• Divertir pour dominer.... (Noam CHOMSKY) *****

    268 p.    2010    13,20 €

        Le  développement de la culture de masse a entraîné l'érosion des formes autonomes de culture populaire et la dissolution des liens sociaux au profit d'un monde artificiel d'individus isolés, fondement de la société de consommation. Le capitalisme ne peut donc être réduit à un système d'exploitation économique, il représente un "fait social total".II ne tient que sur l'intériorisation d'un imaginaire et grâce au développement d'une culture du divertissement permanent. Cette uniformisation des comportements et des aspirations se présente comme l'affranchissement de toutes les contraintes (sociales, spatiales, temporelles, etc.). Survalorisée et triomphante, la culture de masse (séries américaines, nouvelles technologies, football, jeux vidéos, etc.) trouve des défenseurs même chez les intellectuels dits contestataires. Il est donc urgent et nécessaire de mener une critique intransigeante du mode de vie capitaliste et de démontrer comment notre civilisation du loisir participe de la domestication des  peuples.

    « Si l'on ne croit pas à la liberté d'expression pour les gens qu'on méprise, on n'y croit pas du tout.  »

     Noam Chomsky 

    La méthode Chomsky

    David Barsamian, dans la préface de 'De la propagande', livre d'entretiens avec Noam Chomsky, décrit la "méthode Chomsky" comme suit : "La pratique de Noam Chomsky, c'est de vous dire ce qu'il pense, pas ce que vous devez penser.(...) Il ne se contente pas de maudire l'obscurantisme, il allume une bougie pour que nous puissions y voir."

    Noam Chomsky est professeur de linguistique au M.I.T., à Boston. Outre ses ouvrages de science cognitive, il a écrit de nombreux pamphlets concernant les médias américains et dénonçant la "propagande" ainsi que l'opinion consensuelle.


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  • Le langage et la pensée (Noam CHOMSKY)  ****

     2012  360 p.  9,65 € 

       Voici enfin la version définitive et complète (augmentée de quatre chapitres inédits) d’un classique situé au croisement de la linguistique, de la philosophie et de la psychologie. L’étude de la structure du langage peut nous aider à mieux comprendre l’intelligence humaine. Telle est, depuis plus de quarante ans, la conviction de Noam Chomsky, père de la grammaire générative, qui a révolutionné la linguistique, influencé les sciences cognitives et profondément modifié ce que nous savions de l’apprentissage du langage par les enfants. Il s’en explique dans ce livre, où il revient sur certains concepts et expressions clés de sa pensée – la grammaire universelle, la structure profonde, la biolinguistique, l’aspect créatif de l’utilisation du langage –, fournissant ainsi l’une des meilleures introductions à une théorie majeure.


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  • L'addiction aux certitudes (Daniel FAVRE)

      2013   192 p.  12,50 €

        Avec l'éducation dogmatique qui est encore la nôtre, les humains peuvent facilement perdre leur liberté de pensée et devenir dépendants d'idées, de certitudes.

     Comment pouvons-nous si souvent perdre notre liberté de pensée et devenir dépendants d'idées, de certitudes ? Au point de nous amener à justifier la pénurie, l'avidité, l'individualisme, la compétition, parfois violemment, au détriment de la recherche du vivre ensemble et du respect des écosystèmes.
     L'Homme serait-il le seul mammifère à pouvoir devenir « esclave » d'une idée et à avoir besoin de s'accrocher à ses certitudes ? Et souvent de façon collective !
     Cette addiction semble être à la source des fanatismes et de certains choix de société. Notre modèle économique actuel pourrait en partie en résulter.
      Le cas de l'usage de l'argent est exemplaire. Alors que l'humanité s'est donné depuis 40 ans les moyens de l 'abondance en libérant la création monétaire des contingences matérielles, la misère s'invite pour le plus grand nombre dans un environnement de plus en plus dérégulé par les activités humaines...

    Il est possible de reconnaître la pensée dogmatique qui alimente cette addiction et de s'en libérer par :
    - une méthode pour la repérer chez les autres... chez soi et pour s'entrainer à la pensée non dogmatique ;
    - des exercices et des pistes pour se déprendre des phénomènes d'hypnose collective et pour en prémunir ses enfants.

     Se présentent alors quelques raisons d'espérer et de donner réalité à ses rêves...

      Grâce à des notes, un 2e niveau de lecture apportant des précisions, des textes et des références, permet de relier des domaines souvent traités de manière séparée, à savoir la psychologie des comportements addictifs, les attitudes cognitives et l'économie politique et financière.
      
    Extrait de l'introduction

    Périssent mes enfants plutôt que mes idées !  Jacques Dartan

    Quand Hitler parlait, un témoin dans les années 1930 en Allemagne... résistait :
    «J'aurais voulu sauter de joie, me fondre avec les autres, ne faire plus qu'un avec la foule, mais je n'y arrivais pas... Je n'entendais que des absurdités !»
    Cet exemple nous montre que la personne en question se sent partagée entre deux motivations non compatibles : le plaisir de se fondre dans la masse en ressentant une émotion agréable de toute puissance mais en immolant sa raison, ou bien la satisfaction de rester une personne qui conserve sa liberté de penser de manière autonome avec le plaisir de la liberté, mais aussi une frustration liée au sentiment de solitude.
      Un choix difficile ?
      Peut-être vous, lecteurs, vous êtes-vous, comme moi, posé la question : comment aurais-je réagi si j'avais été dans le stade de Nuremberg en 1936, au milieu de la foule qui acclamait son guide incarnant le slogan nazi : Ein Volk, Ein Reich, Ein Führer ! ?

     Est-ce si aisé, intellectuellement, affectivement, de reconnaître que nous avons adopté et fait nôtre une opinion ou une croyance ?

     Lors d'un échange dans notre laboratoire de didactique, un de mes collègues m'affirmait que la science élaborait des concepts, et que la religion manipulait des croyances. Sur quoi, je lui répliquai que le clivage ne se situait pas là. Il existe, en effet, de nombreux scientifiques de notre connaissance qui mobilisent «dogmatiquement» des croyances, mais sans les reconnaître comme telles, tandis qu'il peut exister des religieux qui, de manière «non dogmatique», peuvent se poser beaucoup de questions ; nous pouvions citer des personnes dans chaque cas.

     L'expérience montre que, chacun, nous pouvons comme dans cet exemple, nous attacher affectivement à une idée, que celle-ci relève du domaine de la physique, de la psychologie, de l'économie ou de la spiritualité. Dans ce cas, on est peu enclins à modifier cette idée et dans les cas extrêmes, nous sommes prêts à la défendre, quelquefois avec des injures quand on appartient à la communauté scientifique, les armes à la main, réelles ou symboliques, si on fait partie d'un groupement armé ou d'une secte fanatique.

     Cet attachement aux idées peut se manifester dans les moments les plus banaux de la vie quotidienne.

     Avez-vous déjà observé à table, par exemple lors d'un repas en famille ou avec des amis, comment, quand on aborde certains sujets, les amis ou les proches peuvent revêtir les formes de nos pires ennemis ? Comment peut-on en arriver à de tels dérapages, avec des conséquences parfois fâcheuses tant sur notre digestion que sur la qualité de nos relations ?
     Vous est-il arrivé par la suite de vous questionner sur ce qui avait bien pu se passer en vous, alors que vous aimez la femme, le mari, le parent, l'enfant ou l'ami(e), pour qu'un quart d'heure plus tôt vous ayez tellement envie de l'étrangler ?
     
       Daniel FAVRE est Professeur des Universités en Sciences de l'Éducation, titulaire de deux doctorats en Neurosciences et en Sciences de l'éducation. Ses thèmes de recherche concernent l'interaction entre émotion et cognition, les liens entre échec et violence scolaires, la construction des savoirs et l'éducation à la responsabilité.

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  •    1/ La stratégie de la distraction

    Élément primordial du contrôle social, la stratégie de la diversion consiste à détourner l’attention du public des problèmes importants et des mutations décidées par les élites politiques et économiques, grâce à un déluge continuel de distractions et d’informations insignifiantes. La stratégie de la diversion est également indispensable pour empêcher le public de s’intéresser aux connaissances essentielles, dans les domaines de la science, de l’économie, de la psychologie, de la neurobiologie, et de la cybernétique. « Garder l’attention du public distraite, loin des véritables problèmes sociaux, captivée par des sujets sans importance réelle. Garder le public occupé, occupé, occupé, sans aucun temps pour penser; de retour à la ferme avec les autres animaux. » Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles »
     

    2/ Créer des problèmes, puis offrir des solutions

    Cette méthode est aussi appelée « problème-réaction-solution ». On crée d’abord un problème, une « situation » prévue pour susciter une certaine réaction du public, afin que celui-ci soit lui-même demandeur des mesures qu’on souhaite lui faire accepter. Par exemple: laisser se développer la violence urbaine, ou organiser des attentats sanglants, afin que le public soit demandeur de lois sécuritaires au détriment de la liberté. Ou encore : créer une crise économique pour faire accepter comme un mal nécessaire le recul des droits sociaux et le démantèlement des services publics. 

    3/ La stratégie de la dégradation

    Pour faire accepter une mesure inacceptable, il suffit de l’appliquer progressivement, en « dégradé », sur une durée de 10 ans. C’est de cette façon que des conditions socio-économiques radicalement nouvelles (néolibéralisme) ont été imposées durant les années 1980 à 1990. Chômage massif, précarité, flexibilité, délocalisations, salaires n’assurant plus un revenu décent, autant de changements qui auraient provoqué une révolution s’ils avaient été appliqués brutalement. 

    4/ La stratégie du différé

    Une autre façon de faire accepter une décision impopulaire est de la présenter comme « douloureuse mais nécessaire », en obtenant l’accord du public dans le présent pour une application dans le futur. Il est toujours plus facile d’accepter un sacrifice futur qu’un sacrifice immédiat. D’abord parce que l’effort n’est pas à fournir tout de suite. Ensuite parce que le public a toujours tendance à espérer naïvement que « tout ira mieux demain » et que le sacrifice demandé pourra être évité. Enfin, cela laisse du temps au public pour s’habituer à l’idée du changement et l’accepter avec résignation lorsque le moment sera venu. 

    5/ S’adresser au public comme à des enfants en bas-âge

    La plupart des publicités destinées au grand-public utilisent un discours, des arguments, des personnages, et un ton particulièrement infantilisants, souvent proche du débilitant, comme si le spectateur était un enfant en bas-âge ou un handicapé mental. Plus on cherchera à tromper le spectateur, plus on adoptera un ton infantilisant. Pourquoi ? «Si on s’adresse à une personne comme si elle était âgée de 12 ans, alors, en raison de la suggestibilité, elle aura, avec une certaine probabilité, une réponse ou une réaction aussi dénuée de sens critique que celle d’une personne de 12 ans». Extrait de «Armes silencieuses pour guerres tranquilles» 

    6/ Faire appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion

    Faire appel à l’émotionnel est une technique classique pour court-circuiter l’analyse rationnelle, et donc le sens critique des individus. De plus, l’utilisation du registre émotionnel permet d’ouvrir la porte d’accès à l’inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions, ou des comportements.

    7/ Maintenir le public dans l’ignorance et la bêtise

    Faire en sorte que le public soit incapable de comprendre les technologies et les méthodes utilisées pour son contrôle et son esclavage. « La qualité de l’éducation donnée aux classes inférieures doit être la plus pauvre, de telle sorte que le fossé de l’ignorance qui isole les classes inférieures des classes supérieures soit et demeure incompréhensible par les classes inférieures. Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles » 

    8/ Encourager le public à se complaire dans la médiocrité

    Encourager le public à trouver « cool » le fait d’être bête, vulgaire, et inculte… 

    9/ Remplacer la révolte par la culpabilité

    Faire croire à l’individu qu’il est seul responsable de son malheur, à cause de l’insuffisance de son intelligence, de ses capacités, ou de ses efforts. Ainsi, au lieu de se révolter contre le système économique, l’individu s’auto-dévalue et culpabilise, ce qui engendre un état dépressif dont l’un des effets est l’inhibition de l’action. Et sans action, pas de révolution!…

    10/ Connaître les individus mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes

    Au cours des 50 dernières années, les progrès fulgurants de la science ont creusé un fossé croissant entre les connaissances du public et celles détenues et utilisées par les élites dirigeantes. Grâce à la biologie, la neurobiologie, et la psychologie appliquée, le « système » est parvenu à une connaissance avancée de l’être humain, à la fois physiquement et psychologiquement. Le système en est arrivé à mieux connaître l’individu moyen que celui-ci ne se connaît lui-même. Cela signifie que dans la majorité des cas, le système détient un plus grand contrôle et un plus grand pouvoir sur les individus que les individus eux-mêmes.

      D'après Noam Chomsky  qui a écrit plusieurs livres sur ce sujet.


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  • 2013   233 p.   14 €

      Loin d’être un manifeste dogmatique, ce Petit éloge de l’anarchisme célèbre la faculté d’exercer son jugement moral et sa créativité en toute liberté.

    À partir d’exemples tirés de la vie quotidienne et de l’histoire, James C. Scott analyse les notions d’autonomie, de dignité, de justice et de résistance. S’en dégage un plaidoyer pour l’insubordination sous toutes ses formes et dans toutes les circonstances – au travail, dans la rue, à l’université et dans les maisons de retraite.

    Manuel d’exercices de l’esprit pour voir et agir dans le monde comme un anarchiste, ce livre s’adresse avant tout à ceux qui ne se considèrent pas comme tel. À sa lecture, ils apprendront sans doute qu’ils partagent plusieurs des valeurs défendues par ces « dangereux extrémistes de gauche ». Les libertaires, quant à eux, y redécouvriront l’origine de certaines de leurs convictions.

