• Les pionniers de la ville durable (

    2010    294 p.  25,40 €

     Réconcilier la nature et la ville. Faire face au changement climatique. Imaginer, à l'échelle locale, d'autres voies de développement. Une utopie ? Un rêve certes. Mais de ceux qui semblent si réels qu'on croit les toucher du doigt au réveil. A Stockholm, à Bologne, à Grenoble, des âmes libres ont osé y croire. Pendant de longs mois, Cyria Emelianoff et Ruth Stegassy ont arpenté l'Europe en train, en bus, en ferry, pour recueillir la mémoire de ces pionniers, capables de mettre toute leur énergie dans la transformation d'un modèle qu'ils pensent profondément inadapté au monde qui vient. Loin de se contenter de repeindre le bitume en vert, ils inventent de nouvelles manières de produire et d'utiliser l'énergie. Ils imaginent de nouvelles manières d'habiter, de se mouvoir, écologiques, certes, mais surtout plus humaines. En un mot : conscientes. Et si la ville durable était tout simplement la ville apaisée ?

    Cyria Emelianoff est géographe, maître de conférences à l'université du Maine.
    Ruth Stegassy est journaliste spécialiste de l'environnement. Elle anime l'émission "Terre à Terre" sur France Culture.  

      "Les écoquartiers sont le résultat d’engagement pris par les villes signataires de la charte d’Aalborg de 1994 (80 villes) et par celles qui les ont rejointes par la suite (2600 collectivités). Les 620 villes qui ont signé les « Engagements d’Aalborg » en 2009 s’engagent sur dix volets qui couvrent largement les trois piliers du développement durable (Social, Economie, Environnement). La prochaine conférence se tiendra à Dunkerque en 2010. Ce mouvement de villes est européen et montre bien à quel point (malgré quelles initiatives locales impulsées par des associations européennes), les villes du sud sont encore trop peu concernées par ces mesures alors qu’il apparaît que l’échelle urbaine soit le niveau le plus pertinent pour transformer la société et réduire sa consommation énergétique.

    Ces mouvements ont été bien souvent initiés par des militants qui ont ensuite essaimé à force de persuasion. C’est à ces personnes que ce livre est consacré. Les interviews d’une trentaine d’acteurs des projets (architecte, élus, directeur de l’environnement au sein des villes ou de communautés urbaines, responsable d’Agenda 21, directeur d’entreprise, présidents d’association) sont accompagnées de textes de présentation des lieux. La forme même du livre fait que c’est un regard très optimiste et positif qui est porté sur les territoires et sur leur place dans l’aventure du développement durable. L’implication des acteurs fait qu’ils ne sont pas les mieux placés pour porter un regard critique sur leur expérience. C’est pourquoi le questionnement par les deux auteurs doit les amener à une vision critique de l’expérience menée. Les premières interviews le sont peu mais au fil des pages, le questionnement devient plus percutant, fort heureusement.

    On retiendra dans la masse des interviews, celle de Michel Delebarre, président de la Communauté urbaine de Dunkerque et maire de Dunkerque. Les auteurs l’amènent à justifier le choix de Dunkerque pour la tenue prochaine de la Conférence des villes durables. Difficile, à priori, sans détails et explications, de comprendre ce choix et pourtant l’orientation de Dunkerque vers le développement durable est d’autant plus intéressante que la ville dispose d’un parc industriel à la fois générateur d’une pollution atmosphérique légendaire et fortement consommateur d’espace (à l’origine d’une « cassure » dans le tissu urbain, en passe d’être résorbé grâce à la reconquête des friches industrielles des anciens chantiers navals). La lecture de l’interview, comme la présentation de la ville qui est faite par les deux auteurs apportent beaucoup et constituent, à n’en pas douter, un incontournable pour une mise à jour sur la ville, bien utile pour un commentaire de carte topographique. Une lecture très bénéfique pour ceux qui préparent la nouvelle question au Capes, millésime 2011 (dont les écrits se tiendront en novembre 2010 !) consacrée à La France en villes, à la condition qu’ils n’oublient pas de porter un regard critique sur ces expériences. Surcoût, ségrégation sociale (« boboland »), pilier Economie du développement durable trop souvent absent des projets sont les principaux défauts de ces quartiers qui se veulent exemplaires, sans oublier le fait que ces initiatives, mêmes lorsqu’elles sont convaincantes, ne touchent bien souvent qu’un quartier de la ville et n’affectent pas l’ensemble du pôle urbain, même l’Agenda 21 de la ville prévoit des initiatives à une échelle urbaine plus petite."

    Copyright Les Clionautes


    votre commentaire
  •  Le collectif Appel de la Jeunesse est une association de sensibilisation et d'information sur les questions de santé-environnement. Lancée en 2009 par des jeunes elle a pour vocation d'être intergénérationnelle. L'association a été créée face à l'observation de la recrudescence des maladies chroniques dans la société et notamment chez des populations de plus en plus jeunes. L'objectif de l'association est donc d'agir pour contribuer à améliorer l'état de santé de la population telle qu'elle est définie par l'OMS, c'est à dire "un état de bien être physique, psychique et social ressenti par la personne et son entourage".
    Pour cela le collectif met en place :

    • des formations aux liens entre la santé et l'environnement pour les porteurs de projets,
    • des débats en milieu scolaire,
    • des campagnes de sensibilisation,
    • une GreenPride à Paris le 23 octobre 2011.

    Le collectif a pour but d'interpeller les décideurs politiques et l'opinion publique pour que les questions de santé-environnement (pesticides, ogm, nanotechnologies, alimentation…) soient portées au coeur des débats publics.

    L'Appel de la Jeunesse : appeldelajeunesse.org

     Publié par le Mouvement Colibris


    votre commentaire
  •   L'or est-il au-dessus de tout, M. Montebourg ?

     

    La forêt est la richesse durable du Parc amazonien de Guyane (crédit photo : Rhett Butler)


    Chers ami(e)s de la forêt tropicale,

    Par un arrêté paru au Journal Officiel le 11 décembre 2012, le Ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg a accordé à la société REXMA un permis d'exploitation aurifère de 10 km2 sur la Crique (rivière) Limonade à quelques kilomètres du bourg de Saül à l'intérieur du Parc amazonien de Guyane.

    Cette décision unilatérale parait totalement invraisemblable car elle ne prend en compte ni le code minier en vigueur depuis janvier 2012 en Guyane, ni les différents rapports défavorables des organismes concernés, ni le statut de Parc national protégeant le Parc amazonien de Guyane, ni la volonté des habitants de Saül de développer leur économie sur la valorisation durable d'un patrimoine naturel exceptionnel : la forêt.

    Signez notre pétition ( sur le site) pour obtenir le retrait du permis aurifère accordé par M. Montebourg à la société REXMA.

    En vous remerciant de votre attention,

    Sylvain Harmat
    Sauvons la forêt
    info@sauvonslaforet.org
    www.sauvonslaforet.org 


    votre commentaire
  •  Oui, l'écologie, c'est social (Sandrine ROUSSEAU)

    2012    105 p.   5 €

      L'objectif de ce livre est de montrer en quoi le projet écologiste est profondément social et générateur de plus d'égalité dans la société. Un propos qui pourra surprendre certains, car les écologistes ne sont guère entendus sur ce sujet, et il règne un malentendu entre eux et les classes populaires, traditionnellement méfiantes quant à la capacité du projet écologiste à améliorer leurs conditions d'existence. Pourtant, ce projet repose sur la création d'emplois, l'amélioration de la qualité de vie, hors et dans le travail, la réduction des écarts de richesse. Un tel projet passe par une conversion écologique de l'économie, avec la création de nouveaux secteurs et la transformation d'autres (notamment l'automobile), une remise en route de la réduction du temps de travail (sujet quasi absent des débats politiques actuels) et une meilleure qualité des emplois créés (moins de stress, de souffrance et de précarité). Au-delà de l'emploi, ce projet repose plus largement sur de nouveaux choix de société facteurs de bien-être : nouveaux droits liés à la parentalité ou à la formation tout au long de la vie, accroissement de la représentation syndicale, meilleure répartition de l'accès à certains droits et services, fiscalité plus juste. Oui, le projet politique écologiste ouvre la voie à une société plus durable, où le bien-être ne se mesure pas à l'aune de la seule consommation matérielle.

     Sandrine Rousseau est économiste et vice-présidente de la Région Nord-Pas-de-Calais. Elle est notamment l'auteur (avec François-Xavier Devetter) de
      -Du balai. Essai sur le ménage à domicile et le retour à la domesticité (Raisons d'agir, 2011). 

    votre commentaire
  • Faibles et puissants face à l'impôt (Alexis SPIRE)

    2012    134 p.   8,10 €

         Les Français ne sont pas égaux devant l'impôt : les riches en paient moins en proportion de leurs revenus que les pauvres. Mais l'inégalité fiscale ne s'arrête pas là. Contrairement à tous les discours censés faire de notre pays un enfer pour les riches, ces derniers bénéficient également d'un contrôle fiscal beaucoup plus clément que celui appliqué aux pauvres. C'est ce que montre, enquête à l'appui, le sociologue et directeur de recherche au CNRS Alexis Spire.

      Son livre démarre par une passionnante histoire du contrôle fiscal en France. Marginal durant l'entre-deux guerres, il faut attendre 1948 et la création de la Direction générale des impôts pour qu'il commence à trouver ses lettres de noblesse. On le sait peu mais, dans les trente ans qui suivent, le développement des effectifs de l'administration fiscale en fera un lieu d'emploi des femmes et de promotion des classes populaires. Les contrôles seront renforcés par le ministre de l'Economie de la fin des années 1960, Valery Giscard d'Estaing, et le début des années 1970 voit monter les premiers débats accusateurs sur l'évasion fiscale. S'instaure alors rapidement une logique de rendement : il faut que les contrôles rapportent plus qu'ils ne coûtent, d'autant plus que la gauche arrivée au pouvoir en 1981 embauche 5 800 fonctionnaires du fisc dont 1 100 contrôleurs.

    Traquer la fraude sociale

      La suite de l'histoire montre une double évolution. D'un côté, les contrôles sur les personnes les plus fragiles s'intensifient. C'est qu'avec la création de la prime pour l'emploi destinée à aider les travailleurs pauvres, l'administration fiscale ne se contente plus de prélever de l'argent, elle peut aussi en distribuer. Au nom de la défense de l'Etat-providence, les fonctionnaires des impôts vont alors se donner pour mission de traquer la fraude sociale, telle cette agente des impôts du 93 qui oublie délibérément de saisir le nombre d'heures travaillées, suscitant de la part des contrôleurs des demandes de justification auprès des contribuables concernés.

    La culture du dialogue

      De l'autre côté, celui des contribuables plus aisés, c'est l'inverse qui se produit. Après le retour de la droite au pouvoir, la loi Aicardi de 1987 impose la charge de la preuve du comportement fiscal délictueux à l'administration fiscale. Plus tard, en 1999, c'est sous Lionel Jospin que le directeur des impôts institutionnalise la notion d'"application mesurée de la loi fiscale", à savoir une culture du dialogue, de la conciliation et du "rescrit", la possibilité pour un contribuable de soumettre à l'administration une pratique fiscale pour vérifier si elle est acceptable.

      Or, cette culture du dialogue va s'appliquer essentiellement en faveur des contribuables les plus aisés. D'abord parce que, manquant de moyens, les contrôleurs ont plus de mal à juger des revenus réels des plus riches, dont les sources sont diversifiées (salaires, dividendes, loyers…) et qui bénéficient des conseils de fiscalistes avisés. Ensuite, le contrôle, lorsqu'il aboutit à quelque chose, n'est qu'une première étape vers la négociation dont les plus fortunés savent mieux tirer parti, et ce d'autant plus que l'administration la privilégie au contentieux.

      Pour Alexis Spire, la conclusion est claire : les conditions d'application de la loi fiscale sont socialement déterminées. Selon que vous serez puissants ou misérables, le fisc vous sera plus ou moins conciliant.

     Christian Chavagneux 
    Alternatives Economiques n° 320 - janvier 2013    

    votre commentaire
  • Eloge de l'éducation lente (

    2011    125 p.   13;70 €

       "Je n'ai pas le temps... ". Alors, je passe à la vitesse supérieure... Ce faisant, je m'éloigne du sens profond des choses et je contribue à une société névrosée et impersonnelle. Plus, plus tôt et plus vite ne sont pas synonymes de meilleur. L'auteur applique ce principe au champ éducatif - scolaire, familial et personnel : il envisage un temps qui permet notamment de retrouver le sens de la diversité des rythmes d'apprentissage. L'éducation lente ne signifie pas agir lentement, mais savoir trouver le temps adapté à chacun et à chaque activité. Eduquer lentement, c'est ajuster la vitesse au moment et à la personne. Faire un éloge de l'éducation lente, c'est faire l'éloge d'un modèle éducatif essentiel pour l'humanisation de la société. Le temps n'a pas à coloniser notre vie ni celle de l'école ou des familles ; le temps appartient aux enfants, aux parents et aux professeurs. Pleinement vécu, il est pleinement éducatif.

      Joan Domènech Francesch est professeur d'école, licencié en philosophie, militant de mouvements de rénovation pédagogique, formateur; il est membre du Conseil scolaire de Catalogne et co-organisateur des Journées annuelles de réflexion des écoles catalanes... Il a publié:

      -L'Organisation du temps et de l'espace à l'école (en espagnol),

      -L'Education primaire, dilemmes et propositions (en espagnol et en catalan), éditions Grao.

     Père de deux enfants, il vit "intensément" la question du temps en éducation - familiale et scolaire. Directeur, depuis sa création, d'une école publique de Barcelone, il s'efforce d'appliquer au quotidien, ses idées.     


    votre commentaire
  •   Interview - André Cicollela, toxicologue, estime que les agences de santé doivent disposer d’un code de déontologie fixé par un organisme extérieur. (Article publié dans le n° 41 de novembre 2012 de terraéco)

    André Cicolella est toxicologue, président du Réseau environnement santé.

    Terra eco : Vous connaissez bien les risques pris par les lanceurs d’alerte. Vous en avez vous-même fait l’expérience…

    André Cicolella : J’ai été licencié pour faute grave en avril 1994 à quelques jours d’un colloque international que j’avais organisé et qui portait sur les risques associés à une famille de solvants : les éthers de glycol. C’était un colloque qui réunissait 200 participants. Du jour au lendemain, on m’a licencié pour insubordination parce que j’avais refusé de participer à une réunion préalable. Elle visait à m’empêcher de porter à la connaissance du public, via ce colloque, la confirmation des effets génotoxiques sur l’homme de ces substances. En 2000, la Cour de cassation a déclaré que mon licenciement était abusif. J’ai été ainsi à l’origine d’une jurisprudence reconnaissant la nécessité de protéger les lanceurs d’alerte. Cette affaire est assez caractéristique de la situation dans laquelle on peut se trouver lorsqu’on veut alerter le public sur un problème de santé public.

    Pensez-vous que la situation a changé depuis ?

    Dans l’opinion publique, l’expression « lanceur d’alerte » est maintenant connue. Mais au niveau des responsables politiques, c’est encore très partagé. Le Grenelle avait voté à l’unanimité le principe d’une loi pour protéger ces lanceurs d’alerte. Cette promesse n’a pas été tenue. Je l’ai rappelée lors de la conférence environnementale mais il n’y a pas eu de reprise. Une proposition de loi des sénateurs verts reprend l’idée que je défends : celle de la création d’une Haute autorité (de l’expertise scientifique et de l’alerte en matière de santé et d’environnement, ndlr). Si j’avais eu ce lieu de recours quand j’ai été licencié, peut-être que les choses ne se seraient pas passées comme ça.

    Comment fonctionnerait cette autorité ?

    L’idée centrale, c’est que pour protéger les principes, il faut protéger les processus et donc les dispositifs d’expertise. Le code de déontologie doit être fixé par un organisme extérieur. On me dit que les agences sont exemplaires parce qu’elles ont un code de déontologie. Mais de multiples exemples montrent que ce n’est pas le cas. Il faut qu’une haute autorité définisse le code de déontologie, en dehors des crises. Personne n’a intérêt à jouer les martyrs.

    Si cette haute autorité faisait bien son travail et rendait les agences étatiques irréprochables, les lanceurs d’alerte pourraient être amenés à disparaître ?

    Aucun système n’est parfait. Mais potentiellement oui. En tout cas, la société doit avoir une politique de santé publique qui fonctionne et non des organismes qui font semblant. L’exemple du bisphénol A est parlant. Les députés et les sénateurs doivent voter pour qu’on l’interdise dans les contenants alimentaires ou qu’on bannisse la présence de phtalates dans les dispositifs médicaux. La population la plus exposée à ces phtalates, ce sont les prématurés qui reçoivent 1 000 fois les doses autorisées pour les adultes.

