pour s'armer contre toutes les manipulations idéologiques de l'histoire.
      Professeur d'histoire de la philosophie à l'Université d'Urbino, Domenico Losurdo est notamment l'auteur de
      -"Révisionnisme en histoire, problèmes et mythes" (Albin Michel),
     -"Hegel et la catastrophe allemande" (Albin Michel),
     -"Fuir l'histoire" (Temps des cerises)

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  • Une contre-histoire du libéralisme (Domenico LOSURDO)

    2013    390 p.    25 € 

      Ce livre diffère des précédentes histoires du libéralisme parce qu’il cherche, d’abord, à reconstituer une histoire dont l’objet n’est pas la pensée libérale dans sa pureté abstraite (même s’il en est évidemment question), mais le libéralisme en tant que mouvement, et les sociétés libérales dans leur réalité concrète. Il s’agit d’en comprendre les concepts, mais aussi - et avant tout - les relations politiques et sociales au travers desquelles il s’exprime, ainsi que le lien plus ou moins contradictoire qui s’établit entre ces deux dimensions de la réalité sociale. Si l’auteur parle de « contre-histoire », c’est pour attirer l’attention sur des aspects largement et injustement laissés de côté. Losurdo questionne les contradictions et les zones d’ombre négligées par les chercheurs et met en évidence la difficulté de concilier la défense théorique des libertés individuelles et la réalité des rapports politiques et sociaux. Comment expliquer que, dans la tradition libérale, la célébration de la liberté aille souvent de pair avec l’assimilation des travailleurs salariés à des instruments de travail et avec la théorisation du despotisme, et même de l’esclavage, au détriment des peuples coloniaux ?
      John Locke comparait par exemple les Amérindiens à des "bêtes sauvages", John Stuart Mill justifiait le travail forcé pour mettre au travail "les races non civilisées" et les pères fondateurs des Etats-Unis possédaient des esclaves. Montesquieu, quant à lui, théorisait la servitude des pays en fonction de leur climat, tandis que Tocqueville réclamait l'anéantissement des villes et des bourgades algériennes et que Bernard Mandeville applaudissait à l'exécution des Irlandais.

      Ces contradictions sautent aux yeux des lecteurs d'aujourd'hui, alors que ces penseurs libéraux et racistes à la fois estimaient simplement que les seuls individus à défendre étaient les propriétaires blancs.

      A signaler toutefois la position d'Adam Smith, prêt à accepter un Etat central fort aux Etats-Unis pour combattre l'esclavage. Mais la force de la pensée libérale, conclut l'auteur, fut d'évoluer en écoutant les mouvements sociaux extérieurs à elle-même.

     Domenico Lesurdo a également publié:

      -Le révisionnisme en histoire (Albin Michel, 2006),

      -Staline : Histoire et critique d'une légende noire (Aden, 2011),

      -Hegel et la catastrophe allemande (Albin Michel, 1994).

      Sa Contre-Histoire du libéralisme lui a valu une renommée internationale.

     Nicolas Journet (Sciences Humaines)

    Mis à jour le 03/01/2013

    Bien connu en Italie, le philosophe Domenico Losurdo ne lâche pas prise : sa Contre-histoire du libéralisme est une charge sans merci contre les pères fondateurs, puis les partisans du libéralisme politique en Angleterre, aux États-Unis et en France jusqu’au seuil du XXe siècle. La conjoncture actuelle pourrait faire penser que l’auteur s’acharne sur un moribond. Pourtant, aussi dense et labyrinthique soit-il, l’ouvrage vaut d’être lu. Il met le doigt sur des crimes historiques : l’extermination des Indiens d’Amérique, la traite atlantique, l’esclavage persistant au XIXe siècle, la condition faite aux Noirs d’Amérique du Nord, l’eugénisme et les aspects les plus sombres de l’hygiénisme social.


    Ce sont des faits connus. Ce qui l’est moins, c’est le lien intellectuel que D. Losurdo tisse, citations à l’appui, entre les idéologues libéraux – partisans donc des libertés individuelles – avec ces forfaits, voire leur compromission franche avec un racisme sans fard. John Locke, David Hume…, trouvaient à divers degrés des raisons de tolérer l’esclavage. Quant aux acteurs de l’indépendance américaine (Thomas Jefferson, Benjamin Franklin…), il était clair pour eux que la démocratie et l’égalité ne sauraient s’étendre au-delà des limites d’une « race des seigneurs », excluant les Noirs et les Amérindiens. Alexis de Tocqueville lui-même, tout en le déplorant, se rendra à certaines leurs raisons. D’autres penseurs de moindre célébrité, libéraux de filiation, professaient un apartheid dont les principes s’appliqueront aux États-Unis bien au-delà de l’abolition de l’esclavage. À ce « libéralisme des seigneurs », profondément conservateur, D. Losurdo oppose le « radicalisme » d’un Diderot, d’un Condorcet, et des Jacobins français, pour qui l’égalité politique devait s’appliquer à tous. La Révolution française, dans toute sa violence et le soulèvement d’Haïti, tout aussi brutal, firent donc, selon lui, plus pour le progrès des valeurs démocratiques que le camp des « modérés libéraux ». De la part d’un philosophe marxiste, la thèse ne surprendra pas. Le lecteur sera cependant troublé, et même interloqué, par le parcours citationnel dans lequel il le promène, prouvant une fois pour toutes que les mots « liberté », « égalité » et « démocratie » pouvaient avoir, au XIXe siècle, un sens totalement étranger à ce que nous nommons ainsi aujourd’hui.


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  •   Après Cahuzac : stoppez l'évasion fiscale !

    Signez la pétition


    Monsieur le président,

    L'affaire Cahuzac révèle brutalement à tous les citoyens la négligence et même la complaisance de nos dirigeants vis-à-vis de l'évasion fiscale.