    James C. Scott est professeur de science politique et d’anthropologie à l’université Yale. Il est aussi membre de l’Académie américaine des arts et des sciences et apiculteur dilettante. Deux autres de ses ouvrages ont été traduits en français,

       -La domination et les arts de la résistance (Amsterdam, 2009) et

       -Zomia ou l’art de ne pas être gouverné (Seuil, 2013)


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  • 2010    92 p.   12,17 €

      Lors d'un colloque organisé par Sophie Rabhi-Bouquet autour de la question du devenir de l'évolution aujourd'hui, Pierre Rabhi, connu pour son combat écologique dans une démarche laïque et universelle, converse avec Lama Lhundroup et Lama Mingyour du monastère de Karma Ling représentant la tradition bouddhiste tibétaine, le Père Jean-François Holtoff, fortement investi dans la protection de la nature et de tradition catholique, et Aigle Bleu, représentant de la tradition amérindienne du Canada.
       Par l'observation de la relation entre l'humain et la nature, chacun est renvoyé à sa propre humanité, à sa propre conscience et à sa responsabilité individuelle. Car, comme le disait Krishnamurti, " nous sommes le monde et le monde est nous "...
      Quatre voies d'approches mais un seul message, celui de l'amour et de l'impérieuse nécessité de sauver notre terre nourricière, notre Terre Mère.

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  • Où va l'humanité

    2013    87 p.   9,50 €

      Où va l'humanité ' Au début de l'histoire, l'homme apparaît fragile, vulnérable, exposé à tous les dangers. Surmontant pourtant les difficultés, il se met à inventer, penser, manier le verbe, écrire et communiquer. Mais l'histoire de l'homme ne s'arrête pas là. Le voilà qui cherche désormais à dominer sa propre nature pour assurer la maîtrise de son destin. Lui, le faible, ambitionne désormais la toute-puissance au point de décider des formes qu'il pourrait prendre demain.

       La génétique, les nanotechnologies, l'informatique et les sciences cognitives lui offrent les flammes modernes du feu de Prométhée pour devenir l'égal des dieux. Pourtant, dans cette aventure, celle de la posthumanité, le corps, cette encombrante chose, n'est pas sans poser de cruciales questions. Peut-on ainsi sans conséquence instrumentaliser le corps ? Que deviendrait l'espèce humaine affranchie de sa vulnérabilité, sa conscience, ses émotions, sa finitude qui furent les moteurs de son évolution '

      Jean-François Mattei et Israël Nisand, deux de nos plus éminents professeurs de médecine, qui ont vécu et accompagné la révolution biomédicale, tirent la sonnette d'alarme. Ne serions-nous pas au seuil d'une nouvelle histoire qui remettrait en cause les fondements même de l'humanité '

      Jean-François Mattei est professeur de pédiatrie et de génétique médicale. Ancien ministre de la santé il a été membre du comité consultatif national d'éthique.
       Israël Nisand est professeur de gynécologie à l'université de Strasbourg. Il est l'initiateur du Forum Européen de Bioéthique.

    Table des matières

    • Présentation                                                3
    • Jean-François Mattei/Israel Nisand                   4
    • Où va l’humanité                                           5
    • Préface                                                       7
    • L’humanité arrive à une croisée de chemins       11
    • L’homme n’aurait pas dû survivre,                    13
    • De la première nature à la seconde nature         17
    • De récits et de grammaires                             22
    • Quand deux écritures se rencontrent                26
    • Les grands avides                                         28
    • Le diable pourrait gagner                                31
    • Modifier la procréation humaine                       33
    • Ne pas devenir des robots                              35
    • Le corps sera-t-il encore humain ?                   37
    • L’homme abîmé et réparé                               59
    • L’homme augmenté ou amélioré                       64
    • L’homme transformé ou le post-humanisme        73
    • Conclusion                                                  77
    • Annexe                                                       83
    • Des memes auteurs
     

    Table des matières

    • Couverture1
    • Présentation3
    • Jean-François Mattei/Israel Nisand4
    • Où va l’humanité5
    • Préface7
    • L’humanité arrive à une croisée de chemins11
    • L’homme n’aurait pas dû survivre,13
    • De la première nature à la seconde nature17
    • De récits et de grammaires22
    • Quand deux écritures se rencontrent26
    • Les grands avides28
    • Le diable pourrait gagner31
    • Modifier la procréation humaine33
    • Ne pas devenir des robots35
    • Le corps sera-t-il encore humain ?37
    • L’homme abîmé et réparé59
    • L’homme augmenté ou amélioré64
    • L’homme transformé ou le post-humanisme73
    • Conclusion77
    • Annexe83
    • Des memes auteurs
    - See more at: http://vitrine.edenlivres.fr/publications/30459-ou-va-l-humanite-#sthash.CRtc83OX.dpuf

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  • 2013    176 p.   18 €

      Après s’être longtemps adressé à un public fervent, Pierre Rabhi, paysan, philosophe et écrivain au parcours exceptionnel, a franchi une nouvelle étape dans la notoriété. Ses conférences attirent toujours plus de monde, il inspire films et articles, sans doute parce que son discours n’a jamais semblé si actuel dans un monde rongé par le doute et les désastres écologiques.
       Au mois de mai, nous avons passé trois jours ensemble à parler “coeur à coeur” autour de la grande table de la salle à manger, dans cette maison ardéchoise que Pierre a restaurée de ses mains.
       Nous avons abordé des thèmes aussi divers que la religion, l’amour, la vieillesse, le désarroi des jeunes, le sens de l’histoire, la non-violence, le travail, l’éducation, le statut de la femme, le mariage homosexuel, la procréation médicalement assistée, le nucléaire, la politique... et bien sûr l’écologie. Dans sa langue poétique, Pierre s’est aussi confié sur ses doutes, ses questionnements, son parcours franco-algérien, sa famille, ses amis chers, et ces paysans ardéchois qu’il fréquente chaque semaine au marché de Joyeuse depuis un demi-siècle.
       Puissent ces paroles inspirer un nouvel espoir à tous ceux qui cherchent d’autres valeurs que celles qui dominent notre monde actuel. »

        Olivier Le NairePierre Rabhi 

      Partout en France, on refuse du monde à ses conférences et son discours n’a jamais été aussi actuel et pertinent, dans un monde en manque de repères, rongé par le doute et menacé par les désastres écologiques. Alors que Pierre Rabhi a fêté ses 75 ans, ses paroles d’homme intègre, porteur de valeurs exemplaires et qu’il a mises en pratique tout au long de sa vie, ont besoin d’être entendues. Ce livre a pour objet d’élargir son propos, de le confronter plus ouvertement encore aux réalités de la société actuelle, en particulier celle des jeunes générations urbaines. Avec pour objectif de leur montrer en quoi ce message peut les toucher, les aider à changer, à mieux prendre conscience d’enjeux qui leur échappent. À mieux vivre aussi.

       Sans rien renier de ses valeurs fondatrices, Pierre Rabhi entend donc aller ici à la rencontre de ce public plus large. Des femmes et des hommes de tous horizons qui commencent à entendre parler de lui, saluent le parcours exceptionnel du personnage, son discours atypique, mais se demandent si ses propositions sont réalisables et les concernent vraiment.

       Ce long entretien avec Olivier Le Naire est aussi l’occasion pour lui de porter un regard rétrospectif, voire autocritique sur son parcours et son action. L’occasion aussi de revenir sur ses choix, de les expliquer, de les discuter, de parler de ses proches, de sa vie quotidienne, de l’actualité, de ses relations avec les autres mouvements écologistes, des limites de son action, de sa relation à la notoriété et de son lien avec la France et les Français… De la nécessité et de l’art de transmettre.

      Pierre Rabhi évoque aussi, au fil de ces pages, ses plus belles rencontres, ses voyages, ses émerveillements, ses doutes, sa passion pour l’écriture, ses livres favoris, son regard sur la religion, sur l’Afrique. Une manière de s’adresser aux autres, mais aussi à lui-même. Et d’approfondir sa réflexion tout en restant, selon son habitude, concret, humain, terrien. Mais plus que jamais philosophe et poète.

       Paysan, écrivain et penseur français d’origine algérienne, Pierre Rabhi défend un mode de société plus respectueux de l’homme et de la nature. Il soutient le développement de l’agro-écologie à travers le monde pour contribuer à l’autonomie, la sécurité et la salubrité alimentaires des populations. Il est fondateur de plusieurs structures dont l’association Terre & Humanisme et le mouvement Colibris. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, dont

       -Éloge du génie créateur de la société civile – tous candidats (2011),

       -Vers la sobriété heureuse (Actes Sud, 2010),

       -Manifeste pour la Terre et l’Humanisme (Actes Sud, 2008),

       -Graines de possibles, cosigné avec Nicolas Hulot (Calmann-Lévy, 2005), ou encore

       -Du Sahara aux Cévennes (Albin Michel, 1995).

      Au printemps 2013 un film sorti en salles lui a été consacré, Pierre Rabhi, Au nom de la Terre de Marie Dominique Dhelsing, ainsi qu’un documentaire diffusé sur France 5, dans la collection Empreintes.
      

       Longtemps critique littéraire, puis grand reporter, Olivier Le Naire est aujourd’hui rédacteur en chef adjoint du service Société et sciences de L’Express, où il traite également les questions d’écologie, d’environnement, d’histoire et de patrimoine.

     


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  • La guérison du monde (Frédéric LENOIR)

    2012   322 p.   19,90 €

      Ce début de XXIe siècle est traversé par une telle succession de crises écologique, économique et politique qu il voir refleurir le vieux mythe de la fin des temps. Nous nous trouvons confrontés aujourd'hui à au moins dix bouleversements inédits dans notre histoire. Pour trouver une mutation similaire, il faut remonter non pas à la Renaissance, ni à la fin de l'Empire romain, mais au tournant du néolithique, lorsque, il y a plus de dix mille ans, les groupes humains abandonnèrent le mode de vie nomade pour se sédentariser. On assista alors à un changement radical du rapport de l'homme à lui-même et au monde, dont nous sommes les ultimes héritiers. Aujourd'hui, ce n'est pas la fin du monde que nous connaissons, mais la fin d'un monde, celui fondé sur la prééminence du cerveau rationnel et logique par rapport au cerveau émotionnel et intuitif, sur l'exploitation mercantile de la nature, sur la domination du masculin sur le féminin. Frédéric Lenoir montre ici que la guérison est possible. Illustrant les impasses de la fuite en avant (le progrès à tout-va) comme celles du retour en arrière (démondialisation, écologie radicale, intégrismes religieux), il exprime sa conviction que l'humanité peut dépasser cette crise planétaire par une profonde transformation de nos modes de vie et de pensée : rééquilibrage du masculin et du féminin, passage de la logique du « toujours plus » à celle de la « sobriété heureuse », de l égoïsme à la communion, de l'état de spectateur passif à celui d'acteur responsable... Au-delà des rafistolages provisoires d'une pensée et d'un système à bout de souffle, une immense révolution est en marche : celle de la conscience humaine.

      Frédéric Lenoir est universitaire. Philosophe, sociologue et historien des religions, il est chercheur associé au Centre d’études interdisciplinaires du fait religieux à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS/ CNRS). Il a publié de nombreux essais et dirigé plusieurs encyclopédies sur les questions spirituelles et religieuses. Il est producteur de l'émission "les racines du ciel" sur France Culture.

      Il a récemment publié chez Fayard:

         -La Guérison du monde,

         -Socrate, Jésus, Bouddha

         -Comment Jésus est devenu Dieu.

     Ses récents ouvrages,

         -Petit traité de vie intérieure,

         -Dieu (avec Marie Drucker)

         -L'Ame du monde,

       ont tous figuré en bonne place dans les listes de best-sellers.


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  • 2010   400 p.   32 €

      Qu'il y en ait trop ou pas assez, l'eau fait de plus en plus problème. Fort de la dichotomie qu'il est à peu près le seul à établir entre la Nature et les Cultures, le monde occidental et occidentalisé tend à réduire cette question à la gestion responsable et raisonnable d'une ressource naturelle menacée par de mauvaises politiques et des techniques inappropriées. Au mieux, la dimension culturelle viendrait conforter le droit universel à cette réalité univoque, au pire, certaines cultures, étant peu naturelles ou trop "surnaturelles", l'hypothéqueraient. Les histoires racontées ici à partir d'expériences africaines en matière de puits, de pluie et de projets hydrauliques, donnent à réfléchir tout autrement : le phénomène de l'eau est, d'emblée et d'office, de "nature" culturelle. Ainsi, l'Afrique et ses histoires d'eaux nous disent qu'il serait à la fois plus plausible et plus prometteur d'admettre qu'il y a réellement autant d'eaux que de cultures.

       Mike Singleton est né en Angleterre en 1939. Après des études de théologie, de philosophie et d'anthropologie, il a fait du terrain dans la plupart des régions d'Afrique. A Dakar notamment, il a créé et dirigé un Institut des Sciences de l'Environnement. Désormais émérite, il a lancé un Laboratoire d'anthropologie prospective à l'Université catholique de Louvain.

       "1- Prendre en main le livre d’un anthropologue comme Michael Singleton donne l’assurance de rentrer dans des récits cosmogoniques croustillants, démontrant la relativité de nos certitudes culturelles, et surtout, la profondeur de nos angoisses existentielles et missionnaires à vouloir convertir les autres à nos propres certitudes, pourtant bien branlantes et même caduques à l’heure des grands bouleversements climatiques, économiques et démographiques, l’occident ayant poussé jusqu’à l’extrême dévastateur la notion de maîtrise et d’emprise sur les hommes et la nature.

