• 2011    775 p.    39 €

      L'urgence écologique a mis en lumière les avantages de l'agriculture biologique. L'ère de la production agricole industrielle apparaît comme un échec devant être dépassé. La culture hors-sol ou les OGM ne sont pas des solutions. Il est plus que temps de reconnaître l'agriculture biologique comme une alternative crédible si nous ne voulons pas aller de catastrophe en catastrophe. Née à la fin du XIXe siècle, elle a été pensée et organisée d'abord par des paysans pour les paysans et la société, et non pour l'industrie agroalimentaire. Ses fondateurs ont innové et ouvert des pistes dans de multiples domaines : culture, agronomie, savoirs liés à l'agriculture, commercialisation agricole et fonctionnement de l'économie, implication réciproque de la société vis-à-vis de la terre et de celles et ceux qui la travaillent... C'est pourquoi ils ont été des contestataires et ont refusé le triple massacre des hommes, des cultures et de la nature. Il est indispensable de les connaître, ils ont jeté les bases d'une agriculture saine et respectueuse de notre environnement. Cela nous permet de mieux appréhender notre avenir pour en devenir des acteurs. 
        Docteur en Etudes Environnementales de l'Université de Technologie de Troyes, Yvan Besson a soutenu en 2007 une thèse dirigée par le philosophe Dominique Bourg, intitulée Histoire de l'agriculture biologique : une introduction aux fondateurs, Sir Albert Howard, Rudolf Steiner, le couple Müller, Huns Peter Rusch et Masanobu Fukuoka. Soutenue par plusieurs associations d'agriculteurs biologiques et la Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l'Homme, cette thèse s'est vue décernée la meilleure mention. Titulaire d'autres diplômes en sciences humaines (histoire, urbanisme, développement local) - et homme de contact, il stimule la parole et la réflexion de publics variés. Il travaille comme enseignant, conférencier et chercheur indépendant.

    Face aux méfaits de l’industrialisation de l’agriculture sur l’état des sols, la santé des hommes, et la qualité de vie des agriculteurs, plusieurs voix se sont élevées, afin de rappeler les enjeux de civilisation et d’avenir fondamentaux inscrits dans notre rapport à la nature et à l’agriculture, mais aussi afin de chercher des solutions écologiques, techniques, économiques, voire spirituelles, à ces problèmes. Qui sont ces pionniers que les agriculteurs biologiques de notre pays reconnaissent comme les initiateurs de leur mouvement ?

      Albert Howard (1873-1947) est le père de l’agriculture organique contemporaine, une méthode basée sur la « fabrication d’humus » grâce à un compostage en tas. Sa méthode est diffusée, dès les années 1930, un peu partout chez des agriculteurs et des planteurs de l’Empire britannique. Durant les années 1940, un mouvement social appelé mouvement organique, prend son essor à partir de ses idées, à l’heure de sa mort, aussi bien en Angleterre, avec la fondation de la Soil Association, autour de Lady Eve Balfour, en 1946 [1], qu’aux Etats-Unis, avec la création de la Soil and Health Foundation, autour de J.I. Rodale, en 1947 [2].

      Rudolf Steiner (1861-1925) est le père de l’agriculture biodynamique, une méthode basée sur la doctrine anthroposophique et sa déclinaison agronomique, essentiellement à travers des préparations supposées agir positivement, mais de façon occulte, grâce aux « forces cosmiques », sur les sols, les plantes, les animaux, mais aussi sur les composts utilisés par l’agriculteur. La méthode bio-dynamique commence à se diffuser à partir des années 1930, mais elle est demeurée, en nombre d’adhérents, marginale jusqu’à aujourd’hui. Parfois, Rudolf Steiner est présenté comme le père de l’agriculture biologique, et il arrive que son agriculture soit désignée comme l’agriculture biologique la plus aboutie.

      Hans Müller (1891-1988), son épouse Maria Müller (1894-1969), et Hans Peter Rusch (1906-1977) sont les fondateurs de l’agriculture organo-biologique, une méthode basée sur le compostage et le travail du sol en surface, développée en Suisse durant les années 1950 et 1960, puis en Autriche et en Allemagne. Les Müller et Rusch sont considérés comme les pionniers de la majeure partie de l’agriculture biologique germanophone contemporaine [3].

      Connu seulement en Europe à la fin des années 1970, le travail de Masanobu Fukuoka (né en 1913) s’affirme désormais peu à peu comme le quatrième pilier de l’agriculture biologique contemporaine. Précurseur reconnu du mouvement de Permaculture [4], l’agriculture naturelle de Masanobu Fukuoka privilégie les dynamiques spontanées des écosystèmes pour proposer, sous l’inspiration bouddhiste, une agriculture de la moindre intervention, sans compost ni labour. A l’heure de la montée en puissance, au sein de l’agriculture occidentale, des techniques culturales simplifiées, et, dans une moindre mesure, pour l’instant, de l’agroforesterie, certains agriculteurs biologiques peuvent voir en son œuvre une préparation d’une nouvelle étape de l’histoire agronomique agrobiologique.

    [1] The Soil Association was founded in 1946 by a group of far-sighted individuals who were concerned about the health implications of increasingly intensive agricultural systems following the Second World War. Their principle concerns were : the loss of soil through erosion and depletion, decreased nutritional quality of intensively produced food, exploitation of animals in intensive units, impact of large intensive farming system on the countryside and wildlife (cf. w.soilassociation.org/web/sa/saweb.nsf, [visite de 11/2006]).

    [2] « In 1947, J.I. Rodale founded the Soil and Health Foundation the forerunner of The Rodale Institute. He also created publications including Health Bulletin, Organic Farming and Gardening and Prevention Magazine and formed his central message and philosophy- “Healthy Soil = Healthy Food = Healthy People®” » (cf. w.rodaleinstitute.org/about/who_set.html, [visite de 11/2006]).

    [3] Cf. Vogt G., Enstehung und Entwiclung des ökologischen Landbaus im deutschsprachigen Raum, SÖL, 2000, p. 236.

    [4] « Permaculture » a reçu le « Prix Nobel alternatif » en 1981. Cf. Mollison B et Holmgren D., Permaculture 1, Debard, Paris, 1986 (1978), 180 p.


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  •   La permaculture peut-elle faire vivre des agriculteurs? (02/09/2013)

      Une étude indique que la permaculture est non seulement vertueuse pour l'environnement mais aussi performante au niveau économique.

    Ni pollution, ni pétrole, ni pesticide. La permaculture apporte des réponses détonantes aux critiques faites à l’agriculture conventionnelle. Elle permet de cultiver beaucoup sur une petite surface, le tout en créant de véritables éco-systèmes cohérents et auto-fertiles. En Australie, en Autriche et en Amérique du Nord les exemples se sont multipliés ces dernières années. Oui, mais cette permaculture permet-elle aux agriculteurs de vivre convenablement de leur travail ?

    Une première étude réalisée sur le sujet en France vient d’être publiée par le Sad-apt (un laboratoire commun à l’Institut national de recherche agronomique (Inra) et l’école Agro Paris Tech). Ses chercheurs se penchent en effet depuis deux ans sur la célèbre ferme du Bec Hellouin, référence nationale du « maraîchage biologique

    (Journée de formation à la permaculture en 2010 - planet a - flickr)

    permaculturel ». Et les résultats sont « assez exceptionnels », décrit François Léger, directeur du Sad-apt.

    Téléchargez l’étude complète  sur Terraeco.net.

    Du travail et un revenu pour une personne

    Les légumes produits sur la ferme en 2012 - où la météo a été particulièrement médiocre - montrent que l’on peut réaliser au moins 32 000 euros de chiffre d’affaires [1] pour 1400 heures de travail sur une surface cultivée d’environ 1000 mètres carrés. Notons que cette surface équivaut à six terrains de volley-ball, ou à un septième de terrain de football, et que la taille moyenne des exploitations agricoles françaises est de 55 hectares, soit 550 fois plus.

    Les auteurs de l’étude se sont également essayés à une estimation de la marge réalisée sur l’année - décompte fait des charges (faibles pour ce type d’exploitation) et des investissements initiaux - et aboutissent à 14 130 euros pour l’année, soit l’équivalent du Smic. « Il s’agit de premiers travaux mais cela confirme l’intuition du départ qui est qu’une petite surface de 1000 mètres carrés permet de créer une activité à temps plein rémunératrice pour une personne. C’est très encourageant pour nos recherches sur l’agriculture en périphérie des villes », décrypte Francois Léger.

    Le cofondateur de la ferme, Charles Herve-Gruyesr, va encore plus loin dans un texte publié dans le cadre de cette étude : « S’il est possible de produire sensiblement autant de légumes sur 1 000 m2 que sur un hectare, cela libère de l’espace agricole qui peut être consacré à planter des arbres fruitiers, des haies, élever des animaux, installer des mares pour l’irrigation et l’aquaculture, des ruches, un éco-habitat pour le paysan, etc. Ceci permet d’imaginer des micro fermes qui couvrent l’ensemble de leurs besoins en matière organique et sont donc résilientes et autonomes. » Un rêve réalisable ? Le laboratoire va poursuivre ses travaux pour évaluer la reproductibilité de l’expérience du Bec Hellouin et mesurer le lien entre efficacité économique et durabilité écologique, annonce Francois Léger qui précise « nos travaux sont déjà regardés avec de plus en plus d’attention dans le monde agricole mais il y a encore tout un tas de gens qui ont réalisé des expériences tout à fait intéressantes et restent pour l’instant méconnues en France ».


    A lire aussi sur Terraeco.net :

    Bio et hyperproductive, la ferme magique d’un agriculteur québécois

    Notre dossier : Paysans, la nouvelle idyle

    [1] (Pour éviter les biais liés aux spécificités commerciales de la ferme du Bec Hellouin, le chiffre d’affaires a été calculé non à partir du prix de vente de ses produits mais basé sur les prix moyens pratiqués par les maraîcheurs bios en Haute-Normandie.

     Le rédacteur : Thibaut Schepman

    J’ai rêvé de devenir basketteur, puis de travailler pour Terra eco, le média qui change le monde. Bilan : on n’est pas si mal loin des parquets.

    Sur Twitter : @ThibautSchepman pour Terraeco.net

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  • La consommation écologique (Ezzedine EL MESTIRI)

    125 p.   6,90 €

       Et si un certain mode de consommation nous écartait en réalité du bonheur, du rapport à nous-mêmes et à l'autre ? Mais toutes ces interrogations ne figurent pas sur la liste des courses que nous dressons chaque semaine !
       Il existe une autre manière de consommer, responsable, assagie et éthique, qui nous permet de concilier le plaisir d'acheter, la participation au bien-être commun, la protection de l'environnement et le respect des générations à venir.
      C'est la consommation écologique, concept nouveau développé ici par l'auteur. Alors, dans quelle mesure pourrions-nous modifier nos habitudes d'achat ? Existe-t-il une éthique de la consommation ? Comment se pratique-t-elle et quelles sont ses limites ?
       De nombreuses initiatives émergent dans les domaines de l'alimentation biologique, des médecines douces, des lois sur l'environnement et du renforcement du lien social. Il est urgent de repenser l'acte de consommer pour mieux comprendre le sens de notre destinée. Car le bonheur ne passe pas forcément par la consommation. En voici les clés. À vous de les découvrir !
       Après des études de droit et sciences politiques, Ezzedine El Mestiri a été directeur de mécénat de solidarité en entreprise de 1994 à 2002, puis fondateur et directeur de la rédaction du magazine Nouveau Consommateur.
      
      Consultez les éditions Jouvence: c'est une mine sur les sujets concernant l'écologie, la santé, l'alimentation, la non-violence.... Petits livres très pratiques et peu chers.

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  • Biopiraterie (Pierre MULLER-JHONSON)

    2012     240 p.   18 €

       La convention sur la diversité biologique a posé en 1992 les bases d’un commerce éthique et durable de la biodiversité. Pourtant, aujourd’hui encore, peu d’instruments existent pour faciliter la prise en compte des questions du biocommerce éthique par les acteurs privés concernés, notamment dans l’industrie cosmétique et dans les secteurs utilisant des ingrédients naturels.

      L’objectif de cet ouvrage est de présenter les enjeux du dialogue entre entreprises et communautés traditionnelles sur la biodiversité et les savoirs associés. Cette analyse s’appuie sur différents cas pratiques d’entreprises valorisant la biodiversité locale en coopération avec des communautés autochtones ou rurales. Elle permet d’éclairer les notions encore peu connues de biopiraterie et de biocommerce éthique en tentant d’en définir les principes fondateurs.

      De nombreux États étant encore peu présents sur ce terrain, l’auteur se propose également d’évaluer la pertinence des labels et des systèmes de garantie les plus usités pour garantir le respect de ces nouveaux principes. Enfin, il indique quelques pistes pour l’élaboration de modèles de préservation et de partage des savoirs liés au vivant afin que la lutte contre la biopiraterie puisse se généraliser à travers le monde.

      Pierre Johnson, consultant, formateur et chercheur, a une longue expérience des enjeux du commerce international pour l’avènement d’une économie plus soutenable. Au cours des quinze dernières années, il a monté et coordonné des projets de développement économique durable en Amérique latine et en Afrique de l’Ouest pour la coopération belge, le PNUD et des organisations de la société civile et animé des réseaux internationaux d’acteurs et d’experts du commerce équitable et du développement durable.


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  • Ouvrage numérique 15 € (aller sur le site de Equipe Jean Pain)

      Les méthodes Jean Pain (Jean PAIN)C'est en 1970 que Jean PAIN invente

     "Les Méthodes Jean PAIN", technique permettant de fabriquer un compost à partir de broussailles. Les qualités de ce compost sont extraordinaires et lui permettent de produire des légumes même sur des sols très pauvres sans arrosage, sans traitement d'aucune sorte et sans apport de fertilisant autre que son "Compost de Broussailles".
    En 1972 Ida PAIN, son épouse, écrit un livre "UN AUTRE JARDIN" relatant les découvertes de Jean PAIN.
    En 1976 Jean PAIN sera décoré de la médaille du grade de Chevalier du Mérite Agricole par le Ministre de l'Agriculture de l'époque, Mr Maihaignerie, pour ses travaux concernant le "Compost de Broussailles".
    Il invente le "Broyeur Jean PAIN" pour palier à l'indisponibilité du matériel capable de réduire les broussailles et autres végétaux ligneux en un broyat de granulométrie appropriée au compostage selon la Méthode Jean PAIN.
    Il démontrera la possibilité d'extraire de l'énergie thermique par contact avec la masse en fermentation et produira du "bio gaz" à partir de matières fortement ligneuses.
    En 1977 Jean PAIN sera honoré de la distinction d' "Homme de Région" par les "Jeunes Chambres Economiques de la Région PACA", la "Jeune Chambre Economique du département du Var" l'ayant choisi pour concourir à l'obtention du titre.
    Il était en "concurrence" avec Dr BOMBARD pour le département des Bouches du Rhône et Mgr ETCHEGARAY pour le département des Alpes Maritimes.
    Homme très médiatisé, il sera écouté et suivi, mais il aura aussi ses détracteurs.
    Certains voudrons le faire passer pour une réincarnation templière.
    Bien entendu Jean PAIN, homme pragmatique, ne fera guère cas de tout cela sachant que seuls sa curiosité, son sens de l'observation, son bon sens et ses expériences sont à l'origine de sa fabuleuse découverte.
    Jean PAIN s'éteindra le 30/07/1981, vaincu par un cancer de la vessie, sans avoir pu voir ses idées appliquées à une échelle digne de l'importance de sa découverte.
    Il repose en paix au petit cimetière de Villecroze.
    Ida PAIN continuera de représenter dignement Jean PAIN et rééditera leur ouvrage "LES METHODES JEAN PAIN ou UN AUTRE JARDIN" document fondamental et représentant la référence unique en la matière 

     Historique

    EQUIPE JEAN PAIN a été créée en 1980, par Etienne BONVALLET collaborateur technique et neveu de Jean PAIN, pour développer les travaux de Jean PAIN en matière de compostage et de valorisation des rémanents issus de l’entretien et de l’exploitation de la forêt.