    C’est quand même anormal que l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé n’ait pas pris de position sur ces dispositifs médicaux. Ce n’est pas faute de ne pas avoir alerté l’opinion. Nous avons fait une conférence de presse au mois d’avril sur cette question. Quand après ça, on dit que les agences fonctionnent et qu’elles sont parfaitement vertueuses… Je peux vous donner un deuxième exemple. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a fait un rapport sur les effets à faible dose du bisphénol A. Un an après, on attend toujours les conséquences de ce rapport sur la DJA (la dose journalière admissible soit la quantité de substance qu’un individu moyen peut théoriquement ingérer quotidiennement sans mettre sa santé en danger, ndlr).

    Pourquoi ces agences ne font-elles pas bien leur travail, selon vous ? Est-ce une question de moyens ?

    Non. Ce n’est pas très compliqué de calculer une DJA. On prend l’effet à la concentration la plus basse et on divise par mille. Si l’Anses ne le fait pas, elle est en faute.

    Mais justement pourquoi ne le fait-elle pas à votre avis ?

    Sur des cas précis, il y a une difficulté au sein de ces agences à se détacher de l’argumentaire défendu par l’industrie chimique. Mais une agence n’a pas à se substituer à l’industrie qui peut bien se défendre toute seule. Elle doit avoir une position de protection de la santé publique. Comme elle ne le fait pas, ce sont les députés et les sénateurs qui s’y collent mais ce n’est pas normal. On ne va pas faire 870 lois (1), une loi par perturbateurs endocriniens présumés !

    La création d’une haute autorité de l’expertise scientifique pourrait changer ça ?

     OGM, Médiator : « Il faut protéger les personnes, donc les dispositifs d’expertiseOui. Sur ce problème de DJA, en tant que président du Réseau environnement santé je pourrais saisir cette haute autorité qui rendrait alors un avis. Elle aurait un rôle un peu similaire à celui de la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité ou de la Commission nationale de l’informatique et des libertés. Son objectif ne serait pas de faire une expertise mais elle constituerait un lieu de recours. Quand on reproche à Gilles-Eric Séralini d’avoir utilisé des souches de rats plus susceptibles de développer des cancers alors qu’elles sont les plus utilisées en cancérologie et que Monsanto les utilise, c’est une accusation grossière, qui pourrait être examinée par la haute autorité.

    L’étude de Gilles Eric Séralini aurait donc dû, selon vous, être menée au sein d’un organisme étatique ?

    Ou au moins recevoir un financement public. On lui reproche d’avoir utilisé de petits groupes d’animaux mais s’il avait eu plus d’argent, il aurait fait ces expériences sur 50 animaux ! Il faut aussi se souvenir que les lanceurs d’alerte ne sont pas que des chercheurs. Dans une acception plus large, ça peut être tout citoyen qui observe une situation environnementale ou de santé anormale. Les salariés de PIP qui changeaient de gel quand les inspecteurs arrivaient (l’entreprise utilisait un gel non homologué mais moins cher et mentait à l’organisme certificateur, ndlr) ont expliqué qu’ils faisaient ce que leur patron disait et que s’ils ne le faisaient pas, ils risquaient d’être mis à la porte. Mais si la loi les avait obligés à lancer l’alerte, ils auraient pu saisir la haute autorité pour dysfonctionnement. Dire que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, c’est une vaste blague.

    (1) Dernière estimation faite en 2011 par la spécialiste Theo Colborn. Liste à télécharger sur Terraéco.

      La rédactrice :  Karine Le Loët

    Journaliste à " Terra eco"  (17/10/2012 )


    votre commentaire
  • Les chiens de garde (Paul NIZAN)

    2012    182 p.   8 €

      L'actualité des Chiens de garde, nous aurions préféré ne pas en éprouver la robuste fraîcheur.Nous aurions aimé qu'un même côté de la barricade cessât de réunir penseurs de métier et bâtisseurs de ruines. Nous aurions voulu que la dissidence fût devenue à ce point contagieuse que l'invocation de Nizan au sursaut et à la résistance en parût presque inutile. Car nous continuons à vouloir un autre monde. L'entreprise nous dépasse ? Notre insuffisance épuise notre persévérance ?
    Souvenons-nous alors de ce passage par lequel Sartre a résumé l'appel aux armes de son vieux camarade :

      "Il peut dire aux uns : vous mourez de modestie, osez désirer, soyez insatiables, ne rougissez pas de vouloir la lune : il nous la faut. Et aux autres : dirigez votre rage sur ceux qui l'ont provoquée, n'essayez pas d'échapper à votre mal, cherchez ses causes et cassez-les."  Serge Hamili Extrait de la préface. 

    Les Chiens de garde est un essai de Paul Nizan paru en 1932.

    Il s'agit d'un essai pamphlétaire dirigé contre quelques-uns des philosophes les plus connus de l'époque – notamment Bergson, Émile Boutroux, Brunschvicg, Lalande, Marcel, Maritain. Pour Paul Nizan, lui-même alors jeune philosophe communiste, ces penseurs incarnent une « philosophie idéaliste », en ce sens que tous ne font qu'énoncer des vérités sur l'homme en général, et de ce fait ne tiennent aucunement compte du réel quotidien auquel chaque homme en particulier se trouve confronté : la misère matérielle, la maladie, le chômage, les guerres, etc. Pour l'auteur, qui fonde son argument en s'appuyant sur la notion marxiste de lutte des classes, ces philosophes n'ont d'autre but, au fond, que de justifier et de perpétuer les valeurs morales et socio-économiques de la classe bourgeoise. Selon lui, leur idéalisme leur interdit toute analyse de l'exploitation de la classe prolétarienne par la bourgeoisie.

    Le livre se clôt par un appel aux jeunes générations de philosophes à lutter contre la bourgeoisie et ses « chiens de garde » que sont, pour Paul Nizan, les penseurs en question, et à mettre la réflexion philosophique au service du prolétariat. (D'après Wikipédia)

     Paul-Yves Nizan, né le 7 février 1905 à Tours et mort le 23 mai 1940 à Audruicq (Pas-de-Calais), est un romancier, essayiste, journaliste et traducteur français.


    votre commentaire
  • Savoir revivre (Jacques MASSACRIER )

    2011    200 p.    24 €

      A la fin des années 70, Jacques Massacrier a fui sa confortable vie de bobo parisien pour s'installer avec femme et enfants dans une petite maison avec un jardin dans la campagne d'Ibiza, loin de tout, dans un coin perdu de l'île, très loin de l'Ibiza carte postale. Là, il écrit un livre qui se veut le vade-mecum du nouveau Robinson :

       -Comment construire sa maison, creuser un puits, capter une source, gérer ses déchets, cultiver un jardin bio, faire un compost, irriguer, faire une lampe à huile, du mortier, du plâtre, les enduits, mais aussi, comment coudre ses vêtements, cuisiner ses légumes, prendre soi de soi, soigner naturellement les petits bobos, prévoir le temps Son ouvrage Savoir Revivre a connu un immense succès : 400 000 exemplaires vendus, sans compter les innombrables lectures sur internet !

     "A quoi bon lancer des cris d'alarme contre la société de consommation et d'industrialisation, contre la pollution qui en résulte, si nous continuons à faire vivre les industries qui nous empoisonnent et épuisent les ressources naturelles de notre planète !

    Pourquoi entretenir les mauvaises herbes qui étouffent les légumes de notre jardin ?

    Dans le tumulte de la foule indifférente des grandes cités, on ne perçoit plus les plaintes, alors n'usons pas le peu d'oxygène que nous reste à crier notre désarroi.

    Allons plutôt réapprendre à vivre en se passant du produit de ces industries et retrouvons au contact de la nature les bases d'une véritable échelle des valeurs, devant le merveilleux équilibre biologique nous pourrons mesurer l'immensité du désordre de notre société.

    Certes, nous aurons du mal à nous passer complètement de ces produits manufacturés, nous avons accumulé trop de vilaines manies pendant des générations.

    Peut-être ne faudrait-il pas éliminer une production industrielle dans un intérêt commun et limité aux choses essentielles, mais comment les déterminer puisque nous avons précisement perdu la notion de l'essentiel ?

    Mettons nos connaissances en veilleuse, allons méditer sur l'opportunité de leur utilisation. Reconsidérons les éléments primordiaux de notre existence.

    Il faut avoir un puit pour connaître la valeur de l'eau… Il faut faire pousser un arbre pour hésiter avant d'en abattre un autre… Il faut savourer les légumes de son jardin pour savoir à quels succédanés nous étions accoutumés… Il faut couper son bois pour retrouver devant sa cheminé la véritable sensation du confort… Il faut confectionner ses propres vêtements pour ne plus avoir envie de subir les caprices de la mode… Il faut regarder vivre les animaux et les insectes avant d'exterminer quelques soit-disant "nuisibles"… Il faut retrouver la santé du corps et de l'esprit pour réaliser le plaisir de vivre et celui d'aimer.


    Je lui dis :
    - Rends moi cette cerise, tout de suite.
    - Bien, répond le loriot.
    Il rend la cerise et, avec la cerise, les trois cent mille insectes nuisibles qu'il avale en une année.

    Jules Renard

     

    Chaque année, des centaines de milliers de gens prennent conscience de la stérilité de leur vie sociale, éprouvent le pressentiment des grands bouleversements ou des cataclysmes qui n'épargnent que les peuples primitifs et ils partent pour réapprendre à vivre organiquement dans la nature.

      Cette nature que la pluspart ont seulement abordée en vacances et en week-end, ceux qui n'ont jamais fait pousser qu'un haricot dans un coton humide à l'école communale, ceux qui voudraient bien construire un mur mais qui ne connaissent pas les proportions pour faire du ciment, ceux qui ont toujours pensé qu'il fallait un coq dans un poulailler pour que les poules puissent pondre, ceux qui sont désemparés lorsqu'ils n'ont pas de médecin pour soigner le moindre malaise, ceux qui s'imaginent qu'il faut être tailleur pour confectionner des pantalons ou boulanger pour faire du pain…

    …Ce livre leur est destiné, il leur apprendra des choses simples et élémentaires, les éléments de base qui sont généralement formulés d'une manière trop complexe pour les "non-initiés" dans les ouvrages spécialisés, des recettes et conseils divers recueillis auprès de ceux qui ont vécu l'aventure en s'échappant des villes ; ils ont appris eux-même à revivre avec la nature et nous proposent dans ce livre les solutions aux difficultés qu'ils ont éprouvées.

    En fait, il s'agit de remplacer le plus possible les produits du commerce par ce que l'on peut faire facilement soi-même, il ne faut pas espérer pouvoir vivre d'un jour à l'autre sur sa propre production mais on peut rapidement réduire au stricte minimum ses besoins financiers (surtout ceux qui vivent en communauté).

    En retournant près de la nature, nous contribuons à la protéger, nous réintégrons notre élément naturel et cessons de collaborer avec une société dont la vitalité est basée sur le gâchis. Nous sommes peut-être les pionniers d'une grande migration vers un monde meilleur qui est à notre porte.

    L'Homme s'obstine à inventer l'Enfer dans un monde paradisiaque."

      Jacques Massacrier 


    votre commentaire
  •   Interview - Un chercheur qui refuse la Légion d'honneur, c'est rare. C'est le cas d'Annie Thébaud-Mony, spécialiste des cancers professionnels. Elle alerte depuis trente ans sur l'épidémie de cancers parmi les ouvriers. En vain.

    Annie Thébaud-Mony, 68 ans, est directrice de recherche honoraire à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale. Fin juillet, elle a refusé la Légion d’honneur que Cécile Duflot, ministre de l’Egalité des territoires et du Logement, souhaitait lui accorder. Dans une lettre adressée à la ministre, la chercheuse en santé publique qui s’est spécialisée dans les maladies professionnelles explique que son refus a pour but de dénoncer « l’indifférence » qui touche, selon elle, la santé au travail et l’ « impunité » des « crimes industriels ». Elle nous en dit plus.

    Terra eco : On vous a proposé la Légion d’honneur pour couronner votre carrière. Vous l’avez refusée. Pourquoi ?

    Annie Thébaud-Mony : Il y aurait selon moi une certaine indécence à être décorée alors que cela fait trente ans que je travaille sur la mort ouvrière, que je tire le signal d’alarme sur la situation dans laquelle travaillent les ouvriers, les risques qu’ils encourent pour leur santé, les risques industriels auxquels ils sont exposés, sans constater de réelle amélioration des conditions de travail. Les préconisations que j’ai pu faire n’ont pas été suivies d’effet par les pouvoirs publics.

    En tant d’années, il n’y a donc pas eu d’avancées ?

    Il y a quinze ans, l’amiante a été interdit en France. On pensait que l’interdiction d’autres produits industriels cancérogènes suivrait, mais pas du tout. Pourtant, les industriels savent que certains des produits qu’ils obligent leurs employés à utiliser sont dangereux et que les conditions de travail sont pathogènes. C’est une mise en danger délibérée de la vie d’autrui. Et pourtant, les modifications du droit du travail protègent davantage les industriels et les employeurs que les salariés.

    Avez-vous des exemples ?

    Le tableau 57 des maladies professionnelles du régime général de la Sécurité sociale liste la plupart des troubles musculosquelettiques (TMS). En 2009, une révision du tableau a raidi les critères de reconnaissance des TMS, et donc d’indemnisation des salariés. Vont-ils devoir travailler jusqu’à être handicapés ? Concernant l’exposition des salariés aux cancérogènes, aucune mesure contraignante n’a été prise malgré les alertes. A Montluçon (Allier) par exemple, l’usine Adisseo qui produit de la vitamine A de synthèse pour l’alimentation animale, utilise depuis les années 1990 un cancérogène puissant, le chloracétal C5 (lire l’enquête de l’Institut national de veille sanitaire (INVS)). Moins de dix ans après l’introduction de cette molécule dans la chaîne de production, plusieurs salariés ont développé un cancer du rein. Or, il existe des produits de substitution permettant de créer de la vitamine A sans chloracétal C5 mais l’entreprise ne veut pas en entendre parler car changer sa ligne de production serait coûteux. Et donc les salariés sont toujours exposés. C’est un crime industriel.

    Dans leur ensemble, les salariés français travaillent-ils dans de bonnes conditions ?

    Non. Dans les filières de la chimie, de la pétrochimie, de l’automobile, de la métallurgie ou du nucléaire, les conditions de travail sont souvent très mauvaises. Pas tant dans la phase de production, car les mesures de confinement sont plutôt efficaces et beaucoup de procédés sont automatisés, que dans la phase de maintenance, donc de nettoyage et de gestion des déchets. Dans ces phases, les salariés sont directement exposés aux produits cancérogènes.

    L’enquête Sumer 2009 du ministère du Travail sur l’exposition aux risques professionnels a évalué à 2,4 millions de salariés (soit 13,5% des salariés, dont 70% sont des ouvriers, ndlr) ceux qui étaient exposés, la semaine précédant l’enquête, à au moins un des 25 cancérogènes listés. Mais cette évaluation est à minima car il existe plusieurs centaines de cancérogènes non pris en compte dans l’enquête. De même que ne sont jamais pris en compte les produits issus de la dégradation d’un processus industriel : les fumées de combustion, les poussières, les solvants des peintures qui deviennent volatiles quand on nettoie les avions par exemple.

    La directive européenne Reach ne sert-elle donc à rien ?

    Elle n’est pas vide de sens car elle introduit un principe : les industriels sont censés faire la preuve de la non toxicité d’un produit avant de l’utiliser. Mais il y a un retard abyssal. Seules quelques dizaines de produits sont examinés et aucun n’est interdit à ce stade.

    Y a-t-il une épidémie de cancers parmi les ouvriers ?

    Oui. Il y a une aggravation des inégalités face au cancer. En 1980, un ouvrier avait quatre fois plus de risques de mourir d’un cancer avant 65 ans qu’un cadre supérieur. En 2000, il en avait dix fois plus ! Et ces cancers sont liés à l’exposition, dans le cadre du travail et sur une longue durée, à de multiples cancérogènes, pas à des spécificités biologiques.

    Donc les risques augmentent alors même que les connaissances sur ces risques s’accroissent. N’est-ce pas paradoxal ?

    Si. Et c’est aussi lié au fait que les ouvriers n’ont pas le choix. Dans de nombreux secteurs, le mode de fonctionnement dominant est la sous-traitance du travail, avec sous-traitance des risques. Dans l’industrie nucléaire, 90% du travail de maintenance est fait par des entreprises sous-traitantes dont les employés supportent 80% à 90% de l’exposition aux rayonnements ionisants, dans des conditions de travail catastrophiques. On exige d’eux une grande flexibilité, une mobilité géographique forcée. Leurs conditions d’intervention s’aggravent, leur travail s’intensifie. Pour respecter des délais de plus en plus courts, ils peuvent enchaîner jusqu’au 20 heures de travail dans le bâtiment réacteur d’une centrale. On met donc en péril leur santé mais aussi la sûreté des installations nucléaires. Quand on évoque le nucléaire, on parle des risques d’accident – présents avec ce mode de fonctionnement –, mais on n’évoque jamais les dizaines de milliers de salariés sacrifiés de cette filière, alors qu’un certain nombre d’entre eux est atteint de cancers entre 45 et 55 ans.