    2- Le livre Histoires d’Eau de Michael Singleton, consacré à cette source de vie, cette essence baptismale et purifiante, cette douche céleste si indispensable pour abreuver et lénifier nos corps et lever nos semences, ne manque pas à cette promesse de nous convier à d’autres regards moins bardés de certitudes.

    3- D’emblée, la notion de Gestalt, vue ici comme attitude fondamentale par rapport à la vie et le vivre ensemble, apparaît dans toute sa différence éclairante et salutaire avec cette histoire de treuil de puits, où l’occidental qu’il est croit, dans sa naïveté missionnaire, apporter le “progrès”, alors que cette civilisation millénaire n’a que faire d’une “régression” de l’art de la conversation et du vivre ensemble dans un moment de rassemblement chaleureux.

    4- La notion “d’efficience”, si obsessionnelle chez l’occidental, s’y fait déliter, ridiculiser par une transmutation quasi nietzschéenne de la notion relative des valeurs, où l’assemblage axiologique harmonieux, construit et ressenti depuis des millénaires, et représenté chez Michael Singleton par des carrés, des triangles, rectangles et cercles, se fait par la notion de présence et prégnance vitale dans la joie, et non pas par la notion de rationalisation abstraite créant le vide abyssal de la solitude.(.....) "

        rsa.revues.org › Numéros42-2


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  • L'apocalypse joyeuse (J.-B. FRESSOZ)

    2012   320 p.  23,30 €

       Pour certains analystes, nous serions entrés, depuis peu, dans une modernité enfin réflexive, succédant à une modernité simple de la révolution scientifique puis de la révolution industrielle qui aurait été aveugles aux risques et aux effets secondaires de la civilisation technicienne sur l'environnement. Mais sommes-nous les premiers à distinguer dans les lumières éblouissantes du progrès technique, l'ombre de ses dangers ? En occultant la réflexivité environnementale des sociétés passées, ce schéma simpliste dépolitise l'histoire longue de la destruction des environnements et altère notre possibilité d'appréhender lucidement la crise environnementale actuelle. Pour éviter cette amnésie, une histoire politique du risque technologique et de sa régulation sur la longue durée était nécessaire.

      L'Apocalypse joyeuse expose l'entrée de la France et de la Grande-Bretagne dans la modernité industrielle (fin XVIIIe -XIXe siècle), celle des vaccins, le vaccin contre la vatiole testé sur les esclaves noirs ou les orphelins, des machines, des usines chimiques et des locomotives. Elle nous plonge au cœur des controverses vives qui surgirent autour des risques et des nuisances de ces innovations, et montre comment les critiques et les contestations furent réduites ou surmontées pour qu'advienne la société industrielle. L'histoire du risque ici racontée n'est pas celle d'une prise de conscience, mais celle de la construction d'une certaine inconscience modernisatrice.

       Jean-Baptiste Fressoz est historien des sciences, des techniques et de l'environnement. Il enseigne à l'Imperial College London.

       " 1- On aurait parfois tendance à l’oublier, mais l’histoire possède – lorsqu’elle est bien faite – une force critique extraordinaire. Par sa capacité à décentrer notre regard en éclairant les configurations passées, elle peut nous aider à dévoiler les enjeux du présent. L’une des forces du livre de Jean-Baptiste Fressoz, maître de conférences à l’Imperial College (Londres), est précisément de nous rappeler cette grandeur du métier d’historien. Dans L’Apocalypse joyeuse, l’auteur propose une histoire politique du risque technologique et défend une idée forte : l’Europe n’a pas attendu l’ère postmoderne pour penser le risque ; les acteurs du XIXe siècle positiviste et industriel n’ont cessé de percevoir et de penser les dangers du progrès, mais ils ont choisi de passer outre consciemment.

    2-Le titre, au premier abord assez mystérieux, décrit « l’étrange climat actuel » : nous sommes au bord du gouffre mais nous semblons joyeux d’en avoir enfin pris conscience ! Le point de départ du livre réside en effet dans la critique des discours philosophiques et sociologiques sur « la société du risque » (ceux d’Ulrich Beck ou d’Anthony Giddens notamment1) qui tendent à devenir la doxa de l’ère du « développement durable ». Pour ces auteurs, l’inconscience passée aurait laissé la place à une prise de conscience inédite qui nous rendrait enfin clairvoyants à l’égard des risques et menaces de l’agir technique moderne. Selon l’auteur, l’un des principaux défauts de ces analyses, comme du thème de la réflexivité postmoderne, est dans son manque d’attention au passé. L’enjeu du livre est donc de combattre cette « abstraction du passé » en redonnant la parole aux contemporains de la « révolution industrielle », en étant attentif à ce qu’ils faisaient et disaient. Il s’agit « de pointer certaines faiblesses de la sociologie du risque et de remplacer ses grandes oppositions diachroniques par un récit historique, annulant ainsi l’illusion réconfortante de notre exceptionnalité » (p. 294).

     3- L’auteur propose donc une approche historique du risque technologique, il écrit peut-être l’une des premières histoires écologiques – et non pas de l’écologie – pour notre temps. Il s’appuie pour cela sur trois terrains principaux suivis à travers l’examen de divers cas de controverses technologiques et environnementales qui ont traversé les sociétés française et anglaise entre les années 1750 et 1850. Le premier concerne le champ médical avec les débats sur l’inoculation de la petite vérole puis la vaccination antivariolique au XVIIIe siècle ; le second examine les conflits qui accompagnent le développement de la chimie au début du XIXe siècle ; le dernier relève davantage du risque technique proprement dit avec les controverses autour du gaz d’éclairage en ville ou les explosions de machines à vapeur. L’un des points forts du livre – mais qui apparaitra sans nul doute à certains comme sa faiblesse – réside dans sa capacité à relier des univers historiographiques cloisonnés dans un même récit global et cohérent. Fondé sur des recherches inédites, une bibliographie érudite, et une très fine connaissance de l’histoire des sciences, l’auteur revisite des terrains déjà connus de l’historiographie auxquels il donne un éclairage neuf.

     4- Chacune des controverses permet de montrer combien les acteurs de l’époque étaient conscients des risques ; c’est l’aveuglement des sociologues et des historiens ultérieurs qui a empêché d’entendre et de comprendre leurs revendications. L’auteur montre surtout comment cette réflexivité des contemporains a été résorbée par de multiples logiques de normalisation : le recours aux normes techniques, aux procédures de régulation, à l’hygiène publique, tout cela aurait permis de créer « un savoir -désinhibiteur » destiné à faire accepter la modernité technologique. Les analyses consacrées aux régulations sont centrales dans la démonstration. L’auteur suggère par exemple que la prise en compte du risque professionnel à la fin du XIXe siècle ne doit pas être pensée comme « un dispositif de régulation d’un monde auparavant libéral, mais, bien au contraire, comme la solution promue par les industriels et les assureurs à la crise d’une régulation préalable, beaucoup plus contraignante, reposant sur la norme de sécurité » (p. 279). En étudiant comment l’administration réduisit les critiques pour qu’advienne l’ère industrielle, l’ouvrage démontre que la modernité technique fut beaucoup moins aveugle qu’aveuglée. L’invention de la norme technique portait ainsi en elle la victoire du nouveau complexe étatico-industriel, et l’impératif technologique s’est peu à peu imposé grâce au triomphe du gouvernement des savants. Tout le livre peut être lu comme une tentative pour cerner comment le gouvernement des hommes qui s’invente au XIXe siècle s’employa à travers de multiples dispositifs à « ajuster le monde à l’impératif technologique » (p. 286).

     5- L’analyse exigeante et inventive de Jean-Baptiste Fressoz offre un récit neuf, puissant et souvent original des modes de construction de la modernité techno-industrielle et des conditions de son imposition2. Comme tout travail ambitieux, il invite évidemment à la discussion et de futures recherches ne manqueront pas d’approfondir ou de contester certaines hypothèses et formulations de l’auteur. L’ouvrage semble par ailleurs traversé par une ambigüité : il affirme que les acteurs du passé connaissaient les risques, que de nombreux groupes ont contesté les trajectoires industrielles en devenir, mais on aimerait mieux comprendre l’historicité et les reconfigurations de ces critiques. Ainsi, s’il y a bien eu normalisation et invisibilisation des risques au cours du XIXe siècle, la critique a donc été résorbée au profit d’une croyance nouvelle dans le progrès par la technologie. Mais l’analyse s’achève au milieu du XIXe siècle et nous dit peu de chose de la période qui s’étend de 1860 aux années 1970. Or, durant cette phase de triomphe de l’industrialisme il y a bien eu une inconscience généralisée particulièrement prégnante, en dépit de multiples paroles isolées qui ont pu continuer à s’exprimer. Dès lors, plutôt qu’à l’émergence d’une prise de conscience inédite, n’assistons-nous pas au moins depuis les années 1970 à une nouvelle forme de réflexivité qui renouerait, tout en s’en distinguant évidemment, avec nombre d’interrogations et de questionnements posés par les contemporains de la grande transformation des années 1750-1850 ?

     6- Cette ambigüité tient aux conclusions finalement très pessimistes du livre. Pour Jean-Baptiste Fressoz, la réflexivité et la prise de conscience de notre époque ne sont que des illusions : « loin d’être devenues réflexives, nos sociétés contemporaines fétichisent comme jamais l’innovation » (p. 298). La prise de conscience écologique ne serait donc que le dernier avatar, sans doute le plus subtil et le plus efficace, des moyens déployés par le capitalisme industriel pour imposer sa puissance et son projet de domination du monde. En éclairant notre situation d’une façon originale, le détour par l’histoire du XIXe siècle proposé par l’auteur nous aide à nous déprendre des illusions contemporaines, c’est sa plus grande force et son principal enseignement." 

    1 Ulrich Beck, La Société du risque. Sur la voie d’une autre modernité, Paris, Le Seuil, 2001 [1986] ; Anthony Giddens, Les conséquences de la modernité, Paris, L’Harmattan, 2000 [1991].

    2 Qu’on me permette de souligner que le livre participe à cet égard d’un mouvement historiographique récent plus large, empruntant des chemins divers, qui vise à mieux historiciser les conditions d’imposition du capitalisme industriel au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, et ses effets sociaux et écologiques ; projet qui est par exemple au cœur de l’histoire des pollutions industrielles de Thomas le Roux (Le laboratoire des pollutions industrielles. Paris, 1770-1830, Paris, Albin Michel, 2010) ou de mon travail sur les conflits anti-machinistes et leur résorption au début du XIXe siècle (Au temps des « tueuses de bras ». Les bris de machines à l’aube de l’ère industrielle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009).

       REVUE D'HISTOIRE  DU XIXeme S.


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  • La grande amnésie écologique (Ph. J. DUBOIS)

    2012    122 p.  12,90 € (en broché)

       Cet essai fait le constat que les hommes, au fil des générations, sont en proie à une amnésie concernant les choses de la nature. A force de détruire la biodiversité, nous sommes tout simplement en train d’oublier ce qu’elle était, il y a encore peu de temps. Et comme ce qui disparaît finit par être oublié... comment dès lors protéger cette nature que nous ne connaissons plus, comment éviter un effondrement des ressources naturelles ?
      L’éducation à l’environnement n’existe ni en famille (à travers les anciens) ni à l'école. Sans repères, sans référents, sans connaissance du passé, nous fonçons vers un avenir proche dont on sait désormais qu’il est extrêmement inquiétant.
      Alors, que peut-on faire ? A travers ce court essai, Philippe J. Dubois tente de montrer comment la lutte contre l’oubli et le travail de mémoire sont primordiaux à l’égard de notre biodiversité, sauvage et domestique, si nous ne voulons pas devenir un ermite perdu sur Terre dans quelques décennies. Cette évolution de la société vers une conscience écologique profonde est possible si nous nous en donnons individuellement et tous ensembles les moyens. L’auteur donne ici des pistes concrètes d’actions et livre une réflexion globale – politique, économique, sociale et philosophique – pour que l'évolution des consciences se fasse de manière raisonnée, et avant que ne surgissent les plus grands bouleversements.
     
       Philippe J. Dubois est ornithologue, ingénieur écologue, auteur d'ouvrages sur la nature et l'environnement et éditeur. Chez Delachaux et Niestlé, il a publié
        -La France à tire-d'aile (2005) et
        -Le syndrome de la grenouille (2008),
    un livre qui fait le point sur les connaissances scientifiques acquises par les chercheurs du monde entier dans tous les domaines où le vivant se trouve confronté au réchauffement de la planète : faune, flore, écosystèmes, santé, tourisme, agriculture, etc. Il a également participé à la rédaction de nombreux ouvrages d'ornithologie.

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  • Doit-on opposer la protection des sources à celle des lanceurs d’alerte ?

    La protection des lanceurs d’alerte est-elle contradictoire avec la protection du secret des sources ? Dans un article sur les whistleblowers, le professeur de droit Pascal Mbongo, spécialiste de la liberté d’expression, s’interroge sur les rapports entre protection des lanceurs d’alerte et confidentialité des sources :

    Le secret des sources des journalistes est un principe par défaut dans la mesure où, idéalement, dans une société démocratique, la mise en cause de la responsabilité légale ou morale de détenteurs de pouvoirs sociaux doit se faire à découvert, ne serait-ce que pour permettre à chacun de juger de la crédibilité et de la pureté des intentions du lanceur d’alerte. C’est parce que cette exigence peut avoir un effet réfrigérant sur la dénonciation de violations de la loi ou d’autres dysfonctionnements que l’idée du secret des sources des journalistes a prospéré. Mais si la loi elle-même garantit l’immunité aux lanceurs d’alerte (évidemment, cette loi est loin d’exister parfaitement dans les pays démocratiques), on ne voit pas très bien l’intérêt qu’ils peuvent encore avoir à exiger du journaliste auquel ils se livrent ou livrent des informations classifiées l’anonymat garanti par le secret des sources. Par suite, la question est de savoir ce qui est préférable : une législation qui protège rigoureusement le secret des sources des journalistes ou une législation qui protège pleinement les lanceurs d’alerte ?