    La première mission d’EQUIPE JEAN PAIN a été de réaliser un broyeur-déchiqueteur capable de produire un broyat adapté à la production de compost de ligno-cellulosiques.
    En 1981, EQUIPE JEAN PAIN réalise le SUPER-PAIN 900 capable de réduire en fins copeaux tous produits ligneux, de la brindille aux branches de plus de 20 cm de diamètre.
    Ce broyat, exempt de tout éclat (ou « queue de déchiquetage ») et de sciure ou de pulpe, permet la réalisation du compost Jean PAIN sans nécessiter des retournements multiples, des re broyages ou des criblages.

    Au fil des années, la gamme proposée par EQUIPE JEAN PAIN s’étoffe vers le bas par la création des broyeurs SUPER-PAIN 280, 450 et 600, et vers le haut par la réalisation des SUPER-PAIN 1300 et 1700.
    EQUIPE JEAN PAIN constate que dans tous les cas la régularité du broyat est respectée et que, grâce à son dispositif de broyage unique, il est possible de dimensionner l’unité de broyage à la taille des produits à broyer sans que la qualité du broyat soit modifiée.

    En 1991, EQUIPE JEAN PAIN entre dans la filière « Bois Energie » où, là aussi, il est indispensable de produire un broyat homogène exempt de toute queue de déchiquetage préjudiciable au bon fonctionnement des chaudières automatiques à vis.

    A ce jour, EQUIPE JEAN PAIN est la seule entreprise capable de produire un déchiqueteur qui, quelle que soit sa taille, produit un broyat homogène à partir de branches de tout diamètre et même à partir de produits connexes des scieries de première transformation.

    Aujourd’hui, la qualité de ce broyat permet d’envisager d’autres filières de valorisation telle que les litières animales, le calorifuge ou les absorbants.

    EQUIPE JEAN PAIN est une entreprise qui s’est organisée en « réseau » s’entourant de sous-traitants et de fournisseurs aux compétences multiples ; ce qui permet à EQUIPE JEAN PAIN de produire des matériels adaptés à la demande du client sans surcoût et à des prix de revient identiques à ceux du secteur industriel.


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  •   J'ai testé le stage d’auto-construction d’éolienne.

    Où j'ai appris que l'on peut construire son éolienne soi-même. Et que la quête d'autonomie d'un Ecossais un peu fou a créé une communauté de partage dans le monde entier.
     
    Article publié dans le n° 49 été 2013 de Teraéco   C'est moi qui l'ai fait 

    Difficulté ✭✭✭✭

    Tout a commencé sur la presqu’île de Scoraig, en Ecosse, au milieu des années 1970. Le jeune Hugh Piggott, un « hippie désireux de revenir à la terre » (selon ses propres mots), s’installe sur ces terres balayées par les vents, isolées de tout réseau électrique et quasiment désertées. Très vite, il va s’improviser constructeur d’éoliennes et consacrer les vingt années qui suivent à tenter d’exploiter l’énergie du vent pour alimenter sa maison et celle de ses voisins. Rien que ça.

    Après nombre d’échecs et d’approximations (relatés sur son site Internet), Piggott parvient à trouver une méthode efficace, équipe les habitants en quête d’alternatives (1) qui ont rejoint l’île, et acquiert une renommée internationale. Au tournant des années 2000, il commence à animer des conférences et des stages pratiques. Depuis, son modèle se répand dans le monde entier. De stage en stage, les formés deviennent formateurs, sans obligation ni diplôme. En France, au moins 200 stages ont été organisés par l’association Tripalium depuis neuf ans.

    Huiles essentielles et huile de coude

    C’est l’une de ces éoliennes - ornée d’un papillon géant - qui m’apprend que je suis arrivé à destination. Marie et Hervé accueillent dans la bâtisse en bois - construite de leurs mains - un stage d’auto-construction d’éoliennes, à Scaër, en Bretagne. Ils ont accepté que je suive et participe à l’aventure, moi qui ait deux mains gauches. En plus d’héberger les ateliers, une partie des stagiaires et ma pomme, Marie est organisatrice du stage avec l’association Al’Terre Breizh qu’elle a cofondée. Son mari Hervé, grand touche-à-tout et charpentier autodidacte, est, lui, l’un des formateurs.

    Construire son éolienne?

    L’éolienne installée sur le terrain de Marie et Hervé.

    J’arrive au beau milieu de la formation, un mercredi en début d’après-midi. Il règne une odeur de sciure et d’huiles essentielles – j’apprendrai plus tard que nombre de stagiaires sont adeptes de l’aromathérapie – et une ambiance studieuse. La maison entière est organisée en ateliers. Le premier d’entre eux se trouve dans la cuisine, où des bénévoles préparent les repas. Les énormes marmites ne contiennent que des produits locaux, destinés à des plats végétariens pour la plupart. « On tient à servir des repas savoureux et à très faible impact, ça fait partie du stage », insiste Marie.

    Construire son éolienne?

    La maison construite par Marie et Hervé. A l’arrière, le garage bleu reconverti en atelier de construction d’éoliennes.

    Des tableaux Excel à l’autonomie

    La suite, c’est Laurent qui me la montre. Formateur en chef, il en est à son cinquième stage. « Je suis ingénieur informaticien, je passe mes journées derrière mon ordi avec des tableaux Excel. Ces stages sont pour moi une occasion super de rencontrer des gens en dehors de mes réseaux et relations habituels. » Voilà qui le motive à ouvrir les ateliers à 8h le matin, et à les fermer parfois tard dans la soirée.

    Il me guide à travers les pièces, « tu vas faire comme tout le monde, c’est-à-dire que tu vas observer et tu vas choisir là où tu veux bosser ». La pression monte et, soyons honnête, je commence à chercher des yeux la tâche la plus simple à effectuer. Le garage de 70 m2 ressemble à une joyeuse chaîne de montage, où les stagiaires sont tour à tour ouvrier, observateur et contremaître. De tous âges, ils sont ingénieur, photographe, maraîcher, informaticien, sans emploi, infographiste, électricien ou plombier. On compte une majorité d’hommes, bricoleurs et militants. Mais aussi des femmes, des personnes presque aussi novices que moi et d’autres moins engagées. L’hiver breton s’engouffre sous les portes de garage, on porte plusieurs paires de chaussettes et les pauses café interrompent le travail à heure fixe. Deux éoliennes seront fabriquées en à peine cinq jours.

    Construire son éolienne?

    A gauche, des stagiaires fabriquent les pâles. A droite, un autre joue de la disqueuse.

     Le mariage du métal

    Dehors, c’est l’atelier métal. « C’est le squelette de l’éolienne, le plus important. Le reste, c’est du gâteau », m’interpelle Mihäil, joyeux quadragénaire à la casquette vissée sur la tête. Bien peu bricoleur et plutôt habitué aux journées derrière l’ordinateur, j’écoute d’une oreille craintive les mots de Jean, le pro de la soudure : « Souder est un métier qui demande une énorme maîtrise de ses mains. Parfois, on est si concentré qu’on entre en apnée, il faut toujours penser à bien respirer. » Les autres stagiaires novices osent approcher, masqués, du poste à souder et de la disqueuse. Je me contenterai d’observer ces artistes qui marient au degré près ces bouts de ferraille, pour en faire des édifices résistant à l’épreuve des vents.

    Construire son éolienne?

    Des stagiaires soudent une partie de la structure métallique de l’éolienne.

    A l’intérieur, de simples planches de bois deviennent des pâles identiques. « Il faut imaginer la pâle comme une aile d’avion, son extrémité est pensée pour démarrer avec le vent, le reste sert à poursuivre son mouvement », m’explique Jean-Baptiste. Le benjamin du groupe arbore une crête et est lui aussi adepte des huiles essentielles. Sans emploi depuis qu’il a terminé ses études il y a quelques mois, il enchaîne les formations et engrange un savoir encyclopédique sur tout ce qui touche à l’écologie pratique, de la permaculture à la récolte de l’algue spiruline en passant par le greffage des pommiers. Je découvrirai là la scie circulaire (merci pour ton aide, Mathieu) et j’aiderai la troupe à poncer et limer les pâles. De longues minutes pour affiner un angle, l’école de la modestie.

     Enrouler le cuivre

    Mais j’ai choisi mon camp, je vais rejoindre le coin de l’électricité. Et pas seulement parce qu’une partie des travaux se fait au chaud, à l’intérieur de la maison. C’est une belle incarnation de l’esprit de ce stage : tout est fait main, du début à la fin. Nous allons construire le stator, la partie fixe de la structure électrique. On commence par enrouler des bobines de cuivre. Nathanaël, mon prof pour quelques instants, m’aide : « Faut bien serrer, n’hésite pas. » Le lendemain, on les branche en circuit. J’apprends pour cela à respecter la phase et le neutre. Les bobines seront ensuite moulées dans de la résine, formant le stator, qui sera relié au rotor, la partie tournante de la structure électrique. Ce rotor tournera sous l’action des pâles, et ses énormes aimants produiront alors un champ magnétique. Champ magnétique que le stator va transformer, et l’énergie du vent deviendra électricité !

    Construire son éolienne?On enroule les bobines ...

    A mesure qu’approche la fin du stage, on réalise émerveillés que l’on est en train de réussir, avec des matériaux en partie récupérés, à construire une source d’énergie renouvelable. C’est le génie de Piggott : son modèle est reproductible partout dans le monde avec des moyens rustiques et relativement peu de connaissances techniques. « L’idée de construire une éolienne me trotte dans la tête depuis des années. J’ai beaucoup cherché sur Internet, mais on trouve souvent les exemples de génies un peu fous qui ont réussi des choses insensées. L’avantage avec Piggott c’est qu’on peut l’imiter », me confie Charles, l’aîné des stagiaires à la barbe imposante. « Les stages consistent en une très longue série de petites étapes, qu’il faut bien respecter mais dont aucune ne nécessite trop de connaissances techniques », confirme Laurent, le formateur.

    Construire son éolienne?                                                          ...les pâles sont prêtes !

    Le plaisir intellectuel

    Mais, une fois ces heures et ces heures de boulot, n’espérez pas empocher le gros lot. Construire une éolienne de 1 500 watts vous coûtera 1 300 euros, main-d’œuvre non comprise. Il faudra ensuite la raccorder au réseau, acheter un mât et l’installer dans la terre. La facture grimpe alors à environ 8 000 euros. « Quand on gagne 15 000 euros par an, il faut y réfléchir beaucoup », me confie Mihäil. Si l’on compte les déductions d’impôts, ce modèle coûte quasiment autant qu’une éolienne industrielle bas de gamme. Pire, Laurent reconnaît qu’il ne suffit pas à combler les besoins d’une famille - il faudra continuer à acheter de l’électricité - et qu’en prime ça ne vaut pas forcément le coup de revendre les excédents. « EDF vous achète le kilowattheure 8 centimes d’euros, alors qu’elle vous le vend entre 11 et 14 centimes. Et pour leur vendre, il faut leur louer un compteur qui coûte environ 70 euros par an. Mais vous n’êtes même pas sûr de revendre assez de kilowattheures pour atteindre une telle somme ! Autant les donner gratuitement à EDF. »

    Alors pourquoi choisir l’éolien, la moins rentable des énergies renouvelables ? Et pourquoi diable tant bosser, pour la construire soi-même ? Pour Jean-Marc, agriculteur bio dans les Côtes-d’Armor, la réponse est une évidence. S’il va doter sa maison passive d’une éolienne, c’est parce qu’il s’oppose aux énergies fossiles et au nucléaire. « C’est une satisfaction intellectuelle, et je veux montrer à mes enfants qu’on peut leur laisser un monde meilleur. » J’ai compris cette satisfaction, le soir venu, en branchant mon téléphone portable. Ce geste quotidien, si banal, prenait une autre signification. Et me revenait l’image de l’éolienne tournant sans arrêt – et sans bruit – devant la maison.

    L’autonomie, pas l’autarcie

    « Notre but est de montrer que l’on peut déjà passer à l’action, et avancer vers l’autonomie. Ça ne veut pas dire l’autarcie ou le chacun pour soi, ça veut dire consommer avec responsabilité vis-à-vis des autres et partager les connaissances », abonde Marie, mon hôte. Alain, un formateur qui aura tenu toute la semaine avec une grippe carabinée, ajoute : « Ça permet aussi de prendre conscience de sa consommation d’électricité, de la réguler. Et ceux qui construisent leur éolienne seront capables de la réparer pendant des années, sans dépendre de constructeurs ou de réparateurs. » L’autonomie, encore.

    Au dernier jour du stage, l’heure est venue de réunir les travaux des différents ateliers. Après un tirage au sort parmi les volontaires, c’est Jean-Marc, l’agriculteur, et Charles, l’aîné du groupe, qui repartent - en covoiturage - avec l’éolienne. Déjà, Charles projette de créer un atelier chez lui, pour produire cinq nouvelles éoliennes avec des amis. Ils rejoindront ce réseau informel de milliers d’éoliennes auto-construites éparpillées dans le monde, dont plusieurs centaines en France. Sans aucun intérêt économique. Pour l’instant.

    (1) Voir le reportage du Guardian sur l’île de Scoraig, où les habitants vivent coupés du réseau électrique grâce aux éoliennes Piggott. 

     Sources de cet article

    - Les vidéos d’Hugh Piggott détaillant les étapes de production de l’éolienne.

    - Le site d’Hugh Piggott

     -Tripaliim

     -Scoraigwind

      -Créer son éolienne (en vidéo)

      Le rédacteur : Thibaut Schepman

    J’ai rêvé de devenir basketteur, puis de travailler pour Terra eco, le média qui change le monde. Bilan : on n’est pas si mal loin des parquets.

    Sur Twitter : @ThibautSchepman

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  • L'habitat durable existe...

    2007   120 p.  7 €

      Habiter est un besoin vital. Il est cependant loin d'être satisfait pour tous, même dans nos pays. Reste à savoir comment on le satisfait. Notre bien-être est largement tributaire de la localisation, des dimensions, des volumes de notre logement, des matériaux employés, de la luminosité, des ambiances. De plus le bâti joue un rôle important dans notre consommation excessive de ressources, de sol, d'énergie et d'espaces naturels. Il importe de réduire notre emprise sur l'environnement tout en créant des espaces de vie stimulants. Le développement durable vise à faire converger ces diverses attentes et à répondre aux besoins essentiels de tous, tout en préservant les ressources de la Planète pour les générations futures. Sous son égide sont retrouvées et réactualisées des techniques ancestrales, nous montrant la voie de l'après-pétrole, faisant converger notre propre bien-être et celui de la Planète. Des maisons productrices d'énergie, conviviales, des quartiers au bilan écologique positif et où il fait bon vivre se mettent en place en divers lieux du monde. L'habitat durable existe... nous l'avons rencontré ! Reste à en généraliser les bienfaits pratiques.
        Journaliste, Muriel Lardi, est engagée dans le développement durable. Elle est l'auteur de nombreux articles sur les thèmes " énergie, bien-être et santé ".
      René Longet est reconnu pour son expertise dans le développement durable. Il est maire de la ville d'Onex (Suisse), Président de l'ONG equiterre et auteur de plusieurs articles et ouvrages dont
       -Fruits et légumes de saison et
       -Pourquoi manger local ?,
    parus aux Éditions Jouvence.
      
      Pour d'avantage de documentation sur l'habitat durable, 2 sites:
        www.amisdelaterre.org qui édite un livre disponible en téléchargement sur la rénovation thermique de son logement. "Rénovation thermique de mon logement"
       www.constructeurs-nf.fr sur lequel on peut reprendre "Pour se construire un vrai confort" réalisé par l'organisme certificateur Cequami pour aider le futur propriétaire de sa maison à connaître les bonnes pratiques et décoder les sigles.

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  •  Pesticides: des communes en cure de désintox (19/08/2013)

    Depuis quatre ans, Lardy, dans l'Essonne, a banni les pesticides. Les jardiniers respirent, les papillons reviennent mais le changement demande des bras et l'adaptation des habitants.

