• Tchendukua

      Origines du projet

    Géographe français, Eric JULIEN est à l’origine de la démarche. Sauvé d’un oedème pulmonaire par les Kogis, alors qu’il découvrait leur territoire, il s’est mis dans la tête de les aider à récupérer leurs terres. Ces terres sans lesquelles, coupés de leurs racines, les Kogis deviennent des êtres flottants, des êtres morts. D’après lui, permettre aux Kogis d’entretenir leur différence, c’est s’enrichir de leur regard sur le monde, tant il est vrai que la vie naît de la richesse des confrontations et non du rejet des différences. En 1997, il fonde l’Association Tchendukua - Ici et Ailleurs. En février 1998, une première terre est achetée (50 ha), une seconde en avril 1999 (70 ha) … une troisième en mai 2000 (50 ha) et enfin une quatrième en décembre 2000 (60 ha).

      Il a notamment écrit:

      -Voyage dans le monde de Sé - Nouvelles découvertes sur les indiens Kogis (2014) 

       -Les Indiens kogis : La mémoire des possibles (2007) 

       -Kogis : Le Réveil d'une civilisation précolombienne (2004) 

    Fondée en France en Octobre 1997, en Suisse en Septembre 1999, et au Canada en Décembre 2000, l’Association Tchendukua - Ici et Ailleurs réunit ceux et celles qui souhaitent préserver et incarner un mode d’existence basé sur le respect et l’harmonie. En avril 1999, grâce au soutien de Pierre RICHARD, acteur et producteur, un premier documentaire de 52’ a été réalisé (France 3 / Fidéline Films / GM Productions - Réalisation Gilles COMBET), documentaire primé au Festival International du Film d’Autrans - Montagne et Aventure. À travers l’histoire d’Eric JULIEN, ce documentaire permet de découvrir les Kogis et de les suivre dans la récupération des premières terres restituées par l’Association Tchendukua. Depuis novembre 2000, Pierre RICHARD est devenu Président d’honneur de l’Association … une façon a lui de concrétiser sa passion pour les peuples "premiers".

     Objectifs

    Un programme humanitaire

    Les conditions de survie que nos sociétés modernes imposent aux dernières sociétés « racines » (autochtones), au-delà des drames qu'elles provoquent, génèrent une perte irréversible de connaissances ancestrale. Le processus de restitution de terres, mis en oeuvre au profit de ces communautés en détresse, et particulièrement celle des Indiens Kogis, leur permet de retrouver un territoire, condition pour faire vivre leur culture et s'inventer un futur qui leur soit propre.

    Sauvegarde de la biodiversité

    Il s'agit de développer avec les populations racines des démarches de préservation et de reconstitution de la biodiversité qui s'appuient sur des savoir-faire plurimillénaires. Ces démarches légères, menées en co-construction avec les populations locales permettent la reconstitution de zones tropicales particulièrement dégradées, la préservation du patrimoine agro-forestier et la valorisation des connaissances de ces communautés.

    Des actions de sensibilisation

    L'association programme en France, en Europe et au Canada des actions de sensibilisation et de formation aux enjeux du développement durable (conférences, séminaires, stages). Des interventions ont lieu dans des établissements scolaires ou lors d'événements spécifiques pour le grand public (colloques, festivals, etc.). C'est dans cet esprit qu'a été mis en oeuvre l’Ecole de la Nature et des Savoirs, lieu de formation systémique s'inspirant largement des principes de fonctionnement des sociétés racines (Drôme).

      Principes philosophiques

    Que nous disent les Kogis et à quoi nous renvoient-ils ?...

    Tchendukua… là ou converge la pensée … Telle est la signification de ce mot qui depuis 1997, identifie notre association et ses activités. Un terme qui peut sembler quelque peu étrange à ceux qui nous accompagnent, et qui pourtant, résume parfaitement les enjeux qui sous tendent cette « aventure ». Bien sur, nous tentons d’accompagner les Kogis, là bas, dans la Sierra, à reprendre possession de leurs terres, à retrouver les objets nécessaires à la réalisation de leur rituel et d’une manière générale, à tenter de faire face aux agressions multiples de notre modernité. Chaque terre rachetée et restituée, chaque arbre préservé nous apparaît comme une victoire. Mais nous savons bien, que le véritable enjeu ne se situe pas là bas, chez les Kogis, mais bien chez nous, dans notre capacité à faire évoluer notre regard, notre compréhension du monde et des choses. C’est sans doute car nous sommes en déséquilibre ici, que les Kogis, et bien d’autres communautés humaines, ont des difficultés « là bas », chez elle, c’est donc ici que doit se poursuivre le travail engagé « là bas ». Ce que résume parfaitement cette phrase, reprise par JM PELT, dans l’un de ses ouvrages.

    -« Ce qui compte vraiment dans cette démarche d’accompagnement (des indiens Kogis), ce n’est pas tant que nous ayons besoin (des Kogis), c’est que nous avons besoin de développer les qualités humaines qui sont nécessaires pour les accompagner, celles là mêmes qu’il nous faut pour nous sauver nous même »

    D’après Jean Marie PELT – La terre en héritage

    Car finalement, que nous disent les Kogis et à quoi nous renvoient-ils ?

