•  Redistribution

      Protection sociale : les plus riches touchent trois fois plus que les plus pauvres 

    Louis Maurin   30/01/2015  alterécoplus

    Versement de l'allocation de rentrée scolaire dans une caisse d'allocations familiales du XVe arrondissement, à Paris.

    Versement de l'allocation de rentrée scolaire dans une caisse d'allocations familiales du XVe arrondissement, à Paris.©LUDOVIC/REA

    Notre système social coûte cher, mais ses dépenses bénéficient en premier aux plus aisés qui reçoivent trois fois plus que les plus pauvres. Les 10 % les plus riches ont perçu 56 milliards d’euros de revenus redistribués (17% de l’ensemble), alors que 17 milliards (5% de l’ensemble) sont allés aux 10% les plus pauvres, selon nos calculs réalisés à partir des données 2011 de l’Insee sur les revenus fiscaux.

    C’est plus équitable que la répartition du revenu : même après impôts et prestations sociales, les 10% du haut de la pyramide reçoivent sept fois plus que ceux du bas. Mais contrairement à une idée reçue, la protection sociale est loin de ne protéger que les plus pauvres…

      A qui profite la redistribution?

    L’explication de cette situation est assez simple. Notre modèle social redistribue un tiers du revenu disponible. D’abord via des prestations sociales (allocations logement, familiales, minima sociaux), très redistributrices car elles sont pour l’essentiel sous condition de ressources : elles évitent que des millions de familles se retrouvent à la rue avec leurs enfants. Encore ne faut-il pas exagérer leur poids. Ainsi, les seuls minima sociaux représentent 15% du revenu disponible des 10% les plus pauvres, ce qui représente moitié moins que ce qu’ils touchent en salaires.

    Revenus de remplacement

    La protection sociale comprend aussi des revenus de remplacement, qui sont en gros proportionnels aux revenus qu'ils remplacent. C’est le cas des indemnités journalières de maladie ou de maternité, mais surtout des retraites.

    Au total, les 10% les plus riches ont perçu 52 milliards d'euros de pensions (21% du total), contre 4,6 milliards d'euros (2% du total) pour les plus démunis. C’est l’inverse pour les prestations sociales : les 10% les plus pauvres ont touché 11 milliards, alors que les 10% les plus riches n’en ont reçu que 1,3 milliards.

    Cette situation reflète simplement l’inégalité des salaires dans l’univers professionnel

    A partir du moment où l’on accepte – comme c'est largement le cas – que les retraites soient proportionnelles aux salaires et donc aux cotisations versées1, il n’est pas injuste que les plus aisés touchent davantage de pensions. Cette situation reflète simplement l’inégalité de ces salaires dans l’univers professionnel : c’est elle que l’on doit juger juste ou pas.

    Le prix de notre modèle social

    Notre modèle social est de qualité, mais cette qualité à un prix. Près des deux tiers de la différence de dépenses publiques entre la France et le reste de l’Europe vient des retraites2. La France ne dépense pas davantage que les autres pays pour les plus pauvres, mais pour maintenir les revenus des plus aisés, en particulier âgés.

    Ce n’est pas une mauvaise chose, et pour l’essentiel ceci est dû au fait que le système de retraite français est public alors que le privé (non comptabilisé comme prélèvement obligatoire) occupe une place plus grande ailleurs.

    • 1. Un système de retraite fixe pour tout le monde entraînerait le développement de fonds de retraite privés bien plus importants.
    • 2. « Dépenses publiques : des comparaisons biaisées », Louis Maurin, Alternatives Economiques hors-série n°103, décembre 2014.
    Louis Maurin

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  • Le livre noir des banques

    2015     372 p.    21,50 €

        En 2008, la folie spéculative des banques a provoqué un quasi effondrement du système financier mondial et une crise qui ne cesse, depuis, de s’aggraver. Sept ans plus tard, où en est-on ? Les banques sont-elles redevenues utiles à l’économie et à la société ? C’est tout le contraire ! Elles paient toujours moins d’impôts et favorisent l’évasion fiscale. Elles continuent de spéculer sur les matières premières et financent des projets très polluants. Elles détournent l’épargne d’utilité sociale ainsi que les financements abondants et gratuits reçus de la Banque centrale européenne.

       Ce livre est le résultat de plusieurs mois d’enquête. Chiffres et exemples à l’appui, il montre le coût des banques pour la société et retrace l’histoire de conflits d’intérêts et de collusions incroyables, d’une capture idéologique inouïe, de responsables politiques et administratifs sous influence. La finance a bien un visage, celui d’une oligarchie bancaire plus que grassement rémunérée, coupable d’un véritable hold-up planétaire…

       Le livre noir des banques : offre spéciale pour les pré-commandes

      Les économistes et journalistes d’Attac et de Basta ! ont enquêté pendant plus d’un an et réalisé des dizaines d’entretiens avec des acteurs du monde la finance pour élaborer un livre coup de poing de 372 pages qui vous plongera au cœur des sombres rouages du milieu bancaire français.

      Innovations  financières, lobbying, spéculation, financiarisation de la nature, évasion fiscale, emprunts toxiques, arnaques, fraudes, pantouflage… Le Livre noir des banques établit de façon irréfutable l’irresponsabilité financière et écologique de nos grandes banques, ainsi que leur rôle clé dans l’industrie financière mondiale.

    À l’occasion de sa sortie, le 11 février prochain, Attac et Basta ! proposent à leurs adhérent⋅e⋅s, abonné⋅e⋅s et sympathisant⋅e⋅s des pré-commandes avec des frais ports réduits à 50 centimes !

    Chaque exemplaire commandé en ligne vous coûtera 22 € (21,50 € + 0,50 € de frais de port).

    Les premières commandes seront expédiées dès le 10 février par courrier postal. N’attendez pas pour commander! (Allez sur le site d'ATTAC France )


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  • Nouvelles histoires africaines... (Pierre PEAN)

    2014   260 p.  18 €

       En 1983, Pierre Péan publie Affaires africaines sur le rôle de ce qu’on appelle la Françafrique dans l’« émirat noir » regorgeant de pétrole, dominé par le groupe Elf. Le scandale créé par le livre vaut à son auteur menaces de mort, attentat à son domicile, et la rancœur d’Omar Bongo, « papa » indéboulonnable de son pays pendant quarante ans, témoin des relations incestueuses entre l’ex-colonie et Paris, notamment des subsides versés par le potentat de Libreville aux partis et au personnel politique de la métropole.
       Vers la fin de son règne, Bongo fait savoir à Péan que, le temps ayant fait son œuvre, il aimerait lui laisser son témoignage. Ce livre-là ne se fera pas, Bongo mourant en 2009. Mais Péan avait déjà pu glaner assez de confidences pour amorcer le présent ouvrage, entre autres sur les débuts de règne calamiteux du successeur d’Omar, Ali Bongo.
    Accusations de corruption, de détournement de fonds publics, d’assassinats, d’élections truquées avec la complicité de Paris, de « biens mal acquis » en France et ailleurs, de folie des grandeurs : tel est le bilan catastrophique du pouvoir gabonais.

    Outre Affaires africaines, Pierre Péan a consacré à cette région plusieurs ouvrages, dont

      -Bokassa Ier,

      -L’Argent noir, et

      -Carnages.

       Né en 1938, Pierre Péan est journaliste et écrivain. Il a publié une vingtaine d'ouvrages depuis 1975..

    Pierre Péan est notamment l'auteur de:

      -Les Émirs de la République, avec Jean-Pierre Séréni (Le Seuil, 1982),

      -Affaires africaines (Fayard, 1983),

      -Secret d'État. La France du secret : Les secrets de la France, (Fayard, 1986),

     -Le Mystérieux Docteur Martin (Fayard, 1993),

     -Une Jeunesse française : François Mitterrand, 1934-1947 (Fayard, 1994),

     -TF1, un pouvoir (Fayard, 1997),

      -Bethléem en Palestine, avec de Richard Labévière (Fayard, 1999),

      -La Face cachée du Monde: Du contre-pouvoir aux abus de pouvoir, avec Philippe Cohen (Mille et une nuits, 2003),

      -Main basse sur Alger. Enquête sur un pillage (juillet 1830) (Plon, 2004),

      -Noires fureurs, blancs menteurs. Rwanda, 1990-1994 (Mille et une nuits, 2005),

      -L'Accordéon de mon père (Fayard, 2006) et

      -Chirac, l'Inconnu de l'Élysée (Fayard, 2007).


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  •   "'Charlie' a le droit d'offense. Nous devons donner tous pouvoirs à la liberté"

    Louis Morice   Par Louis Morice    Publié le 13-01-2015 à 14h10 par l'Obs

      Réagissant à la couverture du dernier numéro de "Charlie Hebdo", l'imam Abdelali Mamoun explique pourquoi l'hebdomadaire a le droit de blasphémer et comment les musulmans peuvent lui répondre. Interview.

    L'imam Abdelali  Mamoun à la marche républicaine à Paris, le 11 janvier 2015. Sylvie Duyck-Dunoyer/l'Obs  L'imam Abdelali Mamoun à la marche républicaine à Paris, le 11 janvier 2015. Sylvie Duyck-Dunoyer/l'Obs
     

    Imam dans le Val-de-Marne, Abdelali Mamoun a participé à la marche républicaine de dimanche. Alors qu'en couverture de son nouveau numéro, "Charlie Hebdo" dessine un prophète qui pleure, tenant entre ses mains une pancarte "Je suis Charlie", l'imam réagit sur le droit au blasphème défendu par l'hebdomadaire satirique. Interview.

     Quel regard portez-vous sur la couverture de "Charlie Hebdo" qui sort mercredi ?

    - Je le dis haut et fort : nous serons les taille-crayons de "Charlie Hebdo". Le message et l'esprit des valeurs que l'islam a voulu ressusciter, c'est justement de garantir la liberté de conscience, la liberté religieuse et la liberté d'expression.

    Les témoignages des compagnons du prophète montrent que la première de ses qualités est qu'il n'a jamais voulu se venger et n'acceptait pas que quelqu'un le venge. Il a ainsi condamné Omar qui avait menacé un homme ayant offensé le prophète. Omar a demandé : "Laissez-moi lui couper la tête". Et le prophète a répondu "Non, tu lui as fais peur. Je n'accepte pas que tu le menaces". Et il lui a demandé de dédommager cet homme.

    Nous avons dans les sources de l'islam suffisamment d'arguments pour dire que "Charlie" a le droit d'offense. Le prophète s'est sacrifié et nous devons accepter ce sacrifice. Nous devons donner tous pouvoirs à la liberté. Nous avons la liberté de croire ou de ne pas croire. Nous laissons les autres avoir leurs idées. Ce sont les règles du jeu. C'est ça la grandeur de la démocratie. C'est ça la beauté de la France.

      Face à toutes les religions, "Charlie Hebdo" a toujours revendiqué le droit au blasphème. Respectez-vous ce droit ?

    - "Charlie" a le droit de blasphémer, comme il a le droit de dire tout ce qu'il veut à partir du moment où il rentre dans le cadre de la loi. Les conclusions de la plainte concernant les premières caricatures ont été claires. Tous les musulmans se sont soumis à cette jurisprudence. Il n'est donc pas question qu'on enfreigne les règles du jeu de la démocratie alors que nous nous sommes battus - et le prophète s'est sacrifié - pour atteindre cet objectif.

      Nous ne sommes pas d'accord avec "Charlie Hebdo". Nous n'approuvons pas ces offenses à l'égard de notre prophète bien aimé. Néanmoins, c'est le sacrifice à faire pour pouvoir garantir ce qui est plus sacré que le prophète : la liberté de conscience.

    Votre position fait-elle débat au sein de la communauté musulmane ?

    - Comme il n'existe pas de conseil théologique légal, légitime, qui statue de manière claire au sein de la communauté musulmane, il est évident que tout le monde interprète à sa guise les références religieuses. Tout le monde s'autoproclame mufti de la République et décrète s'il faut oui ou non venger le prophète.

    Il est pourtant clair que ceux qui ont étudié la théologie musulmane, les jurisconsultes du droit musulman, savent que le prophète n'aurait jamais accepté qu'on le défende par la vengeance. Il faut défendre son image, donner tort à "Charlie Hebdo" quand il montre Mahomet avec une bombe sur la tête ou une kalachnikov dans les bras. Montrons leur que le prophète est un homme indulgent, un homme de paix et d'amour. Il n'y a pas meilleure réponse à faire.

    Il existe donc toujours un manque de représentation des musulmans de France ?

    - Ce n'est pas une question de représentation. Il s'agit de créer une référence, une lanterne pour éclairer les musulmans sur ce qu'est le message du prophète et d'essayer d'adapter les textes au contexte : adapter l'islam aux valeurs républicaines. Ce que garantit la République, c'est exactement ce qu'a voulu garantir le prophète : il a libéré les musulmans du totalitarisme des idolâtres. Le Coran est clair : il n'a jamais été question d'imposer la foi aux gens.

    Je tiens aussi à faire passer un autre message : il ne faut pas faire d'amalgames. Ce n'est pas parce que vous voyez une barbe ou un foulard que vous voyez un terroriste. A part un groupuscule insignifiant, l'écrasante majorité d'entre-nous sommes des musulmans citoyens, français, respectueux des valeurs républicaines. Nous avons envie de vivre notre religion en paix, sans ostentation. Nous avons envie de jouir de notre citoyenneté et de vivre notre spiritualité de la même manière, en toute sérénité.

    Propos recueillis par Louis Morice


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  •     Dans ce collège de ZEP du nord de Paris, les professeurs tentent de discuter de l'attentat contre "Charlie Hebdo" avec des collégiens peu convaincus.

    Illustration - Des élèves descendent les escaliers de leur collège (AFP PHOTO / JEAN-PHILIPPE KSIAZEK)  Illustration - Des élèves descendent les escaliers de leur collège (AFP PHOTO / JEAN-PHILIPPE KSIAZEK)
     

      Avec leur professeur de Sciences de la vie et de la terre, une jeune femme à l’allure sportive, la vingtaine d’enfants entre 12 et 13 ans reviennent sur la tuerie de "Charlie Hebdo" à l'occasion d'une heure de vie de classe.

    "Pourquoi a-t-on fait une minute de silence à midi ?" "Pour rendre hommage aux personnes mortes, répond du fond de la classe Shérif, 13 ans (les prénoms ont été changés). Mais pour nous, les dessins, c’est pas de l’humour", ajoute-t-il.

