• Si le pergelisol fond...

    Laurent Sacco   journaliste

    https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/climatologie-pergelisol-risque-liberer-co2-quantites-gigantesques

     Né à Vichy en 1969, je suis donc un pur produit de la génération Apollo, au moment oùViking se pose du Mars et où l'on découvre Lucy. Cherchant à comprendre la conquête spatiale et son potentiel, je me suis passionné dès le collège pour la physique théorique, plus précisément la physique quantique et la théorie de la relativité, ainsi que pour la philosophie, surtout l'épistémologie et la grande question des origines de l'Univers, de l'Homme et de la place qu'il y occupe.(....)  Après un bref séjour en Inde, intéressé par Auroville, la cité utopique qui se développe avec la caution morale de l'Unesco, j'ai intégré Futura où j'ai pu donner libre cours à ma pente naturelle, foncièrement polarisée par la multi et transdisciplinarité (mathématiques,transhumanisme, etc.), décrocher des modules d'astrophysique de licence et master à l'Observatoire de Paris et rester connecté avec le monde de la recherche, du LHC àPlanck en passant par les origines de la Vie ou la naissance de la Terre.

       À cause du réchauffement climatique, le pergélisol arctique pourrait libérer, d'ici 300 ans (cumulés), 10 fois plus de gaz carbonique (CO2) que ne l'a fait l'humanité en 2016. De quoi rendre plus urgentes encore les mesures pour limiter ce réchauffement.

     Les climatologues savent bien que l'une des clés de la prédiction du climat de la Terre passe par la connaissance de toutes les sources et puits de gaz à effet de serre, c'est-à-dire des quantités de ces gaz qui peuvent être émises ou capturées au cours du temps. Ils s'interrogent par exemple à propos du méthane (CH4) qui se trouve sous forme de clathrates en bordure des océans ou encore à propos du gaz carbonique (CO2) qui peut se trouver dissous dans l'océan.

    Ce même CO(tout comme le méthane) peut s'accumuler dans les sols, y compris dans les régions arctiques. Comme ces dernières sont en train de se réchauffer, les chercheurs tentent d'évaluer à quel point cela va affecter le climat au cours de ce siècle et des prochains. Il s'agit d'éléments à prendre en compte pour évaluer au plus juste notre futur et le temps qu'il nous est donné pour effectuer une transition énergétique. Celle-ci sera basée sur l'énergie nucléaire et les énergies renouvelables si nous prenons les bonnes décisions.

     Une équipe de chercheurs, menée par Nicholas Parazoo, du célèbre Jet Propulsion Laboratory de la Nasa, à Pasadena, en Californie, vient d'ailleurs de publier un article à ce sujet dans le journal The Cryosphere. Il s'agissait d'évaluer la stabilité du carbone piégé dans les pergélisols des régions polaires en Alaska et en Sibérie. Ce travail a conduit à une découverte surprenante qui laisse penser qu'au cours des 300 prochaines années cumulées, du fait duréchauffement climatique actuel, jusqu'à 10 fois la quantité de gaz carbonique injectée dans l'atmosphère par l'activité de l'humanité en 2016 pourrait être également libérée.

      1.700 milliards de tonnes de carbone dans le pergélisol arctique

    Le pergélisol en Arctique est en train de se déstabiliser dans les régions sud et il le sera bientôt dans les régions nord ; ainsi, d'ici 40 à 60 ans, il deviendra une source permanente de CO2. C'est ce que disent en tout cas les modèles numériques du Centre national pour la recherche atmosphérique, à Boulder, au Colorado (États-Unis), lorsqu'on les nourrit de données sur les températures du sol de ces régions polaires, comme l'ont fait Parazoo et ses collègues.

    Rappelons que le pergélisol (permafrost, en anglais) est un sol qui reste gelé pendant des années, voire des millénaires, sous la couche arable. Il contient des matières organiques riches en carbone, comme des feuilles ou des mousses, qui ont gelé sans se décomposer et qui s'y sont accumulées depuis la dernière glaciation. À mesure que la température de l'air dans l'Arctique fait fondre le pergélisol, cette matière organique se décompose et libère son carbone dans l'atmosphère sous forme de CO2 ou de CH4. Elle pourrait représenter environ 1.700 milliards de tonnes de carbone, soit deux fois plus que n'en contient actuellement l'atmosphère.

    Paradoxalement, et c'est le côté surprenant de l'étude des climatologues, les régions sud de l'Arctique ont des sols qui sont déjà en train de se déstabiliser, mais des plantes y croissent et capturent ainsi du CO2 atmosphérique en effectuant la photosynthèse. Ce sont finalement les régions les plus froides, au nord, qui vont se mettre dans quelques décennies à libérer du gaz carbonique en premier alors qu'elles se réchauffent plus lentement. Mais vers la fin du prochain siècle, le bilan sera finalement positif pour tout le pergélisol arctique, qui représente environ la superficie du Canada dans l'hémisphère nord.

    Il est clair que c'est une raison de plus de se débarrasser des énergies fossiles le plus vite possible. Espérons que nous pourrons maîtriser la fusion nucléaireavant les années 2050.

      Ce qu'il faut retenir:

    • La dernière glaciation a conduit à l'accumulation de grandes quantités de matière végétale dans le pergélisol arctique.
    • Le réchauffement climatique va faire fondre au moins en partie ce pergélisol conduisant à la dégradation de cette matière organique sous forme de gaz carbonique et de méthane, des gaz à effet de serre.
    • Une étude estime que ce pergélisol arctique pourrait libérer, d'ici 300 ans cumulées, 10 fois plus de gaz carbonique que l'humanité en 2016 à cause du réchauffement climatique.

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