• Après la guerre

     Un soldat français tué en Afghanistan... et combien d'existences fracassées!

    Mardi 7 Août 2012    Vladimir de Gmeline (Marianne 2 )

    Un chasseur alpin français a été tué dans la province de Kapisa, mardi 7 août. Mais il y a tous ceux revenus sans blessure apparente, pourtant minés par l'anxiété, les cauchemars, la dépression ou les tentatives de suicide. Fracassés par une guerre qui ne dit pas son nom.   

    SEL AHMET/SIPA
    SEL AHMET/SIPA
    Un sous-officier français du 13e bataillon de chasseurs alpin de Chambéry a été tué dans la province de Kapisa, dans l'est de l'Afghanistan, mardi 7 août. Il était en opération avec l'armée afghane. Un autre soldat français a été blessé. Lui est «hors de danger», selon l'Elysée. François Hollande a exprimé sa «vive émotion» après ce décès qui porte à 88 le nombre de soldats français tués en Afghanistan depuis le début de l'intervention française et alliée dans ce pays, fin 2001. Nous publions l'enquête de Vladimir de Gmeline, «Les soldats brisés de la guerre perdue», paru dans le magazine Marianne n° 791 daté du 16 au 22 juin 2012. Dans cet article, notre journaliste revenait sur les différents traumatismes liés au bourbier afghan et la difficile réacclimatation des soldats français rentrés au pays.

    Les soldats brisés de la guerre perdue :
    Il a des bras épais comme des cuisses, une voix grave et les cheveux toujours courts. Marc a 26 ans et des rêves d'aventure encore plein la tête. Il s'était engagé pour ça. L'action, les voyages, il en rêvait depuis l'adolescence. Mais l'armée, pour lui, c'est fini. La nuit, il ne dort plus. Il revoit les corps de ses copains, il sent l'odeur des cadavres, à en vomir.
    Pendant deux ans, il s'est réveillé en sursaut, paniqué, cherchant l'interrupteur. Vite, de la lumière : «Je me suis mis à avoir peur du noir.» Il se souvient de cette progression en tête de colonne dans l'obscurité la plus absolue, après une journée de combats furieux sous un soleil de plomb, sans eau et manquant de munitions, des premiers blessés, hagards, des premiers morts, des pièges des talibans embusqués. Au matin, épuisé, arrivé au sommet de la colline, il a été désigné pour aller chercher les corps : «Là, ça a été le tournant de ma vie.»

    Depuis le début de l'engagement français en Afghanistan, en 2001, 87 soldats français ont été tués. Aux affrontements entre forces combattantes se sont ajoutées la crainte des improvised explosive devices (IED), ces redoutables bombes artisanales, et la menace des attentats-suicides, comme celui qui vient de coûter la vie à quatre soldats du 40e régiment d'artillerie de Suippes et du 1er groupement inter-armées des actions civilo-militaires de Lyon, le samedi 9 juin. L'annonce du retrait des troupes françaises n'a pas calmé les ardeurs des talibans, bien au contraire, et les mois qui viennent s'annoncent particulièrement risqués.
      
       Stress de combat aigu
    Combien sont-ils à être revenus de là-bas complètement changés malgré les apparences ? Intacts physiquement, mais ne se reconnaissant pas eux-mêmes, leurs familles ne retrouvant pas non plus le mari, le copain, le père ou le fils, parti quelques mois plus tôt «combattre le terrorisme», «gagner les coeurs» dans les montagnes afghanes. L'armée avance le nombre de 400 patients traités pour des troubles psychiatriques. Mais tous ne viennent pas consulter, le sujet reste difficile à aborder. On parle de stress de combat aigu, de stress dépassé, de stress posttraumatique.

    Les troubles peuvent apparaître immédiatement, mais aussi des années après. «Il y a un temps de latence. Celui qu'il faut surveiller, c'est celui qui ne montre rien après un événement grave, qui continue son boulot comme si de rien n'était», explique le lieutenant-colonel Foret, chef de la cellule d'intervention et de soutien psychologique de l'armée de terre (Cispat). «Contrairement aux Américains, nous ne chiffrons pas, révèle le Pr Boisseaux, psychiatre à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce. Chaque cas est particulier. Il y a le stress posttraumatique, une catégorie diagnostique précise qui correspond à une rencontre avec la mort et renvoie à la sienne propre. Mais aussi tout un cortège de troubles dépressifs divers.»
     