    Avant que le professeur ne puisse répondre, son voisin lance : "On dit partout 'Charlie' est mort, mais c’est faux, c’est pas une personne". Le professeur reprend : "Ce n’est pas une attaque au hasard. Quelles sont les valeurs menacées par cet acte ?" "La liberté d’expression", récite Zina, au deuxième rang, ses cheveux relevés en chignon. Le professeur répond en évitant les mots trop savants pour ses jeunes élèves :

      En effet, on s’en prend au droit de dessiner ce qu’on veut, de faire des dessins satiriques qui s’attaquent aux choses bien établies."

    "Mais on n’a pas le droit de dessiner le prophète", poursuit Zina. "Ils n’ont pas le droit d’abuser de la liberté d’expression". Le professeur la reprend, elle parle d’un journal libre penseur, qui se moquait de tout et de tous. "Est-ce que ça mérite la kalachnikov ?", interroge-t-elle.

    "On les avait prévenus"

    Au troisième rang, un garçon en sweat rouge, prend la parole : "On les avait prévenus. C’est comme à l’école, quand on fait quelque chose qu’on doit pas faire. Vous nous dites d’arrêter une fois, deux fois, trois fois, puis vous nous mettez une heure de colle". Zina l’interrompt :

    Eux, ils ont eu tort de dessiner le prophète. C’est irrespectueux. Ils faisaient ça pour rire, mais on se sent vexé."

    Le professeur : "La religion est une opinion. On a le droit de ne pas être d’accord avec une opinion". Zina : "Ils se moquent de nous, pourquoi on ne se moquerait pas d’eux ?". "Ils l’ont cherché", poursuit Malika, plus grande que les autres, au troisième rang.

    Je ne suis pas l’avocate de 'Charlie Hebdo', reprend l’adulte. Mais tuer est un interdit absolu."

    Ce rappel à la loi n’a pas l’air de convaincre son auditoire.

    Caroline Brizard  L'Obs / Société


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  • Les tribulations d'un gramme de coke (

    2011  300 p.  12 €

       Carnet de voyage souvent sanglant, Les Tribulations d'un gramme de coke abordent un des derniers tabous : la légalisation des drogues. Cultivateurs de coca, apprentis chimistes, familles de marins transporteurs, " mules ", dealers européens, consommateurs parisiens, tous parlent sans détours du plus gros négoce illégal au monde. Des troupes héliportées débarquent dans la forêt tropicale, les portes de prison claquent derrière les passeurs tombés dans un pays inconnu.

      Les têtes roulent par milliers. Un avion s'écrase dans le Sahel, des immigrants clandestins sont torturés jusqu'à la mort par les cartels mexicains. Dans le port colombien de Tumaco, où débute ce périlleux voyage, un médecin-légiste erre en moto entre les tombes et compte les morts dans l'indifférence générale. Policiers et militaires s'essoufflent.

      Cette guerre qui dure depuis quarante ans, des milliards de dollars y ont été engloutis pour rien : le nombre de consommateurs de stupéfiants augmente dans le monde entier. L'interdiction ne les protège pas. Des généraux, d'anciens présidents et ministres se joignent aux économistes et aux médecins pour demander la décriminalisation des drogues, pour mettre fin au massacre mené en leur nom.

       Loin de faire l'apologie de la cocaïne, Christine Renaudat et Vincent Taillefumier, à travers cette enquête exceptionnelle, posent une question lancinante : la prohibition des drogues ne tue-t-elle pas davantage que les drogues elles-mêmes ?

       Christine Renaudat est correspondante de Radio France et d'autres médias français et francophones depuis dix ans.

       Vincent Taillefumier travaille pour Libération, Le Temps et Ouest-France.

      Spécialistes des marchés de la drogue et du conflit colombien, ils ont réalisé entre autres pour la télévision française un documentaire de 52 minutes sur les otages de la guérilla, intitulé Une Vie sans Elkin. Tous deux vivent en Colombie.


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  • Charlie Hebdo. Je ne veux pas partager mon deuil et ma douleur avec eux  (www.legrandsoir.info)  08 janvier 2015

       Jean ORTIZ

      Les monstres qui ont commis ce crime inqualifiable au siège de Charlie Hebdo, l’hebdo insoumis, provocateur, antiraciste, humaniste (mais qui fut injuste envers ce site où j’écris), sont des hommes formatés par des courants religieux fascisants, par des Etats théocratiques « fondamentalistes », « amis de la France », pour faire taire l’esprit critique, l’humour, l’anticonformisme, la pensée libre, la laïcité, la création sans rivages... Ils n’ont aucune excuse.

      J’ai du mal à concevoir que des hommes aient pu à ce point s’aliéner, s’avilir, se fanatiser, se laisser manipuler, s’animaliser, pour produire une telle barbarie.

      Je suis en deuil. Le crime de ces assassins vise notre République, celle des Lumières, du contrat social, des droits de l’homme, de l’égalité entre eux, de la liberté pleine et entière... Cette « gueuse » que sociaux et néolibéraux n’ont de cesse, depuis plus de trente ans, de dépecer, de démonter, d’affaiblir par l’explosion des inégalités, le communautarisme, l’instrumentalisation du racisme, la concurrence à tout crin, par le rabougrissement de l’Etat, la multiplication des brisures sociales, la ruée contre les services publics et les biens communs, la casse de l’ascenseur social scolaire, jadis intégrateur, la pratique de l’amalgame délétère « Islam = terrorisme » , le « no future » pour des millions de jeunes Français, quelle que soit leur origine.

      Et on voudrait aujourd’hui que je défende, au nom de la douleur, ma République sociale et démocratique bras-dessus bras-dessous avec ses fossoyeurs, avec ceux qui, à force de déifier le marché, de le débrider toujours plus, de tout marchandiser, de dépolitiser, ont laissé le champ libre aux intégrismes de toutes sortes ?

      Oui, je crois à la nécessaire, à l’urgente unité populaire et républicaine, mais avec tous les Républicains sincères, tous ceux qui partagent ces valeurs de base, la tolérance, l’ouverture à l’autre, la justice sociale, le débat sans corsets, la liberté sans demi-mesure, et notamment celle des médias ; oui, je crois à l’unité avec tous ceux qui défendent le pluralisme de l’information... pas avec les hypocrites qui pleurent aujourd’hui sur la République menacée et qui n’ont cessé d’attiser les haines raciales, les vieilles peurs, de stigmatiser l’autre, de détruire toute espérance progressiste...

      Qu’ont-ils fait pour éradiquer la Bête ?

      Que viennent-ils pleurnicher aujourd’hui sur la liberté de la presse alors que Charlie Hebdo était sur le point de déposer le bilan, que le pouvoir rend chaque jour la vie plus difficile, par des dispositions mortifères à « l’Humanité », au « Monde Diplomatique » ? De quelle liberté d’information parle-t-on ? De celle sous la coupe des marchands d’armes, des bétonneurs, des chiens de garde de l’oligarchie, du latifundium médiatique désinformateur, de la pensée unique et cynique.

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  •   Marche de ce dimanche : une provocation absolue

       Jean ORTIZ

      Tout ce que j’écrivais hier soir, à contre courant, sous le titre : « Je ne veux pas partager mon deuil et ma colère avec eux » s’avère de plus en plus fondé, justifié. La récupération politicienne de la douleur n’a guère attendu que le sang sèche...

      Quel est le statut de la manifestation « historique » de dimanche ? Qui sont les organisateurs ? Si l’on s’en tient aux médias, c’est F. Hollande et M. Valls qui l’organisent, qui invitent, dans un souci désintéressé d’ « unité nationale »... et nullement de remontée dans les sondages. La lutte contre le terrorisme, nécessaire, sert de prétexte à l’ « union sacrée », à la relégation des questions sociales, des causes et des ravages de la crise, des fruits pourris de la violence, du terrorisme, sert à l’abdication devant les inégalités, source d’affrontements, devant la pauvreté, l’exclusion, l’affaiblissement de la laïcité, l’obscurantisme, qui gagnent du terrain...

      Manifestement, le chef de l’Etat et le premier ministre font une OPA sur la manifestation, en instrumentalisant la douleur et l’émotion. On annonce ce soir la présence du massacreur de Gaza, le criminel de guerre Netanyahou. Si cela est vrai, c’est une provocation absolue, irresponsable, anti-laïque, anti-républicaine, anti droits de l’homme, anti-démocratique, nauséabonde, avec du sang sur les mains. Une provocation absolue.

      Comment peut-on manifester pour défendre la République, aux côtés du néo-franquiste Mariano Rajoy, qui combat en Espagne le rétablissement de la République, qui fait une loi pour criminaliser les mouvements sociaux, qui s’accommode de 130 000 Républicains « disparus » dans des fosses communes, qui subventionne le parc thématique fasciste du « Valle de los Caidos » (Patrimonio real), qui s’en prend aux droits des femmes, qui contraint près de 50% des jeunes diplômés au chômage et à l’exil ? Lui offrir un vernis de défenseur de la démocratie, à quelques mois d’élections générales, où la gauche de gauche (Podemos, Izquierda Unida...) peut gagner, ce n’est pas aider l’alternative possible. Quant à la présence de Merkel, Cameron, Renzi, des sabreurs de l’Union Européenne, il faudra se boucher le nez et les oreilles. Oui, il y a « hold-up » sur l’indignation populaire contre la haine, la violence, l’intolérance...

      Jean Ortiz

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    http://www.legrandsoir.info/marche-de-ce-dimanche-une-provocation-absolue.html


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  •   Tribune 08/01/2015 à 11h37 publiée par Rue 89

     Française musulmane, je refuse que le nom d’Allah soit associé à cette haine

    Mahrukh Arif, étudiante

     Tribune 

    Comme tous les Français, la triste nouvelle de l’attaque terroriste contre Charlie Hebdo me fait froid dans le dos. Elle me perturbe, me choque et m’attriste profondément.

    Je lis que deux suspects se seraient revendiqués d’Al Qaeda et auraient criés « Allahu akbar » (Dieu est plus grand), « On a vengé le prophète », « On a tué Charlie Hebdo » après avoir tué douze personnes.

    Comme après chaque malheur commis au nom de l’islam, tout le monde pose la question de savoir si les musulmans français doivent accomplir leur devoir de condamner et de se désolidariser ou pas.

    Si la majorité pense que non, à titre personnel, il me semble plus qu’essentiel de le faire. Non pas pour « justifier » que l’islam et le prophète Muhammad n’ont rien à voir avec ces actes, mais plutôt pour défendre l’honneur d’une religion salie par des extrémistes qui agissent au nom de cette religion.

    Pourquoi, en tant que musulman, ne devrions-nous pas défendre l’honneur de notre Prophète ? Pourquoi devrions-nous laisser ces terroristes instrumentaliser et s’emparer de notre religion pour commettre des actes au nom de l’islam, au nom d’Allah et du Prophète Muhammad ?

    « Une miséricorde pour tous les peuples »

    Dans le Coran, le Dieu « Gracieux et Miséricordieux » affirme au sujet du Prophète Muhammad :

    « Nous ne t’avons envoyé que comme une miséricorde pour tous les peuples. »

    Comment peut-on alors prétendre avoir vengé le Prophète en tuant douze personnes de sang froid ? Comment peut-on prétendre avoir agi par amour pour le Prophète en faisant l’exact contraire de ce qu’il a prescrit ? « Le vrai musulman est celui dont les fidèles n’ont à redouter ni sa main, ni sa langue », est-il rapporté par une tradition. « Celui qui ne compatit pas au sort des autres se verra privé de la miséricorde divine », est-il rapporté par une autre tradition.

    Les musulmans doivent comprendre que les attaques contre le Prophète de l’islam existent depuis toujours. Certaines personnes se moquaient ouvertement de lui devant lui ou ses compagnons de son vivant. Au début de l’histoire de l’islam, alors que le Prophète Muhammad se prosternait dans sa prière, des non-croyants lui jetaient des entrailles de chameau sur le dos, des groupes de jeunes voyous le suivaient dans la rue et lui donnaient des gifles sur la nuque en se moquant de sa revendication comme Prophète. Pourtant, il n’a jamais répondu. Son seul refuge contre ces attaques quotidiennes était la prière.

    Au-delà des caricatures

    Sa compassion pour l’humanité était immense et inégalable : il est raconté qu’une fois, un homme déféqua dans la mosquée et les compagnons du Prophète se mirent en colère contre cet homme qui, à leurs yeux, avait commis un blasphème. Mais le Prophète Muhammad dit à ses compagnons de ne pas embarrasser l’homme et nettoya l’endroit où l’homme avait déféqué de ses propres mains.

    Un homme qui n’a jamais répondu à la méchanceté peut-il enjoindre de tuer des innocents sans merci ? Ni le texte coranique, ni les traditions du Prophète appellent à se venger lorsqu’une religion ou un prophète est l’objet de moquerie. Au contraire, le commandement donné est de quitter l’assemblée.

    Si aujourd’hui les musulmans choisissent de condamner ces attaques contre Charlie Hebdo, c’est au nom de cette compassion dont le Prophète Muhammad était l’incarnation. Cela ne veut pas dire qu’ils approuvent les caricatures du Prophète.

     Par respect et par amour

    Si aujourd’hui les musulmans choisissent de condamner ces attaques contre Charlie Hebdo, c’est au nom de l’islam, religion qui prône la miséricorde pour les créatures de Dieu et rejette toute forme de violence et barbarie.

    Si aujourd’hui les musulmans choisissent de condamner ces attaques contre Charlie Hebdo, c’est par respect et amour envers les enseignements du Prophète Muhammad qui affirme que la « tendresse ne fait défaut que dans le cœur d’un damné ».

