• Climat (Bertrand DASSONVILLE)

    2012   129 p.  15 €  

       Selon certaines observations, si une grenouille est plongée dans l'eau bouillante, elle saute instinctivement de la casserole. En revanche, si elle est plongée dans une casserole d'eau froide, et que la température de l'eau augmente très progressivement, elle ne sent pas le danger et finit par mourir ébouillantée. Reprise notamment par Al Gore, Prix Nobel de la Paix 2007, dans son film « Une vérité qui dérange », cette allégorie de la grenouille est souvent utilisée pour illustrer le comportement de l'Homme face au réchauffement climatique.
      Depuis près de quinze ans, Bertrand Dassonville s'intéresse à ces questions. Il nous livre ici une approche raisonnée de la question climatique. Après un état des lieux du changement climatique, l'auteur s'intéresse aux différents types d'émissions et aux conséquences du réchauffement climatique, avant d'établir le lien entre le climat, la météo, et notre vie quotidienne. Cet ouvrage s'adresse aux dirigeants, à la communauté éducative, mais également à tous les publics. Vision indispensable pour l'honnête homme du 21ème siècle qui souhaiterait comprendre pour agir.
     
      Depuis près de quinze ans, Bertrand Dassonville sintéresse à ces questions. Il nous livre ici une approche raisonnée de la question climatique. Après un état des lieux du changement climatique, l'auteur s'intéresse aux différents types d'émissions et aux conséquences du réchauffement climatique, avant détablir le lien entre le climat, la météo, et notre vie quotidienne.

    Extrait       Préambule

    La question du climat est restée, jusque dans les années 80, du domaine des chercheurs et des experts. Ainsi, la Conférence de Stockholm (1972) reste-t-elle limitée à l'environnement. Aux États-Unis, en 1979, la Maison-Blanche commande à l'Académie des sciences américaine un rapport sur une possible interférence des activités humaines sur le climat ; ce sera le rapport Charney. Mais il faudra attendre le Sommet de la Terre de Rio (1992), pour que le changement climatique commence à investir le champ de la politique internationale, avant de devenir le sujet de société que nous connaissons aujourd'hui. Il y aura alors bien des péripéties, dont nous ne sommes pas encore tout à fait sortis. Il est vrai que les enjeux sont considérables ; ils touchent la biodiversité et les écosystèmes, le cadre de vie en société, les questions sanitaires, l'économie et la finance, la géopolitique qui voit s'affronter les États, et pour finir notre quotidien : en somme ils remettent en cause nos modèles de production et de consommation.

    C'est un sujet qui divise : si le réchauffement aujourd'hui n'est plus contesté, ce qui fait débat est son attribution et la part de l'homme dans cette affaire ; car s'il n'est pas le responsable, alors autant continuer comme si de rien n'était... Il y a là un espace dans lequel s'engouffrent les climato-sceptiques. Mais, si c'est l'homme, alors le réchauffement vient nous toucher au plus près : emploi, pouvoir d'achat, santé, loisirs, culture... sont concernés. Vient alors la deuxième question qui fait débat : celle des conséquences d'un réchauffement qui, quelles qu'en soient les causes, pointe à l'horizon. Quelle attitude adopter quand on actionne le principe de prévention ? Cette question ne sera qu'effleurée ; elle relève en effet des réponses qu'il s'agira de trouver en termes non seulement d'atténuation mais aussi d'adaptation face au réchauffement qui est perçu aujourd'hui comme inéluctable.

    Dans ce qui suit, nous chercherons d'abord à comprendre le changement climatique qui s'amorce, puis nous tenterons d'en dégager les causes, avant d'en évoquer les conséquences et de nous interroger enfin sur notre capacité à y faire face.
     

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  • 2007   92 p.   9,20 €

      Peu à peu se fait jour l'idée que le communisme serait la cause initiale de tous les crimes du XXe siècle. Pour les tenants d'une histoire réactionnaire, le génocide de "race" initié par les nazis ne serait qu'une réponse au génocide de "classe" lancé par les bolcheviques. L'auteur démontre que les germes des massacres du XXe siècle, étaient pourtant bel et bien présents bien avant Octobre 17. Contre les faussaires de l'histoire, Losurdo révèle à quel point le colonialisme fut une véritable école du crime de masse pour les nazis comme pour la plupart des pays libéraux de tradition démocratique. On pense à l'exemple saisissant d'Hitler fasciné par les massacres d'indiens par les américains. L'originalité du livre est de dénoncer le discours hypocrite qui compare les crimes du communisme aux déclarations de principe de la démocratie libérale, en ignorant la pratique de cette dernière. Il s'amuse à inverser le processus. Un exercice salvateur pour s'armer contre toutes les manipulations idéologiques de l'histoire.
      Professeur d'histoire de la philosophie à l'Université d'Urbino, Domenico Losurdo est notamment l'auteur de
      -"Révisionnisme en histoire, problèmes et mythes" (Albin Michel),
     -"Hegel et la catastrophe allemande" (Albin Michel),
     -"Fuir l'histoire" (Temps des cerises)

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  • Une contre-histoire du libéralisme (Domenico LOSURDO)

    2013    390 p.    25 € 

      Ce livre diffère des précédentes histoires du libéralisme parce qu’il cherche, d’abord, à reconstituer une histoire dont l’objet n’est pas la pensée libérale dans sa pureté abstraite (même s’il en est évidemment question), mais le libéralisme en tant que mouvement, et les sociétés libérales dans leur réalité concrète. Il s’agit d’en comprendre les concepts, mais aussi - et avant tout - les relations politiques et sociales au travers desquelles il s’exprime, ainsi que le lien plus ou moins contradictoire qui s’établit entre ces deux dimensions de la réalité sociale. Si l’auteur parle de « contre-histoire », c’est pour attirer l’attention sur des aspects largement et injustement laissés de côté. Losurdo questionne les contradictions et les zones d’ombre négligées par les chercheurs et met en évidence la difficulté de concilier la défense théorique des libertés individuelles et la réalité des rapports politiques et sociaux. Comment expliquer que, dans la tradition libérale, la célébration de la liberté aille souvent de pair avec l’assimilation des travailleurs salariés à des instruments de travail et avec la théorisation du despotisme, et même de l’esclavage, au détriment des peuples coloniaux ?
      John Locke comparait par exemple les Amérindiens à des "bêtes sauvages", John Stuart Mill justifiait le travail forcé pour mettre au travail "les races non civilisées" et les pères fondateurs des Etats-Unis possédaient des esclaves. Montesquieu, quant à lui, théorisait la servitude des pays en fonction de leur climat, tandis que Tocqueville réclamait l'anéantissement des villes et des bourgades algériennes et que Bernard Mandeville applaudissait à l'exécution des Irlandais.

      Ces contradictions sautent aux yeux des lecteurs d'aujourd'hui, alors que ces penseurs libéraux et racistes à la fois estimaient simplement que les seuls individus à défendre étaient les propriétaires blancs.

      A signaler toutefois la position d'Adam Smith, prêt à accepter un Etat central fort aux Etats-Unis pour combattre l'esclavage. Mais la force de la pensée libérale, conclut l'auteur, fut d'évoluer en écoutant les mouvements sociaux extérieurs à elle-même.

     Domenico Lesurdo a également publié:

      -Le révisionnisme en histoire (Albin Michel, 2006),

      -Staline : Histoire et critique d'une légende noire (Aden, 2011),

      -Hegel et la catastrophe allemande (Albin Michel, 1994).

      Sa Contre-Histoire du libéralisme lui a valu une renommée internationale.

     Nicolas Journet (Sciences Humaines)

    Mis à jour le 03/01/2013

    Bien connu en Italie, le philosophe Domenico Losurdo ne lâche pas prise : sa Contre-histoire du libéralisme est une charge sans merci contre les pères fondateurs, puis les partisans du libéralisme politique en Angleterre, aux États-Unis et en France jusqu’au seuil du XXe siècle. La conjoncture actuelle pourrait faire penser que l’auteur s’acharne sur un moribond. Pourtant, aussi dense et labyrinthique soit-il, l’ouvrage vaut d’être lu. Il met le doigt sur des crimes historiques : l’extermination des Indiens d’Amérique, la traite atlantique, l’esclavage persistant au XIXe siècle, la condition faite aux Noirs d’Amérique du Nord, l’eugénisme et les aspects les plus sombres de l’hygiénisme social.


    Ce sont des faits connus. Ce qui l’est moins, c’est le lien intellectuel que D. Losurdo tisse, citations à l’appui, entre les idéologues libéraux – partisans donc des libertés individuelles – avec ces forfaits, voire leur compromission franche avec un racisme sans fard. John Locke, David Hume…, trouvaient à divers degrés des raisons de tolérer l’esclavage. Quant aux acteurs de l’indépendance américaine (Thomas Jefferson, Benjamin Franklin…), il était clair pour eux que la démocratie et l’égalité ne sauraient s’étendre au-delà des limites d’une « race des seigneurs », excluant les Noirs et les Amérindiens. Alexis de Tocqueville lui-même, tout en le déplorant, se rendra à certaines leurs raisons. D’autres penseurs de moindre célébrité, libéraux de filiation, professaient un apartheid dont les principes s’appliqueront aux États-Unis bien au-delà de l’abolition de l’esclavage. À ce « libéralisme des seigneurs », profondément conservateur, D. Losurdo oppose le « radicalisme » d’un Diderot, d’un Condorcet, et des Jacobins français, pour qui l’égalité politique devait s’appliquer à tous. La Révolution française, dans toute sa violence et le soulèvement d’Haïti, tout aussi brutal, firent donc, selon lui, plus pour le progrès des valeurs démocratiques que le camp des « modérés libéraux ». De la part d’un philosophe marxiste, la thèse ne surprendra pas. Le lecteur sera cependant troublé, et même interloqué, par le parcours citationnel dans lequel il le promène, prouvant une fois pour toutes que les mots « liberté », « égalité » et « démocratie » pouvaient avoir, au XIXe siècle, un sens totalement étranger à ce que nous nommons ainsi aujourd’hui.


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  •   Les incroyables leçons pour économistes que tire Olivier Blanchard de la crise financière 

     Alternatives Economiques (5 avril 2013) par Christian Chavagneux

    La crise financière incite l’économiste en chef du FMI à tirer cinq leçons pour les économistes. Des leçons révélatrices du désarroi de la réflexion économique actuelle. 

    La première leçon d’Olivier Blanchard devrait être inscrite au frontispice de toutes les universités : les économistes doivent faire preuve d’humilité. Ils croyaient jusqu’à la crise qu’ils « savaient », tout simplement, comment rendre le monde meilleur. La crise, comme toutes celles qui ont précédé, leur a appris que ce n’est pas vrai.

    Au cours des années 1980-1990 et début 2000, les économistes « savaient » en effet que plus on libéralisait la finance et plus on l’internationalisait, plus elle serait efficace. La crise s’est chargée de discréditer cette idée. Ils « savaient » aussi que l’austérité budgétaire impactait peu la croissance. Maintenant, les études du FMI démontrent l’inverse.

    L’histoire, rappelle Blanchard, aurait du rendre les économistes plus humbles. Sauf que les économistes n’ont plus de cours d’histoire ! Dans le numéro d’avril d’Alternatives Economiques, une enquête montre qu’en France les cours d’histoire des faits pèsent en moyenne 1,6 % de l’ensemble des enseignements de licence !

    La deuxième leçon paraît tout bonnement incroyable au non économiste : la théorie dominante de ces dernières décennies ne prenait tout simplement pas en compte la finance ! Le « secteur financier », quand il était incorporé dans les modèles, c’est-à-dire rarement, était considéré d’un bloc, sans hétérogénéité des acteurs (banques d’investissements, fonds spéculatifs, banques commerciales…) et sans se préoccuper une seconde de liens entre les acteurs. Sans même parler des modes de financement des banques, des risques pris, etc.
      Pour Blanchard, on ne pourra pas faire mieux en la matière ! Et donc accepter cette limite de la « science » économique.