    Erreurs et approximations

    Cette rencontre, Marc l'a faite. Il est venu à notre rendez-vous avec deux de ses copains du 8e régiment parachutiste d'infanterie de marine (RPIMa) de Castres, Florent et Philippe. Ils ont tous quitté l'armée, travaillent dans la sécurité ou comme chauffeurs de maître, forment un petit groupe de jeunes soldats qui ont vécu l'enfer et se trouvent désormais lâchés dans la nature avec leurs angoisses, leurs doutes et, pour certains, leurs addictions. Tous ont un sentiment très mitigé vis-à-vis de leur régiment : «La cohésion, on te l'apprend pendant tes classes. Mais après...» Ils étaient à Uzbin les 18 et 19 août 2008, dans le district de Surobi, quand la section Carmin 2 est tombée dans une embuscade tendue par les talibans. Dix morts, 21 blessés. Ce jour-là, les Français ont compris avec stupeur que, malgré les discours lénifiants sur le «retour à la paix» et les «missions d'assistance», leur pays était vraiment en guerre. «On ne peut pas être préparé à ça, c'est impossible», dit Marc.

    L'équipement était inadapté aux rigueurs du combat, les vieilles rangers trop lourdes, et les gilets pare-balles ne protégeaient pas de toutes les balles. Comme par magie, de bonnes chaussures et des gilets plus efficaces sont arrivés quelques semaines après le drame. Les soldats avaient depuis longtemps pris l'habitude de compléter leur équipement sur leurs propres deniers, malgré les consignes du chef d'état-major de l'armée de terre (Cemat) qui condamnait ce «panachage». Quant à la planification de l'opération, elle s'est révélée désastreuse. Une série d'erreurs et d'approximations allaient faire d'une opération déjà mal engagée un véritable drame.

    Marc faisait partie de la quick reaction force (QRF) : «On avait fait une "reco" le matin, et ensuite la garde. Je venais de me coucher quand on m'a réveillé pour me dire que Carmin 2 était pris sous le feu. On a dû rejoindre le col à toute vitesse, on a eu de la chance que les "talebs" n'aient pas placé d'IED sur notre route.» Pendant le trajet, ils entendent les comptes rendus à la radio, les premiers blessés, les premiers morts : «T'as pas de visuel, tu te dis : "Je vais mourir." Tu entends des mecs agoniser, le capitaine qui demande des fumigènes – mais y en a pas –, qui demande des tirs de mortier qui n'arrivent pas.» Les combats vont durer toute la journée. Marc se souvient de tout, du moindre détail, surtout de ceux qui reviennent dans ses cauchemars. La balle de 14,5 mm qui a failli le couper en deux mais s'est fichée dans le blindage à côté de sa tête. Le corps du taliban allongé à côté d'un rocher derrière lequel il s'était posté durant quelques minutes au cours de la progression de nuit : «Je ne l'ai vu qu'en reprenant ma progression, j'ai fait un bond en arrière. Il aurait été vivant, c'était fini pour moi. Je pourrais le dessiner. Quarante ans, la barbe bien taillée, pour rejoindre le paradis. Je lui ai balancé une pavasse dans la gueule, il n'a pas bougé.» Et le fil dans lequel il se prend le pied, croyant que c'est une mine qu'il est en train d'actionner, avant de se rendre compte que c'est le reste d'un missile Milan, désormais inoffensif.
      
    Le tournant de leur vie
         
    Et puis le jour qui se lève, la chaleur et les corps qu'il faut aller chercher. Les copains avec lesquels il discutait le matin même. Celui qui venait d'avoir sa femme au téléphone. Celui qui s'inquiétait parce qu'il ne savait pas faire un message Evasan (évacuation sanitaire) en anglais et cherchait la fiche qui l'aurait aidé... L'odeur. Qui l'accompagne toujours. Les blessés. Les seringues de morphine éparpillées sur le sol. Ils n'ont pas de brancards et doivent les remonter à dos d'homme : «On les a mis à l'ombre en attendant les hélicos. On était en ligne derrière un petit muret, à fumer des clopes avec les corps à côté. Après, on est allés pleurer chacun de notre côté.» Le tournant de sa vie.