    Ne laissons pas ces extrémistes porter atteinte à l’honneur du Prophète Muhammad. Ne laissons pas ces extrémistes s’approprier notre religion qui enjoint à la paix. Les auteurs de ces actes n’ont qu’une seule religion : la haine. Et je refuse, en tant que musulmane, que le nom d’Allah soit associé à cette haine. Je refuse en tant que musulmane, que le nom de mon Prophète soit associé à cette haine. Je refuse que ma religion soit ainsi instrumentalisée 

    Making of

    Mahrukh Arif est étudiante à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). En nous contactant, elle s’est présentée comme « française musulmane ». Elle encourage ses coreligionnaires à condamner l’attentat contre Charlie Hebdo pour « défendre l’honneur du Prophète ». Mathieu Deslandes


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    Lettre de remerciements pour la défense des droits des peuples indigènes

    Source: racismoambiental.net.br
    À toutes et tous les alliés des peuples indigènes du Brésil et du monde

    L'Articulation des Peuples Indigènes du Brésil (APIB) et les leaders indigènes mobilisés pendant la semaine du 15 au 19 décembre contre les aberrations législatives de suppression des droits indigènes, en particulier territoriaux, orchestrée principalement par le groupe ruraliste au Congrès National, tiennent par la présente à remercier profondément toutes et tous les alliés de la cause indigène au Brésil et dans toutes les parties du monde - les entités indigénistes, socio-environnementales et de droits de l'homme, les mouvements et les organisations sociales, les institutions académiques, les partis politiques, les parlementaires et les autres initiatives, dont les initiatives individuelles - qui se sont solidarisés avec nous et ont contribué des plus diverses manières à la défense de nos droits gravement menacés en cette fin d'année.

    Ce qui s'est produit pendant cette semaine démontre que seules la lutte, la mobilisation et la pression bien articulées permettent d'empêcher que les forces du capital, les classes hégémoniques, les forces de la répression et les autres instances de l'État n'imposent leur volonté contre l'État Démocratique de Droit, le régime démocratique et le caractère multi-éthnique et pluri-culturel du Brésil.

    Les peuples indigènes ont démontré qu'ils n'admettront jamais, même en sacrifiant leurs propres vies, que la recolonisation, l'usurpation et la spoliation de leurs territoires s'accomplissent en faveur de l'industrie extractiviste, de l'agro-business et du néo-développementisme défendu par les élites et par l'actuel gouvernement, et qui ne favorisent que le bénéfice, l'enrichissement et la consommation exacerbée de quelques uns, les descendants des envahisseurs et du régime autoritaire, les représentants et les complices des grandes corporations transnationales.

    Inviabiliser cette année la PEC 215/2000 et le PLS/N du sénateur Romero Jucá qui cherchait à réglementer le paragraphe 6 de l'article 231 de la Constitution Fédérale, ainsi que le PL 7735/2014, du patrimoine génétique, représente sans aucun doute une bataille remportée, mais nous ne pouvons pas oublier qu'en 2015, avec un Congrès encore plus conservateur, et avec un gouvernement qui continue à se placer du côté des dominateurs, les défis perdurent. C'est une raison suffisante pour exprimer nos remerciements, appeler nos peuples, les organisations et les leaders, ainsi que toutes et tous nos alliés à rester vigilants et à se préparer à d'autres luttes encore plus importantes, enracinés dans notre spiritualité et notre cosmovision, en défense de la vie, de notre dignité et de notre droit sacré à la terre, pour le bien des actuelles et futures générations, de la société brésilienne et de l'humanité toute entière.

    Nous demandons à toutes et tous de continuer à être mobilisés et de réussir à obtenir la libération définitive des leaders indigènes emprisonnés, accusés injustement de tentative d'homicide, car comme nous tous, ils exerçaient le légitime droit de manifestation, en luttant pour une cause juste, ainsi que l'a reconnu le juge du Tribunal du Jury de Brasilia en concédant la liberté provisoire aux leaders Alessandro Miranda Marques / Terena, Cleriston Teles Sousa / Tupinambá et Itucuri Santos Santana / Pataxó.

    Le juge affirme dans sa décision : "Je constate que les emprisonnements ne peuvent pas être maintenus. Il faut reconnaître que les faits ont eu lieu dans un contexte du légitime exercice du droit de manifestation, de la liberté de s'exprimer, du droit de participation dans la sphère publique, d'intégrer un processus délibératif politique, les piliers centraux qui soutiernnent l'État Démocratique de Droit... Les sujets affectés cherchaient à exercer le droit de défense de leurs intérêts par la manifestation, le mouvement de protestation, de contestation contre une société qui, dans leur vision, par l'intermédiaire de ses représentants, se place contre eux..."

    Pour un État réellement démocratique, juste et pluriel, nous continuerons ensemble et unis en défense de la Constitution Fédérale et des droits territoriaux des peuples indigènes, des quilombolas, des autres populations de la campagne et de notre Mère Nature.

    Brasilia, District Fédéral, le 19 décembre 2014.
    Articulation des Peuples Indigènes du Brésil - APIB
    Mobilisation Nationale Indigène

    © racismoambiental.net.br - traduit du portugais par Chico Libri / article original

    Date de l'article : 21/12/2014


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    La plus belle histoire de la liberté (A. GLUCKSMANN,

    2011   210 p.   6,10 € (Poche) 

       La liberté… Qui donc en a rêvé le premier ?
      Les trois auteurs de ce livre nous proposent de découvrir l’évolution de ce concept, en partant de la philosophie athénienne pour aboutir à l’élection de Barack Obama.
       Au fil des entretiens, ils abordent le développement de l’individualisme avec les Lumières, l’émancipation de l’Amérique face à l’esclavage ou encore le rapport entre l’islam et la liberté...
      Un livre qui nous invite à réfléchir sur une valeur fondamentale de l’humanité.
     
       André Glucksmann est écrivain et philosophe.
      Nicole Bacharan est historienne et politologue.
      Abdelwahab Meddeb est écrivain et islamologue.

      

       " Ce n’est absolument pas un ouvrage érudit à destination de spécialistes mais une contribution à trois voix : celles du philosophe, de l’historienne, de l’écrivain islamologue, dont les analyses complémentaires sont destinées à faire réfléchir tout un chacun au sujet de notre bien le plus précieux si souvent invoqué, si souvent bafoué. Qu’est-ce qu’être libres ? Etre égaux ? Est-il possible que les humains soient les deux à la fois ? Qu’est-ce que le libre-arbitre ? Quels choix individuels possibles face aux contraintes sociales et religieuses ?

      La plus belle histoire de la liberté (A. GLUCKSMANN, N. BACHARAN, A. MEDDEB) La première partie est consacrée à « L’invention de la Liberté ». André Glucksmann nous renvoie au creuset d’Athènes et présente la liberté comme le concept essentiel de la philosophie. « Ce n’est pas une valeur mais le fondement de toutes les valeurs ». Socrate en est le symbole avec son franc-parler condamné par la Cité qui après les guerres du Péloponnèse, ne veut plus « ni voir ni se remémorer ». Sa condamnation signe la fin de la cité qui « usée, à l’agonie, s’élimine avec [lui] ».

    Croyances religieuses, doute, libre-arbitre, toutes notions essentielles, font l’objet d’un développement critique. « Croire qu’il suffit de croire est une pathologie qui guette tout un chacun et n’importe quelle religion, fût-elle séculière et matérialiste ».

    Extrait : 

    « Les droits de l’homme ? Il s’agit grosso modo d’une reformulation en termes juridiques post-romains des principes de la philosophie grecque. Contrairement à ce que postulent es naïfs et les jolis cœurs, nul besoin d’auréoler une sacro-sainte image de l’homme pour se mobiliser contre l’inhumanité. Au lieu de se crêper le chignon sur les idéaux, les valeurs et les paradis, c’est l’expérience directe des enfers qui noue la solidarité des humiliés et des offensés. » 

    Et de nous renvoyer à Antigone plutôt qu’à Jésus-Christ, rendant à César ce qui est à César, pour évoquer « cette séparation entre le citoyen et son âme, son intimité, sa conscience qui aboutira finalement à la séparation entre la politique et la morale, le public et le privé… »

    Dans la seconde partie, « L’Eclosion du monde libre », Nicole Bacharan fait la part belle à ce qu’elle connaît le mieux : l’histoire des Etats-Unis, et particulièrement à la « révolution américaine » passée au filtre de la « Révolution des Lumières ». Non pour relever une fois de plus l’exemplarité de la quête de sens des philosophes français et de leur influence sur les évènements politiques. Mais pour rappeler l’antériorité des principes du parlementarisme anglais qui a largement inspiré les Pères Fondateurs du Nouveau-Monde. Elle fut incomplète, cette « révolution », car elle ne connut pas la Terreur, la « Loi suprême » qui finit par minimiser l’individu au point de le réduire en tout et pour tout au rôle de citoyen, « toute critique étant une atteinte à la liberté et donc une trahison ». Liberté, que de crimes on commet en ton nom… fut la plainte de Manon Roland partant à l’échafaud. 

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    Theo Colborn, à l'époque responsable scientifique du WWF USA, avait été à l'origine avec 20 autres scientifiques de l'appel de Wingspread en juillet 1991 qui a élaboré le concept de perturbation endocrinienne. Son grand mérite a été de porter la vision que santé de l'humain et santé de l'écosystème sont intimement liées. Theo Colborn a personnalisé au mieux ce que doit être l'engagement des scientifiques au service de la protection de la santé et de l'environnement.

    Nous pouvons être fiers au RES d'avoir pu lui rendre hommage en avril 2011 en faisant en sorte que lui soit attribuée la médaille du Muséum d'Histoire Naturelle à l'occasion du colloque Perturbateurs endocriniens et biodiversité que nous avions organisé en ce lieu prestigieux en partenariat avec le WWF.

    Son état de santé ne lui avait pas permis de participer à cette manifestation, mais elle nous avait fait parvenir un message de soutien qui garde toute sa force et son actualité. « Il a fallu aux scientifiques un grand courage pour sortir de leurs disciplines et produire cette déclaration, écrivait-elle. [...] Nous sommes certains qu'un grand nombre de substances créées par l'homme qui ont été relarguées dans l'environnement, ainsi que qu'un certain nombre des substances naturelles ont le potentiel de perturber le système endocrinien de tous les animaux, y compris celui des humains ».

    Il fallait en effet une certaine audace pour bousculer ainsi les frontières des disciplines. Son exemple continuera d'inspirer notre action pour éliminer les perturbateurs endocriniens de notre environnement.

    Merci Theo !

    André Cicolella
    Président du Réseau Environnement Santé

      Elle avait publié en 1998: 

    L'homme en voie de disparition ?

    de Théo Colborn et Dianne Dumanoski
      que l'on peut cetainement trouver dans des bibliothèques publiques.

        "Essai scientifique paru en novembre 1998 aux éditions Terre Vivante, broché dans la collection "Le XXIe siècle sera écologique". "Les auteurs, scientifiques diplômés, nous présentent un état des lieux sur ce que l'on sait avec certitude des problèmes liés aux molécules chimiques déversées dans l'environnement... Malheureusement il s'agit bien de science et non de science fiction ! [...]"


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  • Le monde compte près de 36 millions d’esclaves

    Romain De Oliveira     18/11/2014

    Esclavage moderneL'Inde concentre à elle seule plus de 14,2 millions de personnes en situation d'esclavage moderne.

      Près de 36 millions d'hommes, de femmes et d'enfants sont victimes d'esclavage dans le monde (35,8 millions exactement), selon la dernière enquête "Global slavery index". Ce deuxième rapport annuel [pdf sur youphil.com], publié le 17 novembre 2014, a été réalisé par la fondation Walk Free, une organisation internationale de défense des droits de l’Homme.

      Au total, 167 pays ont été passés au crible par l’ONG. Cette dernière relève que le nombre de personnes en situation d'esclavage moderne a augmenté de près de 20% par rapport à 2013. Pour autant, Walk Free tient à préciser que cette hausse "est due, en majorité, à l’amélioration de la précision de nos mesures, et au fait que nous découvrons des cas d’esclavage moderne là où nous n’en avons pas détecté auparavant."

      L’Inde compte le plus de personnes exploitées

      Pour l'ONG, la qualification d’esclavage moderne est retenue pour les cas de trafic d’êtres humains, de travail forcé, de "servitude pour dettes", de mariage forcé ou arrangé, et de travail d’enfants. Ainsi, Walk Free conclut que "l’esclavage moderne est présent dans l’ensemble des 167 pays" étudiés, et particulièrement sur les continents africain et asiatique.

      Dans son enquête, l’organisation a opéré deux classements distincts: l'un en fonction du nombre de personnes en situation d’esclavage; l'autre en fonction du pourcentage de population exploitée dans un pays. Selon la première grille de lecture, les cinq Etats qui arrivent en tête concentrent à eux seuls 61% des esclaves: l’Inde (14,2 millions), la Chine (3,2 millions), le Pakistan (2 millions), l’Ouzbékistan (1,2 million) et la Russie (1 million). D’après le deuxième classement, la Mauritanie prend la triste première position avec 4% de sa population concernée: "L'esclavage héréditaire est profondément enraciné dans le pays", souligne le rapport.

      En bas de la liste, on retrouve l’Islande et le Luxembourg, deux pays qui font le plus d’efforts pour bannir ces pratiques inhumaines. La France, quant à elle, se positionne dans le dernier quart de la liste (122e et 148e place, selon les classements). L’Hexagone compterait tout de même 8600 personnes exploitées, soit 0,013% de la population.

      Le rapport met également en lumière les pays les plus exemplaires en matière de lutte contre l’esclavage. "Hormis la Corée du Nord, tous les pays ont mis en place des lois pour criminaliser certaines formes d’esclavage", indique l'ONG. Parmi eux, trois Etats se distinguent par leurs mesures pour éradiquer ce fléau des chaînes d’approvisionnement de leurs entreprises: le Brésil, les Etats-Unis et l’Australie.

      Crédit photo: Dana/Flickr.
     
      A propos de l'auteur  Romain De Oliveira

      Journaliste diplômé de l’Ecole publique de journalisme de Tours et de l’université Galatasaray d’Istanbul. Jamais sans son couteau suisse et ses chemises à carreaux, c'est le MacGyver geek de la rédaction. Quand il ne passe pas son temps appareil photo en mains, il s'intéresse à la Turquie, à la consommation responsable et au recyclage. Suivez-le ici: @romdeoliveira.


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  •   Un nouveau rapport révèle la face cachée de la conservation 14 Novembre 2014

    Les peuples indigènes sont les meilleurs gardiens du monde naturel. Le nouveau rapport de Survival révèle que les plus grandes organisations de préservation de la nature sont impliquées dans leur expulsion de 'zones protégées'.
       Les peuples indigènes sont les meilleurs gardiens du monde naturel. Le nouveau rapport de Survival révèle que les plus grandes organisations de préservation de la nature sont impliquées dans leur expulsion de 'zones protégées'.

