• Réflexions sur l'argent

      Après avoir vécu environs 5 ans sans utiliser d’argent, j’ai décidé de réintégrer l’argent dans mon existence et je me pose donc une question : Était-ce vraiment nécessaire de s’obstiner à vivre sans argent aussi longtemps, si aujourd’hui j’en utilise de nouveau ?

      J’aime me dire que oui. Si l’argent fait de nouveau partie intégrante de mon existence, j’ai appris à m’en passer. L’adage populaire dit qu’il faut «voir pour croire», je pense qu’il faut expérimenter pour croire et grâce à mes années de pauvreté, je sais désormais que je peux vivre bien et être heureux sans argent, c’est une réalité.
    J’ai désormais envie de l’expérimenter à plusieurs, car je sais que si nous sommes plus nombreux à le vivre, alors nous serons plus nombreux à y croire, et la vision d’un monde sans échanges monétaires sera moins utopique.

      J’ai fait la paix avec mon «ennemi»:), mais je reste convaincu que ma vie sera meilleure sans et je suis plus motivé que jamais pour trouver le moyen de m’en passer, d’où mes efforts pour la réalisation de notre éco-lieu Eotopia.

    J’ai écrit que l’argent était un cancer pour nos sociétés... C’est peut-être exagéré, peut-être pas. Quand je dis argent, je ne 4053688848parle pas de la monnaie, de l’outil d’échange, de cette promesse en papier qui n’a d’autre but que celui de satisfaire un besoin ou un désir. Je parle plutôt de l’argent comme un symbole.

    L’argent, avant d’être un outil d’échange est une mesure, il sert à définir la valeur d’un objet, d’un bien, d’un service. Et c’est cette fonction qui lui donne son pouvoir, plaçant l’argent au-dessus des considérations de chacun. La valeur d’une tomate, d’un service que nous donnons ne dépend pas de nous, ni vraiment des efforts que nous avons effectués, elle répond à une norme établie arbitrairement selon les fluctuations du marché.

    Boycotter l’usage de l’argent ne signifie pas bannir l’outil mais le système de valeur qui, par définition, créé des inégalités.
    Car Valeur = Jugement.
    Un fruit n’a pas la même valeur pour tous, suivant nos goûts, nos situations géographiques, nos désirs. Ainsi un prix sera toujours trop cher pour l’un ou bon marché pour l’autre.
    Cette valeur est en général imposée par des institutions ou des entreprises, qui, bien entendu, cherchent à favoriser leurs propres commerces. Donc, premièrement, donner une valeur à un produit est une injustice, et deuxièmement ceux qui donnent la valeur le font avec la recherche d’un profit, créant donc encore plus d’injustice.

    caricature_sur_la_redistribution_de_l__argent.C’est cette imposition que nous cherchons à contourner. Serait-il possible de s’imaginer un autre système financier qui fonctionnerait sur les besoins de chacun et les ressources disponibles et non sur des valeurs imposées, sur une mode ou une prétendue pénurie ?

    Nous sommes persuadés que c’est possible, mais pour cela, nous devons nous réorganiser pour créer une économie parallèle sans valeurs imposées, où chacun est libre de valoriser son travail, suivant sa condition, sa lenteur ou sa rapidité dans la tâche, la qualité de son sol, et surtout, ses besoins. Ne serait-il pas tout simplement plus humain de donner plus à celui qui est infirme, ou celle qui a hérité d’une terre ingrate ?

    Nous parlons ici de partage. Quoiqu’on puisse en penser, si la tomate pousse, c’est parce que la terre et le soleil le veulent bien. Nous ne faisons qu’une infime partie du travail (et souvent très mal, incapable d’écouter la nature avec nos produits meurtriers) et nous nous permettons, ensuite, après avoir reçu le don de la vie, de mettre un prix dessus, d’essayer de le vendre toujours plus cher et de laisser mourir de faim nos voisins... J’exagère, mais sur l’échelle de la planète, c’est ça.

    L’argent n’est pas le diable, c’est évident, mais le système de valeurs et de prix qu’il incarne est un véritable cancer pour nos sociétés. Expérimentons, partageons, donnons, cherchons ensemble des pistes pour s’orienter vers une nouvelle économie qui remplacerait le profit par l’humain, le bénéfice par le plaisir de partager, l’avarice par l’amour.

    J’ai longtemps pensé que retourner à l’usage de l’argent serait pour moi un échec mais je comprends aujourd’hui que l’enseignement principal de mon expérience est que ce qui nous fait vivre, ce qui nous rend heureux n’a rien avoir avec l’argent. La monnaie n’est qu’un accessoire pour satisfaire des besoins ou des désirs, et nous devons dans un premier temps lui redonner cette place, pour pouvoir, un jour peut-être, s’en passer.

    J’imagine que certain d’entre vous me diront : «Tu m’aurais demandé avant de partir je t’aurais répondu la même chose et tu te serais évité bien des peines !» Peut-être, mais il est important de vivre les choses, d’expérimenter par soi-même et de ne pas se contenter des vérités imposées par nos cultures, nos professeurs ou nos livres. Mon voyage fut animé par le désir de se défaire de mes préjugés et certitudes pour découvrir ma propre vérité.
    Je vous invite à partir vous aussi pour expérimenter le dénuement et vous libérer de vous-même ! Frisson et prise de conscience garantie !

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