    En revenant au camp, ils tombent sur les soldats de l'Armée nationale afghane (ANA), qui avaient fui le combat au bout d'une demi-heure : «Ils étaient là, en train de fumer des joints, les pieds bien au chaud...» Sommeil lourd, alcool au réveil en fin d'après-midi : «On n'a rien trouvé de mieux que de nous désigner pour ranger les chambres de nos potes. Dans son sac, tu mets son chapelet, son ordi, sa Game Boy... Tu refais le lit.» Le lendemain, Marc est pris de tremblements, permanents et incontrôlables : «J'étais déboussolé, perdu.» Le Pr de Montleau, chef du service psychiatrique de l'hôpital Percy, est arrivé sur place dès le lendemain de l'embuscade : «C'est lui qui m'a sorti de là, qui me suit depuis le début, c'est mon deuxième père.» Il met Marc sous perfusion. Deux jours plus tard, le soldat est rapatrié en France, avec trois autres parachutistes, dont deux ont également été chargés du ramassage des corps. Alors qu'il se sent déjà coupable de n'avoir pas pu faire ce qu'il fallait pour sauver ses camarades, son capitaine ne le ménage pas : «Quand on va rentrer à notre tour, tu auras honte de toi !» Lexomil pour le stress, Loxapac pour les cauchemars. De retour chez lui après un séjour à Percy, il perd pied : «Je glandais, je picolais, j'ai été horrible avec ma copine, qui elle a été super. On a fini par se séparer.» A la sortie d'un bar à Castres, un type le traite de «tueur d'enfants». Evidemment, ça se passe mal.

    Aujourd'hui, Marc a remonté la pente, grâce aux psychiatres et à sa famille, ses cinq frères et soeurs et ses parents. Mais ce que Marc a subi a également eu des conséquences sur ses proches : «Ma mère est tombée en dépression, et un 18 août mon père s'est arrêté de parler en plein milieu du repas. Le jour de l'embuscade, lorsqu'il a appelé au régiment et qu'il a demandé les noms, il a d'abord été mis en attente pendant deux minutes.» Et puis la culpabilité a fait place à l'amertume, au sentiment d'être mis de côté au régiment. Il va au bout de son contrat, n'est décoré de la valeur militaire qu'au bout de deux ans et demi, après en avoir fait la demande : «Sinon, ils te l'envoient par la poste...»
    Cette amertume, ce sentiment d'abandon, on les retrouve chez Cyril, qui est toujours sous contrat mais en arrêt maladie. Car, malgré les progrès faits dans la prise en charge des troubles psychiatriques par les armées, le phénomène reste tabou. Il existe tout un maillage pour prévenir et détecter ces troubles, entre le service de santé des armées, la Cispat, la cellule d'aide aux blessés, et désormais un «sas de décompression à Chypre» dans un hôtel cinq étoiles, avec sophrologie et prise de parole. «Mais, pour certains chefs de corps, c'est simple, le stress post-traumatique, ça n'existe pas ! confie un officier supérieur. A l'école de guerre, il y avait des types qui disaient : "Eh, les mecs partent en 'Afgha' et reviennent traumatisés, ils ont vraiment des morals de hamster !"»

    Drôle de hamster, Cyril... Un grand gars athlétique de 28 ans, gueule d'ange et belle moto. Il était démineur, affecté dans une operational mentoring liaison team (OMLT), et faisait partie des meilleurs éléments de son régiment. Quand il a été désigné pour partir en Afghanistan, avec deux autres soldats de son unité, il a cru tenir son bâton de maréchal, le couronnement précoce de la carrière brillante d'un jeune sous-officier bien noté, premier à tous ses stages. Contrairement à Marc, il est revenu plutôt en forme de son séjour. Dix-huit «engagements au feu», deux IED neutralisés, trois mines, pas mal de cadavres, peut-être un peu accro à l'adrénaline : «Je m'attendais à de la reconnaissance en revenant, en fait tout le monde s'en foutait.» Il est devenu dur. Plus d'empathie, les problèmes des autres lui paraissent sans intérêt. Cette «anémie émotionnelle» fait partie des symptômes du stress post-traumatique : «Tout ce qui m'intéressait, c'était retrouver mon chat.»

    En stage de formation pour les nouvelles recrues, il y va un peu fort. A l'ancienne. Ou peut-être à la nouvelle manière des anciens d'Afghanistan, durs comme l'étaient les anciens d'Algérie. Il se surprend à passer régulièrement une heure seul sur son lit, à ne rien faire. Avec les copains qui, comme lui, ont combattu là-bas, ils se rendent compte que quelque chose ne tourne pas rond, et se décident à consulter. En parler, c'est déjà un grand pas. «La rencontre avec la mort est un ébranlement majeur de sa sécurité d'humain, explique le Pr Boisseaux. Le réflexe, quand on est ébranlé sur ses bases, c'est d'aller vers les copains, vers le groupe, qui est "contenant" et assure l'équilibre psychique. En allant voir le médecin, on court le risque de fragiliser le groupe et d'être mis en marge.» Cyril consulte, se prend en main.