    Troisième leçon : la mondialisation, ça compte ! On croit rêver, on se frotte les yeux : il a fallu la crise démarrée en 2007 pour qu’Olivier Blanchard, enseignant vedette du MIT et économiste en chef du FMI comprenne que l’étude des interrelations entre acteurs au niveau international « est devenue absolument essentiel » !!!!

    Quatrième leçon : on a compris que pour éviter les bulles de prix d’actifs, l’action de la banque centrale par les taux d’intérêt ne suffit pas. La surveillance des risques pris par les banques individuellement (la politique microprudentielle) non plus : il faut ajouter de nouveaux outils de politique macroprudentielle, pour surveiller les excès de crédit qui peuvent nourrir des bulles financières. Mais, se plaint Blanchard, ces outils fonctionnent mais pas beaucoup car les financiers trouvent toujours de moyens de les contourner.

    Il n’en appelle pas pour autant à travailler plus pour mieux comprendre le rôle des paradis fiscaux, non pas seulement en ce qu’ils nous privent de recettes fiscales, mais en ce qu’ils sont des territoires de prises de risques opaques. Il n’en appelle pas non plus à réfléchir à la nature des innovations financières pour déterminer celles qui peuvent être utiles et celles qui peuvent être source de risques systémiques. Blanchard est bien un pur macroéconomiste qui entre dans le corps de ses propres critiques : sa réflexion sur la finance est limitée.

    Enfin, dernière leçon : à partir du moment où on donne des outils aux banques centrales pour agir sur l’ensemble des conditions de crédit et pas seulement pour maitriser une inflation à 2 %, leur rôle politique s’accroît. Dans ces conditions, Blanchard a le courage de poser la question de l’indépendance des banques centrales : il est prêt à l’accepter sur la politique monétaire mais pas à laisser complètement indépendantes du pouvoir politique des institutions dotées d’autant de pouvoirs. Une saine réflexion d’économie politique.

    Au final, on reste quand même sidéré par les manques d’une réflexion économique qui a failli, depuis plusieurs décennies, à nous fournir les instruments de compréhension du monde et de prévention des crises.


    Christian Chavagneux est rédacteur en chef adjoint d’Alternatives Economiques et rédacteur en chef de la revue L’Economie politique. Il débat tous les samedis matins sur France Inter dans l’émission "On n’arrête pas l’éco". Il a obtenu le prix 2012 du meilleur article financier.

    Auparavant, il a travaillé comme chargé de mission à l’ex-Commissariat général du Plan, comme économiste à la Société Générale et comme chargé d’études à l’Agence française de développement. Il a enseigné plusieurs années à Sciences Po et à l’université Paris IX Dauphine.

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  • La subsistance de l'homme (Karl POLANYL)

    2011    420 p.   26,20 €

      Penseur majeur de l'économie de marché et historien du libéralisme, Karl Polanyi reste l'un des rares théoriciens capables de nous aider à comprendre la nature du libéralisme en économie et à reconnaître les limites actuelles de nos démocraties. La Subsistance de l'homme - ouvrage inachevé paru aux Etats-Unis en 1977, et enfin disponible en français - prolonge et complète son oeuvre magistrale,

      -La Grande Transformation. Polanyi y formulait une critique de l'utopie libérale du XIXe siècle à l'origine du mouvement social d'autoprotection, de l'Etat providence", aujourd'hui encore fortement menacé. En prenant le parti d'analyser la subsistance de l'homme sur une très longue période historique, Polanyi offre ici une interprétation originale de la nature et des racines de l'économisme contemporain. L'économie des sociétés primitives, de la vieille Babylone, de l'Egypte ancienne et du royaume du Dahomey au XVIIIe siècle permet de repenser l'universalité et la spécificité des relations sociales et des modes d'"encastrement" de l'économie au sein de la société.

     Dans la Grèce antique, le commerce extérieur, les usages de la monnaie et l'émergence de marchés à l'échelle locale ou méditerranéenne sont autant d'exemples où l'échange était subordonné à la réciprocité et à la redistribution et où l'économie était étroitement liée au politique. Derrière ce travail de recherche, exigeant et exceptionnel, se déploie l'une des grandes pensées humanistes du XXe siècle, aujourd'hui indispensable pour desserrer l'emprise que la logique libérale exerce sur notre représentation de l'économie et du monde.

    Karl Polanyi (1886-1964), d'origine hongroise, est à la fois historien, économiste, anthropologue et politiste. Il est l'auteur de
       -La Grande Transformation. Aux origines politiques et économiques de notre temps (1944) (Gallimard, 1983; réédité en 2009) et
        -Essais (Seuil, 2008). 

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  • L'opinion ça se travaille (Serge HALIMI )

    2006   223 p.   8,20 €

     « Traitement exemplaire » et « On a tiré toutes les leçons de nos erreurs passées » constituent les formules sous lesquelles les médias travestissent leur travail en temps de guerre. D’un conflit à l’autre, le parallélisme des expressions laisse en effet songeur : « On a tiré toutes les leçons de la guerre du Golfe, où on n’avait pas assez conceptualisé l’image », estima ainsi Etienne Mougeotte. Le vice-président de TF1 oubliait seulement que ces « leçons » avaient déjà été tirées au moment de la guerre du Kosovo... puis de celle d’Afghanistan.

    Exemples à l’appui, ce livre rappelle comment les médias ont broyé l’information du public tout au long des quinze dernières années - et continuent de le faire. Ce qu’il décrit, loin de constituer une collection d’exceptions, est devenu la règle ; pas un dérapage, la norme.

     Serge Halimi et Dominique Vidal sont journalistes au Monde diplomatique;

     Henri Maler co-anime l'association Acrimed (Action-Critique-Médias).


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  • Les chiens de garde (Paul NIZAN)

    2012    182 p.   8 €

      L'actualité des Chiens de garde, nous aurions préféré ne pas en éprouver la robuste fraîcheur.Nous aurions aimé qu'un même côté de la barricade cessât de réunir penseurs de métier et bâtisseurs de ruines. Nous aurions voulu que la dissidence fût devenue à ce point contagieuse que l'invocation de Nizan au sursaut et à la résistance en parût presque inutile. Car nous continuons à vouloir un autre monde. L'entreprise nous dépasse ? Notre insuffisance épuise notre persévérance ?
    Souvenons-nous alors de ce passage par lequel Sartre a résumé l'appel aux armes de son vieux camarade :

      "Il peut dire aux uns : vous mourez de modestie, osez désirer, soyez insatiables, ne rougissez pas de vouloir la lune : il nous la faut. Et aux autres : dirigez votre rage sur ceux qui l'ont provoquée, n'essayez pas d'échapper à votre mal, cherchez ses causes et cassez-les."  Serge Hamili Extrait de la préface. 

    Les Chiens de garde est un essai de Paul Nizan paru en 1932.

    Il s'agit d'un essai pamphlétaire dirigé contre quelques-uns des philosophes les plus connus de l'époque – notamment Bergson, Émile Boutroux, Brunschvicg, Lalande, Marcel, Maritain. Pour Paul Nizan, lui-même alors jeune philosophe communiste, ces penseurs incarnent une « philosophie idéaliste », en ce sens que tous ne font qu'énoncer des vérités sur l'homme en général, et de ce fait ne tiennent aucunement compte du réel quotidien auquel chaque homme en particulier se trouve confronté : la misère matérielle, la maladie, le chômage, les guerres, etc. Pour l'auteur, qui fonde son argument en s'appuyant sur la notion marxiste de lutte des classes, ces philosophes n'ont d'autre but, au fond, que de justifier et de perpétuer les valeurs morales et socio-économiques de la classe bourgeoise. Selon lui, leur idéalisme leur interdit toute analyse de l'exploitation de la classe prolétarienne par la bourgeoisie.

    Le livre se clôt par un appel aux jeunes générations de philosophes à lutter contre la bourgeoisie et ses « chiens de garde » que sont, pour Paul Nizan, les penseurs en question, et à mettre la réflexion philosophique au service du prolétariat. (D'après Wikipédia)

     Paul-Yves Nizan, né le 7 février 1905 à Tours et mort le 23 mai 1940 à Audruicq (Pas-de-Calais), est un romancier, essayiste, journaliste et traducteur français.


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  • Raison et liberté (Noam CHOMSKY)

    2010    400 p.   25,40 €

       L'action Politique Et Sociale doit être animée par une vision de la société future et par des jugements de valeur explicites, qui doivent découler d'une conception de la nature humaine. Si l'esprit humain était dépourvu de structures innées, nous serions des êtres indéfiniment malléables, et nous serions alors parfaitement appropriés au formatage de notre comportement par l'Etat autoritaire, le chef d'entreprise, le technocrate et le comité central. Ceux qui ont une certaine confiance dans l'espèce humaine espéreront qu'il n'en est pas ainsi. Je pense que l'étude du langage peut fournir certaines lumières pour comprendre les possibilités d'une action libre et créatrice dans le cadre d'un système de règles qui reflète, au moins partiellement, les propriétés intrinsèques de l'organisation de l'esprit humain.
       Ce livre réunit onze textes de Noam Chomsky pour la plupart inédits en français. Offrant un large panorama de ses idées, il fait apparaître le fil qui relie son socialisme libertaire à son oeuvre de linguiste et à son anthropologie : notre irrépressible besoin de liberté est inséparable de la créativité illimitée du langage qui fait de nous des êtres humains. Chomsky montre comment l'école et l'université pourraient éduquer à autre chose qu'à l'obéissance, les intellectuels de gauche jouer un autre rôle que celui de commissaires du contrôle des esprits, et les mouvements civiques et sociaux imposer des réformes radicales.
      C'est en héritier des Lumières et de la tradition rationaliste que Chomsky pense et intervient.

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  •  

    2001    184 p.   12,50 €

      Face aux déferlantes médiatiques, à la succession de dépêches faussement neutres et d'informations impensées, une voix résiste, solitaire et irréductible : celle de Noam Chomsky. À 73 ans, c'est un monument de la contre-culture. Depuis la guerre du Vietnam, ce penseur radical dénonce l'organisation du monde au profit des oligarchies financières.

      Dans ces libres conversations, paradoxales et tranchantes, Noam Chomsky décortique pour nous les mécanismes de la société de marché, l'économie invisible, la fabrication du consentement, les centres de pouvoir...

      Derrière l'apparente neutralité du système médiatique se cachent des présupposés qui s'effondrent lorsqu'ils sont mis à nu. C'est pourquoi Noam Chomsky demeure irremplaçable: ces Deux heures de lucidité offrent un formidable antidote contre les fausses évidences.

      • Romancier et enquêteur, Denis Robert est l'auteur, chez le même éditeur,
          -du Bonheur, de révolte. coin et de Révélations.
      •Journaliste, ancienne rédactrice en chef de World Media Network, Weronika Zarachowicz est l'auteur, chez le même éditeur, de l'album
          -Global Village. À qui profite la révolution technologique ?
      • Dessinateur, Rémi Malingrëy, qui a mis en images les propos de Noam Chomsky, est également l'auteur de
       -Chagrin mode d'emploi et de
       -Fumer de l'argent rend pauvre (Éditions Verticales).

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  • Pour une éducation humaniste (Noam CHOMSKY )

    2010    87 p.

       Malgré leurs différends sur bien des sujets, Dewey et Russell s'accordent sur ce que ce dernier appelait la conception humaniste, issue des Lumières, selon laquelle l'éducation ne consiste pas à remplir un contenant mais, bien plutôt, à accompagner l'éclosion d'une plante (en d'autres termes, à préparer le terrain où fleurira la créativité). En cela, ils sont les héritiers de l'esprit du XVIIIe siècle. Dewey et Russell comprennent également ce que ces idées directrices des Lumières et du libéralisme classique ont de révolutionnaire à leur époque, dans la première moitié du XXe siècle. Mises en application, ces idées pourraient former des êtres libres, qui n'auraient pas pour valeurs l'accumulation et la domination, mais la libre association en termes d'égalité, de partage et de solidarité, et qui coopéreraient en vue d'objectifs communs et démocratiques.
      Noam Chomsky : Né à Philadelphie (Pennsylvanie) en 1928. Théoricien du langage, il révolutionne la linguistique qu'il enseigne au MIT (Massachusetts Institute of Technology). un militant politique libertaire très engagé de réputation mondiale, sa réflexion philosophique et son analyse politique clairvoyante en ont fait l'auteur vivant le plus cité au monde. Un Cahier de L'Herne (2007) lui est consacré. Ont été traduits en français aux éditions de L'Herne 
      -Raison contre Pouvoir, le pari de Pascal (2009),
      -L'An 501, la conquête continue (2007), et
      -De la nature humaine : justice contre pouvoir (2006), un entretien avec Michel Foucault.