    Pourquoi l'administration fiscale a-t-elle perdu 25 000 agents depuis 2002 ? Pourquoi le nombre de vérifications approfondies de situations personnelles a-t-il chuté de 12% entre 2006 et 2011 ? Pourquoi laisse-t-on chaque année 60 à 80 milliards d'euros échapper à l'impôt, tout en prétextant les déficits publics ainsi creusés pour sacrifier les retraites, les allocations sociales, les emplois publics, les investissements écologiques d'avenir ?

    Votre gouvernement peut prendre sans tarder cinq mesures clés pour en finir avec la complaisance :

    1. embauchez sous 12 mois au moins 1 000 agents de contrôle fiscalpour renforcer les 5 000 vérificateurs actuellement en poste. Chacune des nouvelles recrues rapportera à l'État au moins 2,3 millions d'euros par an grâce aux redressements fiscaux opérés, soit 40 fois le montant de son traitement !
    2. exigez des banques la communication de l'identité de tous les ressortissants français détenteurs de comptes à l’étranger. La loi FATCA oblige depuis début 2013 tous les groupes bancaires opérant aux Etats Unis à communiquer sur demande du fisc américain les données concernant ses ressortissants: il suffit d'une volonté politique !
    3. établissez, en lien avec les associations spécialisées, une liste crédible des paradis fiscaux, ces trous noirs de la finance occulte et de la corruption
    4. donnez 12 mois aux banques opérant en France pour fermer leurs filiales dans ces territoires, sous menace de retrait de la licence bancaire. Les banques françaises ont 527 filiales dans les paradis fiscaux dont 360 pour la seule BNP Paribas !
    5. imposez le "reporting par pays" aux multinationales établies en France: cette transparence sur le chiffre d'affaires, les bénéfices et les impôts payés dans chaque pays permettra au fisc de déjouer les manipulations des prix de transfert entre filiales des multinationales et de pouvoir enfin imposer Total ou Google sur leurs bénéfices.
    Le changement, c'est maintenant ou jamais !

    Signez la pétition... sur le site d'Attac France

    Attac France, le 5 avril 2013
    Pour en savoir plus :
    - http://www.france.attac.org/dossiers/stoppez-levasion-fiscale
    - http://blogs.mediapart.fr/blog/attac-france/050413/petition-francois-hollande-stoppez-levasion-fiscale
    - Tribune de Dominique Plihon (porte-parole d'Attac) et Vincent Drezet (secrétaire général de Solidaires finances publiques) : http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/04/04/apres-l-affaire-cahuzac-agir-enfin-contre-l-evasion-fiscale_3154205_3232.html

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  •   L'ONU adopte un traité sur le commerce des armes : les 4 leçons de l'accord

    Modifié le 03-04-2013  publié par Nouvel Obs

    Avatar de Zobel Behalal     Par CCFD-Terre Solidaire

    LE PLUS. Les discussions avaient été entamées il y a sept ans. L'Assemblée générale de l'ONU a adopté, mardi 2 avril, le premier traité sur le commerce international des armes classiques. Quels enseignements peuvent être tirés de cet accord ? Explications de Zobel Behalal, spécialiste de la régulation des armes.

    Édité par Sébastien Billard

    Le traité adopté vise une meilleure régulation du commerce international des armes (AP/SIPA).

    Le traité adopté vise une meilleure régulation du commerce international des armes (AP/SIPA).

    Les États membres de l'ONU ont massivement voté en faveur du Traité international sur le commerce des armes. C'est sans conteste la plus grande avancée du droit international depuis le traité de Rome instituant la Cour pénale internationale (CPI).

    Aujourd’hui, les seigneurs de la guerre, les dictateurs qui utilisent les armes contre les populations, mais également les acteurs du commerce mondial des armes ont enfin une épée de Damoclès qui plane au-dessus de leurs têtes. C’est un évènement unique qui m'inspire quatre réflexions.

    1. Une reconnaissance des souffrances des populations

    Je vois d’abord dans ce vote, une reconnaissance des souffrances des populations. Elle est en effet longue la liste des pays où les civils ont payé ou paient encore le prix fort de la circulation irresponsable des armes.

    Que ce soit en Syrie, dans la région sahélienne ou dans l'est de la RDC, le calvaire des populations est aussi le résultat d’un contrôle lacunaire sur la circulation des armes au niveau mondial. Le TCA représente un outil qui va progressivement rendre illégal le fait de transférer des armes vers des pays où elles seront utilisées contre les civils.

    2. La victoire de la société civile

    Le vote d’hier est ensuite la victoire de la société civile. Même si ce traité n'est pas à la hauteur de nos aspirations, il comporte des éléments pour lesquels les organisations de la société civile se sont mobilisées depuis plus de 15 ans.

    En réalité, ce qui est couronné de succès aujourd'hui ce sont les nombreuses pétitions signées par des millions de citoyens à travers le monde. Ce sont aussi les nombreux rapports d’enquête, les centaines d'heures du lobbying des ONG auprès des hauts fonctionnaires ou des décideurs politiques dans les couloirs de l’ONU ou dans les capitales.

    3. Le triomphe du multilatéralisme

    Avec ce traité, c’est aussi le triomphe du multilatéralisme qu'il faut célébrer. Les commentaires sur l’impuissance de l'ONU que j'ai entendus en juillet dernier lorsque les Américains ont empêché l’adoption du TCA, puis jeudi dernier après le second échec, sont heureusement balayés par ce vote clair.

    Il n'y avait pas d'autre cadre que l'espace multilatéral des Nations unies pour discuter de ce traité. Il a permis des discussions transparentes et inclusives plus que nécessaires.

    Certaines délégations n'ont certes pas pu suivre toutes les consultations par manque d'effectif ou absence d'interprètes, et la voix des cinq membres permanents du Conseil de sécurité a certes eu plus d'influence, mais je tiens à souligner que c'est grâce à la pression des pays africains que la Chine a abandonné son opposition à l'inclusion des armes légères et de petit calibre (ALPC) dans le traité.

    C’est aussi avec leur insistance que des efforts même imparfaits ont été faits pour inclure certaines munitions dans ce traité. Sans parler du Costa Rica, du Mexique, de la Côte d'Ivoire ou encore du Kenya qui ont été en première ligne pour défendre ce traité.