    On diagnostique un stress post-traumatique. Premier arrêt maladie. Il revient et prépare le concours pour passer officier, est très bien placé aux examens blancs. Mais les préjugés ont la vie dure. Le chef de corps le reçoit en entretien : «Je sais que vous préparez le concours, et aussi que vous consultez. Pour le concours, oubliez pour cette année.» Quand il ne rêve pas de cadavres égorgés et éviscérés, Cyril voit dans son sommeil des militaires s'éloigner de lui et l'abandonner. Il reste seul. Sa médaille militaire, il en a reçu l'attestation par la poste. Sans un mot d'accompagnement. Il l'a achetée lui-même : «C'est un peu dur de se dire qu'après tout ça il va falloir que j'aille la faire poser sur mon uniforme et qu'on ne me la remettra pas lors d'une cérémonie.»

    Grand écart psychique

    Marlène Peyrutie ne décolère pas. Mère de soldat, elle a créé une association, Terre et paix, pour venir en aide aux familles désemparées : «Quand, avec mon ex-mari, nous avons vu que notre fils, qui était pourtant un militaire très expérimenté, n'allait pas bien, nous sommes allés sur les forums sur Internet : il y avait des centaines de cas, des appels au secours.»

    On en trouve entre autres sur la page Facebook de l'association Familles de milis, créée par Geneviève Theolas, la compagne du brigadier Steeve Cocol, tué le 18 juin 2010. Familles de milis se veut un mouvement de soutien aux militaires français engagés où qu'ils soient, mais milite aussi pour le retrait des troupes d'Afghanistan. Tout comme Marlène Peyrutie, qui souhaite également la création d'une coordination nationale des associations : «On dit que les militaires sont suivis, mais ce n'est pas vrai. L'armée est dépassée par le nombre de cas de tentatives de suicides. Et en parler vraiment pose problème, car cela remet en cause la pertinence de l'engagement de la France en Afghanistan. Quand on s'est mis à envoyer des soldats là-bas par centaines, on ne s'est pas rendu compte de l'impact que cela aurait. Il y a aussi la question de la réparation : quand un soldat fait une tentative de suicide, si on reconnaît le lien avec le séjour en Afghanistan, cela veut dire s'engager sur une réparation à long terme.»

    Cette «imputabilité au service» est au coeur de nombreux dossiers. Comme celui de cet homme dont le père a pris contact avec Terre et paix : «Il nous a appelés une semaine après son retour : "Papa, j'entends des voix..." On est allés voir le psychiatre militaire, qui nous a dit que c'était de la schizophrénie, et que c'était en germe avant qu'il parte là-bas. Donc que l'armée n'était pas responsable. Il n'y avait jamais eu le moindre signe avant-coureur, et il était revenu de son premier séjour au Tchad en pleine forme physique et intellectuelle.» Il avait aussi passé avec succès tous les entretiens avec les psychologues et avait été déclaré apte au service. «Il s'est passé quelque chose là-bas, mais ils ne veulent pas l'admettre, poursuit le père. En attendant, mon fils se replie sur lui-même, il vit seul, a perdu ses amis et a pris 25 kg à cause des médicaments. Il adorait son boulot et l'armée. C'est une vie de famille gâchée. On a vraiment le sentiment de s'être fait balader.»

    «maladies mentales»

    Comme toutes les mères de soldat, Giselle Sanchez a cessé de vivre durant le séjour de son fils en Afghanistan, d'autant qu'elle ne comprenait pas son engagement chez les chasseurs alpins : «Ah, non, il ne l'a pas fait pour la patrie et toutes ces idioties, on n'est jamais tombés là-dedans !» Très engagée à gauche, elle a ouvert un blog, écrit un livre sur son expérience, Mon fils s'en va-t-en guerre (Max Milo), correspondu avec des dizaines d'autres familles. Elle vient de remettre ces échanges de mails aux archives du ministère de la Défense, pense que cela pourrait être utile pour comprendre, plus tard, pourquoi de jeunes Français sont allés se faire tuer là-bas. Chez elle, une bibliothèque très marquée par la psychanalyse et Lacan. Paradoxalement, elle ne croit pas au stress post-traumatique : l'armée, selon elle, surévalue un phénomène qui n'est qu'un moyen, pour des soldats blasés, de se faire mettre en arrêt maladie. Ceux qui en sont atteints, assure Giselle Sanchez, étaient de toute façon psychotiques au départ !