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  • Autopsie (Noam CHOMSKY )

    2011  206 p.  9 €

     

      Les Etats-Unis mènent ce qu'on appelle une "guerre de faible intensité". C'est la doctrine officielle. Mais les définitions du conflit de faible intensité et celles du terrorisme sont presque semblables. Le terrorisme est l'utilisation de moyens coercitifs dirigés contre des populations civiles dans l'intention d'atteindre des visées politiques, religieuses ou autres. Le terrorisme n'est donc qu'une composante de l'action des Etats, c'est la doctrine officielle, et pas seulement celle des Etats-Unis. Aussi le terrorisme n'est-il pas, comme on le prétend souvent, "l'arme des faibles". Une première version de ce livre est parue en 2001 sous le titre 11/9 Autopsie des terrorismes.
       Dix ans après les attentats du 11-Septembre, une décennie de "guerre contre le terrorisme" aboutit à l'exécution de Ben Laden. Après avoir analysé le contexte historique international de ces attentats et en particulier le rôle des Etats-Unis, l'auteur discute, dans sa préface, de la politique étrangère américaine au regard des principes du procès de Nuremberg. Ce qui lui permet de soulever plusieurs questions : les interventions américaines (en Irak, enAfghanistan, etc.) ne doivent-elles pas être jugées comme un "crime international suprême" ? N'y a-t-il pas incompatibilité radicale entre toute justice internationale et le principe d'immunité que s'accordent les grandes
    puissances occidentales
       Linguiste, Noam Chomsky est professeur émérite au Massachusetts Institute of Technology (MIT, Boston). Parallèlement à sa prestigieuse carrière universitaire, il est mondialement connu pour ses engagements politiques et sa critique de la politique étrangère des Etats-Unis.
      

    Citation

      11/9 : Autopsie des terrorismes de Noam Chomsky

     

    "Nous devons reconnaître que par convention (il faut insister: par convention seulement) l'utilisation ou la menace d'utilisation de la force par les grandes puissances sont habituellement décrites comme de la diplomatie coercitive et non comme une forme de terrorisme". Alors qu'elles impliquent, en général, "la menace et souvent l'utilisation de la violence pour des buts qui devraient être décrits comme terroristes s'il ne s'agissait pas de grandes puissances qui utilisent exactement les mêmes tactiques" conformément au sens littéral des mots. En des circonstances (inimaginables, reconnaissons-le) où la culture occidentale serait désireuse d'adopter cette définition littérale, la guerre contre le terrorisme prendrait alors une forme totalement différente, et se déroulerait selon des schémas détaillés dans une littérature qui ne fait pas partie des ouvrages respectables.

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  • 2011    96 p.  3 €

      Sous ce titre sont regroupés plusieurs essais inédits de Henry David Thoreau, qui viennent compléter et prolonger sa théorie philosophique développée dans sa fameuse Désobéissance civile.
      Thoreau, qui ne fut pas l’ermite dans les bois que la postérité voudrait voir en lui, mais un acteur des combats politiques de son temps, dénonce les risques d’un pacifisme passif, s’en prend aux conservateurs et réformateurs de tout poils et prône un engagement concret, parfois jusqu’au-boutiste, qui surprendra plus d’un de ses lecteurs. Bien qu’adepte d’un transcendantalisme individualiste, il n’a cessé de réfléchir à la façon d’améliorer la société et le gouvernement.

     Né à Concord dans le Massachussetts, en 1817, David Henry Thoreau commence son Journal – qu'il tiendra toute sa vie – en 1837 (l'année où il est diplômé de Harvard) et change de nom. Il s'appelle désormais Henry David et fréquente Ralph Waldo Emerson, Margaret Fuller, Jones Very et Bronson Alcott, les principales figures du mouvement transcendantaliste. Professeur à Concord, il démissionne rapidement car il est opposé aux châtiments corporels.
      Inspiré par Emerson, il devient l'un des membres influents du cercle transcendantaliste et lutte pour l’abolition de l’esclavage aux Etats-Unis. Entre 1845 et 1847, Thoreau va vivre dans une cabane près de Walden, au bord d’un lac, en lisière des bois. Il en tire un récit, Walden (1854). Pendant ce séjour, Thoreau écrira le deuxième livre publié de son vivant : A week on the Concord and Merrimack Rivers. Ses autres œuvres seront posthumes. Il décède en 1862 à Concord, à l’âge quarante-quatre ans.

    Plusieurs titres sont parus aux Mille et une nuits :

      -La Désobéissance civile (1997),

      -De la marche (2003),

      -La Vie sans principe (2004),

     -Le Paradis à (re)conquérir (2005),

     -La Moelle de la vie, 500 aphorismes (2006),

     -De l’esclavage. Plaidoyer pour John Brown (2006).

     

     


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  • Discours de la servitude volontaire (La BOETIE )

    63 p.   2,60 € (Poche )

      Comment se fait-il que les hommes combattent pour leur servitude comme s'il s'agissait de leur salut ? Cette question, qui sera reprise par Spinoza et réactualisée par la domination totalitaire, est au cœur du Discours de la servitude volontaire de La Boétie. Loin d'être un pamphlet d'inspiration libérale et démocratique, comme l'a cru à tort la postérité, ce livre reste à découvrir ; Pierre Clastres et Claude Lefort s'efforcent ici d'arracher La Boétie à la méconnaissance. N'est-il pas le grand antagoniste à la hauteur de Machiavel ? Comme si leurs deux noms symbolisaient le paradoxe du politique : Machiavel pensait le pouvoir avec la liberté ; La Boétie pensait le pouvoir contre la liberté. 

      Publié en 1576, le Discours de la servitude volontaire est l'oeuvre d'un jeune auteur de dix-huit-ans. Ce texte (ô combien actuel !) analyse les rapports maître-esclave qui régissent le monde et reposent sur la peur, la complaisance, la flagornerie et l'humiliation de soi-même. Leçon politique mais aussi leçon éthique et morale, La Boétie nous invite à la révolte contre toute oppression, toute exploitation, toute corruption, bref contre l'armature même du pouvoir.
     
    La naissance de la science politique 9 novembre 2008
    Par Latour07 1ER COMMENTATEUR DU HALL D'HONNEUR (Amazon.fr )  
    Claude Lefort rapprochait La Boétie de Machiavel car l'un et l'autre, les seuls en leur siècle s'agissant proprement du politique, mais combien parlant en leur isolement, tirent radicalement les conséquences du surgissement d'une figure inédite de la domination et parlent du même coup pour l'avenir.

    "Pour le moment, je désirerais seulement qu'on me fit comprendre comment il se peut que tant d'hommes, tant de villes, tant de nations supportent quelquefois tout d'un Tyran seul, qui n'a de puissance que celle qu'on lui donne, qui n'a de pouvoir de leur nuire, qu'autant qu'ils veulent bien l'endurer, et qui ne pourrait leur faire aucun mal, s'ils n'aimaient mieux souffrir de lui, que de le contredire. Chose vraiment surprenante (et pourtant si commune, qu'il faut plutôt en gémir que s'en étonner)! c'est de voir des millions et de millions d'hommes, misérablement asservis, et soumis tête baissée, à un joug déplorable, non qu'ils y soient contraints par une force majeure, mais parce qu'ils sont fascinés et, pour ainsi dire, ensorcelés par le seul nom d'un, qu'ils ne devraient redouter, puisqu'il est seul, ni chérir, puisqu'il est, envers eux tous, inhumain et cruel."

    L'exigence de liberté est radicale :

    "Si pour avoir la liberté, il ne faut que la désirer; s'il ne suffit pour cela que du vouloir, se trouvera-t-il une nation au monde qui croie la payer trop cher en l'acquérant par un simple souhait ? Et qui regrette sa volonté à recouvrer un bien qu'on devrait racheter au prix du sang, et dont la seule perte rend à tout homme d'honneur la vie amère et la mort bienfaisante ?"

    Comme l'explicite l'auteur, "la première raison de la servitude volontaire, c'est l'habitude" :

    "Il est vrai de dire, qu'au commencement, c'est bien malgré soi et par force que l'on sert; mais ensuite on s'y fait et ceux qui viennent après, n'ayant jamais connu la liberté, ne sachant pas même ce que c'est, servent sans regret et font volontairement ce que leurs pères n'avaient fait que par contrainte."

    Les Tyrans savent amuser / droguer le peuple :

    "Les théâtres, les jeux, les farces, les spectacles, les gladiateurs, les bêtes curieuses, les médailles, les tableaux et autres drogues de cette espèce étaient pour les peuples anciens les appâts de la servitude, la compensation de leur liberté ravie, les instruments de la tyrannie."

    L'auteur poursuit par une superbe critique que nous transposons immédiatement dans notre actualité de la société de communication et de publicité qui prévaut sur celle du sens, du signifié, du politique :

    "Ainsi, les peuples abrutis, trouvant beau tous ces passetemps, amusés d'un vain plaisir qui les éblouissait, s'habituaient à servir aussi niaisement mais plus mal encore que les petits enfants n'apprennent à lire avec des images enluminées."

    Lire et relire Etienne de la Boétie vous conduit à mieux comprendre les limites du discours politique démocratique et révolutionnaire. C'est se doter d'une table de questions, vivante, sur la liberté politique.

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  • La désobéissance civile ( David THOREAU

    63 p.   2,50 €

      Mis en prison pour avoir refusé de payer une taxe destinée à financer la guerre contre le Mexique, Henry David Thoreau crée le concept de désobéissance civile en 1849. Son essai La Désobéissance civile a inspiré Tolstoï, Martin Luther King et Gandhi. S'il semble évident que la Loi doit, par principe, être toujours respectée, le concept de désobéissance civile semble prendre aujourd'hui un nouvel essor et gagner de nouveaux partisans. Mais quelles sont les justifications politiques et philosophiques à la désobéissance civile ? Cet essai est accompagné de l'article du Monde Diplomatique intitulé " Jusqu'où obéir à la Loi ", daté d'avril 2006.

      Noël Mamère, élu Vert, maire de Bègles, qui a participé à des arrachages illégaux d'OGM et qui a célébré en 2004 le premier mariage homosexuel de France présente ce texte fondateur. 

    ["le meilleur gouvernement est celui qui gouverne le moins"... À qui cela profite ? (13 août 2012 Commentaire trouvé sur Amazon.fr)
     
    Henry David Thoreau (1817-1862) est un philosophe américain qui en son temps -et cela pouvait se comprendre- était pour une liberté totale au-delà des tabous et des pesanteurs de son époque; ainsi, dans "La Désobéissance Civile" il écrit "le meilleur gouvernement est celui qui gouverne le moins" dès la première page...

    Dans le contexte de l'époque un certain esprit libertaire américain subversif existe et c'est tant mieux à la limite. Le problème c'est que cet opuscule n'est pas lu au XIXe siècle mais au XXIe, et là il faut se demander -objectivement- qui a intérêt à que "le meilleur gouvernement soit celui qui gouverne le moins". Réponse : Les ultra-libéraux les plus durs envers l'Etat-Providence. De là découle l'intérêt des vielles idées libertaires que les libéraux capitalistes se plaisent à manipuler, au bout de deux siècles, pour que le marché économique tout puissant règne sur les États.

    Sans doute, Thoreau ne l'aurait pas voulu et n'aurait même pas imaginé être récupéré par les libéraux-libertaires (théorisés par Michel Clouscard dans "Néofascisme et idéologie du désir").

    Toutefois, l'ouvrage est à lire mais en gardant son jugement critique et en ré-contextualisant à la fois le XIXe -pour le comprendre- et le XXIe -pour nous comprendre.]

