• La pensée en otage (Aude LANCELIN)

                                                                2018       110 p.    10 €

       "On peut éteindre peu à peu le caractère authentiquement démocratique d'un système d'information sans toucher aux apparences. C'est la situation que vit la France, où le CAC 40 a massivement racheté les médias, imposant une idéologie de la "neutralité" mortifère, propulsant sur le devant de la scène ses valets intellectuels, dévastant l'esprit public. Toutes sortes de mensonges, de pseudo-évidences et de mythes consolateurs empêchent les gens de prendre conscience de la gravité de ces manoeuvres. Il est urgent de démasquer celles-ci pour que tous s'emparent enfin de la situation."

       Aude Lancelin, spécialiste de la vie des idées, a été directrice adjointe des rédactions de Marianne et de L'Obs avant d'en être brutalement licenciée. Evènement marquant qui inspirera son ouvrage.

      -Le monde libre (éditions LLL), prix Renaudot essai 2016.


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  • 2018      240 p.      18 €

       «  La dette publique est un danger pour les générations futures  », «  La France n’a pas fait de réformes depuis plus de trente ans  », «  Notre modèle social est inefficace  », «  Le Code du travail empêche les entreprises d’embaucher  », «  Une autre politique économique, c’est finir comme le Venezuela  »  ; telles sont les affirmations ressassées en boucle depuis plus de trente ans par une petite élite bien à l’abri de ce qu’elle prétend nécessaire d’infliger au reste de la population pour sauver la France.
      Ces idées ont tellement pénétré les esprits qu’elles ne semblent plus pouvoir faire l’objet du moindre débat. C’est justement l’objet de ce livre  : regagner la bataille des idées, refuser ce qui peut paraître du bon sens, tordre le cou à ces prétendues «  vérités économiques  ».
       Savez-vous qu’il y a eu plus de 165 réformes relatives au marché du travail depuis 2000 en France  ? Que nous avons déjà connu une dette publique représentant 200  % du PIB ? Que plus de la moitié de la dépense publique profite au secteur privé  ?
      Dans ce traité d’économie hérétique, Thomas Porcher nous offre une contre-argumentation précieuse pour ne plus accepter comme une fatalité ce que nous propose le discours dominant.
     
       Thomas Porcher est économiste. Membre des Économistes atterrés, docteur en économie à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne, il est professeur associé à la Paris School of Business. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages notamment

       -Introduction inquiète à la Macron-économie (Les petits matins)

    et de publications dans des revues académiques internationales.


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  •  (Julia CAGE)

    Fayard    2018     464 p.      23 €

        Une personne, une voix  : la démocratie repose sur une promesse d’égalité qui trop souvent vient se fracasser sur le mur de l’argent. Financement des campagnes, dons aux partis politiques, prise de contrôle des médias  : depuis des décennies, le jeu démocratique est de plus en plus capturé par les intérêts privés.
    Se fondant sur une étude inédite des financements politiques privés et publics dans une dizaine de pays sur plus de cinquante ans, Julia Cagé passe au scalpel l’état de la démocratie, décortique les modèles nationaux, et fait le récit des tentatives –  souvent infructueuses, mais toujours instructives  – de régulation des relations entre argent et politique.
       Aux États-Unis, où toute la régulation de la démocratie a été balayée par idéologie, le personnel politique ne répond plus qu’aux préférences des plus favorisés. En France, l’État a mis en place un système de réductions fiscales permettant aux plus riches de se voir rembourser la plus grande partie de leurs dons aux partis politiques, alors que les plus pauvres, eux, paient plein pot.
       Ces dérives ne viennent pas d’un complot savamment orchestré mais de notre manque collectif d’implication. La question du financement de la démocratie n’a jamais véritablement été posée  ; celle de la représentation des classes populaires doit l’être sur un mode plus radical. Pour sortir de l’impasse, voici des propositions qui révolutionnent la façon de penser la politique, des réformes innovantes pour une démocratie retrouvée.
     
       Ancienne élève de l’Ecole normale supérieure et de l’Université Harvard, Julia Cagé est professeure d’économie à Sciences Po Paris. Elle a publié
       -Sauver les médias. Capitalisme, financement participatif et démocratie (Le Seuil, 2015).
     

