• Résister, responsabiliser, anticiper (Mireille DELMAS-MARTY)

    Résister,

    2013    196 p.    18 €

      Comment humaniser la mondialisation? Ce livre est né d’une interrogation sur le rôle du droit face aux effets de la mondialisation. D’un côté,celle-ci renforce l’humanisme juridique par le développement international des droits de l’homme, la reconnaissance des biens publics mondiaux, l’affirmation d’un droit humanitaire et d’une justice pénale internationale.

      Mais de l’autre, elle le menace par le durcissement du contrôle des migrations,l’aggravation des exclusions sociales, la multiplication des atteintes à l’environnement, la persistance des crimes internationaux les plus graves ou les risques d’asservissement engendrés par les nouvelles technologies.

      À force d’être invoquée à tort et à travers sans être pour autant mieux appliquée, la ritournelle humaniste, n’annonce-t-elle pas, en réalité, la mise à mort de l’humanisme juridique ? À moins d’inventer un nouvel humanisme, ou plutôt de se projeter dans l’avenir en faisant le pari, utopique mais réaliste, qu’il est possible d’humaniser la mondialisation autour de trois objectifs : résister à la déshumanisation, responsabiliser ses acteurs, anticiper sur les risques à venir.Tel est l’esprit qui anime ce livre de combat.

      Mireille Delmas-Marty, qui a enseigné le droit à l’Université (Lille II, Paris XI et Paris I), est titulairede la chaire « Études juridiques comparatives et internationalisation du droit » au Collège de France.Elle est notamment l’auteur des

      -Forces imaginantes du droit (4 vol. parus au Seuil, 2004-2011),

      -Libertés et sûreté dans un monde dangereux (Seuil, 2009).

      Elle est membre de l’Académie dessciences morales et politiques.

     Mireille Delmas-Marty, réhabilite l'humanisme dans son dernier livre, Résister, responsabiliser, anticiper. Un débat qu'ouvre Marianne.


    CARR DAVID/SIPA
              CARR DAVID/SIPA
      L'obstination de la rigueur et la force d'imagination. Ces deux expressions s'accordent parfaitement au tempérament de Mireille Delmas-Marty. Cette juriste de talent, qui fut professeur au Collège de France, ne désarme pas devant les difficultés de notre époque bousculée par le vent de la mondialisation. Son dernier livre, époustouflant de clarté, apporte une nouvelle preuve de sa détermination. Son titre, à lui seul - Résister, responsabiliser, anticiper, ou comment humaniser la mondialisation -, est un véritable programme de pensée ; il se présente comme une lettre d'intention, une sorte de précis humaniste, où le mot est pesé, la phrase, chevillée, et l'esprit, tendu comme un arc.

      Qui dira que l'humanisme est mort, après l'avoir lu, se trompera. Car ce n'est pas parce que le droit fut souvent malmené, les droits de l'homme, vilipendés, par Marx, Péguy, Deleuze et bien d'autres, que la quête d'un droit commun de l'humanité s'est épuisée. Bien au contraire ! La mondialisation du droit, actuellement en cours, place l'humanité entière devant des problèmes et des solutions universels. Or c'est précisément à ces situations que se confronte Mireille Delmas-Marty.

    Pédagogie de la complexité

      Née à Paris en 1941, elle appartient à la tradition éclairée du protestantisme français. Celle qui fut, à la fin des années 80, présidente de la commission justice pénale et droits de l'homme, et conseilla de nombreuses organisations internationales, plaide aujourd'hui pour une «pédagogie de la complexité» et prétend «lutter contre la démagogie de la simplicité», dans un style toujours limpide. Son livre est le fruit de cette longue expérience. «Elle a le goût des réalités les plus lointaines et les moins explorées, dit d'elle Stefano Manacorda, professeur de droit à Naples. Elle est devenue une des voix les plus écoutées dans l'univers juridique chinois et a forgé des instruments d'avenir comme le procureur européen.» Mireille Delmas-Marty ne se borne pas à poser des diagnostics, elle propose des remèdes susceptibles de conjurer le chaos.

      Que ce soit sur les droits sociaux, le droit des étrangers, le droit de l'environnement, la justice pénale, les risques biotechnologiques, la juriste lance des alertes, sans jamais se complaire dans la dénonciation. Dans son livre, les pages qu'elle consacre à la responsabilité sociale des entreprises et de l'Etat ne sont pas lettre morte. Elles indiquent le chemin de ce que pourrait être une responsabilité partagée, et le moyen d'éviter l'instrumentalisation du droit au profit du plus fort, celui des entreprises transnationales, notamment.

     «Si Mireille Delmas-Marty était une devise, ce pourrait être : force, humanité, créativité», résume son collègue Laurent Neyret, professeur en droit privé. Il n'a pas tort. Son idée fixe n'est pas de savoir ce qu'est le droit, mais de savoir «ce qu'il peut». Et ce n'est pas pour rien que cette femme férue des tableaux de Van Rogger et de Klee s'efforce de résoudre les ambivalences du droit à tous les niveaux : du simple citoyen aux organisations internationales. Quand les droits de l'homme redeviennent un dogme, elle recompose le tableau de nos espérances. «Je cherche à rendre perceptibles et visibles les données juridiques», nous disait-elle récemment. Deux adjectifs qui s'appliquent à la peinture ! Ce n'est pas un hasard. Mireille Delmas-Marty nous aide à voir le droit tel un paysage en mouvement.

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