Mort parce qu’il refusait la destruction de 40 hectares de forêt et de prairies, quand 200 hectares sont bétonnés chaque jour en France. Tué par la grenade d’un gendarme pour son opposition à un barrage qui cumulait les avis défavorables (de l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques, du Conseil national de protection de la nature…) superbement ignorés par le conseil général du Tarn – à la manœuvre – et l’Etat. Le 26 octobre 2014, au Testet, Rémi Fraisse, écologiste de 21 ans, est tombé à cause d’un vieux projet imposé et inutile, voué à irriguer les champs de maïs d’une vingtaine d’agriculteurs alors que des retenues d’eau voisines sont inutilisées.
Le journaliste Grégoire Souchay, un des premiers sur l’affaire, depuis 2013 pour le site Reporterre, et Marc Laimé, expert en politique de l’eau, démontent les ressorts du fiasco : conflits d’intérêts, lobbying pro-irrigation de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles, opacité de la gestion de l’or bleu par les Agences de l’eau, etc. L’essai est concis et complet, même s’il manque des témoignages d’agriculteurs favorables au barrage. Et il risque d’être longtemps d’actualité : si depuis le drame le département a revu ses ambitions à la baisse, le projet n’est pour autant pas abandonné.