• 1177 avant J.C. Le jour où ... (Eric H. CLINE)

      

    2015    260 p.    22€

       Un réchauffement climatique suivi de sécheresse et de famines, des séismes, des guerres civiles catastrophiques, de gigantesques mouvements de populations fuyant leurs terres d'origine, des risques systémiques pour les échanges internationaux...

       Nous ne sommes pas en 2015, mais bien au XII e siècle avant J.-C. ! Toutes les civilisations de la Méditerranée grecque et orientale (de la Crète à l'Égypte, de Canaan à Babylone, etc.) se sont en effet effondrées presque simultanément, il y a plus de trois mille ans. Des régions entières ont été désertées, des villes détruites et définitivement vidées de leurs habitants. L'Égypte ne sera plus que l'ombre d'elle-même.

       Comment un ensemble de civilisations florissantes a-t-il pu disparaître aussi brutalement ? Le grand archéologue américain Eric H. Cline mène l'enquête et nous raconte la fin de l'âge du bronze sous la forme d'un drame en quatre actes. Il fait revivre sous nos yeux ces sociétés connectées qui possédaient une langue commune, échangeaient de multiples biens (grains, or, étain et cuivre, etc.), alors que les artistes circulaient d'un royaume à l'autre. Les archives découvertes témoignent de mariages royaux, d'alliances, de guerres et même d'embargos.

       En somme, une " mondialisation " avant l'heure, confrontée notamment à des aléas climatiques qui pourraient avoir causé sa perte... Une passionnante plongée dans le passé qui nous oblige à réfléchir.

        Eric Cline est professeur d'histoire et d'anthropologie. Il dirige le Capitol Archaeological Institute de l'université George-Washington. Comme archéologue, il a participé à de nombreuses fouilles en Grèce, Crète, Chypre, Égypte, Israël et au Liban.

       
         "Vers - 1177, la civilisation de l'âge de bronze moderne autour de la Méditerranée s'est brutalement effondrée. Il faudra attendre plusieurs siècles pour que la Grèce connaisse une renaissance culturelle. Que s'est-il donc passé il y a un peu plus de trois mille ans ? C'est à cette question que répond le professeur d'histoire et d'anthropologie américain Eric H. Cline dans un livre fascinant. 

       Les premiers chapitres présentent la situation des peuples de la Méditerranée avant leur écroulement. Le scientifique fait bien attention à peser le pour et le contre des informations partielles disponibles sur ces temps si lointains, mêlant éléments économiques, politiques et sociaux, avec parfois un souci de la précision un peu poussé pour le lecteur. Mais le diagnostic proposé est clair : le XIIe siècle avant Jésus-Christ représente l'apogée de trois siècles d'une économie globalisée reliant plusieurs civilisations méditerranéennes florissantes. Avant que tout ne s'écroule. La suite du livre offre un récit captivant à partir des indices et des enquêtes disponibles pour comprendre ce qui a pu se passer, en faisant la part des choses entre les événements naturels et ceux liés à l'action de l'homme.

        Des causes naturelles et sociales

       Une bonne partie de la zone a connu une succession de tremblements de terre. Des cités ont été détruites et ont complètement disparu. Mais d'autres ont été réoccupées et reconstruites. Des preuves scientifiques récentes montrent que la région a également connu une période de sécheresse et de forts changements climatiques, à l'origine de famines qui ont pu créer des tensions sociales.

       La période a de fait été marquée par des révoltes intérieures dans différentes civilisations de la Méditerranée. Celles-ci ont pu être le résultat des changements naturels cités plus haut, mais aussi le fruit d'une rupture des flux commerciaux internationaux, ce qui aurait eu un impact social important et conduit à des mouvements du type révolution russe. Une hypothèse plausible, nous dit le chercheur.

        La fermeture des routes commerciales

       Mais pourquoi cette désintégration d'une mondialisation commerciale installée depuis plusieurs siècles ? Les études ont longtemps mis en avant l'équivalent d'invasions barbares coupant par leurs actions des routes d'échanges essentielles. Par exemple celle de l'étain, une matière première aussi stratégique pour l'époque que l'est pour nous le pétrole. Les connaissances actuelles laissent penser qu'il y a eu effectivement des mouvements migratoires importants, mais plutôt de paysans en quête de mondes nouveaux que de hordes d'envahisseurs, même si des batailles ont bien eu lieu. Il n'en reste pas moins que des routes commerciales clés ont été touchées et même complètement coupées.

       Il n'y a donc pas de coupable idéal. Tous ces événements semblent avoir leur part d'explication et Eric H. Cline insiste sur la dimension systémique de l'effondrement. Les liens forts existants entre les différentes civilisations ont pu entraîner un effet domino, les problèmes des unes se transmettant et s'ajoutant à ceux des autres. Comprendre comment les civilisations antérieures sont devenues vulnérables nous aide en tout cas à mieux réfléchir à notre situation. Pour, peut-être, nous éviter trop rapidement le même sort."

       Christian Chavagneux    Alternatives Economiques n° 347 - juin 2015


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