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Les industries du futur (Alec ROSS)
FYP Editions, 2018, 328 p., 22 €
L’ancien conseiller de Barack Obama sur les questions d’innovation nous donne le tournis par sa description du monde qui nous attend bientôt, dans une dizaine d’années. Une économie transformée mais pas forcément rêvée car, contrairement à de nombreux livres du genre, Alec Ross ne manque jamais de pointer la face sombre des évolutions technologiques en cours.
Parmi les industries du futur, il y a la robotique. Toyota et Honda en sont les fers de lance au Japon. Les deux firmes utilisent leurs compétences en génie mécanique pour produire des robots aides-soignants destinés à une population rapidement vieillissante. Connectés en permanence, ils apprennent vite des autres robots, avec des corps en silicone ou en soie d’araignée, ils présentent un aspect humain étonnant. Leur développement, comme celui des voitures autonomes ou des drones, dépend désormais plus de notre acception sociale que des questions techniques. Les robots sont également présents dans les salles d’opération pour de la chirurgie complexe (aujourd’hui, on note encore beaucoup de blessures ou de décès). Beaucoup de métiers vont disparaître, Panasonic met sur le marché un shampouineur à 24 doigts, des robots remplacent déjà des serveurs dans les cafés.
Les progrès de la génomique devraient permettre la prévention et le traitement des cancers et des maladies mentales. On va pouvoir déterminer les caractéristiques d’une personne dans le ventre de sa mère 10 jours après la conception. Qui ne voudra son « bébé sur mesure » ? Et si l’on peut mieux soigner, cela risque de relâcher la pression sur nos mauvaises habitudes alimentaires ou environnementales. A l’inverse, à partir d’un séquençage de votre génome, il sera plus facile de faire ensuite du suivi médical à distance, dans les pays du Sud, dans les zones rurales. Le Beijing Genomics Institute dispose déjà de plus de machine de séquençage que tous les Etats-Unis… La production des scientifiques américains sur le sujet est en baisse, celle des Chinois en hausse, l’Europe a de bons chercheurs mais est en retard sur les phases de commercialisation.
La cyberindustrie s’impose également. Les cyberattaques contre la confidentialité, contre l’accès à un réseau ou contre son intégrité se multiplient. Les capacités cybermilitaires attirent les budgets avec le risque d’un complexe cyber-militaro-industriel nous manipulant pour assurer ses profits.
Il y a bien sûr le monde du Big data. Dès que votre enfant joue à son premier jeu sur son premier portable, il commence à empiler des données qui pourront être scrutées et vendues. Côté positif, l’intelligence des données peut permettre de développer une agriculture de précision, plus efficace. Côté négatif, le big data peut aussi amener au big mistake, à des grosses erreurs. Alec Ross ne croit pas que la Silicon Valley sera la championne unique de l’analyse des données. Elle s’en sert pour faire Uber ou Airbnb, des services dont ses membres ont besoin sans penser à des applications plus utiles qui verront le jour ailleurs.
Pour être présent dans ces industries du futur, il sera utile de savoir coder. Mais aussi de pouvoir appréhender et rendre compte de problèmes complexes du monde : les formations en lettres et en sciences humaines ont de l’avenir conclut Alec Ross !
Alec Ross, expert en innovation, développement économique et technologique, a été conseiller principal pour l'innovation du gouvernement Obama. Chercheur émérite à l'université Johns Hopkins, conférencier pour un grand nombre d'institutions, notamment les Nations unies, l'université d'Oxford, Harvard Law School et Stanford Business Scholl, il conseille des investisseurs, des entreprises et des chefs de gouvernement. Il mène actuellement campagne pour le poste de gouverneur du Maryland (2018).
Tags : alec, ross, industries, robots, sert
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