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  • La fabrication du consentement (Noam CHOMSKY )

    2008     653 p.   28,40 €

      Les médias constituent un système qui sert à communiquer des messages et des symboles à la population. Ils ont vocation à distraire, amuser, informer, et à inculquer aux individus les croyances et codes comportementaux qui les intégreront aux structures sociales au sens large. Dans un monde où les richesses sont fortement concentrées et où les intérêts de classe entrent en conflit, accomplir cette intégration nécessite une propagande systématique. Une modélisation de la propagande se focalise sur la prodigieuse inégalité dans la capacité de contrôle des moyens de production ; et ce qu'elle implique tant du point de vue de l'accès à un système de médias privés que de leurs choix et fonctionnements. Le modèle permet de reconstituer par quels processus le pouvoir et l'argent sélectionnent les informations.
      Economiste, Edward S Herman est professeur émérite à la Wharton School of Business (Pennsylvanie), Co-fondateur de Zut, réseau américain d'informations alternatif, il s'intéresse notamment à la domination industrielle et aux réglementations financières relevant des conflits d'intérêts.
      Linguiste, Noam Chomsky est professeur émérite au Massachusetts Institute of Technology (MIT, Boston). Parallèlement à sa prestigieuse carrière universitaire, il est mondialement connu pour son engagement politique et sa critique de la politique étrangère des Etats-Unis.

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  • Il n'y a de richesse que la vie (John RUSKIN)

    2012    142 p.   12 €

      En 1860, quand les quatre essais d’Unto this last paraissent en Angleterre, ils soulèvent un flot de critiques outrées. John Ruskin a eu l’audace de rejeter toutes les assertions de l’économie politique, autoproclamée “science de devenir riche”. On ne pourfend pas impunément les économistes à la mode, John Stuart Mill, Adam Smith, David Ricardo et autre Malthus. Le violent opprobre médiatique a contraint l’auteur des Pierres de Venise à suspendre provisoirement ses écrits d’économie. Mais John Ruskin a toujours considéré Unto this last comme son œuvre capitale.
    Cet ouvrage questionne les fondements mêmes de l’économie : la définition de la richesse, de la valeur, la nature du travail, de l’échange, du prix, de la production et de la consommation. Toutes les certitudes de l’évangile mercantile en sortent ébranlés. Dans une Angleterre victorienne en pleine célébration de sa puissance coloniale, militaire, industrielle et commerciale, John Ruskin pointe l’absurdité de la course à la production et attaque la puissance de l’argent. Contre un capitalisme prédateur, fondé sur l’exploitation et l’inégalité, Unto this last oppose une organisation sociale conviviale, basée sur la coopération, le partage, la justice.

    « L’esprit des économistes est focalisé en permanence sur l’alimentation des comptes en banque, plutôt que sur l’alimentation des bouches ; et ils tombent dans toutes sortes de filets et de pièges, éblouis qu’ils sont par l’éclat des pièces de monnaie, comme les volatiles par le miroir de l’oiseleur ; ou plutôt (car ils n’ont guère en commun avec les oiseaux) comme des enfants essayant de sauter sur la tête de leur propre ombre : le gain d’argent n’étant que l’ombre du véritable bénéfice, qui est l’humanité. »

    « Rien dans l’histoire n’a été aussi dégradant pour l’intellect humain que notre acceptation en tant que science des doctrines courantes de l’économie politique. »
    « La véritable science de l’économie politique – qui doit encore être distinguée de sa science bâtarde, comme la médecine de la sorcellerie, et l’astronomie de l’astrologie – est celle qui enseigne aux nations à désirer et travailler pour les choses qui conduisent à la vie, et à mépriser et détruire les choses qui amènent à la destruction. »

    Unto this last n’a été publié qu’en 1902 en France. C’est une nouvelle traduction que nous proposons. Alors que le dogme des économistes révèle l’étendue de son désastre dans la “crise” omniprésente que nous vivons, il nous a paru important de diffuser ce livre, qui a inspiré d’illustres penseurs anticapitalistes comme Gandhi, William Morris ou Nicholas Georgescu-Roegen.

    Recension parue dans le numéro 92 de La Décroissance

     


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  • L'esclavage moderne (Léon TOLSTOÏ )

    2012    9 €

      Les essais anarchistes de Léon Tolstoï sont aujourd'hui introuvables. L'édition française les a oubliés, se focalisant sur ses romans comme Guerre et Paix, Anna Karénine, Résurrection. Heureusement, quelques "petites" maisons d'édition indépendantes se penchent sur l'oeuvre sociale de l'écrivain ces derniers temps. Le Passager clandestin a réédité Le Royaume des cieux est en vous, et je viens d'acheter L'Esclavage moderne, réédité par un tout nouvel éditeur qui s'appelle Le Pas de côté.
    J'ai trouvé ce livre passionnant, court, percutant. Il m'a fait penser au Discours de la servitude volontaire de La Boétie et au Traité de la désobéissance civile de Thoreau. Ce n'est pas étonnant d'ailleurs, car Tolstoï avait lu ces deux auteurs et s'en est inspiré.

    Je vous laisse lire la quatrième de couv:
    "En dépit de la fascination que les gouvernements exercent sur les peuples, le temps bientôt sera passé, où les sujets avaient pour leurs maîtres une sorte de respect religieux. Le moment est proche, où le monde comprendra enfin que les gouvernements sont des institutions inutiles, funestes et au plus haut point immorales, qu'un homme qui se respecte ne doit pas soutenir et qu'il ne doit pas exploiter à son profit. Et quand ces hommes auront compris cela, ils cesseront de collaborer à l'oeuvre des gouvernements en leur fournissant des soldats et de l'argent. Alors tombera de lui-même le mensonge qui tient les hommes en esclavage. Il n'y a pas d'autres moyens d'affranchir l'humanité."

      Forum anarchiste

    « Pour une petite somme d’argent, qui leur donne à peine les moyens de se nourrir, des hommes, qui se croient des êtres libres, se condamnent à un labeur que le maître le plus cruel, au temps du servage, n’aurait pas imposé à ses esclaves. »
    Ainsi s’exprime Léon Tolstoï dans son pamphlet L’Esclavage moderne. Dans une Russie en plein bouleversement, où les paysans quittent la campagne pour s’entasser en usine, Tolstoï décrit la misère des forçats de l’industrie, accuse la division du travail et l’inégalité criante, tonne contre la puissance d’asservissement de l’argent. Avec toute la vigueur de sa plume acérée, l’anarchiste accuse l’économie politique de justifier cette organisation sociale inhumaine. Il attaque la propriété, défendue par la violence de l’État, mais aussi la surconsommation qui enchaîne les travailleurs à la production d’objets inutiles. Pour Tolstoï, les hommes ne se libéreront qu’en refusant de collaborer au gouvernement et à ses lois iniques. Seule la résistance non-violente peut mettre un terme à l’esclavage moderne.

    « La situation du peuple ne pourra être améliorée, si les ouvriers comme les gens de la classe riche ne comprennent pas enfin que quiconque veut servir les hommes doit sacrifier son égoïsme et que, s’ils veulent réellement porter secours à leurs frères et non pas satisfaire des convoitises personnelles, ils doivent être prêts à bouleverser leur vie, à renoncer à leurs habitudes, à perdre les avantages dont ils jouissent aujourd’hui, à soutenir une lutte acharnée avec les gouvernements, surtout avec eux-mêmes et avec leurs familles, prêts enfin à braver la persécution par le mépris des lois. »

    Ce livre a été publié en 1901 aux éditions de la Revue blanche. Oublié depuis, il est pourtant l’un des essais anarchistes majeurs de l’écrivain russe. Cette œuvre puissante est digne de La Désobéissance civile de Henry David Thoreau ou du Discours de la servitude volontaire d’Étienne de La Boétie.

    Recension dans La Décroissance n°92, septembre 2012. 

    Recension parue dans Christianisme aujourd’hui, septembre 2012. 


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  • Le paradis à (re)conquérir (H. D. THOREAU)

    78 p.  3 €

     "Avec quelle rudesse et quelle brutalité traitons-nous la nature! Ne pourrions-nous pas la travailler avec moins de négligence? Après tout, n'est-ce pas ce que suggèrent toutes ces belles inventions-le magnétisme, le daguerréotype ou l'électricité? Ne pouvons-nous faire plus que couper et tailler la forêt, ne pouvons-nous contribuer à son économie intérieure, aider la circulation de la sève? Mais nous travaillons aujourd'hui de façon superficielle et violente. Nous n'imaginons pas tout ce qui pourrait être fait pour améliorer notre relation à la nature animée, ni tous les bienfaits que nous poumons en tirer. " Henry David Thoreau est considéré comme l'un des pères de l'écologie. En 1842, dans un article intitulé " le paradis à (re)conquérir", le jeune penseur critique les logiques industrielles qui se mettent en place à l'époque, et anticipe par là-même les travers de notre civilisation destructrice et matérialiste.


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  • Quand l'Inde s'éveille  (François GAUTIER)

    2012      155 p.    15,90 €

     Ecrivain et journaliste français, François Gautier fut le correspondant en Inde et en Asie du Sud du Figaro, durant huit ans. Auteur de Un autre regard sur l'Inde, La Caravane intérieure et Les Français en Inde, François Gautier est aujourd'hui le rédacteur en chef de la Nouvelle Revue de l'Inde.

      Nul besoin d’être prophète aujourd’hui pour se rendre compte que l’Inde est la prochaine grande puissance en Asie. Il se pourrait même que ce pays démocratique, libéral et pro-occidental
    devance la Chine. D’ailleurs, les Américains sont en train de miser politiquement sur le sous-continent indien, d’une immense importance géostratégique. Pourtant, nous, Français, nous trouvons une fois de plus à la traîne, complètement obnubilés par la Chine. Peut-être faudrait-il donc examiner quelles oeillères laissent la France endormie tandis que l’Inde s’éveille, les dix clichés qui perdurent et nous empêchent de poser un regard économique et même politique sur la prochaine grande puissance mondiale.


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  • 2004   346 p.  8,10 € (en poche)

      A l'heure où les grands programmes d'étude du génome humain drainent la majeure partie des crédits de la biologie, où les biologistes, en somme, " se regardent le nombril ", un botaniste tente de rétablir un salutaire équilibre. À l'exact opposé d'une vision anthropocentrée recherchant une explication déterministe, voire mécaniste, du vivant, Francis Hallé propose ici d'élargir l'horizon de la biologie au monde végétal en mettant l'accent sur l'observation in situ et l'étude qualitative des plantes. " Belle et utile, discrète et autonome, silencieuse et d'une totale non-violence ", la plante serait-elle un modèle à suivre ? Au lecteur d'en juger, au terme d'un parcours plein de surprises éclairé par les dessins de l'auteur, et où l'animal, individu mobile de petit volume, à vie brève et dispersant l'énergie, est comparé à la plante, " être collectif " fixé, de grande surface externe, à vie très longue et concentrant l'énergie. De la forme à la fonction et de la cellule au génome, une merveilleuse leçon de biologie incitant à remettre d'urgence la plante à la place, primordiale, qui est la sienne.  

      Savons-nous vraiment ce qu'est une plante ? Nos sciences naturelles, dominées par le modèle animal, méconnaissent les spécificités du monde végétal. C'est une vision neuve de ce monde, riche de surprises, que propose l'auteur, et qu'il illustre de sa main experte. Souvent considérées comme une forme de vie inférieure, les plantes constituent pourtant un succès biologique qui vaut, ou même dépasse, celui des animaux ; mais notre vision zoocentrique de la biologie nous empêche de le percevoir. Nous ne pourrions pas vivre sans les plantes, alors quelles n'ont pas besoin de nous. Plutôt que de les considérer comme des cas particuliers d'importance mineure dans une biologie focalisée sur l'animal et l'homme, ne faut-il pas recentrer les sciences de la vie sur ces êtres énigmatiques, silencieux, immobiles et trop méprisés, à qui nous devons notre existence ?

       Je rêve d'une botanique qui saurait se déterminer de façon autonome, selon ses propres règles, cessant d'être à la trame derrière la physiologie animale ou humaine : prenant en compte la plante elle-même, comme une forme de vie originale, comme un modèle en matière d'autonomie et de restauration de l'environnement, elle pourrait retrouver sa place au centre des sciences de la vie. Dans notre monde de fric, de frime, de pub, de bruit, de pollution et de brutalité, quel meilleur témoignage que celui des plantes, belles et utiles, discrètes et autonomes, silencieuses et d'une totale non-violence ? E H.