    Que le TCA ait finalement été adopté dans le cadre de l'Assemblée générale de l’ONU est un symbole fort. Pendant la séance, ce n’est pas le PIB et la puissance militaire qui ont été déterminants. Chaque État avait droit à un seul vote et c’est la majorité qui l'a emporté.

    4. L'échec de la stratégie française

    Le résultat d'hier est enfin l'échec de la stratégie française. Au cours de ces dernières années, les Français – comme les Britanniques – face à la pression de leurs industriels, ont fait une fixation sur la nécessité d'obtenir le soutien final des Américains, des Russes et des Chinois.

    Cette option a même été privilégiée au détriment de la robustesse de la norme. Ce qui explique en grande partie le flou et les lacunes qui traversent encore le texte du traité. Or si les Américains ont voté en faveur du traité, les Russes et les Chinois se sont en revanche abstenus…


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  •  Trans -partisan, le nouveau comité des élus pour les alternatives aux pesticides lance la bataille pour une loi agricole plus ambitieuse sur les enjeux de santé publique. Côté société civile, de nouvelles associations de médecins et d'agriculteurs sont de la partie. 

    Lancé en présence de parlementaires de gauche comme de droite, dont Chantal Jouanno et Sophie Primas pour l'UMP, Brigitte Allain et Joël Labbé (écologistes) et Laurence Rossignol (PS, excusée), le nouveau comité a été créé à l'initiative des associations Agir pour l'environnement, Générations futures et l'Union des apiculteurs UNAF. Sa raison d'être est double : inciter les élus à s'engager plus sur des alternatives aux pesticides et pousser les recommandations de la récente mission d'étude sénatoriale « Pesticides : vers le risque zéro ». Car si cette mission a réussi le tour de force de rendre ses conclusions à l'unanimité, s'est réjoui le sénateur du Morbilhan Joël Labbé, il reste à traduire ses conclusions sur le terrain et dans la future loi agricole.

    Mission sénatoriale : consensus sur 100 propositions

    Active pendant sept mois en 2012, la mission d'étude (27 sénateurs) a travaillé sur les liens entre pesticides et santé publique, « en laissant de côté les a priori » d'après sa présidente, la sénatrice des Yvelines Sophie Primas. Après avoir réalisé 95 auditions, elle a accouché d'un rapport en octobre 2012, dans lequel figurent plus de 100 recommandations, couvrant tous les éléments de l'équation : pratiques agricoles, vente des pesticides, formation, évaluation des risques etc. Ces propositions s'appuient sur plusieurs constats et notamment ces deux-ci : « le risque de l'utilisation des pesticides a longtemps été sous-estimé et il l'est encore », et le processus d'autorisation de mise sur le marché est inadapté et doit donc être révisé, signale Sophie Primas.

    [Premier bilan d'Ecophyto

     Le plan Ecophyto est la mesure phare du Grenelle sur les pesticides chimiques. Son objectif : diminuer leur utilisation de « 50% si possible » en France à l'horizon 2018. Hélas, « quatre ans après son lancement, l'usage de pesticides a augmenté au lieu de se réduire », constate le rapport d'étude sénatorial « Pesticides vers le risque zéro » sur la base des statistiques les plus récentes : l'intensité du recours aux pesticides (mesurée en « NODU ») a augmenté de 2,7% en usage agricole, en 2010-2011, par rapport à 2009-2010. Pour François Veillerette, « Ecophyto pour l'instant ne fonctionne pas » tandis que pour Sophie Primas, « en trois ans on ne peut pas changer grand-chose ». Alors que le rapport sénatorial appelle à « renforcer Ecophyto », dans son dernier bilan, le ministère de l'agriculture met en avant les premiers résultats des fermes pilote FERME : « 30% des systèmes en grandes cultures ou polyculture-élevage présentent déjà un IFT (indice qui mesure l'intensité de l'usage pesticides) inférieur de moitié à laréférence"]

    Des progrès et des changements salués par tous

    Pour autant, le rapport parlementaire comme les élus du nouveau comité constatent que des progrès ont été réalisés : plusieurs molécules ont été retirées de la commercialisation (comme le Cruiser) et on s'achemine vers une nouvelle jurisprudence sur la responsabilité des fabricants (procès Monsanto, en appel) et de l'Etat (au titre des maladies professionnelles). Pour Brigitte Allain, « la prise de conscience est aujourd'hui quasiment acquise, y compris au niveau des agriculteurs », ce qui n'était pas du tout le cas il y a dix ans.

    Tout n'est pas rose pour autant, notamment sur les abeilles, rappelle l'UNAF, pour qui l'interdiction des néonicotinoïdes, suspectés de contribuer à la mortalité des abeilles, doit désormais être décidée au niveau national, puisque l'Europe n'a pas réussi à la mettre en oeuvre. (voir notre article Produits toxiques : un rapport européen dénonce les failles du système ).

    De nouveaux représentants de la société civile

    Y aurait-il donc une « nouvelle ère » dans la relation de la France avec les pesticides, comme François Veillerette en a fait l'hypothèse ? La présence aux côtés des parlementaires de l'association Phytovictimes et du nouveau collectif des médecins du Limousin signataires de l'appel contre les pesticides, montre une mobilisation élargie. Pour Pierre-Michel Perineau, médecin généraliste à Limoges et militant écologiste, « beaucoup de voyants sanitaires sont au rouge, pour les agriculteurs comme pour les riverains » et il était temps que sa profession prenne sa part de responsabilité. Leur mobilisation augmente de fait dans cette région : les signataires de l'appel sont passés de 80 à 120 en une semaine.

    Trafic de pesticides

    Consensus, changements d'états d'esprit, mais aussi nouvelles menaces : d'après Sophie Primas, une des découvertes de la commission d'étude a été d'apprendre l'existence d'un commerce trans-frontalier frauduleux, permettant à des agriculteurs d'utiliser des produits chimiques interdits en France. « Une vraie économie souterraine est en train de se mettre en place », estime la sénatrice, qui cite la région du Sud Ouest. Face à cette réalité, les sénateurs appellent à davantage de coopération européenne et (Joël Labbé) à une harmonisation vers le haut, laquelle semble tout de même, au vu de la décision sur les néonicotinoïdes, improbable.