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  •  Julia Cagé Professeure d’économie à Sciences Po Paris

    https://www.alternatives-economiques.fr//julia-cage

    Economiste, spécialiste des médias, Julia Cagé vient de publier Le prix de la démocratie aux éditions Fayard. L’auteure y pointe le désengagement de l’Etat qui finance de moins en moins la vie politique et la place croissante des dons privés aux partis. Une manne versée par les plus riches qui détermine ensuite les politiques fiscales menées par la majorité au pouvoir. Un véritable danger pour la démocratie. 

    Abstention, « dégagisme », populisme : on assiste un peu partout à un épuisement de la démocratie. Vous insistez sur le rôle du financement de la vie politique dans ce désamour

    Oui, celui-ci est lié en bonne partie au fait que le financement de la vie politique est monopolisé par les plus riches.Très peu de gens participent en réalité à ce financement : en France, 290 000 personnes seulement déclarent donner de l’argent aux partis politiques, 0,79 % des Français adultes. Mais parmi le 0,01 % des Français aux revenus les plus élevés, cette proportion atteint 10 %. Et ces Français parmi le 0,01 % des plus riches donnent en moyenne 5 200 euros par an aux partis, c’est-à-dire quasiment le plafond légal de 7 500 euros. Sans plafond, ils donneraient sans doute beaucoup plus encore, comme on le constate aux Etats-Unis.

    A lire Les dossiers n°15 - 09/2018

    Julia Cagé : « la démocratie ne doit plus être à vendre »

        De plus, ces dons des citoyens riches vont sans surprise très majoritairement aux partis les plus conservateurs, notamment sur le plan économique. Dans le cas de la France, ce phénomène est particulièrement frappant : en 2016, le parti socialiste avait touché 676 000 euros de dons, la République en marche, qui venait tout juste d’être créée, en a reçu 4,9 millions, et les Républicains 7,45 millions. Ce déséquilibre joue évidemment un rôle important puisqu’une campagne électorale coûte cher… Ce qui pousse les hommes et les femmes politiques à abandonner la course aux voix citoyennes pour privilégier plutôt celle aux donateurs privés.

       La régulation du financement politique ne change-t-elle pas la donne ?

       Il vaut évidemment mieux réguler que de ne pas réguler. Aux Etats-Unis, l’argent privé joue un rôle encore plus important qu’en France et les élections y coûtent aussi beaucoup plus cher. En 2016, l’élection présidentielle américaine a mobilisé 1,5 milliard de dollars de la part des candidats et de leurs comités de soutien, plus 3 milliards pour les super political action committees (PAC)1, soit 4,5 milliards de dollars au total. Dans les démocraties régulées, on n’atteint pas de tels montants.

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  •  Congo 1905: le rapport Braza... (Vincent BAILLY, Tristan THIL )

                                                                Futuropolis, 2018, 144 p., 20 €

       Pierre Savorgnan de Brazza, Pietro de son nom originel puisqu’il est un Italien naturalisé français, est un marin colonisateur qui mettra l’actuel Congo sous domination française à la fin du XIXe siècle. Il est connu pour préférer la diplomatie à la violence et, promu commissaire général du Congo français, instaure un régime aussi respectueux que possible pour l’époque des indigènes. Dénigré par des intérêts économiques qui entendent faire du territoire un lieu de profits fondé sur l’exploitation des populations, il est obligé de quitter son poste. La violence des exactions françaises finit par provoquer un débat à l’Assemblée et, en 1905, le gouvernement envoie Brazza enquêter sur place.

       Il n’en reviendra pas, emporté par les fièvres. Mais il a eu le temps de terminer son rapport dénonçant les pratiques abusives des entreprises françaises. Le texte est enterré et c’est l’historienne Catherine Coquery-Vidrovicth qui finit par remettre récemment la main dessus au milieu d’une source nombreuse de documents et de témoignages. Cette belle et passionnante bande dessinée raconte l’affaire qui a suscité le débat parlementaire, l’enquête et la mort de Brazza. Une histoire pour découvrir un homme et s’immerger dans la France coloniale.