    Comme toutes ses voisines, Lardy était accro. Cette année, la commune fête avec fierté ses quatre ans d’abstinence et pas question de rechuter. Pendant des décennies, cette bourgade de 5 700 habitants située dans l’Essonne s’envoyait au bas mot 32 litres d’herbicides par an. Aujourd’hui, la municipalité ne veut plus en entendre parler.

    Aujourd’hui, les stocks de produits ont été détruits et les roses trémières qui grimpent le long des rues tentent de faire oublier que quelques pissenlits poussent à leurs pieds.

    Pourtant, avant même de prendre sa bonne résolution, Lardy était déjà moins portée sur le bidon que ses semblables. « Prenons une commune de 15 à 20 000 habitants, elle peut consommer jusqu’à 1 000 litres de pesticides par an », estime Romain Cassard, ingénieur agronome spécialisé en gestion de l’eau et de l’environnement pour le bureau d’études Envilys, installé dans le Languedoc-Roussillon. En France, tous pesticides confondus, 1 150 tonnes source UPJ (Union des entreprises pour la protection des jardins et espaces publics) de produits phytosanitaires sont utilisées chaque année pour l’entretien des espaces verts, des cimetières, des parcs et stades municipaux.

     

    Le brûleur thermique, outil des plans « zéro-phyto », ne suffit pas

      « Moins on met d’herbicides, plus il faut de bras »

    Comme Lardy, ville pilote des projets « zéro-phyto » une cinquantaine de communes d’Ile-de-France se disent aujourd’hui sevrées. A l’échelle nationale, le ministère de l’Ecologie n’a pas de chiffres précis, mais elles seraient plusieurs milliers. Même les grandes villes sont concernées. Dans le cadre du plan Ecophyto 2018, 60% des villes de plus de 50 000 habitants se sont donné « un objectif zéro-phyto ». Mais les conversions se font encore à petit pas.

    « Il n’y a pas de secret, moins on met d’herbicides, plus il faut de bras », souligne Patrick Maheu, responsable des espaces verts à Lardy. « Avant, on vaporisait deux fois par an et on n’en parlait plus », se souvient-il, en effectuant son inspection bimensuelle du cimetière. Entre les graviers, de jeunes pousses ne tarderont pas à être carbonisées. Mais le brûleur thermique ne suffit pas. Depuis le printemps, son équipe de quatre personnes désherbe tous les quinze jours. Pour les soulager, trois ou quatre salariés en insertion les rejoignent pendant les semaines critiques. « Mais c’est un cinquième poste qu’il faudrait » estime le jardinier.

    « La règle en zéro-phyto : être vigilant et réactif », affirme Patrick Maheu.

    « Pas forcément », rétorque-t-on à la mairie. Selon Claude Jaillet, directeur général des services « réorganiser les pratiques permet déjà de libérer du temps. » Ainsi, dans le parc municipal, le ballet des tondeuses est devenu moins fréquent. Sans que les Larziacois n’y voient d’inconvénients. « On constate une barrière psychologique lorsque l’herbe atteint 25 centimètres, au-delà seulement les gens trouvent les terrains sales » explique Romain Cassard. Envylis, la société pour laquelle il travaille, coache les communes qui veulent un plan « zéro-phyto » à moindre frais [1].

    Le cimetière, bête noire des plans « zéro-phyto »

    Depuis quatre ans, la petite équipe de Patrick Maheu peaufine donc ses tactiques. Sa principale stratégie : occuper les sols avant les mauvaises herbes. Sous les massif de fleurs, quelques centimètres de mulch – un paillis provenant en partie du broyage des arbres de la commune – empêche les adventices de s’installer. Et le sedum, une plante rasante aux nuances rouges, règne désormais en maître dans le cimetière.

                    Le sedum, une plante rasante, végétalise le cimetière.

    Le cimetière, bête noire des plans « zéro-phyto ». « C’est là que la plupart des municipalités se cassent les dents », constate Romain Cassard. Principal consommateur de pesticides d’une commune, ce lieu cristallise les critiques. « Evidemment c’est sensible, confirme Michel Lavollay, le premier adjoint de Lardy, chargé de l’urbanisme et du développement durable, quelqu’un qui vient régulièrement entretenir la tombe d’un proche supporte mal les mauvaises herbes autour. »

    « Sans désherbant, ce n’est jamais parfait »

    Après le passage au désherbage écologique, l’élu a donc reçu quelques courriers d’administrés mécontents : « On revient cinquante ans en arrière », « cette ville n’est plus tenue ». Michel Lavollay et Patrick Maheu l’admettent : « Sans désherbant ce n’est jamais parfait, les gens doivent être un peu plus tolérants. » Et se laisser convaincre par les deux entomologistes larziacois qui ont constaté le retour de certains papillons.

    Sauf qu’en 2009, la transition a été brutale. « On a préféré tout supprimer d’un coup pour éviter que les jardiniers ne soient tentés », reconnaît Claude Jaillet. « La plupart des villes passées en “zéro-phyto” progressivement n’ont pas tenu dans le temps. » Or, pour les élus larziacois, l’enjeu est de taille : « On a mis en place une station de pompage d’eau potable dans la Juine – cette rivière qui traverse le village – nous n’avons pas intérêt à ce qu’elle soit polluée ». C’est sans compter la grande plaine agricole qui surplombe le village. « Nous n’avons aucun contrôle sur ce qu’ils pulvérisent là-haut, mais ce n’est pas une raison pour baisser les bras », abrège Michel Lavollay.

      Les jardiniers expérimentent l’en-herbage pour éviter le désherbage

    Alors à grand renfort de pancartes et de bulletins municipaux, les partisans du « zéro-phyto » ont fait taire les protestations des villageois. A la boulangerie, les mauvaises herbes ne font plus parler d’elles. « Au contraire, il y a un effet d’entraînement chez les particuliers affirme Michel Lavollay, aujourd’hui à Lardy, utiliser des pesticides dans sa cour ou son jardin est plutôt mal vu. » Un questionnaire distribué l’année de la transition lui donne raison. A l’époque, 70% des administrés se targuaient déjà d’avoir abandonné les désherbants ou de vouloir le faire.

    Désormais, les seules personnes à qui les plantes indésirées donnent encore du fil à retordre ce sont les jardiniers. John Mary, chef d’équipe à la Société francilienne des espaces verts (Sfev), un sous-traitant employé aussi bien par Lardy que par des communes utilisant toujours des pesticides, le reconnaît : « Le désherbage c’est chiant. » Pour ses équipes, venir travailler dans la commune « zéro-phyto » passe parfois pour une corvée.

                         Un employé en sous-traitance désherbe manuellement.

    « Pourtant au fond je suis d’accord avec ce qui se fait ici », lâche le salarié. Travaillant dans les espaces verts depuis douze ans, ce trentenaire s’inquiète pour sa santé. « Aujourd’hui on suit des stages sur l’utilisation des pesticides, on obtient un certificat pour les manipuler, on adapte le débit de produits pulvérisés à notre pas, on porte des combinaison et des masques » énumère-t-il mais il y une dizaine d’années, je me suis pris du produit à la figure car il n’y avait rien de tout ça. » Patrick Maheu, lui, soupçonne trente ans de proximité avec les pesticides d’être responsables du polype cancéreux qu’on lui a retiré. Pour chasser ses angoisses, son jeune collègue a pris les devants. John Mary vient de demander à la MSA (Mutualité sociale agricole) de lui faire passer une série d’examens destinés aux personnes exposées.

    [1] (Dans cette optique, Lardy vient de faire appel à Asconit Consultants un confrère d’Envylis, basé à Palaiseau (Essonne). Mais pour l’heure, la commune se débrouille toute seule.)

       La rédactrice :  Amélie MougeY   pour Terraéco.net


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  •   L’affaire Renault Trucks ou la preuve que la délocalisation n’est pas une fatalité

    Jeudi 22 Août 2013   Jack Dion - Marianne
     
    La chaîne de montage du Renault Master à l'usine SOVAB de Batilly, France - POL EMILE/SIPA
    La chaîne de montage du Renault Master à l'usine SOVAB de Batilly, France - POL EMILE/SIPA
    En ces temps de délocalisations généralisées, la nouvelle est quasiment passée inaperçue, et c’est bien dommage. Renault Trucks, ancienne division de poids lourds de Renault, aujourd’hui possession du groupe suédois Volvo, a décidé de faire le chemin inverse et de rapatrier la fabrication des camions de Turquie en France. Dommage que Renault-Nissan a fait le choix contraire en allant produire la Clio en Turquie.

    Pour les 10.000 salariés de Renault-Trucks, installés notamment à Bourg-en-Bresse (Ain), à Blainville (Calvados) et à Vénissieux (Rhône), la nouvelle est plutôt rassurante. Comme nombre d’autres, ces salariés vivent avec le couperet de la délocalisation au-dessus de la tête, dans l’attente d’investissements souvent promis mais toujours compromis. Aucun dirigeant du Medef n’a cru bon de saluer l’événement. Les médias ont à peine relaté l’info, comme s’il valait mieux se concentrer sur le énième épisode de la longue marche de Manuel Valls vers le pouvoir suprême.

    Pourtant, la relocalisation de Renault-Trucks mérite réflexion. En effet, elle prend à contre pied le discours en vogue sur le sujet. Que nous dit la vulgate dominante à droite, mais aussi parfois au PS, ce qui est bien regrettable ? Que la France est en manque d’ « attractivité », comme on dit chez ces gens-là. Qu’elle est une machine à faire fuir les capitaux. Que le problème numéro 1 du pays s’appelle le « coût du travail ». Que les contributions sociales qui font l’originalité (et la force) du modèle français ne sont que des « charges » à alléger au plus vite. Que le code du travail est digne de la Russie Soviétique. Que les syndicats bloquent tout progrès.

    En un mot comme en cent, on ne pourrait plus rien faire dans ce fichu pays pourri par l’esprit des Sans-culotte, de la Commune et de la Résistance. Il faudrait donc aller faire fructifier ses capitaux ailleurs, là où l’Eden de la « mondialisation heureuse » (merci Alain Minc) permet à tout un chacun de s’épanouir sans entrave. C’est ce qu’avait écrit Maurice Taylor, le PDG de l’américain Titan, à Arnaud Montebourg, en traitant au passage les salariés français de fainéants et d’ivrognes.

    Ce discours, dépouillé ou non de ses oripeaux les plus caricaturaux, est comme un mantra. On l’entend aussi bien dans les travées du Medef que dans la bouche de Pierre Moscovici. Il a justifié tous les virages successifs du gouvernement Ayrault, qu’il s’agisse de l’accord sur l’emploi, de l’austérité héritée du traité européen, de la non réforme des banques, ou du cadeau accordé au patronat au nom de la « compétitivité ». Il a pour résultat de conférer à la politique économique de l’équipe Ayrault une couleur qui n’est pas sans rappeler celle de l’équipe précédente. Il nourrit une désespérance sociale propre à tous les débordements.

    Or le raisonnement est erroné de A jusqu’à Z. Il est faux de dire que le problème de l’économie française est le « coût du travail ». La réalité est inverse. C’est le coût du chômage (donc du non travail) qui pèse, d’autant qu’il est alourdi par celui du capital (dividendes, frais financiers etc… ). Comparé à ses principaux partenaires, la France est à peu près au même niveau de revenus salariaux, sauf à vouloir concurrencer des pays plus pauvres – comme par exemple la Turquie, dans le cas qui nous concerne.

    Mais l’exemple de Renault Trucks prouve que même dans ce cas de figure, il est d’autres atouts à mettre en avant, comme le savoir faire de la main-d’oeuvre, la formation, les services publics, les infrastructures, la recherche…Ce sont ces atouts qu’il faut développer pour donner à la marque France un label de qualité, quoi qu’en disent les pleureuses de la famille décliniste. Encore faudrait-il ne pas se laisser piéger par le chantage de la petite école néolibérale qui a gangrené la gauche social-démocrate de l’intérieur. Sinon les imprécations volontaristes d’un Montebourg resteront lettre morte. Dans ce cas, l’affaire Renault Trucks ne sera qu’une hirondelle masquant la réalité d’un exode industriel pernicieux.

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  • guide du mieux vivre (Ch. La Grange,

                                                               2011    319 p.   15 €

     Notre planète marchande est une grosse boule qui roule trop vite, trop inéquitablement, trop goulûment. A force de consommer trop, trop mal, nous l’envoyons droit dans le mur et vous, vous le savez. Oui, mais que faire ?

       Vous avez entendu parler de décroissance ? De simplicité volontaire, de sobriété heureuse… Oui, vous en avez entendu parler mais en théorie seulement. Vous cherchiez des pistes réelles. Voici le livre qui vous rendra acteur concret de la décroissance matérielle pour une croissance humaine !

       En pratique, à travers 130 points qui couvrent des domaines aussi variés que la maison, l’énergie, l’eau, le jardinage, la cuisine, la santé, le travail, les loisirs, le transport etc. Avec des fiches, des schémas, des plans, des références. En photos, dessins et BD.

       Un bon moyen de prendre en main sa destiné et d’assumer ses engagements pour la planète.


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  • 15 ans de colères vertes

                                Hors-série n°8 de la Gazette des jardins. Février 2010.  160 pages.  12 €

       Ce livre constitue une compilation de près de 200 articles concernant la défense de l'environnement, avec une partie consacrée aux semences. Un sacré tour d'horizon des combats écologiques sur tous les fronts !  

      « Pitié pour les arbres, aux arbres citoyens, la fin des cypr’haies », : quelques titres de papiers lus dans la Gazette des Jardins et qui sont dans le hors série qu’ils viennent de publier « 15 ans de colères vertes » .

      La Gazette, c’est un magazine imprimé sur du papier journal, celui qui peut servir de support à l’épluchure de la pomme de terre juste ramassée au potager. La gazette paraît tous les 2 mois, c’est un peu radio Londres :  ‘les jardiniers parlent aux jardiniers’, sans langue de bois, sans promotion du dernier produit à la mode, ‘parce qu’il faut en parler vu que tout le monde en parle et que c’est un annonceur’. La gazette ne vit pas de la pub (il y en a très peu et ce n’est pas leur première source de revenus). La Gazette (des jardins) c’est un peu le « Canard Enchainé » des jardins, avec dedans, des papiers d’auteurs, des papiers de jardiniers, des témoignages,  des exposés d’expérience… Le premier papier que j’ai lu qui parlait de BRF, c’était dans la gazette, comme le premier sur le jardin-forêt (ce mois ci). Ils défrichent, laissent s’exprimer ceux qui ont des choses à dire, à démontrer, à exprimer sur les jardins. (quitte à se faire repiquer les sujets ensuite). Et par chance, cette bande d’illuminés du sud de la France qui anime ce pamphlet jardinesque avec talent depuis 15 ans n’a pas chopé le melon (qu’ils peuvent prétendre faire pousser alors que nous nordistes, que nenni).

      La gazette n’est pas écolo, elle le devient sûrement, mais ce n’est pas un magazine d’illuminés ravis de la crèche écolo, ils le reconnaissent eux mêmes, ils préconisaient des traitements chimiques il y a quelques années (sans être pour autant tombés dans le roundup à coeur perdu). Ils ont, comme nous tous, évolué, cherché à comprendre, à expliquer. Et évidemment à force de chercher à comprendre on devient contre la chimie et les OGM (pour faire court).

      Voilà, je voulais dire que j’aime la gazette, c’est ma meilleure lecture une fois tous les deux mois et je n’ai pas trouvé mieux comme mine d’or pour traiter du jardin. J’ajouterai que je ne suis ni contributeur, ni actionnaire, juste abonné payant

      Depuis quelques années on trouve la gazette des jardins dans les kiosques, ils ont un site internet http://www.gazettedesjardins.com/ rempli de forums.