    En termes de calendrier national, l'échéance est désormais fixée à la fin de l'année 2013, pour l'examen au Parlement de la future loi d'avenir agricole. Une loi dans laquelle l'agroécologie pourrait figurer en bonne place, en tant qu'alternative aux pesticides : C'est en tout cas ce que laisse présager l'objectif du ministre de l'agriculture, Stéphane Le Foll de faire de la France « le leader européen de l'agroécologie".

      Thibault Lescuyer     © 2013 Novethic - Tous droits réservés


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  •  par Emmanuelle Vibert  (Clés)

    Lassés par la consommation à outrance, culpabilisés par la faim dans le monde, soucieux d'écologie... ils sont de plus en plus nombreux à traquer le gaspillage dans leurs gestes quotidiens.

    éprouver de la honte. Je le congèle et, un jour, il deviendra une meringue. »

    A-t-elle subi un grave traumatisme ? Pas du tout. Il lui est simplement arrivé la même chose qu’à beaucoup d’entre nous ces dernières années. Elle s’est mise à manger du quinoa, s’est inscrite dans une Amap, a pris l’habitude de trier ses déchets… Elle a rallié la culture bio qui gagne la société. Du coup, elle s’informe sur le sort de la planète et le contenu de son assiette. Et les chiffres du gaspillage alimentaire confrontés à ceux de la faim dans le monde la choquent : en France, 40 kilos d’aliments par habitant finissent à la poubelle chaque année, selon l’association France Nature Environnement ; un tiers de la nourriture produite pour la consommation humaine dans le monde est perdu, selon la FAO, l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (« Global Food Losses and Food Waste », 2011).

    Un vrai scandale, à la fois écologique, économique et moral, qui crée des vocations de chasseurs de gaspillage. Il y a la frange militante, les freegans – mélange de free, gratuit, et de vegan, végétalien radical. Le mouvement est né aux Etats-Unis et atteint l’Europe. Ses partisans ramassent leur nourriture dans les poubelles. Ils ne font pas partie des plus pauvres, mais ils condamnent la société de consommation, refusent le « système », y compris médiatique (ceux que j’ai contactés m’ont d’ailleurs claqué la porte au nez). Leurs positions sont extrêmes, mais le militantisme antigaspi prend une autre tournure. Il recrute dans toutes les couches de la société.

     

    Un cercle vertueux

    Amandine Geers voit débarquer ces nouveaux consommateurs dans ses cours de cuisine écolo-bio. « Quand j’ai commencé, en 2002, en Poitou-Charentes, je recevais surtout des femmes d’une cinquantaine d’années, issues d’un milieu rural. Eviter le gaspillage leur était naturel. Depuis 2006, je travaille à Paris. Mes ateliers sont depuis fréquentés par de jeunes parents qui veulent s’y mettre mais n’y connaissent pas grand-chose. Ils ont besoin de repères. » Ces récents convertis ont grandi dans des familles où l’on a désappris à cuisiner. Les plats tout prêts y étaient synonymes de progrès. Passer du temps à accommoder les restes ? A quoi bon, quand il était si simple de les jeter. Devenus adultes, ils veulent nourrir autrement leur progéniture.

    Entre deux recettes, Amandine leur livre des idées simples. « Avec les restes d’un repas, on peut faire une omelette, un cake salé. Eplucher les légumes ? C’est inutile quand ils sont bio et sans pesticides, c’est même dommage puisque la peau concentre une bonne partie des nutriments. Il suffit de les laver avec une brosse. Même le potimarron peut être cuit ou râpé cru et consommé avec sa peau. Et on peut manger les fanes des carottes et les tiges vertes des oignons : c’est économique, créatif et ludique. » La tempura d’épluchures d’Amandine, son velouté de cosses de fèves à la menthe ou ses tiges de betterave confites sont un régal. Elle a même consacré un livre de recettes à ce que d’autres jettent à la poubelle (« Je cuisine les fanes », Terre vivante, 2011).

     

    Shabnam Anvar est consultante en solutions durables. Cette Parisienne, qui a des origines américaines et iraniennes, est une vraie écolo enthousiaste. « Sortir du gaspillage, dit-elle, est un cercle vertueux. On commence par moins gaspiller la nourriture, puis son temps et les relations humaines infructueuses comme les réunions à répétition… Une fois qu’on a commencé à se poser des questions sur l’un des aspects de ce gaspillage, on continue sur le reste. » Elle fait du compost dans une boîte où grouillent des vers, placée sur le palier de son appartement (faute de jardin, d’autres choisissent le balcon ou même la cuisine), assure être de moins en moins un cas isolé : « Je constate un écœurement, un ras-le-bol généralisé de ce “toujours plus”. »

    Car les gestes verts progressent, avec un effet boule de neige. « Depuis quelques années, avance Sébastien Meineri, maître de conférence en psychologie sociale à l’université de Bretagne-Sud, les médias, les actions publiques, valorisent les comportements écolo, donnent des exemples de personnes “vertueuses”. Forcément, nous approuvons ces discours. Et quand on se déclare publiquement en faveur de certaines valeurs – contre le gaspillage en l’occurrence – on éprouve un inconfort psychologique à agir à l’inverse. » A jeter, même loin des regards, son pain rassis par exemple. Alors on passe à l’action. Et on convertit ses vieux croûtons en pudding, en pain perdu ou en chapelure.

    La question du gâchis de la nourriture n’est pas nouvelle, souligne par ailleurs le socio-anthropologue Jean-Pierre Poulain, « mais depuis deux ou trois ans, elle trouve un autre sens. La pauvreté augmente en France. On commence à voir des gens autour de nous qui éprouvent des difficultés à se nourrir. Pas des SDF, ni des marginaux en grande précarité, mais des personnes dans des situations sociales normales dont le budget alimentation devient trop étroit. Et même si nous ne sommes pas directement touchés par la crise, nous nous sentons plus concernés. Du coup, l’envie de s’organiser pour contrer le gaspillage se renforce ».

