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Pourquoi le QI chute-t-il dans les pays européens ?
12 octobre 2017,
Crédit : HypnoArt - Licence : CC0Si la pertinence des tests de QI (Quotient Intellectuel) dans la mesure de l'intelligence fait polémique, une tendance alarmante se dessine malgré tout en Occident. D'après plusieurs études publiées en 2013 dans la revue scientifique Intelligence, une baisse généralisée du QI serait effective en Occident, depuis une quinzaine d'années. Serions-nous plus stupides qu'autrefois et pourquoi ?
La récente inversion de l'"effet Flynn"
Une baisse progressive du QI dans tout l'Occident
A l'inverse d'un 20e siècle marqué par l'augmentation radicale et généralisée du QI moyen en Occident, la tendance du 21e siècle est à la baisse, en Europe du Nord tout particulièrement.
Ce phénomène s'apparente à une inversion du fameux "effet Flynn", décelé par le chercheur néo-zélandais James R. Flynn, qui expliquait la hausse du QI moyen au 20e siècle par l'amélioration des conditions sanitaires et l'accès généralisé à l'éducation.
C'est chez les Britanniques que le phénomène est le plus flagrant. On observe en effet une chute de 14 points entre 1999 et 2013, avec un score moyen de 100.
En France, le phénomène est moins alarmant mais tout aussi réel. On y note en effet un recul de près de 4 points, depuis le début des années 2000, avec un score moyen de 98.
La même tendance s'observe en Australie, aux Pays-Bas, au Danemark, en Norvège et en Suisse, entre autres... De quoi piquer la fierté des occidentaux.
Les plus forts QI se retrouvent en Asie, puis en Europe
Les recherches effectuées par le britannique Richard Lynn, professeur émérite de psychologie à l'Université d'Ulster (Irlande du Nord) et le finlandais Tatu Vanhanen, professeur émérite de science politique à l'Université de Tampere (Finlande), ont permis d'établir un classement des QI moyens dans plus de 80 pays, entre 2002 et 2006[1]. En voici un échantillon avec les pays ayant les plus forts QI :
QI moyen entre 2002 et 2006 Pays QI moyen Hong- Kong 108 Singapour 108 Corée du Sud 106 Japon 105 Chine 105 Taïwan 104 Italie 102 Pays-Bas 100 Norvège 100 Grande-Bretagne 100 Belgique 99 Allemagne 99 Finlande 99 Pologne 99 Suède 99 Espagne 98 Etats-Unis 98 France 98 Biélorussie 97 Russie 97 Ukraine 97 Israël 95 Portugal 95 Grèce 92 Irlande 92 Pourquoi le QI moyen diminue-t-il en Europe ?
Sans certitude aucune, les chercheurs attribuent à ce phénomène marquant des causes écologiques et démographiques.
Le rôle présupposé des perturbateurs endocriniens
L'une des explications de la baisse du QI moyen en Occident serait liée à la prolifération des perturbateurs endocriniens[2], qui agissent sur l'équilibre hormonal et entravent notamment l'action de l'iode, élément chimique essentiel au développement cérébral.
“Un grand nombre des molécules inventées par la chimie pour les besoins de l'industrie, parce qu'elles contiennent d'autres halogènes que l'iode, sont susceptibles d'interférer avec le système thyroïdien et de l'empêcher d'orchestrer harmonieusement le développement du cerveau”, ajoute Barbara Demeneix, physiologiste et auteur du Cerveau endommagé.
L'hypothèse génétique et sociologique
D'après les conclusions d'une étude génétique islandaise, parue en 2016 dans la revue PNAS, on peut présupposer un facteur démographique dans la régression du QI moyen observée en Occident. Cette hypothèse part du constat que, parmi les individus à QI élevé, la propension à avoir des enfants serait moindre, du fait de l'engagement dans des études supérieures longues. Il y aurait à ce titre une sous-représentation de ces individus au sein de la population totale.
La consommation de cannabis en question
En cause également, la consommation généralisée de cannabis en occident, dont les effets sur le cerveau ne sont plus à prouver. D'après certaines études, la consommation régulière et excessive de cannabis pourrait provoquer une baisse de QI de près de 8 points.
Contre toute attente, il paraît difficile d'incriminer les systèmes éducatifs des pays touchés par la baisse de QI - certains étant très bien classés dans les études PISA.
Toujours plus de télévision et d'abrutissement
Nous pouvons enfin émettre l'hypothèse d'un abrutissement généralisé, dû au temps accru passé devant la télévision.
D'après les enquêtes annuelles de Médiamétrie, un Français passait en moyenne 3 h par jour devant la télévision en 1989. En 2016, la durée d'écoute individuelle (DEI) quotidienne du média télé s'est établie à 3 heures et 52 minutes ! Autrement dit, nous passons 60 jours par an devant la télévision...
Outre la qualité déplorable des programmes, regarder la télévision entraînerait des effets non-négligeables sur les fonctions cognitives, chez les plus jeunes notamment. « Regarder la télévision peut freiner le développement des enfants de moins de trois ans, même lorsqu'il s'agit de chaînes qui s'adressent spécifiquement à eux », souligne à ce titre le CSA.
Des retards de développement sont donc imputables à l'utilisation de ce média, ainsi que des difficultés de concentration qui peuvent également contribuer à la baisse du QI.
Notes
- Les deux chercheurs ont publié en 2002 un essai intitulé IQ and the Wealth of Nations.
- « Les perturbateurs endocriniens sont des substances chimiques d'origine naturelle ou artificielle étrangères à l'organisme qui peuvent interférer avec le fonctionnement du système endocrinien et induire ainsi des effets délétères sur cet organisme ou sur ses descendants » (OMs)
Tags : moyen, pays, occident, baisse, effet
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