    Un grand moment de plaisir un mois sur deux, qui pour ses 15 ans vient de sortir un supplément  intitulé « 15 ans de colères vertes » qui vaut la peine. (mars 2010)


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  • 2012     376 p.    23 €

      L'un des plus éminents penseurs contemporains dans le domaine agricole nous montre pourquoi (et comment) mettre un terme à la guerre écologique faite à la nature. Dans ce nouvel ouvrage, Masanobu Fukuoka repère le rôle que l'homme a joué dans la création de ces grands déserts, de ces terres "pelées" qui jadis étaient des plaines et des vallées fertiles. Il nous fait part de ses propositions pour inverser ce courant dévastateur avant qu'il ne soit trop tard. Durant cinquante ans, il a en effet expérimenté les moyens de réduire l'énergie et l'effort déployés sans pour autant diminuer le rendement des récoltes, améliorant dans le même temps la fertilité des terres. Confiant dans la sagesse immanente des processus naturels, il a développé une méthode qui rejette les notions conventionnelles de l'agriculture scientifique moderne pour faire place à une approche douce qui s'accorde et qui réponde harmonieusement aux éléments et aux cycles de la nature. En repoussant la suffisance scientifique qui absorbe les énergies et les imaginations de l'homme contemporain, Fukuoka nous rappelle qu'il fut un temps où nous ne faisions qu'un avec la nature et que c'est probablement là que résident notre salut et celui de la planète.

      Masanobu Fukuoka est l'un des plus éminents penseurs contemporains dans le domaine agricole.

      Microbiologiste de formation et spécialiste en phytopathologie, il travaille au Bureau des Douanes de Yokohama, à la Division de l'Inspection des Plantes. Rapidement, il commence à douter des progrès apportés par l'agriculture scientifique (dépendante du travail de la terre, des engrais et des pesticides chimiques), et démissionne alors de son poste. Il décide de retourner sur la ferme de son père, sur l'île de Shikoku. Dès lors, il consacre sa vie à développer une agriculture plus conforme à ses convictions, qu'il qualifiera d'agriculture naturelle. Ses recherches, inspirées de ses racines culturelles zen, taoïste, shinto, bouddhiste, vont dans le sens d'une unification spirituelle entre l'Homme et la Nature. À partir des années 1980, ses expériences rencontrent progressivement une reconnaissance mondiale, et il multiplie les conférences et les rencontres internationales. Sa ferme devient un lieu d'échange sur ses pratiques pour les experts et les curieux venus du monde entier.


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  •  Au Nicaragua et au Guatemala, des solutions contre la malnutrition et la pauvreté

    Bernard Pinaud, délégué général, était en mission de terrain au Guatemala et au Nicaragua pour évaluer l’avancée de projets soutenus par le CCFD-Terre Solidaire. Il nous livre son témoignage.

    Partenaire(s) :FENACOOP

      Accompagné de Walter Prysthon, chargé du suivi des projets du CCFD-Terre Solidaire en Amérique centrale, je retrouve le Nicaragua avec de nouveau Daniel Ortega à la tête du pays. On est très loin d’une deuxième phase de la révolution sandiniste : nos partenaires nous parlent des difficultés à s’exprimer librement, du contrôle social imposé par des sympathisants sandinistes, de répressions de mouvements sociaux comme celui des retraités, pourtant appuyés par des jeunes.

    La politique du gouvernement est libérale et favorise les méga projets comme celui du creusement d’un canal entre les océans atlantique et pacifique pour faire concurrence à celui de Panama. Des dizaines de milliers d’habitants risquent l’expropriation.

    Ma mission se concentre sur les activités de l’Union des coopératives à Nueva Guinea (300 kilomètres au sud-est de Managua, la capitale) appuyées par la Fédération nationale des coopératives de producteurs agricoles (FENACOOP), partenaire du CCFD-Terre Solidaire depuis 1999.

    Nueva Guinea est une ville de colons. Des migrants internes qui sont venus dans cette zone recouverte, à l’époque, de forêts luxuriantes pour défricher et cultiver la terre ainsi gagnée.

    Au début, nous disent les anciens de l’Union des coopératives Ahmed Campos (UCA), on défrichait le plus possible, on achetait le plus possible de terres, on utilisait des pesticides, des engrais chimiques. On voyait grand, on voulait aller vite…

    C’est en prenant conscience de la pollution de leur eau par les pesticides et grâce à l’accompagnement de la FENACOOP que, peu à peu, les 172 producteurs de l’UCA se sont tournés vers l’agro-écologie et, donc un mode de culture plus raisonné, voire biologique pour certains produits.

    Afin de dégager plus de marge de gains, certains de ces producteurs ont ajouté à leurs cultures traditionnelles (maïs, manioc, haricot) la culture du cacao.

    Un centre qui sert à la fois de pépinière, dit « jardin clonal », de 47 variétés de cacaotier différentes sur 21 hectares et de formation des producteurs sur les mécanismes de pollinisation du cacao ou de greffe et d’agroforesterie, a ainsi été mis en place avec le soutien de la FENACOOP. En effet, le cacaotier a sans cesse besoin d’ombre au cours de sa croissance. Il faut donc semer d’autres arbres en même temps que le cacaotier qui vont pousser à des rythmes différents et ainsi accompagner de leur ombre la croissance du cacaotier.

    La UCA a aussi construit un centre de stockage qui sert pour la fermentation du cacao - pour dégager l’arôme - avant son séchage.

    Cette expérience est très prometteuse d’autant plus que j’ai pu constater les compétences technique et pédagogique des formateurs du « jardin clonal » et du centre de stockage.

    Ainsi ces petits producteurs qui vivent, avec leur famille, dans des conditions extrêmement précaires vont voir leurs revenus augmentés dans les années à venir grâce au cacao…grâce à la coopérative et grâce à la FENACOOP !

    Autre effet de ces innovations, des jeunes se lancent de nouveau dans la production agricole. Ainsi, la migration des jeunes de la région vers le Costa Rica voisin est en train de diminuer.

    Ce dynamisme des producteurs fait ainsi de la UCA un interlocuteur respecté des autres producteurs de la région et une référence pour les autorités de Nueva Guinea.

    Le fruit du Ramon contre la malnutrition

    Dans l’Ixcan, région au nord du département du Quiché au Guatemala, à la frontière avec le Mexique, notre organisation partenaire SERJUS vient en appui à cinq associations de producteurs, fédérations de coopératives, associations de femmes productrices. Elles sont rassemblées au sein du réseau alternatif d’échanges solidaires en Ixcan (RAIS), et sont pour la plupart un prolongement de la pastorale sociale du diocèse du Quiché. Cette filiation démontre l’impact sur le long terme d’une pastorale socialement engagée.

    J’y ai rencontré les responsables et des membres, visité leurs centres de formation, leurs pépinières, leurs centres de stockage de production.

    Ainsi, le groupe de femmes Santa Maria de los Dolores a entrepris de revaloriser l’utilisation des fruits d’un arbre local, le Ramon. Ce fruit, semblable à une noisette, largement utilisé par les anciens dans la cuisine, ne servait plus qu’à nourrir les animaux. Et pourtant le Ramon est très nutritif, alors même que le Guatemala a le taux de malnutrition infantile le plus élevé d’Amérique latine.

    Ce groupe d’une dizaine de femmes a donc décidé de relancer son utilisation et le transforme en jus pour la boisson, en farine pour des « tortillas » ou des sauces, en gâteaux afin de les vendre sur les marchés. Lors d’un déjeuner chez la présidente du groupe, j’ai pu goûter du Ramon à toutes les sauces. Délicieux !

    Puis elle nous a emmenés voir ses « manzanas » (unité de mesure agraire locale) de Ramon. Une heure de marche dans la boue, les maïs et une forêt luxuriante au bout duquel s’élèvent des arbres de plusieurs dizaines de mètres de haut : les fameux Ramons.

    Un projet réussi qui permet de faire reculer la malnutrition, en particulier celle des enfants. Le SERJUS compte bien promouvoir avec notre appui le Ramon dans d’autres villages du département du Quiché.

    Des communautés de déplacés, vingt ans plus tard

    Ce voyage dans l’Ixcan m’a replongé vingt ans en arrière. Alors responsable du Service Amérique latine du CCFD-Terre Solidaire, je m’étais rendu une première fois dans cette région en janvier 1994.

    Ce 15 janvier 1994, je me rends dans l’Ixcan où je rencontre les responsables de la communauté Victoria 20 de Enero en pleine installation. Tout est à construire : maisons, postes de santé, latrines, garderies. Tout est à organiser : la production agricole, l’élevage, et ce en coopérative. Cette communauté est constituée d’environ 2500 personnes rapatriés ayant fui 12 ans auparavant la guerre civile pour se réfugier de l’autre côté de la frontière dans le Chiapas mexicain. Le CCFD les soutient pour reconstruire leur vie.

    Après 6 ans de négociation, l’accord de paix allait être signé le 26 décembre 1996. Cet accord a permis la fin d’un conflit entre l’armée et les guérillas qui aura fait en trente ans plus de 150 000 morts (dont 80% de mayas), un million de déplacés internes et 250 000 réfugiés en particulier au Mexique.

    Février 1997, je me rends à nouveau dans l’Ixcan, cette fois pour rencontrer les responsables d’une autre communauté qui s’est installée depuis un an grâce à des financements trouvés par le diocèse du Quiché : la communauté Primeravera del Ixcan. 2000 personnes déplacées internes, des indigènes qui se sont réfugiées pendant dix ans au cœur de la forêt pour fuir la répression militaire, ses mitraillages. Je suis impressionné par leur niveau d’organisation et l’effervescence autour de nous : tout le monde s’active pour poser une charpente de la nouvelle école, creuser un fossé pour les futures canalisations, etc. Ils s’organisent en coopérative mais chacun a aussi son lopin de terre et un petit élevage pour l’alimentation familiale. Une dizaine d’étrangers vivent avec eux pour les protéger des représailles de l’armée. Là aussi, le CCFD les soutient pour cette installation.

    2013. L’Ixcan a bien changé en vingt ans, de nombreuses infrastructures ont vu le jour : routes bitumées, ponts construits, électricité jusque dans des villages éloignés. Mais la pauvreté est toujours là.
    Cette transformation va s’accélérer car, au bord de la route, nous voyons de grandes étendues de terre où poussent des palmiers d’Afrique pour l’huile de palme, des conduits de pétrole, et on nous parle de barrages hydrauliques à venir. Et sur les poteaux électriques de la publicité pour Bayer, Monsanto ou Sygenta. Les méga projets se développent dans l’Ixcan et transforment l’économie locale et la vie sociale à un rythme effréné.
    De nouveaux acteurs sociaux se mobilisent face aux dégâts environnementaux, aux risques que comporte la monoculture pour la sécurité alimentaire. Mais le rouleau compresseur continue d’avancer.

    Dans les réunions avec les responsables des associations ou fédérations de coopératives accompagnées par notre partenaire SERJUS, je retrouve des représentants de Victoria 20 de Enero et de Primeravera de l’Ixcan. Leurs installations ont réussi, leurs coopératives sont très bien structurées et économiquement les plus efficaces du département. Quand ils prennent la parole, je reconnais l’élan de la résistance et le dynamisme des pionniers que j’avais entendu il y a vingt ans !

    Le procès de l’ancien dictateur Rios Montt

    Dès notre première journée au Guatemala, nous sommes plongés, Walter Prysthon, notre chargé de mission pour l’Amérique centrale, et moi, dans l’actualité. En effet, notre organisation partenaire ODHAG, le Bureau de défense de droits de l’homme de l’Archidiocèse de Guatemala Ciudad, a organisé une réunion pour nous permettre d’analyser le procès de l’ancien dictateur Rios Montt.

    Sont présents des représentants de l’organisation de droits de l’homme CALDH qui s’est portée partie civile, leur avocat dans l’affaire, et une responsable de notre organisation partenaire Actoras de cambio (Actrices de changement) qui a accompagné les femmes victimes de viols commis par des militaires, et qui ont accepté de témoigner pendant le procès.

    Les pires atrocités de cette guerre civile se sont déroulées en 1982 et 1983 quand Rios Montt était au pouvoir.

    Grâce à la levée du secret défense sur quatre documents détaillant les opérations militaires d’alors, le CALDH a pu intenter un procès contre le général Rios Montt pour « génocide » contre la population Ixile.

    L’ouverture de ce procès le 19 mars 2013 était un moment attendu depuis quinze ans par les organisations de droits humains. Rios Montt y était jugé pour le massacre de 1 771 indiens de l’ethnie maya des Ixiles dans le département du Quiché.

    Contre toute attente, le tribunal a condamné le 10 mai l’ancien général Rios Montt à 80 ans de prison dont 50 pour génocide et 30 pour crimes contre l’humanité. Un verdict sans précédent pour une justice nationale. En effet, c’était la première fois qu’une condamnation pour génocide était prononcée par un tribunal national et non international comme ce fut le cas pour l’ex-Yougoslavie ou le Rwanda.

    Lors de ce procès, des femmes violées par des militaires ont décidé de témoigner. Elles avaient demandé à ce que cela soit à huis clos, ce qui fut refusé par le tribunal. Ces « survivantes » (c’est le nom qu’elles se donnent) ont alors décidé de témoigner publiquement, le visage masqué par leurs tissus colorés d’indigènes, mais leur nom était connu. Pleines de courage, elles ont rapporté les viols collectifs, les ventres de femmes enceintes ouverts à l’arme blanche, les exécutions sommaires.

    Mais, dix jours après l’annonce du verdict, la Cour constitutionnelle annulait la décision par 3 voix contre 2, non pas sur le contenu même mais sur la procédure, suspendant ainsi le jugement.

    L’avocat de la CALDH nous explique avec précisions toutes les phases du procès, ses rebondissements, les 110 vices de forme déposés par la défense du général et ses 6 démarches saisissant la cour constitutionnelle.

    De toute évidence, il y a eu des pressions de la part du gouvernement, de militaires voire de certains chefs d’entreprise, non pas tant pour défendre le général Rios Montt dont la responsabilité dans les massacres n’est pas  remise en cause, mais pour éviter que le génocide soit reconnu.

    Malgré l’annulation de la décision du tribunal, Albertina d’Actoras de cambio nous affirme que les femmes mayas qui ont témoigné ne sont pas déçues, « Voilà, c’est fait ! », disent-elles fièrement.

    Pendant tout le temps du procès, une recrudescence de menaces et d’assassinats de défenseurs de droits de l’homme a eu lieu, ainsi que contre l’Eglise guatémaltèque et des organisations catholiques étrangères comme le CCFD-Terre Solidaire accusées par la « Fondation contre le terrorisme » (constituée d’anciens militaires du temps de la guerre civile) de financer le « terrorisme ».

    Ces accusations ne nous impressionnent pas et nous allons continuer à appuyer nos partenaires guatémaltèques qui luttent courageusement, au péril de leur vie, pour la promotion des droits humains, en particulier des femmes mayas !

    Bernard Pinaud  Juillet 2013


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  • Slow attitude (

    2013    256 p.   20,90 €

    Qu’ont en commun les lasagnes « pur bœuf » à la viande de cheval, les suicides en entreprises et la crise des subprimes ? Ces trois scandales témoignent d’un monde qui, à force de chercher le profit immédiat, entraîne consommateurs, salariés ou épargnants dans une course folle à travers des circuits industriels mondialisés d’une complexité kafkaïenne. L’être humain se retrouve aujourd’hui autant déconnecté des rythmes naturels que de son environnement immédiat.

    Critiques face à cette accélération toxique, les mouvements Slow séduisent toujours plus d’adeptes à travers le monde. Que proposent-ils ? D’employer le temps de manière plus authentique, mais aussi de constater que le plaisir ne naît pas de l’accumulation désordonnée qu’on nous vend depuis des décennies comme un progrès.

    Cet ouvrage vous invite à découvrir d’une façon globale une grande partie de ces mouvements qui se font les chantres d’une modération joyeuse et durable. À partir du premier d’entre eux, le bien connu Slow Food, jusqu’à Slow Sexe !
      Sylvain Menétrey est journaliste société et culture au sein de différentes publications suisses et françaises.

      Stéphane Szerman, philosophe, psychothérapeute et coach, est l’auteur de nombreux ouvrages dont "L’art de la lenteur" (Milan, 2007).
     
    "par Emile Wilrek de Clés

      Tout le monde connaît le mouvement Slow et ses multiples branches. Mais en savez-vous les détails ? Le journaliste Sylvain Menétrey et le philosophe Stéphane Szerman – qui voient le ralentissement comme le seul remède possible à nos maux planétaires – sont allés voir de près. Ils ont exploré douze pistes : slow food, cittaslow, slow money, slow éducation, slow management, slow sexe, slow tourisme, slow design, slow architecture, slow book, slow média et slow science.

