• Poèmes de Guantànamo (Collectif)

    Poèmes de Guantanamo (Collectif)

    2009    74 p.

       Guantánamo est un trou noir. Grâce à la mobilisation, en particulier d'un collectif d'avocats, la parole des détenus devient audible, et l'expérience de la collecte de ces poèmes représente un travail réellement inédit. On lira avec intérêt la préface de Flagg Miller, linguiste et anthropologue, et la postface d'Ariel Dorfman, poète et essayiste américano-chilien, pour prendre la mesure des enjeux de cette mobilisation. Et l'on découvrira avec émotion et colère les profils des dix-sept détenus qui ont écrit ces vingt-deux poèmes et les ont fait sortir de manière clandestine dans des tubes de dentifrice ou grâce à de petits billets cachés. Le parti pris de l'édition est de présenter chaque détenu, puis son poème. Rappelons qu'ils étaient quelque sept cent soixante-quinze en 2002, arrêtés dans le monde et retenus, pour la plus grande partie d'entre eux, en toute illégitimité dans la baie cubaine.

    Marina Silva --Le Monde Diplomatique

       Les vingt-deux poèmes de ce volume ont été écrits par des hommes détenus dans le centre de détention militaire américain de la baie de Gguantánamo à Cuba. Comme tous les prisonniers de Guantánamo, ces poètes sont musulmans. Depuis la publication, certains d'entre eux ont été relâchés et renvoyés dans leurs pays d'origine mais la plupart endurent leur sixième année de captivité dans des conditions d'isolement quasi total, emprisonnés sans chefs d'accusation, procès ou protections les plus élémentaires garanties par les Conventions de Genève.

       Leurs poèmes, tous écrits derrière les barreaux, furent composés avec peu d'espoir d'être présentés à un public plus large que le petit cercle de leurs codétenus. Mais maintenant que les poèmes ont été autorisés à la publication et réunis dans un volume, ils fournissent aux citoyens du monde une opportunité unique d'entendre directement les détenus décrire leur vie dans ce centre de détention américain tristement célèbre.    

    Les poèmes de Guantanamo

      Barack Obama a dévoilé mardi son plan pour fermer Guantánamo. Depuis l’ouverture du camp en 2002, on le sait, des centaines de personnes – 760 exactement – y ont été incarcérées. Bon nombre d’entre elles, on le sait moins, y ont écrit de la poésie. En 2007, Mark Falkoff, avocat de dix-sept détenus, a publié vingt-deux de ces textes dans Poems from Guantánamo: Detainees Speak (traduit deux ans plus tard sous le titre Poèmes de Guantánamo). Face aux conditions d’enfermement particulièrement difficiles, de nombreux prisonniers ont trouvé une échappatoire dans la poésie, art majeur dans la culture musulmane. Un seul des auteurs publiés, Abdul Rahim Muslim Dost, avait déjà rédigé des vers avant son incarcération. Il assure en avoir écrit 25000 autres pendant son séjour à Guantánamo. C’était pour lui et ses co-détenus un moyen de ne pas perdre l’esprit, de se stimuler intellectuellement ou de prier. Avant d’obtenir le droit au papier et aux crayons, certains gravaient leurs vers avec l'ongle, sur la vaisselle jetable en polystyrène.
      L'étonnante aventure de ce livre a commencé en 2005, quand Marc Falkoff découvre deux poèmes au milieu des lettres de ses clients, et décide d’en rassembler d’avantage afin de les publier. Les autorités américaines craignent que ces textes servent de propagande ou de messages codés. Elles acceptent cependant d’en déclassifier quelques-uns. Ces poèmes ne sont donc pas toujours d’une facture extraordinaire, ni leurs propos particulièrement originaux par rapport à la longue tradition de la poésie de prison musulmane. Mais « on ne lit pas ce livre pour le plaisir, on le lit pour sa valeur de témoignage », estime Dan Chiasson dans le New York Times. Témoignage de souffrance, de frustration, de rage anti-américaine. De conviction djihadiste, aussi ? Pas vraiment, explique l’universitaire Flagg Miller dans sa préface, qui souligne la « relative absence d’imagerie religieuse déclarée, de vocabulaire archaïque et de thèmes historiques », éléments classiques de la littérature extrémiste. Reste que deux de ces poètes sont devenus, après leur libération, d’importantes figures du djihad.   En savoir plus : Les poètes du djihad, Books, octobre 2015.
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