• L'innovation jugaad (Navi RADJOU, J. PRABHU, S. ABUJA)

    2013   378 p.   24 €

    Extrait de la préface de Carlos Ghosn

       «L'innovation jugaad» : faire plus, avec moins. Réduire la complexité, éliminer le superflu, revenir à l'essence du produit. Donner vie à des produits concrets que les consommateurs veulent et dont ils ont besoin, sans tomber dans l'excès de sophistication... C'est ce que j'appelle «l'ingénierie frugale», un état d'esprit profondément ancré dans les économies émergentes, où être entrepreneur signifie transformer en opportunités l'adversité quotidienne. En Russie, en Inde, en Chine, et dans mon pays natal le Brésil, les chefs d'entreprises considèrent la rareté non comme un problème, mais comme la «mère de l'invention».

       En Chine, des ingénieurs développent des systèmes de surveillance des patients à faible revenu dans les hôpitaux ruraux : ils ont créé de simples bracelets-montres qui mesurent le taux de sucre dans le sang, l'arythmie cardiaque, le niveau de cholestérol ou d'autres maladies. Connectés à des bases de données partagées au niveau régional ou national, ces appareils permettraient d'économiser des milliards de dollars en dépenses de santé, et permettraient à des millions de Chinois de prévenir les conséquences dramatiques des maladies cardio-vasculaires ou du diabète.

       Si l'innovation frugale fait déjà une différence dans le domaine de la santé publique, 5 ans après le début de l'ère d'austérité initiée par la crise financière de 2008, l'idée fait également son chemin dans d'autres secteurs.

       L'industrie automobile a augmenté ses ventes de façon exponentielle dans les marchés émergents au cours de la dernière décennie. Les millions de personnes qui rejoignent les classes moyennes désirent en premier lieu acheter une voiture. Pour faire face à cette demande, certains constructeurs proposent des versions bon marché, à prestations réduites, de véhicules déjà développés pour leurs marchés traditionnels d'Europe de l'Ouest, d'Amérique du Nord et du Japon.

      Mais pourquoi des entrepreneurs de classe internationale et nouveaux leaders de notre monde globalisé devraient-ils se contenter de produits déjà amortis dans les pays occidentaux ? À l'heure où les marchés émergents sont en train de devenir le moteur de la croissance au XXIème siècle, les consommateurs indonésiens, mexicains, nigérians, sud-africains ou autres sont en droit de réclamer des véhicules adaptés à leurs besoins. Un dirigeant de petite entreprise dans la Russie profonde, où les températures peuvent atteindre les -30 °C, a besoin d'un véhicule qui sera différent de celui de l'ingénieur informatique en Inde, où l'infrastructure routière est en pleine évolution. Une voiture low cost pour les États-Unis peut sembler inabordable, si ce n'est complètement inadéquate, pour un jeune entrepreneur de Shanghai ou un promoteur immobilier engagé dans la course à la réussite à Rio de Janeiro.

       L'Alliance Renault-Nissan a adopté le principe de l'innovation frugale dès 1999, quand Renault a acquis le constructeur roumain Dacia. L'objectif était de construire une marque nouvelle à bas prix, pour l'Europe centrale et orientale. En 2004, Renault a dévoilé la Logan, qui s'est vite imposée parmi les meilleures ventes de la région. Nous avons depuis élargi la gamme, notamment avec Sandero en 2007, lancée tout d'abord sur le marché brésilien, et Duster, qui est devenu rapidement un succès sur tous les marchés où nous le commercialisons : Brésil, Russie, Inde. Depuis le début de la crise de 2008, ces voitures sont devenues des best-sellers, même dans les marchés dits «développés», notamment ceux frappés par la récession comme la France, l'Espagne, l'Italie, mais aussi en Allemagne.

    Revue de presse

       En français, l'innovation "jugaad" est traduite par "innovation frugale", celle dont l'objectif est de trouver des solutions radicalement nouvelles, mais économes en matières premières, en énergie. Bref, peu coûteuses... mais très astucieuses. Le livre que Navi Radjou cosigne avec Jaideep Prabhu, professeur à la Judge Business School de l'université de Cambridge (Royaume-Uni) - où M. Radjou enseignait précédemment - et Simone Ahuja, consultante spécialiste en innovation, explique les grands principes de ce nouveau mode de management de l'innovation. (Le Monde du 18 avril 2013 )
     
       Navi Radjou, Français d'origine indienne, est consultant en innovation et leadership, basé dans la Silicon Valley. Membre du World Economic Forum, il est aussi co-auteur de
      -From Smart To Wise.
      Jaideep Prabhu est professeur titulaire de la chaire Jawaharlal Nehru en business et management indien et directeur du Centre for India & Global Business à la Judge Business School de l'université de Cambridge.
      Simone Abuja a créé Blood Orange, cabinet de conseil en marketing et en stratégie basé à Minneapolis et à Mumbai et spécialisé en innovation dans les pays émergents.

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :