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De la misère symbolique (Bernard STIEGLER)
2013 404 p. 16 €
Au XXe siècle, le capitalisme consumériste a pris le contrôle du symbolique par son appropriation hégémonique de la technologie industrielle. L'esthétique y est devenue à la fois l'arme et le théâtre de la guerre économique. Il en résulte de nos jours une misère symbolique où le conditionnement se substitue à l'expérience. Cette misère est une honte, la "honte d'être un homme" qu'éprouve parfois le philosophe, et qui est suscitée d'abord aujourd'hui par cette misère symbolique telle que l'ont engendrée les "sociétés de contrôle". Il s'agit pour Bernard Stiegler de comprendre les tendances historiques qui ont conduit t la spécificité du temps présent, niais aussi de fourbir des armes : de faire d'un réseau de questions un arsenal de concepts en vue de mener une lutte. Le combat à mener contre ce qui, dans le capitalisme, conduit à sa propre destruction, et à la nôtre avec lui, constitue une guerre esthétique. Elle-même s'inscrit dans une lutte contre un processus qui n'est rien de moins que la tentative visant à liquider la "valeur esprit", comme le disait Paul Valéry.Bernard Stiegler, docteur de l'Ecole des hautes études en sciences sociales est directeur de l'Institut de recherche et d'innovation (IRI), créé à son initiative au Centre Georges-Pompidou au mois d'avril 2006. Il est également président d'Ars Industrialis et il enseigne la philosophie à l'université de Compiègne et à l'université de Londres. Il est notamment l'auteur de:-La technique et le Temps (Galilée, 1994-2001) et de-Mécréance et discrédit (Galilée, 2004-2006).Commentaires clientApres Guy Debord... 26 juin 2013 Par john doeLes notions et concepts développés par Stiegler sont pléthores. À l’instar de Deleuze, il précise les arcanes historiques pour mieux comprendre l’actualité.
Cette ébauche « d’organologie générale et de généalogie de l’esthétique » confirme la mainmise technologique sur l’esthétique contemporaine.
Les consciences et les pratiques quotidiennes sont imprégnées de produits manufacturés à l’envie : films, chansons, séries télévisuelles et tous les autres produits de consommation. Notre hétéronomie à ce système hyperindustriel confond le « je » dans un « nous », tout deux préfabriqués.
Le contemporain n’est pas en ce sens post-moderne, mais hypermoderne tant l’industrialisation des existences est florissante. Cette grammatisation se renforce nous dépossédant du processus d’intériorisation des langages et des techniques. Selon Stiegler, les loisirs produits par ce système de reproduction massive comme la télé réalité appauvrissent et renforcent les « tendances viles des individus » (p. 391)
. Cette évocation d’un « populisme industriel » prend alors presque des contours moralisateurs. L’attrait pour la célébrité cathodique est pour l’auteur un indice d’une défaillance du système familial qui conduit à l’échec scolaire (p. 197), et par voie de conséquence à la survalorisation du quart d’heure de gloire télévisuel…
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