                           © Selcen Kucukustel/Atlas

      Lancement de la campagne ‘Parcs ou peuples?’ à l’occasion du Congrès mondial des parcs naturels

       Un nouveau rapport lancé par Survival International – le mouvement mondial pour les droits des peuples indigènes – révèle comment la conservation a conduit à l’expulsion de millions d’autochtones de ‘zones protégées’.

         . Et United for Wildlife, l’organisation fondée par le prince William et le prince Harry, ignore les appels qui lui ont été lancés visant à garantir les droits des peuples indigènes à vivre sur leurs terres ancestrales et à y pratiquer la chasse de subsistance.

       Le lancement du rapport ‘Parcs ou peuples?’ coïncide avec la Conférence mondiale des parcs naturels qui a lieu à Sydney, une conférence sur la conservation des aires protégées qui se tient chaque décennie et qui prècède le lancement de United for Wildlife par le Prince William et sa femme Kate aux États-Unis le mois prochain.

       Le rapport de Survival montre que la plupart des zones protégées sont, ou ont été, les terres ancestrales de peuples indigènes qui en dépendent et qui les gèrent depuis des millénaires. En dépit de cela, au nom de la ‘conservation’ :

    • Des peuples indigènes sont illégalement expulsés de ces terres.
    • Ils sont accusés de ‘braconnage’ parce qu’ils chassent pour se nourrir.
    • Ils sont confrontés aux arrestations, aux coups, à la torture et à la mort aux mains de brigades anti-braconnage.
    • Si les autochtones ont été expulsés de leurs terres, on y accueille les touristes, et même dans certains cas, des chasseurs de gros gibier.    

       Le rapport ‘Parcs ou peuples?’ examine les cas d’expulsion en cours, tels que ceux des Pygmées baka du  Cameroun, des Bushmen du Botswana et des tribus des réserves de tigres en Inde. Ce modèle de conservation s’apparente à la création, au XIXe siècle, des parcs nationaux de Yellowstone et de Yosemite aux Etats-Unis, qui conduisit à l’éviction brutale de tribus amérindiennes.

    Les Bushmen du Botswana sont confrontés aux arrestations, aux coups et à la torture au nom de la conservation.
       Les Bushmen du Botswana sont confrontés aux arrestations, aux coups et à la torture au nom de la conservation.

    © Survival International

     

       Dauqoo Xukuri, un Bushman de la Réserve naturelle du Kalahari central au Botswana a dit : ‘Je m’assois et regarde l’horizon autour de moi. Partout où il y a des Bushmen, il y a du gibier. Pourquoi? Parce que nous savons comment prendre soin de la faune’.

    Le parc indigène du Xingu (entouré en rose) abrite plusieurs groupes indiens. Il représente une importante barrière à la déforestation (en rouge) de l’Amazonie brésilienne.
        Le parc indigène du Xingu (entouré en rose) abrite plusieurs groupes indiens. Il représente une importante barrière à la déforestation (en rouge) de l’Amazonie brésilienne.

         © ISA (Instituto Socioambiental)

        Le rapport de Survival conclut que le modèle actuel de conservation nécessite un changement radical. La conservation doit se conformer au droit international, elle doit protéger les droits territoriaux des peuples indigènes, être à leur écoute quant au type d’aide dont ils ont besoin pour protéger leurs terres et prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir leur survie.

        Stephen Corry, directeur de Survival, a déclaré aujourd’hui : ‘Des millions sont dépensés chaque jour par les écologistes en dépit de la crise environnementale que nous connaissons. Il est temps de se réveiller et de se rendre à l’évidence qu’il existe une autre voie bien meilleure. Tout d’abord, les droits des peuples indigènes doivent être reconnus et respectés. Ensuite, ils doivent être traités comme les meilleurs défenseurs de leurs propres terres. Les écologistes devraient admettre qu’ils sont leurs partenaires privilégiés dans cette affaire’.

         Notes aux rédactions :

      - Télécharger le rapport ‘Parcs ou peuples?’ sur le site de Survival (pdf, 700 Ko en anglais)
      - Visitez la page de la campagne ‘Parcs ou peuples’ de Survival pour plus d’informations.


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  •   Un tiers des chômeurs ne touche aucune indemnité. La moitié d'entre eux pas plus 500 euros mensuels et les trois quarts moins du Smic. Seuls 6 % perçoivent plus de 1 500 euros. Enfin 17 600 chômeurs touchent plus de 4000 euros par mois, soit 0,4 % du total. Le moins que l’on puisse dire est que régime français d'indemnisation des demandeurs d’emploi est loin d'être trop généreux1 et de « désinciter » au travail.

    Plus d'un tiers des chômeurs ne touche rien

      Selon les chiffres officiels, les chômeurs reçoivent en moyenne 1 100 euros net par mois d'indemnités2. Ce montant représente un peu plus que le Smic, et l’équivalent de 71 % de leur salaire net de référence. Mais ce chiffre est trompeur car il ne porte que sur les chômeurs indemnisés par l'Unedic dans le cadre du régime général de l'assurance chômage et oublie donc une grande partie des demandeurs d'emploi.

      Pour comprendre combien perçoivent réellement les chômeurs, il faut élargir le champ de la mesure. Aux 2,1 millions de demandeurs d’emploi indemnisés par le régime général, on doit, d’abord, ajouter les 485 000 chômeurs en fin de droits, qui touchent au mieux l’allocation de solidarité spécifique (ASS, d’un montant mensuel maximum de 480 euros). Il faut, enfin, compléter par le nombre de demandeurs qui ne touchent rien, par exemple des jeunes qui entrent sur le marché du travail sans en trouver.

      Sur les 5,5 millions de demandeurs d’emploi au total de juin dernier, seul la moitié percevait une allocation. Il est vrai que parmi ces demandeurs, une partie a touché un salaire par ailleurs. Si l’on ne compte que les chômeurs de catégorie A (ils n’ont strictement aucune activité) qui ne sont pas indemnisés (1,4 million, donnée de décembre 2013), on arrive à un total de 4 millions de demandeurs d’emploi sans aucun autre revenu.

      Un article publié en partenariat avec le Centre d'observation de la société par Louis Maurin pour Alteréco+  (09/12/2014)


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  •  Troubles de l’attention : la pollution de l’air est-elle responsable ? 

     Des chercheurs ont voulu savoir si la pollution jouait un rôle dans les troubles de l'attention. En suivant 233 enfants vivant à New York, ils ont constaté que les femmes qui ont été exposées pendant leur grossesse à des quantités élevées de polluants avaient cinq fois plus de risque que les autres d'avoir un enfant hyperactif à l'âge de neuf ans. 

    Troubles de l’attention : la pollution de l’air est-elle responsable ?Le trouble de déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité - TDAH pour les intimes - est le trouble comportemental le plus fréquent chez les enfants et les adolescents. Il se traduit généralement par des difficultés à se concentrer et un manque d'attention. La pollution de l’air faisant déjà de nombreux ravages sur notre santé, des chercheurs ont voulu savoir si elle jouait également un rôle dans le TDAH. En suivant 233 enfants vivant à New York, ils ont constaté que les femmes qui ont été exposées pendant leur grossesse à des quantités élevées d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) - des polluants émis par la combustion du carburant automobile ou par la production industrielle - avaient cinq fois plus de risque que les autres d'avoir un enfant hyperactif à l'âge de neuf ans. Moralité : si vous êtes enceinte, fuyez les grands axes routiers, surtout aux heures de pointe !

      Les femmes enceintes moins "polluées" qu’avant !Ce n’est pas encore tout à fait Noël, mais on a tout de même une bonne nouvelle pour vous : en France, l’exposition des femmes enceintes et des fœtus aux polluants environnementaux a diminué. En tout cas pour les polluants qu’a évalué l’InVS (Institut national de Veille Sanitaire), à savoir le plomb, le mercure et le Bisphénol A (BPA). Mais comment expliquer cette baisse ? Pour le plomb, cela est dû à son interdiction dans l’essence depuis les années 90. Quant au BPA, les campagnes d’information et de sensibilisation sur sa présence dans les biberons, dans les matières plastiques et les résines en contact avec les denrées alimentaires ont du faire leur effet ! Maintenant, il faut poursuivre les efforts… 

      Retrouvez dans le détail, toutes les informations sur ces actualités sur le site de l’Association Santé Environnement France : www.asef-asso.fr


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  •  5 novembre 2014
      
    En trente ans, l'Europe a perdu 420 millions d'oiseaux ! 

      
    L'impact sur l'environnement et les écosystèmes est considérable et met en cause les grands équilibres

       Les ornithologues ne s'attendaient pas à découvrir un tableau réjouissant. Mais une telle hécatombe les a " stupéfiés ". En trente ans, plus de 420 millions d'oiseaux ont disparu du continent européen, sur une population totale estimée à un peu plus de 2 milliards en 1980. Au total, plus d'un cinquième des oiseaux européens ont donc disparu. Les scientifiques livrent leur résultat au terme d'une étude conduite dans vingt-cinq pays et publiée lundi 3 novembre dans Ecology Letters. " Jamais nous n'avions mené d'enquête à cette échelle, souligne Richard Gregory, chercheur à la Société royale britannique de protection des oiseaux, coauteur de l'étude. Parce que rassembler autant de données, venues d'autant de sources, est toujours complexe. Mais ce que l'on a découvert méritait ces efforts. " 
      Le résultat tient en une phrase : si les espèces rares et menacées se portent mieux en Europe, les plus communes subissent des pertes massives. Alouette, gentille alouette ? En trente ans, elle a subi un déclin de 46 %. Pour l'étourneau, c'est pire : 58 % ; le moineau domestique : 61 %, soit près de 147 millions d'individus. Quant à la douce tourterelle, elle subit un effondrement de 77 %.
       L'équipe a rassemblé des données recueillies de 1980 à 2009 sur 144 espèces. Celles-ci ont été séparées, des plus rares aux plus communes, en quatre groupes. Dans le premier, les ornithologues ont constaté une augmentation de 21 000 individus, un chiffre attribué aux succès des politiques européennes de conservation. Ainsi, le nombre de busards des roseaux a augmenté de 256 %, celui des grues de 400 %.
      " Les programmes spécifiques ont obtenu des succès spectaculaires, insiste Richard Gregory. Mais il est plus facile d'agir sur un territoire réduit que dans plusieurs pays. " Plus gratifiant, aussi, de prendre soin de rapaces ou de grands migrateurs que de modestes passereaux.
        Car près de 80 % des pertes figurent dans le quatrième groupe, largement composé de petits oiseaux. " Parce que c'est la population la plus importante en valeur absolue, mais aussi parce que ce sont des espèces que l'on croit à l'abri, poursuit Richard Gregory. Or une espèce commune peut parfaitement disparaître. Au début du XXe siècle, le ciel américain était noir de pigeons voyageurs. Il n'y en a plus un seul. "

      
    " Elargir le regard "
      
    C'est pourtant au-delà de la diversité que les chercheurs nous invitent à regarder. " Le concept même de diversité a permis de lutter contre les dangers que couraient, que courent toujours, certaines espèces. Mais il traduit mal l'état global de l'écosystème et la façon dont on prend soin de notre environnement. Par définition, ce sont les espèces les plus répandues qui ont le plus d'impact sur l'environnement ; elles qui rendent les plus grands services écosytémiques et qui maintiennent les grands équilibres. " Et Richard Gregory de lister : pollinisation, dispersion des graines, lutte contre la prolifération des insectes, nettoyage des charognes…
      Les causes de la raréfaction de ces oiseaux des champs ? Pour Frédéric Jiguet, professeur au Muséum national d'histoire naturelle et coordinateur à l'échelle de la France du recueil des données utilisées, " la mécanisation de l'agriculture a conduit à l'augmentation des parcelles, donc à l'arrachage des haies et à la réduction des surfaces non labourées et, ainsi, à une perte d'habitat pour de nombreuses espèces ". Le système des subventions européennes, ajoute le biologiste, " conditionnées par la quantité produite plutôt que par des critères de qualité et de respect de l'environnement ", est en partie responsable de la situation.
      La nature des traitements agricoles est aussi suspectée. Au cours de l'été 2014, une cinquantaine de chercheurs internationaux a publié un état des lieux de la littérature scientifique dans la revue Environmental Science and Pollution Research, mettant en cause les nouvelles générations de pesticides dits " systémiques " (utilisés préventivement en enrobage des semences ou en traitement des sols) dans la réduction massive des populations d'insectes. Or ceux-ci forment l'ordinaire de bon nombre des oiseaux en déclin. " Nombre de naturalistes mettent l'accent sur la perte d'habitat pour expliquer une grande part de cet effondrement, sans voir que les nouvelles générations d'insecticides systémiques ont un effet effroyable sur toutes les populations d'invertébrés, rappelle l'ornithologue Christian Pacteau, de la Ligue de protection des oiseaux. Or ceux-ci forment l'ordinaire de bon nombre des oiseaux en déclin. " Ce qui se produit depuis quelques années, c'est que les oiseaux sont victimes d'une interminable famine. "
       Mais l'agriculture intensive n'est peut-être pas seule en cause. L'étude invite à " élargir le regard ". Frédéric Jiguet donne, par exemple, des éléments de comparaison avec la chasse : " Les données sont rares, mais une enquête conduite en 1998 auprès d'un échantillon de chasseurs suggérait que la chasse à la bécasse, à la grive, au merle et au canard était à elle seule responsable, chaque hiver en France, de la mort d'environ 7 millions d'oiseaux ! " Une étude publiée fin 2013 dans Nature Communications estimait par ailleurs que le nombre d'oiseaux tués chaque année aux Etats-Unis par les chats domestiques oscille entre 1,3 milliard et 4 milliards d'individus !
        Stéphane Foucart, et Nathaniel
    Herzberg

        © Le Monde

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  • Gaz de schiste...  (Guillaume CHARON)