     Francis Hallé, professeur à l'Institut de botanique de l'université de Montpellier, est biologiste et botaniste, spécialiste de l'architecture des arbres et de l'écologie des forêts tropicales humides. Il dirige depuis 1986 les missions du radeau des cimes sur les canopées des forêts tropicales. Il a consacré aux Tropiques un précédent ouvrage,

      - Un monde sans hiver (Seuil, 1993).

    Sommaire:

    • Les plantes, les animaux et l'homme
    • Voyage au pays de la forme
    • La cellule
    • Tout dire sans un mot, la biochimie des plantes
    • L'évolution
    • Des êtres vivants différents
    • L'écologie

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  • 2012     212 p.     21 €

      

       Le vif débat public sur les organismes génétiquement modifiés (OGM) a jeté en pleine lumière des questions qui jusque-là n’avaient guère mobilisé l’opinion publique.
       -D’où proviennent les variétés de légumes, de fruits et de céréales que nous consommons ?
       - Comment ont-elles été défi nies, par qui et en fonction de quels objectifs ?
      -Est-il légitime qu’elles fassent l’objet de formes restrictives de propriété intellectuelle ?
      L’agriculture industrielle ne rend-elle pas les paysans dépendants des grandes firmes semencières et agrochimiques, en assurant à ces dernières un monopole quasi absolu sur les semences ?
      Ce livre propose une histoire de l’amélioration des plantes en France depuis la Seconde guerre mondiale, à commencer par les cultures les plus importantes et les plus emblématiques, blé, maïs ou colza. Cette histoire est présentée à la fois sous ses aspects scientifiques, juridiques, économiques et sociaux, elle permet aux auteurs d’évoquer les mutliples voies alternatives qui s’ouvrent aujourd’hui en matière de sélection variétale : agriculture biologique, semences paysannes… autant de moyens qui permettent d’« innover autrement ».
      
      Christophe Bonneuil est chargé de recherche au CNRS et membre du centre Alexandre Koyré de recherche en histoire des sciences et techniques. Il travaille sur l’histoire de la biologie, la génétique végétale et sur les transformations des rapports entre science, nature et société.
      Chargé de recherche à l’IRD, Frédéric Thomas travaille sur l’histoire de l’amélioration des plantes, le droit international de la biodiversité et la gestion des ressources génétiques dans le monde.
      Olivier Petitjean travaille à Ritimo, Réseau d’information et de documentation pour le développement durable et la solidarité internationale.   

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  •   Curtis Roosevelt : «l’égalité ce n’est pas que le 4 ou le 14 juillet !»

    Samedi 15 Septembre 2012
     

    Curtis Roosevelt, ex-diplomate retiré dans le sud de la France, est le petit-fils du président des Etats-Unis Franklin D. Roosevelt, initiateur de la politique du New Deal qui fit reculer la Grande Dépression des années 1930. Il publiera en France la traduction de son livre « Too Close to the Sun, Growing Up in the Shadow of my Grandparents Franklin and Eleanor », le 20 septembre. Il réagit à l’annonce de l’intention de Bernard Arnault de demander la nationalité belge (lire le dossier dans Marianne numéro 804, en vente le 15 septembre).   

    (Curtis Roosevelt, le 1er octobre 2005 - ERMINDO ARMINO/AP/SIPA)
    (Curtis Roosevelt, le 1er octobre 2005 - ERMINDO ARMINO/AP/SIPA)    
    Marianne : Avec son impôt à 75% sur les plus riches, François Hollande dit s’inspirer de l’action de Franklin D. Roosevelt, qui avait institué un impôt fortement progressif. Dans les années 30, votre grand-père s’est-il aussi heurté aux protestations des plus riches des Américains ?
     
    Curtis Roosevelt : Au début des années Trente, personne aux Etats-Unis ne payait beaucoup d'impôts. Néanmoins, lorsque Franklin Delano Roosevelt a augmenté considérablement le taux de la tranche la plus élevée du barème de l’impôt sur le revenu, certaines personnes riches et célèbres ont menacé de quitter le pays.

    La même chose s'est produite en Grande-Bretagne 
lors de l'accession au pouvoir du gouvernement travailliste en 1945. Voir
 de tels réactions en France aujourd'hui ne m’étonne donc pas. Je me
demande bien ce que les mêmes personnes diraient si le président François Hollande décidait d’augmenter leurs impôts trois fois de suite (De 25% le taux marginal est porté à 63% dès 1933, puis 79% en 1936 et 91% en 1941, NDLR), comme Franklin Roosevelt l’avait fait !
    Dans son premier mois à la présidence, «FDR» a sauvé les banques d’une panique généralisée des épargnants. Pourtant, un mois plus tard les banquiers s’organisaient déjà contre lui dans le but de mettre en échec ses projets de réformes. Ils l’ont accusé de «traire les riches», avec des augmentations d’impôt sur le revenu et les profits des entreprises. 


    Il s’était vengé en 1936 en déclarant : «Nous savons désormais qu'il est aussi dangereux d'être gouverné par l'argent organisé que par le crime organisé.» Pensez-vous que la taxation des hauts revenus soit encore un problème politique, comme dans les années 30 ?
    Aujourd'hui nous constatons à nouveau une inégalité criante parmi les Américains. Un patron peut gagner plus d'un million de dollars par an et payer moins d'impôts que sa secrétaire. La taxation est devenue un sujet poignant qui oppose «le 1%» les plus riches aux «99%», le reste de la population. Par ailleurs augmenter de manière importante les impôts payés par les très riches fournirait les moyens permettant de mettre en œuvre des mesures pour sortir de la récession actuelle. C’est aussi vrai pour la France.

    Peut-on faire appel au patriotisme en matière de fiscalité ?

    
Pendant la Grande Dépression tout le monde aux Etats Unis avaient une conscience très aiguë de la profondeur de la crise. Dès son entrée à la Maison Blanche Franklin Roosevelt était accueilli par un même cri venant des riches comme des pauvres : «Faites quelque chose». Cette peur diffuse, palpable, omniprésente a inspiré les fameuses paroles de Roosevelt aux Américains lors de son discours inaugural de mars 1933 : «La seule chose dont nous devons avoir peur est la peur elle-même…»
     
    Aujourd’hui les conséquences sociales de la crise ne sont pas aussi universellement partagées dans nos sociétés que lors de la Grande Dépression. Nous semblons moins concernés par le bien-être de nos concitoyens. Est-ce en raisons de notre niveau de vie, ou de notre addiction aux médias que nous ressentons moins d’empathie pour les autres ? Je ne sais. Mais ce manque de partage questionne les leaders comme Barack Obama ou François Hollande. Réveiller leurs peuples, les amener à mesurer l’ampleur de la tâche à accomplir pour sortir du marasme est leur premier challenge. C’est le but que nous poursuivons dans le club «Roosevelt 2012» (Fondé par Michel Rocard, Pierre Larrouturou, Edgard Morin et Stéphane Hessel, NDLR).
     
    Il ne s’agit pas de ressusciter les programmes du New Deal passé, mais de créer des programmes pour le 21è siècle tout aussi radicaux que ceux mise en place par Roosevelt en son temps. Le véritable problème est le manque d'égalité – aussi bien aux Etats-Unis qu'en France. «L'égalité» ne devrait pas être un mot réservé juste pour le 4 juillet (fête nationale aux Etats-Unis, NDLR) ou le 14 juillet.

    De nos jours le patriotisme est vu de manières très différentes et certains le considèrent totalement sans intérêt. Peut-être le mot «identité» est plus parlant. Je ressens fortement mon identité américaine – j'étais élevé à une époque où être Américain voulait dire quelque chose, était porteur de valeurs et d'attitudes avec lesquelles je m'identifie encore. Le président Hollande devrait davantage rappeler aux
Français leurs racines et leur identité.

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  •   morale 02/09/2012

    Desmond Tutu, l’homme qui veut voir Blair et Bush devant la justice

    Pierre Haski | Cofondateur Rue89
     

    Desmond Tutu avec le chanteur Bono au Cap en 2011 (RODGER BOSCH/AFP)

    Desmond Tutu est l’un des hommes les plus jubilatoires qu’il m’ait été donné de rencontrer. A 82 ans, cet ancien archevêque anglican sud-africain, prix Nobel de la paix en 1984, a lancé une nouvelle croisade : il veut que Tony Blair et George W. Bush soient poursuivis en justice pour avoir déclenché la guerre d’Irak en 2003.

    A l’époque de la lutte contre l’apartheid, lorsque Nelson Mandela était emprisonné à Robben Island, Desmond Tutu était de ceux qui attisaient l’esprit de résistance, un homme d’église et de foi refusant le sort fait aux Noirs de son pays.

    A la fin des années 70, on pouvait le voir chaque dimanche à l’église Regina Mundi de Soweto, près de Johannesburg, manier un humour féroce dans ses sermons contre les tenants du racisme institutionnel qu’était l’apartheid. La foule débordait à l’extérieur et repartait galvanisée.

    A la fin de l’apartheid, une fois Mandela premier président élu au suffrage universel, Desmond Tutu a présidé la Commission Vérité et Réconciliation, petit miracle humain qui a sans doute évité la vengeance des victimes des crimes du pouvoir blanc.

    Le prix Nobel de la paix est venu en 1984 récompenser ce défenseur intraitable des droits de l’homme et de la justice. Il n’a cessé depuis, sauf lorsque sa santé l’en empêchait, de lutter et de s’exprimer dans le monde entier.

    « Si des dirigeants peuvent mentir, qui doit dire la vérité ? »

    Pour cette raison, je n’ai pas été surpris d’apprendre que, la semaine dernière, Desmond Tutu a refusé de participer à une conférence en Afrique du Sud à laquelle avait été invité l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair, en raison du rôle de ce dernier dans la guerre d’Irak. « C’est lui ou moi », a signifié le prix Nobel aux organisateurs, qui ont refusé d’annuler l’invitation lancée à l’homme politique britannique.


    Capture d’écran de l’article de Desmond Tutu dans The Observer

    Il s’en explique, dimanche, dans un article publié par l’hebdomadaire The Observer, qui est un réquisitoire contre la décision de Blair et Bush de lancer la guerre d’Irak sur la base d’un mensonge sur les armes de destruction massive qu’aurait possédées Saddam Hussein, et plus généralement contre l’hypocrisie occidentale.

    Desmond Tutu, qui n’est pas un révolutionnaire mais un homme de convictions qui en a trop vu, écrit dès la première phrase de son article :

    « La décision immorale des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne d’envahir l’Irak en 2003, basée sur le mensonge selon lequel ce pays possédait des armes de destruction massive, a déstabilisé et polarisé le monde plus qu’aucun autre conflit dans l’histoire. »

    Il ajoute :

    « Si des dirigeants peuvent mentir, qui doit dire la vérité ? »

    Desmond Tutu raconte qu’il a appelé Condoleezza Rice, la conseillère de George Bush pour la sécurité, quelques jours avant le déclenchement de la guerre, en 2003, pour lui demander qu’on laisse plus de temps aux inspecteurs chargés de trouver les armes de destruction massive irakiennes. Elle a refusé en disant que la situation était « trop dangereuse ».

    « Selon quel critère devons nous décider que Robert Mugabe [le Président du Zimbabwe, ndlr] doit être traduit devant la justice internationale, mais que Tony Blair doit participer au circuit des conférences, que Ben Laden doit être assassiné, mais que l’Irak doit être envahi, non pas parce qu’il possède des armes de destruction massive, comme Blair, le premier supporter de Bush, a fini par l’admettre, mais pour se débarrasser de Saddam Hussein ? »

    « Leadership et morale sont indivisibles »

    L’ancien archevêque s’adresse à Tony Blair, fraichement converti au catholicisme et lui donne une leçon :

    « Leadership et morale sont indivisibles. La question n’est pas de savoir si Saddam Hussein était bon ou mauvais, ou combien de personnes il a tuées. Je pense que Bush et Blair n’auraient jamais dû descendre à son niveau d’immoralité.

    Si on juge acceptable que des décisions soient prises sur la base d’un mensonge, sans même le reconnaître ou s’excuser une fois qu’on a été découvert, que pouvons-nous enseigner à nos enfants ? »

    Ce discours de Desmond Tutu s’adresse à Tony Blair mais a une portée universelle. Le prélat sud-africain, qui fait partie du groupe des Elders, ces anciens dirigeants à la retraite qui tentent de contribuer à des solutions pacifiques aux problèmes de la planète, s’adresse en fait au monde entier.


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    Caricature et religion : un cocktail explosif qui ne date pas d'hier

    Créé le 21-09-2012
    Audrey Salor   Par
     
     [......]

     Critiquer la religion et en particulier l'islam est-il en passe de devenir tabou ?

    - Mais l'islam est critiqué dans la presse française ! Lorsque cela est fait via des articles argumentés, cela contribue à un débat productif. Ce qui n'est pas le cas avec les caricatures de "Charlie Hebdo", qui véhiculent des stéréotypes haineux et blessent des musulmans modérés, qui pourraient ainsi être précipités dans les bras des extrémistes. La caricature est positive lorsqu’elle contribue, par le rire, à faire avancer le débat.

    Dans une démocratie, chaque citoyen doit être libre et responsable. Ce n'est pas l'attitude adoptée par "Charlie Hebdo" : ce journal est intégriste à sa manière, puisque sa cause, la liberté d'expression, est sacralisée de façon gratuite. Outre le fait qu'il n'a là aucun talent et aucune inventivité, sa démarche vise essentiellement le profit, le buzz. Plus grave : ces caricatures dégradent les conditions du débat public car la manière dont "Charlie Hebdo" défend la liberté d'expression nuit à la liberté de penser.

     

    Interview de Jean Baubérot, historien et sociologue de la laïcité, auteur de "Laïcités sans frontières", Le Seuil, 2011, par Audrey Salor - Le Nouvel Observateur

    (Le 20 septembre 2012)


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  • A l'écoute du monde sauvage

    2012      450 p.    21,50 €

     

       Si demain, l'homme finissait par exterminer toutes les grandes espèces animales sauvages et se retrouvait seul avec les animaux dénaturés qu'il a domestiqués, il signerait sans le savoir son arrêt de mort. Dans ce nouveau livre, l'auteur repart à la rencontre de chercheurs, d'artistes et d'écologistes, mais aussi de philosophes et de guides spirituels, tous passionnés par la nature, pour les interroger sur l'importance pour l'homme de conserver un lien avec les autres espèces. Ces interlocuteurs (Gilles Clément, Matthieu Ricard, Jean Malaurie, Kenneth White ou Henri Gougaud, etc.) sont convaincus qu'une forme de " communication ", voire de " conversation ", d'" amitié intime " ou d'" intimité " avec la nature sauvage est essentielle à l'humanité. Chacun d'eux nous dit pourquoi et comment il est possible de renouer avec la nature sauvage, et quelle vision du monde cela engendre - ce qui fait de ce livre à la fois un guide pratique et un traité de philosophie.
     
       Nous rendre attentifs à la nature sauvage, à la créativité des mondes animaux, réinventer avec eux de nouveaux liens, éprouver ce sentiment profond d'un environnement partagé, c'est résister au rouleau compresseur de nos sociétés et conserver en nous une part de liberté. C'est rester vivant. Voilà vingt ans que Karine Lou Matignon affirme cette idée à travers ses reportages et ses livres. Douze ans après son premier essai dans la collection Clés,
      -Sans les animaux, le monde ne serait pas humain, récompensé par le prix littéraire 30 Millions d’amis 2000,
       elle va de nouveau à la rencontre de scientifiques et d’écologistes, mais aussi de philosophes, d'aventuriers et d’artistes, hommes et femmes passionnants, pour qui l’animal et la nature sont devenus les supports d’expériences humaines transformatrices, les fondations d’une pensée fertile. Tous sont convaincus que mieux comprendre les bêtes et la nature n'est pas incompatible avec le progrès, bien au contraire, que l'évolution même de l'humanité doit en passer par là.
       « Va prendre tes leçons dans la nature », recommandait Léonard de Vinci. S’en inspirer pour construire de nouvelles technologies, d’autres modes de consommation, d'éducation, d’existence. Chacun nous dit pourquoi et comment, ce qui fait de ce livre à la fois un voyage au coeur du sauvage et un traité de philosophie pour réinventer notre avenir.

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  •  Un soldat français tué en Afghanistan... et combien d'existences fracassées!

    Mardi 7 Août 2012    Vladimir de Gmeline (Marianne 2 )

    Un chasseur alpin français a été tué dans la province de Kapisa, mardi 7 août. Mais il y a tous ceux revenus sans blessure apparente, pourtant minés par l'anxiété, les cauchemars, la dépression ou les tentatives de suicide. Fracassés par une guerre qui ne dit pas son nom.   

    SEL AHMET/SIPA
    SEL AHMET/SIPA
    Un sous-officier français du 13e bataillon de chasseurs alpin de Chambéry a été tué dans la province de Kapisa, dans l'est de l'Afghanistan, mardi 7 août. Il était en opération avec l'armée afghane. Un autre soldat français a été blessé. Lui est «hors de danger», selon l'Elysée. François Hollande a exprimé sa «vive émotion» après ce décès qui porte à 88 le nombre de soldats français tués en Afghanistan depuis le début de l'intervention française et alliée dans ce pays, fin 2001. Nous publions l'enquête de Vladimir de Gmeline, «Les soldats brisés de la guerre perdue», paru dans le magazine Marianne n° 791 daté du 16 au 22 juin 2012. Dans cet article, notre journaliste revenait sur les différents traumatismes liés au bourbier afghan et la difficile réacclimatation des soldats français rentrés au pays.

    Les soldats brisés de la guerre perdue :
    Il a des bras épais comme des cuisses, une voix grave et les cheveux toujours courts. Marc a 26 ans et des rêves d'aventure encore plein la tête. Il s'était engagé pour ça. L'action, les voyages, il en rêvait depuis l'adolescence. Mais l'armée, pour lui, c'est fini. La nuit, il ne dort plus. Il revoit les corps de ses copains, il sent l'odeur des cadavres, à en vomir.
    Pendant deux ans, il s'est réveillé en sursaut, paniqué, cherchant l'interrupteur. Vite, de la lumière : «Je me suis mis à avoir peur du noir.» Il se souvient de cette progression en tête de colonne dans l'obscurité la plus absolue, après une journée de combats furieux sous un soleil de plomb, sans eau et manquant de munitions, des premiers blessés, hagards, des premiers morts, des pièges des talibans embusqués. Au matin, épuisé, arrivé au sommet de la colline, il a été désigné pour aller chercher les corps : «Là, ça a été le tournant de ma vie.»

    Depuis le début de l'engagement français en Afghanistan, en 2001, 87 soldats français ont été tués. Aux affrontements entre forces combattantes se sont ajoutées la crainte des improvised explosive devices (IED), ces redoutables bombes artisanales, et la menace des attentats-suicides, comme celui qui vient de coûter la vie à quatre soldats du 40e régiment d'artillerie de Suippes et du 1er groupement inter-armées des actions civilo-militaires de Lyon, le samedi 9 juin. L'annonce du retrait des troupes françaises n'a pas calmé les ardeurs des talibans, bien au contraire, et les mois qui viennent s'annoncent particulièrement risqués.
      
       Stress de combat aigu
    Combien sont-ils à être revenus de là-bas complètement changés malgré les apparences ? Intacts physiquement, mais ne se reconnaissant pas eux-mêmes, leurs familles ne retrouvant pas non plus le mari, le copain, le père ou le fils, parti quelques mois plus tôt «combattre le terrorisme», «gagner les coeurs» dans les montagnes afghanes. L'armée avance le nombre de 400 patients traités pour des troubles psychiatriques. Mais tous ne viennent pas consulter, le sujet reste difficile à aborder. On parle de stress de combat aigu, de stress dépassé, de stress posttraumatique.

    Les troubles peuvent apparaître immédiatement, mais aussi des années après. «Il y a un temps de latence. Celui qu'il faut surveiller, c'est celui qui ne montre rien après un événement grave, qui continue son boulot comme si de rien n'était», explique le lieutenant-colonel Foret, chef de la cellule d'intervention et de soutien psychologique de l'armée de terre (Cispat). «Contrairement aux Américains, nous ne chiffrons pas, révèle le Pr Boisseaux, psychiatre à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce. Chaque cas est particulier. Il y a le stress posttraumatique, une catégorie diagnostique précise qui correspond à une rencontre avec la mort et renvoie à la sienne propre. Mais aussi tout un cortège de troubles dépressifs divers.»
     

    Erreurs et approximations

    Cette rencontre, Marc l'a faite. Il est venu à notre rendez-vous avec deux de ses copains du 8e régiment parachutiste d'infanterie de marine (RPIMa) de Castres, Florent et Philippe. Ils ont tous quitté l'armée, travaillent dans la sécurité ou comme chauffeurs de maître, forment un petit groupe de jeunes soldats qui ont vécu l'enfer et se trouvent désormais lâchés dans la nature avec leurs angoisses, leurs doutes et, pour certains, leurs addictions. Tous ont un sentiment très mitigé vis-à-vis de leur régiment : «La cohésion, on te l'apprend pendant tes classes. Mais après...» Ils étaient à Uzbin les 18 et 19 août 2008, dans le district de Surobi, quand la section Carmin 2 est tombée dans une embuscade tendue par les talibans. Dix morts, 21 blessés. Ce jour-là, les Français ont compris avec stupeur que, malgré les discours lénifiants sur le «retour à la paix» et les «missions d'assistance», leur pays était vraiment en guerre. «On ne peut pas être préparé à ça, c'est impossible», dit Marc.

    L'équipement était inadapté aux rigueurs du combat, les vieilles rangers trop lourdes, et les gilets pare-balles ne protégeaient pas de toutes les balles. Comme par magie, de bonnes chaussures et des gilets plus efficaces sont arrivés quelques semaines après le drame. Les soldats avaient depuis longtemps pris l'habitude de compléter leur équipement sur leurs propres deniers, malgré les consignes du chef d'état-major de l'armée de terre (Cemat) qui condamnait ce «panachage». Quant à la planification de l'opération, elle s'est révélée désastreuse. Une série d'erreurs et d'approximations allaient faire d'une opération déjà mal engagée un véritable drame.

    Marc faisait partie de la quick reaction force (QRF) : «On avait fait une "reco" le matin, et ensuite la garde. Je venais de me coucher quand on m'a réveillé pour me dire que Carmin 2 était pris sous le feu. On a dû rejoindre le col à toute vitesse, on a eu de la chance que les "talebs" n'aient pas placé d'IED sur notre route.» Pendant le trajet, ils entendent les comptes rendus à la radio, les premiers blessés, les premiers morts : «T'as pas de visuel, tu te dis : "Je vais mourir." Tu entends des mecs agoniser, le capitaine qui demande des fumigènes – mais y en a pas –, qui demande des tirs de mortier qui n'arrivent pas.» Les combats vont durer toute la journée. Marc se souvient de tout, du moindre détail, surtout de ceux qui reviennent dans ses cauchemars. La balle de 14,5 mm qui a failli le couper en deux mais s'est fichée dans le blindage à côté de sa tête. Le corps du taliban allongé à côté d'un rocher derrière lequel il s'était posté durant quelques minutes au cours de la progression de nuit : «Je ne l'ai vu qu'en reprenant ma progression, j'ai fait un bond en arrière. Il aurait été vivant, c'était fini pour moi. Je pourrais le dessiner. Quarante ans, la barbe bien taillée, pour rejoindre le paradis. Je lui ai balancé une pavasse dans la gueule, il n'a pas bougé.» Et le fil dans lequel il se prend le pied, croyant que c'est une mine qu'il est en train d'actionner, avant de se rendre compte que c'est le reste d'un missile Milan, désormais inoffensif.
      
