• Charlie Hebdo au collège

        Dans ce collège de ZEP du nord de Paris, les professeurs tentent de discuter de l'attentat contre "Charlie Hebdo" avec des collégiens peu convaincus.

    Illustration - Des élèves descendent les escaliers de leur collège (AFP PHOTO / JEAN-PHILIPPE KSIAZEK)  Illustration - Des élèves descendent les escaliers de leur collège (AFP PHOTO / JEAN-PHILIPPE KSIAZEK)
     

      Avec leur professeur de Sciences de la vie et de la terre, une jeune femme à l’allure sportive, la vingtaine d’enfants entre 12 et 13 ans reviennent sur la tuerie de "Charlie Hebdo" à l'occasion d'une heure de vie de classe.

    "Pourquoi a-t-on fait une minute de silence à midi ?" "Pour rendre hommage aux personnes mortes, répond du fond de la classe Shérif, 13 ans (les prénoms ont été changés). Mais pour nous, les dessins, c’est pas de l’humour", ajoute-t-il.

    Avant que le professeur ne puisse répondre, son voisin lance : "On dit partout 'Charlie' est mort, mais c’est faux, c’est pas une personne". Le professeur reprend : "Ce n’est pas une attaque au hasard. Quelles sont les valeurs menacées par cet acte ?" "La liberté d’expression", récite Zina, au deuxième rang, ses cheveux relevés en chignon. Le professeur répond en évitant les mots trop savants pour ses jeunes élèves :

      En effet, on s’en prend au droit de dessiner ce qu’on veut, de faire des dessins satiriques qui s’attaquent aux choses bien établies."

    "Mais on n’a pas le droit de dessiner le prophète", poursuit Zina. "Ils n’ont pas le droit d’abuser de la liberté d’expression". Le professeur la reprend, elle parle d’un journal libre penseur, qui se moquait de tout et de tous. "Est-ce que ça mérite la kalachnikov ?", interroge-t-elle.

    "On les avait prévenus"

    Au troisième rang, un garçon en sweat rouge, prend la parole : "On les avait prévenus. C’est comme à l’école, quand on fait quelque chose qu’on doit pas faire. Vous nous dites d’arrêter une fois, deux fois, trois fois, puis vous nous mettez une heure de colle". Zina l’interrompt :

    Eux, ils ont eu tort de dessiner le prophète. C’est irrespectueux. Ils faisaient ça pour rire, mais on se sent vexé."

    Le professeur : "La religion est une opinion. On a le droit de ne pas être d’accord avec une opinion". Zina : "Ils se moquent de nous, pourquoi on ne se moquerait pas d’eux ?". "Ils l’ont cherché", poursuit Malika, plus grande que les autres, au troisième rang.

    Je ne suis pas l’avocate de 'Charlie Hebdo', reprend l’adulte. Mais tuer est un interdit absolu."

    Ce rappel à la loi n’a pas l’air de convaincre son auditoire.

    Caroline Brizard  L'Obs / Société


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