       Un récit de Tristan Thil. Dessin de Vincent Bailly


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  • La monnaie...(Les Economistes atterrés)

                                            Coll. Points Economie, Seuil, 2018, 236 p., 8,30 €

      La monnaie joue un rôle clé dans nos sociétés. A côté de l’absence de réflexion sur le sujet de l’économie dominante, des travaux existent qui permettent de comprendre sa nature, son rôle et comment elle peut être source de développement et de crises. Ces travaux sont nombreux et souvent complexes, il manquait une présentation synthétique et plus abordable de ces idées : c’est maintenant chose faite grâce à ce petit livre.

       Comme l’indique le sous-titre, la monnaie est un enjeu politique, chacun des chapitres en est une illustration. Signe de lien social, la monnaie est également un instrument de pouvoir dans la société. Son acceptation repose sur la fameuse « confiance » dont les différentes dimensions sont explicitées clairement. Le rôle des banques dans la création monétaire est ensuite expliqué et le poids que jouent les besoins de crédit de l’économie dans sa détermination (avec une explication des notions de multiplicateur monétaire et de diviseur de crédits).

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  •  Les industries du futur (Alec ROSS)

    FYP Editions, 2018, 328 p., 22 €

      L’ancien conseiller de Barack Obama sur les questions d’innovation nous donne le tournis par sa description du monde qui nous attend bientôt, dans une dizaine d’années. Une économie transformée mais pas forcément rêvée car, contrairement à de nombreux livres du genre, Alec Ross ne manque jamais de pointer la face sombre des évolutions technologiques en cours.

      Parmi les industries du futur, il y a la robotique. Toyota et Honda en sont les fers de lance au Japon. Les deux firmes utilisent leurs compétences en génie mécanique pour produire des robots aides-soignants destinés à une population rapidement vieillissante. Connectés en permanence, ils apprennent vite des autres robots, avec des corps en silicone ou en soie d’araignée, ils présentent un aspect humain étonnant. Leur développement, comme celui des voitures autonomes ou des drones, dépend désormais plus de notre acception sociale que des questions techniques. Les robots sont également présents dans les salles d’opération pour de la chirurgie complexe (aujourd’hui, on note encore beaucoup de blessures ou de décès). Beaucoup de métiers vont disparaître, Panasonic met sur le marché un shampouineur à 24 doigts, des robots remplacent déjà des serveurs dans les cafés.

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  •  Hypercapitalisme... (Larry GONICK, Tim KASSER)

                                                                       Seuil – Delcourt, 2018, 240 p., 23,95 €

    La bande dessinée s’est emparée des questions économiques et c’est tant mieux ! Elle contribue à rendre lisible et même passionnante une matière austère, comme le démontre ce nouvel album très réussi. On y plonge dans les ressorts de ce que les auteurs ont baptisé d’hypercapitalisme, ce qui correspond à leurs yeux au capitalisme contemporain mais que l’on assimilerait plutôt en Europe au capitalisme libéral le plus débridé. Ils nous décrivent ses mécanismes mais aussi les valeurs sociales qu’il porte et qui s’insinuent dans la vie quotidienne. Une approche critique et pédagogique.

    Avant de se préoccuper de sa version hyper, les auteurs posent les bases de l’innovation économique et sociale qu’a représentée le capitalisme. On rencontre ainsi l’entrepreneur, le salarié, le consommateur et l’Etat, acteur utile et nécessaire au développement du libéralisme. On entre ensuite dans la dynamique de la gouvernance d’entreprise, du petit entrepreneur à la multinationale obéissant aux règles de maximisation de la valeur actionnariale. Sans oublier un premier constat : le capitalisme porte de valeurs matérialistes qui dominent celles de solidarité ou de société.

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  • Histoire du paradis fiscal suisse (Chistophe FARQUET)

    Sciences Po Les Presses, 2018, 324 p., 26 €

       Cela fait plusieurs années que l’historien Chistophe Farquet publie régulièrement ses analyses sur l’histoire de son pays comme paradis fiscal. Ce livre est l’aboutissement de son travail, un texte dense qui retrace du XIXe siècle aux années 1980 la dynamique particulière de ce centre financier mis au service de l’opacité depuis plus d’un siècle. Plutôt que de résumer les différentes phases présentées dans l’ouvrage, on est tenté d’en tirer plusieurs leçons.