    Les pouvoirs publics ont-ils abdiqué ?

    Ils sont bernés par les industriels qui, malgré les études et les préconisations des scientifiques, mettent constamment en doute les risques encourus par leurs employés. Et puis, on a aussi tendance à se représenter les risques professionnels comme étant inévitables et normaux. Ce qui est faux. Quand il y a un accident du travail, on indemnise – très mal d’ailleurs – mais sans remettre en cause le risque industriel responsable de l’accident.

    Le développement des métiers dits « verts » va-t-il aller de pair avec une amélioration des conditions de travail ?

    Oui, si cela s’accompagne de l’utilisation de matériaux plus verts. Mais reste le problème de fonds de la sous-traitance des salariés, et des institutions représentatives du personnel qui sont systématiquement bâillonnées dans les entreprises sous-traitantes. Le principal outil de l’amélioration des conditions de travail, c’est l’information des salariés sur les risques encourus. C’était le sens de la réforme du droit du travail mise en place au début de l’ère Mitterrand, mais qui n’a pas été suivie d’effet.
      Le rédacteur :
    Alexandra BogaerT (31/08/2012 )

    votre commentaire
  •   Interview - Ingénieur spécialiste du climat et de l’énergie, Jean-Marc Jancovici fait un état des lieux sans concessions du secteur aérien. Et lui prédit un avenir en pointillés. Entretien-choc.

     Article publié dans le n° 43 de terraéco de janvier 2013

    Jean-Marc Jancovici est ingénieur spécialiste du climat et de l’énergie.

    Terra eco : Vous alertez depuis des années sur la raréfaction des ressources en pétrole. La France s’est engagée dans la construction d’un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Qu’en pensez-vous ?

    Jean-Marc Jancovici : J’ai compris depuis que je m’intéresse aux infrastructures de transport que leur décision répond plus souvent à une logique de compétition territoriale qu’à un besoin. Chaque élu local veut son aéroport, son bout d’autoroute... Tant que l’on est dans un monde où il n’y a pas de limite globale de ressources et d’énergie, ce système est autoréalisateur. Si je construis mon infrastructure et que l’énergie qu’il faut pour qu’elle fonctionne est disponible sans limite, alors des usagers vont s’en servir et je pourrai dire que j’ai bien eu raison de la faire puisqu’on s’en sert. Mais dans un monde contraint, ce n’est pas l’offre en infrastructure qui est le facteur limitant, c’est l’offre en énergie. On en a un exemple avec l’autoroute Pau-Langon, qui a été décidé à un moment où l’on savait que les ressources en pétrole se raréfient et donc que les prévisions de trafic étaient fantaisistes. Et de fait les projections de trafic ne sont pas au rendez-vous.

    Prédisez-vous le même avenir à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ?

    Oui. Ce projet a commencé à être évoqué il y a déjà des dizaines d’années, par des gens qui ont acquis leurs modes de raisonnement dans un monde pensé comme infini. Jean-Marc Ayrault en est le bon exemple, il a une soixantaine d’années et défend ardemment le projet. Seule l’inertie du système fait qu’ils veulent pousser ce projet à bout. Le problème est qu’in fine, c’est le contribuable qui prend le risque puisque c’est lui qui va payer la facture. Regardez le nombre d’aéroports qui sont vides en Espagne. Qu’est-ce qui nous garantit que nous ne serons pas dans la même situation dans quinze ans ? L’Espagne, la Grèce et le Portugal sont les pays européens les plus frappés par la crise mais aussi les plus dépendants au pétrole. Plus de 60% de l’énergie consommée en Grèce est du pétrole, pour l’Espagne et la Grèce, ce ratio est de 50%. Ce sont les pays qui se sont pris les plus grosses claques sur leurs factures d’énergie depuis 2005 et ce sont eux qui ont commencé à dégringoler. Pendant ce temps, leurs élus ont construit des aéroports, et non des trains, et les contribuables payent la facture.

    Le contribuable est aussi parfois un passager, qui prend de plus en plus souvent l’avion...

    En moyenne, le contribuable prend assez peu l’avion qui, dans les faits, est surtout un transport pour riches. L’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) nous apprend que la mobilité aérienne se concentre sur les 20% qui gagnent le mieux leur vie. Certes, le riche est un contribuable mais il n’est pas le seul. C’est amusant que ce soit un Premier ministre socialiste qui fasse la promotion d’une infrastructure destinée aux plus aisés au surplus en cette période d’argent public rare et cher.

    Les vols low-cost se sont aussi démocratisés. On peut aujourd’hui se rendre dans n’importe quel pays européen pour quelques euros. La construction d’aéroports se justifie-t-elle à ce titre ?

    Quand on regarde qui prend ces vols low-cost, on constate que ce sont les cadres et les étudiants – qui appartiennent aux ménages aisés. Les gens qui tirent la langue pour boucler les fins de mois ne prennent pas l’avion du tout, low-cost ou pas.

    Qui pourra se permettre de prendre l’avion si l’accès au pétrole se raréfie ?

    Il y a quelques dizaines d’années, seuls les ministres et les stars prenaient l’avion. Même les gens aisés ne pouvaient se permettre de le prendre. Je ne sais pas pour qui l’avion restera disponible dans les décennies à venir, mais en toute logique, il le sera de moins en moins puisque l’on ne peut pas faire déplacer un avion sans carburant liquide. Aujourd’hui, il n’y a aucune alternative crédible. On peut donc dire qu’un projet comme Notre-Dame-des-Landes ne peut fonctionner que si les personnes qui peuvent aujourd’hui prendre l’avion ne voient pas leur niveau de vie baisser dans les années à venir, même en cas de récession due à une baisse des ressources en pétrole. C’est bien sûr possible avec une répartition à venir des revenus encore plus inégalitaire, mais il faut cela pour que Notre-Dame-des-Landes ne soit pas un échec. Par ailleurs, pour le pétrole, il ne faut pas seulement réfléchir en termes de prix, mais aussi en volume. Or, avec un approvisionnement déclinant, il est possible que, de plus en plus souvent, il n’y ait pas de carburant du tout pendant quelques jours. A ce moment-là, il sera compliqué d’assurer un service fiable...

    Est-ce la fin du village global que l’on décrivait à la fin du siècle dernier ?

    Encore une fois, il n’y a de village mondial que pour les riches. Par contre, il est vrai que l’avion participe à homogénéiser les cultures, les pratiques commerciales et aussi les modes de raisonnement. La baisse du trafic aérien va nécessairement modifier la donne de ce point de vue.

    L’Union européenne a échoué à imposer une taxe carbone au secteur aérien. Comment faire pour réguler ce secteur, grand émetteur de carbone mais complètement transnational ?

    La taxe dont on parlait était de 15 ou 20 euros la tonne. Un aller-retour transatlantique nécessite, par passager, 600 litres de carburant, ce qui engendre environ 2 tonnes de CO2. Ce qui donne une taxe d’à peine 30 euros. Les avionneurs se plaindront toujours d’une taxe nationale ou européenne, et menaceront forcement d’aller voir ailleurs. Mais je pense qu’imposer une taxe carbone pour les vols qui arrivent ou partent d’un pays, surtout à 15 ou 20 euros la tonne, ne changera pas le nombre de personnes qui viennent visiter Paris en avion chaque année. La bonne question, c’est de savoir comment augmenter cette taxe année après année et pour quel objectif. Et là je confesse ne pas avoir réfléchi à la question.

    Vous pensez que Notre-Dame-des-Landes n’est pas la priorité. Mais quels sont les investissements à réaliser aujourd’hui en France ?

    Si le but du jeu est de donner 500 millions d’euros à un constructeur pour faire des choses utiles, choisir de construire un aéroport est la dernière des idées à avoir. On ferait mieux d’établir des lignes d’autocars de périphérie pour remplacer la voiture dans les trajets domicile-travail. On peut aussi investir pour renforcer le réseau ferré secondaire, ou offrir des offres cadencées sur les TER, ou déconstruire et reconstruire des logements pour les rapprocher des gares... Il y a des tas de choses utiles à faire pour la collectivité, mais la construction d’un aéroport n’en fait plus partie.

    Le débat sur la transition énergétique va commencer, ces solutions ont-elles une chance d’être retenues à son issue ?

    Le débat n’est pas lancé. Le pouvoir politique a assurément dit qu’il y aurait un débat, mais à ce stade, il est difficile de dire ce qui en sortira (Cette interview a été réalisée le jeudi 29 novembre, avant le lancement du débat, ndlr). Pour moi, la transition doit être un moyen de résister au monde fini, alors qu’elle est généralement vue par nos dirigeants comme un ensemble de mesures sympas financées par la croissance. Ils n’y sont pas du tout. Ni les médias, ni les dirigeants politiques ni les mouvements environnementaux ne partent de la bonne vision du monde, où l’environnement est le socle de notre économie et non pas son ennemi. Sans comprendre cela, on part dans la mauvaise direction. Par ailleurs, ce débat part non point des contraintes majeures sur les combustibles fossiles, à savoir contraintes d’approvisionnement et changement climatique, mais de la promesse de campagne tirée d’un chapeau de descendre le nucléaire à 50% dans notre mix électrique, sans que la moindre argumentation construite explique pourquoi cela est un point de départ imposé.

    Nous sommes loin de la transition que vous souhaitez aujourd’hui ?

    Ce qui est sûr, c’est qu’une transition va avoir lieu de toute façon. En fait, elle a commencé en 1974, et s’est accélérée depuis 2005. Cette transition, c’est celle vers moins de pétrole et de gaz, et elle est déjà en route. L’Europe a perdu 10% de son pétrole depuis 2005, et entre 2006 et 2011, la disponibilité en gaz a baissé de 9%. Et ce ne sont pas les gaz de schiste qui vont nous sauver, leur potentiel de production annuelle est 20 à 30 fois inférieur à ce que nous consommons en Europe. La vraie transition c’est de mettre 5 000 milliards d’euros sur la table - en quarante ans - pour la rénovation de nos infrastructures vitales, c’est-à-dire les villes, les moyens de transport, l’organisation des terres agricoles et les moyens de production industrielle. Il faut le financer en faisant tourner la planche à billet, ce qui nous donnera une économie un peu plus à la chinoise, où les gens ne gagneront pas de pouvoir d’achat mais auront un boulot, et sauront pourquoi ils se lèvent le matin. 
     
    Le rédacteur :  Thibaut Schepman
    Journaliste à Terra eco.
    Sur Twitter : @ThibautSchepman

    votre commentaire
  •   Mettre en place un système de covoiturage

    Face à la montée du prix de l'essence, les kilomètres d'embouteillages, la perte des liens sociaux, la pollution, le covoiturage est une alternative. Pourtant ce système n'a pas la côte : seuls 2 % des gens déclarent partager une voiture, alors que 70% des français utilisent leur véhicule personnel pour aller travailler.

    Qu'est-ce que le covoiturage ?

    Le covoiturage ne fait l'objet d'aucune définition officielle, ni de législation spécifique. Selon Séverine Millet, auteur de « La stratégie du Colibri » le covoiturage "a pour vocation de mettre en relation des personnes effectuant seules tout ou partie d'un trajet identique, afin qu'elles voyagent désormais à plusieurs. Ce système permet au final de diminuer le nombre de voitures en circulation pour un même déplacement".

    Les trajets peuvent être de différentes natures, réguliers ou irréguliers : domicile-travail, domicile-université, domicile-supermarché, domicile-loisirs, domicile-gare, mais aussi trajets longues distances.

    Pour les utilisateurs, les principaux atouts sont souvent le partage des frais de déplacement liés à la voiture et la convivialité du trajet effectué à plusieurs. C’est aussi et surtout un moyen de réduire son empreinte écologique.

    On relève deux façons d'utiliser un véhicule en covoiturage :

    • utilisation à tour de rôle du véhicule de chacun des covoiturés, ainsi alternativement conducteurs et passagers
    • utilisation d'un seul véhicule et participation des passagers aux frais de déplacement (essence, péage, parking)

    Quel impact sur le territoire ?

    Modèle actuelModèle proposé
    Pollution Réduire son empreinte écologique
    Individualisme Mutualisation
    Dépendance vis-à-vis du pétrole Plus grande autonomie vis-à-vis du pétrole
    Pertes de liens sociaux Favoriser les échanges entre citoyens

     

     

     

     


    En mettant en place un système de covoiturage vous :

    • Favoriser les échanges entre citoyens car le partage d'un véhicule restaure une communication entre passagers qui n'existe pas dans les transports en commun.
    • Réduisez votre empreinte écologique car la mutualisation de la voiture permet de diminuer les gaz à effet de serre. En effet, le secteur des transports est le premier consommateur de produits pétroliers et constitue en France la première source d'émission de GES.
    • Vous faites des économies car vous mutualisez l'utilisation de la voiture, le coût des éventuels péages, des places de parking et surtout, de l'essence. Une économie non négligeable dans un contexte d'augmentation du prix du pétrole.

    Comment monter un système de covoiturage ?

    1. Constituer un groupe d'automobilistes et de passagers. Vous pouvez, dans un premier temps, commencer à petite échelle en réunissant votre entourage (voisins, collègues, parents d'élèves, etc.). Cependant, vous devez vous assurer qu'il y ait suffisamment de personnes car moins il y en a, moins il y a de combinaisons possibles et cela ne permettra donc pas de répondre aux besoins des adhérents.
    1. Définir la façon d'utiliser un véhicule en covoiturage. En fonction des besoins des adhérents, il faudra savoir si l'utilisation se fera à tour de rôle de chacun des covoiturés ou si un seul véhicule sera utilisé avec la participation des passagers aux frais de déplacement.
    1. Mettre en place un système de mise en relation qui permettra une meilleure flexibilité, et par conséquent, la participation de nombreuses personnes. Celui-ci peut se faire sur un site Internet, par échanges de courriels ou SMS.
    1. Réaliser une campagne de sensibilisation auprès des personnes concernées afin de vaincre les freins psychologiques du covoiturage et établir un lien de confiance.
    1. Déterminer les acteurs concernés et trouver les bons interlocuteurs. Le covoiturage peut se faire sans les responsables publics mais ils s'avèrent souvent très utiles. Il peut s'agir du maire, de la commune ou du département. Ils peuvent intervenir dans le projet de plusieurs manières : prise en charge des actions de sensibilisation, aide logistique ou encore prise en charge du covoiturage au même titre qu'un service de transport collectif.
    1. Définir le cadre juridique à la mise en place du covoiturage. Que vous soyez constitué en association ou non, il est conseillé d'entreprendre une action auprès des compagnies d'assureurs pour des contrats adaptés à ce type de transport. Mais le covoiturage n'entraîne pas de risques juridiques particuliers. L'organisateur de la mise en relation ne peut pas être tenu responsable en cas d'accident. Le conducteur et le passager sont soumis sensiblement aux mêmes engagements que pour un trajet hors-covoiturage. Les règles de fonctionnement se construisent autour d'une charte de bonne conduite, d'une identification des covoitureurs, du montant de la participation aux frais, etc.

    Quelles sont les structures qui peuvent vous aider ?

    ADEME

    L’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) soutien la mise en place de système de covoiturage en accompagnant des projets locaux de création de moteurs Internet de mise en relation et des projets de sensibilisations.
    http://www2.ademe.fr/servlet/getDoc?id=11433&m=3&cid=96

    Sites de mise en relation

    www.patacaisse.com ;                   www.covoiturage-France.fr ;

    www.ecotrajet.com ;                     www.123envoiture.com ;

    www.covoiturage.com ;                   www.covoiturage.fr ;

    www.laroueverte.com

    Le site covoituval.org promeut notamment les modes de déplacement alternatifs à la voiture solo dont le covoiturage et anime et gère une base de données de covoitureurs.
    http://www.covoituval.org/

    Rapport d'étude "Le covoiturage en France et en Europe : état des lieux et perspectives"

    Disponible en téléchargement gratuit sur le site internet du Certu
    http://www.certu.fr/fr/catalogue/product_info.php?products_id=1956&langu...

     Un exemple:

    "Lors des grèves de 95, sur le campus de l'université de Nanterre (Haut-de-Seine) les étudiants se sont spontanément organisés et ont mis en place un système de co-voiturage. Mais il s'est peu à peu épuisé avec le retour des transports en commun. Trois étudiants ont alors décidé d'instituer le co-voiturage en dehors de situations exceptionnelles. Le succès était au rendez-vous notamment grâce à la direction de l'université de Nanterre qui a réservé le parking universitaire aux covoitureurs. 13 ans après la création de l'association Voiture & co nous avons mis en place 8 plateformes. Mais malgré une connaissance généralisée de ce système, travailler la relation de confiance reste nécessaire car la voiture reste dans nos mentalités un espace privé dans lequel on ne fait pas rentrer n'importe qui."