    A quoi ressemblent-ils, les chasseurs de gaspi capables de nous inspirer ? Certainement pas à des donneurs de leçons. Plutôt à des défricheurs qui proposent des solutions. L’Américain Hunter Halder, Portugais d’adoption, a lancé à Lisbonne l’association Re-Food. Avec plus de 150 volontaires, il récupère les restes des restaurants pour les offrir à ceux qui en ont besoin. Le Britannique Tristram Stuart, auteur d’un ouvrage de référence sur le sujet (« Waste », paru en 2009 au Royaume-Uni, non traduit en France), organise des banquets en plein cœur de Londres, baptisés « Feeding the 5 000 », où il offre à des milliers de personnes un curry de légumes récupérés.

     

    Disco salades et smartphone

    En France aussi des pionniers agissent. Ils ont par exemple l’énergie du chef cuisinier du collège de Poligny (Franche-Comté). Christophe Demangel a débuté sa carrière auprès de chefs étoilés. Mais la trentaine venue, il aspire à un rythme en accord avec sa vie de famille. En 2001, il se convertit en chef de cantine scolaire. « Attention, pas pour faire la tambouille ! » assure-t-il, mais pour y partager avec les 400 adolescents de l’établissement son culte des produits et de la bonne chère. Et pour y faire la chasse au gaspi. « Dans les cantines, un élève sur deux sort de table en ayant faim alors que 30 à 40 % des repas finissent à la poubelle. Il y a quelque chose qui cloche là-dedans, non ? » Alors, pour limiter les dégâts, il fouille les poubelles ! « On peut y voir ce que les enfants n’aiment pas et adapter les recettes, constater que les portions des steaks sont trop grandes et les réduire. » Christophe a aussi rédigé « Les dix commandements d’un élève engagé » : « 1) Tu ne diras pas “C’est dégueulasse” ; 2) Tu apprendras à goûter ; 3) Tu diras au chef de ne pas te servir si tu n’aimes pas ; 4) Tu n’auras pas les yeux plus gros que le ventre », etc.

    Caroline Delboy, elle, vient de créer des Disco Salades et des Disco Soupes. A 25 ans, elle vend de la publicité pour un site internet. Mais ce qui l’anime, c’est de rameuter ses amis via Facebook pour récupérer, sur les marchés parisiens ou à Rungis, des fruits et légumes destinés au rebut. Ensemble, ils épluchent et émincent au son d’un groupe de musique lui aussi invité à la fête. En mai dernier, ils ont planté leurs tréteaux place de la Bastille et distribué plus de 90 kilos de salade à 550 passants ravis, dont des enfants rétifs à la verdure. « J’ai découvert ce principe sur un marché à Berlin, raconte Caroline. Il y avait de la bonne musique, des légumes, des soupes géantes… »

    Paul-Adrien Menez, lui, est un passionné d’Internet. Encore étudiant dans une école d’ingénieurs à Brest, il vient, à 23 ans, de créer l’entreprise Zéro Gâchis. « J’ai fait un voyage en Australie avec presque rien, en mangeant seulement une fois par jour. Je me suis rendu compte qu’on n’avait pas besoin de grand-chose pour vivre. En rentrant, j’ai découvert les chiffres du gaspillage. Sur les 750 000 tonnes de produits invendus dans les supermarchés chaque année, seuls 10 % sont redistribués à des associations d’aide alimentaire. Le reste est jeté. »

    Son idée ? Créer une application pour smartphone qui signale les promos des supermarchés sur les produits proches de la date limite. Il a démarré au printemps dernier avec un Super U de Brest ; très vite, d’autres grandes surfaces se sont montrées intéressées. Paul-Adrien et les quatre camarades étudiants qui l’accompagnent ont le vent en poupe. Ils ont reçu un prix décerné à de jeunes entrepreneurs sociaux, noué des contacts en Australie, en Italie, au Canada… « Mais on ne court pas après le chiffre d’affaires. Notre objectif est d’abord de réduire le gaspillage de 5 000 tonnes d’ici à trois ans, tout en permettant aux consommateurs de faire des économies à hauteur de 10 millions d’euros. » Et comme Caroline, ils veulent le faire dans la bonne humeur. « On est en train de monter un réseau de Zéro Gâcheurs. On veut faire vivre une communauté autour de nos valeurs et organiser des événements comme des barbecues sur la plage. »

    « On peut trouver du plaisir à ne pas gaspiller, ressentir la satisfaction d’être dans le juste », analyse Sébastien Meineri. Etre en accord avec soi-même et la planète en servant un délicieux pudding de pain rassis à ses invités ? Pourquoi pas ! Pour cela, pas besoin de fouiller les poubelles. Il suffit d’avoir la main moins leste pour jeter.

     

    Le Gaspillage en chiffres

    89 millions de tonnes: C’est le volume des déchets alimentaires que nous produisons chaque année en Europe. 42 % proviennent des ménages, 39 % des industries agroalimentaires, 14 % de la restauration hors foyer, 5 % de la distribution.

     

    7 kilos de produits alimentaires non consommés et encore emballés sont jetés par chaque Français en un an.

     

    Près de la moitié des aliments encore sains sont gaspillés chaque année par les ménages et les supermarchés de l’UE, alors que 79 millions de citoyens européens vivent sous le seuil de pauvreté et que 16 millions dépendent de l’aide alimentaire.


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  •   REYKJAVIK - Leçons de la crise islandaise: laisser les banques faire faillite

    Publié le 7 novembre 2011.  20 Minutes.fr
    Un homme passe devant un distributeur automatique à Rejkjavik le 8 octobre 2008

    Un homme passe devant un distributeur automatique à Rejkjavik le 8 octobre 2008 Olivier Morin afp.com

    REYKJAVIK - Le spectaculaire rétablissement économique de l'Islande, au bord de la banqueroute il y a trois ans, enseigne qu'un gouvernement doit laisser les banques faire faillite plutôt que de s'attaquer au contribuable, relèvent des analystes.

