Hier soir, en regardant les images de Notre-Dame de Paris en feu, je ressentais de la tristesse mais pas cette émotion énorme, largement partagée, et cela n’a rien à voir avec le cynisme ou mon rejet des religions car je suis très sensible à la créativité humaine, quelle que soit sa motivation.
Non. C’est juste que je suis... anesthésiée.
Car hier, j’ai entendu le journaliste scientifique Laurent Testot dire, dans une interview, que si rien n’est fait pour changer le cours du dérèglement climatique, Venise et New-York, ces merveilles de la culture humaine, si différentes, seront sous les eaux à la fin du siècle.
Disparues, anéanties, par la faute de ceux qui en sont à l’origine parce que nous sommes entrés dans l’ère de l’Anthropocène, “l’époque de l’histoire de la Terre qui a débuté lorsque les activités humaines ont eu un impact global significatif sur l’écosystème terrestre” (Wikipédia).
Notre Dame date de 1163.
856 ans pour l’histoire des humains, c’est considérable.
856 ans pour l’histoire de la Terre (qui a 4,5 milliards d’années), c’est... rien.
Il y a des symboles de notre civilisation que nous pensons éternels, parce que nous nous pensons éternels et nous refusons obstinément de croire à ce que les scientifiques ne cessent de nous répéter: si nous ne faisons rien, notre Civilisation va s’effondrer parce qu’à cause d’elle, le monde du vivant s’effondre et le climat se transforme, à toute vitesse.
À ce rythme, nos gamins assisteront, de leur vivant, à la disparition inéluctable, non seulement des joyaux nés de l’ingéniosité des humains (réparables), mais aussi de cet autre joyau qui n’est pas de notre fait et qui, du coup, semble moins nous toucher: la perte de l’incroyable diversité du vivant (perdue à jamais).
Ce drame de Paris devrait être l’occasion de comprendre que notre surpuissance n’est qu’un leurre et que nous ne sommes pas invulnérables.
Alors, battons-nous aujourd’hui pour que notre patrimoine, culturel et naturel, ne parte pas en fumée... demain.
Ce billet est également publié sur la page Facebook de Muriel Douru.