      D’abord, l’optimisation fiscale agressive est autant un marché d’offre que de demande. Lorsque la finance est en panne ou bien contrôlée, lorsque les fortunes se détruisent, les flux de capitaux à destination des paradis fiscaux se réduisent. Mais la qualité, si l’on peut dire, de l’offre suisse d’opacité lui a permis de toujours bien s’en sortir. Ajoutons que les Pays-Bas reviennent également souvent, c’est le pays oublié aux pratiques fiscales douteuses visiblement de longues dates.

      Ensuite, le pays a pu d’autant pu vivre longtemps comme un parasite fiscal qu’il a rencontré peu d’opposition. Les différentes tentatives de remise en cause sont bien analysées dans le livre : on comprend que leur échec a tenu à l’absence de véritables attaques. Les intérêts privés qui utilisent la Suisse ont pris sa défense comme les banquiers locaux. Mais les gouvernements n’ont pas toujours été à la pointe du combat : tant que l’on pouvait récupérer l’argent en empruntant sur le marché suisse, pourquoi se battre pour un résultat incertain ? Surtout lorsque l’Ambassadeur de Suisse en France constate en 1962 combien une partie des élites politiques utilise le secret bancaire… Enfin, on est surpris de constater combien la Suisse et d’autres territoires du même genre jouent un rôle clé depuis le début du XXe siècle. Après la lecture de ce livre, écrire une histoire économique du siècle passé et du nôtre sans analyser leur rôle ressort d’une incroyable myopie.


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  •  Des machines, des plateformes et des foules (E. BRYNJOlFSSON, A. McAFEE )

    Odile Jacob, 2018, 378 p., 27,90 €

    La révolution numérique n’en est qu’à ses débuts. Si elle a déjà des conséquences sur le fonctionnement des économies, ce n’est rien par rapport à ce qui nous attend. Telle est la thèse développée par deux experts du MIT, connus pour leur fascination pour la technologie mais qui nous livrent néanmoins un livre passionnant.

    Débarrassons-nous d’emblée de la deuxième partie du livre, celle consacrée aux plates-formes, le sujet est archi-rebattu et on apprend peu. Le début de l’ouvrage consacré aux machines de plus en plus intelligentes est passionnant. Grâce à l’exploitation des données, les machines arrivent à des jugements plus pertinents que les humains car elles évitent les biais cognitifs et les erreurs d’intuition. Pour autant, les humains conservent des avantages : une ouverture aux informations nouvelles et du bon sens, ce qui manque aux machines. Plutôt que d’implanter des capacités numériques dans les humains, l’avenir consistera sûrement à mettre du jugement humain dans les algorithmes qui gèrent déjà seuls des flottes de camions, la traite des vaches ou la pulvérisation des cultures ou bien s’insinuent dans le domaine de la création artistique (musique, peinture…).

    La partie de l’ouvrage la plus fascinante est la dernière, consacrée à l’intelligence des foules que le numérique permet de mobiliser. On en a un exemple avec Linux, le système d’exploitation Linux. Mais aussi avec le séquençage du génome des globules blancs : un appel général a rapporté des solutions plus rapides et moins chères que ce que préconisaient les spécialistes du sujet. Les deux auteurs donnent les conditions pour que la foule soit utilisée à bon escient : une ouverture la plus large possible en termes d’expérience des participants, l’acceptation de non spécialistes, un bon protocole de vérifiabilité des apports, la proposition de résultats clairs et un mélange d’auto organisation et de hiérarchie.

    Quelles sont les compétences nécessaires pour naviguer dans ce monde numérique ? Être un geek ou bien, et surtout, disposer de compétences en relations humaines. Car l’économie numérique réclame beaucoup de coordination de personnes différentes, car le contact humain est toujours nécessaire, car les humains aiment travailler ensemble.

    Le futur n’est pas écrit. Le numérique peut concentrer les richesses ou distribuer la prospérité, favoriser le secret ou l’ouverture. A nous de le bâtir.