      Remonter une seule de ces pistes, c’est soulever une problématique complète. L’accélération a tout envahi. Son contrepoison suit sa trace. Rempli d’infos, le livre renvoie à une multitude de sites… et de paradoxes. La France, par exemple, n’est pas bien placée dans le top des pays slow food – entre autres par anti-élitisme : le pain slow est cher. Mais nourrir le peuple de junk food n’est pas progressiste non plus. Toute notre époque se trouve condensée dans ce guide."


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  •  Jean-Marc Borello: "dans 10 ans, il y aura 10 fois moins d’associations"

    A l’occasion de la sortie de son ouvrage, le fondateur du Groupe SOS, géant de l’économie sociale et solidaire (ESS), nous livre sa vision du secteur, qui fait l’objet d’une loi.

      Youphil.com: Jean-Marc Borello, merci d’avoir accepté cette interview. Ce n’est pas forcément évident pour vous, car vous n’aimez pas communiquer...

    Jean-Marc Borello: Au début, la ligne de la maison SOS était "pour vivre heureux, vivons cachés". Mais la maison grandissait, le conseil d’administration et les jeunes du groupe m’ont convaincu, en me disant: "si tu ne communiques pas, on communiquera pour toi. Il faut que tu ailles expliquer le modèle."

    L’idée de l’entrepreneuriat social commençait à prendre son envol auprès du grand public, et nous étions un exemple déjà abouti de ce que le social business pouvait donner.

    La maison SOS compte aujourd’hui 11.000 salariés: on a démontré par l’exemple que l’on est capable de créer de grandes entreprises sociales capables d’être mises en concurrence avec de grands groupes du privé lucratif et sur des secteurs extrêmement différents (santé, dépendance, emploi, jeunesse, solidarité, restauration, etc.)

    A un moment donné, c’est devenu indispensable de communiquer pour faire évoluer l’ensemble du secteur.

    Pourtant le secteur souffre toujours d’un déficit d’image. C’est ce que vous avez dit lorsque vous avez perdu l’appel d’offres pour gérer le Palais Brongniart...

    La seule raison pour laquelle nous n’avons pas eu le Palais Brongniart, c’était que nous étions face à un leader européen de l’événementiel, et cela rassurait nos interlocuteurs, alors que techniquement nous avons les capacités pour gérer des lieux comme Brongniart sans aucune difficulté.

    N’aurait-il pas mieux valu être représenté par le ministère du Redressement productif d’Arnaud Montebourg, plutôt que par celui de Benoît Hamon?

    On n’est rattaché à aucun ministère, nos statuts font que nous sommes une entreprise de l'économie sociale et solidaire, et que c’est le ministère de référence pour cela.

    La réalité, c’est que nous travaillons beaucoup avec le cabinet santé, finance, avec la secrétaire d’Etat déléguée aux Personnes âgées, etc.

    C’est déjà bien que Benoît Hamon soit rattaché au ministère de l’Economie, parce qu’historiquement l’économie sociale et solidaire était plutôt au ministère des Affaires sociales, ce qui objectivement n’avait aucun sens. Cet ancrage définitif prouve que nous appartenons aujourd’hui de plain-pied au dispositif économique.

    J’imagine que vous avez participé à son projet de loi sur l’économie sociale et solidaire...

    Nous avons participé à toutes les discussions, je suis allé défendre notre point de vue à l’Assemblée, au Sénat, au Conseil supérieur de l’économie sociale, j’ai vu le ministère et ses équipes un certain nombre de fois...

    L’idée de cette loi-cadre est de l’étendre à d’autres entreprises qui ont une utilité sociale, même si elles n’ont pas le statut de coopérative, ou de mutuelle. Est-ce une vision que vous partagez?

    Nous sommes à l’origine de cette vision. Les statuts seuls ne font pas la vertu... Spanghero était bien une coopérative! Il faut mesurer quel est l’impact social de l’entreprise. Et quand on le saura, on pourra se prononcer sur le fait qu’elle est utile, néfaste, ou pas. Quels sont les produits proposés? Les salariés sont-ils bien traités? Quel est l’impact environnemental de l’entreprise? C’est un sujet majeur pour l’avenir. Pas l’avenir de l’entrepreneuriat social, mais des entreprises tout court.

    Le vrai enjeu, c’est de ne pas exclure un certain nombre d’entrepreneurs qui, pour des raisons techniques dans un certain nombre de cas, ont choisi le statut commercial. [NDLR: l’entretien a été réalisé avant la présentation fin juillet de la loi, qui fait effectivement entrer dans la définition d'entreprise de l'économie sociale et solidaire les entreprises n'ayant pas seulement le statut "classique" de l'ESS (coopératives, fondations, associations, mutuelles)]

    Au groupe SOS par exemple, les entreprises commerciales sont détenues à 100% par les associations. On utilise donc le statut juridique pour une entreprise d’insertion, mais il y a un seul actionnaire et c’est l’association.

    Un autre sujet indiqué dans le cadre de la loi: celui de la gouvernance collégiale. Si notre secteur a été contracyclique en période de crise, c’est grâce à cette collégialité: in fine, c’est le conseil d’administration qui décide. A 100, on est plus intelligents que lorsqu'il y a un dirigeant de droit divin.

    Notre vraie fonction, c’est d’être un laboratoire. Un laboratoire pour les politiques publiques, et sans doute aussi pour les entreprises privées lucratives qui s’intéressent de plus en plus à nos modes de gestion de l’innovation, notre approche du bas de la pyramide. Nous sommes à un moment ou on apprend à co-construire entre partenaires publics, partenaires privés lucratifs, et nous qui apportons des solutions nouvelles.

    Quand la loi sera passée, le combat sur l’image et le cadre juridique sera gagné. Le prochain objectif sera de mettre en place les outils afin que la création de grands groupes de l’entrepreneuriat social soit facilité.

    En voulant étendre la définition de l’ESS, ne prend-on pas le risque de perdre les marqueurs identitaires, comme la limitation des salaires? Il y a encore des débats pour savoir s’il faut limiter l'écart de 1 à 10 ou de 1 à 20. Qu’en pensez-vous?

    Nous tenons à ce que cet écart soit indiqué comme nous tenons à ce que pour les entreprises de statut non ESS, un certain nombre de règles soit respectées: la collégialité, la distribution limitée de dividendes, la transmission en cas de cession à une autre structure de l’ESS des actifs, etc.

    Paradoxalement, si on applique aujourd’hui les principes du Mouves, cela exclut du dispositif un certain nombre d’organismes statutaires. On sait tous que certaines banques coopératives ont des écarts de salaires de 1 à 200. Et cela ne nous paraît pas correspondre aux principes de l’entrepreneuriat social.

    Comment recruter et retenir des diplômés de grandes écoles si on limite les salaires?

    Ce que j’anticipe dans quelques années, c’est que le 1 à 10 sera un peu juste. Aujourd’hui les diplômés de grandes écoles dans le groupe SOS ont entre 25 et 30 ans. Si ces jeunes gens veulent faire leur carrière au groupe SOS, on va à un moment donné se heurter à un plafond. Est-ce qu'on devra, à ce moment-là, passer de 1 à 15? Pour le moment, le 1 à 10 convient tout à fait.

    On a parlé de Benoît Hamon, mais François Hollande a-t-il apporté le changement que vous souhaitiez?

    La création d’un ministère, le fait qu’il soit basé à Bercy, le fait qu’une loi encadre juridiquement nos secteurs, et un certain nombre d’outils -le fonds pour l’innovation sociale qui sera géré par la Banque publique d'investissement mais aussi un guichet à la BPI pour les entreprises du secteur- sont à la fois une réponse politique et technique au dossier. Il y a encore des sujets qui sont en cours.

    Je pense à l’application du crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) à l’économie sociale. Nous estimons qu’il y a une distortion de la concurrence entre des entreprises de l’économie lucrative qui ont vu leurs charges baisser, ce qui n’est pas notre cas, alors que nous sommes en concurrence frontale sur certains secteurs (crêches, gestion des hôpitaux, des maisons de retraite). Nous répondons aux mêmes appels d’offres!

    On pourrait vous rétorquer que vos entreprises d’insertion bénéficient d’aides...

    Oui mais là, ce ne sont pas des entreprises d’insertion. Il s’agit d’entreprises qui ont le même niveau de charges. Une commission parlementaire vient d’être nommée pour étudier les conditions de la compétitivité sur ces sujets-là.

    Encore une fois, je ne rêve pas au grand soir où le privé lucratif serait interdit de secteur. Je dis simplement qu’il y a deux modèles de gestion et ils doivent être à parité l’un et l’autre, et que le meilleur gagne avec des projets qui soient un peu différents.

    Que manque-t-il au secteur pour changer d’échelle?

    Ce qui manquait fondamentalement, c’était la volonté. S’est développée l’idée - fausse selon moi - que small is beautiful.

    Aujourd’hui, toutes les grandes structures associatives sont en train de se regrouper. Le changement de paysage est lancé. SOS le fait depuis 20 ans, d’où notre reconnaissance dans le secteur. Cette année encore, nous avons réalisé 25% de croissance. Création d’innovations et intégration, "reprise" de structures qui décident elles-mêmes de nous rejoindre: il n’y a pas d’OPA hostile.

    Votre discours ne doit pas plaire aux petites associations!

    Et bien, celles qui ne se regroupent pas vont disparaître. Je parle d’associations gestionnaires. S’il s’agit d’associations locales (club de foot, association de quartier, etc.), je considère que ça participe au lien social. Mais même parmi les associations de bénévoles -ce qui n’est pas notre cas- quelles sont celles qui fonctionnent bien?

    Regardez les Restos du coeur. Il s’agit d’une grande association nationale avec une organisation rigoureuse qui réunit des dizaines de milliers de bénévoles. Voilà pourquoi ils peuvent passer des accords avec l’Union européenne et des grands distributeurs.

    Qu’on le regrette ou pas, dans 10 ou 15 ans, il y a aura 10 fois moins d’associations, mais des associations 10 fois plus importantes!

    Pensez-vous que c’est à cette condition-là que le secteur sera capable d’absorber des fonds plus importants?

    C’est cette condition qui permettra au secteur d’être considéré comme une alternative crédible au privé lucratif! Mes concurrents sont de grandes entreprises avec des capitalisations boursières. Si on veut être crédible, on doit nous-mêmes offrir une solution alternative sérieuse, y compris au plan international.

    Etes-vous satisfait des 500 millions d'euros qui devraient être alloués au secteur par la Banque publique d'investissement?

    Je serai satisfait quand je les verrai, et quand je verrai les critères d’attribution. Objectivement, il s’agit de prêts. Il y a des secteurs qui seront insuffisamment rentables pour le privé lucratif. Certains des hôpitaux que nous gérons ne dégageront jamais plus que 0,5% de rentabilité. Le privé lucratif n’ira jamais. Même si ce n’est pas très rentable, on gérera ces hôpitaux, on les mettra en état et on permettra l’accès aux soins à la population qui est autour.

    Ca veut dire qu’on n’a pas besoin de subventions mais qu’on a besoin d’avoir accès à des prêts. SOS est en train de construire quatre maisons de retraites pour personnes âgées dépendantes. On va investir 45 millions d’euros dans l’immobilier, il va bien falloir qu’on nous les prête!

    Quelles sont pour vous les autres pistes de financement pour favoriser la montée en puissance du secteur? L’épargne solidaire vous paraît-elle crédible?

    La recherche de sens gagne les épargnants. On a pris conscience de certaines pratiques, à savoir que le bénéficice maximum pendant un court laps de temps conduisait les entreprises à leur perte. Il y a eu cette épargne salariale solidaire et donc l’obligation d’investir cette épargne dans des projets qui à la fois sont porteurs d’une logique d’intérêt général et à la fois sont moins risqués.

    Il y a aussi le Comptoir de l’innovation...

    Le Comptoir de l’innovation résulte très exactement de cette idée-là. C’est une société de capital-risque qui va disposer de 20 millions d’euros (on est à 10 pour le moment). Nos investisseurs ne sont pas des investisseurs sociaux, mais des entreprises comme Axa par exemple, qui nous disent: 3% de rentabilité c’est bien, mais avec un impact social et une certaine sécurité dans les placements.

    Nous finançons le développement des entreprises sociales à hauteur de 500.000 euros à 2 millions d’euros. Nous évaluons l’impact social (à quoi ça sert, comment ça marche, à qui ça rend service, à combien de personnes ça rend service), les équipes financières évaluent les points économiques. Et avec ces deux évaluations, le comité d’investissement décide d’allouer ou non les prêts.

    On a bien compris que la puissance publique ne pouvait pas distribuer ad vitam æternam des subventions. On a simplement besoin d’outils financiers spécifiques.

     

    > Dans la seconde partie de cet entretien, Jean-Marc Borello évoquera notamment la question de la gestion des ressources humaines dans l’économie sociale et solidaire.


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  • Les pieds sur terre.... (Jean-Marc BORELLO)

    2013    192 p.   15 €

       Depuis sa création en 1984, le Groupe SOS connaît une croissance exponentielle : il compte aujourd’hui 10 000 salariés qui agissent chaque année auprès d’un million d’hommes et de femmes, gérant des hôpitaux, des maisons de retraite médicalisées, des centres d’hébergement pour sans-abri, des foyers pour enfants en difficulté, des cabinets de conseil en développement durable, un fonds de financement, un réseau de radios associatives... Quatre ans après la parution de SOS contre toute attente, ce livre donne à nouveau la parole à son fondateur. Jean-Marc Borello revient sur l’histoire et le développement du Groupe SOS, dont il décrit les objectifs et le mode d’organisation original. Son credo : un grand groupe de l’économie sociale et solidaire peut rivaliser avec d’importantes entreprises privées, sans renoncer au principe de non-lucrativité ni à ses valeurs. Cet ouvrage est aussi le portrait d’un homme pour qui la prise de risque est le moteur essentiel de toute action, pour qui « l’impuissance, c’est l’incapacité d’essayer et non l’incapacité de réussir ».

      Après une enfance à Gardanne, au coe ur du bassin minier de Provence, entre un père militaire de carrière et une mère ouvrière, Jean-Marc Borello embrasse à 18 ans le métier d'éducateur auprès de jeunes en difficulté et devient expert en toxicomanie il sera même recruté au sein de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue créée par le gouvernement de Pierre Mauroy. Il découvre l'entrepreneuriat « classique » en 1987 et prend la tête d'un groupement de PME durant dix ans. Il se consacre ensuite à plein temps au Groupe SOS, dont il avait créé les premières associations en 1984, à titre bénévole. Trente ans plus tard, il assume toujours la direction de ce géant de l'économie sociale et solidaire qui a, depuis, créé ou repris de nombreuses entreprises sociales, continuant à surprendre par la mise en place de dispositifs innovants.


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  •   Oui pour une recherche scientifique indépendante qui valorise les ressources biologiques locales  (ccfd-terre solidaire)  (Publié le 28/07/2011)

      La Coalition pour la Protection du Patrimoine Génétique Africain (COPAGEN) est un mouvement social et citoyen ouest-africain. C’est un réseau composé d’organisations de la société civile de 9 pays de l’UEMOA (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo), ainsi que la Guinée Conakry et le Tchad.

      Partenaire(s) :COPAGEN
     
     

    Elle comprend comme principaux acteurs, des Organisations paysannes, des ONG (dont des partenaires du CCFD-Terre Solidaire, par exemple : Acord Mali, Acord Guinée, Inades Formation, l’AOPP), des associations de consommateurs, des associations de développement, des syndicats, des mouvements des droits de l’homme, des organisations de jeunes, de femmes, des individus etc.

    Le mouvement soutient les droits collectifs des communautés locales et des agriculteurs sur le patrimoine génétique africain, et rejette le génie génétique dans l’alimentation et l’agriculture.

    La mission de la coalition est d’œuvrer pour la sauvegarde du patrimoine génétique agricole africain, et pour une utilisation durable des ressources biologiques africaines, à travers la protection des droits des communautés locales et des agriculteurs.

