• L'humanisme réinventé

    180 pages, 2012, ed. Cerf, 22 euros

    En cette période de dialogue et de rapprochement des cultures, alors que de nombreuses études montrent les liens et les convergences entre les civilisations et les cultures, leurs emprunts réciproques, contribuant à renforcer ainsi le concept d'humanisme, il est très important d'éclairer ces débats par des travaux antérieurs, entrepris il y a déjà soixante-cinq ans, par l'Unesco au lendemain de sa création.

    Dans le cadre de son enseignement et de ses recherches, Joseph Yacoub a été amené à découvrir la richesse des enquêtes de l'Unesco et de ses déclarations sur les fondements philosophiques des droits de l'homme, les rapports entre les civilisations, la démocratie, les relations philosophiques et culturelles entre l'Orient et l'Occident de 1946 à 1952.

    Pour compléter cette étude, la deuxième partie de l'ouvrage, à la fois théorique et pratique, traite des liens entre l'universel et le particulier. L'auteur aborde les concepts de culture, de diversité culturelle et de droits de l'homme en illustrant son propos d'un exemple concret : la Mésopotamie ancienne et syriaque.

    Il révèle ainsi des antécédents au débat en cours sur l'humanisme et montre que les valeurs humanistes n'ont pas de frontières : elles ont été partagées par toutes les civilisations.

    Professeur honoraire de l'université catholique de Lyon, Joseph Yacoub est spécialiste des droits de l'homme, des minorités ethniques, linguistiques, religieuses et culturelles, des peuples autochtones et des chrétiens d'Orient. Il est l'auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels : Fièvre démocratique et ferveur fondamentaliste. Dominantes du XXIe siècle (Éditions du Cerf 2008).


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  • La terre est un être vivant (James LOVELOCK )

    2010   183 p.   7,20 €

        De concert avec le célèbre biologiste Lynn Margulis, James Lovelock a conçu une hypothèse scientifique permettant de considérer que les systèmes vivants de la Terre appartiennent à une même entité régulant l'environnement de manière à préserver les conditions favorables à la vie : tel est le sens de l'hypothèse Gaïa, nom grec de la déesse de la Terre. Il ne s'agit rien de moins que de reposer la problématique de l'histoire de la vie et de la Terre.

       Notre " monde vivant ", étonnante anomalie au regard de la planétologie comparée, ne forme-t-il pas un système, un " tout " comparable à un " organisme " autorégulé dont il nous resterait à comprendre ce que James Lovelock appelle la " géophysiologie " ? L'hypothèse Gaïa est maintenant considérée avec beaucoup de sérieux : il est devenu évident que la vie est affectée par l'environnement, mais qu'elle l'affecte aussi en retour, et souvent de manière à maintenir des conditions qui lui sont favorables.

       Cette idée qui semblera évidente pour quiconque ayant gardé le contact avec la vie des champs et des bois, est en train de révolutionner notre approche scientifique de la vie sur notre planète - de notre vie avec notre planète. On peut être quasiment cetrtain qu'au cours des 3,5 milliards d'années environ écoulées depuis l'apparition de la vie sur Terre, l'émission de chaleur du Soleil, les propriétés de surface de la Terre et la composition de l'atmosphère ont varié ; variations qui auraient dû entraîner une transformation du climat, ce qui, à son tour, aurait déterminé un processus d'évolution et d'adaptation du vivant différent de ce qu'il a été... