• L'Homme post-numérique (François de BERNARD)

    L'Homme post-numérique (François de BERNARD)

      2015    112 p.   11,80 €

      

    Extrait

    Avant-propos

    L'état périlleux du monde actuel et son rapport au «numérique» sont étrangement peu pensés sous l'angle de leurs liens les plus profonds. C'est que la partition des cerveaux, comme celle des ordinateurs, fonctionne bien : elle permet au projet despotique de se poursuivre par d'autres moyens avec une vigueur exceptionnelle.

    De fait, jamais la colonisation des esprits, des imaginaires et des vies n'a été rendue aussi aisée, massive et performante entre les mains d'un tout petit nombre -les oligoi de l'oligarchie. Ainsi ne sommes-nous même plus capables d'établir les liens entre ceci et cela : d'un côté, la pandémie du chômage, le désordre financier, la guerre postcoloniale et civile, les nouvelles formes de terrorisme, l'agonie de l'Europe rêvée par ses fondateurs ; d'un autre côté, la gangrène démocratique, la crise de la citoyenneté, la numérisation de toutes les activités et la télésurveillance institutionnalisée comme panacée républicaine.

    Nous ne mesurons vraiment ni l'ampleur ni les conséquences des vagues de privatisation de tout ce qui était public et de «publicisation» de tout ce qui était privé auxquelles nous avons été soumis depuis trois décennies, imputables en bonne part à l'invasion des corps et des cerveaux par la codification numérique.

    Le présent ouvrage s'efforce d'abord de rappeler comment nous avons pu en arriver là : comment le numérique s'est introduit dans nos vies jusqu'à y occuper une place aussi décisive. Il s'intéresse également à la nature des «changements» auxquels nous sommes confrontés, aux paradoxes et contradictions de ces mutations et de leurs outils (les «TIC»), ainsi qu'à certaines de leurs conséquences. Il s'attache ensuite à la question de la surveillance et du contrôle généralisés, question axiale et point de bascule de nos sociétés vers le modèle d'une «tyrannie virtuelle» déjà effective. Il propose enfin quelques sentiers de contournement du piège historique que nous avons élaboré, en signalant les voies possibles du refus philosophique et de la résistance citoyenne, jusqu'à esquisser le projet d'un homme post-numérique, ainsi que les motifs et contours d'une mobilisation post-numérique à la hauteur des enjeux et des défis.
     

    Consultant en stratégie d’entreprises et d’organisations internationales, François de Bernard enseigne la philosophie à l’Université Paris 8 – Saint-Denis, et il préside le GERM (Groupe d’études et de recherches sur les mondialisations, www.mondialisations.org) depuis sa création en 2000. Auparavant, il a exercé diverses fonctions de conseil, de direction générale, d’administration d’entreprises, d’enseignement et de recherche.

    Il est titulaire d’un Doctorat de Philosophie, d’une Habilitation à diriger des recherches en Philosophie, d’un MBA de l’INSEAD, d’un DESS de Finance et de deux Maîtrises, l’une en Science Politique, l’autre en Philosophie.

    Depuis 1993, il a publié de nombreux articles dans des quotidiens français et internationaux, ainsi que dans des revues scientifiques. Il est l’auteur ou le coordinateur d’une vingtaine d’ouvrages, parmi lesquels les essais

     -La Cité du chômage (Verticales, Paris, 1997),

     -L’Emblème démocratique (Mille et Une Nuits, Paris, 1998),

     -La Pauvreté durable (Le Félin, Paris, 2002), 

     -Dictionnaire critique de « la mondialisation » (coord., Le Pré aux Clercs, 1er vol., Paris, 2002)

     -La Fabrique du terrorisme (Yves Michel, 2008).

    ainsi que les fictions

      -L’Homme (Salvy, Paris, 1995) et

      -Parthénia 2050 (Le Félin, Paris, 2003).

    Il a également réalisé le documentaire

    -Danser la musique de l’Autre et le cédérom

    -Le Son de la diversité (GERM, 2005).

     


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