Depuis 2003, une action menée au Sahel montre qu'il est possible d'inverser la désertification et de permettre aux populations locales de redevenir autonomes. En effet, si en 30 ans le Sahel a progressé d'une surface supérieure à la France, aujourd'hui, grâce à l'inventivité d'un homme, J. Gasc, et à la mobilisation des clubs Rotary, il commence à reverdir.
Le constat d'origine est simple : pour stopper la désertification, il faut planter des arbres, or le sol n'est fertile qu'à partir de 1,50 m de profondeur et l'arrosage traditionnel est inefficace. Face à cette difficulté, J. Gasc a mis au point le système IRRIGASC, lequel permet d'irriguer l'arbre efficacement et de faire se développer ses racines en profondeur.
Simplissime, le procédé est constitué d'une gaine en polypropylène entièrement biodégradable, de 1,20 m de longueur (fabriquée à Dakar). Remplie de sable et percée de plusieurs trous sur un côté, la gaine est placé dans le sol avec ses trous orientés vers le jeune plant. Les orifices permettent une irrigation progressive et l'eau s'enfonçant progressivement dans le sol, les racines la suivent naturellement pour parvenir à une profondeur de 1,50 m en moins de 18 mois. A partir de ce moment, l’arrosage de l’arbuste, qui se limitait à un litre d’eau trois fois par semaine, n'est plus nécessaire.
L'opération 'Reverdir le Sahel' privilégie l'arboriculture avec la plantation de citronniers, mandariniers... et surtout manguiers, qui dès 4 ans, fourniront chacun jusqu’à 400 kg de fruits par an ! La rigueur, le financement et le suivi de l'opération sont assurés par les Clubs Rotary, sous l’égide du Club de Vendôme et en partenariat avec le Club de Dakar. L’objectif est d'atteindre 1 000 000 d’arbres plantés d'ici 2007 et 10 000 familles autonomes. Simultanément, la transformation d'une partie de la production est mise en place avec la déshydratation, pour proposer également des mangues sèches.
Actuellement plus de 100 000 arbres sont déjà plantés, permettant à plus de 1000 familles de subvenir à leur besoins. Entre chaque arbre, la transformation du sol s'opère, la pluie revient et les familles font leur 'potager', tandis que des écoles sont installées.
Chaque arbre planté coûte 2 euros, soit un investissement dérisoire pour reverdir le désert et redonner de la dignité à des milliers de familles. Chacun peut apporter sa contribution à cette opération, en finançant la plantation d'un ou plusieurs plants. Pour cela il suffit d'envoyer un chèque à l'ordre du Rotary-Club de Vendôme / Opération Sahel - BP94 - 41106 Vendôme Cedex ou en téléphonant au numéro vert 0 800 040 899 (appel gratuit).
A noter également, le salon « C’est notre terre, défendons-là » organisé à Château-Renault (Indre et Loire) les 8 et 9 mai prochain, dont tous les bénéfices serviront directement à l’opération 'Reverdir le Sahel'. Outre des conférences de qualité, dont celle de J. Gasc sur l'opération Reverdir le Sahel, les stands accueilleront des professionnels de l’environnement, de la solidarité, de l’artisanat, des produits naturels ou encore des médecines alternatives.
Mais l'innovation technique ne suffit pas. Un accompagnement local a lieu, sous la forme d'un contrat de culture signé avec chaque agriculteur. Objectif affiché : l'impliquer en le responsabilisant. Pour bénéficier des plants assistés par Irrigasc, l'agriculteur s'engage à nettoyer et clôturer son champ en y installant des rangées d'arbustes épineux, des euphorbes. Pour éviter le passage d'animaux sauvages. Il doit également avoir creusé un puit en état de fonctionner, pour devenir autonome dans l'arrosage de ses cultures. Le contrat est alors rédigé, fixant le nombre d'arbres plantés et les sanctions prévues. Si un arbre meurt, c'est une amende de 1 000 Francs CFA (environ 1,5 euros). A peu près la valeur de l'arbre planté.
Un manguier adulte peut produire 400 kg de fruits par an. Une centaine d'arbres suffisent à rendre une famille autosuffisante, en lui fournissant de quoi s'alimenter ou vendre sur les marchés. Les premières années, un rapide calcul montre un gain équivalent à cinq fois le revenu moyen annuel, estimé à moins de 200 euros. 7 ans après le début de la plantation, lorsque l'arbre entame sa maturité, le revenu de l'agriculteur grimpe à 10 fois la moyenne. Tandis que les racines des arbres s'enfoncent elles à 20 mètres sous terre.
Testé depuis 1996 à petite ou plus grande échelle, au Sénégal et dans d'autres pays africains, les résultats ont dépassé les espérances. Avec le retour de l'humidité, l'écosystème entier se trouve relancé. Même les pluies sont de retour. Aujourd'hui près de 150 000 arbres ont été plantés de cette façon. Bien plus que les 20 000 initialement prévus. Le Président du Sénégal a accordé une bourse de 45 millions d'Euros à l'ingénieur français pour qu'il adapte son système à la culture du manioc. Le réseau du Rotary Club, sollicité par Jacques Gasc (dont il est membre lui-même), se mobilise et ambitionne le million d'arbres plantés en 2007. Le mouvement est lancé.
"La réussite est totale" résume Jackie Tiphaigne, président du Rotary Club de Vendôme (41) et coordinateur principal de l'initiative. "Les gens redeviennent des acteurs économiques autonomes. Les terres sont irriguées, les arbres grandissent, et le reste des cultures suit en poussant dans l'ombre et la fraîcheur des manguiers. Finalement, on va au-delà des arbres, conclut-il, en enracinant l'homme à sa place."
Publié en mai 2004 sur le site novethic.fr
La version mise en ligne peut présenter de légères différences avec l'article ci-dessus.