• Le retour des communs.... (Benjamin CORIAT)

    Le retour des communs.... (Benjamin CORIAT)

    2015    250 p.  21,50 €

       Alors même que la notion de droits « exclusifs » reconnus au propriétaire individuel connait depuis quelques trois décennies une phase de durcissement et d extension continue à de nouveaux objets (vivant, logiciels, semences, médicaments, savoirs traditionnels,....) on assiste, comme s il s agissait d une « contre-tendance », à la montée de revendications et de pratiques pour mieux garantir différents types de « communs » conçus et administrés par des collectifs d'acteurs aux configurations multiples.
      C'est ainsi que les « communs », qui consistent non en une négation du droit de propriété mais en des formes nouvelles de partage et de distribution des attributs de ce droit (sous la forme de droits d'accès, d'usage, de prélèvement ...) entre différentes parties prenantes, connaissent aujourd hui un formidable regain.
       Les nouveaux communs qui tirent leur origine de formes très anciennes de droits « communaux » (garantissant l'accès à l'eau, aux pâturages, aux moulins à grains pour les communautés villageoises...), ouvrent ainsi des espaces neufs et permettent de repenser radicalement le droit de propriété tel qu'il était conçu et prévalait jusqu ici.
      Des logiciels libres aux licences creative commons permettant l'accès et le partage des créations artistiques ou scientifiques au plus grand nombre, des plateformes ouvertes permettant l'autopartage des biens les plus variés aux garderies auto-gérées... Les communs se présentent aujourd'hui comme autant de solutions à la crise de l'idéologie propriétaire et à l'exclusivisme qui lui sert de fondement.
       Cet ouvrage est basé sur des recherches et des enquêtes qui se sont étendues sur plus de trois années et qui ont mobilisé près de vingt chercheurs en France comme à l étranger. Il présente et explore à partir d études de cas, d'investigations historiques ou de réflexions menées auprès des différents acteurs, la multiplicité des alternatives que proposent aujourd hui les communs et l'économie du partage face aux impasses et apories de l économie financiarisée dans laquelle nous sommes englués.
      
       Benjamin Coriat est professeur de sciences économiques à l'université Paris 13, Sorbonne Paris Cité, et membre du Centre d'économie de l'université Paris Nord (CEPN, UMR 7234). Spécialisé en économie industrielle, de l'innovation et de la propriété intellectuelle, il est l'auteur de nombreux ouvrages et articles. Sur le thème des communs, il a notamment dirigé I'ANR Propice (propriété intellectuelle, communs et exclusivité) dont les résultats essentiels sont publiés dans cet ouvrage. Il est par ailleurs cofondateur et membre du collectif d'animation des «Economistes atterrés».

         "Sous un titre quelque peu énigmatique, c'est un livre passionnant et dynamisant que nous offrent les auteurs (chercheurs et universitaires pour la plupart) au terme d'une aventure de réflexion commune qui a duré cinq années, animée par l'économiste Benjamin Coriat. Au départ, il s'agissait seulement de travailler sur la question des communs, ces "ensembles de ressources collectivement gouvernées dans le but de permettre un accès partagé aux biens dont ils sont l'objet", dans une perspective ouverte par Elinor Ostrom. Laquelle, quelques mois après, était couronnée, le jury de la Banque de Suède lui attribuant le prix en mémoire d'Alfred Nobel (dit "prix Nobel d'économie"). 

    Autogouvernance

      La contribution de Benjamin Coriat et celle d'Olivier Weinstein constitue une excellente introduction - critique, comme il se doit quand on a l'ambition d'avancer - à cette oeuvre trop méconnue et pourtant novatrice. Car elle explique que, entre le marché et l'Etat, il y a de nombreuses formes d'activités économiques dans lesquelles la coopération entre parties prenantes prend le pas sur la hiérarchie et contribue ainsi à instaurer des compromis acceptables par tous.

      Cette autogouvernance a été analysée initialement pour des "communs" visant à partager équitablement et à sauvegarder une ressource matérielle (pêche, forêt, eau…). Les auteurs montrent que des domaines comme la connaissance, la muséographie, les logiciels… sont également concernés par ces "communs", pas toujours avec succès, comme l'explique un texte. Ce qui remet néanmoins en cause le droit classique de propriété, explique la spécialiste Fabienne Orsi.

      Transmuter le capitalisme

      Le livre se termine par deux textes (celui de la chercheuse Charlotte Hess, proche collaboratrice d'Elinor Ostrom, et celui de Michel Bauwens, un spécialiste de l'économie collaborative) sur la capacité de cette démarche à dépasser ou à transmuter le capitalisme en économie collaborative.

     Utopie ? Certes, mais outre que des choses de ce type sont en train de prendre forme en Equateur, le rapprochement avec la démarche de Karl Polanyi (jamais cité) s'impose. C'est bien la recherche d'une économie du "bien vivre ensemble" qui s'esquisse à travers ce livre."

       Denis Clerc    Alternatives Economiques n° 347 - juin 2015


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