• La face cachée des médicaments (Nicole DELEPINE)

    2011     304 p.   17,24 €

       Les scandales successifs du Distilbène, du Vioxx ou du Mediator, retirés très tardivement du marché, ne sont pas arrivés par hasard. La «chaîne du médicament» de la recherche pré- clinique aux essais thérapeutiques en passant par l'autorisation de mise sur le marché (AMM), la fixation des prix, le taux de remboursement et la surveillance post-AMM souffre d'innombrables dysfonctionnements.
      Désormais les firmes pharmaceutiques contrôlent presque tout, et la pression populaire, instrumentalisée par la propagande publicitaire, a conduit à une accélération du processus de commercialisation. Le médicament est devenu une marchandise qui obéit essentiellement à l'économie de marché.
      Nicole Delépine dresse ici un tableau sans complaisance de la dérive du système de santé français, orienté par les lobbies pharmaceutiques. Elle tente de sensibiliser les patients aux dangers des médicaments et d alarmer médias et politiques sur leur passivité.
      Une analyse argumentée et courageuse qui propose des solutions pour sortir de ce cercle infernal et imposer une véritable démocratie sanitaire. 

    Extrait de l'introduction

    «La santé mentale est la capacité à jouer le jeu de l'économie marchande»

      1er janvier 2011, le scandale du Mediator retentit ; brutalement, les journalistes en parlent sur toutes les radios, à tous les flashs de France Info, BFM, RTL et les autres. Des malades portent plainte contre Servier, le fabricant du Mediator qui aurait tué plusieurs milliers de patients et était commercialisé depuis 30 ans... Quelle surprise ! Le Dr Irène Frachon avait pourtant dénoncé sa responsabilité dans des lésions cardiaques mortelles il y a des années. Elle est aujourd'hui interviewée sur toutes les chaînes. Bien, bel effort, mais déjà le silence retombe.

     Le président Sarkozy promet une réforme indispensable, combien de temps prendra-t-elle et qui sera suffisamment volontariste pour s'exposer à la vindicte de tous les lobbies qui s'ajoutent et se succèdent ? c'est la même réforme qui avait été promise à l'occasion d'un scandale pas si vieux, l'affaire Bayer...

       Depuis longtemps, de nombreux médecins, journalistes et patients tentent d'alerter l'opinion. Combien de livres sont parus dans l'indifférence générale, ou presque, et le silence complice des médias ? Combien ont souffert du déni des grands laboratoires et du dédain du personnel médical ? Je citerai quelques ouvrages, presque au hasard tant ils sont nombreux à s'accumuler sur mes étagères, et que je repose dépitée après les avoir lus, en me disant «encore un»... Les titres sont pourtant explicites :
       -Marc Menant, La médecine nous tue ;
       -Christopher Lane, Comment la psychiatrie et l'industrie pharmaceutique ont médicalisé nos émotions ;
      -Jorg Blech,Les Inventeurs de maladies. Manoeuvres et manipulations de l'industrie pharmaceutique, etc.
      Seul le roman de
       -John le Carré: La Constance du jardinier
      est sorti de l'ombre et a même donné naissance à un film. Mais combien de spectateurs ont-ils compris que la réalité dépasse la fiction...
       Je me dois de rappeler les efforts du journaliste Pierre Lacombe et ceux de notre équipe pour dénoncer dans les années 2000 le scandale des essais thérapeutiques, en particulier en pédiatrie, dans trois ouvrages, à peine quelques articles dans les journaux malgré les promesses antérieures à l'annonce des livres. Encore le silence, pourtant tout ce qui a été dénoncé était vrai, reste vrai et le sera encore longtemps, s'il n'y a pas de réaction forte des populations et dans un second temps, des pouvoirs publics.
    Le médicament est devenu une marchandise qui obéit à l'économie de marché (viser toujours plus de consommation pour obtenir plus de profits), où le sort des patients n'a finalement que très peu d'importance.
       Plus grave, le médicament est devenu un droit. Les patients s'empressent de bénéficier des progrès (supposés et affirmés haut et fort au 20 heures des grandes chaînes) bien avant que l'efficacité alléguée ne soit confirmée et suffisante, bien avant que les effets secondaires éventuels plus ou moins graves n'aient été découverts, publiés, que la balance bénéfices/risques ait vraiment permis de pencher en faveur de l'utilisation dudit médicament. La pression populaire instrumentalisée par le battage publicitaire devance l'étude des agences qui autorisent la commercialisation trop rapide et trop chère de ces prétendus médicaments miracles.
      
       Fille de l'un des fondateurs de la Sécurité sociale, Nicole Delépine est responsable de l'unité d'oncologie pédiatrique de l'hôpital universitaire Raymond Poincaré à Garches (APHP). Thérapeute engagée, elle a déjà publié:  
      -"Ma liberté de soigner" et
      -"Neuf petits lits au fond du couloir" aux éditions Michalon pour défendre en cancérologie pédiatrique une médecine de pointe, humaine et individualisée.

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