• L'enfant "sous terreur"

    L'enfant "sous terreur"

                                                             1993      380 p.    21,40 €   

       Enfants humiliés, enfants maltraités, enfants ignorés, dans la vérité de leurs sentiments et de leurs besoins, par des adultes qui trop souvent, ne s'en rendent même pas compte : notre société, en dépit des apparences, ne respecte pas les enfants.

      Depuis l'aube des temps, l'enfant, bouc émissaire, a toujours été utilisé par l'adulte pour se décharger de ses propres tensions, ou pour satisfaire ses propres désirs - sexuels, entre autres; et il sera beaucoup question, ici, des abus les mieux cachés dont les enfants sont victimes bien plus fréquemment qu'on ne le croit. Cette attitude scandaleuse - l'abus du pouvoir de l'adulte sur l'enfant - est considérée comme normale et juste, et perpétuée par la société tout entière.

      Et les psychanalystes eux-mêmes, lorsque la souffrance amènera celui ou celle qui a été un enfant meurtri à chercher auprès d'eux un soutien, ne sauront que le culpabiliser - puisque Freud, "l'infaillible" Freud, après avoir tout d'abord reconnu la réalité des traumatismes sexuels subis dans l'enfance, a fait marche arrière en inventant une théorie qui, elle, innocentait les parents.

      Un livre sur le refoulement - ses raisons et ses effets -, et en même temps sur la solitude émotionnelle de l'enfant dans notre société arrogante et hypocrite. Un livre foisonnant d'exemples, puisés aussi bien dans la pratique analytique que dans la littérature : chez Baudelaire, Flaubert, Kafka surtout - un long chapitre analyse la façon dont l'univers kafkaïen traduit la solitude, la détresse, l'incompréhension du petit enfant.

       Un livre à lire et à faire lire pour que les souffrances de l'enfant soient enfin reconnues et pour que la psychanalyse, grâce au respect du thérapeute pour son patient, à son refus de s'ériger en juge, puisse devenir l'instrument de libération qu'elle a toujours voulu être.

    Alice Miller nous parle de « l’enfant sous terreur ». Elle aborde très bien, comme à chaque fois, la cause. Elle explique très bien certains mécanismes des blocages de l’adulte qui trouvent leurs racines dans l’enfance. Les terreurs que les adultes font naitre chez les enfants chaque fois qu’il contestent leur règle sont comme des mémoires de conditionnement puissant. Ces terreurs peuvent générer de telle explosions psychotiques chez le petit, qu’il se dit que plus jamais il ne s’exposera à la contestation, convaincu qu’il en mourait.

    Quand un jour, cet enfant devenu adulte remettra en causes les règles du groupe pour retrouver sa propre liberté, il risque de voir remonter en lui ces terreurs qui vont le terrasser sur place et lui faire penser qu’il doit renoncer à sa liberté au risque de sa mort psychique, voir physique.

    Il devra alors faire le chemin de retirer de lui-même ce bouton de terreur que son entourage peut utiliser chaque fois qu’il conteste le groupe pour être libre.

    Cet entourage agissant de façon réflexe pour conserver le système pervers souvent involontairement. Et en garder les bénéfices.

    Elle explique bien qu’un des obstacles qu’il va rencontrer c’est qu’il va se sentir responsable de la punition terreur que lui a infligé la vie et va se retrouver ainsi totalement verrouillé  pour probablement des années. Il va se sentir faible vulnérable et coupable. 

    L’environnement va lui proposer de le récupérer avec ses fragilités, puisqu’il ne les remet plus en question. Le système pervers se referme sur le « coupable ». En étant coupable, il perd la force de se révolter et de voir. Tout est fini. Il renonce à sa vrai vie, sa liberté, son coeur et redeviens le maillon transmetteur de la non vie, de génération en génération. Avec tout le lot de pathologies qui s’en suit.

    Lien du site d’Alice Miller : http://www.alice-miller.com/accueil/

    La question est : suis-je toujours responsable de ce qui m’arrive ? Je dirais souvent oui.

    Mais cela ne s’applique pas dans les systèmes pervers ou par définition même étymologique tout est inversé. Dans un système pervers, la caractéristique est que justement vous vous sentez responsable systématiquement alors que vous ne l’êtes pas. C’est même ce qui permet d’identifier les personnes prises dans un système pervers.

    Et au groupe de vous verrouiller.

    A chaque fois que vous contestez, l’énergie du groupe est capable de générer chez vous un niveau élevé de culpabilité, des angoisses profondes, des doutes insurmontables. 

    Vous pouvez aller jusqu’à exploser avec des crises profondes de dislocation du moi.

    Responsable de vivre comme si cela était un crime. Alors que vous ne faites que ce qui est juste.

    Ces terreurs vont risquer de vous verrouiller totalement et définitivement.

    Alice Miller explique très bien tout cela avec les soumissions morts terribles qui s’en suivent.

    En fait tous les auteurs sont formels, il est quasiment impossible de se sortir facilement et dans la conciliation d’un système pervers. Dès que vous l’avez identifié, la seule issue c’est la fuite, sans discussion ou négociation. Votre seule devise doit être: « courage fuyons ».

    Toute autre attitude s’accompagnera irrémédiablement  de peurs, culpabilité, récupération, terrorisation et renoncement. Et la boucle est bouclée.

    Il faut bien réaliser ce système pour reprendre espoir et se dire que ces blocages ne sont pas inéluctables, qu’il est possible de les dépasser. De re-croire en sa vie et son droit de vivre libre et d’aimer.

     N’oubliez pas de visiter le site « Violence féminine ». Lien : http://www.violencefeminine.com/

    Beaucoup d’adultes sont bloqués dans leur vie par les terreurs cachées de leur enfance.  Sans réaliser qu’ils se verrouillent eux-mêmes. Nous avons voulu en dévoiler certaines non reconnues, mais il y en a beaucoup d’autres, comme nous le dit Alice Miller. Cela conduit aux détresses invisibles dont nous parle Marc Vella. Ces enfermements de tant d’entre vous comme nous le dit Werber.


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