    En théorie, dans un monde idéal où les lanceurs d’alerte seraient parfaitement protégés de tout type de représailles (juridiques ou autres), la question pourrait en effet se poser. Et s’il fallait dire lequel des deux types de protection est le plus important, celle des lanceurs d’alerte devrait sans doute primer compte tenu des mutations de l’espace public induites par Internet.

    Mais en pratique, même dans le cas de l’adoption d’une loi modèle protégeant les whistleblowers, les deux sont et resteront nécessaires dans les démocraties « réellement existantes ». Leur coexistence laisse en effet au lanceur d’alerte le choix entre différentes stratégies, selon qu’il souhaite ou non révéler son identité.

    Ainsi, au-delà de la question épineuse de la « pureté des intentions » du lanceur d’alerte, il peut lui paraître opportun de rendre publique son identité, à l'image d'Edward Snowden. Pour ce dernier, le fait de révéler son identité était avant tout justifié par la volonté de se protéger : face au risque d’être identifié par la NSA, il a préféré prendre l’opinion publique mondiale à témoin. D’autres motivations peuvent également expliquer qu’un lanceur d’alerte souhaite ainsi apparaître au grand jour…

    Mais il peut aussi parfaitement choisir de travailler avec un journaliste (ou une organisation telle que WikiLeaks, des avocats, des ONGs, etc.) afin de porter une affaire à la connaissance du public en conservant un strict anonymat. Et ce notamment parce que même la meilleure des lois protégeant les lanceurs d’alerte comportera toujours des exceptions légitimes, elles-mêmes nécessairement sujettes à interprétation. Du fait de cette incertitude, le whistleblower poura donc préférer passer par un tiers de confiance prêt à endosser seul les risques juridiques ou réputationnels liés à la publication d’informations secrètes. Au-delà, on peut là encore imaginer d'autres cas de figure justifiant le recours à l'anonymat, et qui font de la confidentialité des sources une garantie indispensable.

    À l’inverse, la seule protection des sources ne suffit pas. Si une information est révélée par un journaliste bénéficiant de ce droit, la personne à l’origine de la fuite peut très bien être identifiée par d'autres moyens. C’est ce qui est arrivé à Bradley Manning, la source de WikiLeaks, qui vient d’être condamné à 35 ans de prison. Et dans un tel cas, une loi protégeant pleinement les lanceurs d’alerte est absolument nécessaire.

    Si la question du professeur Mbongo est stimulante et a le mérite de montrer comment Internet, en permettant à chacun de diffuser de l’information, remet en cause les fondements traditionnels de la doctrine européenne en matière de liberté d’expression, il faut prendre garde à ne pas opposer les deux principes : en démocratie, la protection des sources et celle des lanceurs d’alerte sont les deux faces d’une même pièce.

    En l’espèce, force est de constater que la France pêche sur les deux tableaux. D’une part, elle ne dispose pas de loi satisfaisante protégeant les lanceurs d’alerte (en particulier dans la fonction publique). Quant à la (nouvelle) réforme en cours de la protection des sources, le projet du ministère de la Justice a été raboté à plusieurs reprises, notamment par le Conseil d’État, et accouche finalement d’une souris. Non seulement la définition des bénéficiaires reste limitée aux seuls journalistes travaillant dans des rédactions « traditionnelles », excluant de fait des organisations telles que WikiLeaks, mais en plus, le Conseil d’État saisi pour avis a réintroduit une exception extrêmement vague et susceptible d’abus (voir les commentaires de RSF). En pratique donc, il reste énormément à faire…

    WikiLeaks protester (cc) Max Braun/Wikimedia Commons


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  • 2008      249 p.

      Beaucoup d'humains portent une souffrance profonde face aux graves atteintes faites à la nature et à notre Terre Mère. Or, dans l'impuissance où nous sommes souvent, cette affliction, qu'elle soit consciente ou non, génère souvent de la culpabilité ou du déni, et donc de la fermeture d'esprit. Le auteurs apportent ici de vraies réponses à ce défi ! Puisant dans le bouddhisme et l'approche systémique, elles proposent un positionnement et des exercices puissants ; c'est un vrai message d'espoir, dans plusieurs directions : Une contribution majeure pour se reconnecter et se réconcilier avec la Terre Gaïa en découvrant son identité écologique. Comment faire face à l'apathie, à l'impuissance, comment passer du mental au ressenti, pour prendre une part active à la guérison de notre monde dans l'interdépendance.
      Retrouver notre pouvoir au service de la Vie, par un travail de groupe sur des valeurs telles que la gratitude, la souffrance, le désespoir, notre relation au temps. Retrouver le courage, l'implication et la solidarité nécessaires pour changer nos vies et entrer en action pour prendre soin de la planète. Opérer un changement de cap, par un engagement volontariste pour la Vie ; poser des actions de résistance.

      Joanna Macy est une éco philosophe, experte en bouddhisme et en théorie générale des systèmes. Très impliquée dans les mouvements pour la paix, la justice et l'écologie, elle met ses connaissances au service d'un activisme pour le changement personnel et social depuis 40 ans. Elle a écrit 6 livres à succès. Elle vit à Berkeley, Californie.   wwwjoannamacy. net
      Molly Young Brown a enseigné à la Graduate School of Holistic Studies à l'université John F. Kennedy. Elle a écrit trois livres sur la spiritualité et l'environnement, et vit en Californie www.mollyyoungbrown.com


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  • Le divin marché (

    2012    416 p.    9,30 €

      «Les vices privés font la fortune publique» : aujourd'hui banale, cette formule, énoncée pour la première fois en 1704 par Bernard de Mandeville, scandalisa l'Europe des Lumières. Pourtant, ce médecin, précurseur trop méconnu du libéralisme, ne faisait qu'énoncer la morale perverse qui, au-delà de l'Occident, régit aujourd'hui la planète.
      Elle est au cœur d'une nouvelle religion qui désormais règne sans partage, celle du marché : si les faiblesses individuelles contribuent aux richesses collectives, ne doit-on pas privilégier les intérêts égoïstes de chacun ?       Dany-Robert Dufour poursuit dans cet ouvrage ses interrogations sur les évolutions radicales de notre société. À partir des «dix commandements» inquiétants qui sont au principe de la morale néolibérale aujourd'hui dominante, il analyse les ébranlements que celle-ci provoque dans tous les domaines : le rapport de chacun à soi et à l'autre, à l'école, au politique, à l'économie et à l'entreprise, au savoir, à la langue, à la Loi, à l'art, à l'inconscient, etc. Une véritable révolution culturelle est en cours. Jusqu’où nous mènera-t-elle ?
      Dany-Robert Dufour, philosophe, est professeur des universités, ancien directeur de programme au Collège international de philosophie, en résidence à l'Institut d'études avancées de Nantes.
     
      "Dans Le Divin Marché, la révolution culturelle libérale, D-R. Dufour tente de montrer que, bien loin d'être sortis de la religion, nous sommes tombés sous l'emprise d'une nouvelle religion conquérante, le Marché, fonctionnant sur un principe simple, mais redoutablement efficace, mis au jour par Bernard de Mandeville en 1704 : "les vices privés font la vertu publique". Ce miracle étant permis par l'intervention d'une Providence divine (cf. la fameuse "main invisible" postulée par Adam Smith). D-R. Dufour tente de rendre explicites les dix commandements implicites de cette nouvelle religion, beaucoup moins interdictrice qu'incitatrice - ce qui produit de puissants effets de désymbolisation, comme l'atteste le troisième commandement : "Ne pensez pas, dépensez !". Du point de vue de l'éducation et de la formation des sujets, D-R Dufour tente de montrer que le projet libéral tend à s'inscrire contre une conception de l'école conçue, depuis l'antiquité gréco-romaine, comme scholè puis otium. Cette conception invitait chaque individu, avant son entrée dans le monde des échanges (neg-otium), à se livrer à un travail de maîtrise de soi afin de ne pas avoir à subir ses propres passions, ni celle des autres. Nous devons donc bien distinguer entre deux conceptions de l'éducation, antagonistes. Dans la conception classique, il faut pratiquer le contrôle et la maîtrise des passions. Dans la conception libérale, il faut libérer les passions et les pulsions. Selon D-R Dufour, plus ce projet triomphera, plus nous assisterons à la mise en place d'un monde pulsionnel, grandement désymbolisé. Cependant, ce monde pose un nouveau problème: le contrôle des passions et des pulsions ne s'effectuant plus au niveau symbolique, il devra, de plus en plus, être pratiqué directement au niveau des corps, de l'intérieur (par des molécules) et de l'extérieur (par l'extension des techniques de surveillance) - ce qui n'est sans conséquence sur le fonctionnement démocratique des sociétés libérales. Plus généralement, ce livre, publié un an avant le début de la grande crise bancaire et financière de l'automne 2008, décrit et analyse les effets potentiellement dévastateurs du principe libéral (porté à ses ultimes conséquences avec l'ultralibéralisme), non seulement dans l'économie marchande, mais aussi et surtout dans les autres grandes économies humaines : les économies politique, symbolique, sémiotique et psychique - sans oublier celle qui les englobe toutes, l'économie du vivant." 
       Wikipédia
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      Jean Rouzel pour Le monde.fr

      .Peux-tu en quelques mots rappeler les thèses essentielles de ton ouvrage ?

    D-R.D.La thèse principale est que nous sommes tombés sous l'emprise d'un nouveau dieu, le Marché. Un nouveau dieu qui, comme tel, se présente comme un remède à tous les maux en nous promettant le bonheur et le rachat. Cette nouvelle religion n'est pas apparue d'hier. Elle est en gestation depuis exactement 3 siècles et elle triomphe aujourd'hui. Je tente donc d'en faire la généalogie en montrant comment elle s'est imposée et comment elle fonctionne aujourd'hui. À la base, elle procède d'un axiome simple, mais très puissant: "les vices privés font la vertu publique" ‑c'est-à-dire la fortune publique. Le grave problème est que cet axiome est probablement vrai. Je veux dire qu'il se vérifie au plan de l'économie marchande. Mais – là est toute la question – plus il se vérifie à ce niveau, plus il ne peut que déstructurer les autres grandes économies humaines. Je veux dire par là l'économie politique, l'économie symbolique, l'économie sémiotique et, bien entendu, l'économie psychique. J'examine donc dans ce livre comment cette nouvelle religion se diffuse à travers une série de commandements, très puissants bien qu'implicites. J'ai donc cherché à les rendre explicites. Et je suis tombé sur les dix commandements du libéralisme – soit un nouveau décalogue ‑, que j'ai fini par formuler ainsi :

      -Le premier commandement s'applique au rapport à soi et se formule ainsi : Tu te laisseras conduire par l'égoïsme… et tu entreras gentiment dans le troupeau des consommateurs ! (Ce qui aboutit à la destruction de l'individu).

      -Le second commandement vient au niveau du rapport à l'autre : Tu utiliseras l'autre comme un moyen pour parvenir à tes fins ! (soit une parfaite inversion de la seconde maxime kantienne qui aboutit à la destruction de toute common decency).

       -Le troisième commandement correspond au rapport à l'Autre : Tu pourras vénérer toutes les idoles de ton choix pourvu que tu adores le dieu suprême, le marché ! (Ce qui aboutit au retour du religieux et à l'invention de la figure du pervers puritain).

       -Le quatrième commandement a rapport au transcendantal : Tu ne fabriqueras pas de Kant―à―soi visant à te soustraire à la mise en troupeau ! (ce qui aboutit à la déconsidération de l'idéal critique).

      -Le cinquième commandement a rapport au politique : Tu combattras tout gouvernement et tu prôneras la bonne gouvernance ! (ce qui aboutit à la destruction du politique ravalé à la somme des intérêts privés).

      -Le sixième commandement a rapport au savoir : Tu offenseras tout maître en position de t'éduquer! (ce qui aboutit à la déconsidération de la transmission et au discrédit du pouvoir formateur des œuvres).

      -Le septième commandement a rapport à la langue : Tu ignoreras la grammaire et tu barbariseras le vocabulaire ! (Ce qui aboutit à la création d'une novlangue).

      -Le huitième commandement a rapport à la loi : Tu violeras les lois sans te faire prendre ! (Ce qui aboutit aussi bien à la prolifération du droit et de la procédure qu'à l'invalidation de toute forme possible de Loi).

      -Le neuvième commandement a rapport à l'art : Tu enfonceras indéfiniment la porte déjà ouverte par Duchamp ! (Ce qui aboutit à la transformation de la négativité de l'art en une comédie de la subversion).

      -Le dixième commandement a rapport à l'inconscient : Tu libéreras tes pulsions et tu chercheras une jouissance sans limite ! (Ce qui aboutit à la destruction d'une économie du désir et son remplacement par une économie de la jouissance).