    Joël Gombin, responsable de Voiture&co Bougez Futé (Paris, Ile de France )


    votre commentaire
  • Raison et liberté (Noam CHOMSKY)

    2010    400 p.   25,40 €

       L'action Politique Et Sociale doit être animée par une vision de la société future et par des jugements de valeur explicites, qui doivent découler d'une conception de la nature humaine. Si l'esprit humain était dépourvu de structures innées, nous serions des êtres indéfiniment malléables, et nous serions alors parfaitement appropriés au formatage de notre comportement par l'Etat autoritaire, le chef d'entreprise, le technocrate et le comité central. Ceux qui ont une certaine confiance dans l'espèce humaine espéreront qu'il n'en est pas ainsi. Je pense que l'étude du langage peut fournir certaines lumières pour comprendre les possibilités d'une action libre et créatrice dans le cadre d'un système de règles qui reflète, au moins partiellement, les propriétés intrinsèques de l'organisation de l'esprit humain.
       Ce livre réunit onze textes de Noam Chomsky pour la plupart inédits en français. Offrant un large panorama de ses idées, il fait apparaître le fil qui relie son socialisme libertaire à son oeuvre de linguiste et à son anthropologie : notre irrépressible besoin de liberté est inséparable de la créativité illimitée du langage qui fait de nous des êtres humains. Chomsky montre comment l'école et l'université pourraient éduquer à autre chose qu'à l'obéissance, les intellectuels de gauche jouer un autre rôle que celui de commissaires du contrôle des esprits, et les mouvements civiques et sociaux imposer des réformes radicales.
      C'est en héritier des Lumières et de la tradition rationaliste que Chomsky pense et intervient.

    votre commentaire
  •   Ils changent le monde - Pour s’assurer de disposer d’une eau pure, la capitale bavaroise a décidé de subventionner l’agriculture sans pesticides dans les exploitations des environs. Vingt ans après le début de l’expérimentation, les résultats sont spectaculaires.

    A Munich, les nitrates sont solubles dans le bio

    (Crédit photo : heinrich hülser - swm)

    Après quelques kilomètres à remonter la vallée du Mangfall, dans les Alpes bavaroises, Rainer List arrête sa voiture à l’abord d’un champ. « Voilà, nous y sommes ! » Le directeur du service des eaux de Munich, en Allemagne, embrasse du regard la forêt alentour, les champs couverts de feuilles mortes, les montagnes déjà saupoudrées de neige. Puis il pointe le sol du doigt : « C’est d’ici que vient la plus grande partie des 320 millions de litres d’eau dont Munich a besoin chaque jour. » 40 mètres sous ses pieds se cachent de colossales réserves d’eau… bio.

    De l’eau bio ? En théorie, cela n’existe pas. En pratique, 1,4 million de Munichois en boivent tous les jours. Sur les 60 kilomètres qui séparent la vallée du Mangfall de la capitale bavaroise, il ne se trouve en effet pas une usine de traitement, pas un filtre chimique, pas une paire de petites mains ajoutant un peu de chlore ici ou là, histoire de tuer une bactérie. Comment est-ce possible ? Depuis vingt ans, la ville a mis en place un système révolutionnaire de gestion de l’eau : elle subventionne les agriculteurs installés dans la zone de captage pour qu’ils cultivent en bio. L’idée : « Si la surface de la terre est propre, l’eau en sous-sol ne peut pas être sale », résume Rainer List. A l’origine de ce changement de mentalité, il y a la prise de conscience par la municipalité, au début des années 1990, que la qualité de l’eau est menacée par l’emploi de produits chimiques pour l’agriculture. Le laboratoire de contrôle de l’eau de Munich constate en effet que les taux de nitrates augmentent dans les zones de captage de manière continue et de plus en plus rapide. De 1962 à 1992, ils sont passés de 2 milligrammes par litre (mg/l) à 15. C’est encore loin du maximum autorisé de 50 mg/l, mais « notre souhait n’est pas de respecter des taux maximums mais d’établir constamment de nouveaux minima, signes de qualité pour le consommateur », rappelle Rainer List. Il se forge chez les décideurs de l’époque une conviction alors rare : le plus grand nombre d’agriculteurs possible doit passer au bio afin de diminuer le volume de pesticides imprégnant la terre et préserver l’eau en sous-sol.

    3 500 hectares en bio

    Vingt ans après, le programme est une réussite. 150 exploitants agricoles ont franchi le pas du conventionnel au biologique, convaincus notamment par une subvention annuelle oscillant entre 160 et 310 euros par hectare. Avec 3 500 hectares, ils cultivent aujourd’hui la plus grande superficie biologique d’Allemagne – et assurent, jour après jour, une eau d’une qualité irréprochable à la métropole bavaroise. Les analyses qualitatives des dernières années, scotchées sur l’une des portes vitrées du service des eaux de Munich, le prouvent. Toutes les courbes symbolisant les taux de polluants se situent à des niveaux plancher. Les quelque 60 tests de qualité réalisés quotidiennement évaluent les nitrates à un taux de 6,6 mg/l. C’est presque dix fois moins que ce qu’autorise la législation européenne, cinq fois moins qu’à Paris, trois fois moins que les taux constatés dans la plupart des grandes villes d’Allemagne. En Bretagne, terre particulièrement polluée par cette substance, la barrière des 50 mg/l est souvent dépassée. « Cela montre très clairement que la façon dont on cultive dans les zones de captage a une influence directe sur la qualité de l’eau », tranche Rainer List.

    Une addition pas plus salée

    Si les sols denses de la vallée du Mangfall filtrent l’eau de pluie de manière particulièrement efficace, toutes les régions auraient intérêt à tester l’agriculture bio, estime le directeur du service des eaux. « Bien sûr, on peut laisser pénétrer toutes les substances nocives dans le sous-sol et mettre ensuite en branle une usine de traitement pour récupérer de l’eau potable. Mais on peut aussi faire la démarche inverse. Il faut se poser la question à long terme : quel est le plus logique ? » Sur le plan international, l’expérience munichoise suscite la curiosité. Le ministère français de l’Ecologie a récemment envoyé une délégation s’informer sur le système. Avant, il y avait déjà eu des Chinois, des Brésiliens ou des Tchèques. Quant aux critiques, personne n’en formule, car personne n’en trouve ! Même le prix ne pose pas problème. L’eau de Munich est l’une des moins chères d’Allemagne : 1,58 euro le mètre cube contre 1,91 euro dans le reste du pays. Rainer List en rigole : « C’est normal, cela coûte moins cher d’investir dans les vaches que dans une usine de traitement ! »

    Impact du projet

    150 exploitants agricoles ont fait le saut du conventionnel au bio

    Le taux de nitrates des eaux munichoises est 5 fois inférieur à celui de Paris.

      Le rédacteur :  Isabelle HartmaNN  pour Terra éco.net  n° 43 de janvier 2013

    [Et pourquoi ne pas mentionner la production de viande et de légumes sans pesticides ou autres; les cantines des  écoles doivent avoir des menus bios sans que cela demande des mesures spéciales.Il serait intéressant aussi de comparer la santé des Munichois avec celle du reste de la population: les bénéfices financiers, sanitaires et humains sont peut-être beaucoup plus importants que ce qui est dit.]

     lavieenvert


    votre commentaire
  • Pour l'éducation populaire ( LENOIR)

    2012    88 p.    8 €

      Composé de deux textes, ce livre souligne la volonté des libertaires, non pas d'éduquer le peuple, mais de permettre au peuple de s'auto-éduquer. Le premier texte est une relecture critique du Programme d'enseignement de l'association fraternelle des instituteurs et institutrices et professeurs socialistes de 1849. II se propose de faire émerger de ce « manifeste »fondateur quelques éléments qui viendront ultérieurement alimenter le discours et les pratiques pédagogiques des libertaires. Le second texte décrit une expérience contemporaine et locale d'éducation née à la marge de l'éducation populaire officielle, tout en s'inscrivant dans une tradition historique et sociale revendiquée, celle la Dionyversité ou université populaire de Saint-Denis (93). Elle se réclame d'un projet politique, social et éducationniste explicite, à visée émancipatrice, dans un cadre autonome se revendiquant clairement de la capacité politique des classes ouvrières. 

      Hugues Lenoir : 

    Enseignant-chercheur en Sciences de l'Education à l'Université Paris Ouest Nanterre.
    La Défense Responsable de la Licence professionnelle de Formation de Formateurs.
    Membre du Conseil scientifique et de l'évaluation de l'Agence Nationale de Lutte contre l'Illettrisme (ANLCI).


    votre commentaire
  •  

    2001    184 p.   12,50 €

      Face aux déferlantes médiatiques, à la succession de dépêches faussement neutres et d'informations impensées, une voix résiste, solitaire et irréductible : celle de Noam Chomsky. À 73 ans, c'est un monument de la contre-culture. Depuis la guerre du Vietnam, ce penseur radical dénonce l'organisation du monde au profit des oligarchies financières.

      Dans ces libres conversations, paradoxales et tranchantes, Noam Chomsky décortique pour nous les mécanismes de la société de marché, l'économie invisible, la fabrication du consentement, les centres de pouvoir...

      Derrière l'apparente neutralité du système médiatique se cachent des présupposés qui s'effondrent lorsqu'ils sont mis à nu. C'est pourquoi Noam Chomsky demeure irremplaçable: ces Deux heures de lucidité offrent un formidable antidote contre les fausses évidences.

      • Romancier et enquêteur, Denis Robert est l'auteur, chez le même éditeur,
          -du Bonheur, de révolte. coin et de Révélations.
      •Journaliste, ancienne rédactrice en chef de World Media Network, Weronika Zarachowicz est l'auteur, chez le même éditeur, de l'album
          -Global Village. À qui profite la révolution technologique ?
      • Dessinateur, Rémi Malingrëy, qui a mis en images les propos de Noam Chomsky, est également l'auteur de
       -Chagrin mode d'emploi et de
       -Fumer de l'argent rend pauvre (Éditions Verticales).

    votre commentaire
  • L'emprise de l'image (

    2011   210 p.

     Extrait de l'avant-propos

    Affronter la Gorgone

    L'objectif de ce livre ne se limite pas à mettre en lumière le bouleversement de l'ordre de droit. Le travail a déjà été effectué en grande partie dans un ouvrage précédent. De telles analyses, basées sur l'étude objective des textes, sont actuellement difficilement recevables car il n'y a plus de séparation entre l'observation et le regard. Nous vivons dans une époque où la référence aux faits relève de la «théorie du grand complot». Tout ce qui donne un point de vue ou dévoile des événements qui pourraient ébranler le rapport d'amour, de fusion entre l'individu et la Mère symbolique, l'État maternel, doit être expulsé du champ de la vision. Le problème n'est donc pas seulement de réaffirmer la primauté des faits, mais de leur construire un espace, afin de les rendre inscriptibles, c'est-à-dire, saisissables, non pas par la conscience, par la faculté de juger, mais recevables par l'inconscient, par ce qui permet à la conscience d'émerger.

    Pour ce faire, il faut rétablir la fonction du langage qui consiste à représenter le réel. Ainsi, les concepts de la psychanalyse s'avèrent indispensables. Au moment où l'on nous intime de nous taire et de nous abandonner à la machine jouissante, la psychanalyse nous montre qu'il n'y a d'homme que parlant. Promouvoir le principe de réalité, construire un discours qui rétablit la primauté de l'objectivité sur le sentiment et l'émotion, ne suffit plus. En même temps que de construire une analyse du réel, il est nécessaire de rétablir les conditions pour que la parole émerge et puisse être entendue.

    La décomposition du rapport social est telle que l'installation d'une structure politique démocratique passe par le rétablissement d'un ordre symbolique, de ce qui fait de nous des êtres humains. Ce ne sont pas uniquement nos libertés qui sont attaquées, mais ce qui nous constitue en tant que sujets, des êtres de désir susceptibles de s'inscrire dans le devenir... Le niveau imaginaire, ce qui organise le lien social, est détruit. Il n'y a plus de cran d'arrêt au circuit pulsionnel. Nous sommes installés dans une matrice psychotique et non plus dans une structure névrotique, où l'individu n'est plus un être parlant, mais est parlé, procréé par l'autre et où le virtuel se confond avec le réel. Nous sommes également insérés dans des rapports interindividuels relevant de la perversité, qui nous intiment de jouir de cette psychose, qui font de nous des machines jouissantes.

    Dans un tel contexte, fournir les armes de la critique et assurer la critique de ces armes ne suffit plus, car nous ne sommes plus dans le langage. Nous n'avons plus les mots pour dire, pour opposer une critique et ainsi, dans un même mouvement, déterminer qui est l'ennemi, tout en nous construisant comme sujet social.
     
     Jean-Claude Paye est sociologue. Il est connu grâce à un grand nombre d'articles, dans des revues internationales ou des quotidiens francophones (dont Le Monde Diplomatique, Libération, L'Humanité, Mediapart, etc.) portant sur le bouleversement du droit pénal, induit par la "lutte antiterroriste". Il s'est d'abord intéressé aux réformes de la police et de la justice en Belgique. Il en est sorti un premier livre :
       -Vers un Etat policier en Belgique (EPO, 1999).
     Le côté international de ses travaux sur la mutation du juridique a été confirmé par le livre
       -La fin de l'Etat de droit (La Dispute, 2004), et par
       -Global War on Liberty (TELOS Press, USA, 2007).
     Ces ouvrages ont été traduits dans les principales langues européennes. Il vit à HUY, en Belgique. 

    votre commentaire
  •   Construire un plan de descente énergétique local

     (Publié par Colibris)

      Face aux risques environnementaux et industriels majeurs et à l'épuisement des réserves du sous-sol nous devons nécessairement revoir notre façon de consommer. Tout le monde s'accorde à dire que le pic du pétrole, puis sa raréfaction sont inéluctables. L'humanité chemine donc vers un déclin continu de l'énergie nette disponible dans des sociétés totalement dépendantes du pétrole. En effet, l’usage massif de ces ressources déstabilise le fragile équilibre de la biosphère et menace notre climat : pour revenir à une situation viable nous devons diviser par 4 ou 5 nos émissions de gaz à effet de serre et donc notre consommation d’énergies fossiles.   

    Qu'est-ce qu'un plan de descente énergétique local ?

    Selon Rob Hopskins, fondateur des "Villes en transition", la descente énergétique est "le déclin continu de l’énergie nette sur laquelle se base l’humanité, qui est le reflet de la montée énergétique qui a pris place depuis la révolution industrielle. La descente énergétique se réfère également au scénario d’un futur dans lequel l’humanité s’est adaptée avec succès au déclin des énergies fossiles disponibles et est devenue plus locale et autosuffisante. C’est un terme privilégié par ceux qui voient le pic énergétique comme une opportunité vers un changement positif, plutôt que comme un désastre inévitable". Ainsi, un plan de descente énergétique local consiste à anticiper cette descente énergétique et ses conséquences au niveau local (quartier, commune, département, etc.) en diminuant les besoins énergétiques et en augmentant la part des énergies renouvelables.

    Les villes en transitions sont pionnières dans l'anticipation du renchérissement des sources d'énergies traditionnelles en intégrant de nouveaux comportements citoyens. Ils sont à l'initiative d'un Plan d'Action de Descente Energétique qui concrétise l’activité d’une initiative de transition à long terme.

      Pour plus d'information, allez sur le site de Colibri, site de l'action de Pierre RABHI. 


    votre commentaire
  •  Emmanuel Todd : "Annulons la dette du Vieux Monde ! 

      Le Point - Publié le 13/12/2011  

    L'État est au service d'une oligarchie liée aux marchés, assure Todd, le "prophète certifié".

    Emmanuel Todd est démographe, anthropologue, historien, politologue. Il vient de publier le tome I de "L'origine des systèmes familiaux" (Gallimard, coll. "NRF Essais", 768 p., 29 euros)

    Emmanuel Todd est démographe, anthropologue, historien, politologue. Il vient de publier le tome I de "L'origine des systèmes familiaux" (Gallimard, coll. "NRF Essais", 768 p., 29 euros) © Éric Garault, pour "Le Point"   

     

    Le Point : Les États sont-ils en guerre contre "les marchés" ?

    Emmanuel Todd : Ne soyons pas dupes de ces concepts mystificateurs, Bruxelles, les marchés, les banques, les agences de notation américaines : ces faux nez camouflent la prise du pouvoir politique, à l'échelle mondiale, par les plus riches. Sous couvert de protéger l'argent des petits épargnants, les marchés, ce sont tout simplement les plus riches jouant avec les États. Les riches ne se battent pas contre les États, ils se battent pour les contrôler encore mieux (voir "L'État prédateur", de James Galbraith). Il suffit d'observer les parcours de certains individus entre la haute administration, les firmes américaines, Bruxelles et, désormais, les gouvernements pour comprendre qu'ils y parviennent. Si une même caste contrôle les marchés et les États, l'opposition entre les uns et les autres n'a plus aucun sens.

