• L"Afrique est-elle si bien partie? (Sylvie BRUNEL)

    L"Afrique est-elle si bien partie? (Sylvie BRUNEL)

    2014   183 p.   19,50€

      Alors que l'apparente émergence de l'Afrique, avec ses taux de croissance record, suscite l'engouement des médias et des investisseurs, Sylvie Brunel, géographe, économiste, ancienne présidente de l'ONG Action contre la Faim, aujourd'hui professeur des Universités à Paris-Sorbonne, pose dans cet essai la question de la solidité de ce décollage annoncé.

      Et si René Dumont, qui prophétisait en 1962 que l'Afrique était mal partie, avait toujours raison ?

      L'explosion de la violence et des inégalités ne risque-t-elle pas de remettre en question les progrès effectués ? 

      A quelles conditions l'Afrique, ce continent si riche peuplé de tant de si pauvres, peut-elle vraiment et durablement sortir de ses difficultés ?

      Sylvie Brunel sera présente au Festival international de géographie de St-Dié-des-Vosges (du 3 au 5 octobre) et aux Rendez-vous de l'histoire de Blois (9-12 octobre).Elle est l'auteure de nombreux ouvrages dont :

      -A qui profite le développement durable ? Larousse, 2008 ;

      -Nourrir le monde. Vaincre la faim, Larousse, 2009 ;

      -Manuel de guérilla à l'usage des femmes, Grasset, 2009 ;

      -Géographie amoureuse du monde, JC Lattes, 2011 ;

      -Géographie amoureuse du maïs, JC Lattes, 2012 et

      -La planète disneylandisée. Pour un tourisme responsable, Editions Sciences Humaines, 2012.

       [ (...) Pourtant, l'engouement qu'elle suscite aujourd'hui paraît aussi aveugle que l'était le catastrophisme d'hier, lorsque la fin de la guerre froide vit l'effondrement des Etats, minés par la crise de la dette, et la chute de l'aide publique au développement. Car les lignes de faiblesse du continent demeurent : aujourd'hui, la croissance africaine n'est pas durable. L'ampleur des inégalités internes crée des tensions sociales d'autant plus fortes que les réseaux de communication et d'information mettent directement en contact des univers autrefois cloisonnés. Les Africains « du dedans », principalement citadins, branchés sur l'économie mondiale, vivent sur une autre planète que ces Africains « du dehors » que sont les ruraux. Deux tiers de la population continue de dépendre des ressources naturelles. Or le réservoir rural persiste à s'accroître plus rapidement que les villes, malgré leur croissance rapide. 500 millions de paysans manquent de tout et vivent dans l'insécurité foncière et économique, à la merci des caprices du ciel. Alors qu'à Maputo, en 2003, les chefs d'Etat avaient pris l'engagement de consacrer 10 % de leur budget à l'agriculture, moins de 10 (sur 54 pays !) ont respecté leur engagement.

    Le chaudron démographique bouillonne ainsi dans un continent où l'urbanisation accélérée constitue plus le symptôme des difficultés agricoles que la conséquence de la modernisation agraire. Alors que l'Europe du XIXe siècle a pu se délester de 50 millions de migrants, cette soupape de sécurité est refusée à une Afrique en voie de densification rapide. Dans les villes, des cohortes de jeunes - deux tiers de la population a moins de 25 ans -rongent leur frein et leur rancoeur, prompts à enfourcher toutes les révoltes. Dans les campagnes, l'insécurité alimentaire précarise des millions de personnes, qui ne demanderaient qu'à saisir les opportunités économiques... si elles leur étaient offertes.

    Mais voilà, la corruption et le clientélisme compromettent le développement durable : une grande partie des financements abondamment déversés sur l'Afrique continue d'être détournée. La sanctuarisation des territoires au nom de l'urgence écologique marginalise les pauvres. Et le discours victimaire tenu par trop d'élites conduit à rejeter sur l'extérieur et le passé la responsabilité des erreurs de gestion interne. Hier perçue comme un recours, la Chine subit à son tour l'ostracisme et les accusations de pillage, comme s'il fallait à tout prix trouver des boucs émissaires.

    L'Afrique ne sera bien partie que lorsqu'elle répartira mieux la manne des financements, quels qu'ils soient, et saura mettre en oeuvre des politiques sociales dignes de ce nom, au lieu d'exploiter la rente de l'argent facile, qu'il soit humanitaire ou pétrolier. Elle reste un continent riche peuplé de pauvres, où chaque aléa naturel fonctionne comme un révélateur des dysfonctionnements politiques. Que valent les immenses richesses africaines quand plus de la moitié de la population vit encore en dessous du seuil de pauvreté en n'en percevant que de dérisoires miettes ? ] LesEchos.fr

      L'Afrique est aussi la proie des financiers voulant des placements sûrs en investissant dans le foncier, tout simplement volé aux agriculteurs avec l'aide des politiques corrompus: c'est ce qu'on appelle l'accaparement des terres!

      Sylvie Brunel est professeur à la Sorbonne-Paris IV Ce texte est écrit dans le cadre du 27e Rendez-vous de la mondialisation, « L'émergence de l'Afrique subsaharienne dans la mondialisation », organisé par le Groupe d'analyses de la mondialisation.

    En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/03/10/2012/LesEchos/21283-071-ECH_l-afrique-est-elle-si-bien-partie--.htm#CzlWQEEfPc11oTl5.99

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