    L'île de l'Atlantique nord a vu ses trois plus grandes banques s'effondrer à l'automne 2008 dans le sillage de la crise mondiale et de la faillite du géant financier américain Lehman Brothers.

    Les banques sont devenues insolvables en quelques semaines et Reykjavik n'a pas eu d'autre choix que de les laisser faire faillite et de demander une aide de 2,25 milliards de dollars au Fonds monétaire international (FMI).

    Après trois années de sévères mesures d'austérité, l'économie du pays montre aujourd'hui des signes de bonne santé malgré la crise financière qui menace désormais de faillite la Grèce puis l'Italie, le Portugal et l'Espagne.

    "L'enseignement qui peut être tiré de la sortie de crise par l'Islande c'est qu'il est important de faire supporter le moins possible le coût de la crise financière par le contribuable et par les finances du gouvernement", explique à l'AFP l'analyste Jon Bjarki Bentsson, de la banque Islandsbanki.

    "Cela a plutôt bien marché pour nous", remarque M. Bentsson, même si, dit-il, l'Islande n'avait pas vraiment d'autre choix, le gouvernement étant dans l'incapacité d'aider des banques démesurément grandes par rapport à l'économie du pays.

    Les actifs du secteur bancaire islandais étaient onze fois plus élevés que le produit intérieur brut (PIB) du pays.

    Le prix Nobel d'économie américain Paul Krugman partage l'avis de M. Bentsson.

    "Là où tous les autres ont renfloué les banques et laissé les citoyens en payer le prix, l'Islande a laissé les banques aller à la faillite et a, en fait, augmenté son filet de protection social", a-t-il récemment écrit dans le New York Times.

    "Là où tous les autres étaient occupés à essayer de rassurer les investisseurs internationaux, l'Islande a imposé temporairement des contrôles sur les mouvements de capitaux afin de se laisser une marge de manoeuvre", explique-t-il.

    Lors d'une récente visite à Reykjavik, Paul Krugman a aussi souligné que l'Islande devait remercier sa monnaie, la couronne, pour sa récupération économique.

    "Le rebond économique de l'Islande démontre les avantages d'être hors de la zone euro", a-t-il affirmé.

    Mais le cas islandais ne peut pas être directement comparé à ceux de la Grèce et de l'Italie.

    "La grande différence entre, notamment la Grèce, l'Italie aujourd'hui et l'Islande en 2008, c'est que cette dernière était frappée par une crise des banques causée par l'effondrement d'un secteur bancaire hypertrophié tandis que les autres pays sont affectés par une crise de la dette souveraine qui a débordé dans le secteur bancaire européen", explique M. Bentsson.

    "En réalité, dit-il, la situation de la dette en Islande était solide avant la crise".

    L'ancien Premier ministre islandais Geir Haarde, au pouvoir en 2008, poursuivi actuellement par une cour spéciale pour sa gestion de la crise, est convaincu que son gouvernement a bien réagi en laissant les banques aller à la faillite.

    "Nous avons sauvé le pays de la banqueroute", avait affirmé en juillet dernier à l'AFP M. Haarde, âgé de 68 ans.

    "C'est évident si vous observez notre situation maintenant et que vous la comparez à l'Irlande, sans parler de la Grèce", disait-il ajoutant que ces deux pays européens endettés "ont commis des erreurs que nous n'avons pas faites (...) Nous n'avons pas garanti les dettes extérieures du système bancaire".

    Trois ans après la crise, l'Islande se porte plutôt bien: pour la première moitié de 2011 elle a enregistré une croissance de 2,5% et elle table sur 3% pour l'ensemble de l'année.


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  •   Les incroyables leçons pour économistes que tire Olivier Blanchard de la crise financière 

     Alternatives Economiques (5 avril 2013) par Christian Chavagneux

    La crise financière incite l’économiste en chef du FMI à tirer cinq leçons pour les économistes. Des leçons révélatrices du désarroi de la réflexion économique actuelle. 

    La première leçon d’Olivier Blanchard devrait être inscrite au frontispice de toutes les universités : les économistes doivent faire preuve d’humilité. Ils croyaient jusqu’à la crise qu’ils « savaient », tout simplement, comment rendre le monde meilleur. La crise, comme toutes celles qui ont précédé, leur a appris que ce n’est pas vrai.

    Au cours des années 1980-1990 et début 2000, les économistes « savaient » en effet que plus on libéralisait la finance et plus on l’internationalisait, plus elle serait efficace. La crise s’est chargée de discréditer cette idée. Ils « savaient » aussi que l’austérité budgétaire impactait peu la croissance. Maintenant, les études du FMI démontrent l’inverse.

    L’histoire, rappelle Blanchard, aurait du rendre les économistes plus humbles. Sauf que les économistes n’ont plus de cours d’histoire ! Dans le numéro d’avril d’Alternatives Economiques, une enquête montre qu’en France les cours d’histoire des faits pèsent en moyenne 1,6 % de l’ensemble des enseignements de licence !

    La deuxième leçon paraît tout bonnement incroyable au non économiste : la théorie dominante de ces dernières décennies ne prenait tout simplement pas en compte la finance ! Le « secteur financier », quand il était incorporé dans les modèles, c’est-à-dire rarement, était considéré d’un bloc, sans hétérogénéité des acteurs (banques d’investissements, fonds spéculatifs, banques commerciales…) et sans se préoccuper une seconde de liens entre les acteurs. Sans même parler des modes de financement des banques, des risques pris, etc.
      Pour Blanchard, on ne pourra pas faire mieux en la matière ! Et donc accepter cette limite de la « science » économique.

    Troisième leçon : la mondialisation, ça compte ! On croit rêver, on se frotte les yeux : il a fallu la crise démarrée en 2007 pour qu’Olivier Blanchard, enseignant vedette du MIT et économiste en chef du FMI comprenne que l’étude des interrelations entre acteurs au niveau international « est devenue absolument essentiel » !!!!