    Le premier élément de réponse, se trouve résumé dans le théorème d’incomplétude de Kurt GODEL, mathématicien et Logicien (1906-1978). Il rappelle le principe suivant :
    -« Un système génère des questions et des paradoxes, intelligibles dans le système, mais qui ne peuvent pas y trouver de solution. Il est nécessaire de pouvoir en sortir pour l’ouvrir à de nouvelles intuitions »
    Ou dit autrement, ce n’est pas dans le système actuel, son vocabulaire, ses croyances, ses représentations, les modes d’actions qui en sont issus, ses cloisonnements aussi, que l’on pourra faire émerger, identifier, les paradigmes, grilles de lecture, manière d’être et d’agir nécessaires pour permettre de faire face aux enjeux et paradoxes de notre temps. Il faut en sortir, aller voir ailleurs, oser le chemin de l’inimaginable, du latent non imaginé. Un chemin qui passe par la multiplication de dialogues improbables, mais fructueux, car improbables. C’est dans ces dialogues notamment avec les Kogis, que se rencontre l’innovation.

    Le deuxième élément de réponse est cette citation d’Albert EINSTEIN :
    -« Ce qui rend fou, c’est de faire plus et mieux de la même chose en espérant des résultats différents »
    Si nous sommes de plus en plus nombreux à percevoir les déséquilibres et les souffrances du monde, les reculs, les régressions que subit l’humanité aux quatre coins du globe, étrangement, nous restons assez démunis dans les réponses que nous sommes à même d’y apporter. Souvent intéressantes dans leurs nature, elles ne sont pas à la hauteur des enjeux, ni en terme de posture de leurs acteurs, ni en terme de « méthodologie » de travail et donc de manière d’aborder le ou les problèmes, sans parler des résultats souvent frustrants. Issues d’une vision binaire du monde, problème/solution, se sont des réponses morcelées, limitées par nos savoir « faire séparément », plutôt que stimulées par nos « savoirs être ensemble ». Cela rend fou, car, c’est une situation qui nourrit la désespérance. A de bonnes questions, nous apportons de mauvaises réponses.

    Ce qui amène le troisième élément de réponse, extrait d’une interview de Maurice FAURE, signataire, pour le gouvernement Français, du Traité de Rome en 1957. Un journaliste du Monde lui posait cette question : Vous qui avez participé à la création de l’Europe, il y a 50 ans, quels conseils nous donneriez vous, aujourd’hui, alors que nous sommes 27 ? En reprenant cette citation, je ne m’intéresse pas tant à l’Europe en tant que telle, son opportunité, mais bien plus, au processus qui a permis son émergence au sortir de la guerre. Voici sa réponse :
    « Plus que le traité, c’est la façon dont les négociations ont été menées qui pourrait aujourd’hui servir de modèle. En nous réunissant une fois par semaine pendant une journée, se sont peu à peu créés des liens personnels, une forme de complicité qui transcendait nos positions nationales. (De fait), nous avons eu tout à la fois le temps, la volonté et la possibilité de trouver, pour chaque difficulté, une solution pragmatique. (…) Il ne servait à rien de venir négocier avec une idée préconçue du résultat à atteindre. C’était au contraire la négociation (le chemin) elle-même, qui a produit le résultat et c’est en cela qu’il était imprévisible. C’était formidablement porteur de confiance et d’espoirs »

    Maurice FAURE (Le Monde du 23 Mars 2007)

    On retrouve là certains des propos de Jean-Pierre VERNANT, résistant et grand spécialiste de la Grèce antique, qui évoquait la « philia», le lien minimum, nécessaire entre les acteurs de la cité, pour que puisse s’établir et fonctionner une « vie démocratique » qui associe plus qu’elle n’oppose.
    Entendons nous bien, ce que nous proposent les Kogis, ce n’est pas de « changer le monde », mais bien de changer notre « regard » sur ce monde, de partager l’essentiel afin de faire émerger un « rêve », une « vision », acceptable par tous car porteuse de sens. Il ne s’agit plus de s’opposer sur l’important qui nous divise, des appartenances, des expertises et des façons de faire, mais d’ouvrir notre modernité efficace du visible, au dialogue, à une spiritualité et sans doute une science, porteuse de sens, voilà le chemin qui s'ouvre à nous ... Un chemin de convergence, formidablement porteur de joie et d'espoir... le chemin de Tchendukua, celui que nous vous proposons de partager.

    " C'est à chacun de chercher dans sa mémoire ce qu'il est et ce qu'il doit faire. Nous avons encore la mémoire pour se mettre en chemin. »
    Miguel DINGULA. Mamu

    Extrait du livre
    Kogis : Mémoire des possibles Actes Sud / Parution octobre 2009 / Eric JULIEN avec Muriel FIFILS

    Lorsque vous nous rendez de la terre, vous ne nous rendez pas seulement des terres pour que nous puissions cultiver, vous nous rendez aussi des lieux sacrés, les sites de nos ancêtres où l’on peut faire notre travail traditionnel pour protéger les choses.


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