• La voiture du peuple et le sac Vuitton (Eve CHARRIN)

    2013   208 p.  16 € 

      Glisser dans un sac à main le désarroi de nos classes moyennes. Caser dans une petite voiture low-cost la croissance rapide et inégalitaire des grands pays émergents, ou montrer qu’un climatiseur peut souffler, à l’occasion, l’air frais de la démocratie… Dire le monde en une quinzaine d’objets, c’est le pari de ce livre. Porteurs de désirs et d’espoirs, nés du travail et de l’argent, les objets reflètent notre imaginaire et trahissent les rapports de force qui façonnent une époque. Luxueux ou modestes, ils sont les héros de ces fables contemporaines qui mènent de Paris à Bombay en passant par Londres et Dubaï. Dans le prolongement des Mythologies de Roland Barthes, Ève Charrin combine la lucidité de l’enquête et la subjectivité du récit pour explorer ce que nous révèlent les choses.

      Journaliste, Ève Charrin a écrit dans la presse économique, dans la revue Esprit et dans La Quinzaine littéraire. Elle a vécu trois ans à New Delhi et publié chez Grasset

      -L’Inde à l’assaut du monde (repris en poche dans la collection « Pluriel »).

    L'imaginaire des objets

      Sandra Moatti
    Alternatives Economiques n° 324 - mai 2013

      Parler de fracture sociale à travers un sac à main, réfléchir aux rapports entre Chine et Inde à la faveur d'un climatiseur mal réglé, faire revivre dans un tabouret la parenthèse enchantée des Trente Glorieuses…, en une quinzaine d'objets, Eve Charrin incarne les grands problèmes de la mondialisation. Il en résulte un livre insolite et subtil, instruit et subjectif.

    Certains objets sont des révélateurs, comme la Nano, une voiture mise au point par Tata et dont l'échec raconte la croissance inégalitaire de l'Inde. D'autres servent à déjouer les mystifications des manipulateurs de symboles, comme la pomme, instrumentalisée dans sa simplicité aussi bien par Steve Jobs, et Jacques Chirac que par le Fouquet's. D'autres encore sont matière à récits ou même à introspection.

      Des mythologies de Roland Barthes, dont il se réclame, ce livre n'a ni l'armature théorique ni l'assurance idéologique. Mais ce n'est pas son ambition. Face aux apories de la mondialisation, l'auteure assume ses doutes et son goût des sacs à main de luxe pour mettre en scène ses préjugés de journaliste parisienne bobo avec une bonne dose d'autodérision. Les objets dont elle parle la révèlent autant qu'ils racontent le monde. Pour le plus grand plaisir du lecteur. 
     

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