• Des machines, des plateformes et des foules (E. BRYNJOlFSSON, A. McAFEE )

     Des machines, des plateformes et des foules (E. BRYNJOlFSSON, A. McAFEE )

    Odile Jacob, 2018, 378 p., 27,90 €

    La révolution numérique n’en est qu’à ses débuts. Si elle a déjà des conséquences sur le fonctionnement des économies, ce n’est rien par rapport à ce qui nous attend. Telle est la thèse développée par deux experts du MIT, connus pour leur fascination pour la technologie mais qui nous livrent néanmoins un livre passionnant.

    Débarrassons-nous d’emblée de la deuxième partie du livre, celle consacrée aux plates-formes, le sujet est archi-rebattu et on apprend peu. Le début de l’ouvrage consacré aux machines de plus en plus intelligentes est passionnant. Grâce à l’exploitation des données, les machines arrivent à des jugements plus pertinents que les humains car elles évitent les biais cognitifs et les erreurs d’intuition. Pour autant, les humains conservent des avantages : une ouverture aux informations nouvelles et du bon sens, ce qui manque aux machines. Plutôt que d’implanter des capacités numériques dans les humains, l’avenir consistera sûrement à mettre du jugement humain dans les algorithmes qui gèrent déjà seuls des flottes de camions, la traite des vaches ou la pulvérisation des cultures ou bien s’insinuent dans le domaine de la création artistique (musique, peinture…).

    La partie de l’ouvrage la plus fascinante est la dernière, consacrée à l’intelligence des foules que le numérique permet de mobiliser. On en a un exemple avec Linux, le système d’exploitation Linux. Mais aussi avec le séquençage du génome des globules blancs : un appel général a rapporté des solutions plus rapides et moins chères que ce que préconisaient les spécialistes du sujet. Les deux auteurs donnent les conditions pour que la foule soit utilisée à bon escient : une ouverture la plus large possible en termes d’expérience des participants, l’acceptation de non spécialistes, un bon protocole de vérifiabilité des apports, la proposition de résultats clairs et un mélange d’auto organisation et de hiérarchie.

    Quelles sont les compétences nécessaires pour naviguer dans ce monde numérique ? Être un geek ou bien, et surtout, disposer de compétences en relations humaines. Car l’économie numérique réclame beaucoup de coordination de personnes différentes, car le contact humain est toujours nécessaire, car les humains aiment travailler ensemble.

    Le futur n’est pas écrit. Le numérique peut concentrer les richesses ou distribuer la prospérité, favoriser le secret ou l’ouverture. A nous de le bâtir.

    Andrew McAfee dirige la recherche scientifique du Center for Digital Business du MIT.


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