    Le message de la COPAGEN est : « Oui pour une recherche scientifique indépendante qui valorise les ressources biologiques locales et les connaissances traditionnelles et endogènes dans l’intérêt des petits agriculteurs et des consommateurs africains, non au brevet du vivant et aux OGM face à tous les risques avérés et potentiels actuels qui y sont attachés. ».

    La COPAGEN se mobilise autour de 3 axes :
     

    - une mobilisation pour influencer l’avant projet de loi sur la biodiversité prévu par la CEDEAO et le CILLS,
    - organiser la résistance paysanne en Afrique de l’Ouest face aux accaparements des terres
    - la maîtrise par les paysans de la production et de l’amélioration des semences est un enjeu majeur de souveraineté alimentaire.

    La COPAGEN est coordonnée par le secrétariat d’Inades Formation basé à Abidjan. Elle coordonne ses actions avec l’African Biodiversity Network qui organise la mobilisation paysanne en Afrique de l’Est et Australe autour des mêmes enjeux.


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  • Halte à la

    2012    295 p.   23,90 €

         Pour la première fois, avec cet ouvrage, le monopole monétaire des banques et les déséquilibres qu'il engendre sont analysés et dénoncés : amplification des effets cycliques et de l'instabilité financière, concentration de la richesse, dévaluation du capital social, pensée économique réflexe et mimétique privilégiant le court terme, etc.

      À contre-courant des idées dominantes et pour contrer les effets ravageurs du système monétaire actuel, une voie profondément originale est ici proposée : briser le monopole des banques et généraliser un instrument déjà existant mais encore trop peu utilisé les monnaies complémentaires , ce qui permettrait enfin de rétribuer et d encourager la solidarité, de favoriser la protection de l'environnement ainsi que la santé de tous.

       Un appel salubre et opportun au débat et à la réflexion !
      
        Bernard Lietaer, professeur de finance internationale et spécialiste des questions monétaires, a été l'un des architectes de l'ECU, le mécanisme de convergence à l'origine de la monnaie européenne.
        Christian Arnsperger est professeur d'économie à l'Université catholique de Louvain.
       Sally Goerner est diplômée en ingénierie, physique des systèmes et psychologie. Ses travaux portent sur l intégration de la complexité aux sciences humaines.
       Stefan Brunnhuber est vice-président de l'Institut européen de médecine et professeur invité de nombreuses universités.
       Le Chapitre européen du Club de Rome est un think tank international, affilié au Club de Rome. Sa vocation est de lancer des passerelles entre les institutions de l'Union européenne et le Club de Rome. Il entend servir de forum de réflexion sur le développement durable en Europe et à l'échelle planétaire.Système monétaire - Monnaies complémentaires - Ecosystème - croissance durable

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  •   Comment on nourrit les gens?

    Un Message de Marie-Monique Robin:

      « Comment on nourrit les gens ? Si on fait des produits absolument sans pesticides, c’est 40% de production en moins, 50% de coûts en plus ». C’était dernièrement dans la bouche du représentant de l’industrie agro-alimentaire, confronté aux constats de « Notre poison quotidien » sur un plateau télé.

      Sous une juste préoccupation, l’argument 1000 fois entendu, dernier retranchement des défenseurs d’un certain modèle agricole… « le pire à l’exception de tous les autres ». C’est à ce soi-disant réalisme, qu’il faut répondre aujourd’hui. Car dans un monde où s’alimenter n’est pas à la portée de tous, l’agriculture paysanne dispose d’alternatives, et si l’on prend en compte les dépenses indirectes, elles ne sont pas plus coûteuses ni moins productives que le modèle industriel.

      « Comment on nourrit les gens ? », mais pour de bon : voilà le sujet de mon prochain documentaire.

    SOUSCRIVEZ ! PREACHETEZ LE DVD DE « COMMENT NOURRIR LES GENS »

    21 avril 2011


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  •  Cyber @ction N° 560 : Passez des paroles aux actes !

    La cyber @ction est signable en ligne
    http://www.cyberacteurs.org/cyberactions/passez-paroles-actes-649.html

    Interdit, autorisé, suspendu… En quelques années, le célèbre maïs est passé par tous les stades et, contrairement à sa volonté affichée de renoncer aux cultures OGM en Europe, Monsanto n'a pas retiré sa demande de renouvellement d'autorisation. En mars 2012, une mesure d'urgence avait été prise pour suspendre en France l'autorisation de le cultiver. Le Conseil d'Etat vient de la casser, car le gouvernement Fillon n'avait pas voulu utiliser le seul argument juridiquement incontestable : le droit de produire et de consommer sans OGM. Cessons de tergiverser sur la question. Un nouveau moratoire doit être pris avant les prochains semis. Et, cette fois, il ne doit pas laisser la porte ouverte à la contestation des multinationales.

    Pour cela, l'Etat doit enfin réaliser une évaluation indépendante et de longue durée de tous les impacts sanitaires, environnementaux et socio-économiques. Un tel débat ne peut s'appuyer sur les études tronquées et secrètes des promoteurs des OGM.
    On le sait, les OGM ne peuvent coexister avec les cultures conventionnelles et biologiques, ni avec l'apiculture. De plus, ils compromettent le droit de ressemer en contaminant irréversiblement nos semences. Les consommateurs en sont aussi convaincus puisqu'ils ont exprimé leur refus de retrouver des OGM dans leurs assiettes.
    Notre nouveau ministre de l'Ecologie, lorsqu'il était député du Gers, a clamé sa volonté de ne pas voir d'OGM dans les champs. Alors que les négociations sur les accords de libre-échange avec les Etats-Unis, seul pays promoteur des OGM, viennent de débuter, l'interdiction du MON810 serait un signe fort de l'ambition du gouvernement d'aller vers un modèle d'agriculture qui soit respectueux de l'environnement et qui assure un avenir à tous les paysans, en se plaçant au service des citoyens et non des lobbies des multinationales.

    La Confédération paysanne, la Fédération nationale de l'agriculture biologique, L'Union nationale des apiculteurs français et plusieurs ONG ont appelé jeudi le ministre de l'Agriculture à passer "aux actes" après l'annonce de la levée de l'interdiction du maïs OGM de Monsanto.

    Le ministre de l'Agriculture prône l'avènement d'une agro-écologie, résolument opposée au monopole alimentaire des firmes agroproductivistes", écrivent tous ces acteurs opposés aux OGM, avant d'inviter le ministre à passer "des paroles aux actes".
    "Pour être cohérent, le gouvernement doit refuser sur nos territoires les cultures de plantes génétiquement modifiées", ajoutent-ils dans le communiqué signé par l'Unaf, la Fnab, la Confédération paysanne, Greenpeace, Les Amis de la terre, FNE, Nature et progrès.
    "Nous attendons du gouvernement des mesures d'interdiction définitive des cultures d'OGM", poursuivent-ils grâce à "des mesures qui ne doivent plus prêter le flanc à des arguties juridiques".

    L'interdiction par le gouvernement de cultiver cet OGM en France avait déjà été suspendue en 2011 par la justice pour carence de fondement juridique, avant qu'un nouveau moratoire soit instauré en mars 2012.

    Nous vous invitons à interpeller les Ministres de l'agriculture et de l'Ecologie avec copie à vos députés nationaux et européens.

    COMMENT AGIR ?

    Sur le site : La cyber @ction est signable en ligne sur le site de cyber'@cteur


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  •  

    Economie et société

    2011     164 p.   13 €   

      Une économie au service de la société, un vœu pieux ? Une économie au service de la société plutôt qu'une société au service de l'économie, est-ce une utopie ? Depuis la crise globale suscitée par l'effondrement financier de 2008 aux États-Unis, la recherche de pistes de sortie de crise non capitalistes foisonne et une nouvelle pensée socioéconomique émerge.
       Le décalage de plus en plus manifeste entre, d'un côté, les valeurs de l'économie dominante (le tout au marché) et de l'autre, les valeurs de la société (démocratie, justice économique et sociale, défense des écosystèmes) nous conduit à un tournant de l'histoire économique et sociale.
      Ce livre, fruit d'une collaboration autonome de deux chercheurs avec le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM), se veut une contribution pour une meilleure connaissance des enjeux actuels du Québec et de la planète (inséparablement liés), une proposition sur les visées stratégiques de renouvellement de notre "modèle" de développement et une invitation à transformer les formes de solidarité entre les mouvements sociaux. Bref une réflexion sociale, scientifique et critique liée à l'avancement d'une mondialisation équitable.
      Louis Favreau, Ph D en sociologie, est professeur à l'Université du Québec en Outaouais et titulaire de la Chaire de recherche en développement des collectivités. Il a été membre, directeur, puis rédacteur en chef de la revue Économie et Solidarités entre 1990 et 2000.
      Ernesto Molina, M A en sociologie, en travail social et en développement des coopératives, est enseignant à l'Université de Sherbrooke. Il a été rédacteur en chef de la revue UNIRCOOP (2003-2008), revue internationale traitant des coopératives dans les pays du Nord et du Sud.

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  • Au coeur de la monnaie ( Bernard LIETAER  )

    2013   600 p.   24 €

       Est ce que l'argent moderne est en cohérence avec nos besoins et valeurs d'aujourd’hui? Et si nos systèmes monétaires constituaient le dernier grand tabou de notre époque ? Et s’ils étaient en fait fondés plus sur des émotions collectives et inconscientes que sur une rationalité ?

       Expert de la chose financière, Bernard Lietaer nous convie à un passionnant voyage de vingt huit mille ans jalonné par des archétypes, de la préhistoire à Wall Street. Il aborde notamment ceux de la Grande Déesse, de la féminité, de l’argent Yin. La mise en lumière de la dimension émotionnelle de la monnaie nous renvoie aux tréfonds de notre psyché. Il s’agit de guérir nos blessures face à l’argent pour le remettre à sa place de serviteur, au lieu de maître. 

        Bernard Lietaer a derrière lui trente ans d'expériences professionnelles dans des domaines très divers : administrateur de banque centrale et directeur général de fonds monétaire ; consultant auprès de firmes multinationales, mais aussi de pays en développement ; il a été professeur de Finance Internationale à l'Université de Louvain, la plus ancienne université de Belgique, son pays d'origine, avant de devenir le plus haut dirigeant en charge des Services d'Organisation et d'Informatique de la Banque Centrale de Belgique. Son premier projet, en cette fonction, a été de dessiner et d'implanter le système de la monnaie unique européenne. Durant cette période il a également présidé le système de paiement électronique de la Belgique, considéré à l'époque, comme le plus complet et le plus performant au monde. Pour l'autre côté du miroir, il a aidé des pays en développement d'Amérique latine à améliorer la solidité et l'attractivité de leurs monnaies. Au cours de sa carrière, il a été à même d'anticiper les principaux bouleversements monétaires. Son premier livre propose des outils de gestion pour le flottement des devises (qui se produisit quelques années après). Dans un autre ouvrage, il est le premier à mettre en garde contre les perspectives de crise de la dette en Amérique latine (crise qui eut lieu dans les années 1980). L'Avenir de la monnaie (non traduit) a été composé alors qu'il collaborait avec le Centre pour un Développement durable (à l'Université de Berkeley - Californie), et avec l'Université d'Etat de Sonoma (également en Californie). Le livre a ceci d'exceptionnel qu'il offre un tableau cohérent de la question monétaire, à partir des différentes expériences professionnelles de l'auteur. Il vit à Bruxelles.
       L’auteur tire de ce voyage des enseignements très actuels pour éclairer les choix monétaires du XXle siècle. Alors que la situation du système monétaire global de la planète semble devenir ingérable, ce travail de recherche, très bien documenté, ouvre des opportunités exceptionnelles pour trouver des réponses innovantes hors du cadre de la pensée unique.


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  • 2013    132 p.   7 €

       Sans un minimum de ressources, le nouveau citoyen ne peut vivre pleinement les principes républicains de liberté, d'égalité et de fraternité», déclarait Thomas Paine en 1792. Et pourtant deux siècles plus tard cette idée semble être restée lettre morte. Les produits de haute nécessité ne sont toujours pas accessibles à tous : logement, alimentation, vêtements, énergie et eau potable, éducation, santé, convivialité.
       Et pourtant nos sociétés, qui n'ont jamais été aussi riches, s'arc-boutent sur l'accumulation croissante de richesses pour atteindre cet idéal. Et si la résolution des inégalités ne passait pas par une croissance infinie ?
    À travers la critique radicale de la société de croissance, du développement, du capitalisme et du productivisme, les objecteurs de croissance proposent un outil économique, social et d'émancipation, permettant d'échapper aux effets d'une récession sans en appeler à toujours plus de croissance. La DIA (Dotation Inconditionnelle d'Autonomie), couplée à un RMA (Revenu Maximum Acceptable), est un outil pour sortir de l'impasse destructrice vers laquelle nous entraîne toujours plus vite la société de Croissance.
       Au-delà d'un simple correctif, la DIA vise à susciter dialogues et débats sur ce qu'est le «vivre ensemble», sur la manière de créer «plus de liens» sans pour autant créer «plus de biens».
       Ce manifeste pour une DIA débute par les origines de la Décroissance et propose des pistes, des réflexions susceptibles d'initier une transition sereine et démocratique vers des sociétés écologiquement soutenables et socialement justes.
      En cela, il représente un projet de Décroissance.

    Pour retrouver plus de liens, articles, textes, vidéos, références et discussions autour du livre : www.projet-decroissance.net. Contact : contact@projet-decroissance.net
     
      Revue de presse
      Un revenu égal pour tous d'un côté, un revenu maximal de l'autre : voilà la vision économique exprimée par des partisans de la décroissance dans cet ouvrage qui ne vise rien moins qu'à bouleverser la société. Il est peu probable qu'il y parvienne rapidement, mais la vision présentée est si radicalement opposée aux dogmes dominants qu'elle en devient diablement intéressante...
      Il ne s'agit pas là d'une simple redistribution, mais de la réorganisation du système économique...
    La condition pour réussir cette transformation radicale de l'économie est "une forte adhésion de tous et une participation à cette volonté de changement". Pour le moins... Mais il faut bien commencer un jour, et ce petit livre stimulant y contribue incontestablement. (Hervé Kempf - Le Monde du 14 mars 2013 )

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  • Transition écologique

    2013   172 p.  13 € 

       Développer une économie verte au-delà du capitalisme vert, est-ce pensable ? C'est non seulement pensable, mais des initiatives se manifestent par milliers un peu partout sur la planète. De plus en plus de mouvements prennent acte de l'urgence écologique au Québec et ailleurs dans le monde: gaz de schiste ici, biodiversité menacée là, réchauffement climatique de plus en plus menaçant...
      La recherche de solutions non capitalistes à ces problèmes se fait active, et des pratiques, des stratégies, des politiques de transition écologique de l'économie émergent. Car, contrairement à ce que l'habitude nous empêche d'envisager, l'économie peut être au service de la société. Pour ce faire, des mouvements, des communautés et des régions doivent s'engager directement sur le terrain de l'économie tout en négociant avec leur Etat pour qu'il favorise des politiques publiques conséquentes.
      Louis Favreau et Mario Hébert, se nourrissant des réflexions émises à l'occasion du Forum international des dirigeants de l'économie sociale et solidaire (FIDESS) et par les organisations québécoises qui en sont membres, présentent des analyses, mais également des propositions pour agir dès maintenant en matière de conversion écologique de l'économie. Ils rendent également compte des plus récentes recherches sur ce thème. Leur livre intéressera tout autant les militants, les dirigeants et les professionnels des mouvements sociaux que les chercheurs et les enseignants en organisation communautaire, en développement régional et, plus généralement, en sciences de l'environnement de même qu'en sciences économiques et sociales.
       Louis Favreau, Ph D (sociologie), est professeur à l'Université du Québec en Outaouais et titulaire de la Chaire de recherche en développement des collectivités (CROC). Il est également vice-président du Groupe d'économie solidaire du Québec (GESQ) et président de l'Association Solidarité Sud.
      Mario Hébert, économiste, est responsable du développement durable et économiste en chef à la Coop fédérée après avoir été directeur de la recherche et des politiques agricoles à l'Union des producteurs agricoles (UPA). Il est aujourd'hui directeur des affaires publiques à Fondaction (CSN).