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  • De la misère symbolique (Bernard STIEGLER)

    2013     404 p.   16 €

      Au XXe siècle, le capitalisme consumériste a pris le contrôle du symbolique par son appropriation hégémonique de la technologie industrielle. L'esthétique y est devenue à la fois l'arme et le théâtre de la guerre économique. Il en résulte de nos jours une misère symbolique où le conditionnement se substitue à l'expérience. Cette misère est une honte, la "honte d'être un homme" qu'éprouve parfois le philosophe, et qui est suscitée d'abord aujourd'hui par cette misère symbolique telle que l'ont engendrée les "sociétés de contrôle". Il s'agit pour Bernard Stiegler de comprendre les tendances historiques qui ont conduit t la spécificité du temps présent, niais aussi de fourbir des armes : de faire d'un réseau de questions un arsenal de concepts en vue de mener une lutte. Le combat à mener contre ce qui, dans le capitalisme, conduit à sa propre destruction, et à la nôtre avec lui, constitue une guerre esthétique. Elle-même s'inscrit dans une lutte contre un processus qui n'est rien de moins que la tentative visant à liquider la "valeur esprit", comme le disait Paul Valéry.
       Bernard Stiegler, docteur de l'Ecole des hautes études en sciences sociales est directeur de l'Institut de recherche et d'innovation (IRI), créé à son initiative au Centre Georges-Pompidou au mois d'avril 2006. Il est également président d'Ars Industrialis et il enseigne la philosophie à l'université de Compiègne et à l'université de Londres. Il est notamment l'auteur de:
       -La technique et le Temps (Galilée, 1994-2001) et de
       -Mécréance et discrédit (Galilée, 2004-2006).
      
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     Apres Guy Debord... 26 juin 2013  Par john doe
     
     
    Les notions et concepts développés par Stiegler sont pléthores. À l’instar de Deleuze, il précise les arcanes historiques pour mieux comprendre l’actualité.

    Cette ébauche « d’organologie générale et de généalogie de l’esthétique » confirme la mainmise technologique sur l’esthétique contemporaine.

     Les consciences et les pratiques quotidiennes sont imprégnées de produits manufacturés à l’envie : films, chansons, séries télévisuelles et tous les autres produits de consommation. Notre hétéronomie à ce système hyperindustriel confond le « je » dans un « nous », tout deux préfabriqués.

     Le contemporain n’est pas en ce sens post-moderne, mais hypermoderne tant l’industrialisation des existences est florissante. Cette grammatisation se renforce nous dépossédant du processus d’intériorisation des langages et des techniques. Selon Stiegler, les loisirs produits par ce système de  reproduction massive comme la télé réalité appauvrissent et renforcent les « tendances viles des individus » (p. 391)

    . Cette évocation d’un « populisme industriel » prend alors presque des contours moralisateurs. L’attrait pour la célébrité cathodique est pour l’auteur un indice d’une défaillance du système familial qui conduit à l’échec scolaire (p. 197), et par voie de conséquence à la survalorisation du quart d’heure de gloire télévisuel…

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  • Porte à porte (

    2013  360 p.  18,90 €

     

      De janvier à mai 2012, les volontaires de François Hollande ont frappé à cinq millions de portes dans le cadre de la plus grande campagne de terrain jamais organisée en Europe.

      À l’origine de ce projet, un trio d’amis, Guillaume Liégey, Arthur Muller et Vincent Pons, passés par les universités de Harvard et du Massachusetts Institute of Technology et qui avaient observé avec un grand intérêt les outils et techniques de mobilisation des électeurs mis en oeuvre pendant la campagne victorieuse de Barack Obama en 2008 : porte-à-porte intensif, utilisation de bases de données et des technologies les plus avancées pour aller au plus près des citoyens. Ils sont convaincus que le Parti socialiste doit s’inspirer des pratiques américaines s’il veut remporter les prochaines échéances électorales et renouer avec les Français éloignés de la politique. L’expérience, conduite en France pendant les élections présidentielles de 2012, montre que la méthode américaine est efficace et apporte un éclairage pertinent sur les dysfonctionnements de notre démocratie. Comment lutter contre la montée de l’abstention ? Pourquoi les Français des minorités ethniques votent-ils moins que les autres ? Ce livre explique comment les partis peuvent gagner les élections en se modernisant et en remobilisant les abstentionnistes.

    Dans un ouvrage mêlant science politique et récit de campagne, les trois auteurs nous donnent un aperçu de ce que sera peut-être la mobilisation politique de demain.

    Préface d’Alan Gerber,
    professeur de science politique à l’Université de Yale (États-Unis).


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  • Le dernier homme (Antonio PAGNOTTA)

    2013    280 p.  17,90 €

      Ce récit est l'histoire vraie d'un homme exceptionnel, d'un personnage de légende. Naoto Matsumura, tel un samouraï sans maître, a refusé en mars 2011 d'évacuer la zone interdite autour de la centrale explosée de Fukushima. Malgré le tsunami et l'apocalypse nucléaire, malgré les réacteurs qui, deux ans après, continuent de cracher de la radioactivité, il a choisi de rester sur la terre de ses ancêtres, dans sa ferme, auprès des quelques animaux encore vivants. Il est aujourd'hui le dernier habitant de Fukushima.

      Par cet acte de résistance, le fermier manifeste sa colère face à Tepco, le géant de l'industrie nucléaire, mais préserve aussi son honneur en refusant le sort des habitants évacués des zones contaminées, condamnés à l'errance aujourd'hui et demain aux maladies certaines, pour finir tels des parias. Dans son combat, Matsumura porte toute l'humanité de celui qui refuse de se soumettre à la bureaucratie, à la finance et au lobby nucléaire, dont les choix sont d'abord économiques : sauver le pays de la faillite à n'importe quel coût humain, y compris le sacrifice des enfants.

      À travers le lien qu'il maintient entre l'homme et la nature, le respect et le soin qu'il doit aux pierres, aux plantes et aux bêtes, il incarne la lutte de la terre contre le nucléaire, le jour après l'apocalypse. Matsumura est bien plus qu'un militant écologiste ; pour trouver la force de survivre, et sauver sa ville, il puise dans le Japon de la religion et des philosophies ancestrales.

      Antonio Pagnotta, photoreporter pour des news français et étrangers, est un habitué des zones interdites. A partir d'avril 2011, il est entré à plusieurs reprises dans la zone rouge de Fukushima. Sans parler des risques liés aux radiations, toute personne qui pénètre la zone risque une amende ou un mois de prison, ou les deux.

    Un mot de l'auteur

      Voici presque deux ans, en avril 2011 je débutais une série de reportages photo sur les conséquences des catastrophes nucléaires de Fukushima. Autour de la centrale explosée, une zone vidée de ses habitants était devenue un désert humain où le journaliste était indésirable. Pour mon travail, j'y entrerais souvent, toujours illégalement. J'imaginais que mon travail serait centré sur le désastre technologique et ses secrets à dévoiler. Homme d'images, j'étais confronté avec un danger impossible à photographier parce qu'invisible ; pourtant au fil des mois, je prenais conscience que la tragédie primordiale était au coeur de tout être vivant par nature humaine. En esprit, je pénétrais dans une zone interdite où l'homme et la compassion n'étaient plus les bienvenus. Pour cette raison, j'ai fait appel aux mots pour raconter ce que mes yeux ne pouvaient capturer. Les enjeux du drame englobaient toute la nation japonaise et d'une certaine façon, telle une parabole, la planète toute entière. Dans cet espace radioactif, où les villes étaient devenues fantômes et où les animaux furent abandonnés à l'agonie, j'y ai trouvé contre toute attente, un homme debout. Ses leçons de survie sont aussi précieuses que son exemple de vie. Le dernier homme de Fukushima m'a appris le sens profond du mot humain. Il est pour moi, le premier juste de Fukushima.         Antonio Pagnotta

    Extrait             Je suis Matsumura !


      1er juin 2011. Le rendez-vous avait été pris à l'intérieur de la zone interdite, où le temps s'est arrêté au lendemain du séisme. Il y vivait depuis plus de deux mois dans un désert humain et une atmosphère toxique. Il est le dernier habitant de Fukushima. Pour des raisons d'honneur, il a refusé d'évacuer la zone rouge et défie Tepco, le géant de l'industrie nucléaire et opérateur des centrales accidentées. Dans un acte insensé de résistance, motivé par une légitime colère, il a choisi les radiations plutôt que la soumission. Il est devenu malgré lui l'ermite de Fukushima, le porte-drapeau de la résistance japonaise face au désastre nucléaire, et une icône mondiale. Son nom est Naoto Matsumura. J'avais donc rendez-vous avec le dernier homme debout.
      Dans certains journaux étrangers, on parlait de ces rares fermiers qui refusaient l'évacuation des lieux, malgré l'air malsain que l'on y respire. Loin de considérer que seules les causes naturelles avaient provoqué la catastrophe, Naoto Matsumura pointait la responsabilité de Tepco et affirmait son refus d'abandonner sa terre. Sa détermination et son courage avaient été rapportés par une dépêche de l'agence Associated Press. Naoto Matsumura, parmi d'autres agriculteurs aux propos plus mesurés, y exprimait ouvertement son courroux à l'encontre de la compagnie d'électricité. «Tepco disait : Il n'y aura aucun accident, jamais ! Tout le monde a été trompé. Alors, je me suis rendu au siège de Tepco, à Tokyo, pour exiger des comptes. Tout ce que les dirigeants ont su dire, c'était répéter à l'infini "sumimasen, je suis désolé".» De l'avis de Matsumura, la compagnie mortifère ne devait pas l'emporter à moindres frais ni enfouir ses fautes dans un lieu déserté, à l'abri du regard des hommes. Son refus d'obéir aux autorités et de se soumettre au silence était un choix humain - un choix pour l'humanité.
      «Dans le shinto [la religion née il y a des millénaires au Japon], aucune espèce n'est supérieure à une autre. Toutes les choses, tous les êtres sont égaux parce que la nature contient une dimension sacrée qui mérite notre déférence et respect. Nous devrions tous posséder l'intuition, et comprendre que nous sommes une humble partie de ce délicat tissu de relations que l'on appelle la vie, et au grand jamais son exploiteur ni son destructeur», disait Naoto Matsumura.
      Dans l'histoire du Japon et par-delà sa Constitution démocratique, son choix s'inscrit dans une tradition profonde du sacrifice. À chaque grande crise, certains Japonais font preuve d'abnégation, comme ce fut le cas des kamikazes durant la Seconde Guerre mondiale. À la teneur des propos de Matsumura, je compris que son combat le plaçait dans la catégorie bien particulière de ceux qui pensent par eux-mêmes. Dans ce pays où l'on ne prononce jamais un mot plus haut que l'autre, ses propos tranchants m'avaient convaincu de braver la radioactivité et, un moindre mal, la police nippone.

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  • 2013    200 p.   18 €

       Niklas Luhmann (1927-1998), sociologue allemand, est le fondateur de la théorie sociologique des systèmes, qui initia une approche inédite du rapport unissant la société aux individus qui la composent. Peu traduit en France, il a laissé une oeuvre majeure qui reste, en Allemagne, parmi les plus reconnues dans le champ des sciences sociales de ces trente dernières années.

    «La véritable fonction des médias est d’irriter»

     Mis à jour le 29-06-2013   Par Invité de BibliObs

    Le sociologue allemand Niklas Luhman montre que les médias n’informent pas sur le réel mais le sélectionne par bribes et le fabriquent. A lire dans «Books», en kiosque tout l’été

    Nouvel Observateur 

    Photo prise le 13 mai 2013, lorsque des troubles particulièrement médiatisés ont suivi la victoire du PSG en championnat de France de foot. (©Thibault Camus/AP/SIPA)

    Photo prise le 13 mai 2013, lorsque des troubles particulièrement médiatisés ont suivi la victoire du PSG en championnat de France de foot. (©Thibault Camus/AP/SIPA)
     » Le site de «BoOks»

    «Lorsque Luhmann, observe quelque chose, il le fait à fond», notait le philosophe Richard David Precht dans le «Zeit» en 1996, à l’occasion de la sortie outre-Rhin de «La Réalité des médias de masse». Le grand sociologue, qui devait décéder deux ans plus tard, y constatait d’emblée:

    Ce que nous savons sur notre société, sur le monde dans lequel nous vivons, nous le savons par les médias de masse. Cela ne vaut pas seulement pour notre connaissance de la société et de l’histoire, mais également pour notre connaissance de la nature. Ce que nous savons de la strato-sphère ressemble à ce que Platon sait de l’Atlantide : on en a entendu parler.»

    Et d’ajouter, impitoyable:

    D’un autre côté, nous en savons suffisamment sur les médias de masse pour ne pas faire confiance à ce type de source.»

    Malgré sa complexité, l’ouvrage avait connu un étonnant petit succès de librairie en Allemagne. Mais il restait inédit en français.

    « Le message est clair et net, explique Precht: les médias ne nous informent pas sur la réalité.» Ils l’occultent, la déforment, la trient en sélectionnant les événements les plus pertinents à leurs yeux. Bref, ils la construisent. «Les nouvelles telles qu’elles sont présentées sont fabriquées selon des règles, des schémas que les journalistes ont déjà en tête», explique Nikolaus von Festenberg dans le «Spiegel».

    La dimension morale des choses est l’un de ces schémas, dont l’effet est de réduire la complexité du réel: en distribuant les rôles de bons et de méchants, les médias mettent en valeur, écrit Luhmann, «la façon dont le monde doit être lu». Le privilège accordé à la nouveauté, au frappant, au scandaleux est une autre de ces règles de fonctionnement qui aboutissent à la création d’un effet de réalité trompeur. Dont il s’ensuit, résume Precht, que «la vraie fonction des médias est d’irriter. La télévision et les journaux informent des contradictions et des incohérences de l’existence. Ils apportent l’inquiétude dans la société».

    Les journalistes se trompent d’ailleurs eux-mêmes, qui comprennent leur travail comme un service rendu au public. Or ce dernier leur est foncièrement étranger. «Dans l’univers professionnel des médias, le public réel reste aussi invisible que la face cachée de la Lune, remarque Precht. L’image que les hommes de presse s’en font est une chimère.»     

