Si le capitalisme productiviste appauvrit les pauvres et dévaste la biosphère, ce manifeste propose, à partir de l’action des mouvements sociaux, comment redéfinir et redistribuer les richesses, démocratiser la société et de l’économie, affirmer la solidarité inclusive et l’importance de notre interdépendance avec la Terre et le vivant.
Les mouvements sociaux et altermondialistes travaillent depuis plus de vingt ans, en alliance avec des scientifiques, à concevoir et expérimenter des alternatives : elles sont aujourd’hui mûres, crédibles et radicales. Pour les imposer aux dominants, il va falloir les partager et les bonifier avec le plus grand nombre, et nourrir nos luttes par des complicités et des alliances inédites. Voilà « ce qui dépend de nous ».
Construire un « monde d’après » solidaire et désirable.
- Ce qui dépend de nous, c’est d’agir aux côtés des personnels hospitaliers, pour augmenter les salaires et les effectifs, pour préserver et étendre les organisations coopératives et horizontales du travail de soin qui ont sauvé tant de vies pendant l’épidémie.
- Ce qui dépend de nous, c’est de désobéir à la gouvernance par les chiffres pour initier une refondation des services publics centrée sur le care, le soin des autres et de la nature, l’attention aux usager·es et aux élèves, à commencer par les plus fragiles.
- Ce qui dépend de nous, c’est d’imposer par nos luttes un partage des richesses, un revenu garanti, un droit au logement et aux papiers pour les précaires et chômeurs victimes d’une crise sociale qui ne fait que commencer.
- Ce qui dépend de nous, c’est de poursuivre et d’amplifier les multiples réseaux de solidarité concrète que nous avons tissés pendant l’épidémie.
- Ce qui dépend de nous, c’est d’empêcher que repartent comme avant, soutenues par l’agent public, les activités insoutenables pour la vie.
- Ce qui dépend de nous, c’est de décider, en nous réunissant sur nos lieux de travail et de vie, ce à quoi nous devons renoncer, ce que nous voulons transformer, ce que nous voulons inventer pour mieux vivre et respecter les limites de la planète.
- Ce qui dépend de nous, c’est de défendre bec et ongles nos libertés et nos droits contre d’illusoires promesses de sécurité et une surveillance électronique généralisée.
- Ce qui dépend de nous, c’est de sauvegarder les terres en installant des paysan·ne·s, de défendre la biodiversité en bloquant les projets de béton et d’extraction, de protéger l’eau contre les pollueurs et les traders.
- Ce qui dépend de nous, c’est de délégitimer et rejeter le pouvoir exorbitant des multinationales sur nos vies, pour que Big Oil&Gaz, Big Pharma, Big Data... laissent la place à l’économie solidaire et aux communs.
- Ce qui dépend de nous, c’est de déployer à grande échelle les expériences alternatives, inclusives et féministes, comme autant d’utopies réelles qui érodent le capitalisme.
- Ce qui dépend de nous, c’est de soumettre au principe démocratique nos mouvements et nos luttes, afin de n’y pas reproduire les dominations sociales, sexuées, racistes qui empoisonnent nos sociétés.
- Ce qui dépend de nous, c’est de construire un projet enthousiasmant de relocalisation écologique et solidaire, pour discréditer les simulacres néolibéraux, la régression nationaliste, et proclamer notre interdépendance avec les autres peuples et le vivant.
De nombreux contributeurs et contributrices ont souhaité apporter leur expertise et leur soutien à cet ouvrage collectif, et notamment : Dominique Méda, Claire Hédon, Mathilde Larrère, Nicolas Girod, Jean-Baptiste Fressoz, Marie-Hélène Bacqué, Pablo Servigne, Guillaume Faburel, Geneviève Azam, François Gemenne, Laurence de Cock, Txetx Etcheverry, Amélie Canonne, etc.