    2014    336 p.   35 €

    Extrait   Avant-propos

      "En quelques années, grâce au pétrole et au gaz de schiste, les États-Unis ont créé l'équivalent de la production gazière de l'Iran et pétrolière de l'Irak... et cette révolution énergétique n'est que la partie visible d'une lame de fond qui balaie les côtes de nos certitudes : révolution des flux gaziers et de la géopolitique, création de nouveaux acteurs énergétiques, réindustrialisation des États-Unis, shale gas en substitut au charbon et en outil de baisse des gaz à effet de serre, etc. A l'heure actuelle, cette révolution s'internationalise et n'épargne aucune zone : Chine, Argentine, Australie, Royaume-Uni, Algérie en constituent des preuves, parmi d'autres.
    Dans le débat sur le shale gas, outre quelques études d'impacts commandées par des groupes d'intérêt (industrie pétrochimique, OU & Gas ou gouvernements), rares sont les publications à aborder l'ensemble des retombées du shale gas de façon objective et exhaustive : technique, économique, environnemental, géopolitique ou sociologique.
       Dans de nombreux pays, depuis 2010 et notamment la publication du documentaire Gasland, le débat sur le shale gas est animé par ses opposants, nombreux et bruyants. S'ils jugent son exploitation peu durable, ils lui reprochent surtout une faible rentabilité et de redoutables impacts environnementaux.
       Si la cause est juste (protéger la nature contre l'exploitation supposée dévastatrice de l'exploitation du shale gas), les procédés utilisés laissent souvent dubitatifs : absences d'études scientifiques, images sensationnalistes, analyses souvent erronées et pédagogie simplificatrice. N'a-t-on pas vu en France, un futur ministre de l'Énergie résumant son intervention sur le shale gas à quelques secondes du bruit provoqué par une fracturation hydraulique enregistrées sur son téléphone, comme pour souligner les ravages insupportables du shale gas... Qu'aurait-on dit s'il s'était opposé à la construction d'une route ou d'un hôpital en faisant écouter un bruit de marteau piqueur ?
       Face à des discours souvent «populistes», les partisans du shale gas sont généralement inaudibles, retranchés derrière des statistiques qui pèsent peu face au choc des images d'un robinet qui s'enflamme. Habitués à être montrés du doigt pour les méfaits du pétrole, les pétroliers ont bien du mal à défendre leur industrie pourtant exemplaire en terme de rigueur, de challenge technologique et de contribution au développement économique.
    Qui se rappelle que 2/3 de l'énergie mondiale provient du pétrole et du gaz, que la production de 7 litres de lait nécessite 1 litre de carburant, que l'industrie pétrochimique a favorisé l'émergence des médicaments, que la mécanisation des tâches a amélioré l'espérance de vie... ou que le redressement de l'économie du Royaume-Uni doit autant à la production de la mer du Nord qu'à Margaret Thatcher. La Norvège reste pour sa part le meilleur exemple d'économie ayant réussi à gérer sa rente pétrolière en évitant les effets néfastes.
       La révolution du shale gas reste donc silencieuse... et cependant terriblement rapide et, à bien des égards, porteuse d'espoir. Mature sur le plan technique et économique, l'exploitation du shale gas peut être encadrée par une réglementation rigoureuse. Via la fiscalité et la législation, les États peuvent alors utiliser la manne financière du shale gas au profit de la compétitivité des industries, des services de l'État et, pourquoi pas, d'une politique environnementale ambitieuse ! A l'heure où les déficits limitent le développement des énergies renouvelables, n'est-il pas raisonnable de produire du gaz en substitution du pétrole et du charbon qui sont plus polluants ? Ne peut-on pas utiliser une partie de la manne gazière pour subventionner les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique ? Ne peut-on pas utiliser la rente gazière pour dépolluer les sols agricoles ?
       Au terme de deux années d'une analyse approfondie et bien décidé à dépassionner le débat, ce livre tente de lever le voile sur l'industrie du gaz de schiste et explique en quoi cette ressource transforme en profondeur le monde énergétique et les rapports de force économiques et géopolitiques.
       Je remercie tous ceux qui ont partagé leur expérience, de Houston à Alger et de Séoul à Caracas, notamment Dominique Barthe, Séverine Charon, Jean-Marie Chevalier, Mélissa Clodic, Marc Granier et Pierre Mas. Plus généralement, je dédie ce livre aux lanceurs d'alertes, aux entrepreneurs, à tous ceux qui partagent une quête du bien commun et qui ne négligent pas les petites choses sous prétexte de rêver d'en faire des grandes."  

    Présentation de l'éditeur

    « Gaz de schiste : la fin » ; « Le mirage évanoui » ; « Des coûts de production élevés », « Le gaz de schiste vous rend heureux » ; « Miracle en Californie » ; « Le gaz de schiste sauve l'industrie américaine »... Le développement des gaz de schiste est au c ur des débats. Toutefois le sujet et ses enjeux restent difficiles à appréhender. Les nouvelles contradictoires se télescopent tandis que la rhétorique et la posture se substituent trop souvent à l'expertise et à l'objectivité. Dépassionnant le débat et au terme de deux années d'une analyse approfondie, l'auteur lève le voile sur l'industrie du gaz de schiste et explique, pas à pas, comment cette ressource transforme en profondeur le monde énergétique et les rapports de force économiques et géopolitiques. Destiné à un public de spécialistes, décideurs politiques ou simples citoyens, cet ouvrage apporte des réponses claires, argumentées et chiffrées aux questions qui agitent le débat : combien d'éoliennes pour remplacer une production de gaz de schiste ? Quels sont les risques environnementaux ? Comment les éviter ? Quelles retombées économiques pour les consommateurs, les industriels ou les États ? Quel est l'impact du gaz de schiste sur le prix de l'énergie ? Pourquoi les majors ont-elles raté le virage ? Pourquoi certains pays producteurs s'opposent au gaz de schiste ? Dans quels pays le gaz de schiste va-t-il se développer ?

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  •   Réaction du Pérou aux appels urgents lancés pour protéger le territoire des Indiens isolés 3 Octobre 2014

    En septembre dernier, une missionnaire adventiste est entrée en contact avec des Indiens mashco-piro isolés et leur a distribué des vêtements et de la nourriture, les exposant à des maladies contre lesquelles ils n'ont aucune immunité.
       En septembre dernier, une missionnaire adventiste est entrée en contact avec des Indiens mashco-piro isolés et leur a distribué des vêtements et de la nourriture, les exposant à des maladies contre lesquelles ils n'ont aucune immunité.

                                    © Jaime Corisepa/FENAMAD

       Le gouvernement péruvien a répondu aux appels urgents de Survival International et de l’organisation indigène amazonienne FENAMAD demandant la protection du territoire habité par des Indiens isolés.

      L’alerte a été déclenchée par la révélation de la ""photo d’une missionnaire":"

         http://www.survivalfrance.org/actu/10424

      distribuant des vêtements et d’autres objets à de jeunes membres de la tribu, les exposant ainsi à des maladies contre lesquelles ils n’ont aucune immunité.

      Plus de 13 000 sympathisants de Survival ont écrit au gouvernement péruvien pour lui demander de prendre des mesures urgentes visant à assurer la protection des terres et des vies de ces Indiens.

      Le ministre péruvien de la Culture a réagi en créant un comité d’urgence afin d’affronter la situation.

       Mais cette mesure est loin d’être suffisante pour répondre aux attentes des Indiens.

      La FENAMAD appelle le gouvernement à : inclure dans la réserve de Madre de Dios (où la tribu a récemment été aperçue) le territoire des Indiens isolé d’une superficie de 1,2 millions d’hectares ; recruter et former une équipe d’experts pour assister les postes de gardes locaux; et accorder aux gardes forestiers le pouvoir juridique d’empêcher les bûcherons clandestins et les trafiquants de drogue d’envahir la région.

        Survival soutient les demandes de la FENAMAD.

       Signez la pétition de Survival demandant au gouvernement de protéger le territoire des Indiens isolés.

      Les peuples indigènes isolés sont les sociétés les plus vulnérables de la planète. Des populations entières ont été décimées par des maladies telles que la grippe ou la rougeole contre lesquelles ils n’ont aucune immunité


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  •  

    visuel pinocchio jaune2© Les Amis de la Terre

    Après le lancement du vote public le 9 octobre dernier, Les Amis de la Terre, en partenariat avec Peuples Solidaires - ActionAid France et le Centre de Recherche et d'Information pour le Développement (CRID), ont mis fin au suspense lors de la cérémonie de remise des Prix Pinocchio ce soir à La Java (Paris) et ont annoncé les grands vainqueurs de l'édition 2014 : Shell, GDF Suez et Samsung[1].

    Les Prix Pinocchio, organisés par les Amis de la Terre France, en partenariat avec le CRID et Peuples Solidaires, ont pour but d'illustrer et de dénoncer les impacts négatifs de certaines entreprises multinationales, en totale contradiction avec le concept de développement durable qu'elles utilisent abondamment.

    Depuis l'émergence au niveau international du concept de Responsabilité sociale et environnementale des entreprises (RSEE), notamment lors du Sommet pour la Terre de Johannesburg en 2002, ce sont les approches volontaires qui prédominent : Pacte mondial des Nations unies, principes d'Equateur des banques, principes directeur de l'OCDE, chartes éthiques, etc.
    Tandis que les entreprises bénéficient de retombées positives en termes d'image auprès de leurs actionnaires, de leurs clients et des citoyens, elles ne s'engagent en contrepartie que sur des grands principes généraux peu opérationnels, et ne sont pas redevables de leurs actes en cas de non-respect de ces approches volontaires. Bien que soutenues au plus haut niveau par des pouvoirs publics qui privilégient souvent la compétitivité des multinationales aux droits de l'Homme et à la protection de l'environnement), ces approches volontaires ont aujourd'hui largement prouvé leur inefficacité.

    Résultats des Prix Pinocchio 2014

    Shell remporte haut la main le Prix Pinocchio dans la catégorie « Une pour tous, tout pour moi »[2] avec 43 % des votes, pour la multiplication de ses projets de gaz de schiste dans le monde entier, sauf aux Pays-Bas, son pays d'origine, soumis à un moratoire. Alors que cette multinationale, comme les autres grandes compagnies pétrolières, se targue de mener ses opérations en respectant des « principes ambitieux », la réalité constatée sur le terrain, notamment en Argentine et en Ukraine, est bien différente : absence de consultation des populations, puits dans une aire naturelle protégée et sur des terres agricoles, réservoirs d'eaux de forage toxiques à l'air libre, opacité financière, etc.

    Dans la catégorie « Plus vert que vert »[3], GDF Suez reçoit le Prix Pinocchio avec 42 % des votes, pour ses « obligations vertes ». Au mois de mai dernier, ce géant énergétique français avait annoncé fièrement avoir émis la plus importante « obligation verte » jamais réalisée par une entreprise privée, récoltant 2,5 milliards d'euros auprès d'investisseurs privés pour financer soi-disant des projets énergétiques propres. Mais quand on y regarde de plus près, aucun critère social et environnemental clair n'est associé à ces obligations « vertes », et l'entreprise n'a pas publié la liste des projets financés. Elle pourrait même utiliser cet argent pour des projets destructeurs tels que des grands barrages, comme celui de Jirau (Brésil) qu'elle a cité en exemple, et continue par ailleurs à investir lourdement dans les énergies fossiles.

    Enfin, avec 40 % des votes, le Prix Pinocchio de la catégorie « Mains sales, poches pleines »[4] a été décerné à Samsung, pour les conditions de travail indignes dans les usines qui fabriquent ses produits en Chine : heures de travail excessives, salaires de misère, travail des enfants, etc. Malgré des enquêtes et interpellations répétées de la société civile, et le dépôt d'une plainte en France, ce leader de la high tech s'entête à nier ces accusations. L'entreprise devrait affronter la réalité et mettre en œuvre des mesures concrètes pour améliorer les conditions de travail des ouvriers et ouvrières chinoises, et mettre fin à ces violations de droits.

    Dénonçant de nombreuses violations des droits des peuples et de l'environnement, les Prix Pinocchio ont gagné en importance depuis leur création en 2008, et contribuent à faire pression sur les entreprises pour qu'elles changent leurs pratiques. L'ampleur de l'événement et son rôle dans le débat public autour de la RSEE a cette année contraint l'ensemble des entreprises nominées à s'expliquer publiquement sur les faits dénoncés[5].

    Juliette Renaud, chargée de campagne sur la Responsabilité sociale et environnementale des entreprises aux Amis de la Terre, commente : « Il y a un an tout juste nous nous félicitions du dépôt d'une proposition de loi sur le devoir de vigilance des multinationales, mais les pressions des lobbies maintiennent le gouvernement dans l'inaction, et cette loi n'a toujours pas été votée, ni même discutée au Parlement[6]. En opposant des faits concrets aux beaux discours des entreprises, les Prix Pinocchio montrent cette année encore que ces vides juridiques permettent aux entreprises d'agir en toute impunité en France et dans le monde ».

    Pour Fanny Gallois, responsable des campagnes à Peuples Solidaires-ActionAid France, « Partout dans le monde, des femmes et des hommes se mobilisent pour faire valoir leurs droits et obtenir des conditions de vie et de travail dignes. En dénonçant les abus des multinationales, les Prix Pinocchio se font l'écho de ces luttes et en appellent à la responsabilité de nos gouvernants : il est temps de tenir les multinationales responsables de leurs impacts négatifs ».

    Selon Pascale Quivy, déléguée générale du CRID : « D'année en année, les citoyens de notre pays et d'ailleurs sont plus nombreux à participer au vote des prix Pinocchio. Nos décideurs politiques et économiques devraient en tenir compte, les premiers en édictant des règles contraignantes pour les entreprises en matière de responsabilité sociale, environnementale et fiscale, les seconds en mettant tout en œuvre pour les appliquer, tant sur le territoire français que dans leurs investissements à l'étranger ».

    Notes

    1. Au total,neuf entrepri ses étaient nominées : Shell, Total, Crédit Agricole, GDF Suez, EDF, Lyon Turin Ferroviaire, Pur Projet, Perenco et Samsung
    2. « Une pour tous, tout pour moi ! » : prix décerné à l'entreprise ayant mené la politique la plus agressive en terme d'appropriation, de surexploitation ou de destruction des ressources naturelles. Les deux autres nominés étaient Total et le Crédit Agricole.
    3. « Plus vert que vert » : prix décerné à l'entreprise ayant mené la campagne de communication la plus abusive et trompeuse au regard de ses activités réelles. Les deux autres nominés étaient EDF et Pur Projet.
    4. « Mains sales, poches pleines » : prix décerné à l'entreprise ayant mené la politique la plus opaque au niveau financier (corruption, évasion fiscale, etc.), en termes de lobbying, ou dans sa chaîne d'approvisionnement. Les deux autres nominés étaient Perenco et Lyon Turin Ferroviaire.
    5. EDF, GDF Suez, Total, Lyon Turin Ferroviaire, Crédit Agricole et Pur Projet ont répondu directement aux Amis de la Terre, tandis que Perenco, Shell et Samsung ont réagi au travers du Business and Human Rights Resource Center. Les échanges entre les entreprises et les organisations porteuses des cas sont disponibles sur http://www.amisdelaterre.org/Prix-Pinocchio-les-reactions-des.html
    6. Cette proposition de loi relative au devoir de vigilance des sociétés mères et des entreprises donneuses d'ordre, a été déposée par quatre groupes parlementaires et est soutenue par cinq centrales syndicales.