    Autre phénomène observé par Luhmann: la colonisation de l’intériorité par les médias de masse. Les films, sitcoms et autres talk-shows proposent aux téléspectateurs de fugaces identités de substitution. Comme l’explique Festenberg, «Luhmann montre comment la presse et la télévision fournissent à l’homme moderne des scénarios et des schémas. Selon lui, la quête de sa propre identité est elle-même soumise à l’influence des médias». La publicité, enfin, participe de ce modelage de l’individu: en diffusant des schémas esthétiques, elle offre «des goûts à celui qui n’en a pas».

    Baptiste Touverey


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  • 2010     190 p.    18 €

      L'état de dégradation de la planète nous renvoie à nous-mêmes: la pollution extérieure traduit notre pollution intérieure. L'origine du problème se trouve dans le modèle dominant de l'Occident, un modèle qui nous pousse depuis des siècles à nous séparer du sauvage, c'est-à-dire de ce qui, en nous et autour de nous, échappe à notre contrôle.

       Si nous voulons préserver la planète, il est crucial de renouer avec la nature un lien d'appartenance, de rétablir le dialogue. Cela exige de nous une transformation à la fois personnelle et collective. Celle-ci est aujourd'hui possible. Plusieurs facteurs se sont conjugués pour la favoriser: notre anxiété et notre sentiment de culpabilité grandissants face à l'aggravation des dégâts environnementaux; des découvertes scientifiques qui mettent à mal notre vision traditionnelle du monde; et l'intérêt accru pour les traditions de sagesse.

      Tel est l'enjeu de ce livre: montrer que nous sommes dans la nature comme la nature est en nous, expliquer pourquoi nous nous sommes séparés, et décrire les étapes de la réconciliation.

      Marie Romanens, psychiatre, psychanalyste, exerce à Annecy et tient une chronique régulière dans le mensuel Actualité des religions. Elle a publié chez Desclée de Brouwer:

       -Le divan et le prie-dieu et

       -L'inconscient dans l'actualité.


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  •   Les lanceurs d'alerte : héros des temps modernes ?

     - Mis à jour le 13-07-2013
    Le Nouvel Observateur  Par Le Nouvel Observateur

    Comme Edward Snowden, Julian Assange ou Irène Frachon, ils ferraillent seuls contre les puissants, défient les lobbys... Au péril de leur carrière, voire de leur liberté.

    Manifestation de soutien à Edward Snowden, devant le consultat des Etats-Unis à Hong Kong, le 15 juin 2013 (Alan Siu/SIPA).

    Manifestation de soutien à Edward Snowden, devant le consultat des Etats-Unis à Hong Kong, le 15 juin 2013 (Alan Siu/SIPA).
     

    Qui a vu Edward Snowden ? Depuis le 23 juin et son départ de Hongkong, le jeune Américain dont les révélations sur l'espionnage généralisé auquel se livre la très puissante Agence nationale de Sécurité (NSA) américaine vit comme un banni mondial. Remake des années de guerre froide, il a attendu, enfermé dans la zone de transit de l'aéroport de Moscou, qu'une porte s'ouvre pour l'accueillir. Vingt et un Etats ont refusé de lui tendre la main, y compris ceux qui comme la France avaient haussé le ton au sujet des écoutes, demandant que cesse "immédiatement" ce "type de comportement".

    C'est finalement au Venezuela qu'il devrait trouver asile. Encore faudra-t-il pouvoir s'y rendre. Privé de passeport par Washington, Snowden est un passager encombrant, les Etats traversés par l'avion qu'il pourrait prendre pouvant lui interdire leur espace aérien comme la France l'a fait il y a neuf jours pour l'avion du président bolivien soupçonné, à tort, de transporter le jeune informaticien.

    Héros des temps modernes ?

    Outre la diplomatie schizophrène des Occidentaux - s'insurger d'avoir été espionné par les Américains mais refuser l'accueil au porteur de la nouvelle -, l'affaire Snowden révèle un mouvement de fond. Manning, Snowden, Assange, les anarcho-hackers américains, mais aussi Irène Frachon, la pneumologue bretonne, ou encore les banquiers Falciani et Condamin-Gerbier : partout des petits, des inconnus, des solitaires se lèvent et sortent du rang, la besace chargée de secrets qu'ils disent ne plus pouvoir couvrir ou de dangers qu'ils estiment devoir révéler à tous. Même Delphine Batho s'est présentée comme une lanceuse d'alerte au lendemain de son débarquement du gouvernement. C'est au nom de la démocratie, de nos libertés individuelles ou de notre intégrité physique qu'ils agissent, disent-ils.

    Héros des temps modernes pour les uns, défiant seuls les plus puissantes institutions, ils sont pour les autres de simples balances ou, pire, les complices des terroristes à qui ils révèlent des secrets d'Etat. Dans une époque obsédée par le principe de précaution et taraudée par le fantasme complotiste, dans un monde où il ne se passe pas un jour sans qu'une alerte météo, sanitaire ou alimentaire soit lancée, le lanceur d'alerte est roi.

    Le "whistleblower" à l'américaine

    "Il faut distinguer le "whistleblower" à l'américaine, qui dénonce des vérités cachées et révèle des scandales délictueux, et le lanceur d'alerte à la française, qui prévient d'une menace qu'il repère dans son domaine, le plus souvent environnemental ou médical", explique le sociologue Francis Chateauraynaud, qui fut, en 1995, un des inventeurs du terme même de lanceur d'alerte.

    Irène Frachon est les deux, lanceuse d'alerte lorsqu'elle détecte dès 2007 des pathologies cardiaques chez des patients traités par le Mediator, alors largement utilisé comme coupe-faim, et whistleblower lorsqu'elle engage le bras de fer avec le puissant laboratoire Servier.

    Devenu l'égérie des résistants aux lobbys industrialo-pharmaceutiques, le docteur Frachon exerce au CHU de Brest. Contrairement à d'autres, moins chanceux, elle n'a pas perdu son travail. Souvent le lanceur d'alerte est la première victime collatérale de la bombe qu'il fait exploser.

    "Je risque la prison à vie ou même la mort"

    "Il est improbable que j'aie un procès juste ou que je sois traité de façon convenable avant le procès, et je risque la prison à vie ou même la mort", écrit Edward Snowden dans une lettre de demande d'asile au Nicaragua. L'ex-consultant de la NSA a raison de s'inquiéter. La loi américaine sur l'espionnage, au nom de laquelle il est poursuivi, a été utilisée neuf fois depuis sa promulgation en 1917, dont six fois depuis que Obama est président. Bradley Manning en est l'exemple le plus terrible. Analyste de l'armée américaine, il est accusé d'avoir transmis à WikiLeaks des documents classés secret-défense pour dénoncer le "porno guerrier" des conflits en Irak et en Afghanistan et provoquer un débat public. A 25 ans, il encourt la prison à perpétuité.

    En comparaison, l'histoire de Philippe Pichon est une promenade de santé. En 2007, le numéro deux du commissariat de Coulommiers (Seine-et-Marne) rédige une note à ses supérieurs sur les dysfonctionnements du fichier Stic, le système informatique de recensement des personnes mises en cause dans des infractions pénales et de leurs victimes : inscription de noms sur simple dénonciation, absence de mise à jour du fichier et, pire encore, mentions sur les opinions politiques. Aucune réponse de la hiérarchie. Le policier transmet son rapport au procureur. "Voir si les choses se sont passées conformément à ce qu'indique le commandant Pichon et, dans l'affirmative, faire les mises au point qui s'imposent", voilà ce que demande le magistrat aux policiers. En vain.

    "J'ai lancé une alerte dans les règles et rien ne s'est passé, témoigne le commandant Pichon. Laisser tomber n'est pas dans ma nature." Il fait publier par le site Bakchich les fiches Stic de Johnny Hallyday et de Jamel Debbouze, bourrées d'erreurs grossières. La foudre hiérarchique s'abat sur lui. Mis en examen pour violation du secret professionnel, il est suspendu puis mis à la retraite d'office. Il avait pourtant raison. En 2009 et en juin dernier, la Commission nationale de l'Informatique et des Libertés a relevé les graves irrégularités du Stic. Pichon, lui, se bat depuis deux ans pour obtenir sa réintégration.

    Le droit d'alerte

    On est donc loin de la protection du whistleblower. En Europe, seule la Grande-Bretagne a un dispositif juridique sur le lanceur d'alerte. En France, la protection est garantie au salarié du secteur privé signalant de bonne foi des faits de corruption (loi du 13 novembre 2007), aux dénonciations d'atteintes sanitaires (loi du 16 avril 2013) ou des conflits d'intérêts en politique (juin 2013). "Le législateur refuse de concevoir le droit d'alerte dans sa globalité, observe la juriste Marie-Angèle Hermitte. La loi procède donc par à-coups, au gré des scandales."

    La loi du 16 avril 2013 institue une Commission nationale de la Déontologie et des Alertes qui aurait dû être chargée de l'instruction des alertes pour vérifier si elles sont justifiées ou non. "Destinataire de certaines alertes, elle n'a aucun pouvoir pour les instruire, aucun pouvoir pour obtenir les documents nécessaires ni pour auditionner qui que ce soit, regrette la juriste. La loi ne protège que les salariés, en sanctionnant les représailles exercées dans leur sphère professionnelle. Mais, sur le plan individuel, les lanceurs d'alerte sont seuls. En cas de brimades, ils doivent financer leur défense, s'armer de patience le temps que la justice se prononce et supporter l'opprobre d'une partie de leur entourage." Bref, payer l'addition.

    Dénonciation ou délation

    "La protection du lanceur d'alerte nécessite deux piliers, observe l'avocat William Bourdon : la garantie de son anonymat et la possibilité de sanctionner sévèrement les délateurs de mauvaise foi. Cela permettrait de séparer le bon grain de l'ivraie." Car il arrive que sous la cape du whistleblower se cache un vulgaire délateur ou un manipulateur, agissant par vengeance. Comment reconnaître le vrai lanceur d'alerte ? Posture de héros moderne se levant seul pour briser l'omerta ou imposture de mauvais perdant mu par de sombres intentions ? La frontière est mince, mais les lanceurs d'alerte sont à cet endroit précis où dénonciation ne vaut pas délation, où fendre le silence est un courage et parfois même un sacrifice.

    Pierre Condamin-Gerbier et Hervé Falciani, ex-cadres bancaires en Suisse, en sont-ils ? Pendant des années, ils ont participé à un système aussi opaque que juteux, croisant dans les couloirs feutrés ou dans les listings informatiques les clients venus du monde entier planquer leur magot. Un jour, ils décident que ce n'est plus tenable. Pierre Condamin-Gerbier la joue modeste :"J'espère que le peu que j'ai pu faire contribue à une prise de conscience." Ancien associé gérant de la société fiduciaire suisse Reyl et Cie, un temps chargé de la gestion du compte de Jérôme Cahuzac, ce financier affirme avoir remis le 2 juillet à la justice une liste d'une quinzaine de personnalités politiques françaises détentrices de comptes en Suisse.

    Président de la délégation de l'UMP en Suisse en 2007 lors de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, il soutient avoir agi sous le coup de la "colère, depuis trop longtemps intériorisée à force de voir ce qu'[il a] vu". La presse suisse est moins sentimentale, qui le présente comme un homme aux abois qui chercherait à se refaire une virginité en balançant sur les turpitudes du système bancaire suisse.

    Le cas Falciani

    Avant de se rendre célèbre, Hervé Falciani, informaticien de 41 ans, cadre à la banque HSBC, n'était qu'un employé indélicat. En poste à Genève, il a subtilisé des fichiers clients de sa banque avec l'intention de les monnayer auprès de concurrents. Malgré des contacts avec des filiales de grandes banques au Liban, l'affaire ne se fait pas. Hervé Falciani se tourne alors vers... la police française ! C'est ainsi qu'il transmet quelques noms de contribuables français ayant des comptes non déclarés en Suisse, en profitant dit-il de "failles dans la sécurité informatique" de sa banque, donnant accès à quelque 130.000 dossiers d'évadés fiscaux dont près de 9.000 Français.

    La justice suisse l'accuse de viol du secret bancaire. En France, il bénéficie aujourd'hui d'une protection officielle du ministère de l'Intérieur. Falciani collabore avec le fisc, la justice et les parlementaires, pour confondre les fraudeurs mais aussi pour mettre au jour toute architecture bancaire occulte mise en place à HSBC Genève. L'ancien personnage sulfureux est devenu un saint de la lutte contre la fraude fiscale, un authentique lanceur d'alerte concourant à l'intérêt général. "Sans des 'insiders' comme lui, il serait impossible d'essayer d'y voir clair dans les trous noirs de la finance", insiste son avocat William Bourdon.

    Isabelle Monnin et Olivier Toscer (avec Alice Campaignolle) - Le Nouvel Observateur


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  • Le "toujours moins cher": à quel prix? (Vincent Le Coqq... )

    2013    232 p.   14,50 €

      Grande distribution, élus, État, Justice : une entente cordiale...

    La France a adopté en 1973 l'appareil législatif encadrant l'ouverture des grandes surfaces commerciales, le plus restrictif d Europe : la loi Royer. Le pays détient aujourd'hui le record européen de mètres carrés de grandes surfaces par habitant. Comment expliquer ce paradoxe ?

    En contrepartie du financement de la vie politique en général mais également de l'enrichissement personnel de certains décideurs en particulier, ces derniers n'ont pas hésité, avec l'appui de l'appareil d'État, à brader la France à la grande distribution. Les fortunes industrielles ou bancaires qui dominèrent la hiérarchie patrimoniale de notre pays jusqu'aux années 1970 ont aujourd'hui cédé la place à celles des distributeurs.

    Les villes ont été vidées de leurs aménités avec la disparition des petits commerces, les paysages périurbains saccagés, la désindustrialisation de la France accélérée, l'environnement détruit et la santé des Français désormais mise en péril.