    Le tournant de leur vie
         
    Et puis le jour qui se lève, la chaleur et les corps qu'il faut aller chercher. Les copains avec lesquels il discutait le matin même. Celui qui venait d'avoir sa femme au téléphone. Celui qui s'inquiétait parce qu'il ne savait pas faire un message Evasan (évacuation sanitaire) en anglais et cherchait la fiche qui l'aurait aidé... L'odeur. Qui l'accompagne toujours. Les blessés. Les seringues de morphine éparpillées sur le sol. Ils n'ont pas de brancards et doivent les remonter à dos d'homme : «On les a mis à l'ombre en attendant les hélicos. On était en ligne derrière un petit muret, à fumer des clopes avec les corps à côté. Après, on est allés pleurer chacun de notre côté.» Le tournant de sa vie.

    En revenant au camp, ils tombent sur les soldats de l'Armée nationale afghane (ANA), qui avaient fui le combat au bout d'une demi-heure : «Ils étaient là, en train de fumer des joints, les pieds bien au chaud...» Sommeil lourd, alcool au réveil en fin d'après-midi : «On n'a rien trouvé de mieux que de nous désigner pour ranger les chambres de nos potes. Dans son sac, tu mets son chapelet, son ordi, sa Game Boy... Tu refais le lit.» Le lendemain, Marc est pris de tremblements, permanents et incontrôlables : «J'étais déboussolé, perdu.» Le Pr de Montleau, chef du service psychiatrique de l'hôpital Percy, est arrivé sur place dès le lendemain de l'embuscade : «C'est lui qui m'a sorti de là, qui me suit depuis le début, c'est mon deuxième père.» Il met Marc sous perfusion. Deux jours plus tard, le soldat est rapatrié en France, avec trois autres parachutistes, dont deux ont également été chargés du ramassage des corps. Alors qu'il se sent déjà coupable de n'avoir pas pu faire ce qu'il fallait pour sauver ses camarades, son capitaine ne le ménage pas : «Quand on va rentrer à notre tour, tu auras honte de toi !» Lexomil pour le stress, Loxapac pour les cauchemars. De retour chez lui après un séjour à Percy, il perd pied : «Je glandais, je picolais, j'ai été horrible avec ma copine, qui elle a été super. On a fini par se séparer.» A la sortie d'un bar à Castres, un type le traite de «tueur d'enfants». Evidemment, ça se passe mal.

    Aujourd'hui, Marc a remonté la pente, grâce aux psychiatres et à sa famille, ses cinq frères et soeurs et ses parents. Mais ce que Marc a subi a également eu des conséquences sur ses proches : «Ma mère est tombée en dépression, et un 18 août mon père s'est arrêté de parler en plein milieu du repas. Le jour de l'embuscade, lorsqu'il a appelé au régiment et qu'il a demandé les noms, il a d'abord été mis en attente pendant deux minutes.» Et puis la culpabilité a fait place à l'amertume, au sentiment d'être mis de côté au régiment. Il va au bout de son contrat, n'est décoré de la valeur militaire qu'au bout de deux ans et demi, après en avoir fait la demande : «Sinon, ils te l'envoient par la poste...»
    Cette amertume, ce sentiment d'abandon, on les retrouve chez Cyril, qui est toujours sous contrat mais en arrêt maladie. Car, malgré les progrès faits dans la prise en charge des troubles psychiatriques par les armées, le phénomène reste tabou. Il existe tout un maillage pour prévenir et détecter ces troubles, entre le service de santé des armées, la Cispat, la cellule d'aide aux blessés, et désormais un «sas de décompression à Chypre» dans un hôtel cinq étoiles, avec sophrologie et prise de parole. «Mais, pour certains chefs de corps, c'est simple, le stress post-traumatique, ça n'existe pas ! confie un officier supérieur. A l'école de guerre, il y avait des types qui disaient : "Eh, les mecs partent en 'Afgha' et reviennent traumatisés, ils ont vraiment des morals de hamster !"»

    Drôle de hamster, Cyril... Un grand gars athlétique de 28 ans, gueule d'ange et belle moto. Il était démineur, affecté dans une operational mentoring liaison team (OMLT), et faisait partie des meilleurs éléments de son régiment. Quand il a été désigné pour partir en Afghanistan, avec deux autres soldats de son unité, il a cru tenir son bâton de maréchal, le couronnement précoce de la carrière brillante d'un jeune sous-officier bien noté, premier à tous ses stages. Contrairement à Marc, il est revenu plutôt en forme de son séjour. Dix-huit «engagements au feu», deux IED neutralisés, trois mines, pas mal de cadavres, peut-être un peu accro à l'adrénaline : «Je m'attendais à de la reconnaissance en revenant, en fait tout le monde s'en foutait.» Il est devenu dur. Plus d'empathie, les problèmes des autres lui paraissent sans intérêt. Cette «anémie émotionnelle» fait partie des symptômes du stress post-traumatique : «Tout ce qui m'intéressait, c'était retrouver mon chat.»

    En stage de formation pour les nouvelles recrues, il y va un peu fort. A l'ancienne. Ou peut-être à la nouvelle manière des anciens d'Afghanistan, durs comme l'étaient les anciens d'Algérie. Il se surprend à passer régulièrement une heure seul sur son lit, à ne rien faire. Avec les copains qui, comme lui, ont combattu là-bas, ils se rendent compte que quelque chose ne tourne pas rond, et se décident à consulter. En parler, c'est déjà un grand pas. «La rencontre avec la mort est un ébranlement majeur de sa sécurité d'humain, explique le Pr Boisseaux. Le réflexe, quand on est ébranlé sur ses bases, c'est d'aller vers les copains, vers le groupe, qui est "contenant" et assure l'équilibre psychique. En allant voir le médecin, on court le risque de fragiliser le groupe et d'être mis en marge.» Cyril consulte, se prend en main.

    On diagnostique un stress post-traumatique. Premier arrêt maladie. Il revient et prépare le concours pour passer officier, est très bien placé aux examens blancs. Mais les préjugés ont la vie dure. Le chef de corps le reçoit en entretien : «Je sais que vous préparez le concours, et aussi que vous consultez. Pour le concours, oubliez pour cette année.» Quand il ne rêve pas de cadavres égorgés et éviscérés, Cyril voit dans son sommeil des militaires s'éloigner de lui et l'abandonner. Il reste seul. Sa médaille militaire, il en a reçu l'attestation par la poste. Sans un mot d'accompagnement. Il l'a achetée lui-même : «C'est un peu dur de se dire qu'après tout ça il va falloir que j'aille la faire poser sur mon uniforme et qu'on ne me la remettra pas lors d'une cérémonie.»

    Grand écart psychique

    Marlène Peyrutie ne décolère pas. Mère de soldat, elle a créé une association, Terre et paix, pour venir en aide aux familles désemparées : «Quand, avec mon ex-mari, nous avons vu que notre fils, qui était pourtant un militaire très expérimenté, n'allait pas bien, nous sommes allés sur les forums sur Internet : il y avait des centaines de cas, des appels au secours.»

    On en trouve entre autres sur la page Facebook de l'association Familles de milis, créée par Geneviève Theolas, la compagne du brigadier Steeve Cocol, tué le 18 juin 2010. Familles de milis se veut un mouvement de soutien aux militaires français engagés où qu'ils soient, mais milite aussi pour le retrait des troupes d'Afghanistan. Tout comme Marlène Peyrutie, qui souhaite également la création d'une coordination nationale des associations : «On dit que les militaires sont suivis, mais ce n'est pas vrai. L'armée est dépassée par le nombre de cas de tentatives de suicides. Et en parler vraiment pose problème, car cela remet en cause la pertinence de l'engagement de la France en Afghanistan. Quand on s'est mis à envoyer des soldats là-bas par centaines, on ne s'est pas rendu compte de l'impact que cela aurait. Il y a aussi la question de la réparation : quand un soldat fait une tentative de suicide, si on reconnaît le lien avec le séjour en Afghanistan, cela veut dire s'engager sur une réparation à long terme.»

    Cette «imputabilité au service» est au coeur de nombreux dossiers. Comme celui de cet homme dont le père a pris contact avec Terre et paix : «Il nous a appelés une semaine après son retour : "Papa, j'entends des voix..." On est allés voir le psychiatre militaire, qui nous a dit que c'était de la schizophrénie, et que c'était en germe avant qu'il parte là-bas. Donc que l'armée n'était pas responsable. Il n'y avait jamais eu le moindre signe avant-coureur, et il était revenu de son premier séjour au Tchad en pleine forme physique et intellectuelle.» Il avait aussi passé avec succès tous les entretiens avec les psychologues et avait été déclaré apte au service. «Il s'est passé quelque chose là-bas, mais ils ne veulent pas l'admettre, poursuit le père. En attendant, mon fils se replie sur lui-même, il vit seul, a perdu ses amis et a pris 25 kg à cause des médicaments. Il adorait son boulot et l'armée. C'est une vie de famille gâchée. On a vraiment le sentiment de s'être fait balader.»

    «maladies mentales»

    Comme toutes les mères de soldat, Giselle Sanchez a cessé de vivre durant le séjour de son fils en Afghanistan, d'autant qu'elle ne comprenait pas son engagement chez les chasseurs alpins : «Ah, non, il ne l'a pas fait pour la patrie et toutes ces idioties, on n'est jamais tombés là-dedans !» Très engagée à gauche, elle a ouvert un blog, écrit un livre sur son expérience, Mon fils s'en va-t-en guerre (Max Milo), correspondu avec des dizaines d'autres familles. Elle vient de remettre ces échanges de mails aux archives du ministère de la Défense, pense que cela pourrait être utile pour comprendre, plus tard, pourquoi de jeunes Français sont allés se faire tuer là-bas. Chez elle, une bibliothèque très marquée par la psychanalyse et Lacan. Paradoxalement, elle ne croit pas au stress post-traumatique : l'armée, selon elle, surévalue un phénomène qui n'est qu'un moyen, pour des soldats blasés, de se faire mettre en arrêt maladie. Ceux qui en sont atteints, assure Giselle Sanchez, étaient de toute façon psychotiques au départ !

    «Le problème, pour ces hommes et ces femmes, c'est qu'on leur a raconté n'importe quoi, estime un psychiatre civil. Quand on entend des soldats dire qu'ils ne comprennent pas pourquoi ces gens leur souriaient une heure avant de leur "tirer dans le dos", il y a un problème. On leur a fait croire qu'ils allaient rétablir la paix, construire des écoles et distribuer des crayons. Mais non ! C'était la guerre, tout simplement. On leur a fait faire un grand écart psychique très dur à assumer.» Et les conséquences humaines seront lourdes. «J'ai de la chance», prétend Pierre, un sous-officier hospitalisé en psychiatrie après avoir été blessé par des éclats de mortier à l'été 2011. Ma femme m'a pris par la main, elle a compris ce qui se passait quand, la nuit, j'errais dans la maison en cherchant à toucher la toile de ma tente et que je la braquais ou l'agrippais quand elle venait me chercher. J'aurais été célibataire, le soir, j'aurais bu, et je n'aurais rien dit. J'ai vécu six mois dans un état de stress permanent, toujours aux aguets. Je ne peux pas aller faire des courses, j'analyse tout ce que font les gens, avec la peur permanente des attentats-suicides. Toute personne qui surgit derrière un rayon est une menace potentielle.»

    Aujourd'hui, son épouse et ses enfants sont suivis par un psychologue. Même si l'armée reconnaît son affection, l'assurance militaire à laquelle il cotise depuis de nombreuses années l'a classé dans les «maladies mentales», l'excluant de fait de la plupart de ses contrats. Il y a encore un petit travail de coordination à effectuer... Pierre ne voit pas son avenir sans l'armée, mais il est pour l'heure incapable de reprendre son poste : «J'ai l'impression de faire le deuil d'une personne qui est morte là-bas. Maintenant, je vais me reconstruire.»
      
     Repères
      3 500 soldats français encore présents en Afghanistan.

    2 000 auront quitté le pays d'ici à la fin 2012.

    1 500 resteront pour effectuer le retrait du matériel, logisticiens et soldats assurant leur protection.

    87 soldats français tués depuis le début de la guerre, en octobre 2001.

