• La fleur au fusil (Georges OXLEY)

    La fleur au fusil (Georges OXLEY)

    2016    144 p.    17 €

        Il y a vingt ans à Sarajevo, les habitants assiégés ont survécu quatre années en consommant notamment 170 plantes sauvages. Mais au-delà de cette fonction nourricière, ces herbes folles jouent un rôle de sentinelles de l'environnement. Elles sont le langage du sol, elles anticipent les réactions aux changements climatiques et environnementaux. Leur présence ou leur absence est significative des maltraitances que nous faisons subir à la planète, des déserts que nous y créons par pure ignorance.
       Depuis la découverte du biome humain, de notre incroyable biodiversité microbienne et fongique qui forme notre corps en nombre bien supérieur à nos propres cellules, nous sommes en train de découvrir l'intime affinité que nous entretenons avec le sol vivant et son évolution. Sachons reconnaître que de sa bonne santé dépend la nôtre, notamment à travers l'alimentation, et avant que nos enfants n'en subissent les dramatiques conséquences : autisme, dégénérescence...
       Les fleurs ne sont-elles pas alors une arme ? un langage dynamique qui nous avertit des évolutions de la nature ? ne nous offrent-elles pas les moyens d'agir, de nous défendre, en nous apportant nourriture et remèdes comme en témoigne notre pharmacopée depuis la nuit des temps ? Biologiste et homme de terrain, l'auteur décrit précisément les bienfaits multiples des plantes et s'appuie sur des faits scientifiques vérifiables pour montrer que les plantes ont continuellement été à nos côtés, qu'elles ont encore beaucoup de solutions à nous fournir, et qu'il nous faut brandir rapidement la fleur au fusil !

        G. Oxley, biologiste indépendant, est un spécialiste de la vie des sols, passionné par le caractère bioindicateur, alimentaire, médicinal des plantes et les symbioses qu'elles organisent avec leur socle naturel. Il propose des solutions écologiques aux entreprises cosmétiques et de construction, et conseille les agriculteurs pour produire avec davantage de goût et de nutriments. Il coordonne la nouvelle Fondation pour la biodiversité et l'agriculture du bassin du Congo. Gourmand et cuisinier, G. Oxley a publié

      -Manifeste gourmand des plantes sauvages

    qui a obtenu en 2013 le prix Saveur et le prix du Livre gastronomique.

       ...... 

    Blé et coquelicot, une longue histoire d’amour 

    alertes.sante@mail.infolettre-ipsn.fr

      C’est grâce au livre, La Fleur au Fusil, publié chez Manifesto en 2016, que je peux vous raconter cette anecdote sur le blé et le coquelicot .

    ,....
    Le coquelicot est arrivé en Europe vers les 3000 ans avant J.C. depuis la Cappadoce (Turquie actuelle) et le Moyen-Orient, en même temps que… le blé.
    Et depuis toujours, les deux plantes se trouvent associées dans les champs. Par quel phénomène?
    Lorsqu’un épi de blé tombe au sol, tous ses grains se retrouvent les uns sur les autres.
    C’est la course pour savoir lequel va germer en premier.

    L’enjeu est de taille car le premier grain qui germe lâche à travers ses racines des molécules chimiques qui empêchent la pousse des autres grains de blé autour.
    La substance est une protéine allélopathique. C’est un scientifique autrichien Hans Molish, spécialiste de la photosynthèse qui a le premier décrit ce phénomène du monde végétal.
    Les plantes sont capables de produire des herbicides ciblés !
    Ici, le blé tue le blé.
    Mais d’autres plantes cherchent à éliminer les espèces voisines : c’est le cas de l’eucalyptus par exemple. Cette plante fait le vide autour d’elle en émettant des produits toxiques naturels.
    Or chez le blé, ce phénomène produit un résultat inattendu : la protéine produite par le grain de blé germé réveille les coquelicots. Ils se mettent à pousser à côté des nouvelles pousses de blé.

    Le coquelicot, un allié du blé

    Il y a mieux dans cette histoire.
    Dans le sol où pousse le blé se trouvent des champignons, les mycorhizes. Ils se nourrissent de la protéine allélopathique du grain de blé germé pour liquider ses semblables.
    Mais ils disparaissent dès qu’ils l’ont absorbée.
    À moins évidemment qu’il n’y ait des coquelicots ! Ces derniers aident les mycorhizes à rester. Or plus il y a de mycorhizes, mieux le blé pousse.

    En d’autres termes, dans un cycle naturel de culture, le coquelicot aide le blé à repousser.
    Il n’est donc pas surprenant que cette plante soit messicole, c’est à dire associée aux moissons.
    Elle n’est pas la seule du reste à jouer ce rôle. Le bleuet, la matricaire, la nielle des blés mêlent aux épis blonds leurs couleurs vives.
    C’est la joie des peintres et la détresse de l’agriculteur conventionnel.

    Le coquelicot, une mauvaise herbe?

    Faut-il éliminer les coquelicots?
    Vous me direz que les agriculteurs sont déjà harassés de travail, qu’ils ont des surfaces gigantesques à moissonner et qu’il leur faut bien mettre en œuvre des systèmes efficaces pour tuer les nuisibles et améliorer leurs rendements.
    À court terme peut-être.

    Mais les sillons profonds, la monoculture et l’usage massif de pesticides tuent les sols.
    Ce n’est pas nouveau.
    À terme donc, les rendements des céréales sont voués à faiblir. Et on continuera à forcer la terre avec des engrais, des pesticides et des sillons profonds, jusqu’à ce qu’elle rende l’âme, qu’elle se désertifie.

    Un reportage de France 2 explique très bien ce phénomène. Il s’appelle les Soigneurs de la terre et est disponible sur Youtube (1).
    L’intérêt de ce documentaire est qu’il interroge les experts de l’INRA, un ancien ministre de l’agriculture, des agriculteurs. Ils sont unanimes : si le modèle ne change pas « on va dans le mur. »
    Pour éviter ce phénomène, nous devons penser notre agriculture différemment.

    Un autre modèle est possible même s’il demande du temps et du travail pour être mis en place.
    Il est possible d’imaginer des fermes beaucoup plus petites. Dans ces fermes, on pratique la permaculture ou l’agroforesterie. Un bon exemple de ce type d’agriculture est la ferme de Sainte Marthe (2).
    Le blé pourra s’associer au coquelicot. Ce sera bon pour le blé, ce sera bon pour les ruches dont les abeilles viendront butiner les fleurs rouges dont le pollen sera une source importante de protéines pour les pollinisateurs.

     .....      Sources :

    1. Soigneurs de terres, Youtube
    2. Ferme de Sainte Marthe
    3. Coquelicot sur blé tendre, blé dur et orge, Bayer-Agri

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