• Les fondateurs de l'agriculture biologique( Yvan BESSON)

    2011    775 p.    39 €

      L'urgence écologique a mis en lumière les avantages de l'agriculture biologique. L'ère de la production agricole industrielle apparaît comme un échec devant être dépassé. La culture hors-sol ou les OGM ne sont pas des solutions. Il est plus que temps de reconnaître l'agriculture biologique comme une alternative crédible si nous ne voulons pas aller de catastrophe en catastrophe. Née à la fin du XIXe siècle, elle a été pensée et organisée d'abord par des paysans pour les paysans et la société, et non pour l'industrie agroalimentaire. Ses fondateurs ont innové et ouvert des pistes dans de multiples domaines : culture, agronomie, savoirs liés à l'agriculture, commercialisation agricole et fonctionnement de l'économie, implication réciproque de la société vis-à-vis de la terre et de celles et ceux qui la travaillent... C'est pourquoi ils ont été des contestataires et ont refusé le triple massacre des hommes, des cultures et de la nature. Il est indispensable de les connaître, ils ont jeté les bases d'une agriculture saine et respectueuse de notre environnement. Cela nous permet de mieux appréhender notre avenir pour en devenir des acteurs. 
        Docteur en Etudes Environnementales de l'Université de Technologie de Troyes, Yvan Besson a soutenu en 2007 une thèse dirigée par le philosophe Dominique Bourg, intitulée Histoire de l'agriculture biologique : une introduction aux fondateurs, Sir Albert Howard, Rudolf Steiner, le couple Müller, Huns Peter Rusch et Masanobu Fukuoka. Soutenue par plusieurs associations d'agriculteurs biologiques et la Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l'Homme, cette thèse s'est vue décernée la meilleure mention. Titulaire d'autres diplômes en sciences humaines (histoire, urbanisme, développement local) - et homme de contact, il stimule la parole et la réflexion de publics variés. Il travaille comme enseignant, conférencier et chercheur indépendant.

    Face aux méfaits de l’industrialisation de l’agriculture sur l’état des sols, la santé des hommes, et la qualité de vie des agriculteurs, plusieurs voix se sont élevées, afin de rappeler les enjeux de civilisation et d’avenir fondamentaux inscrits dans notre rapport à la nature et à l’agriculture, mais aussi afin de chercher des solutions écologiques, techniques, économiques, voire spirituelles, à ces problèmes. Qui sont ces pionniers que les agriculteurs biologiques de notre pays reconnaissent comme les initiateurs de leur mouvement ?

      Albert Howard (1873-1947) est le père de l’agriculture organique contemporaine, une méthode basée sur la « fabrication d’humus » grâce à un compostage en tas. Sa méthode est diffusée, dès les années 1930, un peu partout chez des agriculteurs et des planteurs de l’Empire britannique. Durant les années 1940, un mouvement social appelé mouvement organique, prend son essor à partir de ses idées, à l’heure de sa mort, aussi bien en Angleterre, avec la fondation de la Soil Association, autour de Lady Eve Balfour, en 1946 [1], qu’aux Etats-Unis, avec la création de la Soil and Health Foundation, autour de J.I. Rodale, en 1947 [2].

      Rudolf Steiner (1861-1925) est le père de l’agriculture biodynamique, une méthode basée sur la doctrine anthroposophique et sa déclinaison agronomique, essentiellement à travers des préparations supposées agir positivement, mais de façon occulte, grâce aux « forces cosmiques », sur les sols, les plantes, les animaux, mais aussi sur les composts utilisés par l’agriculteur. La méthode bio-dynamique commence à se diffuser à partir des années 1930, mais elle est demeurée, en nombre d’adhérents, marginale jusqu’à aujourd’hui. Parfois, Rudolf Steiner est présenté comme le père de l’agriculture biologique, et il arrive que son agriculture soit désignée comme l’agriculture biologique la plus aboutie.

      Hans Müller (1891-1988), son épouse Maria Müller (1894-1969), et Hans Peter Rusch (1906-1977) sont les fondateurs de l’agriculture organo-biologique, une méthode basée sur le compostage et le travail du sol en surface, développée en Suisse durant les années 1950 et 1960, puis en Autriche et en Allemagne. Les Müller et Rusch sont considérés comme les pionniers de la majeure partie de l’agriculture biologique germanophone contemporaine [3].

      Connu seulement en Europe à la fin des années 1970, le travail de Masanobu Fukuoka (né en 1913) s’affirme désormais peu à peu comme le quatrième pilier de l’agriculture biologique contemporaine. Précurseur reconnu du mouvement de Permaculture [4], l’agriculture naturelle de Masanobu Fukuoka privilégie les dynamiques spontanées des écosystèmes pour proposer, sous l’inspiration bouddhiste, une agriculture de la moindre intervention, sans compost ni labour. A l’heure de la montée en puissance, au sein de l’agriculture occidentale, des techniques culturales simplifiées, et, dans une moindre mesure, pour l’instant, de l’agroforesterie, certains agriculteurs biologiques peuvent voir en son œuvre une préparation d’une nouvelle étape de l’histoire agronomique agrobiologique.

    [1] The Soil Association was founded in 1946 by a group of far-sighted individuals who were concerned about the health implications of increasingly intensive agricultural systems following the Second World War. Their principle concerns were : the loss of soil through erosion and depletion, decreased nutritional quality of intensively produced food, exploitation of animals in intensive units, impact of large intensive farming system on the countryside and wildlife (cf. w.soilassociation.org/web/sa/saweb.nsf, [visite de 11/2006]).

    [2] « In 1947, J.I. Rodale founded the Soil and Health Foundation the forerunner of The Rodale Institute. He also created publications including Health Bulletin, Organic Farming and Gardening and Prevention Magazine and formed his central message and philosophy- “Healthy Soil = Healthy Food = Healthy People®” » (cf. w.rodaleinstitute.org/about/who_set.html, [visite de 11/2006]).

    [3] Cf. Vogt G., Enstehung und Entwiclung des ökologischen Landbaus im deutschsprachigen Raum, SÖL, 2000, p. 236.

    [4] « Permaculture » a reçu le « Prix Nobel alternatif » en 1981. Cf. Mollison B et Holmgren D., Permaculture 1, Debard, Paris, 1986 (1978), 180 p.


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