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  •   Les toilettes économes des Japonais et 9 autres bonnes idées à importer

    Pascal Riché | Cofondateur Rue89
     

    Suite de notre inventaire des bonnes idées, bonnes pratiques, bonnes réformes repérées à l’étranger par nos riverains, après notre tome un.

    11 Pour économiser l’eau des toilettes, une idée brillante

    Japon

     


    Les toilettes japonaises économiques (Stéphan Bricogne pour Rue89)

    Au Japon, Stéphan a croisé « une chose extraordinaire » dans de nombreuses maisons personnelles :

    « Je me suis toujours demandé pourquoi on avait importé de ce pays des choses inutiles (Tamagotchi et autres karaokés) mais pas cette idée tellement simple et géniale. »

    Jugez plutôt :

    « Après utilisation des toilettes, vous tirez la chasse d’eau normalement. De l’eau sort automatiquement par un robinet (cf. photo). Vous vous lavez les mains avec cette eau. Certes, elle deviendra “sale” et savonneuse, mais elle ira directement dans le réservoir des toilettes car le lavabo est situé au-dessus de la chasse d’eau. La prochaine fois que vous tirerez la chasse d’eau, ce sera avec de l’eau déjà utilisée. »

    Bilan dressé par Stéphan :

    • une économie considérable d’eau ;
    • une incitation à se laver les mains (l’eau sortant du robinet, autant se laver) ;
    • gain de place, lavabo et toilette étant sur la même unité d’espace.

    12 Pouvoir choisir les lettres de sa plaque d’immatriculation

    Etats-Unis

    100 bonnes idées à importer
    Merci de nourrir cette rubrique en envoyant à redchef[at]rue89.com de courts textes décrivant des trucs que vous souhaiteriez importer en France (quelques paragraphes et, si nécessaire, une photo ou une vidéo). Merci de préciser « 100ID » dans l’objet du message.

    Les administrations, pour peu qu’elles se creusent la tête, peuvent trouver des recettes intéressantes. Ainsi, pourquoi ne pas vendre la possibilité de personnaliser sa plaque minéralogique ? C’est ce que font les Etats américains.

    Le DMV (Department of Motor Vehicules) de Washington DC propose par exemple de choisir sept caractères, lettres ou chiffres. Il accepte tous les mots, sauf ceux qui sont déplacés (« offensive ») : « Fuckyou » a peu de chance d’être accepté. Le prix : 100 euros (au lieu de 10 pour une plaque ordinaire).

    Un habitant, Danny White, a eu une mauvaise surprise : il avait choisi comme plaque, pour sa Chevrolet, « No-Tags » (sans plaque). Il s’est retrouvé avec 20 000 dollars d’amende : les ordinateurs du DMV n’ont pas apprécié la blague. Et dès qu’un policier verbalise une voiture sans plaques, il écrit « No Tags ». Vous devinez la suite...


    La plaque d’immatriculation de Danny White (Capture d’écran de NBC)

     

    13 Des buanderies avec machines à laver dans les immeubles

    Suisse, Canada, Etats-Unis, Allemagne

     

    Le lavoir « banal », c’est-à-dire collectif, existait dans tous les villages de France autrefois. Pourquoi ne pas le restaurer ? Cela existe dans d’autres pays, comme la Suisse, les Etats-Unis, la Corée ou encore le Canada.

    Balala :

    « Un truc pratique en Suisse, une laverie dans chaque immeuble collectif : deux machines à laver et un étendoir avec ventilation. Chacun réserve son horaire et le respecte. Chacun nettoie et laisse la machine et le local propres pour le suivant. »

    Fabien, qui vit à Québec :

    « J’ai, dans mon immeuble, trois laveuses et trois sécheuses. C’est aussi nickel que notre piscine. Et pas besoin de s’inscrire à l’avance, bien que ce soit l’un des très rares immeubles de grande hauteur de la ville. »

    Commentaire de Myriam, qui a elle aussi admiré les buanderies québécoises :

    « C’est beaucoup plus pratique que de faire acheter par chaque ménage une machine qui coûte cher, prend énormément de place, et entraîne des dégâts des eaux.

    Dans le même esprit, on pourrait mutualiser une caisse à outils entre les résidents d’un même immeuble : pourquoi continuer à s’équiper individuellement de la panoplie complète de bricolage pour des outils dont on ne se sert que quelques jours dans l’année ? »

    Et puis, c’est une bonne occasion de connaître ses voisins.

     

    Lvi, à Munich, en Allemagne, précise que dans la buanderie des immeubles, « un tableau est mis en place pour s’inscrire (parfois des journées entières sont attribuées lorsque l’immeuble est petit), l’utilisation des machines coûte entre 1,5 et 2,5 euros. »

    14 Tracer des fils d’Ariane pour les connexions dans le métro

    Tokyo, Japon


    Des lignes jaunes à suivre pour trouver son chemin (M&eacute ; tro de Tokyo, capture d’ecran)

    Dans le métro de Tokyo, le marquage au sol est omniprésent. Par exemple sur les quais, des marques indiquent où se trouveront les portes des rames lors de l’arrivée du métro. Les usagers se rangent derrière ces marques, qui sont suffisamment éloignées du quai pour que ceux qui sont dans le métro puissent sortir préalablement sans difficulté.

    Mais Chatmioumiou indique qu’il existe aussi des lignes peintes au sol qui permettent aux usagers du métro d’être guidés vers leur connexion. Ces bandes en relief sont également très utiles pour les aveugles.

    15 Obliger les véhicules dangereux à marquer l’arrêt aux passages à niveau

    Canada, Etats-Unis


    A l’arrière de certains véhicules, ce signe prévient les automobilistes qui les suivent

    C’est Maxime qui a constaté cette bonne pratique en Amérique du Nord : à chaque passage à niveau, gardé ou non, tous les bus, autocars, vides ou non, ainsi que les camions transportant des matières dangereuses (ex : carburant) doivent systématiquement allumer leurs warnings et marquer l’arrêt.

    Même sur les passages à niveau équipés de barrières automatiques, la règle demeure. Pour distinguer les véhicules qui doivent suivre cette règle, un autocollant à l’arrière dudit véhicule le mentionne à l’intention des autres usagers.

    Souvent, les accidents surviennent lorsque les véhicules s’engagent alors que la sonnerie a commencé à retentir et avant que les barrières ne soient complètement baissées. En marquant un stop obligatoire, ces véhicules ne peuvent « forcer » le passage.

    16 Des épiceries qui vendent tout ouvertes 24h/24

    Etats-Unis, Thaïlande

    On les trouve dans de nombreux pays : Etats-Unis, Thaïlande, Australie... Ce sont des épiceries ouvertes 24 heures sur 24 et sept jours sur sept, de type « 7-11 ». Sylvain, un riverain vivant au Japon, les vante ainsi :

    « On y trouve aussi bien des magazines que des plats tout préparés, des snacks et du café en canette. Mais également des choses pouvant être utiles en cas d’urgence : pansements, désinfectant, œufs, glaçons... Sans oublier alcool et tabac (ce qui serait très important en France). En gros, presque tout. Dans ces épiceries il est même possible, dans certains pays, de payer ses factures d’électricité ou de téléphone mobile, ainsi que ses abonnements de transport.

    La plupart des personnes y travaillant sont des étudiants. Utile pour procurer des jobs à des jeunes qui doivent payer leur loyer dans des grandes villes...

    Dans plusieurs pays, on en trouve facilement plus d’une dizaine par kilomètre carré dans les centres-ville. S’il y en avait trois ou quatre par arrondissement à Paris, ça serait déjà pas mal, non ? »

    17

    Les feux qui repassent à l’orange avant de passer au vert

    Pologne, Allemagne, Grande-Bretagne...

     


    Un feu rouge-orange à Warrington, au Royaume-Uni (Velela/Wikimedia Commons/CC)

    En Pologne et beaucoup d’autres pays, les feux tricolores passent par l’orange entre le vert et le rouge, mais aussi entre le rouge et le vert.

    En fait, en Pologne, quand le feu s’apprête à passer au vert, le feu rouge et le feu orange s’allument simultanément pour bien faire comprendre au conducteur qu’il doit se tenir prêt à redémarrer mais qu’il ne doit pas le faire avant que le vert ne s’allume.

    Cela évite de perdre 10 secondes pour que le premier de la file se rende compte qu’il faut embrayer et accélérer. Et donc de mieux fluidifier la circulation. (Merci à Yoanna et Lætitia)

    18 Les administrations de proximité ouvertes le soir et le samedi matin

    Belgique

     

    En Belgique, la plupart des administrations de proximité sont ouvertes le samedi matin et/ou le soir après 17 heures (souvent jusqu’à 19 ou 20 heures). C’est-à-dire lorsque les gens ont le temps de s’occuper de leurs affaires administratives... Honneteetjuste35 s’en félicite et ajoute :

    « De mon expérience, je n’ai connu que des fonctionnaires ouverts, souriants, sympas ET compétents. »

    19 Pouvoir donner à des organisations humanitaires depuis le distributeur de billets

    Grande-Bretagne

     


    Un écran de distributeur, aux Etats-Unis

    Sur l’image ci-dessus – une capture d’écran d’un distributeur de la banque américaine Wells Fargo –, on voit qu’il existe une fenêtre cliquable « Donate to charity » (« Faire un don à une œuvre »).

    Christian, à Bristol, aime pouvoir donner un peu d’argent à telle ou telle « charity » depuis son distributeur de billets. C’est quelque chose de courant dans les pays anglo-saxons. Il écrit :

    « C’est aussi simple que de retirer de l’argent. L’importer en France permettrait de stimuler ces associations, que ce soit une très grande ou une plus locale, sélectionnées par l’agence. »

    20

    Récupérer de la monnaie au supermarché, quand on paye par carte

    Etats-Unis, Grande-Bretagne

     


    L’affiche du film « Cashback »

    Aux Etats-Unis, mais aussi en Grande-Bretagne, on peut récupérer de l’argent liquide au supermarché, au moment de payer ses courses avec sa carte. On choisit l’option « cashback » puis le montant (quelques dizaines de dollars) qui est ajouté à l’addition et que l’on récupère en liquide.

    Si vous achetez par exemple pour 30 dollars de nourriture, vous pouvez ainsi payer 50 dollars et le caissier vous rendra 20 dollars en liquide.

    C’est un service gagnant-gagnant :

    • cela permet au client d’éviter un déplacement au distributeur de billets ;
    • pour le magasin, cela réduit les frais de gestion des espèces (garde, enlèvement par un service de convoyeurs de fonds, etc).

    Commentaire de Salary, qui appréciait ce « petit truc » quand il était aux Etats-Unis :

    « Bien pratique dans un pays où les frais de retrait dans une banque différente de la sienne sont élevés (2 dollars minimum), les agences bancaires moins nombreuses et les supermarchés ouverts 24 heures sur 24. »

    L’expression « cashback » a été reprise pour le titre d’un film de 2007 de Sean Ellis, se déroulant dans un supermarché.

    A suivre ! (publié par Rue 89)


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  • 2011     74 p.   10,30 €

      Court, clair, simple, complet, facile à lire... cet ouvrage fait le point sur un sujet qui, après de nombreux accidents nucléaires plus graves et plus dramatiques les uns que les autres dont celui de Fukushima devenu malheureusement aussi célèbre que celui de Tchernobyl, est plus que jamais d actualité. Le vent, lui en effet, est gratuit, inépuisable et sans danger... Comme le soleil, c est une source d énergie naturelle et renouvelable à l infini. Or, l humanité doit utiliser tous les moyens dont elle peut disposer si elle souhaite poursuivre sa route et trouver un équilibre. Les éoliennes modernes, descendantes directes des dizaines de milliers de moulins à vent qui existèrent de par le monde, sont des machines ultra performantes et partout disponibles. Avec toutes les autres possibilités de la nature que nous avons et qui préservent l environnement, elles représentent l avenir de nos enfants et la survie de la race humaine sur la planète Terre.

      Philippe DORSET : est un simple citoyen, écologiste depuis toujours, antinucléaire, pacifiste, humaniste... Il a été surpris par la virulence de certains opposants à l énergie éolienne qui, à court d arguments, se contentent simplement de propager et de marteler les arguments des pro-nucléaires ou de se comporter comme les ayatollahs d une écologie extrémiste et ringarde. Effrayé par ce constat, il a décidé de faire entendre un autre point de vue, plus réaliste !


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  •   "Il est essentiel de protéger les lanceurs d’alerte"

     Mis à jour le 18-07-2013

    Plusieurs parlementaires appellent le gouvernement français à se saisir du sort de l'ex-banquier Pierre Condamin-Gerbier, arrêté par les autorités suisses. Le député PS Yann Galut explique cette démarche rare.

    Yann Galut, député PS (Cher). (DR)

                                          Yann Galut, député PS (Cher). (DR)
     

    L'événement est suffisamment exceptionnel pour être souligné : huit parlementaires – des socialistes, des communistes, des centristes et des écologistes-, ont tenu mercredi 17 juillet une conférence de presse commune à l’Assemblée nationale pour sommer le gouvernement français d’intervenir auprès de la Suisse afin d'évoquer le cas de l'ex-banquier Pierre Condamin-Gerbier, arrêté la semaine dernière à Genève.

    L'ancien-cadre français de la banque suisse Reyl & Cie, qui abritait le compte suisse de Jérôme Cahuzac, a été placé en détention provisoire après avoir déclaré devant les députés français qu'il possédait une liste d'hommes politiques français détenant un compte en Suisse. Une violation du secret bancaire punie jusqu’à trois ans de prison par la justice helvétique.

     

    Yann Galut, député PS du Cher, très impliqué dans la lutte contre la fraude fiscale, interpelle le gouvernement.

    En quoi consiste exactement la démarche que vous avez lancée avec plusieurs de vos collègues parlementaires ?

    - La conférence de presse de ce matin a été menée à l’initiative de plusieurs parlementaires de diverses sensibilités. Le but est en fait d’alerter sur la situation des lanceurs d’alerte, car le combat contre l’évasion et la fraude fiscale nous oblige à créer un statut spécifique afin de les protéger. Face au secret bancaire, et notamment celui en vigueur en Suisse, il est extrêmement difficile d’obtenir des informations. Le rôle des lancers d’alerte est donc essentiel.

    Parce qu’il a décidé de collaborer avec la justice française, l’ancien banquier de Reyl & Cie Pierre Condamin-Gerbier a été arrêté par les autorités suisses le 5 juillet. C’est un vrai problème. On ne parvient pas à savoir où il est incarcéré, ni à rentrer en contact avec ses avocats ou sa famille. On demande donc au gouvernement d’intervenir et de se saisir du cas de l’ancien banquier, tout en respectant la souveraineté et l’indépendance de la justice suisse.

    Que peut faire l’Etat français ?

    - Il peut au moins se renseigner et attirer l’attention du gouvernement suisse. Au moment où la lutte contre l’évasion fiscale apparaît comme une priorité internationale, et au moment où la Suisse indique vouloir faire un pas, le fait que les autorités helvétiques aient autorisé l’incarcération de Pierre Condamin-Gerbier en raison d’une éventuelle violation du secret bancaire, ne me paraît pas aller dans le bons sens. Le gouvernement français doit donc rappeler à la Suisse qu’elle doit rentrer dans le droit commun. Ce n’est pas en mettant en prison des lanceurs d’alerte que la Suisse prendra un tel chemin.

    Pourquoi vouloir les protéger ?

    - Que les choses soient claires, je ne dis pas que Pierre Condamin-Gerbier est totalement exempt de tout reproche, je n’en sais rien d'ailleurs. Je constate simplement qu’il est actuellement l’objet d’une campagne de calomnies et que les mêmes arguments ont été utilisés contre Hervé Falciani, l’ancien banquier de HSBS, Un lanceur d’alerte peut aussi être une personne qui a commis des faits répréhensifs. La frontière avec la repentance est parfois faible. Il faut donc les protéger.

    Pierre Condamin-Gerbier avait-il fait part de ses craintes d’arrestation en Suisse ?

