• L'addiction aux certitudes (Daniel FAVRE)

    L'addiction aux certitudes (Daniel FAVRE)

      2013   192 p.  12,50 €

        Avec l'éducation dogmatique qui est encore la nôtre, les humains peuvent facilement perdre leur liberté de pensée et devenir dépendants d'idées, de certitudes.

     Comment pouvons-nous si souvent perdre notre liberté de pensée et devenir dépendants d'idées, de certitudes ? Au point de nous amener à justifier la pénurie, l'avidité, l'individualisme, la compétition, parfois violemment, au détriment de la recherche du vivre ensemble et du respect des écosystèmes.
     L'Homme serait-il le seul mammifère à pouvoir devenir « esclave » d'une idée et à avoir besoin de s'accrocher à ses certitudes ? Et souvent de façon collective !
     Cette addiction semble être à la source des fanatismes et de certains choix de société. Notre modèle économique actuel pourrait en partie en résulter.
      Le cas de l'usage de l'argent est exemplaire. Alors que l'humanité s'est donné depuis 40 ans les moyens de l 'abondance en libérant la création monétaire des contingences matérielles, la misère s'invite pour le plus grand nombre dans un environnement de plus en plus dérégulé par les activités humaines...

    Il est possible de reconnaître la pensée dogmatique qui alimente cette addiction et de s'en libérer par :
    - une méthode pour la repérer chez les autres... chez soi et pour s'entrainer à la pensée non dogmatique ;
    - des exercices et des pistes pour se déprendre des phénomènes d'hypnose collective et pour en prémunir ses enfants.

     Se présentent alors quelques raisons d'espérer et de donner réalité à ses rêves...

      Grâce à des notes, un 2e niveau de lecture apportant des précisions, des textes et des références, permet de relier des domaines souvent traités de manière séparée, à savoir la psychologie des comportements addictifs, les attitudes cognitives et l'économie politique et financière.
      
    Extrait de l'introduction

    Périssent mes enfants plutôt que mes idées !  Jacques Dartan

    Quand Hitler parlait, un témoin dans les années 1930 en Allemagne... résistait :
    «J'aurais voulu sauter de joie, me fondre avec les autres, ne faire plus qu'un avec la foule, mais je n'y arrivais pas... Je n'entendais que des absurdités !»
    Cet exemple nous montre que la personne en question se sent partagée entre deux motivations non compatibles : le plaisir de se fondre dans la masse en ressentant une émotion agréable de toute puissance mais en immolant sa raison, ou bien la satisfaction de rester une personne qui conserve sa liberté de penser de manière autonome avec le plaisir de la liberté, mais aussi une frustration liée au sentiment de solitude.
      Un choix difficile ?
      Peut-être vous, lecteurs, vous êtes-vous, comme moi, posé la question : comment aurais-je réagi si j'avais été dans le stade de Nuremberg en 1936, au milieu de la foule qui acclamait son guide incarnant le slogan nazi : Ein Volk, Ein Reich, Ein Führer ! ?

     Est-ce si aisé, intellectuellement, affectivement, de reconnaître que nous avons adopté et fait nôtre une opinion ou une croyance ?

     Lors d'un échange dans notre laboratoire de didactique, un de mes collègues m'affirmait que la science élaborait des concepts, et que la religion manipulait des croyances. Sur quoi, je lui répliquai que le clivage ne se situait pas là. Il existe, en effet, de nombreux scientifiques de notre connaissance qui mobilisent «dogmatiquement» des croyances, mais sans les reconnaître comme telles, tandis qu'il peut exister des religieux qui, de manière «non dogmatique», peuvent se poser beaucoup de questions ; nous pouvions citer des personnes dans chaque cas.

     L'expérience montre que, chacun, nous pouvons comme dans cet exemple, nous attacher affectivement à une idée, que celle-ci relève du domaine de la physique, de la psychologie, de l'économie ou de la spiritualité. Dans ce cas, on est peu enclins à modifier cette idée et dans les cas extrêmes, nous sommes prêts à la défendre, quelquefois avec des injures quand on appartient à la communauté scientifique, les armes à la main, réelles ou symboliques, si on fait partie d'un groupement armé ou d'une secte fanatique.

     Cet attachement aux idées peut se manifester dans les moments les plus banaux de la vie quotidienne.

     Avez-vous déjà observé à table, par exemple lors d'un repas en famille ou avec des amis, comment, quand on aborde certains sujets, les amis ou les proches peuvent revêtir les formes de nos pires ennemis ? Comment peut-on en arriver à de tels dérapages, avec des conséquences parfois fâcheuses tant sur notre digestion que sur la qualité de nos relations ?
     Vous est-il arrivé par la suite de vous questionner sur ce qui avait bien pu se passer en vous, alors que vous aimez la femme, le mari, le parent, l'enfant ou l'ami(e), pour qu'un quart d'heure plus tôt vous ayez tellement envie de l'étrangler ?
     
       Daniel FAVRE est Professeur des Universités en Sciences de l'Éducation, titulaire de deux doctorats en Neurosciences et en Sciences de l'éducation. Ses thèmes de recherche concernent l'interaction entre émotion et cognition, les liens entre échec et violence scolaires, la construction des savoirs et l'éducation à la responsabilité.

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