• Soulèvement ou table rase?

    Lordon : « Le soulèvement ou la table rase par l'effondrement »
    Publié le 21/01/2012

    Le 15 janvier 2011, Frédéric Lordon, économiste hors sérail microcosmique, était invité à une conférence organisée par Attac et Mediapart sur le thème : « Quel remède à la crise démocratique européenne ? » Frédéric Lordon décida de répondre à cette question « sans circonvolutions inutiles » :

    « Ma réponse, c'est : le soulèvement ou bien la table rase par l'effondrement financier. »

    La « démocratie » des marchés

    La démocratie représentative n'existe plus, pose Frédéric Lordon en citant le cas du référendum de 2005 et en pointant les pions Papademos et Monti avancés sans scrupules par la troïka financière (BCE, Commission européenne, FMI) au mépris de toute souveraineté populaire.

    La loi des marchés (ces « tiers inclus au contrat social ») règne en maître. Les élus du peuple, les résultats de scrutins ne sont plus tolérés par ces nouveaux dominants que s'ils rentrent dans leur moule.

    Citant la récente dégradation de la France, Frédéric Lordon relativise l'importance d'agences de notation parfaitement « périphériques » :

    « Il n'y a aucun lieu de s'étonner qu'un univers comme les marchés de capitaux, qui fonctionnent fondamentalement à la croyance, à l'opinion et au jugement, sécrètent en leur sein des producteurs spécialisés de croyance, d'opinion et de jugement. »

    S'attaquer à la structure d'ensemble

    Ce n'est pas à ces « points focaux » épiphénomèniques (les agences de notation) qu'il convient de s'attaquer, mais à la structure d'ensemble qui les féconde.

    Or, souligne l'iconoclaste économiste, les évènements en cours pourraient bien donner un sacré coup de main à ceux qui refusent la « monstruosité » d'un monde régi par « le corps informe des créanciers internationaux ».

    Comme en 2007/2008, le secteur interbancaire est en voie de devenir « le nouvel épicentre d'un nouveau séisme ». Sans que les puissances publiques, désormais ruinées, puissent voler à son secours comme la fois précédente :

    « Si donc nous voyons poindre la perspective de grand effondrement, alors oui, il y a plus que jamais matière à nous demander quoi reconstruire. Mais la toute première question étant bien sûr : à quelle échelle ? »

    La reconstruction, mais avec qui ?

    Sur ce point, l'ami Lordon est catégorique. La tendance va spontanément vers « une préférence a priori pour des ensembles les plus vastes possibles » (dit-il). Mais alors, « avec qui ? ».

    Lordon expose ses doutes quant à une solution européenne dans une Union européenne ouvertement dominée par la rigueur monétaire imposée par l'Allemagne. Et par une « juridicisiation » des politiques publiques « directement attentatoire » à toute souveraineté populaire :

    « Existe-t-il des intermédiaires viables entre les configurations nationales classiques et une Union européenne pleine et entière, je veux dire avec une intégration politique pleine et entière ?

    Si la réponse était non, alors il ne faudrait pas hésiter à en revenir à la configuration nationale dont on sait avec certitude qu'elle satisfait pleinement le principe de la souveraineté populaire. »


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