    Vous êtes bien léger avec l'argent des petits épargnants !

    Je refuse de céder au chantage. Lorsqu'ils partaient à la conquête de villes, les Mongols utilisaient des otages comme boucliers humains. Le groupe des plus riches fait exactement la même chose : ses otages, ce sont les petits épargnants.

    "La faute aux riches !" : n'est-ce pas sommaire ?

    Que cela vous plaise ou non, l'accumulation excessive d'argent dans les strates supérieures de la société est l'une des caractéristiques de la période. La baisse, ou la stagnation, des revenus des gens ordinaires est allée de pair avec la hausse des revenus des 1 % les plus riches et, à l'intérieur de ce petit groupe, des 0,01 % les plus riches. Quant à l'État, il faut reconnaître son ambivalence et s'appuyer sur la partie raisonnable du marxisme pour comprendre ce qui se passe. L'État est à la fois l'incarnation de l'intérêt général et l'expression de la classe dominante. L'État social d'après-guerre, l'État gaulliste, et quoi qu'en ait dit le Parti communiste, agissait surtout au nom de l'intérêt général, il gérait une croissance pour tous. Aujourd'hui, l'État est prioritairement un État de classe. Le capitalisme financier contrôle à nouveau les États.

    La situation serait-elle meilleure si les riches étaient moins riches ? Autrement dit, le problème est-il moral ou économique ?

    Mon analyse n'a aucune visée morale. Depuis 1990, l'ouverture des échanges et la libéralisation des flux financiers ont effectivement provoqué un fantastique accroissement des inégalités. À ce sujet, je rends hommage à l'école Piketty, dont il semble que les travaux comparatifs à l'échelle mondiale aient été décisifs dans l'émergence actuelle de la thématique des 1 % aux États-Unis et au Royaume-Uni. Aussi opaque que puisse paraître le système, on peut approcher sa réalité en analysant la façon dont un groupe social contrôle une partie importante des ressources. Dans ces conditions, la question essentielle n'est pas celle des marchés en tant que tels, mais celle de l'oligarchie et de son rapport à l'État. Il faut donc identifier cette oligarchie et analyser sa structure, son mode de vie, sa composition.

    S'agit-il d'un groupe hors sol, d'"élites mondialisées", expression qui faisait bondir tout le monde il y a dix ans ?

    Encore une fantasmagorie de l'époque ! On croit que le libre-échange globalisé a engendré une oligarchie transnationale. Parce qu'on fait abstraction des facteurs culturels, on ne voit pas qu'il existe plusieurs oligarchies dont les relations sont structurées par d'implacables rapports de forces. La spécificité de l'oligarchie française, c'est sa proximité avec la haute administration. Ses membres ont souvent étudié dans de grandes écoles - sans forcément être des héritiers -, parlent en général très mal l'anglais, sont incroyablement français dans leurs moeurs et n'en finissent pas de se faire rouler par les vrais patrons, l'oligarchie américaine. La soumission à Standard & Poor's et Moody's est une soumission à l'oligarchie américaine. Quant à l'oligarchie allemande, nouvelle venue dans le système de domination, elle s'habitue ces jours-ci à traiter les Français comme de simples vassaux. Le charme singulier de l'oligarchie chinoise est son étroite intrication avec le Parti communiste. La plupart des analystes passent à côté de cette hétérogénéité. La gauche nourrit l'illusion d'une égalité au sommet, alors que l'inégalité caractérise autant le haut que le bas de la structure sociale mondiale.

    Si les États ne s'endettaient pas, ils ne s'appauvriraient pas et n'enrichiraient personne en remboursant leur dette.

    Cette idée est complètement à côté de la plaque parce qu'elle méconnaît le mécanisme réel de l'endettement. On analyse la dette publique à partir du point de vue d'un emprunteur qui serait coupable d'avoir dépensé sans compter. Les peuples doivent payer parce qu'ils ont vécu à crédit. Or ce ne sont pas les emprunteurs qui sont, fondamentalement, à l'origine de la dette, mais les prêteurs, qui veulent placer leurs excédents financiers. Marx l'avait très bien vu dans "Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte", les riches adorent la dette publique ! Un État qui s'endette est un État qui, grâce au monopole de la contrainte légale, permet aux riches d'obtenir une sécurité maximale pour leur argent.

    Donc, ce n'est pas la faute des gouvernements, puisqu'on les a poussés à emprunter ?

    Sauf que ce sont leurs choix fiscaux qui les ont conduits à se mettre dans la main des plus riches. Dans "Les dettes illégitimes", François Chesnais montre bien comment, en France, les ultrariches ont bénéficié d'une baisse de leurs impôts qui leur permet de prêter à l'État les ressources dont il s'est lui-même privé. Sans oublier l'auto-interdiction pour l'État de fabriquer de la monnaie, établie par la loi Pompidou dès 1973, mais rendue idéologiquement formidable par le mythe supplémentaire d'une Banque centrale européenne à Francfort, supposée être hors de portée de l'État français. Chaque année, les Français se voient ainsi ponctionner, à travers la TVA et les impôts directs, 250 milliards d'euros, dont près de 50 milliards d'intérêts, qui vont à des gens qui ont déjà trop d'argent. Les deux tiers sont d'ailleurs étrangers, parce que la fête est mondiale, les riches Français pouvant en contrepartie se gaver de la soumission des États et des peuples. Voilà ce que cache le discours alarmiste et moralisateur sur l'endettement abyssal, la faillite du pays et la nécessité de sauver le triple A. Derrière l'apparente logique libérale du système, l'État devient une machine à rançonner les populations au bénéfice des plus riches.

    L'impôt est aussi le fondement de la démocratie. Quand ils rechignent à s'en acquitter, comme en Grèce, les citoyens sont-ils des victimes ?

    Je ne peux que me répéter : on a poussé les Grecs à s'endetter afin de pouvoir mieux les étrangler. Regardez votre téléviseur : sans cesse des publicités nous incitent à emprunter. Les banques, pardon, les riches, aiment prêter. Et les usuriers aiment saisir les biens si l'on ne peut rembourser. Privatiser les biens de l'État grec, par exemple.

    Ne seriez-vous pas un peu complotiste ? Même si "on" les a poussés, le dealer est-il le seul coupable de la dépendance du drogué ?

    Le monde de l'oligarchie est un monde de pouvoir et de complots. En aidant l'État grec à trafiquer ses comptes, Goldman Sachs s'est comporté en usurier. Maintenant, ce qu'on appelle "aider" les Grecs, c'est les maintenir en état d'être rançonnés. La crise de la zone euro n'a pas été fondamentalement créée par la nonchalance des débiteurs, mais par l'agressivité des prêteurs.

    Cette oligarchie, la définiriez-vous comme une classe sociale et, en ce cas, est-elle dotée d'une conscience de classe ?

    L'oligarchie se comporte comme une classe sociale, mais en même temps on sent en elle de l'irrationalité et même un vent de folie collective. Du coup, je me demande s'il faut recourir à l'analyse marxiste de l'idéologie ou à la psychiatrie. Pourtant, un groupe social privilégié n'est pas nécessairement décadent et irresponsable. À la différence des nobles français du XVIIIe siècle, attachés à l'exemption fiscale, les classes supérieures anglaises acceptaient une pression fiscale élevée. Elles ont conquis le monde. L'oligarchie actuelle est à mille lieues de cet exemple. Il serait préférable, si ce terme ne renvoyait aux slogans antisémites, de parler de ploutocratie. Gardons en tout cas à l'esprit que l'oligarchie, pouvoir d'un petit nombre, diffère de l'aristocratie, qui est celui des meilleurs.

    Ces oligarques ont plus à perdre que les autres catégories. L'irrationalité explique-t-elle tout ?

    La conduite des acteurs hésite entre rationnel et irrationnel. Le point de départ de la crise de 2008, c'est l'accaparement par la Chine et d'autres, grâce à leurs bas salaires, d'une part croissante de la production mondiale, qui entraîne, dans les pays riches, une compression des revenus, donc une insuffisance de la demande. Le résultat, c'est que les salaires évoluent à la baisse, alors que le volume de la production mondiale augmente. C'est dans ce contexte que les États-Unis, puissance monétairement dominante, découvrent le mécanisme fou du crédit hypothécaire. Les ménages américains ne s'endettent pas seulement pour acheter une plus grande maison, mais pour continuer à consommer des produits chinois. Et à la veille de la crise de 2008, le déficit commercial américain s'élève à 800 milliards de dollars. Le système est étonnant : les États-Unis, forts de leur statut impérial, font de ce déficit un régulateur keynésien à l'échelle mondiale. Ainsi, l'endettement est appelé à compenser l'insuffisance de la demande. Bien entendu, le mécanisme du crédit finit par imploser et les revenus comme les importations par s'effondrer. Dans ce contexte, les plans de relance concoctés par le G7, le G8 et le G20 sont une réaction rationnelle. On célèbre le triomphe de Keynes et le retour de l'État.

    Voilà qui n'aurait pas dû vous déplaire !

    Le problème, c'est qu'il s'agit d'un keynésianisme des riches. La relance n'est pas financée par la création monétaire - la planche à billets -, qui ne coûterait rien à l'État, mais par l'endettement, qui permet de sécuriser l'argent des nantis sans apporter la moindre réponse de fond à l'insuffisance de la demande. Ce pseudo-keynésianisme encourage la croissance chinoise, booste le CAC 40 et accélère les délocalisations en Europe. À l'arrivée, le fameux "retour de l'État" n'est rien d'autre que l'instauration d'un socialisme des riches. L'État doit sauver les riches, nom de code : "les banques", parce que les banques, qui contrôlent aussi les moyens de paiement des citoyens, comme l'a très bien dit Frédéric Lordon, ont pris l'État en otage pour le compte de leurs riches actionnaires. Si on avait opté pour leur nationalisation, on aurait pu garantir les économies des gens ordinaires, indemniser les petits actionnaires et sanctionner les coupables. La vérité de cette période n'est pas que l'État est impuissant, mais qu'il est au service de l'oligarchie.

    Si la relance profite aux riches - les prêteurs -, l'austérité bénéficiera-t-elle aux pauvres ?

    Ce qui est certain, c'est que le discours antirigueur, incarné par exemple par Martine Aubry, est complètement archaïque. Les gouvernements ont fini par comprendre que les politiques de relance ne relançaient que l'économie de la Chine et des pays émergents. Mais ils refusent toujours la moindre mesure de protectionnisme national, sectoriel ou européen. Dans ces conditions, la rigueur peut apparaître comme un refus passif de contribuer à la croissance de la Chine, une troisième voie que je qualifierai de "protectionnisme des imbéciles". Voilà la triste vérité, nous sommes gouvernés par des imbéciles. Les gens qui sont aux commandes doivent être tenus pour responsables de leurs actes. Cela dit, je ne suis pas mélenchoniste : je crois qu'il faut des élites pour gouverner. Il ne s'agit pas de les pendre, mais de les ramener à la raison. Baroin et Pécresse, l'incompétence au sommet, sont sans doute sincèrement convaincus que le retour à l'équilibre budgétaire donne la solution de tous nos problèmes. Toutefois, il n'est pas exclu que les gouvernements aient inconsciemment fait un autre choix : si la relance est impossible et le protectionnisme impensable, la réduction des dépenses budgétaires dans les pays déficitaires est le seul moyen de mettre à genoux les pays exportateurs excédentaires, en gros l'Allemagne et la Chine, pour les obliger à entrer dans un processus de négociation.

    La fascination française pour le modèle allemand va de pair avec la montée de la germanophobie...

    De même que l'antisémitisme et le philosémitisme constituent deux versions d'un excès d'intérêt, pathologique, pour la question juive, la germanophobie et la germanolâtrie sont deux façons de prendre l'Allemagne trop au sérieux, ce qui contribue à aggraver le problème. Au début de son quinquennat, Nicolas Sarkozy avait une position assez antiallemande et faisait preuve d'une certaine souplesse doctrinale en économie. Le maintien de François Fillon à Matignon et la nomination d'Alain Juppé au Quai d'Orsay ont consacré le retour de la droite orthodoxe et de ses vieilles lunes économiques et moralisatrices. C'est alors que le gouvernement et une bonne partie des élites françaises ont adopté un discours germanolâtre, dangereux pour les Allemands eux-mêmes. Privés d'un partenaire sympathique mais critique, ils se sont enfermés dans l'admiration de leur propre modèle. L'urgence aujourd'hui n'est pas de les flatter, mais de les arrêter.

    Vous n'allez pas entonner l'air de la bête immonde ? Cela fait cinquante ans que la puissance allemande va de pair avec une démocratie solide.

    Je ne qualifierai pas forcément de démocratique un pays qui pratique l'union nationale plus volontiers que l'alternance et où, grâce à une prédisposition anthropologique à la discipline, les sociaux-démocrates ont pu mener une politique de compression acceptée des salaires. L'Allemagne a mené une stratégie parfaitement égoïste d'adaptation au libre-échange, en délocalisant hors de la zone euro une partie de la fabrication de ses composants industriels, en pratiquant contre la France, l'Italie et l'Espagne la désinflation compétitive, puis en utilisant la zone euro comme un marché captif où elle a pu dégager ses excédents commerciaux. Cette stratégie commerciale est la poursuite d'une tradition autoritaire et inégalitaire par d'autres moyens.

    Vous jouez à nous faire peur ?

    Je ne joue pas, mais vous devriez avoir peur. Les pays passés sous le contrôle des technocrates ou menacés sont la Grèce, l'Italie, l'Espagne et le Portugal, pays de démocratie récente. D'ailleurs, c'est pour les sécuriser dans un espace démocratique qu'on les a intégrés à l'Europe et à la zone euro. Or, aujourd'hui, loin de stabiliser ces démocraties fragiles, les mécanismes bureaucratico-monétaires les renvoient en accéléré aux pires moments de leur instabilité passée. Oui, l'heure est grave. Le risque de voir resurgir l'Italie du fascisme, la Grèce des colonels, l'Espagne de Franco, le Portugal de Salazar est bien réel. Vous voulez que je vous fasse peur ? En démographe, je vois réapparaître l'opposition des années 1930 entre l'Europe nord-occidentale des démocraties libérales, où la fécondité tend vers 1,9 ou 2 enfants par femme, et l'Europe autoritaire, fasciste ou communiste continentale, où la fécondité est ultrabasse, avec 1,3 à 1,5 enfant. Mais que faire si les Allemands sont réfractaires à toute négociation sur la capacité d'intervention de la BCE ? Devrons-nous mourir pour l'euro ? N'exagérons pas ! S'il est angoissant de voir l'Allemagne mettre à genoux ses partenaires tout en s'enivrant de l'admiration que lui vouent les droites européennes, il ne s'agit pas de tomber dans la psychose. Souvenez-vous que les Allemands ne voulaient pas entendre parler de l'euro et qu'ils n'ont cessé, après sa création, de menacer de sortir de la zone euro. Aujourd'hui, le gouvernement et le patronat ont compris que la fin de l'euro mettrait l'Allemagne au tapis, puisqu'elle seule serait dans l'impossibilité de dévaluer. En réalité, les Allemands sont plus souples qu'on ne l'imagine. Mais ils ne comprennent que la négociation franche et brutale.

    Au fait, pourquoi tenez-vous tant à l'euro ?

    Je ne tiens pas particulièrement à l'euro. Je dis qu'en régime de libre-échange l'euro est condamné. Je ne prédis pas l'avenir ici, je décris le présent. De toute façon, l'enjeu immédiat n'est pas l'euro, mais la crise de la dette. Soyons clair : les dettes souveraines ne seront jamais remboursées. Même les emprunts allemands commencent à être suspects. Nous avons deux possibilités : la planche à billets et le défaut sur la dette, qui serait selon moi préférable, ayant la netteté d'une opération chirurgicale. Le défaut sur la dette marquera le début de la reconquête de l'État par l'idéal démocratique, un État aujourd'hui pillé et rançonné par l'oligarchie financière.

    Oui, mais, pour les "otages", petits épargnants français, retraités américains, ce défaut négocié ressemblerait fort à une spoliation assumée.

    Mais ce sont les prêteurs qui nous spolient ! Pourquoi laisserait-on les prédateurs engloutir ce qui reste du patrimoine national ? Quant aux otages, les petits épargnants, en France, c'est pour les protéger que la nationalisation des banques est indispensable. Et cessons de pleurnicher sur le petit retraité américain, l'Amérique vit à crédit sur le dos du monde depuis des années. Et ce ne sont pas de petits retraités qui détiennent les deux tiers de la dette publique française. De plus, un défaut sur la dette de la France entraînerait des défauts en cascade des autres nations. Dans cette redistribution générale, les défauts s'annuleraient pour l'essentiel les uns les autres. Quelques nations seraient perdantes. À l'arrivée, je vous garantis que les plus coupables - nations ou individus - seront le plus sévèrement punis.

    On peut comprendre que nos dirigeants aient la trouille, non ?