    Il est plus qu'urgent de prendre conscience que seule la volonté en action des consommateurs est susceptible de stopper, peut-être de renverser ce processus déjà bien engagé de destruction de la France.

     Après avoir exercé la profession d'avocat pendant dix ans, Vincent Le Coq enseigne depuis 2000 le droit à l'Université Toulouse II Le Mirail.

      Anne-Sophie Poiroux exerce la profession d'avocate à Gap.

    Extrait        Chapitre I  

    La défense des commerçants et l'aménagement de l'espace

    La loi Royer s'assignait deux objectifs éminents avec la défense du petit commerce et l'aménagement harmonieux de l'espace. Il tombe sous le sens que le dispositif mis en place par la loi manque depuis son entrée en vigueur avec une belle constance chacun de ses deux buts.

    La défense alléguée des petits commerces

    En avril 1969, Gérard Nicoud, à la tête d'une violente manifestation d'artisans et de petits commerçants a été arrêté et incarcéré. À sa libération en septembre 1972, il déclare à ses partisans : «Mobilisation générale, maintenant c'est la guerre !»

    Antérieurement au développement de la grande distribution, le modèle économique assurant au petit commerçant sa retraite était assez rustique, mais efficace. Le commerçant retiré percevait une retraite très faible et complétait celle-ci par le capital tiré de la vente de son fonds de commerce. Dès la fin des années soixante, ce modèle n'a plus fonctionné en raison de la perte de valeur des fonds de commerce causée par l'apparition de la grande distribution. «La fermeture des commerces fut ressentie de façon dramatique. La libération des loyers commerciaux, l'effondrement de la valeur des fonds de commerce, l'élévation des cotisations d'assurance vieillesse due au déséquilibre démographique du régime ont conjugué leurs effets pour que la mutation de la profession se transforme en problème social aigu».

    Le gouvernement de Pierre Messmer devait prendre la mesure du danger et répondre à cette effervescence par la loi Royer visant dans un même temps à apaiser le mécontentement des petits commerçants, et à moderniser l'appareil commercial dont était dotée la France. La loi omettait toutefois de préciser que la modernisation de l'appareil commercial était subordonnée à la disparition des petits commerçants.

    Alors que la vie politique française est extrêmement clivée, cette loi est votée par l'Assemblée nationale à une écrasante majorité qui s'explique par cette règle d'airain qui veut que «dès que l'on rationne, le marché noir s'impose et règne».

    Il faut citer ici le mot prononcé devant une commission du Sénat des États-Unis par un représentant de l'Association nationale des pharmaciens : «Quand on dit à un homme ayant une capacité d'investissement de 3 000 dollars qu'il doit entrer en concurrence avec un autre homme dont cette même capacité est de 3 millions de dollars, on lui demande de réaliser l'impossible. La compétition sans règle (...) n'est rien d'autre qu'une mauvaise plaisanterie».

    C'est en effet une nouvelle interrogation qui devrait demeurer sans réponse. Plutôt que de prétendre protéger en l'état le commerce traditionnel, n'eût-il pas été préférable de la part des pouvoirs publics «de l'aider à se moderniser par des mesures positives dans les domaines du crédit, de la formation et des incitations aux groupements d'achats» ? Prétendre muséifier le petit commerce au coeur d'une société en mutation rapide emportait inévitablement à plus ou moins brève échéance sa disparition. (...) 
     

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  • Leur dette, notre démocratie! (Geneviève AZAM.... ATTAC)

    158 p.   9 €

      Geviève Azam, Thomas Coutrot, Yohan Dubigeon, Nicolas Haeringer, ATTAC

    Paru le : 02/05/2013 (ATTAC)

       Partout en Europe la même question se pose : payer la dette ou préserver la démocratie ? Partout les plans d'austérité se succèdent, imposés par la sinistre Troïka et les créanciers. M. Hollande, à peine élu, ratifie sans en changer un seul mot le traité budgétaire qu'il avait promis aux électeurs de renégocier. De droite ou de gauche, les actuels gouvernants ne pensent qu'à sauver les banques et " rassurer les marchés ".
      Pourtant la dette est la condition - même du vivre - ensemble : la dette sociale, entre les citoyens et entre les générations ; la dette écologique, entre les humains et la nature. Mais pour rembourser la dette financière, les créanciers veulent liquider ces dettes de vie, en sacrifiant les protections sociales et les équilibres écologiques. Pourtant, on le montre ici, la dette publique ne provient aucunement de dépenses publiques excessives, ni d'un supposé laxisme d'élus qui seraient trop sensibles à la pression des électeurs.
      Bien au contraire, les représentants n'obéissent plus aux citoyens mais aux marchés. C'est pourquoi, d'Athènes à E Tunis en passant par Wall Street, les révoltes populaires et mouvements " Indignés " ou s'attaquent à la fois aux oligarchies de la finance et de la politique. Ces mouvements s'inscrivent dans la longue tradition trop méconnue de la " démocratie par en bas ". Nous avons assez critiqué la dictature des financiers et la trahison des élus : l'heure est venue de construire en théorie et en pratique les outils d'une nouvelle démocratie, sociale et écologique.

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  • S'approprier les clés de la mutation (Christine MARSAN)

    2013    284 p.    20 €

     

       Cet ouvrage propose des repères pour réaliser les transformations fondamentales nécessaires dans notre monde en profonde mutation. En s'appuyant sur les contributions de nombreux professionnels aux profils différents (académiques, opérationnels, experts), le livre dresse un panorama pour comprendre l'évolution de notre société (enjeux sociétaux, économiques, politiques et leur incidence sur les entreprises) puis propose une variété de réponses pragmatiques et de réalisations concrètes.
       L'idée directrice est de démontrer qu'opérer les mutations nécessaires est possible et de donner l'envie de s'y engager grâce à des témoignages d'actions en cours. Pour répondre aux enjeux du XXIe siècle nous sommes invités à pratiquer la fraternité et la coopération.
      Ainsi les conséquences de la financiarisation spéculative et non régulée de l'économie, comme les lois de la physique quantique qui modifie nos représentations sur la réalité, nous enjoignent de passer d'un mode de compétition (OU) à un mode de coopération (ET). Seulement, pour y parvenir nous devons changer radicalement plusieurs choses: nos valeurs, nos représentations de la réalité, donc nos pensées, nos paroles et nos actions. Nous sommes invités à un véritable changement de paradigme (modèle de société).
     
      Ouvrage collectif sous la direction de Christine Marsan, psychosociologue, maïeuticienne des organisations. Les contributeurs (experts, académiques et opérationnels) sont engagés personnellement et professionnellement dans la conduite et l'accompagnement de la mutation.

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  • La démocratie et le marché( FITOUSSI)

    2004    122 p.    12,20 € 

      La recherche de la justice sociale constitue-t-elle dans le contexte de la globalisation, un obstacle à l'efficacité économique ? A cette question, Jean Paul Fitoussi, avec vigueur et rigueur, report négativement. En s'appuyant sur un constat - le sociétés les plus solidaires ne sont pas les moins performantes -, il soutient que ce n'est donc pas l'ouverture des pays aux échanges internationaux qu'il s'agit de remettre en cause, mais un discours rhétorique de la légitimation d'un capitalisme libéral et dominateur qui considère la démocrate et le politique comme des obstacles au développement.
       Après avoir enseigné dans différentes universités, en Europe et aux Etats-Unis, Jean-Paul Fitoussi est actuellement professeur à l'Institut d'études politiques de Paris. Expert au Parlement européen dans le cadre de la Commission économique et monétaire, il fait partie, depuis 1996, de la Commission économique de la nation. IL est également membre du comité de rédaction de nombreuses revues en France et à l'étranger. Ses principales contributions ont porté sur les théories de l'inflation, du chômage, des économies ouvertes, et sur le rôle des politiques macroéconomiques.

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  • 2013   280 p.  20 € 

    Trente ans de politiques économiques et autant d'échecs : chômage, crises à répétition, croissance défaillante, inégalités grandissantes...
      Comment la plupart des économistes et des responsables politiques peuvent-ils se tromper à ce point ? Selon quels ressorts appliquent-ils toujours les solutions qui ont échoué auparavant ? Pourquoi sont-ils esclaves d'un modèle délabré ? Pourquoi cette incapacité à penser autrement ?... Et que donc faudrait-il faire aujourd'hui ? Quel nouvel imaginaire économique est-il vital de mettre en musique pour affronter toutes les crises dans leur ensemble : financière, sociale, environnementale ?...
      Par l'un de nos économistes les plus prestigieux, président de l'OFCE, auteur de livres décisifs comme
       -Politique de l'impuissance (Arléa, 2004),
     voici un opus décapant, une remarquable analyse à la fois économique, psychologique et politique de notre monde.
          Jean-Paul Fitoussi est économiste. Il est professeur des Universités à l'Institut d'études politiques de Paris depuis 1982 et a présidé l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) de 1989 à 2010. Il est également président du conseil scientifique de l'IEP de Paris depuis 1997 et membre du Conseil d'analyse économique auprès du Premier ministre. Son travail porte sur les économies ouvertes, et sur le rôle des politiques macroéconomiques. Ses travaux récents portent sur les rapports entre la démocratie et le développement économique

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  • L'obsolescence de l'homme (Gunter ANDERS)

    2002     360 p.    25,40 €

    "Il ne suffit pas de changer le monde. Nous le changeons de toute façon. Il change même considérablement sans notre intervention. Nous devons aussi interpréter ce changement pour pouvoir le changer à son tour. Afin que le monde ne continue pas ainsi à changer sans nous. Et que nous ne nous retrouvions pas à la fin dans un monde sans hommes." C.A.
    Dans l' "obsolescence de l'homme", Günther Anders nous propose une remarquable analyse des rapports entre homme et technologie, à nous faire frémir. Loin des oripeaux heideggeriens de la critique de la technique, il dresse un portrait frappant de l'"homme moderne" dépassé par sa production technologique et devenu l'esclave dévôt de celle-ci. Mêlant développements proprement conceptuels et exemples précis, ce portrait à charge n'en devient que plus convaincant et dérangeant dans un monde où l'on se contente bien souvent de fonctionner. Une lecture à faire d'urgence, notamment pour nous "internautes" prisonniers du réseau..." (Commentaire d'un lecteur)
      Günther Anders (Günther Stern) est un penseur et essayiste allemand, né en 1902 à Breslau et mort à Vienne en 1992. Il est surtout connu comme critique de la modernité technique et plus particulièrement du développement de l'industrie nucléaire.
     

     Günther Anders a régulièrement récusé la désignation de philosophe. Anders s'intéresse aux défis techniques et éthiques contemporains. Son sujet principal est la destruction de l'humanité. Il est le fondateur et une personnalité importante du mouvement antinucléaire, un critique de la technologie déterminé, un philosophe des média et un « semeur de panique »1.

     Anders a reçu de nombreux prix, dont le prix de la critique allemande (1967), le prix de littérature de l'Académie bavaroise des beaux-arts (Bayerische Akademie der Schönen Künste) (1978), le prix de l'État autrichien pour la publication culturelle (1979), le prix de la ville de Vienne (1980), et le prix Theodor W. Adorno de la ville de Francfort (1983).


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  • 2013    192 p.  20 €

       Le déclin relatif de ce qu on appelle l'Occident est désormais un fait qui ne semble plus discutable. La crise actuelle, jointe à la montée très dynamique de l Asie, Chine en tête, est à l'origine de la fracture et de la recomposition géopolitique en cours.

       Contrairement à certaines idées toutes faites, la période que nous traversons n'a pas commencé avec la chute du Mur de Berlin et la fin de la guerre froide, mais trouve sa source en 1979 : à cette date, les questions coloniales sont à peu près réglées, le déclin du communisme s'accélère, mais l'année est surtout marquée par deux faits majeurs, la révolution khomeyniste et le grand tournant initié par Deng Xiaoping.
       Aujourd'hui, la fracture géopolitique que révèle ce livre provient de deux bouleversements essentiels: l'évolution de la dimension démographique globale, où l'Occident ne cesse de reculer par rapport au reste de la planète, et la crise économique mondialisée, qui a vu l'accès aux premiers rangs des pays dits émergents, et qui sont pour la plupart des pays "réémergents". En analysant le parcours et les évolutions des grandes puissances actuelles (Etats-Unis, Europe, Chine, Inde, Turquie et Moyen-Orient...), cet ouvrage s'interroge également sur l'avenir géopolitique mondial, et les destins possibles de l'Europe.
    Il dessine les contours du monde de demain.

       Gérard Chaliand, historien, poète, traducteur et géostratège, est aujourd'hui l'un des plus éminents spécialistes des conflits internationaux, auteur d'une vingtaine d'études comme
      -Anthologie mondiale de la stratégie (Robert Laffont, 1990),
      -Voyage dans quarante ans de guérillas (Lignes de Repères, 2006),
      -Les guerres irrégulières (Folio Actuel, 2008)...
    sans oublier de nombreux titres au Seuil. Il est également conseiller auprès du Centre d'analyse et de prévision du ministère des Affaires étrangères français depuis 1984.
      Michel Jan, sinologue réputé, membre du groupe de réflexion Asie 21, auteur d'une dizaine d'ouvrages sur la Chine et sur l'Asie centrale dont
       -La grande muraille de Chine (Imprimerie Nationale, 2000),
    a écrit les chapitres consacrés à la Chine.
     

    Dans son nouvel ouvrage, Vers un nouvel ordre mondial, Gérard Chaliand, spécialiste de géopolitique, tente de dessiner, avec l’aide du sinologue Michel Jan, auteur des chapitres sur la Chine, le monde tel qu’il est, et tel que nous devrions le voir. La France s’est « provincialisée », estiment nos deux auteurs, parce qu’elle est désormais incapable de s’intéresser à la région du monde qui compte, la zone Asie-Pacifique, où les États-Unis redéploient leurs forces après avoir perdu dix ans au Moyen-Orient dans une « pseudo-guerre contre le terrorisme ».]


