Cher prince William, cher prince Harry,
Mon nom est Charles.
Je vous écris du Cameroun, un pays où la protection de la nature a très mal tourné. J’aimerais vous faire savoir, ainsi qu’aux médias, que des innocents meurent à cause de cela et que vous devez les aider.
Les forêts où vivait autrefois le peuple baka ont été transformées en parcs nationaux, concessions forestières et zones de chasse de safari, et ce sans leur consentement.
Des écogardes, ou « gardes forestiers » comme vous les appelez, torturent les Baka et font de leur vie un enfer. Ils les dénudent et les frappent, les humilient, les forcent à se déplacer à quatre pattes et détruisent leurs campements, ainsi que leurs biens.
Les Baka sont accusés d’être des braconniers bien qu’ils ne soient coupables de rien, si ce n’est d’essayer de survivre et de nourrir leurs familles. Ils sont punis parce que des étrangers ne comprennent pas leurs modes de vie, et non parce qu’ils ont fait quoique ce soit de mal.
La protection de la nature est gérée par des étrangers qui ne connaissent rien des communautés qui vivent ici et de leurs lois. Les défenseurs de l’environnement semblent penser que les étrangers sont les seules personnes qui souhaitent protéger la nature et sont capables de s’en charger efficacement, mais cela n’a pas de sens à mes yeux.
Votre conférence sur le marché illégal de la faune qui aura lieu ce mois-ci mettra l’accent sur la manière d’empêcher les braconniers de tuer des éléphants et d’autres animaux. Qui souhaite protéger la nature plus que les personnes qui la considèrent comme leur demeure et en dépendent pour leur survie ?
Qui comprend mieux comment prendre soin de la nature qu’une personne qui a marché à travers la forêt tous les jours de sa vie et en connaît chaque plante, chaque arbre, chaque créature ?
Travaillez avec eux, et non contre eux !
Les Baka sont vos alliés naturels dans la lutte pour la protection de la nature, si seulement les défenseurs de l’environnement voulaient bien les écouter. Ne les excluez pas de cette lutte et ne les punissez pas de mener leur vie comme ils l’ont toujours fait.
Et souvenez-vous qu’aucun projet de protection de la nature ne devrait avoir lieu sur un territoire autochtone sans l’accord de son peuple. Si ce n’est pas le cas, vos efforts de conservation de la nature n’aboutiront jamais.
Charles Jones Nsonkali
Okani
Organisation communautaire du peuple baka