    Plus le naufrage idéologique et intellectuel de la société est évident, plus les gens d'en haut s'enivrent de leur discours de domination, plus ils exigent la mise en vente des biens publics et la baisse des salaires. Et le pouvoir se réfugie dans une sorte de déni munichois : non contents d'avoir mis en place un système stupide, des gens supposés être modérés et compétents nous laissent en état d'impréparation pour gérer son effondrement. Ne nous laissons pas intimider, une société développée, dotée d'un haut niveau éducatif et technologique, est parfaitement capable de s'adapter après un effondrement systémique de cet ordre. Nous traverserons une année très difficile, mais très vite la libération des énergies et des ressources permettra un nouvel avenir. La délégitimation d'élites médiocres et corrompues sera une nouvelle jeunesse pour notre pays, un coup de balai moins douloureux que celui de 1940, un coup de balai sans la Wehrmacht !

    Click here to find out more!
    Propos recueillis par Elisabeth Lévy 

    Emmanuel Todd (né en 1951) est démographe, anthropologue, historien, politologue. Il vient de publier le tome I de "L'origine des systèmes familiaux" (Gallimard, coll. "NRF Essais", 768 p., 29 E).


    votre commentaire
  •  

    Reconsidérer la richesse (Patrick VIVERET )

    2010      249 p.     8,90 €
    " Il est nécessaire de porter les questions d'une nouvelle approche de la richesse à la fois dans l'espace des institutions internationales, dans celui des entreprises, et bien sûr dans celui de la société civile mondiale. Ce qui était encore il y a huit ans une approche extrêmement marginale commence en effet à s'imposer dans le débat public international sous l'effet de la crise écologique, sociale et financière ". Patrick Viveret, mars 2010
     
    1 L'ouvrage de Patrick Viveret se compose dans une première partie, d’une conférence tenue à Lille en 2002, suivie du texte du rapport demandé par Guy Hascoët, secrétaire d’Etat à l’Economie Solidaire. Constatant en effet que «la vie associative et, plus largement, l’économie sociale et solidaire voient leur contribution à la richesse collective sous-estimée», G. Hascoët avait confié à P. Viveret la mission d’étudier les nouvelles formes de richesses, les modalités de leur reconnaissance et leurs implications.

      2 La première partie présente à nos yeux un intérêt moindre dans la mesure où elle retrace à grands traits et de manière moins précise et moins argumentée les éléments de la seconde partie, c’est-à-dire le rapport. Nous nous concentrerons donc sur la seconde partie du livre dans laquelle l’auteur entend livrer une critique du mode de calcul de la richesse d’un pays telle qu’elle est faite actuellement au travers du seul PIB (Produit Intérieur Brut).

      3 Les critiques émises au sujet du PIB sont désormais classiques et biens connues des experts: indicateur d’activité économique, il possède une marge d’incertitude peu mise en avant lors de son interprétation et qui relativise les 2 ou 3 points de croissance qu’il peut connaître en une année. Par ailleurs, c’est un outil de mesure des flux monétaires sans prise en compte des destructions provoquées par une activité économique peu respectueuse de la nature ou du lien social. Les objets comptabilisés dans le PIB et la manière dont ils le sont n’ont pas l’objectivité et la neutralité qu’ils prétendent avoir, ils sont le résultat de conventions et de compromis à une époque particulière et doivent être régulièrement réinterrogés pour être adaptés aux mutations du système économique. Enfin, ils s’appuient sur une unité de mesure qui repose elle-même sur un compromis instable et évolutif : la monnaie dont on sait que la valeur même peu varier mais aussi qu’elle se base sur une relation de confiance entre contractants et utilisateurs susceptible de se rompre en cas de crise (lire à ce sujet Aglietta, Orléan, La monnaie entre violence et confiance, 2002 ou encore Stiglitz, La grande désillusion, 2002).

      4 Voici pour les grandes critiques formulées à l’encontre du PIB. Suit une analyse d’autres indicateurs proposés par divers organismes et groupes sociaux comme l’indicateur de développement humain, le PIB vert ou l’indicateur de « social health » qui complètent voire peuvent remplacer le PIB.

      L’interrogation principale de l’auteur tout au long du livre est de savoir comment mieux rendre compte d’un développement durable, c'est-à-dire respectueux de l’homme en société et de la nature dans laquelle il vit. But résumé dans la phrase suivante: «Le concept de développement durable et celui de développement humain doivent être liés afin d’inscrire clairement tout objet de croissance économique comme un moyen et non une fin» (p. 197).

      6 Le but de l’auteur est pertinent: les interrogations sur le PIB sont en effet nombreuses et émanent de divers horizons ce qui, en soi, constitue une remise en cause de sa légitimité. L’argumentation est fournie, détaillée et sans cesse illustrée ce qui la rend agréable à lire. Le rapport contient un certain nombre de propositions qui lui évitent de tomber dans la critique stérile de l’hégémonie économique trop souvent rencontrée. Enfin, une partie de l’ouvrage est consacrée à la réponse aux grandes critiques entendues sur le rapport intermédiaire prenant ainsi de court une partie des remarques que le lecteur ne manque pas de se faire.

      7 Deux questions mériteraient cependant davantage de précisions.

      8 La première est de savoir à quoi sert une éventuelle transformation du PIB?

      9 A la lecture de la thèse de l’auteur on a parfois l’impression que le but ultime serait de faire apparaître les pays riches un peu moins riches, en considérant les destructions dont ils se rendent coupables, et de rendre les pauvres un peu moins pauvres puisque disposant encore d’un lien social développé et de ressources naturelles moins abîmées car moins exploitées. Il y a là de bonnes intentions mais est-ce pour rendre compte d’une autre réalité ou pour mieux accepter les différences existantes? Dans le même ordre d’idée, la question du travail «invisible» des femmes est posée étrangement. L’auteur nous dit qu’il faudrait l’intégrer aux comptes du PIB pour le rendre visible. La question posée est dès lors de savoir en quoi un changement d’indicateur modifierait la position des femmes dans la société. Les chiffres de la répartition des tâches au sein du couple sont connus, passent dans les médias régulièrement et ne subissent que des évolutions mineures. Dès lors, la prise en compte dans le PIB du travail invisible des femmes relève-t-il d’un désir de considération du travail des femmes (et dans ce cas rien ne change quant à l’inégalité, la réalité devient plus acceptable aux yeux de certains puisque reconnue, leur conscience est sauve) ou est-ce pour modifier les inégalités hommes – femmes ancrées profondément dans la société et dans ce cas, le changement de calcul du PIB est-il le bon outil? Pour les pays pauvres n’est-ce pas au rapport de domination qu’il faut s’attaquer plutôt qu’à la manière dont on mesure l’écart de richesses. L’exposé des objectifs peut prêter à confusion dans l’esprit du lecteur. Au sujet du travail domestique: sa reconnaissance est intéressante dans le but d’une comparaison internationale des PIB. Dans ce cas en effet, le taux d’activité des femmes peut avoir un impact sur la richesse produite.

       10 La seconde remarque concerne directement le PIB. Comme le note l’auteur, c’est un indicateur créé dans le but de mesurer la puissance industrielle d’un pays, c’est la raison pour laquelle il se centre sur les flux monétaires. Le plus grand inconvénient, me semble-t-il, de son utilisation actuelle, tient dans l’oubli de son utilité première et des incertitudes quant à son mode de calcul. Le fait qu’il y ait eu un glissement entre son but initial et la volonté de mesurer la richesse, représente le problème majeur, mais pour autant doit-on remettre en cause l’indicateur parce qu’il a été mis dans des mains trop promptes à en généraliser l’interprétation? Le naufrage de l’Erika augmente le PIB comme le note l’auteur mais en effet, il fait fonctionner un certain nombre d’entreprises, de travailleurs, il crée donc de la valeur pour les entreprises. Les bénévoles en revanche ne font rien perdre au PIB mais ils ne l’augmentent pas non plus simplement parce qu’ils ne sont pas rémunérés et donc ne participent pas à un processus d’accumulation. Je ne vois pas en quoi cela pose un gros problème. L’unicité de l’indicateur reconnu est plus gênante. Si l’on ne dispose que du PIB pour juger de la vitalité d’un pays alors en effet, il y a un problème, mais s’il est couplé à d’autres, déjà existants, comme le «social health» dont l’évolution comparée avec le PIB est éloquente, alors on relativise la qualité du développement et le bien-être des sociétés dites "riches".

      Sandrine ROUSSEAU   Elle est Maître de conférences, économie, Université de LilleI. Elle co-anime la rubrique "Lecture" de la revue DDT. sandrine.rousseau@univ-lille1.fr


    votre commentaire
  •   Localiser l'économie on le fait !

    La (R)évolution des colibris démarre le 30 janvier par la campagne économie.
    Découvrez le programme !

    1. Pourquoi localiser l'économie ?

    Le 30 janvier 2013, à Paris, Raphaël Souchier, présentera la démarche des économies locales vivantes. S'appuyant sur les travaux du réseau BALLE (Business Alliance for Local Living Economies) il nous montrera pourquoi l'économie doit s'enraciner quelque part et l'impact incroyable de l'achat local sur l'emploi, la circulation des richesses, l'augmentation des revenus des collectivités et des associations.

    Balle en quelques chiffres :

    • un réseau de 30 000 entrepreneurs locaux et indépendants
    • 80 réseaux à travers les Etats-Unis
    • 450 000 emplois

    En savoir plus sur : bealocalist.org

    Pour les anglophones une vidéo très stimulante du réseau BALLE

    Be A Localist from Be A Localist on Vimeo.

    Envie d'en savoir plus sur l'impact de manger local ? Consultez notre fiche sur le sujet sur le site Colibris

    2. Créer des réseaux d'entrepreneurs locaux

    Dès le mois de février, à Bordeaux, Lille, Toulouse, Paris, Montpellier, Rennes et Lyon, Raphaël Souchier et Colibris proposeront aux entrepreneurs, aux élus de collectivités et responsables du développement territorial, aux étudiants... des ateliers pour initier des réseaux de coopération locales et renforcer l’économie de chaque territoire.

    Vous êtes intéressés ? Envoyez un email à Raphaël

    Envie de savoir comment faire ? Consultez la fiche pratique sur le site Colibris

    3. Une grande mobilisation citoyenne

    Le 30 mars 2013, un an après notre grand événement du 31 mars où des colibris avaient affichés 4000 de leurs portraits dans 42 villes de France, nous remettons le couvert avec "La rando des acteurs locaux". Le principe est simple :

    • Commencez par dessiner une carte des acteurs locaux, indépendants, ayant une démarche écologique et sociale sur votre territoire
    • Réunissez-vous avec eux pour leur parler de votre projet et les y associer (s'ils sont d'accord !)
    • Mobiliser un groupe de colibris (avec notre aide ;) et organisez un parcours qui relie tous ces acteurs.
    • A chaque étape, collez un petit sticker sur leur vitrine, leur étal, leur portail, pour signifier qu'acheter ici aura un impact économique, écologique, social fort sur l'endroit où vous vivez. Et pensez à une petite animation qui fera rigoler les passants ou attirera leur attention.
    • Tout au long du chemin, distribuez les faux billets à l'effigie des colibris, où seront expliqués les bienfaits ahurissants de la localisation de l'économie. Dra inez ainsi une foule grandissante de passants héberlués et fascinés par ce qu'ils vont découvrir.

    Vous voulez organiser une mobilisation près de chez vous ? Faites-nous signe sur le site Colibris

    4. Cinq actions pour localiser l'économie là où nous habitons

    • acheter local (et bio et responsable)
    • changer de banque
    • organiser une carrot mob
    • organiser la rando des acteurs locaux
    • créer une monnaie locale

     


    votre commentaire
  •   Communiqué d'Attac France

    Union bancaire : un accord incomplet et dangereux


    Les 27 membres de l’Union Européenne, représentés par leurs ministres des finances, viennent de signer un compromis sur l’Union Bancaire européenne, présenté (une fois n’est pas coutume !) comme un accord « historique ». Le point principal de l’accord est l’organisation d’une supervision directe des banques par la Banque centrale européenne.

    A priori, un contrôle direct et unifié des banques dans l’espace européen est souhaitable, pour prévenir les crises systémiques, qui proviennent de la défaillance de banques individuelles se propageant à l’ensemble du système bancaire européen. Mais dans la réalité, cet accord est incomplet et dangereux.

    Incomplet parce que la supervision unifiée prévue ne concernera que les 150 ou 200 grosses banques dont le bilan dépasse 30 milliards d’euros, alors qu’il y a 6 000 banques dans la zone euro. Or on sait que la crise bancaire espagnole a été provoquée par les Caisses d’épargne de petite taille. Ce nouvel accord ne résout donc en rien la crise bancaire espagnole qui menace la zone euro. Il été imposé par l’Allemagne qui souhaitait que ses banques régionales échappent au contrôle de la BCE, et que les mécanismes de solidarité entre pays soient réduits au mimimum (les contribuables allemands ne veulent pas payer pour les banques slovènes ou espagnoles).

    Dangereux parce qu'il pose deux autres problèmes graves. En premier lieu, il n’impose aucune règle contraignante pour interdire la spéculation par les banques, à l’origine de cette crise. Ce qui laisse présager de nouvelles crises financières dans un proche avenir. En second lieu, les nouvelles responsabilités données à la Banque centrale européenne ne s’accompagnent d’aucune réforme de son statut. Or la crise a montré que la BCE est d’abord au service des intérêts des banquiers, et non pas au service de l’intérêt général et des États dont elle reste indépendante. Une fois de plus, les décisions prises à Bruxelles à l’écart des peuples tournent le dos à la démocratie.

    Attac France, le 13 décembre 2012

    En ligne : http://www.france.attac.org/articles/union-bancaire-un-accord-incomplet-et-dangereux


    votre commentaire
  •       Nous voyons bien que l'homme Blanc ne comprend pas nos vies, pour lui un lopin de terre en vaut un autre, puisqu'il est pareil à l'étranger qui se glisse dans la nuit pour voler à la terre ce qu'il désire. La terre n'est pas sa mère mais son ennemie, et dès qu'il l'a asservie, il va plus loin. Il laisse derrière lui la tombe de son Père et n'en a cure, il vole la terre à ses enfants et s'en moque. Les tombeaux de ses aïeux, comme le patrimoine de ses enfants , sont oubliés. Il traite sa mère la terre et son frère le ciel comme choses pillables, corvéables et vendables, au même titre qu'un mouton ou de la verroterie. Son appétit dévorera le monde ne laissant dans son sillage qu'un désert.

         Je ne sais pas, nos vies diffèrent par trop des vôtres, le spectacle des villes blesse les yeux de l'homme Rouge. Peut-être parce que l'homme Rouge est un sauvage et ne comprend pas? Dans les villes de l'homme Blanc, il n'y a pas de coin tranquille. Nulle part on ne peut écouter bruire les feuillages du printemps ou le froissement d'ailes des insectes. Mais peut-être est-ce seulement que je suis un sauvage et ne comprends pas. Et qu'y a-t-il dans la vie d'un homme qui ne peut écouter le cri d'un engoulevent ou les discussions des grenouilles autour d'un étang la nuit?

        Je suis un homme Rouge et ne comprends pas, l'Indien préfère le bruit subtil du vent qui ride la surface d'un étang, et l'odeur du vent purifié par la pluie de midi ou parfumé par le pin pignon.

       L'air est précieux à l'homme Rouge parce q'il sait que toutes choses partagent le même souffle, la bête, l'arbre et l'homme. Ils partagent tous le même souffle. L'homme Blanc ne semble pas remarquer l'air qu'il respire; comme chez un homme agonisant depuis de longs jours, son odorat semble engourdi par sa propre puanteur. Mais si nous vous vendons notre terre , vous devriez savoir que l'air nous est précieux et qu'il partage son âme entre toutes les vies qu'il porte .Le vent qui a donné son premier souffle à notre grand-père a recueilli aussi son dernier soupir, et il doit donner l'esprit de la vie à nos enfants.


    votre commentaire
  • Pour une éducation humaniste (Noam CHOMSKY )

    2010    87 p.

