• Le grand basculement.... (J. M. SEVERINO, O. RAY )

    Le grand basculement.... (J. M. SEVERINO, O. RAY )


     2011   299 p.   25,90€

      Crise alimentaire, crises sanitaires, crise énergétique, crise climatique et même crise financière et économique : la juxtaposition et la succession des événements extrêmes qu’a connus notre planète depuis dix ans est stupéfiante. Seraient-ils liés ? Des phénomènes structurels et transversaux n’expliquent-ils pas ces tensions, qui mettent à l’épreuve notre capacité à vivre ensemble — voire peut-être à survivre ?

    Nous avons atteint un niveau d’interdépendance sociale, économique et financière inégalé dans l’histoire. Ce système a permis soixante années de croissance impressionnante et des progrès sans précédent. Il atteint pourtant aujourd’hui ses limites, sous l’effet de la croissance démographique et des contraintes physiques qui pèsent sur notre planète. D’où la pression qui suscite les crises auxquelles nous assistons.
    Cette interdépendance explique aussi l’ampleur des inégalités et les tensions sociales qui s’ensuivent, annonçant peut-être encore d’autres crises. La question sociale se hisse donc au rang des problèmes globaux. Au cours du siècle qui s’ouvre, la société internationale saura-t-elle la traiter ?

    Jean-Michel Severino est directeur de recherches à la Fondation pour la recherche sur le développement international (FERDI) et a dirigé l’Agence française de développement (AFD).

    Olivier Ray est économiste à l’AFD.

    Tous deux ont co-écrit, aux éditions Odile Jacob, Le Temps de l’Afrique. 
     
    Christian Chavagneux
    Alternatives Economiques n° 308 - décembre 2011:

    " Si nous ne sommes pas capables de mettre en route des mécanismes d'enrichissement soutenables pour tous, nous ne pourrons pas supporter la charge humaine et écologique de notre planète, et nous dériverons inexorablement dans un monde de conflits et de violence." Nous voilà prévenus dès l'introduction : ce livre a été écrit dans l'urgence de proposer au débat une voie politique qui permette de sauver les hommes et la planète d'une tendance à l'autodestruction.

    " Inversion de raretés "

    Cette autodestruction s'exprime par une évolution que les deux auteurs ont baptisée d'" inversion des raretés " : alors que la terre et les ressources naturelles deviennent rares et donc chères, l'homme au travail, désormais abondant, voit sa valeur décliner. Aujourd'hui, 64 % de la population mondiale appartient à la population active, un pic qui devrait décliner avec le vieillissement mondial mais qui, pendant trente ans encore, va se traduire par la nécessité de devoir absorber la force de travail des pays du Sud. Soit trente ans de tensions sociales à venir.

    Car pendant que certains profitent de la mondialisation, d'autres y perdent leur emploi et leur revenu. Il ne sera pas facile d'y répondre par une montée en gamme de nos économies : celle-ci réclame une hausse des qualifications rendue difficile par l'accroissement de la pauvreté et le vieillissement, qui éloignent les individus de la formation.

    Conclusion : on n'en est qu'au début de mouvements de révolte politique et sociale, qu'ils prennent la forme de révolutions, de changements de régime, ou de mouvements d'indignés. Bref, comme dans le capitalisme de la fin du XIXe siècle, la question sociale se pose à nous et elle est désormais mondiale.

    Changer la donne

    Alors que faire ? Il y a les mauvaises réponses, que les auteurs veulent dénoncer. Le protectionnisme, par exemple. Si les riches s'enferment pour se protéger des pauvres, avec 9 milliards d'habitants demain dont 8 au Sud, le rapport de force risque d'être déséquilibré ! Et, argument peu souvent mis en avant, "difficile d'alimenter 9 milliards d'êtres humains en vase clos ". Bizarrement, tout à leur volonté de dénoncer la focalisation du G20 sur la régulation financière, les deux auteurs ne sont pas loin de nous dire que c'est un faux sujet ! Alors qu'une finance stable et orientée vers la facilitation de la transition écologique est essentielle tandis qu'une finance instable emporte tout sur son passage.

    Côté " bonnes " réponses, le livre plaide pour une plus grande gouvernance mondiale, sans vraiment nous dire comment la rendre démocratique. Ils veulent réinverser les raretés en plaidant pour des TVA vertes ou des taxes carbone. Ils défendent des modèles de croissance donnant la priorité aux marchés intérieurs. Et ils souhaitent la mise en oeuvre d'un filet de sécurité social mondial, financé par une taxation globale.

    Le livre agace parfois par son côté bon samaritain ou par la présentation de la vie de Monsieur Machin ou Truc censée symboliser les problèmes du monde. Mais, toujours pédagogique, il nous force à nous positionner pour répondre à l'admonestation de Winston Chruchill lorsqu'il déclarait : " Nous devons prendre le changement par la main, sans quoi soyons assurés qu'il nous prendra par la gorge ! " 


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