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Citations de Simone Weil (1909- 1943)
Peut-on dire que nous avons apporté la culture aux Arabes, eux qui ont conservé pour nous les traditions grecques pendant le moyen âge ?
« Lettre à Jean Giraudoux » (1940), dans Écrits historiques et politiques, Simone Weil, éd. Gallimard, 1960, p. 362
L'hitlérisme consiste dans l'application par l'Allemagne au continent européen, et plus généralement aux pays de race blanche, des méthodes de la conquête et de la domination coloniales.
« À propos de la question coloniale dans ses rapports avec le destin du peuple français » (1943), dans Œuvres, Simone Weil, éd. Gallimard, 1999, p. 431
Si l'on admire l' Empire romain, pourquoi en vouloir à l'Allemagne qui essaie de le reconstituer, sur un territoire plus vaste, avec des méthodes presque identiques ?
L'enracinement: prélude à une déclaration des devoirs envers l'être humain (1949), Simone Weil, éd. Gallimard, 1960, écrit en 1943, p. 127L'Église commet un abus de pouvoir quand elle prétend contraindre l'amour et l'intelligence à prendre son langage pour norme. Cet abus de pouvoir ne procède pas de Dieu. Il vient de la tendance naturelle de toute collectivité, sans exception, aux abus de pouvoir.
Mon dialogue avec Simone Weil, Joseph-Marie Perrin, Simone Weil, éd. Nouvelle Cité, coll. « Rencontres », 1995 p. 172Le mot de révolution est un mot pour lequel on tue, pour lequel on meurt, pour lequel on envoie les masses populaires à la mort, mais qui n'a aucun contenu.
Réflexions sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale (1934), Simone Weil, éd. Gallimard, coll. « Folio essais », 1955, p. 39Pour apprécier les partis politiques selon le critère de la vérité, de la justice, du bien public, il convient de commencer par en discerner les caractères essentiels.
On peut en énumérer trois :
Un parti politique est une machine à fabriquer de la passion collective.
Un parti politique est une organisation construite de manière à exercer une pression collective sur la pensée de chacun des êtres humains qui en sont membres.
La première fin, et, en dernière analyse, l'unique fin de tout parti politique est sa propore croissance, et cela sans aucune limite.Note sur la suppression générale des partis politiques (1940), Simone Weil, éd. Flammarion, coll. « Climats », 2017 p. 28Presque partout - et même souvent pour des problèmes purement techniques - l'opération de prendre parti, de prendre position pour ou contre, s'est substituée à l'opération de la pensée.
C'est là une lèpre qui a pris origine dans les milieux politiques, et s'est étendue, à travers tout le pays, presque à la totalité de la pensée.
Il est douteux qu'on puisse remédier à cette lèpre, qui nous tue, sans commencer par la suppression des partis politiques.Note sur la suppression générale des partis politiques (1940), Simone Weil, éd. Flammarion, coll. « Climats », 2017 p. 54, 55Considérer toujours les hommes au pouvoir comme des choses dangereuses.
La Pesanteur et la Grâce, Simone Weil, éd. Plon, 1988, p. 178Mais le pire attentat, celui qui mériterait peut-être d'être assimilé au crime contre l'Esprit, qui est sans pardon, s'il n'était probablement commis par des inconscients, c'est l'attentat contre l'attention des travailleurs. Il tue dans l'âme la faculté qui y constitue la racine même de toute vocation surnaturelle. La basse espèce d'attention exigée par le travail taylorisé n'est compatible avec aucune autre, parce qu'elle vide l'âme de tout ce qui n'est pas le souci de la vitesse. Ce genre de travail ne peut pas être transfiguré, il faut le supprimer.
Conditions premières d'un travail non servile (1942), Simone Weil, éd. L'Herne, coll. « Carnets », 2014, p. 36Aimer un étranger comme soi-même implique comme contrepartie: s'aimer soi-même comme un étranger.
La Pesanteur et la Grâce, Simone Weil, éd. Plon, 1988 , p. 74
La connaissance de la misère humaine est difficile au riche, au puissant, parce qu'il est presque invinciblement porté à croire qu'il est quelque chose. Elle est également difficile au misérable parce qu'il est presque invinciblement porté à croire que le riche, le puissant est quelques chose.
La Pesanteur et la Grâce, Simone Weil, éd. Plon, coll. « Agora », 1988 , p. 199L'homme est esclave pour autant qu'entre l'action et son effet, entre l'effort et l'œuvre, se trouve placée l'intervention de volontés étrangères.
La Pesanteur et la Grâce, Simone Weil, éd. Plon, coll. « Agora », 1988 p. 242Le totalitarisme moderne est au totalitarisme catholique du XIIe siècle ce qu'est l'esprit laïque et franc-maçon à l'humanisme de la renaissance. L'humanité se dégrade à chaque oscillation. Jusqu'où cela ira-t-il ?
La Pesanteur et la Grâce, Simone Weil, éd. Plon, coll. « Agora », 1988, p. 270Je n'oublierai jamais le moment où, pour la première fois, j'ai senti et compris la tragédie de la colonisation. [...] Depuis ce jour, j'ai honte de mon pays. Depuis ce jour, je ne peux pas rencontrer un Indochinois, un Algérien, un Marocain, sans avoir envie de lui demander pardon. Pardon pour toutes les douleurs, toutes les humiliations qu'on lui a fait souffrir, qu'on a fait souffrir à leur peuple. Car leur oppresseur, c'est l'État français, il le fait au nom de tous les Français, donc aussi, pour une petite part, en mon nom. C'est pourquoi, en présence de ceux que l'État français opprime, je ne peux pas ne pas rougir, je ne peux pas ne pas sentir que j'ai des fautes à racheter.
« Qui est coupable des menées antifrançaises » (1938), dans Écrits historiques et politiques, Simone Weil, éd. Gallimard, 1960, p. 341Jamais en aucun cas je ne consentirai à juger convenable pour un de mes semblables, quel qu'il soit, ce que je juge moralement intolérable pour moi-même.
La Condition ouvrière, Simone Weil, éd. Gallimard, coll. « NRF », 1951, p. 208https://fr.wikiquote.org/wiki/Simone_Weil
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