       Malgré leurs différends sur bien des sujets, Dewey et Russell s'accordent sur ce que ce dernier appelait la conception humaniste, issue des Lumières, selon laquelle l'éducation ne consiste pas à remplir un contenant mais, bien plutôt, à accompagner l'éclosion d'une plante (en d'autres termes, à préparer le terrain où fleurira la créativité). En cela, ils sont les héritiers de l'esprit du XVIIIe siècle. Dewey et Russell comprennent également ce que ces idées directrices des Lumières et du libéralisme classique ont de révolutionnaire à leur époque, dans la première moitié du XXe siècle. Mises en application, ces idées pourraient former des êtres libres, qui n'auraient pas pour valeurs l'accumulation et la domination, mais la libre association en termes d'égalité, de partage et de solidarité, et qui coopéreraient en vue d'objectifs communs et démocratiques.
      Noam Chomsky : Né à Philadelphie (Pennsylvanie) en 1928. Théoricien du langage, il révolutionne la linguistique qu'il enseigne au MIT (Massachusetts Institute of Technology). un militant politique libertaire très engagé de réputation mondiale, sa réflexion philosophique et son analyse politique clairvoyante en ont fait l'auteur vivant le plus cité au monde. Un Cahier de L'Herne (2007) lui est consacré. Ont été traduits en français aux éditions de L'Herne 
      -Raison contre Pouvoir, le pari de Pascal (2009),
      -L'An 501, la conquête continue (2007), et
      -De la nature humaine : justice contre pouvoir (2006), un entretien avec Michel Foucault.

    votre commentaire
  •  Le bio n’est pas une utopie


    26/11/12 - Dans le numéro daté du 1er novembre du Nouvel Observateur est paru un article attaquant violemment le bio. Un collectif d'associations – Agir pour l'Environnement, Générations futures, Fédération Nationale de l'Agriculture biologique et Mouvement de l'Agriculture Bio-Dynamique – et de personnalités, notamment Claude Aubert, ancien directeur de Terre vivante et auteur de Manger bio, c'est mieux !, et Jean-Marc Dufumier, agronome, ont rédigé un droit de réponse, dont voici les principaux extraits.
     
    « Nous avons lu avec stupeur l'article « Utopie bio » dans votre numéro du 1er novembre. Nous n'attendions pas du Nouvel Observateur un article à ce point rempli de contre-vérités, et qui ne cite comme sources bibliographiques que les écrits des adversaires notoires du bio que sont Gil Rivière-Wekstein – qui est membre de l'Afja (Association Française des Journalistes Agricoles), organisme qui a pour membre associé Bayer, ou encore le lobby des pesticides, l'UIPP –, Léon Guéguen – un adversaire déclaré de l'agriculture biologique depuis des décennies – et Gérard Pascal – favorable aux OGM et très critique de l'agriculture biologique. [...] Baser un article presque exclusivement sur les propos de ces personnes ne relève pas, à notre sens, d'un travail sérieux d'investigation inhérent à la fonction de journaliste.
     
    [...] Mais reprenons quelques-unes des affirmations de cet article. [...]
     
    - Les produits bio, pas plus nutritifs ?
     
    Il serait intéressant que les sources justifiant cette affirmation soient citées, mais bien sûr elles ne le sont pas puisqu'il s'agit d'une contre-vérité. En effet, les synthèses sérieuses des données scientifiques disponibles sur ce sujet, faites dans divers pays depuis 10 ans, montrent généralement des teneurs plus élevées en certains minéraux (magnésium, fer ou zinc), en vitamine C, en antioxydants et polyphénols, dans les produits végétaux et des teneurs plus importantes en lipides oméga-3 dans les viandes et en particulier dans le lait de vache et ses dérivés. [...]
     
    - Les produis bio pas plus sains ?
     
    Alors que les fruits bio contiennent en moyenne 24 fois moins souvent des résidus de pesticides que les conventionnels (moyenne européenne donnée par l'EFSA) et encore beaucoup moins si l'on compare les quantités présentes. Parce que les résidus présents dans les aliments conventionnels seraient sans impact sur notre santé ? Comment peut-on sérieusement affirmer cela aujourd'hui, alors que de nombreux pesticides sont des perturbateurs endocriniens, qui peuvent agir à des doses 100 ou 1.000 fois inférieures à celles sans effet selon les tests toxicologiques classiques ? [...]
     
    - Pas de bénéfice pour l'environnement ?
     
    Pas de bénéfice pour l'environnement, comme l'affirme Gil Rivière-Wekstein ? Alors que d'innombrables études montrent le contraire, qu'il s'agisse de la pollution par les pesticides et les excès d'azote, de la biodiversité ou de la fertilité des sols, comme l'a démontré le rapport de l'INRA de 2005 sur “Pesticides et environnement” où il est écrit textuellement : « cette utilisation élevée de pesticides est remise en question par la prise de conscience de leurs impacts négatifs sur l'environnement, voire sur la santé de l'homme ». On ne saurait être plus clair !
     
    Retrouvez l'intégralité du texte et la liste des signataires sur le site de l'association Générations futures.
     
    Rédaction des 4 Saisons du jardin bio


    votre commentaire
  •   A rediffuser largement à votre entourage - merci !

    C’est une première ! Lundi 3 décembre, EDF a été condamnée par la Cour d’appel de Toulouse à 4000 euros d’amende pour de multiples négligences ayant conduit, en janvier 2010, au déversement de 450 litres d’effluents radioactifs dans le milieu naturel par la centrale nucléaire de Golfech. Une condamnation qui ouvre la voie à bien d’autres…

    Golfech© EDF 2010

    Les deux réacteurs de la centrale de Golfech sont situés sur les berges de la Garonne, entre Agen et Toulouse et à environ 40 km de Montauban.

    Janvier 2010 : déversement radioactif dans l'’environnement

    En janvier 2010, selon une auto-estimation d’EDF, 450 litres d’effluents radioactifs provenant de la centrale de Golfech ont été accidentellement déversés dans le milieu naturel. À la suite de cet évènement grave, du tritium a été découvert dans la nappe phréatique sous la centrale. Bien que la composition exacte du rejet intempestif ne soit pas précisément déterminée, il est établi que ce dernier comportait de nombreux autres radioéléments en plus du tritium.

    Après enquête, il s’avère que ce déversement a été causé par un enchaînement de défaillances techniques au sein de la centrale.

    Des manquements à la réglementation technique pour la première fois sanctionnés

    Face à cette pollution inacceptable du milieu naturel, le Réseau "Sortir du nucléaire", France Nature Environnement Midi-Pyrénées et les Amis de la Terre Midi-Pyrénées, soutenus par de nombreuses associations locales, ont décidé de porter plainte. Le Parquet n’ayant pas engagé de poursuites, EDF a été citée directement devant les juridictions.

    Le 29 mars 2012, le tribunal de police de Castelsarrasin a relaxé EDF, en dépit des réquisitions du procureur. Les associations et le Parquet ont fait appel de cette décision. L’audience devant la Cour d’appel de Toulouse a eu lieu le 1er octobre 2012. L’avocat général, représentant du Ministère public en appel, a requis une condamnation pour deux des trois infractions soulevées par les parties civiles. L’affaire a été mise en délibéré et le verdict a été rendu le 3 décembre 2012. EDF a été reconnue coupable de deux infractions et a été condamnée à payer 2000 euros d'’amende pour chacune et à reverser 1500 euros de dommages et intérêts à chacune des parties civiles.

    Cette condamnation relative à des problèmes d’application de la réglementation technique en matière nucléaire est une première ! Le Réseau "Sortir du nucléaire" se félicite donc de ce verdict et espère qu’elle marquera un tournant dans la jurisprudence en ce domaine, pour mettre fin à l’impunité des pollueurs.

    Retrouvez tout l’historique de cette procédure : http://groupes.sortirdunucleaire.org/Golfech-EDF-hors-la-loi


    votre commentaire
  • 9 milliards d'hommes à nourrir... (marion GUILLOU,

    2011     432 p.    23 €

      Allons-nous vers une crise alimentaire mondiale majeure ? Après plusieurs décennies d'insouciance, nos opinions publiques découvrent peu à peu l'ampleur du défi. Plus encore, pour nourrir convenablement neuf milliards au moins d'êtres humains en 2050, il faudra produire en quantité croissante une nourriture répondant à des normes de qualité exigeantes. Il faudra y parvenir en respectant mieux l'environnement. Il faudra en outre tenir compte qu'une partie des terres sera utilisée pour la production d'énergie et de biens industriels, ou le stockage de carbone et la protection de la biodiversité. Cela supposera d'innover, de réduire les pertes et les gaspillages, de diminuer les consommations alimentaires excessives et déséquilibrées et simultanément, de sortir de la pauvreté le milliard d'êtres humains qui souffrent aujourd'hui de la faim.
      A ces immenses questions, aux scénarios envisageables pour leur apporter au niveau planétaire des réponses adaptées, des chercheurs du monde entier consacrent leur vie. Dans cet ouvrage, les responsables des deux principaux instituts agronomiques français, l'Inra et le Cirad, portent ces réflexions à la connaissance du grand public, en termes limpides. Le lecteur y trouvera d'innombrables informations, des éclairages saisissants et des propositions inattendues. Il est possible d'éviter un cataclysme, mais cela nécessitera de profonds changements, notamment dans nos habitudes de consommation et de production ici en Europe.
     
      Marion Guillou est ingénieure des ponts, des eaux et des forêts, polytechnicienne, Docteur en sciences des aliments et présidente de l'Institut national de la recherche agronomique depuis 2004.
      Gérard Matheron est ingénieur agronome, docteur en génétique quantitative et président du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement depuis 2010. 

    Nécessité de ne pas prolonger les tendances actuelles

    Leur diagnostic est sans appel : "Oui nous allons nourrir les 9 milliards d’être humains que comptera la Terre en 2050 mais ... à la seule condition de ne pas prolonger les tendances actuelles", déclarent-ils. Pour Marion Guillou et Gérard Matheron, il est urgent de réagir en tant qu’individu, en tant que citoyen, l’INRA et le CIRAD, les organismes qu’ils président, devant également réagir, "parce que le temps de la recherche se mesure en dizaines d’années". Sélectionner une plante résistante à la sécheresse, cela demande en effet une quinzaine d’années de travail. "Au cours de ces trente dernières années, l’agriculture a été très mal traitée dans l’agenda international, notamment par les bailleurs de fonds et une certaine vision politique. Aussi avons-nous décidé d’écrire ce livre pour que l’agriculture revienne sur le devant de la scène", explique Gérard Matheron.

    Une chose est sûre : il va falloir inverser les tendances, sinon nous courrons à la catastrophe. Un exemple, celui du gaspillage où des évolutions importantes sont impératives, évolutions qui dépendent, certes, des connaissances scientifiques mais également du comportement de chacun et de la politique. Autre constat des auteurs de l’ouvrage, il ne sera pas possible dans chaque endroit de la planète de nourrir la population qui y habite à partir de ce qu’elle produit. Avec le changement climatique, les pays du sud vont être frappés en effet de la double peine. D’un côté, la production de leurs terres cultivées va diminuer, de l’autre ils disposeront de moins de terres pour l’agriculture. Aussi devront-ils accroître leurs échanges avec les pays du nord. "Pour autant, les pays du sud doivent remettre l’accent sur le développement de l’agriculture paysanne et investir dans les cultures vivrières et des céréales, c’est capital pour s’en sortir", déclare Gérard Matheron. "Vous ne sortirez pas les populations rurales de la pauvreté si vous ne redéveloppez pas l’agriculture locale", confirme Marion Guillou.

    Innover et changer notre manière de consommer

    S’appuyant sur 43 années de données rétrospectives collectées dans tous les pays du monde, les auteurs de cet ouvrage ont essayé de se projeter sur les 40 prochaines années et de proposer deux scénarios. Le premier d’entre eux montre la poursuite de la tendance actuelle, avec des disparités alimentaires qui s’échelonnent selon les différentes régions du monde entre 2 500 et 4.000 kcalories par jour. Le second, est un scénario de rupture, avec 3.000 kcalories par personne, dont 500 kcalories d’origine animale, pour l’ensemble de la population du globe. "Il s’agissait de montrer quel serait l’impact de cette consommation de viande dans les régimes sur les besoins nécessaires en termes de surfaces agricoles pour produire cette viande", précisent-ils. Ni pessimiste, ni optimiste, Marion Guillou et Gérard Matheron, en scientifiques qu’ils restent avant tout, se veulent objectifs et réalistes. "Il est possible d’éviter le cataclysme qu’envisagent certains. Cela suppose évidemment d’innover considérablement, à tous les niveaux, mais surtout nécessite de changer profondément nos comportements alimentaires et, plus généralement, notre manière de consommer".

    Rédacteur : ADIT - Jean-François Desessard - email : jfd@adit.fr Origine : Origine : BE France numéro 261 (29/09/2011) - ADIT / ADIT 


    votre commentaire
  • Souvenons-nous des «promesses» formulées lors du traité Maastricht

    Claude Nicolet - Tribune | Jeudi 8 Décembre 2011 (Marianne2)
    Le secrétaire national du Mouvement républicain et citoyen (MRC), présidé par Jean-Pierre Chevènement, se souvient de quelques perles prononcées au sujet du traité de Maastricht. Un rappel que l'élu a jugé pertinent à quelques mois de la Présidentielle.
    Je ne résiste pas au rappel d'un certain nombre d'arguments utilisés par les partisans du Traité de Maastricht en 1992. Tout d’abord parce qu’il est toujours utile de se souvenir de ce qui a été dit. Cela permet des mises en perspectives étonnantes. Ces citations proviennent du livre Maastricht, le bêtisier.
    Au regard de l'actualité de ces derniers jours et au delà de celle que nous vivons depuis des années au niveau économique et social, ces affirmations laissent bien souvent un goût très amer, voire un vrai trouble. On ne peut se défaire du sentiment complètement justifié « qu’on s’est bien fait avoir ». Et que ça continue.

    « Au-delà des considérations techniques, la création d’une monnaie unique en Europe a une signification plus profonde. C’est la naissance d’un langage commun.» (Jean Boissonnat, L’Expansion, 3 septembre 1992). Il est vrai que désormais nous parlons tous d'une seule et même voix.

     « Oui, pour aller de l’avant dans les conquêtes sociales, il n’est d’autre avenir que la Constitution de l’Europe. » (Julien Dray, Assemblée nationale, 6 mai 1992). La pression sur les salaires, sur les retraites, les délocalisations, les privatisations...ça doit être ça le progrès social aujourd’hui ?

    « Mon raisonnement est profondément social-démocrate. À vrai dire, je n’ai pas encore compris pourquoi les libéraux veulent de cette Europe-là » (Michel Rocard, Libération, 3 août 1992). Moi je n'ai pas été Premier ministre mais j'ai compris pourquoi les libéraux ont voulu et veulent toujours plus de cette Europe là...

    « Le traité de Maastricht agit comme une assurance-vie contre le retour à l’expérience socialiste pure et dure. » (Alain Madelin à Chalon-sur-Saône, 4 septembre 1992). Lui aussi il a compris et il est toujours libéral...
    « Un NON au référendum serait pour la France et l’Europe la plus grande catastrophe depuis les désastres engendrés par l’arrivée de Hitler au pouvoir. » (Jacques Lesourne, Le Monde, 19 septembre 1992). Le 29 mai 2005 après cette magnifique victoire du NON, je n'ai pas vu déferler dans nos rues de hordes hitlériennes. Et vous? En revanche le OUI l’a emporté à Maastricht, on nous a imposé le traité de Lisbonne et partout l’extrême droite fait des « cartons ».

    BHL envisage que le NON l'emporte :
    « M. De Villiers, donc s’installa à l’Élysée. […]Le NON français à Maastricht fut interprété, de fait, comme un encouragement aux nationalismes. Il relança la guerre dans les Balkans .[…] Si bien que, sans aller, comme certains, jusqu’à imputer à ce maudit NON le soulèvement transylvain, la nouvelle guerre de Trente ans, entre Grèce et Macédoine, les affrontements entre Ossètes du Nord et du Sud, puis entre Russes et Biélorusses, bref, sans aller jusqu’à lui attribuer toutes les guerres tribales, ou para-tribales, qui enflammèrent l’Europe de l’Est, on ne peut pas ne pas songer que c’est lui, et lui seul, qui offrit à Berlin l’occasion de son nouveau Reich. » (Bernard Henri Lévy, Le Figaro, 18 septembre 1992). Sauf que le OUI l'a emporté, que ça n'a pas n’empêché l'Allemagne de jouer son jeu en Europe centrale, d’imposer ses vues dans le fonctionnement des institutions européennes, d’interdire toute réforme de la BCE, de réclamer des abandons de souveraineté et que BHL ait obtenu « sa » guerre contre Kadhafi en Lybie…

    « Maastricht constitue les trois clefs de l’avenir : la monnaie unique, ce sera moins de chômeurs et plus de prospérité ; la politique étrangère commune, ce sera moins d’impuissance et plus de sécurité ; et la citoyenneté, ce sera moins de bureaucratie et plus de démocratie » (Michel Rocard, Ouest-France, 27 août 1992). Oui Michel, trois grandes réussites...

    « Si le Traité était en application, finalement la Communauté européenne connaîtrait une croissance économique plus forte, donc un emploi amélioré. » (Valéry Giscard d’Estaing, RTL, 30 1992). Mais ils ont fait quoi comme écoles pour dire des choses pareilles ?

    « Le traité d’union européenne se traduira par plus de croissance, plus d’emplois, plus de solidarité. » (Michel Sapin, ministre des finances, Le Figaro, 20 août 1992). Celle là n'est pas mal non plus.

    « L’Europe, ce sera plus d’emplois, plus de protection sociale et moins d’exclusion. » (Martine Aubry à Béthune, 12 septembre 1992). Ah Martine...