    - Non, il nous avait simplement raconté avoir été l'objet de menaces personnelles et de campagne de calomnies. Pierre Condamin-Gerbier, lors de son audition nous a donné des indications générales très intéressantes sur le fonctionnement et les mécanismes de l’évasion fiscale. Il voulait clairement collaborer avec la justice française mais il ne sentait pas particulièrement en insécurité.

    Votre collègue le député UDI Charles de Courson, révèle avoir subi "des pressions" pour ne pas tenir cette conférence de presse ? Vous aussi ?

    - J’ai subi des questions mais pas de pressions. Il faut rappeler que Charles de Courson est également président de la commission d’enquête parlementaire sur l’affaire Cahuzac, il a donc décidé de participer à cette initiative commune uniquement à titre de député, pour ne pas créer de confusion.

    Pourquoi aucun député UMP ne s’est-il joint à votre initiative ?

    - C’est extrêmement rare que des députés de diverses sensibilités fassent une conférence de presse commune et décident de mener un tel combat en commun. Il y avait des socialistes, de tout courant, des communistes, des écologistes, et des centristes. Les seuls absents sont les parlementaires UMP. Pourtant, nous les avions invités à nous rejoindre.

    Enfin, vous dites vouloir vous mobiliser pour défendre les lanceurs d’alerte. Mais quid d’Eward Snowden ?

    - Je considère qu'Edward Snowden est un lanceur d’alerte, au même titre que le fondateur de Wikileaks Julian Assange. Mais ce n'était pas l'objet premier de notre initiative commune.

    Propos recueillis par Guillaume Stoll, le mercredi 17 juillet - Le Nouvel Observateur


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  •   Petits pois, une crèche écolo à Paris

      La crèche des Petits pois, située à Paris dans le quartier du Sentier, développe un projet écologique ambitieux pour sensibiliser de jeunes enfants aux problématiques de l’environnement.

    "Ce sont des petits Parisiens, ils découvrent la nature." C’est dans un coin de campagne reconstitué en plein cœur du 2e arrondissement de la capitale que la directrice de la crèche parentale des Petits pois, Anne Bernard, présente le jardin qui jouxte le bâtiment principal.

    À l’intérieur de ce carré "nature", quatre enfants âgés de un à trois ans arrosent les plantes, jouent avec la terre, cherchent méticuleusement les lombrics. Joy, cheveux roux et mains sales, découvre, fière, le ver de terre pendant que Théo, joueur, inonde le papyrus. "Encore cinq minutes", les prévient Stéphanie Étienne, une maman qui encadre l’activité. Bottes aux pieds et profitant de l’arrivée du printemps en ce jeudi 18 avril, ces jeunes Parisiens dépaysés ne veulent plus quitter le mini jardin.

    Depuis 2011, les Petits pois ont le label "écolo crèche" créé par l’Atelier méditerranéen de l’environnement (AME). "Il s’agit de présenter le développement durable de manière ludique et pratique pour que les gens, adultes et enfants, s’approprient cette problématique, explique Delphine Menard, directrice de la communication de l’AME. Cela va des matériaux du bâtiment à l’alimentation en passant par l’utilisation de produits d’entretien bio. Nous donnons les clés du respect de l’environnement."

    "Un soir, mon fils m’a fait remarquer que je n’avais pas éteint l’eau du robinet"

    S’ils sont encore jeunes, les enfants commencent à appréhender les premiers réflexes: faire attention à l’eau, éteindre la lumière, les prémices du tri sélectif et le recyclage.

    "Il s’agit de leur faire apprendre, sans pour autant faire la leçon, les bons gestes. Il faut que ça devienne normal pour eux. Et cela porte ses fruits: chaque fois qu’un enfant joue avec la chasse d’eau, les autres viennent pour lui dire que ce n’est pas bien de faire ça", sourit la directrice alors que Solal, belles bouclettes brunes, allongé sur la table à langer, assiste sans broncher au remplacement de sa couche lavable.

    Et la bonne parole est diffusée le soir chez les parents. "Un soir, mon fils Gaspard m’a fait remarquer que je n’avais pas éteint l’eau du robinet", signale avec le sourire Stéphanie.

    Des menus 100% bio

    Les choix alimentaires ne sont pas laissés au hasard: il faut faire adopter aux enfants un bon comportement respectant les saisons et l’environnement. "Beaucoup de parents ont inscrit leur enfant aux Petits pois car ils en avaient assez qu’on leur donne de la pâte à tartiner au goûter", précise Anne Bernard.

    Un prestataire (les Portions magiques) et une diététicienne construisent des menus 100% bio pour un montant d’environ 4,80 euros par repas.

    Ce jour-là, les carottes râpées d’un orange éclatant précèdent un couscous végétarien. Si Antoine refuse l’entrée en secouant la tête et en pleurant, les autres ont définitivement adopté la carte. "Au début, ils faisaient la grimace. Mais ils s’habituent et deviennent même exigeants, note Stéphanie. Quand on leur fait le soir des plats préparés, leur palais étant habitué aux produits bio, ils ne veulent pas finir leur assiette." Les parents commandent parfois à Leila Rivé, la directrice des Portions Magiques, les menus du soir.

    Les Petits pois bénéficient du soutien du maire écologiste du 2e arrondissement de Paris, Jacques Boutault. Le coût total de la crèche est de 660.000 euros, le budget annuel de fonctionnement s’élève à 285.000 euros. Il est financé par la mairie de Paris (85.000 euros), la CAF de Paris (110.000 euros) et la participation des familles (90.000 euros) - ce qui représente un montant entre 5 euros et 35 euros par jour et par famille, suivant leurs revenus.

    Aujourd'hui, quinze autres établissements ont été labélisés et une soixantaine d'autres adoptent une démarche similaire. Sensibilisés dès le plus jeune âge aux bonnes pratiques, ces enfants seront-ils la génération écolo de demain? "Pourquoi pas. Mais c’est dommage que cet apprentissage ne soit pas suivi en maternelle ou à l’école élémentaire. C’est aux parents d’assurer la continuité. Mais s’ils ont choisi notre crèche, c’est qu’ils sont conscients de ces problématiques", conclut, optimiste, Anne Bernard.

    Loin de la maternelle et plus encore du CP, la vingtaine d’enfants pratiquent avec sourire et enthousiasme le respect de l’environnement. Et intègrent les bons gestes avec l’insouciance qui caractérise leur âge. De manière naturelle en somme.

    Florent Barraco est étudiant au CFPJ et journaliste à Sport Stratégies.
     

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  •  Quatre idées pour mettre un peu de campagne en ville

    Petit tour d'horizon de quelques bonnes pratiques en matière d'agriculture urbaine.

    Des toits qui fleurissent dans les grandes métropoles du monde entier, des fruits et légumes qui prennent la place des géraniums ou des tulipes dans les espaces verts et les bacs à fleurs… Les villes avaient jusqu'à maintenant tendance à empiéter sur les campagnes, mais nous assistons progressivement à une inversion de cette dynamique.

    1. Aller au jardin… sur les toits

    Pourquoi le plaisir de faire pousser soi-même ses carottes, tomates ou pommes de terre serait-il réserver aux campagnes? Souvent moches et sans vie, les toits d'immeubles deviennent peu à peu les nouveaux terrains de jeu des agriculteurs urbains.

    À Paris, le concept a pris corps grâce à Urbagri, notamment. L’idée de Virginie Dulucq, aux manettes de cette toute jeune société, est de créer une véritable filière agricole au cœur des grandes villes. Avec quelques dizaines de mètres carrés seulement, 50cm de terre fraîche et un système d'arrosage adéquat, il est possible de faire pousser quasiment tout ce que l'on souhaite.

    La pratique d’agriculture hors-sol (hydroponie) connaît déjà un beau succès aux Etats-Unis. À New York, par exemple, les projets Gotham Green et Brooklyn Grange ont vu le jour en 2008 et 2010 dans les quartiers du Queens et de Brooklin.

    2. Des légumes dans les bacs à fleurs

    Pas de place vous faire pousser vos légumes sur le toit? L’initiative des Incroyables comestibles pourrait vous séduire. L’idée de ce mouvement: investir parcs, jardins, espaces verts et bacs à fleurs pour y planter fruits et légumes. Le petit plus: tout ce qui pousse est destiné à être partagé entre tous.

    Ce mouvement baptisé “Incredible Edible” en anglais vient tout droit de l’autre côté de la Manche. En 2008, Pam Warhurst, originaire de Todmorden (dans le Yorkshire), a eu l’idée d’utiliser les espaces urbains vacants de la petite ville pour y planter des légumes de saison et les partager avec ses voisins.

    La campagne à la ville

    Plantations en plein Paris par les Incroyables comestibles de la capitale. Crédit: Romain De Oliveira.

    Depuis, l’idée a fait son chemin principalement en Angleterre et en France. Mais on retrouve des communautés en Inde, en Afrique, en Arabie Saoudite, au Etats-Unis et même au Japon, comme le montre cette carte interactive.

    3. L'agriculture de proximité

    Si vous ne pouvez pas faire pousser vous-même vos légumes, les légumes peuvent venir directement dans vos assiettes. Grâce aux Amap ou aux regroupements de producteurs et de consommateurs, l'agriculture de proximité a pris un sérieux essor dans les villes.

    À Paris par exemple, l'association Marché sur l'eau livre chaque mardi et samedi des produits locaux par bateaux. De son côté, la plateforme La ruche qui dit oui! relie producteurs et consommateurs soucieux de consommer des produits locaux. Le concept est simple: des consommateurs se regroupent pour créer une ruche et invitent des producteurs situés à moins de 250km de celle-ci à venir vendre leurs productions.

    4. Veau, vache, mouton et poule

    Au début du mois d’avril dernier, la ville de Paris a expérimenté des tondeuses un brin insolites. Plusieurs moutons d'Ouessant ont été utilisés pour entretenir un terrain de 2000 mètres carrés des Archives de Paris, dans le XIXe arrondissement.

    Cette pratique n'a rien de farfelue. L’éco-pâturage est ancestral et présente un double avantage écologique et économique: des émissions de gaz à effet de serre nulles, et des coûts de carburant inexistants.

    Pour le recyclage des déchets, certaines municipalités vont même jusqu'à offrir des poules à leurs administrés. Non seulement les gallinacés pondent des œufs frais chaque jour, mais les poules peuvent engloutir chaque année près de 150kg de déchets alimentaires.

     

    Crédit photo: Lila dobbs/Flickr

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  • Aux quatre coins du monde, des architectes innovent pour rendre l'habitat plus responsable. Moins polluant, producteur de sa propre énergie, plus ouvert sur sa communauté. Nous vous dévoilons les initiatives les plus époustouflantes. (Youphil)

    Strawscraper (Suède)

    Ce bâtiment qui a l’air d’une immense peluche est encore à l’état de projet et devrait voir le jour à Stockholm. Ses façades sont recouvertes de centaines de fines tiges bougeant avec le vent, composées de matériaux aux propriétés piezoélectriques, c’est-à-dire dont le mouvement permet de générer de l’électricité. Avantage par rapport aux éoliennes: cette technique est silencieuse et respecte l’écosystème. Architecte et crédit: Beltachew Arkitekter.
     
    Maisons du futur?

    2Iseami House (Costa Rica)

    La maison Iseami est totalement auto-suffisante: elle utilise l’eau potable d’une concession située dans la forêt, avec laquelle elle produit également son électricité. Le toit et les murs sont principalement faits de panneaux solaires et des réservoirs permettent l’approvisionnement en eau chaude. La quantité d’acier utilisée pour que la maison résiste aux séismes a été considérablement réduite par rapport aux standards. Architecte: Robles Arquitectos. Crédit: Sergio Pucci.
      Maisons du futur? 

    3Hemp House (Afrique du Sud)

    La culture du chanvre a beau être illégale en Afrique du Sud, cela n'a pas empêché Tony Budden de l'utiliser pour construire sa maison: murs (le matériau est un excellent isolant), sols, revêtement des placards, rideaux, tapis, linge de lit… Cette plante compose la moitié du bâtiment. Les fenêtres à double vitrage sont équipées d’un moteur et s’ouvrent automatiquement quand la température maximum souhaitée est atteinte. Architecte: Perfect Places. Crédit: Deborah Rossouw.
     Maisons du futur?

    4Quartier de Kronsberg (Allemagne)

    La totalité de ce quartier d’Hannovre se veut durable: panneaux solaires, points de collecte de déchets, éoliennes, récupération de l’eau de pluie, utilisation de compost, consommation en CO2 inférieure de 60% aux standards allemands. Des appartements ont été spécialement conçus pour les personnes handicapées, d’autres sont réservés aux immigrés ou aux familles les plus pauvres. Les trois arrêts de tramway sont situés au maximum à 600 mètres de chaque habitation. Crédit: Karin Rumming.
     Maisons du futur?

    Wet + Dry House (Cambodge)

    Pensée pour résister aux fréquentes inondations qui frappent le Cambodge, la maison Wet + Dry n’est pour autant pas un bunker: des rampes ont spécialement été construites pour permettre l’accès aux personnes handicapées et un porche a été aménagé afin de favoriser la vie en communauté. Un réservoir d’eau suffit à alimenter cuisine, salle de bain et jardin. Le mètre carré ne coûte que 89 dollars, soit un coût total d’environ 2 064 dollars. Architecte et crédit: Visionary Design Development
     Maisons du futur?
    Tour de la biodiversité (France)
     
    La Tour de la biodiversité doit voir le jour en 2014. Elle accueillera des logements sociaux, un foyer de jeunes travailleurs, une crèche et des commerces. Cet édifice situé dans le 13ème arrondissement de Paris sera végétalisé à l’aide d’espèces issues de milieux sauvages, dont les graines seront semées par les vents dans le périmètre proche. La façade végétale s’étendra ainsi jusqu’au pied des autres bâtiments, créant un nouvel espace de verdure. Architecte et crédit: Maison Edouard François.
      
    Maisons du futur?
    7Hut-to-Hut (Inde)
    Le futur village touristique Hut-to-Hut sera intégralement construit à partir de matériaux locaux: bois local traité à l’huile de noix de cajou, bambou, paillasses et toilettes seront faites en pierre locale… Il produira sa propre électricité grâce à des panneaux solaires et son propre biogaz grâce à des latrines sèches. L’eau des puits sera utilisée pour les animaux et les plantations, l’eau de pluie pour les salles de bain. Architectes: Rintala Eggertsson Architects. Crédit: Pasi Aalto.   

    8Met Tower (Thaïlande)Maisons du futur?

    Conçus pour s’adapter à un environnement particulièrement humide et chaud, les espaces intérieurs et extérieurs de cette tour ne sont pas clairement séparés. Les appartements sont ouverts sur les quatre côtés afin de privilégier la ventilation transversale et se passer d’air conditionné. Des espaces verts ont été aménagés sur la totalité des surfaces horizontales de l’immeuble et les surfaces verticales sont recouvertes de plantes grimpantes. Architecte: WOHA. Crédit: Patrick Bingham-Hall.
     
     
    Maisons du futur?
    9Heller Street Park & Residences (Australie)
    Cette ancienne décharge accueille aujourd’hui dix maisons et un parc. Les séparations entre espaces privés et publics sont volontairement floues, afin de favoriser la vie en communauté. Les maisons sont équipées de panneaux solaires, de ventilation transversale, la température intérieure s’équilibre automatiquement par rapport à l’extérieur, l’eau de pluie est collectée pour irriguer le parc. Architecte: Six Degrees Architects. Crédit: Patrick Rodriguez.
     
     
     Maisons du futur? 
    Casa no Gerês (Portugal)
     
      Construite à partir d’un édifice en ruine, cette maison se situe dans une zone naturelle protégée, au bord de la rivière Cavado, au nord du Portugal. Lors de sa construction, aucun arbre de la zone n’a été coupé, certains ont même été plantés à l’occasion. Afin de respecter la limite de 60 m² autorisée pour construire, les deux tiers de la casa sont suspendus au-dessus de l’eau. Architectes: Graça Correia et Roberto Ragazzi. Crédit: Luis Ferreira Alves.

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