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Capitalisme et pulsion de mort (G. DOSTALER, B. MARIS)
2010 176 p. 6,60 €
La crise contemporaine, remettant en cause le dogme des marchés infaillibles, suscite un regain d’intérêt pour les auteurs qui insèrent l’économie dans une réflexion anthropologique plus ample et jugent réductrices les anticipations qui misent sur un individu calculateur et rationnel. Tel fut le cas de Keynes, mais aussi de Freud, dont les intuitions, se croisent étrangement, comme le montre cet ouvrage. L’énergie motrice du capitalisme est celle de la pulsion de mort, au sens freudien, heureusement mise au service de la croissance. Mais celle-ci n’est-elle pas en train de rencontrer une inflexion majeure ? La course sans fin à une production qui n’est plus réglée par la satisfaction des besoins, mais mue par la seule espérance de gains futurs, ne dessine-t-elle pas un avenir de destruction plutôt que d’abondance ?
Professeur à l'Université du Québec à Montréal, Gilles Dostaler est spécialiste de l'histoire de la pensée économique, en particulier de Keynes.
Bernard Maris est journaliste économique, chroniqueur à France Inter et auteur de l'
-Antimanuel d'économie (Bréal).
En février 2013, Bernard Maris nous avait fait l’amitié de se prêter au jeu de l’interview dans le cadre du tournage du premier numéro de l’émission Déchiffrages d’Arte intitulé « La croissance à tout prix ? », réalisé avec les Films d’ici. Dans la lignée de Capitalisme et pulsion de mort, livre qui mettait au jour les convergences entre l’œuvre de Keynes et celle de Freud et qu’il avait coécrit avec le regretté Gilles Dostaler, il nous avait exposé sa vision de l’économie, passée au prisme de la psychanalyse. La recherche de la croissance infinie et l’accumulation de la dette sont les symptômes d’une pathologie de nos sociétés capitalistes, soulignait-il, jugeant avec Keynes que celles-ci sont dépressives. Dans ce monde dominé par l’envie et la violence, Bernard Maris voyait pourtant une lueur d’espoir : une nouvelle croissance, portée par le développement des activités de recherche et de création, est possible. Dans la figure archétypale du chercheur se résout en effet le problème de l’envie : le chercheur, c’est l’homme « benevolens », c’est-à-dire bienveillant, celui qui donne (son savoir) sans le perdre. « Une belle image de l’homme de demain », concluait-il en s’interrogeant : « Et pourquoi tout le monde n’aurait pas le droit d’être un chercheur ? »
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Tags : maris, capitalisme, croissance, celle, dostaler
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