• Présidentielle démocratique?

    Présidentielle: l'arbitraire répartition des temps de parole

    Laurent Pinsolle - Blogueur associé (marianne2)  Vendredi 10 Février 2012  

    C’est dans une certaine indifférence que les temps de parole des candidats à l’élection présidentielle du 1er au 27 janvier ont été publiés par le CSA. Selon le blogueur Laurent Pinsolle, soutien de Nicolas Dupont-Aignan, l’examen des chiffres révèle un biais absolument scandaleux dans la couverture de la campagne.

    (Owni pics - Flickr - cc)
    (Owni pics - Flickr - cc)

    L’iniquité, notamment à la radio

    Bien sûr, nous ne sommes pas encore dans la campagne officielle, qui imposera l’égalité de temps de parole entre les différents candidats. Mais théoriquement, nous devrions être dans un régime d’équité entre les candidats. En réalité, la quasi totalité des grands médias ont démontré un biais absolument scandaleux dans la répartition des temps de parole politique au mois de janvier, privilégiant outrageusement Nicolas Sarkozy et François Hollande au détriment de tous les autres.

    Les chiffres sont littéralement stupéfiants. Dans les émissions d’informations, France Inter a accordé 39 % du temps de parole au président, 30 % à François Hollande, 13,6 % à François Bayrou, 5,4 % à Eva Joly, 4,1 % à Marine Le Pen et moins de 0,1 % à Nicolas Dupont Aignan, Nathalie Arthaud ou Philippe Poutou (mais 1,6 % à Christine Boutin, ou 2,2 % à Dominique de Villepin). France Info a été encore plus caricaturale avec 41,6 % et 35,8 % pour les deux leaders !

    RTL et Europe 1 ont consacré entre 38 et 41,5 % de leur temps de parole au président de la République et entre 33,4 et 35,6 % à François Hollande. François Bayrou a eu droit à un peu plus de 5 %, Marine Le Pen autour de 4 %. Jean-Luc Mélenchon n’a eu droit que 1,7 % du temps de parole sur Europe 1 (1,6 % sur France Inter et 2,7 % sur France Info) mais 6 % sur RTL. Il faut noter que RMC se distingue largement avec des temps de parole plus équilibrés.

    Dans les émissions d’information à la télévision, les temps sont plus équilibrés. Hollande varie entre 15 % (Canal Plus) et 40 % (France 2 et France 5). Nicolas Sarkozy obtient entre 22 % (Canal Plus) et 39 % (France 3). Il faut noter que Joly et Villepin bénéficient d’un traitement assez disproportionné par rapport à leurs sondages, au contraire de Marine Le Pen et des autres « petits candidats ». France 2 a donné 11 heures de temps de parole politique contre 1 heure pour TF1.

    Une campagne assez mal traitée

    Il y a quelques points positifs néanmoins, comme la multiplication des programmes, qui permettent une meilleure couverture, notamment sur France 2. Néanmoins, la bipolarisation stupéfiante de la plupart des médias en janvier est fondamentalement choquante. Comment permettre l’émergence de nouveau candidat quand 75 % du temps de parole est consacré aux deux principaux candidats, largement au-dessus de leur part dans les sondages, ce qui est totalement injuste ?

    On note également que certains candidats sont bien mieux traités que d’autres quantitativement. Et comment ne pas aborder le biais partisan de certains journalistes, au premier rang desquels Jean-Michel Apathie, qui a jugé la candidature de Jacques Cheminade « inutile », daignant à peine l’interroger et pestant contre l’égalité des temps de parole que le CSA impose à partir du 20 mars. Bref, il reste beaucoup de travail à faire pour obtenir une couverture juste et partiale de la campagne.

    Pire, les dirigeants de neuf chaines de télévision et de radio (RTL, Europe 1, Radio France…) ont adressé cette semaine une lettre au président du Conseil constitutionnel, lui demandant d’assouplir les règles de stricte égalité entre les candidats pendant la période électorale, mise en place par le Général de Gaulle. Ils demandent ainsi de réduire de cinq à deux semaines la campagne officielle. 5 semaines de stricte égalité sur 260, cela semble trop pour ces grands démocrates !

    Le point positif est qu’à partir du 20 mars, le traitement égal des candidats devrait permettre de rebattre les cartes d’une campagne bien mal couverte par une partie des médias. Tout cela devrait permettre de bouleverser la donne d’un jeu qui ne peut pas bouger dans de telles conditions.

    Retrouvez Laurent Pinsolle sur son blog.

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