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Une autre finance pour une autre agriculture (collectif MIRAMAP)
2013 232 p. 21,80 € (éd. Yves Michel)
Comment se réapproprier collectivement, de façon solidaire, le devenir de l'agriculture et de notre alimentation ? Comment assurer le développement d'une agriculture paysanne, biologique, garante d'une alimentation de qualité ? L'enjeu est de taille et interpelle l'ensemble de la société. Le modèle productiviste qui vide nos campagnes et détruit notre environnement est structurellement lié à l a financiarisation de l'agriculture. Celle-ci accentue la concentration des fermes et écrase sur son passage les autres modèles agricoles.
Dès lors, une agriculture alternative ne peut se faire que dans le cadre d'une économie solidaire. La bonne nouvelle, c'est que le changement est déjà là, modeste mais audacieux, lent mais intense ! Au coeur du livre, de multiples initiatives émergent, s'apparentant à des circuits courts de financement solidaire.
Comprendre, faire connaître et agir, c'est tout l'enjeu de ce livre. Créé officiellement en février 2010, MIRAMAP est le Mouvement Inter-Régional des AMAP. Plus qu'un réseau ou une fédération, MIRAMAP est un mouvement de la société civile rassemblant des producteurs et consom'acteurs en synergie avec des partenaires du monde agricole et de l'économie solidaire et oeuvrant pour: un partenariat équitable entre producteurs et consom'acteurs basé sur la confiance, la transparence et la solidarité financière ; une agriculture paysanne, socialement équitable (respect des normes sociales par rapport à tous les employés de l'exploitation) et écologiquement saine (pas de pesticides ni engrais chimiques de synthèse); le développement d'une consommation responsable par une éducation des citoyens à l'alimentation, la santé et l'agriculture.Comprendre, faire connaître et agir, c’est tout l’enjeu de ce livre!
Créé officiellement en février 2010, MIRAMAP est le Mouvement Inter-Régional des AMAP. Plus qu’un réseau ou une fédération, MIRAMAP est un mouvement de la société civile rassemblant des producteurs et consom’acteurs en synergie avec des partenaires du monde agricole et de l’économie solidaire.
Liste des contributeurs : Léo Coutellec et Astrid Bouchedor (coordination de l'ouvrage, MIRAMAP), Anne Hugues (Confédération Paysanne), André Neveu (membre de l'Académie d'agriculture), Lucie Chartier (Solidarité paysans), Amélie Artis (économiste), Estelle Deléage (sociologue), Samuel Féret (réseau PAC 2013), Joseph Le Blanc (RENETA), Maxime Pigache (ADEAR 11), Sarah Delecourt (AMAP - Ile de France), Benoit Sebaut (AMAP - Ile de France), Matthieu Carpentier (MIRAMAP), Guillaume Tarantini (MIRAMAP), Victor Grange (La Nef), Béatrice Boutin (Cigales), Philippe Cacciabue (Terre de Liens), Jérôme Dehondt (paysan), Marc Alphandery (Mouvement pour une Économie Solidaire).Extrait de l'introduction de Léo Coutellec
Paysans et citoyens, malgré tout !
La parabole du paysan
Un paysan est tranquillement en train de ramasser ses salades lorsqu'un banquier/investisseur, passant par là, le complimente pour la qualité de sa production et lui demande combien de temps il lui a fallu pour faire pousser cela. «Le temps qu'il faut» lui répond le paysan, un peu étonné de la question. «Vos salades sont belles, mais pourquoi n'en faites-vous pas plus ?» rétorque le banquier. «Cela me suffit à remplir mes paniers et à nourrir ma famille» lui répond le paysan. «Mais que faites-vous le reste du temps ?» poursuit le banquier. «Je profite de la vie, je joue avec mes enfants, je fais la sieste. Certains soirs, je vais au village voir mes amis. Nous buvons du vin et jouons de la guitare. Parfois aussi, j'assiste à des réunions pour des associations. J'ai une vie bien remplie».
Le banquier interrompt alors le paysan pour lui dire : «Écoutez-moi, j'ai une proposition à vous faire, je suis banquier et je peux vous aider. Vous devriez d'abord commencer par travailler plus et plus longtemps. Avec les bénéfices dégagés, vous pourriez acheter plus de terres. Avec l'argent que vous rapporteraient ces terres, vous pourriez investir dans un plus gros tracteur, plus puissant, puis dans un plus gros bâtiment de ferme, et ainsi de suite, jusqu'à ce que vous possédiez une vraie grande exploitation. Au lieu de vendre vos produits sans intermédiaire, vous pourriez négocier directement avec une centrale d'achat, et même ouvrir votre propre usine. Vous pourriez alors quitter votre petit village pour une grande ville, d'où vous dirigeriez toutes vos affaires».
Le paysan demanda alors : «Combien de temps cela prendrait-il ?». «Environ 15 à 20 ans», répond le banquier. «Et après ?» demande le paysan. «Après, c'est là que cela devient intéressant, répond le banquier en riant. Quand le moment sera venu, vous pourrez investir de nouveau, grandir et vous gagnerez des millions». «Des millions ? Mais pour quoi faire ?» demande le paysan. «Et bien après, vous pourrez enfin prendre votre retraite, profiter de la vie, habiter un petit village sympa, jouer avec vos enfants, faire la sieste, assister à des réunions pour des associations et passer vos soirées à boire et à jouer de la guitare avec vos amis, vous pourriez enfin avoir une vie bien remplie ! !».
De quoi le productivisme est-il le nom ?
Cette petite adaptation de la parabole du pêcheur illustre bien les mécanismes de ce qui est communément mal nommé la «modernisation» des agricultures. Mais la marche forcée de la modernisation, qui entraîne les agricultures familiales et paysannes vers le déclin, a un nom plus explicite : le productivisme. Il ne faut pas confondre cette dernière notion avec celle de productivité : un système agricole non productiviste peut tout à fait être productif et inversement. La productivité est habituellement liée au rendement à l'hectare (ex. : quantité de blé produite par unité de surface), mais peut aussi être associée au rendement du travail (ex. : quantité de blé produite par une unité de travail humain). Le productivisme est plus que la seule augmentation de la productivité.
Tags : agriculture, paysan, pourrez, banquier, miramap
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