    « Si vous voulez que la Bourse se reprenne, votez OUI à Maastricht ! » (Michel Sapin, université d’été du PS à Avignon, 31 août 1992). J'espère que Michel Sapin a obtenu le prix de l'humour en politique cette année là... En ce qui me concerne je ne savais pas que la bourse défendait les intérêts des salariés. Et vous ?

    « Pour pouvoir dîner à la table de l’Europe [monétaire], encore faut-il savoir se tenir à cette table et ne pas manger avec ses doigts. […] Si la monnaie unique a un mérite, et un seul, c’est d’obliger les pays à se conduire correctement. » (Jean-Marc Sylvestre, France Inter, 18 septembre 1992). Ah les vilains pays !

    « Ce n’est pas un hasard si la construction européenne doit plus aux raisonnements des élites qu’aux impulsions des peuples. Elle est le fruit d’une longue méditation sur l’Histoire. C’est un produit culturel. Non un élan irréfléchi, un hoquet des masses, arraché dans un mouvement de foule ou une improvisation d’éloquence. » (Jean Boissonnat, L’Expansion, 3 1992). Vive les élites qui nous ont conduit jusqu’au paradis européen, contre les méchants peuples débiles, néo-fascisants, hoquetant voire avinés. Ah que Monsieur Boissonnat aime ce peuple qui lui permet d'être ce qu'il est.

    « Tout le contenu du nouveau traité est depuis plus de vingt ans inscrit en lettres d'or dans nos stratégies industrielles. » (Antoine Riboud, PDG de Danone, Libération, 7 mai 1992). Les délocalisations ? La désinflation compétitive ? La pression sur les salaires ? La dictature de l'actionnariat ? Tout ça déjà prévu ? Non, je ne peux pas le croire!

    « La création de cette monnaie européenne n'aura rien d'automatique […]. En outre, chaque Etat conservera la maîtrise de sa politique budgétaire et fiscale, dans des limites qui ne seront pas plus étroites que celles d'aujourd'hui. » (Edouard Balladur 29 avril 1992, Le Monde). J’ai gardé la meilleure pour la fin. Cet Edouard! Quel joyeux compagnon. Je vous le recommande pour animer vos banquets. Toujours le mot pour rire, plein de subtilité, de légèreté. Surtout quand il raconte ces blagues sur la Grèce, ou le Portugal, ou l’Espagne, ou l’Irlande, ou la Belgique….

    votre commentaire
  •   Une révolution verte pour l’Afrique : un désastre en perspective

    8 / 2008 

    L’ignorance est la nuit de l’esprit,
    et cette nuit n’a ni lune ni étoiles.

    Confucius

    Introduction

    Un rapport récent de la Banque mondiale a fait des vagues autour du monde parce qu’il attribue à la production d’agrocarburants des États-Unis et de l’Europe, au commerce spéculatif et aux interdictions à l’exportation de vivres la montée en flèche des prix des aliments, et conclut que ces facteurs ont provoqué une hausse de 70-75 %.(1) Et pourtant, le rapport ne fait qu’égratigner la surface des véritables causes profondes de la crise alimentaire actuelle. Il faut une analyse d’une franchise bien plus brutale pour démanteler « l’effondrement structurel » qu’ont provoqué des politiques comme celle de la Révolution Verte, qui a transformé la nourriture sacrée en produits destinés à la spéculation et au marchandage.(2) En effet, la multiplication des émeutes de la faim a été précipitée par la frustration et le mécontentement croissants de beaucoup de pauvres du monde face aux « dommages collatéraux » causés par les forces mondialisantes du capital. Ces mêmes forces sont maintenant exercées pour accélérer le développement agricole en Asie et en Amérique latine, et pour ressusciter le secteur agraire de l’Afrique. Autrement dit, ce sont les moteurs de la « nouvelle » révolution verte.

    Lorsque les leaders du monde se sont réunis à la hâte dans la Conférence de haut niveau de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) afin de répondre à la crise alimentaire mondiale, ils ont accouché d’une déclaration lamentable (3) qui prescrivait une fois de plus les habituelles solutions économiques et techniques, dont l’avancement de la « nouvelle » révolution verte de l’Afrique. Pendant la Conférence, les trois institutions des Nations unies basées à Rome, à savoir la FAO, le Fonds international de développement agricole et le Programme alimentaire mondial (PAM), ont signé un protocole d’accord avec l’Alliance des fondations Rockefeller et Gates pour une révolution verte en Afrique, afin d’accélérer la mise en œuvre de cette initiative.

    La propagation de la Révolution verte est fondée sur la tendance à considérer la pénurie d’aliments comme un manque de disponibilités alimentaires, alors qu’il s’agit d’un phénomène complexe et qu’il faut une approche bien plus holistique et qui tienne compte de nombreux facteurs pour comprendre pourquoi les gens n’ont pas assez de nourriture.

    La révolution verte menée par l’AGRA est une menace pour la richesse de l’agriculture traditionnelle africaine. Le contraste est frappant avec les nombreuses alternatives qui ont réussi en Afrique, l’agriculture biologique, l’agriculture durable, l’agroforesterie, le pastoralisme, la gestion intégrée des ravageurs, l’obtention de variétés par les agriculteurs, la gestion durable des bassins hydrologiques et bien d’autres approches agro-écologiques.

    La Révolution verte conspire contre les systèmes alimentaires et contre la souveraineté alimentaire de l’Afrique : le droit des peuples à disposer d’aliments nourrissants et culturellement appropriés, produits par des méthodes écologiquement rationnelles et durables, et leur droit à définir leurs propres systèmes agro-alimentaires.

    La Révolution verte

    On appelle Révolution verte l’utilisation de variétés susceptibles de répondre par de hauts rendements à l’application d’engrais inorganiques, de pesticides et d’autres produits chimiques. Ce paquet technologique était censé améliorer la production agricole mondiale, contribuant par là à l’existence d’excédents alimentaires et éliminant la menace de la famine. (4)

    L’obtention de semences hybrides stériles pour remplacer les semences obtenues par des méthodes naturelles a été une des étapes clés du processus d’accumulation de capital du secteur agricole. Tant que les semences se reproduiraient d’elles mêmes, il serait extrêmement difficile pour le capitalisme de contrôler cet élément essentiel du secteur agricole. Une fois que la production de semences a été enlevée aux agriculteurs, le secteur agricole est tombé sous le contrôle capitaliste et les semences sont devenues un élément crucial du processus d’accumulation. Ce contrôle a été accentué par la production d’organismes génétiquement modifiés et l’établissement d’un régime plus rigoureux de propriété intellectuelle et de brevets.

    Ainsi, la Révolution verte des années 1960 et 1970 a facilité l’intégration d’un système agricole mondial, « sous prétexte de résoudre le problème de la sécurité alimentaire nationale ».(5)

    L’agriculture conventionnelle et industrielle dont la Révolution verte est l’exemple même a entraîné les problèmes les suivants : (6)

    L’agriculture a fini par utiliser des intrants de sources plus éloignées dans l’espace mais aussi en provenance d’autres secteurs, par s’approvisionner de plus en plus en énergie de sources non renouvelables, par dépendre d’une base génétique plus étroite et par avoir davantage d’impact sur l’environnement. Cela se reflète en particulier dans sa forte dépendance des engrais et pesticides chimiques, dans son besoin de subsides et de politiques de soutien des prix, et dans les coûts extérieurs qu’elle comporte, tels que les dangers pour d’autres espèces, la pollution environnementale, la destruction de l’habitat et les risques pour la santé et le bien-être humains.

    En effet, le paquet de la Révolution verte est fortement dépendant de l’énergie, directement, quand il s’agit du carburant pour le transport et les machines, et indirectement, pour la production de fertilisants et d’autres intrants. Or, le recours permanent et croissant à un modèle d’agriculture à forte consommation d’énergie va non seulement augmenter le coût de la production d’aliments mais contribuer également au changement climatique.

    La Révolution verte en Afrique

    La « nouvelle » Révolution verte pour l’Afrique est une « révolution de base scientifique » qui vise à transformer une agriculture « arriérée » et « peu performante » en une agriculture qui réponde à des critères modernes. Le 12 septembre 2006, la fondation Rockefeller et la fondation Bill et Melinda Gates (7) (la ‘Fondation Gates’) se sont associées dans l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA). Basée à Nairobi, au Kenya, l’AGRA a pour but d’aider des millions de petits agriculteurs à sortir de la pauvreté et de la famine en accroissant considérablement la productivité par l’application des technologies qui ont caractérisé la révolution verte.(8) À cette fin, la Fondation Gates va investir 100 millions USD, et la Fondation Rockefeller 50 millions, pendant les cinq prochaines années.(9)

    L’AGRA s’est fixé un objectif ambitieux en ce qui concerne la sélection de variétés agricoles : en cinq ans, il faudra obtenir 100 nouvelles variétés de produits de base, tels que le maïs, le manioc, le sorgho et le millet. L’AGRA a été inscrite aux États-Unis comme organisation de bienfaisance et elle joue le rôle de principal organe administratif, chargé de fournir des avis en matière de politiques et de mobilisation de ressources, en particulier pour ce qui est du déboursement de la somme initiale de 150 millions USD.

    En juin 2007, l’ancien secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, a été nommé président de l’AGRA. On prévoit que l’une de ses fonctions principales sera de mettre à profit ses nombreux liens politiques, ses multiples contacts et toute son influence pour promouvoir l’adoption de mesures nationales, régionales et mondiales en faveur de l’AGRA et de ses programmes. Il a déjà demandé le soutien direct des trois organes de l’ONU basés à Rome, la FAO, le FIDA et le PAM. En ce qui concerne le protocole d’accord mentionné plus haut, en vue d’accélérer la production d’aliments on choisira dans certains pays des zones déterminées pour améliorer leur productivité agricole.

    L’AGRA de Kofi Annan n’est rien d’autre que la façade philanthropique d’un vaste réseau d’entreprises de semences, de produits chimiques et d’engrais, et d’institutions qui cherchent à industrialiser l’agriculture africaine. La forte campagne de l’AGRA pour une nouvelle Révolution verte vise à attirer les investissements privés, à engager les gouvernements et à convaincre les agriculteurs africains d’acheter des semences et des engrais nouveaux. L’AGRA est en train de préparer les chercheurs, les institutions et les agriculteurs africains à l’introduction des cultures OGM, non seulement le riz, le blé et le maïs mais aussi le manioc, le plantain et d’autres produits alimentaires africains. L’idéologie qui sous-tend l’AGRA dans son ensemble vise à frayer le chemin à l’industrialisation des cultures alimentaires africaines, pour que les grandes agro-industries puissent pénétrer dans les systèmes agricoles et les dominer.

    La souveraineté alimentaire

    La notion de souveraineté alimentaire a été développée par La Vía Campesina, un mouvement paysan mondial, et elle a été introduite dans le débat public pendant le Sommet alimentaire mondial qui s’est tenu à Rome en 1996, en tant que cadre alternatif pour l’alimentation et l’agriculture. D’après Via Campesina, le monde est témoin d’une confrontation historique entre deux modèles de développement économique, social et culturel pour le milieu rural : le modèle agro-industriel de développement agricole dans lequel s’inscrit la Révolution verte, et un modèle alternatif, dénommé souveraineté alimentaire, qui part de la notion des droits économiques et sociaux de l’homme, dont le droit à l’alimentation.(10) La souveraineté alimentaire implique que le respect des droits politiques et économiques des agriculteurs est la condition préalable de la sécurité alimentaire.

    Cette notion est en train de gagner du terrain en tant que modèle politique de remplacement en matière d’alimentation, d’agriculture, de pêche et de pastoralisme. En février 2007, plus de 500 représentants d’organisations de paysans et d’agriculteurs familiaux, de pêcheurs artisanaux, de peuples autochtones, de travailleurs sans terre, de travailleurs ruraux, de migrants, d’éleveurs, de communautés forestières, de femmes, de jeunes, de consommateurs, de mouvements écologistes et urbains, en provenance de plus de 80 pays, se sont réunis dans le Centre Nyéléni, dans la ville malienne de Sélingué, pour renforcer le mouvement mondial en faveur de la souveraineté alimentaire. Vers la fin de 2007, plus de 150 représentants d’organisations d’agriculteurs et d’éleveurs, de femmes et de jeunes, d’organisations écologistes et pour le développement de 25 pays africains et de 10 pays d’autres continents se sont réunis au Centre Nyéléni et se sont engagés à chercher des alternatives africaines à la campagne de l’AGRA pour une nouvelle révolution verte, des options aux racines locales, fondées sur les écosystèmes, les systèmes agricoles et les luttes locales pour la souveraineté alimentaire.(11)

    Il reste beaucoup à faire au niveau national pour faire progresser une campagne qui propose des options de rechange à la nouvelle Révolution verte de l’AGRA et de ses partenaires. Ces options doivent être ancrées dans les systèmes agricoles, les écosystèmes et les combats locaux pour la souveraineté alimentaire. L’apprentissage mutuel et la recherche chez les agriculteurs, les campagnes de divulgation et les politiques qui soutiennent la diversité biologique et agricole et les droits des éleveurs, des agricultrices et des petits agriculteurs sont autant de piliers importants d’une telle campagne.

    Mariam Mayet,
    Centre africain pour la biosécurité, adresse électronique : mariammayet@mweb.co.za, http://www.biosafetyafrica.net/portal/.

    [1] Biofuels major driver of food price rise, Banque mondiale, 28 juillet 2008. Reuters. http://www.alertnet.org/thenews/newsdesk/N286150`6.htm. Biofuels are prime cause of food crisis, says leaked report Aditya Chakrobortty, 3 juillet 2008.
    [2] GRAIN. Crise alimentaire : le commerce de la faim. Avril 2008. http://www.grain.org/articles/?id=41#_edn3
    [3] Conférence de haut niveau sur la sécurité alimentaire mondiale : les défis du changement climatique et des bioénergies. Rome, 3-5 juin 2008. Déclaration sur la sécurité alimentaire mondiale : les défis du changement climatique et des bioénergies (http://www.fao.org/foodclimate/hlc-home/fr/). Voir aussi : Net Dano, Food Security Declaration weak on substance, www.twnside.org.sg, http://www.biosafety-info.net/.
    [4] International Food Policy Institute (IFPRI), 2002. Sustainable options for ending hunger and poverty: Green Revolution Cure of Blessing. www.ifpri.org.
    [5] McMichael, P. (2004). Global Development and the Corporate Food Regime. Symposium sur les nouvelles orientations de la sociologie du développement. 11e Congrès mondial de sociologie rurale. Trondheim.
    [6] Rigby, Dr. et Brown, S. (2007). Whatever Happened to Organic ? Food Nature and the market for ‘Sustainable’ Food. Capitalism, Nature, Socialism. Vol. 18, nº 3.
    [7] La ‘Bill and Melinda Gates Foundation’ (BMGF) est une société créée en 2000 à Seattle, par la fusion de la Gates Learning Foundation et la William H. Gates Foundation. La BMGF est la fondation de bienfaisance la plus grande du monde. Fiche d’information : http://www.gatesfoundation.org/MediaCentre/FactSheet/default.htm.
    [8] Alliance for a Green Revolution in Africa. http://www.agra-alliance.org.
    [9] OCDE. Forum pour le partenariat avec l’Afrique. http://www.oecd.org.
    [10] La Vía Campesina (2002). Souveraineté alimentaire. Dépliant distribué au Sommet alimentaire mondial + 5, Rome, Italie.
    [11] Conclusions de la conférence organisée au Centre Nyéléni de Sélingué,au Mali, du 26 novembre du 2 décembre 2007.

       http://wrmbulletin.wordpress.com/


    votre commentaire
  •   Je donne à Colibris ! Allez sur le site de Colibris

    Le temps des consciences éclairées, déterminées, agissantes et tranquilles est venu. 

    Colibris avec Pierre RABHI

    Ensemble, créons une communauté et :

    • incarnons un mouvement, capable d’agir localement, de peser en France et en Europe sur les grandes tendances économiques et politiques,
    • montrons combien nous sommes à vouloir une société véritablement écologique et humaine,
    • mettons en lumière toutes les initiatives qui existent déjà et qui sont autant de briques du monde de demain.

    Vous pouvez commencer dès maintenant !

    Soutenez Colibris chaque mois pour que ce mouvement grandisse et commencez à agir à nos côtés !

    En 4 ans, Colibris a :

    • atteint 4,6 millions de personnes
    • mené près de 300 animations de terrain
    • aidé 100 groupes locaux dans leurs initiatives
    • favorisé la mise en œuvre de près de 400 projets

    En soutenant le Mouvement Colibris, vous recevrez :

    • une newsletter tous les mois avec les projets, les actualités, les événements du Mouvement,

    •  le DVD « La sobriété Heureuse », de Pierre Rabhi
    •   OU  le dernier numéro de Kaizen

    votre commentaire