    193 militaires de l'International Security Assistance Force (Isaf) tués depuis le début de l'année, dont 9 Français.
     
      Le  dispositif d'aide aux blessés

    La cellule d'aide aux blessés de l'armée de terre (Cabat), dirigée par le lieutenant-colonel Maloux, assure, sur un plan social et administratif, le suivi physique et psychique des blessés et de leurs familles : aide au retour à l'emploi, financement de stage, assistance médicale... Elle s'occupe également de l'annonce des décès et de l'accueil des familles pour l'arrivée des cercueils aux Invalides : «L'année 2011 a été particulièrement difficile, reconnaît le lieutenant-colonel, avec 32 orphelins, 17 jeunes veuves, dont l'une mère de cinq enfants, et trois naissances post-décès. Pour nos personnels, c'est une charge émotionnelle très importante. Nous sommes nous-mêmes suivis par des psychiatres.» A l'extérieur de l'institution militaire, trois associations principales s'occupent des militaires blessés : Terre fraternité, Solidarité défense, et Ad Augusta – créée par le capitaine Pêche, ancien nageur de combat lui-même atteint de stress post-traumatique –, dont le but est d'organiser des stages de motivation et de réinsertion.
     
     Quelques exemples des suites de la guerre. Une guerre n'est jamais finie: ses conséquences perdurent dans tous ces soldats traumatisés qui traumatisent ( malgré eux) leur entourage, leurs enfants, lesquels en porteront des traces en
     eux. Des générations entières peuvent ainsi être sacrifiées sans qu'aucun problème ne soit résolu, que ce soit au niveau local ou international. Souvent d'autres guerres surgissentpar la suite, ayant leur germe dans des guerres passées non ou mal cicatrisées. Il serait intéressant de faire des études approfondies sur ces conséquences individuelles ou collectives.
     Une guerre n'est jamais finie! Il ne faut pas les commencer, c'est la seule solution. D'autres façons de lutter existent.  Il faut éduquer les populations: voir Gandhi, Martin Luther King, Mandela....
     "On ne peut changer une situation si on ne change pas la mentalité qui l'a provoqué."  Gandhi, Einstein... Je ne me rappelle pas qui l'auteur de cette phrase que chacun devrait méditer.   (lavieenvert)
     

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  • La famine mondiale est imminente... (Pierre GEWAERT )

    2009   106 p.

     

      Notre " civilisation " industrielle urbaine a détruit la planète et son climat. Avant l'ère industrielle, l'économie était aux mains du secteur primaire et les lois en prenaient soin. Les technologies, appliquées à l'agriculture, ont provoqué l'abandon de la production de qualité au profit de la quantité. Le développement continuel du secteur industriel doté de l'arme publicitaire a créé des besoins illimités, le tout nécessitant une croissance économique continue que la planète ne supporte plus. Entretemps, les gardiens de la nature sont partis avec leur savoir faire, les sols s'épuisent, l'eau est rare et polluée et la nourriture industrialisée crée des maladies modernes.
       Sans un retour massif à la campagne, les famines sont inévitables à court terme. La renaissance des villages du futur, dotés d'une large autonomie et de technologies nouvelles, simples et renouvelables, capables de protéger et embellir l'environnement, pourra assurer une prospérité durable. Nous serons bientôt contraints et forcés d'agir en ce sens...
     
       Pierre Gevaert est né en Flandre en 1928, étudiant en agronomie, puis agriculteur, il fonde l'entreprise Lima, transformatrice d'aliments bio, qu'il dirigera pendant 30 ans tout en restant agriculteur et conférencier. Il a déjà publié 
       -L'avenir sera rural : au secours d'un monde moderne en dérive (éditions Courrier du Livre),
        -L'exode urbain : est-il pour demain ? (éditions Ruralis)
        -Alerte aux vivants : pour une renaissance (éditions Sang de la Terre agraire). Il oeuvre depuis longtemps pour organiser des regroupements agro-écologiques à la campagne, en Belgique d'abord, puis en France et actuellement au Sénégal.  

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  • +L'âge de laccès (Jeremy RIFKIN )

    2005    393 p.    12,70 €

     

       Longtemps, le capitalisme s'est identifié à la propriété : le marché est d'abord ce lieu où nous échangeons les biens que nous possédons et ceux que nous désirons acquérir. Aujourd'hui, l'explosion des technologies de l'information et de la communication est à l'origine d'une mutation sans précédent : les marchés laissent la place aux réseaux, les biens aux services, les vendeurs aux prestataires et les acheteurs aux utilisateurs.
      Dans cet ouvrage passionnant, Jeremy Rifkin montre que les nouveaux géants de l'économie mondiale ne cherchent plus seulement à nous vendre des produits, mais à nous faire adhérer à l'imaginaire de leurs marques, à nous regrouper en clubs et à nous faire partager des émotions communes. Et Internet ne fait qu'accélérer la dématérialisation de l'économie, obligeant chacun à être " connecté " s'il veut accéder aux loisirs, à la culture et au savoir. Nos existences sont déjà aux mains des professionnels du marketing qui traquent nos habitudes et nos modes de vie.
       Dans un monde où chacun devra acquitter un droit d'accès à sa propre vie, quelle place restera-t-il aux relations humaines et à la culture ?
       -" Comme à l'habitude, l'apport factuel sur le sujet traité est inégalable. " Le monde diplomatique.
       -"Son livre n'est pas un pavé de plus parmi les trop nombreux ouvrages parus sur la netéconomie, mais une réflexion philosophique sur la société de communication que symbolise Internet. " Le nouvel économiste.
      
       Jeremy Rifkin, président de la Foundation on Econornic Trends à Washington, est l'auteur (à La Découverte) de
      -La Fin du travail,
      -Le Siècle biotech,
      -L'Économie hydrogène et du
       -Rêve européen (Fayard, 2005),
      qui ont rencontré un succès considérable, aussi bien en France qu'à l'étranger.
     

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    Faudra-t-il cultiver en ville pour nourrir la planète ?

    Publié le 03-07-2012

     
    Urban Farm Unit
    Urban Farm Unit
    Damien Chivialle

    La perspective d'une planète sans pétrole, habitée par neuf milliards d'habitants en 2050 pose la question des solutions pour nourrir une population qui sera concentrée dans les villes. Urbanistes, architectes et designers rivalisent d'imagination pour concevoir les fermes urbaines de demain.

    Tout a commencé en 2005, lorsque le cabinet d’architectes SOA répond à un concours d’idée pour concevoir une tour écologique. Leur projet de « Tour Vivante » dont les trente étages enchevêtrent bureaux et production agricole sur plus de cent mètres de hauteur gagne le concours. Cette vision futuriste incarne une préoccupation contemporaine exacerbée par la perspective du réchauffement climatique : et si un jour la campagne ne suffisait pas ou était trop éloignée des centres urbains pour les approvisionner en nourriture ? L’agriculture en ville est petit à petit devenue un sujet attisant les esprits créatifs. « La Tour vivante était un projet « manifeste » (…) nous considérons que l’agriculture maraîchère en milieu urbain permettrait de résoudre un besoin social des habitants », résume Océane Ragoucy, architecte et animatrice du Laboratoire d’urbanisme agricole (LUA). La création du LUA en avril 2012 incarne la vitalité des réflexions. L’association regroupe des architectes, mais aussi des urbanistes, designers, économistes, agronomes et tente de capitaliser l’ensemble du travail réalisé autour de l’agriculture en ville.

    Tours nourricières

    Ces images de tours nourricières, attirent l’œil et soulèvent des questions : d’ici à 2050 les besoins alimentaires devraient augmenter de 70 % et la tendance à consommation locale se confronte à la densification des populations dans des aires urbaines qui ne cessent de s’étaler. « La question se justifie car la coupure actuelle entre ville et campagne est inédite dans l’histoire. Il n’y a pas si longtemps, le maraîchage et des bergeries étaient beaucoup plus intégrés à la ville que maintenant. Or la ville va devoir s’adapter à l’après pétrole », souligne Genevière Savigny, membre de la Confédération paysanne.

    Si aucune de ces tours n’a été conçue pour voir le jour, les toits des immeubles, au Québec ou au Japon, accueillent de plus en plus de jardins suspendus, parfois sous serre, qui fournissent une production vivrière aux habitants. A Romainville (Seine-Saint-Denis), la ville a missionné une équipe pluridisciplinaire autour du cabinet SOA pour élaborer un projet de ferme en maraîchage faisant vivre deux paysans sur les toits de la cité Cachin qui fait l’objet d’un plan de rénovation. Le projet n’en est qu’à sa phase préparatoire, mais le cas est très concret et c’est le plus avancé en France.

    Aussi extravagant que sérieux, le concept de ferme verticale pose autant de problèmes qu’il n’en résout : renouer avec l’agriculture par le développement d’une production hors-sol relève du paradoxe, sans parler du caractère énergétivore du fait de la faible exposition au soleil d’une production en étage. Par ailleurs, si ces fermes urbaines rapprochent géographiquement le citadin du légume, leur dimension laisse entrevoir un besoin d’investissement réservé à des acteurs financiers et industriels qui reproduirait le hiatus entre l’agro-industrie et le consommateur d’aujourd’hui. « Il faudrait une dimension collective dans la gestion économique pour répondre réellement à la préoccupation de sécurité alimentaire », estime Geneviève Savigny. « Il faut réfléchir à des solutions adaptées à chaque contexte », répond Océane Ragoucy, qui met en avant le concept de mini ferme développé au sein du LUA : des serres maraîchères verticales mais de taille réduite, conçues comme un élément d’animation des rues et exploitées par des paysans, dans une gestion partagée avec les habitants d’un quartier.

    Ferme container

    Dans un autre genre, la ferme container du designer Damien Chivialle joue sur le détournement d’usage d’un des objets les plus emblématiques de la circulation des marchandises et renouvelle par la même occasion le concept du jardin ouvrier. Le bloc de métal, plus connu pour s’empiler sur les docks, est coiffé d’une serre pour cultiver hors sol quelques légumes selon la technique de l’aquaponie. Le concept inspiré d’applications réelles dans les secteurs rizicoles, associe l’hydroponie (la culture hors-sol où les racines reposent dans une canalisation où circule une eau dotée de tous les nutriments nécessaires) à l’aquaculture. La canalisation est reliée à un bassin d’élevage de poissons bio, leurs déjections remplaçant les nutriments de la plante. Le designer ne mise pas sur une application commerciale de son concept, bien que trois fermes containers aient déjà été installées à Zurich, Berlin et Bruxelles. Mais il symbolise parfaitement cette nécessité de produire de l’alimentation selon des critères imposés par la ville, à commencer par la faible emprise au sol. Un container n’occupe pas plus de 15 m², soit à peine plus qu’une place de parking. « Dans la perspective de la fin du pétrole, le container pourrait devenir un objet statique. C’est pourquoi j’ai tenté de penser à d’autres usages, plutôt incongru, de l’objet », explique Damien Chivialle. L’avenir nous dira si ces concepts créatifs recouvraient une dimension prophétique.

    Philippe Chibani-Jacquot
    © 2012 Novethic - Tous droits réservés

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    2012   153 p. 18 €

    Si pendant longtemps les hommes ont ignoré, voire nié, le phénomène d'extinction des espèces, celui-ci est aujourd'hui au coeur du débat écologique et suscite de nombreuses idées reçues :

    • "La sélection naturelle conduit à l'extinction des espèces",
    • "Les dinosaures se sont éteints brutalement",
    • "Le changement climatique est un facteur majeur de l'extinction des espèces",
    • "Le dodo a été exterminé par l'homme",
    • "Il est possible de faire revivre des espèces disparues",
    • "L'espèce humaine pourrait, elle aussi, disparaître"...

    A l'aube de ce que certains présentent comme la 6e extinction de masse de la biodiversité, Eric Buffetaut nous éclaire sur le cycle complexe de l'évolution des espèces, au travers d'une approche historique et scientifique, illustrée par de nombreux exemples.

      Il est spécialiste de la paléontologie des vertébrés, docteur ès sciences, et Directeur de Recherche au CNRS (Laboratoire de Géologie de l'Ecole Normale Supérieure, Paris).


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