    Auteur    Les Amis de la Terre

    Les opinions exprimées dans cet article n'engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de notre-planete.info qui a publié cet article. Elles contribuent au débat.


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  • Corruption (Antoine PEILLON)

    2014   155 p.   18 €

      L'auteur à (grand) succès de Ces 600 milliards qui manquent à la France nous invite à l'action.
      C'est que la corruption, ce mal qui menace de mettre à bas l'édifice de l'Etat et la société tout entière, n'est pas fatale. Elle est le fruit de l'institution du marché, s'est accrue avec le développement des échanges et triomphe à l'heure du règne de l'argent-roi.
       Comment l'enrayer ? Par l'action politique et la sanction judiciaire, d'un côté, par la prise de conscience que la décadence de notre République se nourrit de la banalité des conflits d'intérêts et des petits arrangements de chacun avec la morale civique.
       C'est ainsi que si nous devons rappeler sans cesse nos gouvernants à leur devoir de mobiliser tous les moyens propres à lutter contre cette pathologie de la démocratie, il nous faut aussi et surtout comprendre que la corruption traverse - au-delà des hautes sphères dirigeantes - chaque conscience, nous plaçant métaphysiquement devant le choix, à chaque instant, entre le bien et le mal, la vie et la mort, l'humanité et la barbarie.
       Depuis 2.500 ans, sagesses, philosophies et religions ont édifié un trésor de réflexions métaphysiques et de suggestions pratiques propres à nous apprendre à lutter contre la corruption. En voici l'édifiante synthèse.
     
       Antoine Peillon est grand reporter à La Croix. Il est l'auteur de
         -Ces 600 milliards qui manquent à la France (2012). 
    -------

      Après son enquête sur le vaste réseau de fraude et d'évasion fiscales organisé en France par la banque UBS, revoici Antoine Peillon avec un ouvrage qui s'attache à dénoncer ce qu'il appelle les "pouvoirs de la fortune". Le livre est intéressant de plusieurs points de vue. D'abord, par l'addition des affaires évoquées, on prend la mesure des liens opaques et antidémocratiques qui peuvent se tisser entre les pouvoirs de l'argent et de la politique.

      Ensuite, de par les références mises en avant, on s'aperçoit qu'il existe désormais un groupe de journalistes, universitaires, magistrats, policiers, etc., dont les travaux vont dans le même sens, celui de traquer et d'analyser ces comportements. De Médiapart à la juriste Chantal Cutajar, du commissaire Jean-François Gayraud au magistrat Eric Alt, du politiste Pierre Lascoumes au spécialiste de la corruption Noël Pons, etc., une expertise se développe.

      Enfin, on est poussé à s'interroger sur les liens entre banquiers, politiques et voyous. Antoine Peillon est persuadé que la France est de ce point de vue gangrenée comme jamais. Mais les nombreux auteurs qu'il cite montrent plutôt que ce problème semble se poser de tout temps. Et la France ne fait pas exception en termes de pouvoir de l'argent. De quoi réfléchir.

       Christian Chavagneux
    Alternatives Economiques n° 339 - octobre 2014


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  • Le défi climatique (Jean JOUZEL;

    2014    256 p.   19 €

    Revue de presse

    « Tout ce que vous voulez savoir sur le changement climatique ! » Le blog de DD

    « […] la synthèse des connaissances actuelles sur les évolutions passées et à venir du climat. » Plein soleil

      Tous les pays y ont souscrit mais tiendront-ils l’objectif d’un réchauffement climatique qui, à long terme, ne   dépasserait pas 2 ºC ?
    D’année en année, la question du climat est devenue omniprésente, s’imposant dans les débats de société.
      Ce livre, rédigé par un climatologue et une journaliste scientifique, à jour du 5e rapport du GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat) publié en 2013-2014, fait la synthèse des connaissances actuelles sur les évolutions passée et à venir du climat.
      Sans oblitérer l’ampleur du défi, l’urgence de l’action ni les résistances, les auteurs mettent en valeur les efforts des nations pour limiter l’effet de serre. Les comportements évoluent, certes lentement, mais ces changements témoignent d’une véritable et durable prise de conscience.

     Une excellente synthèse actualisée sur le défi qui engage la pérennité même de nos sociétés.

      Jean Jouzel est vice-président du GIEC, Directeur de recherches au CEA, médaille d'Or du CNRS 2002, prix Vetlesen 2012

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  • Atlas de l'alimentation (

    2014   290 p.  (actuellement indisponible)

        D'où viennent les produits et boissons que l'on consomme ? Quels hommes et quels paysages leur sont associés ? Pourquoi mange-t-on épicé ici, fermenté là ? Debout ici, assis là ? De quand datent les premières grandes cultures céréalières ? Pourquoi fruits et légumes ont traversé l'Atlantique ? La pizza est-elle consommée aux quatre coins de la planète ?

       Voici en 300 pages et 200 cartes et illustrations, la formidable histoire des aliments, cuisines et saveurs du monde. De la domestication du maïs vers - 4 000 aux cultures expérimentales d'OGM au XXIe siècle, de l'introduction de la tomate en Espagne à la suite des Grandes Découvertes aux récentes ouvertures de nombreux restaurants japonais un peu partout en Europe, des premiers caféiers originaires d'Ethiopie au XIIIe siècle av. J.C. aux cannettes de sodas des grandes firmes multinationales, des pitas grecques aux samossas indiens... l'histoire des pratiques culinaires se confond avec l'histoire des cultures, des échanges, des climats et des hommes.

      Et si les codes et les manières de manger diffèrent d'un coin à l'autre du monde, le repas est universellement un moment de partage, et de communion. Car se nourrir n'est certes pas qu'un impératif biologique : c'est aussi un acte hautement culturel. Un atlas à dévorer !   

       Agrégé et docteur en géographie, Gilles Fumey a enseigné dans les classes préparatoires aux grandes écoles. Inspecteur d’académie, Inspecteur Pédagogique Régional d’histoire et géographie (académie d’Amiens), il a ensuite été Directeur-adjoint du master Transports et logistique des échanges (Université Paris-Sorbonne) puis Professeur agrégé et maître de conférences de géographie (Université Paris-IV Sorbonne). Il est chercheur au laboratoire Espaces, nature, culture (UMR 8185) Paris IV - CNRS2. Ses recherches portent sur la géographie culturelle et l’alimentation, les cultures alimentaires du monde. Il est le fondateur du Café géographique de Paris et du réseau des Cafés géo sur le Web. Il est le rédacteur en chef de la revue de géographie culturelle La GéoGraphie. Il est membre du comité de pilotage du festival international de géographie de Saint-Dié (Vosges). 

       Pierre Raffard, doctorant en géographie, est le cartographe de cet atlas. n atlas à dévorer !


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  •   Deux symboles du capitalisme s’inquiètent des inégalités

     

       Clément Guillou | Journaliste Rue89  (20/10/2014)

      L’insigne d’une Rolls Royce, dans un showroom le 8 juillet 2014 à Londres (Kirsty Wigglesworth/AP/SIPA)

     

       « L’ampleur et la hausse continue des inégalités aux Etats-Unis m’inquiètent grandement. »

     

      Jean-Luc Mélenchon en visite à Washington ? Thomas Piketty ? Barack Obama ? Non, Janet Yellen, la présidente de la Réserve fédérale américaine.

         Dans un discours prononcé vendredi à Boston, Yellen est allée beaucoup plus loin que le font d’ordinaire les numéros un de la Fed, en jugeant le niveau des inégalités contraire aux « valeurs américaines » et en pointant diplomatiquement les responsabilités politiques. Elle s’est bien gardée de dire si la politique monétaire américaine avait pu accroître les inégalités.

    Le banquier central américain n’a pas l’habitude de s’immiscer dans les débats politiques aux Etats-Unis, et les inégalités en est un, notamment depuis le succès du livre « Le Capital au XXIe siècle » de Thomas Piketty.

    Crédit suisse comme Oxfam

    Trois jours plus tôt, le groupe de services financiers Crédit suisse avait fait des inégalités le thème de son étude annuelle sur la richesse dans le monde  qui continue d’augmenter. La déclaration de Yellen et le « choix éditorial » de Crédit suisse font suite aux inquiétudes émises par le Fonds monétaire internationale et le Forum de Davos, le raout annuel du monde des affaires.

    Le Forum de Davos avait été bousculé par une étude d’Oxfam, dont ressortait un chiffre frappant : la richesse cumulée des 85 plus grandes fortunes du monde équivalait à celle des 3,5 milliards de personnes les plus pauvres.

    Mais contrairement à Oxfam, le Crédit suisse est peu suspect d’hostilité au capitalisme financier. Il EST le capitalisme financier.

    Ses analystes constatent que la richesse mondiale continue d’augmenter mais qu’elle est de plus en plus concentrée, un fait criant dans le graphique ci-dessous : par rapport à 2013, la richesse médiane a baissé – comme depuis 2010 – mais celle des 10% et 1% les plus riches a augmenté.


    Niveau de richesse minimum des 50%, 10% et 1% les plus riches du monde (Rapport de Crédit suisse)

     

    Cette évolution est attribuable à la hausse des marchés d’action et immobiliers ainsi qu’à des taux de change favorables. Les 1% les plus riches du monde sont désormais propriétaires de près de la moitié de la richesse mondiale.

     


     

     

    Pyramide de la richesse mondiale. A gauche, niveau de richesse en dollars. Au centre, nombre d’adultes (pourcentage de la population mondiale). A droite, richesse cumulée (pourcentage de la richesse mondiale) (Rapport de Crédit suisse)

    Le retour de la hausse des inégalités

    Entre 2007 et 2014, les inégalités de richesse ont progressé dans 35 pays et diminué dans 11 pays seulement, relève aussi Crédit suisse. C’est essentiellement dans les pays en développement que les inégalités augmentent, comme le prouve cette carte réalisée par Business Insider sur la base des données de Crédit suisse.

    Une rupture s’est opérée après la crise financière. De 2000 à 2007, les inégalités étaient globalement en baisse (surtout en Europe). Depuis 2007, elles augmentent partout (sauf aux Etats-Unis). L’analyse est valable pour la France et s’explique, selon Crédit suisse, par la chute des Bourses pendant la crise et leur remontée récente

    Plus largement, les économistes du groupe, rappelant le principe de l’accumulation du capital, expliquent le cercle vicieux des inégalités : les riches ont du capital à placer et profitent de taux d’intérêt bas, donc ils font grimper les prix des actifs (actions, immobilier). Ce faisant, ils s’enrichissent et poussent la classe moyenne à s’endetter, augmentant ainsi les inégalités.


         Le cercle vicieux des inégalités (Rapport de Cr&eacute ; dit suisse)

     

      Selon Crédit suisse, ce cercle vicieux menace l’équilibre de l’économie mondiale.

     

       « Un signal inquiétant »

      Un chiffre – cher à Thomas Piketty – les inquiète particulièrement, celui du ratio richesse/revenu aux Etats-Unis, il montre la part croissante, depuis la fin de la crise financière, du capital dans la richesse globale. Crédit suisse explique :

      « Pendant plus d’un siècle, le rapport capital/revenu s’est situé entre 4 et 5. Cependant, ce ratio est monté brièvement au-dessus de 6 durant la bulle internet en 1999 et a encore crevé ce plafond entre 2005 et 2007.

    Il est retombé brutalement dans l’intervalle habituel après la crise financière mais ce déclin s’est depuis inversé et le radio est désormais à un niveau record de 6,5, pour la première fois depuis la Grande Dépression.

    C’est un signal inquiétant, compte tenu du fait que les ratios richesse/revenu anormalement hauts ont toujours été annonciateurs d’une récession dans le passé. »


     

     

    Evolution du ratio richesse/revenu aux Etats-Unis depuis 1900 (Rapport de Crédit suisse)


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  • Les femmes s'appliquent 515 produits chimiques sur le corps chaque jour

    Chère lectrice, cher lecteur,

    Nos parfums, déodorants, maquillages, teintures pour les cheveux, crèmes de jour et de nuit, anti-moustiques, savons et produits de vaisselle contiennent tous potentiellement de dangereux produits qui peuvent pénétrer au plus profond de nos organes et déclencher des maladies mortelles.

    Selon une enquête conduite par Bionsen, une société de cosmétiques britannique qui vend des déodorants sans aluminium, une femme applique en moyenne 515 produits chimiques sur son corps chaque jour.[1]

    Et le pire, c'est que non seulement nous nous causons du tort, mais nous transmettons ces poisons à notre descendance : par exemple le triclosan et le triclocarban, deux agents anti-bactériens présents dans de nombreux produits de consommation courante, sont retrouvés dans l’organisme des femmes enceintes et peuvent être transférés au fœtus !!

      Jean-Marc Dupuis (ISPN)

    Source :

    [1] Les femmes appliquent 515 substances chimiques sur leur corps chaque jour

      Institut pour la Protection de la Santé Naturelle
    Association sans but lucratif
    Rue du vieux Marché au grain, 48
    1000 BRUXELLES
       IPSN


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  • Secular stagnation

     

    Secular Stagnation : Facts, Causes and Cures, par Coen Teulings et Richard Baldwin (dir.)
    VoxEu.org, août 2014.
    Prix Kindle : EUR 7,18 TTC & envoi gratuit via réseau sans fil par Amazon Whispernet

     (154 p. estimation) en anglais 

     
      Six years after the Global Crisis, the recovery is still anaemic despite years of near-zero interest rates and extraordinary central bank manoeuvres. This eBook gathers the thinking of leading economists - including Larry Summers, Paul Krugman, Robert Gordon, Olivier Blanchard, Richard Koo, Barry Eichengreen, Ricardo Caballero, Ed Glaeser and a dozen others - on whether ‘secular stagnation’ to blame.

        Le débat entre économistes sur l'avenir de la croissance dans les vieux pays industrialisés n'en finit pas (voir notre dossier "La croissance peut-elle revenir ?" dans notre n° 338, septembre 2014). Le think tank VoxEU.org a mis en ligne il y a quelques semaines un livre électronique qui en regroupe les principaux protagonistes avec plusieurs articles de grand intérêt.