    Andrew McAfee dirige la recherche scientifique du Center for Digital Business du MIT.


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  • Climat : 200 personnalités lancent un appel face au "plus grand défi de l'humanité"

    Réunies par l'actrice Juliette Binoche et l'astrophysicien Aurélien Barreau, elles

     200 personnalités lancent un appel .....

      réclament une action politique "ferme et immédiate"   face au changement climatique.

       Par L'Obs

       Publié le 03 septembre 2018 à 12h41

      Alain Delon, Patti Smith, Josiane Balasko, Pedro Almodovar, Jude Law, Ibrahim Maalouf, Antoine de Caunes... Quelques jours après la fracassante démission de Nicolas Hulot, qui ne voulait "plus se mentir", 200 personnalités du cinéma, de la musique et du monde de la physique, réunies par l'actrice Juliette Binoche et l'astrophysicien Aurélien Barrau, signent un appel à une action politique "ferme et immédiate" face au "plus grand défi de l'histoire de l'humanité" : le changement climatique.

    "Il est temps d'être sérieux", écrivent les signataires dans une tribune publiée par "le Monde". 

    "Nous vivons un cataclysme planétaire. Réchauffement climatique, diminution drastique des espaces de vie, effondrement de la biodiversité, pollution profonde des sols, de l'eau et de l'air, déforestation rapide : tous les indicateurs sont alarmants. Au rythme actuel, dans quelques décennies, il ne restera presque plus rien. Les humains et la plupart des espèces vivantes sont en situation critique."

    Un appel de plus, nécessaire face à l'urgence :

    "L'effondrement est en cours. La sixième extinction massive se déroule à une vitesse sans précédent."

    Son objectif : faire pression sur la classe politique : "Nous considérons donc que toute action politique qui ne ferait pas de la lutte contre ce cataclysme sa priorité concrète, annoncée et assumée, ne serait plus crédible. Nous considérons qu'un gouvernement qui ne ferait pas du sauvetage de ce qui peut encore l'être son objectif premier et revendiqué ne saurait être pris au sérieux."

    Et de conclure, lapidaire :

    "De très nombreux autres combats sont légitimes. Mais si celui-ci est perdu, aucun ne pourra plus être mené."

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  • Les chiens de garde (Serge HALIMI )

                                                            2005    155 p.   8 €  en Poche 
    Nouvelle édition actualisée et augmentée  Serge Halimi

      Quel point commun y a-t-il, selon Serge Halimi, entre Michel Field, Claire Chazal, Alain Duhamel, Jean-Marie Cavada et PPDA ? La même révérence devant leur patron, les grands groupes tels Bouygues, Havas ou Matra-Hachette, la même révérence devant l'argent et le pouvoir politico-industriel, les mêmes pratiques. Maintenir à distance certains sujets pour mieux en matraquer d'autres, désinformer, moins par volonté de manipuler que par paresse et par reddition devant l'idéologie néolibérale dominante, c'est le credo des nouveaux chiens de garde. La collusion entre les intérêts des propriétaires de la presse française et le trust des trente journalistes qui en tiennent les rênes à coup de présence incessante, d'info-marchandise, de renvois d'ascenseurs et flagorneries de courtisans, sape l'indépendance des journalistes, fragilisés par la crainte du chômage.

    "Des médias de plus en plus présents, des journalistes de plus en plus dociles, une information de plus en plus médiocre", une sentence qui résume bien l'esprit de l'auteur qui, avec les résistants contre la pensée unique, hier Paul Nizan, aujourd'hui Chomsky, signe un plaidoyer lapidaire pour la dissidence intellectuelle. --Anne Barrat 

    Les médias français se proclament " contre-pouvoir". Mais la presse écrite et audiovisuelle est dominée par un journalisme de révérence, par des groupes industriels et financiers, par une pensée de marché, par des réseaux de connivence. Alors, dans un périmètre idéologique minuscule, se multiplient les informations oubliées, les intervenants permanents, les notoriétés indues, les affrontements factices, les services réciproques. Un petit groupe de journalistes omniprésents - et dont le pouvoir est conforté par la loi du silence - impose sa définition de l'information-marchandise à une profession de plus en plus fragilisée par la crainte du chômage. Ces appariteurs de l'ordre sont les nouveaux chiens de garde de notre système économique.
      