    Quatrième leçon : on a compris que pour éviter les bulles de prix d’actifs, l’action de la banque centrale par les taux d’intérêt ne suffit pas. La surveillance des risques pris par les banques individuellement (la politique microprudentielle) non plus : il faut ajouter de nouveaux outils de politique macroprudentielle, pour surveiller les excès de crédit qui peuvent nourrir des bulles financières. Mais, se plaint Blanchard, ces outils fonctionnent mais pas beaucoup car les financiers trouvent toujours de moyens de les contourner.

    Il n’en appelle pas pour autant à travailler plus pour mieux comprendre le rôle des paradis fiscaux, non pas seulement en ce qu’ils nous privent de recettes fiscales, mais en ce qu’ils sont des territoires de prises de risques opaques. Il n’en appelle pas non plus à réfléchir à la nature des innovations financières pour déterminer celles qui peuvent être utiles et celles qui peuvent être source de risques systémiques. Blanchard est bien un pur macroéconomiste qui entre dans le corps de ses propres critiques : sa réflexion sur la finance est limitée.

    Enfin, dernière leçon : à partir du moment où on donne des outils aux banques centrales pour agir sur l’ensemble des conditions de crédit et pas seulement pour maitriser une inflation à 2 %, leur rôle politique s’accroît. Dans ces conditions, Blanchard a le courage de poser la question de l’indépendance des banques centrales : il est prêt à l’accepter sur la politique monétaire mais pas à laisser complètement indépendantes du pouvoir politique des institutions dotées d’autant de pouvoirs. Une saine réflexion d’économie politique.

    Au final, on reste quand même sidéré par les manques d’une réflexion économique qui a failli, depuis plusieurs décennies, à nous fournir les instruments de compréhension du monde et de prévention des crises.


    Christian Chavagneux est rédacteur en chef adjoint d’Alternatives Economiques et rédacteur en chef de la revue L’Economie politique. Il débat tous les samedis matins sur France Inter dans l’émission "On n’arrête pas l’éco". Il a obtenu le prix 2012 du meilleur article financier.

    Auparavant, il a travaillé comme chargé de mission à l’ex-Commissariat général du Plan, comme économiste à la Société Générale et comme chargé d’études à l’Agence française de développement. Il a enseigné plusieurs années à Sciences Po et à l’université Paris IX Dauphine.

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  • Je prépare mes potions pour le jardin ( Br. LAPOUGE-DEJEAN)

    2013    120 p.   12 €

      À partir de plantes très communes (ail, consoude, ortie, etc.) et de produits naturels et bon marché (argile, huile, savon noir, etc.), voire gratuits (marc de café, cendres, etc.), chaque jardinier peut préparer les potions nécessaires à l'entretien d'un beau jardin, sain et productif.
      Ces préparations (décoctions, purins, macérations, badigeons, pansements...) agissent, selon les cas, comme des stimulants, des fertilisants, des répulsifs, des insectifuges, des cicatrisants... Elles permettent de soigner en douceur les plantes potagères, fruitières ou à fleurs et les arbres.
      Les recettes, qui ont largement fait leurs preuves auprès de professionnels, sont simplissimes : il suffit de se lancer et de prendre plaisir à les expérimenter. Une nouvelle façon de jardiner, qui fait évoluer les habitudes et privilégier le préventif au curatif !

    Une bonne façon de faire des économies tout en préservant la planète.

      Brigitte Lapouge-Déjean jardinière en bio est auteure sur ce thème et collaboratrice du magazine Les 4 saisons du jardin bio.

      Serge Lapouge est paysagiste, passionné d'aménagements naturels et de photographies. Ensemble, ils ont créé les Jardins de l'Albarède, en Dordogne, classés jardins remarquables et prix «Coup de coeur» 2010 de l'Association des Journalistes du Jardin et de l'Horticulture (AJJH).

    Extrait de l'introduction

      L'engouement pour les jardins n'a jamais été aussi vif, tant à la ville qu'à la campagne, et nous sommes de plus en plus nombreux à rêver de verts jardins paradis, peuplés d'oiseaux, d'insectes, d'enfants... Pourtant des chiffres donnent à réfléchir. Les jardiniers utilisent encore près de 5 000 tonnes de pesticides par an. Cette démesure interpelle. Il faut bien admettre que certains lopins cachent de fort vilaines molécules prêtes à migrer dans nos assiettes, dans les sols, et jusque dans l'eau du robinet. Une campagne d'information a été lancée par le gouvernement pour en réduire progressivement la quantité de 50% d'ici 2018. Pour qui jardine bio, l'objectif paraît de peu d'ambition, car dans un jardin planté avec bon sens et entretenu en favorisant les équilibres naturels, a-t-on besoin d'un tel arsenal ?
      Dans le même temps et pour répondre à ces nouveaux enjeux, nous voyons s'élargir la gamme des produits de traitement biologiques. Ils sont généralement composés de substances simples, souvent emballés d'un packaging efficace. Certifiés sans danger pour notre environnement, censés rendre au jardin une santé florissante, peut-on dire qu'ils soient la panacée ? Pas toujours... et surtout, ils découragent souvent les jardiniers par leur prix, un frein pour changer de méthode de jardinage en période de crise. Ce livre s'inscrit à la croisée de vraies ambitions écologiques, en essayant de réduire au maximum les achats de produits de traitements, de fertilisants, de tous ces intrants dont des générations de jardiniers ont su se passer. L'idée étant de proposer un vaste choix de préparations bio adaptées à tous les cas de figure, sains et naturels à concocter soi-même pour quelques sous, voire carrément gratuites !
      Il vous invite à redécouvrir des préparations simples, souvent à base de plantes, mais aussi de produits basiques comme l'argile, la chaux, le bicarbonate, le savon noir... Certains produits de la vie courante trouvent un réemploi efficace au jardin : marc de café, petit-lait, cendres ne se jettent plus.

