• Crémation ou inhumation : quel est le rite funéraire le plus écolo ?

       Alors que les rites traditionnels n’ont plus la cote, la question de funérailles écologiques prend tout son sens et s’impose de plus en plus comme un critère de choix. Pour aider les familles à y voir plus clair, la Fondation Services Funéraires de la Ville de Paris, à l'approche de la Toussaint, a publié une étude qui compare l’impact environnemental de l’inhumation et de la crémation, les deux seules pratiques légales en France. 

       La crémation est de plus en plus plébiscitée par les Français avec une croissance de 56 % depuis 1975. Cette année, le taux de crémation atteindra ainsi 40 %. L’argument écologique est évoqué en deuxième position. Mais ce rite est-il vraiment moins impactant pour la planète que l’inhumation ? Pour le savoir, la Fondation Services Funéraires de la Ville de Paris (SFVP) a lancé une étude (1) avec la start-up Verteego. Un travail inédit.

    Les recherches, dont le périmètre est limité à la région parisienne, ont pris en compte l’ensemble du cycle de vie du service, de la prise en charge du corps jusqu’à sa décomposition. Matières premières, logistique, consommation d’énergie, déchets… Tout a été passé au crible. Et les conclusions sont particulièrement éclairantes.

    L’inhumation équivaut à 3,6 crémations

    Si l’on s’intéresse à la crémation, le premier poste d’émissions de gaz à effet de serre (GES) est évidemment la consommation de gaz. La quantité moyenne nécessaire est de l’ordre de 42 mètres cubes. Puis viennent les crématoriums (construction et utilisation) et le cercueil (origine du bois, vernis et teintes). Ainsi, une crémation équivaut en moyenne à 3 % des émissions d’un Français sur un an. Elle produit environ 1 kilogramme de déchets à traiter car dangereux mais aussi, 1 kg de déchets à valoriser comme les chutes de bois ou encore les métaux issus de prothèses.

    Du côté de l’inhumation, c’est le lieu de sépulture qui pèse le plus lourd avec 88 % des émissions de CO2 totales. En effet, l’entretien des espaces verts pendant trente ans - la durée de la concession - mais surtout la construction d’un caveau et la pose d’un monument, avec du granit souvent importé, sont très énergivores. Le cercueil et la fin de concession arrivent ensuite. Une inhumation "moyenne" équivaut finalement à 3,6 crémations.

    Cercueil en bois ou en carton ?

    La crémation apparaît donc comme le rite le plus écologique, à la fois sur les émissions de GES mais aussi sur la consommation d’énergie et de ressources rares. Cependant, une inhumation en pleine terre, sans caveau ni monument, a une empreinte carbone légèrement inférieure à la crémation. Or, actuellement, 60 % des inhumations en Ile-de-France sont réalisées en pleine terre.

    Comparatif des émissions de gaz à effet de serre selon les différents rites funéraires.

    L’étude démonte aussi une idée reçue sur les cercueils en carton souvent vantés pour leur soi-disant faible impact environnemental. Les chercheurs sont formels : une crémation dans un cercueil en carton, qu’il soit importé de Chine ou fabriqué en France, émet plus de CO2 par rapport au bois car ce dernier est un meilleur combustible. Même résultat dans le cas d’une crémation théorique sans cercueil non autorisée en France.

    Des cimetières moins entretenus

    "Pour des funérailles écologiques, l’objectif est d’opter pour des cercueils et des monuments plus légers et made in France de préférence", conclut François Michaud Nérard, directeur général des SFVP. "Pour améliorer leur impact environnemental, les crématoriums travaillent également à la mise en place d’un système qui récupère la chaleur afin de la valoriser".

    Réutiliser les caveaux existants et réduire la fréquence d’entretien des cimetières sans les considérer comme laissés à l’abandon sont également des pistes à suivre. La ville de Versailles vient ainsi de recevoir un prix pour le travail de transformation paysagère de ses cimetières. Une politique zéro phyto a été mise en place depuis 2009.

    Outre-Atlantique, de plus en plus d’États autorisent la liquéfaction, moins chère et plus écolo que la crémation. La Californie a ainsi voté une loi permettant de dissoudre dans un "bain chimique" le corps des défunts. La loi devrait entrer en vigueur le 1er juillet 2020, selon le New York Times. Des experts planchent déjà sur l’utilisation du liquide rejeté comme engrais. Reste encore à convaincre les proches des défunts.

    Concepcion Alvarez @conce1   © 2017 Novethic - Tous droits réservés

    (1) Voir l’étude : https://www.servicesfuneraires.fr/sites/default/files/u1/Durapole%20Verteego%20_%20Etude_environnementale_%20SFVP_V5_Synth%C3%A8se_20171012_Veditee.pdf

    À lire : Funérailles écologiques, de Brigitte Lapouge-Déjean et Laetitia Royant, coll. Conseils d’experts, 288 pages, octobre 2017.


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