    Population active et réforme fiscale

    On retrouve bien entendu celui qui a lancé la première vague du débat, l'universitaire américain Robert Gordon. L'originalité de sa contribution tient à ce qu'il y avance pour la première fois ses recommandations pour retrouver un rythme élevé d'activité, objectif qui lui paraît souhaitable.

    Il veut compenser la baisse de la population active liée aux tendances démographiques par diverses mesures, du report de l'âge de la retraite à une immigration plus forte, en passant par la remise en liberté des prisonniers non violents ! Il plaide pour une réforme fiscale permettant de mettre fin aux failles du système et imposant plus fortement les dividendes et les plus-values en capital. Il plaide pour toute politique permettant de réduire les inégalités et d'améliorer les systèmes éducatifs.

    Inflation et investissements publics

    Si Robert Gordon s'attache à analyser les futures conditions de l'offre qui pourraient obérer la croissance, toute une série de textes s'interrogent plutôt sur les perspectives de demande susceptibles de provoquer le même résultat. On retrouve bien entendu l'économiste américain Lawrence Summers, qui a lancé le débat sur le sujet à la fin 2013, suivi par Paul Krugman et Olivier Blanchard, l'économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI), dont les contributions se renforcent les unes les autres.

    Ils partent du constat que pour répondre à la crise, les banques centrales ont baissé les taux d'intérêt à court terme, lesquels sont aujourd'hui proches de zéro. Les taux à long terme sont tout juste au-dessus. Leur prévision est qu'ils vont rester durablement très bas, car le monde fait face à un excédent structurel d'épargne. Notamment parce que le ralentissement de la croissance démographique va se traduire par moins de besoins en équipement, parce que les nouvelles technologies font baisser le prix de l'investissement et que la montée des inégalités concentre les revenus entre les mains de ceux qui épargnent le plus.

    Résultat : l'offre de capitaux (l'épargne) sera à l'avenir largement supérieure à la demande (l'investissement), ce qui tirera le prix de l'argent, le taux d'intérêt, vers le bas.

    C'est une mauvaise nouvelle pour l'efficacité de la politique monétaire : les taux étant déjà bas, on ne peut guère les baisser encore pour diminuer le coût du crédit et essayer de faire repartir l'activité. Il faudrait alors manger un peu le pouvoir d'achat des épargnants, pour les inciter à consommer et pour réduire le poids de la dette des débiteurs. Ce qui veut dire que les banques centrales doivent viser un niveau d'inflation plus élevé que l'objectif des 2 % retenu aujourd'hui. Y sont-elles prêtes ?

    A l'inverse, des taux d'intérêt faibles soutiennent des politiques de développement des investissements publics puisque les emprunts nécessaires à leur financement ne sont pas chers. Les Etats y sont-ils prêts ? Si la réponse aux deux questions est négative, la stagnation est là pour durer, prédisent les trois économistes.    

        Christian Chavagneux
          Alternatives Economiques n° 339 - octobre 2014


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  •   Conflit entre la conservation de la nature et la survie des populations autochtones : le WWF accusé de violations des droits de l'Homme .

     06 octobre 2014

    pygmees Baka CamerounLes Baka
    © Selcen Kucukustel / Atlas

         Survival International, le mouvement mondial pour les droits des peuples indigènes, a révélé que de graves abus étaient commis à l'encontre des Pygmées baka[1] du sud-est du Cameroun, aux mains des brigades anti-braconnage soutenues et financées par le Fonds mondial pour la nature (WWF). Les Baka sont illégalement expulsés de leurs terres ancestrales au nom de la conservation, la plus grande partie de leur territoire étant transformée en "zones protégées" – dont des zones de chasse au trophée.

       Plutôt que de s'en prendre aux puissants individus qui se cachent derrière ce braconnage organisé, les gardes forestiers et les soldats poursuivent les Baka qui pratiquent une chasse de subsistance. Les Baka et leurs voisins accusés de braconnage risquent la détention, les coups et la torture. Ils font état de nombreux morts parmi eux suite à ces expéditions punitives.

      Le ministère camerounais des Forêts et de la Faune, qui emploie les gardes forestiers, est financé par le WWF qui apporte également à ces derniers une assistance technique, logistique et matérielle. Sans son soutien, les brigades anti-braconnage ne pourraient pas agir.

       Les Baka racontent les abus[2] dont il ont été victimes aux mains des équipes anti-braconnage soutenues par le WWF. (Vidéo avoir sur le site de Survival)
    © Survival

    Les normes fixées par les Nations-Unies requièrent que le WWF prévienne ou atténue "les effets négatifs sur les droits de l'homme directement liés à ses opérations" même s'il n'y a pas contribué, or le géant de l'industrie de la conservation semble réticent à les mettre en pratique. Bien qu'il ait été prouvé que les brigades anti-braconnage ont bel et bien violé les droits des Baka, le WWF continue de leur apporter son soutien.

    Suite à la perte de leur territoire et de leurs ressources, on constate un déclin de l'état de santé des Baka et une augmentation des maladies telles que paludisme et sida. Ils craignent de pénétrer dans la forêt qui leur a apporté tout ce dont ils ont besoin durant d'innombrables générations.

    Ils risquent la détention, les coups, la torture et la mort aux mains des équipes anti-braconnage soutenues par le WWF.

    Un Baka a confié à Survival : "La forêt appartenait aux Baka mais ce n'est plus le cas. Nous circulions dans la forêt au gré des saisons mais maintenant nous avons peur de le faire. Pourquoi ont-ils le droit de nous interdire de pénétrer dans la forêt ? Nous ne savons pas vivre autrement. Ils nous battent, nous tuent et nous obligent à fuir et à nous réfugier au Congo".

    Stephen Corry, directeur de Survival, a déclaré aujourd'hui : "Les peuples indigènes sont les meilleurs défenseurs de l'environnement et les meilleurs gardiens du monde naturel. Ils connaissent mieux que quiconque leurs terres et tout ce qui s'y rapporte. Un idée équitable et irréprochable de la conservation va de pair avec le respect du droit international relatif aux peuples indigènes, particulièrement leurs droits territoriaux. Les organisations telles que le WWF devraient être à leur écoute, leur apporter l'aide dont ils ont besoin concernant la protection de leurs terres et les soutenir autant que possible. Il est urgent de repenser la notion de 'conservation'".

    Survival a introduit une requête auprès de la Commission nationale camerounaise des droits de l'homme et des libertés l'exhortant à enquêter sur ces violations des droits de l'Homme.

    Notes

    1. Si le terme "pygmée" couramment employé pour faire référence aux chasseurs-cueilleurs et anciens peuples de chasseurs-cueilleurs du bassin du Congo a acquis une certaine connotation péjorative, il est considéré par certains groupes comme un facteur d'identité.
    2. De nombreux Baka (tels que la femme qui s'exprime dans la vidéo) font référence aux équipes anti-braconnage en utilisant le terme ‘dobi-dobi' (WWF) car ils ne font aucune distinction entre le WWF et le ministère camerounais des Forêts et de la Faune.

    Auteur  Survival International


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  • Lundi 13 Octobre 2014

    Abdennour Bidar*

       Pour le philosophe Abdennour Bidar, les croyants ne peuvent pas se contenter de dénoncer la barbarie terroriste pour éluder l'origine des dérives djihadistes. Face aux dogmes et à l'instrumentalisation politique dont ils sont l'objet, le monde musulman doit faire son autocritique et œuvrer à sa propre réforme.

    Le sommet d'une mosquée à Islamabad au Pakistan - Anjum Naveed/AP/SIPA
                        Le sommet d'une mosquée à Islamabad au Pakistan - Anjum Naveed/AP/SIPA
          Tribune parue dans Marianne daté du 3 octobre
    Cher monde musulman, je suis un de tes fils éloignés qui te regarde du dehors et de loin - de ce pays de France où tant de tes enfants vivent aujourd'hui. Je te regarde avec mes yeux sévères de philosophe nourri depuis son enfance par le
    taçawwuf (soufisme) et par la pensée occidentale. Je te regarde donc à partir de ma position de barzakh, d'isthme entre les deux mers de l'Orient et de l'Occident !

       Et qu'est-ce que je vois ? Qu'est-ce que je vois mieux que d'autres, sans doute parce que justement je te regarde de loin, avec le recul de la distance ? Je te vois, toi, dans un état de misère et de souffrance qui me rend infiniment triste, mais qui rend encore plus sévère mon jugement de philosophe ! Car je te vois en train d'enfanter un monstre qui prétend se nommer Etat islamique et auquel certains préfèrent donner un nom de démon : Daesh. Mais le pire est que je te vois te perdre - perdre ton temps et ton honneur - dans le refus de reconnaître que ce monstre est né de toi, de tes errances, de tes contradictions, de ton écartèlement entre passé et présent, de ton incapacité trop durable à trouver ta place dans la civilisation humaine.

       Que dis-tu en effet face à ce monstre ? Tu cries : « Ce n'est pas moi ! », « Ce n'est pas l'islam ! » Tu refuses que les crimes de ce monstre soient commis en ton nom (#NotInMyName). Tu t'insurges que le monstre usurpe ton identité, et bien sûr tu as raison de le faire. Il est indispensable qu'à la face du monde tu proclames ainsi, haut et fort, que l'islam dénonce la barbarie. Mais c'est tout à fait insuffisant ! Car tu te réfugies dans le réflexe de l'autodéfense sans assumer aussi et surtout la responsabilité de l'autocritique. Tu te contentes de t'indigner alors que ce moment aurait été une occasion historique de te remettre en question ! Et tu accuses au lieu de prendre ta propre responsabilité : « Arrêtez, vous, les Occidentaux, et vous, tous les ennemis de l'islam, de nous associer à ce monstre ! Le terrorisme, ce n'est pas l'islam, le vrai islam, le bon islam qui ne veut pas dire la guerre mais la paix ! »

      J'entends ce cri de révolte qui monte en toi, ô mon cher monde musulman, et je le comprends. Oui, tu as raison, comme chacune des autres grandes inspirations sacrées du monde, l'islam a créé tout au long de son histoire de la beauté, de la justice, du sens, du bien, et il a puissamment éclairé l'être humain sur le chemin du mystère de l'existence... Je me bats ici, en Occident, dans chacun de mes livres, pour que cette sagesse de l'islam et de toutes les religions ne soit pas oubliée ni méprisée ! Mais de ma position lointaine je vois aussi autre chose que tu ne sais pas voir... Et cela m'inspire une question - « la » grande question : pourquoi ce monstre t'a-t-il volé ton visage ? Pourquoi ce monstre ignoble a-t-il choisi ton visage et pas un autre ? C'est qu'en réalité derrière ce monstre se cache un immense problème, que tu ne sembles pas prêt à regarder en face. Il faudra bien pourtant que tu finisses par en avoir le courage.

       Ce problème est celui des racines du mal. D'où viennent les crimes de ce soi-disant « Etat islamique » ? Je vais te le dire, mon ami. Et cela ne va pas te faire plaisir, mais c'est mon devoir de philosophe. Les racines de ce mal qui te vole aujourd'hui ton visage sont en toi-même, le monstre est sorti de ton propre ventre - et il en surgira autant d'autres monstres pires encore que celui-ci que tu tarderas à admettre ta maladie, pour attaquer enfin cette racine du mal !

      Même les intellectuels occidentaux ont de la difficulté à le voir : pour la plupart, ils ont tellement oublié ce qu'est la puissance de la religion - en bien et en mal, sur la vie et sur la mort - qu'ils me disent : « Non, le problème du monde musulman n'est pas l'islam, pas la religion, mais la politique, l'histoire, l'économie, etc. » Ils ne se souviennent plus du tout que la religion peut être le cœur de réacteur d'une civilisation humaine ! Et que l'avenir de l'humanité passera demain non pas seulement par la résolution de la crise financière, mais de façon bien plus essentielle par la résolution de la crise spirituelle sans précédent que traverse notre humanité tout entière ! Saurons-nous tous nous rassembler, à l'échelle de la planète, pour affronter ce défi fondamental ? La nature spirituelle de l'homme a horreur du vide, et si elle ne trouve rien de nouveau pour le remplir elle le fera demain avec des religions toujours plus inadaptées au présent - et qui comme l'islam actuellement se mettront alors à produire des monstres.

       Je vois en toi, ô monde musulman, des forces immenses prêtes à se lever pour contribuer à cet effort mondial de trouver une vie spirituelle pour le XXIe siècle ! Malgré la gravité de ta maladie, il y a en toi une multitude extraordinaire de femmes et d'hommes qui sont prêts à réformer l'islam, à réinventer son génie au-delà de ses formes historiques et à participer ainsi au renouvellement complet du rapport que l'humanité entretenait jusque-là avec ses dieux ! C'est à tous ceux-là, musulmans et non-musulmans, qui rêvent ensemble de révolution spirituelle, que je me suis adressé dans mes ouvrages ! Pour leur donner, avec mes mots de philosophe, confiance en ce qu'entrevoit leur espérance !
       Mais ces musulmanes et ces musulmans qui regardent vers l'avenir ne sont pas encore assez nombreux, ni leur parole, assez puissante. Tous ceux-là, dont je salue la lucidité et le courage, ont parfaitement vu que c'est l'état général de maladie profonde du monde musulman qui explique la naissance des monstres terroristes aux noms d'Al-Qaïda, Jabhat Al-Nosra, Aqmi ou « Etat islamique ». Ils ont bien compris que ce ne sont là que les symptômes les plus visibles sur un immense corps malade, dont les maladies chroniques sont les suivantes : impuissance à instituer des démocraties durables dans lesquelles est reconnue comme droit moral et politique la liberté de conscience vis-à-vis des dogmes de la religion ; difficultés chroniques à améliorer la condition des femmes dans le sens de l'égalité, de la responsabilité et de la liberté ; impuissance à séparer suffisamment le pouvoir politique de son contrôle par l'autorité de la religion ; incapacité à instituer un respect, une tolérance et une véritable reconnaissance du pluralisme religieux et des minorités religieuses.

      Tout cela serait-il donc la faute de l'Occident ? Combien de temps précieux vas-tu perdre encore, ô cher monde musulman, avec cette accusation stupide à laquelle toi-même tu ne crois plus, et derrière laquelle tu te caches pour continuer à te mentir à toi-même ?