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  •   L’esclavage contemporain : une réalité souvent cachée mais encore très répandue…

     

    Le 1er mai, le Pape François a stigmatisé le travail d’esclave où l’homme perd sa dignité. Ce que dénonçait au même moment un colloque international tenu en R.D. Congo.

    Il y a 125 ans, le cardinal Charles Lavigerie, fondateur de la Société des Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs) et de la congrégation des Sœur Missionnaires N.D. d’Afrique (Sœurs Blanches) réussit à mobiliser plusieurs capitales européennes en vue d’éradiquer la traite des noires en Afrique. Malgré son âge et son état de santé, faisant preuve d’une grande maîtrise de la communication et de convictions indéracinables, il ameuta catholiques, protestants et autres Européens de bonne volonté en vue d’en finir avec la « traite des nègres ». Ce fut le début d’une campagne qui arrivera à éradiquer le commerce des esclavages organisé par des marchands arabes avec la complicité de chefs africains locaux et d’hommes d’affaire occidentaux. Le cardinal aimait citer le philosophe stoïcien Térence : « Je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger ».

    Cet anniversaire est l’occasion pour les membres des deux congrégations qu’il a fondées non seulement d’évoquer cette époque historique et les résultats laborieux de ses efforts, mais aussi de rappeler qu’aujourd’hui encore l’Afrique – et non seulement elle – est le théâtre de nombreuses formes d’esclavage, allant des conditions inhumaines de travail jusqu’au trafic d’’être humains à grande échelle.

    Esclavage contemporainA Bukavu (R.D. Congo) s’est tenu un colloque organisé par la Province d’Afrique centrale des Pères Blancs et des Soeurs blanques, du 28 au 30 avril sur le thème des nouvelles formes d’esclavage dans l’Est du Congo. La région des Grands Lacs n’est pas seulement ravagée par les groupes armés qui pillent et violent en toute impunité depuis plus de 15 ans. La succession de trois conflits armés durant cette période a appauvri la population congolaise dans des proportions inimaginables. Nombre de familles ne peuvent envoyer leurs enfants à l’école et ne mangent pas un repas par jour. Pas de soins médicaux ni parfois de logement capable de résister aux pluies diluviennes propres à la région. Par ailleurs, la richesse inouïe du sous-sol permet à d’autres citoyens bien placés, avec la complicité des pays voisins, d’accumuler des richesses colossales. Ils peuvent tout se permettre et exploitent les structures de désordre et de violence du pays pour employer leurs concitoyens dans des conditions inhumaines, profitant de leur combat pour la survie.

    Les domaines d’exploitation des petits sont innombrables : travaux lourds de construction pour des femmes et des enfants, femmes porte-faix qui transportent plus que leur poids sur plusieurs kilomètres, personnels domestiques exploités et abusés, maisons closes avec des mineures, esclavage sexuel de femmes et jeunes filles emmenées par des groupes armés, agents de société de gardiennage sous-payés, prisonniers sous-nourris réduits au combat pour la survie, pygmées chassés de leurs réserves naturelles, etc. Toutes ces catégories sociales ont été présentées durant le colloque.

    L’approche sociologique a permis de pointer les paramètres qui expliquent cette déliquescence sociale et le fonctionnement de ces structures de violence et d’injustice. Mais elle est évidemment beaucoup trop courte pour aborder les causes profondes. Il ne suffit pas d’expliquer le comment, il faut aller jusqu’au pourquoi. Ayant opté pour une approche relevant de la théologie morale, j’ai cherché à démontrer que derrières tous ces esclavages matériels et psychologiques se cache le vrai ressort de l’esclavage : l’âpreté au gain de ceux et celles qui réduisent les autres à des comportements déshumanisants. Le premier esclavage est celui de l’esclavagiste qui est trop attaché au profit à tout prix, à la réussite individuelle, à la domination sociale, politique et économique. Pour ces personnes la réussite individuelle rend tout permis et la fin justifie les moyens.
    Or, ces nouvelles formes d’esclavage sont très répandues dans des régions qui ont été christianisées depuis plus d’un siècle. Les Grands Lacs sont connus pour leur haut degré d’évangélisation et par le pourcentage élevé de baptisés (je ne dirai pas : de chrétiens) qui forment la majorité de la population. C’est le cas de la plupart des politiciens, des hommes d’affaire et des personnes en responsabilité à différents niveaux.

    Au moment où, au niveau mondial, un combat est entamé pour moraliser l’économie et les finances, on peut s’interroger sur la gravité de cette exploitation dans des pays qui comptent autant de baptisés, et même de chrétiens convaincus. Or, il apparaît que c’est en partie le résultat d’une compréhension de la vie chrétienne limitée à la sacramentalisation, à des dévotions et de rites pieux qui semblent dispenser de la justice sociale. Messe dominicale, chapelet, adoration, chemin de croix, processions, pèlerinages, groupes de prière, réceptions pour le baptême d’un enfant, une première communion ou un mariage… est-ce suffisant pour être chrétien ? Peut-être que dans le passé, les premiers missionnaires ont trop mis l’accent sur les sacrements et les dévotions lors de la première évangélisation et oublié l’engagement du chrétien pour la justice et le droit, au nom de l’Evangile, …dans un contexte d’exploitation coloniale.

    Depuis lors, l’Eglise revient avec insistance sur les droits de l’homme, la justice et la paix. Ce fut l’objet du second synode mondial pour l’Afrique qui avait pour thème « réconciliation, justice et paix ». Les propositions des Pères du Synode ainsi que l’exhortation apostolique que Benoît XVI (Africae Munus) publiée en 2011 promeuvent la connaissance de l’enseignement social de l’Eglise comme une clé pour l’instauration de la justice, spécialement de la part des laïcs (mais les clercs en ont aussi bien besoin !) Le Compendium de la Doctrine sociale de l’Eglise est cité comme la référence obligée pour toute forme de catéchèse et pour l’ensemble de la formation des laïcs et du clergé. On y trouve effectivement un enseignement assez complet sur les nouvelles formes d’esclavage et la justice sociale. Cet enseignement est inconnu ou ignoré par la plupart des catholiques en responsabilité (pour ne parler que de l’Afrique), mais il mérité d’être diffusé, parfois critiqué et surtout appliqué !


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  •   Michel Serres : "Nous sommes face à une renaissance de l’humanité"

                          © BALTEL/SIPA

    Entretien avec Michel SERRESLe philosophe et historien des sciences porte un regard singulier sur l’évolution du monde. Extrait de l’entretien donné pour notre Atlas du monde de demain.

    Parler de demain, n’est-ce pas avant tout savoir décrire le monde d’aujourd’hui ?

    Seule Madame Soleil peut décrire le monde de demain. D’ailleurs, si vous consultez des personnes qui font de la prospective, cela devient vite tout à fait comique : ils se trompent à chaque coup… Forcément. Pour la simple et bonne raison que l’innovation est toujours inattendue. Elle passe le plus souvent par un endroit que l’on ne pouvait pas imaginer. Dans les années 1950, par exemple, beaucoup prédisaient aux maîtresses de maison de l’an 2000 l’aide de plusieurs robots pour faire la vaisselle et la cuisine, descendre la poubelle, etc. Au lieu d’un robot, nous avons eu un ordinateur. Pourtant, personne ne pensait que les opérations de l’esprit pouvaient se robotiser plus facilement que les mouvements du corps, d’apparence plus simples.
    Aussi, avant de parler de demain et de prendre des risques, la première chose que j’ai à dire est que l’avenir est toujours, ou presque, inattendu et aléatoire. Exactement comme l’est l’évolution au sens de Darwin. Une espèce apparaît, sans que personne n’ait pu imaginer qu’elle serait celle qui allait résoudre la question de la survie posée par l’évolution. Les choses ne sont ni nécessaires ni possibles. Elles sont contingentes. Le plus intéressant est le mot contingent.

    Comment doit-on alors s’y prendre pour évoquer l’avenir ?

    La question pertinente est : qu’y a-t-il de nouveau aujourd’hui ? Y répondre est extrêmement difficile, car la plupart des gens identifient ce qui est reconnaissable. Pourtant, il existe dans le présent des nouveautés que l’on ne voit pas. Dans les années 1960, j’annonçais dans mon livre Hermès que la communication l’emporterait sur la production. Ce n’est pas ­Prométhée, le dieu des forgerons (celui des cols bleus), qui était amené à dominer, mais Hermès, le dieu des porteurs de messages et des échanges (celui des cols blancs). Or l’origine de l’Europe, c’est le charbon et l’acier ; Prométhée donc. Dix ans après la création de la Ceca (Communauté européenne du charbon et de l’acier), en 1952, il n’y avait déjà plus de charbon ni d’acier, mais des chômeurs. Nous n’allions donc pas vers le dur (le charbon et l’acier), mais vers le doux (la circulation des messages). Tout le monde à l’époque m’a considéré comme un fou.

    Dérangez-nous encore une fois. Qu’est-ce qui vous paraît fondamentalement nouveau aujourd’hui ?

    L’avènement de Petite Poucette. Je l’ai surnommée Poucette du fait de son habileté diabolique à jouer de ses deux pouces pour envoyer des SMS. Elle est née au moment où les nouvelles technologies sont devenues communes (1985-1990). Elle est l’enfant d’Internet et du téléphone mobile. Pour elle, l’ordinateur n’est pas juste un outil, il fait partie intégrante de sa vie. Il s’agit d’une fille, car, depuis cinquante ans que j’enseigne, j’ai assisté à la victoire des femmes, plus travailleuses et sérieuses à l’école, à l’hôpital, dans l’entreprise… que les mâles dominants, arrogants et faiblards. Poucette n’a plus le même corps ni la même intelligence. Elle n’a plus confiance dans les anciennes appartenances : la paroisse, la commune et même la nation. Elle crée de nouvelles appartenances, de nouveaux liens sociaux, bouscule le rapport au savoir et le rapport à l’autorité. Elle construit un nouveau monde.

    Poucette est donc celle qui crée le monde nouveau. Rien de moins ?

    Rien de moins. Ce qui arrive à Petite Poucette est extraordinaire : elle tient en main son portable et me fait soudain découvrir le sens du mot « maintenant ». Tout le monde croit que c’est un synonyme d’aujourd’hui. Non, « maintenant » signifie « tenant en main ». Petite Poucette tient en main les lieux grâce au GPS, toutes les informations grâce à ­Wikipédia et d’autres moteurs de recherche et toutes les personnes qu’elle peut appeler dans le monde, puisqu’un théorème du « petit monde » dit qu’en quatre appels je peux joindre qui je veux. Qui a pu dire une fois dans l’Histoire : « Maintenant, tenant en main le monde. » Auguste, l’empereur de Rome ? Le pape Jules II ? Le milliardaire Rothschild ? Ça fait peu de monde. Aujourd’hui, en détenant un ordinateur, 3,75 milliards de personnes tiennent en main le monde. Nous sommes en train de vivre la plus extraordinaire des nouveautés.

    Pour Petite Poucette, la question de savoir dans quelle ville elle habite et travaille et à quelle communauté elle appartient a-t-elle un sens ?

    C’est une vraie question, sur laquelle j’ai beaucoup travaillé. J’en ai même tiré un livre, Habiter, pour essayer d’y répondre. Aujourd’hui, avec Internet, on peut travailler et communiquer à distance. Le rapport à l’espace a donc beaucoup changé. La preuve : vous ne recevez plus beaucoup de messages à l’adresse postale où vous habitez, si ce n’est de la publicité que vous vous empressez de jeter à la poubelle. À l’inverse, sur l’adresse électronique, qui n’a pas de rapport avec l’espace, vous recevez tous les messages, que vous soyez à l’Académie française, à Jouy-en-Josas ou en Nouvelle-Zélande. Petite Poucette n’habite plus le même espace, et c’est bien cela l’utopie : « pas d’espace ». De plus, l’ensemble des appartenances dont vous parlez sont en train de se casser la figure. J’appartiens à quoi ? À une équipe ? Lors de la Coupe du monde de l’été 2010, nos footballeurs n’ont pas su faire équipe. J’appartiens à un couple ? L’individu ne sait plus vivre à deux, il divorce. J’appartiens à un parti politique ? Tous les partis, de droite comme de gauche, se déchirent… Toute la question de Petite Poucette est d’inventer de nouvelles appartenances.

    Vous dites qu’une nouvelle humanité commence. De quels espoirs est-elle porteuse ?

    Nous sommes à un moment qui ressemble à la Renaissance. À cette époque, le Moyen Âge s’arrête, et les docteurs de la Sorbonne regardent Rabelais avec stupéfaction faire la liste des cent et une manières de se torcher le cul, dans Gargantua. Aujourd’hui, une nouvelle culture débarque. C’est tout simplement ce Entretien avec Michel SERRESqui nous arrive : nous sommes face à une nouvelle renaissance de l’humanité.

    Tout simplement, dites-vous. C’est pourtant loin d’être simple…

    Oui, mais c’est enthousiasmant d’avoir un monde nouveau à fabriquer. 

    L’Atlas du monde de demain

    L’Homme et la planète se transforment à un rythme accéléré pour le meilleur ou pour le pire. Rapports Nord-Sud, urbanisation, réseaux sociaux, biodiversité, cet atlas dessine les contours du monde nouveau qu’il nous appartient d’inventer.
    Un ouvrage de référence avec plus de 200 cartes, la contribution d’experts pour découvrir l’ampleur des possibles… jusqu’au vertige.

      L’Atlas du monde demain, hors-série La Vie / Le Monde (12 €). En vente en kiosques.


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