       Il existe un film tiré de ce livre: Les nouveaux chiens de garde. A voir absolument si vous en avez l'occasion.
    Pourquoi ne pas le faire venir dans le cadre d'un ciné-club.....
     

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  • L'opinion ça se travaille (Paul NIZAN)

                                                             2014       272 p.    10 €  

        " Traitement exemplaire " et " On a tiré toutes les leçons de nos erreurs passées " constituent les formules sous lesquelles les médias travestissent leur travail en temps de guerre. D'un conflit à l'autre, le parallélisme des expressions laisse en effet songeur : " On a tiré toutes les leçons de la guerre du Golfe, où on n'avait pas assez conceptualisé l'image ", estima ainsi Etienne Mougeotte. Le vice-président de TF1 oubliait seulement que ces " leçons " avaient déjà été tirées au moment de la guerre du Kosovo... puis de celle d'Afghanistan.
      Exemples à l'appui, ce livre rappelle comment les médias ont broyé l'information du public tout au long des quinze dernières années - et continuent de le faire.
      Ce qu'il décrit, loin de constituer une collection d'exceptions, est devenu la règle ; pas un dérapage, la norme.

      Serge Halimi et Dominique Vidal sont journalistes au Monde diplomatique;

     Henri Maler co-anime l'association Acrimed (Action-Critique-Médias).


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  • 2012     182 p.    8 € en Poche 

    Les Chiens de garde est un essai de Paul Nizan paru en 1932.

      L'actualité des Chiens de garde, nous aurions préféré ne pas en éprouver la robuste fraîcheur.

      Nous aurions aimé qu'un même côté de la barricade cessât de réunir penseurs de métier et bâtisseurs de ruines.   Nous aurions voulu que la dissidence fût devenue à ce point contagieuse que l'invocation de Nizan au sursaut et à la résistance en parût presque inutile. Car nous continuons à vouloir un autre monde. L'entreprise nous dépasse ? Notre insuffisance épuise notre persévérance ?
      Souvenons-nous alors de ce passage par lequel Sartre a résumé l'appel aux armes de son vieux camarade : "Il peut dire aux uns : vous mourez de modestie, osez désirer, soyez insatiables, ne rougissez pas de vouloir la lune : il nous la faut.

      Et aux autres : dirigez votre rage sur ceux qui l'ont provoquée, n'essayez pas d'échapper à votre mal, cherchez ses causes et cassez-les." Serge Hamili Extrait de la préface.

      Il s'agit d'un essai pamphlétaire dirigé contre quelques-uns des philosophes français les plus connus de l'époque – notamment Bergson, Émile Boutroux, Brunschvicg, Lalande, Marcel, Maritain. Pour Paul Nizan, lui-même alors jeune philosophe communiste, ces penseurs incarnent une « philosophie idéaliste », en ce sens que tous ne font qu'énoncer des vérités sur l'homme en général, et de ce fait ne tiennent aucunement compte du réel quotidien auquel chaque homme en particulier se trouve confronté : la misère matérielle, la maladie, le chômage, les guerres, etc. Pour l'auteur, qui fonde son argument en s'appuyant sur la notion marxiste de lutte des classes, ces philosophes n'ont d'autre but, au fond, que de justifier et de perpétuer les valeurs morales et socio-économiques de la classe bourgeoise. Selon lui, leur idéalisme leur interdit toute analyse de l'exploitation de la classe prolétarienne par la bourgeoisie.

    Le livre se clôt par un appel aux jeunes générations de philosophes à lutter contre la bourgeoisie et ses « chiens de garde » que sont, pour Paul Nizan, les penseurs en question, et à mettre la réflexion philosophique au service du prolétariat.    Paul-Yves Nizan (né le 7 février 1905 à Tours et mort le 23 mai 1940 à Recques-sur-Hem dans le Pas-de-Calais) est un romancier, philosophe, et journaliste français

     


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