      Au fil des pages, vous découvrirez une soixantaine de recettes. Ne vous précipitez pas pour tout essayer, vous n'en avez pas forcément besoin ! 
      Commencez par utiliser ce que vous avez sous la main. Rien de difficile, le tout est de se lancer et de prendre plaisir à infuser des plantes ou à touiller de l'argile.
    Petit à petit, vous observerez les potions qui marchent le mieux, les plus adaptées chez vous à telle ou telle plante. En travaillant en amont sur la stimulation des végétaux à l'aide de préparations à base d'algues, de purins de plantes, de jus de compost, vous oublierez peu à peu l'idée de traitement curatif pour prendre simplement l'habitude de dynamiser et de fertiliser en douceur, dès le printemps. Loin des traitements lourds, vous découvrirez le pouvoir de l'infiniment petit, l'efficacité des biostimulants, des huiles essentielles, le petit coup de pouce d'une décoction de prêle, pour retrouver équilibre et harmonie au jardin.

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  •  Dalya Daoud  26 mars 2013   Rue 89 lyon

    Emprunts toxiques : comment le Rhône s’est décidé à menacer Dexia

    « Enfin ! » L’opposition au sein du conseil général du Rhône a montré sa satisfaction à entendre sa présidente, Danielle Chuzeville (UDI), proposer lors de la dernière séance publique l’éventualité de lancer bientôt une procédure judiciaire contre Dexia, banque auprès de laquelle près de 400 millions d’euros d’emprunts toxiques et très risqués ont été contractés entre 2006 et 2010.
     

    ©IAN LANGSDON/EPA/Maxppp

    Dans l’hémicycle souvent ronronnant du Département du Rhône, les emprunts toxiques étaient devenus la (très petite) épine dans le pied du président Michel Mercier (UDI), désormais remplacé par Danielle Chuzeville. Quelque peu remué par des socialistes tout à coup éveillés à leur travail d’opposition, il avait toujours minimisé l’impact des 400 millions d’euros d’emprunts contractés auprès de Dexia la sulfureuse.

    Des prêts dits toxiques, dont les intérêts à rembourser dépendent de façon très risquée de la variation des taux de change de différentes monnaies (celui du dollar américain par rapport au yen japonais ; ou encore de l’euro par rapport au franc suisse ; ou mieux, les deux combinés).

    Michel Mercier avait jusque là esquivé les explications, portant notamment sur les intérêts à payer à partir de 2015 (date qui devait marquer le début des variations), prétextant une négociation en cours avec la banque.

    Désormais, la perspective d’une procédure judiciaire lancée contre Dexia, annoncée vendredi dernier par la présidente du conseil général, l’oblige à la transparence.

    « Beaucoup de bruit » pour 362 millions d’euros

    Au 1er janvier, l’encours de la dette totale du Rhône se chiffrait à 757 millions d’euros, les emprunts structurés ou toxiques s’élevant eux à 362 millions d’euros, représentant donc 48 % de l’ensemble de la dette. Max Vincent, rapporteur du budget, affirme toujours que le Rhône « reste un département faiblement endetté », capable de rembourser. Et il donne désormais les chiffres en haussant vaguement les épaules :

    « On a fait beaucoup de bruit pour rien. Le président a toujours dit qu’il se réservait le droit, le moment venu, de lancer une procédure contre Dexia. Tant que l’on pouvait négocier et sécuriser la dette à des taux raisonnables, on l’a fait.

    C’était beaucoup plus avantageux. On n’est quand même jamais sûrs d’une décision de justice, il faut que vous vous mettiez ça dans la tête ! Là, c’est vrai, on arrive dans une impasse avec Dexia, alors on va sans doute attaquer, oui. »

    Des négociations…

    En effet, le Département a négocié avec Dexia : 70 millions d’euros sont définitivement sécurisés à des taux fixes, allant de 4,39% à 5,5%. Des taux relativement élevés par rapport à ce qui se pratique à ce jour, mais évidemment moins risqués que ceux dépendants des variations de taux de change aléatoires. Ensuite, ce sont 91 millions d’euros de cette dette qui ont été en 2012 sécurisés au taux de 5,5%, mais uniquement pour trois ans. En 2015, la règle de la variation s’appliquerait de nouveau.

    Max Vincent semble toutefois satisfait :

    « Stratégiquement, on a bien fait. Il faut quand même voir qu’on n’a quasiment rien payé en intérêt jusque là ! »

    Ce qui n’est pas tout à fait exact, puisque les négociations ne se sont pas faites sans indemnités payées par le Département. Deux collectifs d’habitants du département, proche des partis de gauche, avaient eux aussi révélé quelques chiffres à la presse, en amont de la séance publique de vendredi.

    Après avoir saisi la commission d’accès aux documents administratifs (CADA) pour obtenir les informations que le Département rechignait à leur fournir, ces personnes réunies en « collectif pour un audit citoyen de la dette publique » ont noté que la part des emprunts structurés dans la dette globale avait chuté par rapport à 2008 -année où ils en ont composé la majeure partie, plus de 95%. Mais elles se sont alarmées des indemnités versées à Dexia, en contrepartie de la sécurisation de certains emprunts : plus de 35 millions d’euros.

    … et un coup de pression

    Max Vincent calcule qu’il reste encore une somme avoisinant les 200 millions d’euros de dettes, à négocier avec Dexia. Et assume volontiers le coup de pression mis sur la banque. La menace de la procédure doit servir encore à négocier :

    « Si un accord est trouvé, tout le monde sera content d’éviter le contentieux ».

    Mais si rien n’est obtenu dans les prochaines semaines, le Rhône promet donc d’entamer la procédure, avant la date du 19 juin, date à laquelle son action serait prescrite.

    Le département de la Seine-Saint-Denis a récemment gagné sa procédure lancée contre Dexia. De quoi motiver, peut-être, le Rhône. La banque n’en a donc pas fini avec les collectivités qui l’accusent de « défaut d’information » : Maurice Vincent, maire PS de Saint-Etienne, a emboîté le pas au Rhône en annonçant vouloir entamer également une procédure.


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