Dans une société où la consommation superflue et déraisonnée est fréquente, certains ont décidé de réfléchir à une voie alternative dont l'écofrugalité et l'Ecofrugalproject font partie.
Née en 2012, l’idée de Philippe Green (pseudo), un ancien banquier d’affaires reconverti en apôtre de l’écologie, est de convaincre le grand public que réduire son impact environnemental par de petits gestes permet de gagner en qualité de vie et de faire de conséquentes économies sur ses factures à la fin du mois.
Toucher au porte-monnaie pour faire passer ses idées
La batterie d’un téléphone portable qui ne fonctionne plus et l'appareil tout entier finira probablement ses jours au fond d’un tiroir ou dans une poubelle. Ce réflexe nous l’avons tous eu -ou presque- au moins une fois.
C’est justement pour éviter ce gâchis que Philippe Green a lancé le concept d’écrofrugalité, “à la croisée des chemins entre économie et écologie”, selon lui.
“Ma démarche personnelle était d’utiliser cet objet puissant qu’est l’argent à des fins vertueuses”, explique l’ancien financier qui ne perd rien de ses premiers amours pour l'économie. Plus de 500 euros économisés par an sur ses déplacements en utilisant le Vélib’, 250 euros en créant sa propre eau gazeuse, 30% d’économie sur sa facture électrique en s’équipant d’un simple thermostat programmable. Philippe Green multiplie les exemples de cette frugalité au quotidien qui lui permet d’enchaîner les économies.
Une histoire de sobriété
Pour ce consommateur responsable, ce souci d'écofrugalité est né d'une "transformation de notre manière de consommer. Notre société et les marchés qui l'alimentent sont saturés. Les consommateurs ont de nouvelles exigences, moins importantes en terme de quantité qu'auparavant", explique Philippe Green.
À première vue, l'écofrugalité pourrait faire penser au précepte économique de la décroissance, qui vise à rompre avec le dogme de la croissance comme solution à tous les maux économiques. Mais pour l'écologiste convaincu Jean-Marie Pelt, ce raisonnement n'est pas tout à fait exact: "Le principe d'écofrugalité est purement de la consommation responsable. Selon moi, le principe est appelé à remplacer petit à petit notre modèle de consommation actuel, pour aboutir à ce que Pierre Rabhi nomme la sobriété heureuse".
A plusieurs, c’est mieux
Sur la plateforme internet de l'Ecofrugalproject, chacun est invité à venir partager ses bonnes idées pour “dépenser moins, vivre mieux et agir maintenant”, comme le revendique la devise du site. Plus de 700 utilisateurs se sont déjà laissés convaincre par cette expérience collaborative.
Comment réparer soi-même ses appareils électroniques ou faire fondre sa facture d’eau en récupérant l’eau de pluie. Autant de conseils simples mais utiles que Philippe Green répertorie sous forme de fiches pratiques. Il vient d’ailleurs d’achever son premier guide écofrugal, “le livre que j’aurais souhaité avoir à l’époque où j’ai commencé l’expérience”, avoue-t-il.
Si le mot d'écofrugalité est nouveau, l'idée de consommation collaborative qu'il véhicule ne date pas d'hier. Internet et les réseaux permettent depuis longtemps déjà de partager ses appareils électroménager qui servent peu, ou de mettre en location son appareil photo ou sa voiture à ses voisins. Une sorte de "particulier à particulier" de la consommation.
Un concept qui doit essaimer
À travers la responsabilité sociale des entreprises (RSE), l'écofrugalité peut être accusée de greenwashing et d'argument de vente auprès des consommateurs. Philippe Green souhaite pourtant que cette nouvelle façon de consommer se généralise chez les petits entrepreneurs. "Si les économies d'argent les incitent à se mettre à l'écofrugalité, alors tant mieux."