    «Le problème, pour ces hommes et ces femmes, c'est qu'on leur a raconté n'importe quoi, estime un psychiatre civil. Quand on entend des soldats dire qu'ils ne comprennent pas pourquoi ces gens leur souriaient une heure avant de leur "tirer dans le dos", il y a un problème. On leur a fait croire qu'ils allaient rétablir la paix, construire des écoles et distribuer des crayons. Mais non ! C'était la guerre, tout simplement. On leur a fait faire un grand écart psychique très dur à assumer.» Et les conséquences humaines seront lourdes. «J'ai de la chance», prétend Pierre, un sous-officier hospitalisé en psychiatrie après avoir été blessé par des éclats de mortier à l'été 2011. Ma femme m'a pris par la main, elle a compris ce qui se passait quand, la nuit, j'errais dans la maison en cherchant à toucher la toile de ma tente et que je la braquais ou l'agrippais quand elle venait me chercher. J'aurais été célibataire, le soir, j'aurais bu, et je n'aurais rien dit. J'ai vécu six mois dans un état de stress permanent, toujours aux aguets. Je ne peux pas aller faire des courses, j'analyse tout ce que font les gens, avec la peur permanente des attentats-suicides. Toute personne qui surgit derrière un rayon est une menace potentielle.»

    Aujourd'hui, son épouse et ses enfants sont suivis par un psychologue. Même si l'armée reconnaît son affection, l'assurance militaire à laquelle il cotise depuis de nombreuses années l'a classé dans les «maladies mentales», l'excluant de fait de la plupart de ses contrats. Il y a encore un petit travail de coordination à effectuer... Pierre ne voit pas son avenir sans l'armée, mais il est pour l'heure incapable de reprendre son poste : «J'ai l'impression de faire le deuil d'une personne qui est morte là-bas. Maintenant, je vais me reconstruire.»
      
     Repères
      3 500 soldats français encore présents en Afghanistan.

    2 000 auront quitté le pays d'ici à la fin 2012.

    1 500 resteront pour effectuer le retrait du matériel, logisticiens et soldats assurant leur protection.

    87 soldats français tués depuis le début de la guerre, en octobre 2001.

    193 militaires de l'International Security Assistance Force (Isaf) tués depuis le début de l'année, dont 9 Français.
     
      Le  dispositif d'aide aux blessés

    La cellule d'aide aux blessés de l'armée de terre (Cabat), dirigée par le lieutenant-colonel Maloux, assure, sur un plan social et administratif, le suivi physique et psychique des blessés et de leurs familles : aide au retour à l'emploi, financement de stage, assistance médicale... Elle s'occupe également de l'annonce des décès et de l'accueil des familles pour l'arrivée des cercueils aux Invalides : «L'année 2011 a été particulièrement difficile, reconnaît le lieutenant-colonel, avec 32 orphelins, 17 jeunes veuves, dont l'une mère de cinq enfants, et trois naissances post-décès. Pour nos personnels, c'est une charge émotionnelle très importante. Nous sommes nous-mêmes suivis par des psychiatres.» A l'extérieur de l'institution militaire, trois associations principales s'occupent des militaires blessés : Terre fraternité, Solidarité défense, et Ad Augusta – créée par le capitaine Pêche, ancien nageur de combat lui-même atteint de stress post-traumatique –, dont le but est d'organiser des stages de motivation et de réinsertion.
     
     Quelques exemples des suites de la guerre. Une guerre n'est jamais finie: ses conséquences perdurent dans tous ces soldats traumatisés qui traumatisent ( malgré eux) leur entourage, leurs enfants, lesquels en porteront des traces en
     eux. Des générations entières peuvent ainsi être sacrifiées sans qu'aucun problème ne soit résolu, que ce soit au niveau local ou international. Souvent d'autres guerres surgissentpar la suite, ayant leur germe dans des guerres passées non ou mal cicatrisées. Il serait intéressant de faire des études approfondies sur ces conséquences individuelles ou collectives.
     Une guerre n'est jamais finie! Il ne faut pas les commencer, c'est la seule solution. D'autres façons de lutter existent.  Il faut éduquer les populations: voir Gandhi, Martin Luther King, Mandela....
     "On ne peut changer une situation si on ne change pas la mentalité qui l'a provoqué."  Gandhi, Einstein... Je ne me rappelle pas qui l'auteur de cette phrase que chacun devrait méditer.   (lavieenvert)
     

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