       Depuis le XVIIIe siècle en particulier, il est temps de te l'avouer, tu as été incapable de répondre au défi de l'Occident. Soit tu t'es réfugié de façon infantile et mortifère dans le passé, avec la régression obscurantiste du wahhabisme qui continue de faire des ravages presque partout à l'intérieur de tes frontières - un wahhabisme que tu répands à partir de tes Lieux saints de l'Arabie saoudite comme un cancer qui partirait de ton cœur lui-même ! Soit tu as suivi le pire de cet Occident, en produisant comme lui des nationalismes et un modernisme qui est une caricature de modernité - je veux parler notamment de ce développement technologique sans cohérence avec leur archaïsme religieux qui fait de tes « élites » richissimes du Golfe seulement des victimes consentantes de la maladie mondiale qu'est le culte du dieu Argent.

       Qu'as-tu d'admirable aujourd'hui, mon ami ? Qu'est-ce qui en toi reste digne de susciter le respect des autres peuples et civilisations de la Terre ? Où sont tes sages, et as-tu encore une sagesse à proposer au monde ? Où sont tes grands hommes ? Qui sont tes Mandela, qui sont tes Gandhi, qui sont tes Aung San Suu Kyi ? Où sont tes grands penseurs dont les livres devraient être lus dans le monde entier comme au temps où les mathématiciens et les philosophes arabes ou persans faisaient référence de l'Inde à l'Espagne ? En réalité, tu es devenu si faible derrière la certitude que tu affiches toujours au sujet de toi-même... Tu ne sais plus du tout qui tu es, ni où tu veux aller, et cela te rend aussi malheureux qu'agressif... Tu t'obstines à ne pas écouter ceux qui t'appellent à changer en te libérant enfin de la domination que tu as offerte à la religion sur la vie tout entière.

       Tu as choisi de considérer que Mohammed était prophète et roi. Tu as choisi de définir l'islam comme religion politique, sociale, morale, devant régner comme un tyran aussi bien sur l'Etat que sur la vie civile, aussi bien dans la rue et dans la maison qu'à l'intérieur même de chaque conscience. Tu as choisi de croire et d'imposer que l'islam veut dire soumission alors que le Coran lui-même proclame qu'« il n'y a pas de contrainte en religion » (La ikraha fi Dîn). Tu as fait de son appel à la liberté l'empire de la contrainte ! Comment une civilisation peut-elle trahir à ce point son propre texte sacré ? Je dis qu'il est l'heure, dans la civilisation de l'islam, d'instituer cette liberté spirituelle - la plus sublime et difficile de toutes - à la place de toutes les lois inventées par des générations de théologiens !

       De nombreuses voix que tu ne veux pas entendre s'élèvent aujourd'hui dans la Oumma pour dénoncer ce tabou d'une religion autoritaire et indiscutable... Au point que trop de croyants ont tellement intériorisé une culture de la soumission à la tradition et aux « maîtres de religion » (imams, muftis, chouyoukhs, etc.) qu'ils ne comprennent même pas qu'on leur parle de liberté spirituelle, ni qu'on leur parle de choix personnel vis-à-vis des « piliers » de l'islam. Tout cela constitue pour eux une « ligne rouge » si sacrée qu'ils n'osent pas donner à leur propre conscience le droit de la remettre en question ! Et il y a tant de familles où cette confusion entre spiritualité et servitude est incrustée dans les esprits dès le plus jeune âge et où l'éducation spirituelle est d'une telle pauvreté que tout ce qui concerne la religion reste quelque chose qui ne se discute pas !

      Or, cela, de toute évidence, n'est pas imposé par le terrorisme de quelques troupes de fous fanatiques embarqués par l'« Etat islamique ». Non, ce problème-là est infiniment plus profond ! Mais qui veut l'entendre ? Silence là-dessus dans le monde musulman, et dans les médias occidentaux on n'écoute plus que tous ces spécialistes du terrorisme qui aggravent jour après jour la myopie générale ! Il ne faut donc pas que tu t'illusionnes, ô mon ami, en faisant croire que, quand on en aura fini avec le terrorisme islamiste, l'islam aura réglé ses problèmes ! Car tout ce que je viens d'évoquer - une religion tyrannique, dogmatique, littéraliste, formaliste, machiste, conservatrice, régressive - est trop souvent l'islam ordinaire, l'islam quotidien, qui souffre et fait souffrir trop de consciences, l'islam du passé dépassé, l'islam déformé par tous ceux qui l'instrumentalisent politiquement, l'islam qui finit encore et toujours par étouffer les Printemps arabes et la voix de toutes ses jeunesses qui demandent autre chose. Quand donc vas-tu faire enfin cette révolution qui dans les sociétés et les consciences fera rimer définitivement spiritualité et liberté ?

      Bien sûr, dans ton immense territoire il y a des îlots de liberté spirituelle : des familles qui transmettent un islam de tolérance, de choix personnel, d'approfondissement spirituel ; des lieux où l'islam donne encore le meilleur de lui-même, une culture du partage, de l'honneur, de la recherche du savoir, et une spiritualité en quête de ce lieu sacré où l'être humain et la réalité ultime qu'on appelle Allâh se rencontrent. Il y a en terre d'Islam, et partout dans les communautés musulmanes du monde, des consciences fortes et libres. Mais elles restent condamnées à vivre leur liberté sans reconnaissance d'un véritable droit, à leurs risques et périls face au contrôle communautaire ou même parfois face à la police religieuse. Jamais pour l'instant le droit de dire « Je choisis mon islam », « J'ai mon propre rapport à l'islam » n'a été reconnu par l'« islam officiel » des dignitaires. Ceux-là, au contraire, s'acharnent à imposer que « la doctrine de l'islam est unique » et que « l'obéissance aux piliers de l'islam est la seule voie droite » (sirâtou-l-moustaqîm).

      Ce refus du droit à la liberté vis-à-vis de la religion est l'une de ces racines du mal dont tu souffres, ô mon cher monde musulman, l'un de ces ventres obscurs où grandissent les monstres que tu fais bondir depuis quelques années au visage effrayé du monde entier. Car cette religion de fer impose à tes sociétés tout entières une violence insoutenable. Elle enferme toujours trop de tes filles et tous tes fils dans la cage d'un bien et d'un mal, d'un licite (halâl) et d'un illicite (harâm) que personne ne choisit mais que tout le monde subit. Elle emprisonne les volontés, elle conditionne les esprits, elle empêche ou entrave tout choix de vie personnel. Dans trop de tes contrées, tu associes encore la religion et la violence - contre les femmes, les « mauvais croyants », les minorités chrétiennes ou autres, les penseurs et les esprits libres, les rebelles - de sorte que cette religion et cette violence finissent par se confondre, chez les plus déséquilibrés et les plus fragiles de tes fils, dans la monstruosité du djihad !

      Alors ne fais plus semblant de t'étonner, je t'en prie, que des démons tels que le soi-disant Etat islamique t'aient pris ton visage ! Les monstres et les démons ne volent que les visages qui sont déjà déformés par trop de grimaces ! Et si tu veux savoir comment ne plus enfanter de tels monstres, je vais te le dire. C'est simple et très difficile à la fois. Il faut que tu commences par réformer toute l'éducation que tu donnes à tes enfants, dans chacune de tes écoles, chacun de tes lieux de savoir et de pouvoir. Que tu les réformes pour les diriger selon des principes universels (même si tu n'es pas le seul à les transgresser ou à persister dans leur ignorance) : la liberté de conscience, la démocratie, la tolérance et le droit de cité pour toute la diversité des visions du monde et des croyances, l'égalité des sexes et l'émancipation des femmes de toute tutelle masculine, la réflexion et la culture critique du religieux dans les universités, la littérature, les médias. Tu ne peux plus reculer, tu ne peux plus faire moins que tout cela ! C'est le seul moyen pour toi de ne plus enfanter de tels monstres, et si tu ne le fais pas, tu seras bientôt dévasté par leur puissance de destruction.

      Cher monde musulman... Je ne suis qu'un philosophe, et comme d'habitude certains diront que le philosophe est un hérétique. Je ne cherche pourtant qu'à faire resplendir à nouveau la lumière - c'est le nom que tu m'as donné qui me le commande, Abdennour, « Serviteur de la Lumière ». Je n'aurais pas été si sévère dans cette lettre si je ne croyais pas en toi. Comme on dit en français, « qui aime bien châtie bien ». Et, au contraire, tous ceux qui aujourd'hui ne sont pas assez sévères avec toi - qui veulent faire de toi une victime -, tous ceux-là en réalité ne te rendent pas service ! Je crois en toi, je crois en ta contribution à faire demain de notre planète un univers à la fois plus humain et plus spirituel ! Salâm, que la paix soit sur toi.
     
    * Abdennour Bidar est philosophe, auteur de
       -Self islam, histoire d'un islam personnel (Seuil, 2006), 
       -L'Islam sans soumission : pour un existentialisme musulman (Albin Michel, 2008), 
       -Histoire de l'humanisme en Occident (Armand Colin, 2014).

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  •   Plus de 50 % des espèces vivantes ont disparu

    Le WWF vient de publier son rapport Planète Vivante 2014. Les activités humaines ont permis la disparition de 50 % des espèces en 40 ans.

    Plus de 50% des espèces ont disparu
        L’indice Planète Vivante (IPV)

       Le 10e rapport Planète Vivante 2014 du WWF illustre à quel point il est temps d’agir pour protéger la planète. L’Indice Planète Vivante (IPV) mesure l’évolution des espèces vertébrées. En 40 ans, 50 % des espèces suivies par le WWF ont disparu.

        Les causes principales sont :

    • la destruction des habitats, l’agriculture, l’agrandissement des villes, la production d’énergie…),
    • l’exploitation des espèces (pêche et chasse),
    • les changements climatiques,
    • la pollution,
    • les espèces invasives,
    • les maladies.

      Les espèces d’eau douce sont les plus touchées par le phénomène avec 76 % de disparition entre 1970 et 2010.
    L’Amérique Latine est la région la plus vulnérable avec la disparition de 83 % de ses espècesPlus de 50% des espèces ont disparu

    Voir les espèces en voie de disparition sur le site urgence-especes.wwf.fr

    Notre empreinte écologique augmente

      S’ajoute à ce constat alarmant notre empreinte écologique qui ne cesse d’augmenter. L’homme a besoin de plus d’une planète et demie pour répondre à ses besoins. Depuis le mois d’août 2014, l’homme a déjà consommé toutes les ressources naturelles que peut générer la planète en une année.

    Lire sur Beurk.com : La dette écologique se creuse

      Extrait du rapport du WWF Planète Vivante 2014 :

    « Si l’innovation technologique, telle que l’amélioration de l’efficacité de la consommation des ressources et de l’énergie peut permettre de réduire le dépassement, elle nous expose aussi à de nouveaux dilemmes : ainsi, la progression de la biocapacité agricole grâce à l’emploi d’engrais et à la mécanisation s’est-elle effectuée en consommant davantage de combustibles fossiles, donc en augmentant l’empreinte carbone ».

    Notre empreinte écologique augmente 

      Sources :
    > wwf.fr : Rapport Planète Vivante 2014
    > urgence-especes.wwf.fr : Le dérèglement climatique fait disparaître les espèces

      Publié le par ari et repris par Beurk.com


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  • Le Bomeur, une vie de bobo chômeur (Nathanael ROUAS)

    2014   262 p.  18,50 € 

    Directeur de création chez Nouveau Jour (une agence de communication) pendant 5 ans, j'étais il y a encore un an un simple bobo.

    Un mec qui achète sa table de chevet 350 euros à la brocante de la rue de Bretagne.
    Un mec qui achète ses caleçons chez H&M mais qui n'a que des chemises Maads Norgarrd, des jeans Nudie, et des chinos Closed.

    Il y a un an, j'en mettais plein la vue à tout mon monde à coup d'op de comm' originales qui éblouissaient ma famille, mes potes... et les filles. Mais en septembre 2011, l'agence ferme ses portes. Je deviens alors un chômeur. Mais pas un chômeur comme les autres. Non. Je deviens un chômeur bobo.

    Ou un bobo chômeur.
    Au choix.

    En quelques mois de cafés pris à 15h en semaine Chez Prune sur le quai de Jemmapes, d'apéros qui commençent à 17h au Mansart, et de projets révolutionnaires "dont je ne peux pas te parler pour le moment, je t'en parlerai quand ça aura avancé" qui ne voient jamais le jour, je me suis rendu compte que je n'étais pas le seul dans mon cas. Des mecs comme moi, il y en a des centaines et je les croise tous les jours. Ils sont âgés de 27 à 38 ans, vont dans les mêmes lieux que moi, ont la même barbe de trois jours que moi, la même chemise en jean que moi, les mêmes Nike Blazer au pieds que moi, et les mêmes projets foireux que moi.

    J'ai identifié cette tribu il y a 6 mois, avant d'en faire un tumblr.
    .
    Une tribu de bobo chômeurs qui touche un bon chômage à la fin de chaque mois. Une tribu qui bosse en freelance de temps en temps. Une tribu qui essaye de faire illusion auprès de ses amis en démontrant par A+B que sa situation est géniale... mais qui au fond connaît la vérité. Une tribu qui écrit encore "directeur de création" dans les formulaires administratif parce qu'écrire "sans emploi" fait trop mal à l'égo.
    Une tribu détestée dans tous les meetings de la campagne présidentielle: bobos et assistés, il n'y avait pas meilleure cible.

    Cette nouvelle tribu, ce sont des mecs comme moi.
    Moi. Moi. Moi. Toujours tourné vers soi.
    Un chômeur bobo.
    Un bobo chômeur.

    J'ai inventé un nom pour cette nouvelle tribu : Les BOMEURS.
    Un personnage dans lequel certains se reconnaissent.
    Un personnage dans lequel certains reconnaissent leur pote.
    Et un personnage que les autres adorent détester.
    Il y a même une fanpage sur Facebook et un Twitter @lebomeur

    Je m'appelle Nathanaël Rouas, j'ai un projet en cours mais je ne peux pas vous en parler pour le moment... Je vous laisse, j'ai un café crème à prendre avec mon croissant, il est 14h40.  (HUFFPOST)

       Directeur de création dans une agence de communication, Nathanaël Rouas se retrouve au chômage en 2011 à la suite d'une liquidation judiciaire. Grâce à quelques mois de cafés pris en terrasse à 15 heures en semaine et à une déformation professionnelle qui le pousse à analyser la population qui l'entoure, il identifie une nouvelle tribu, la sienne : les bomeurs.


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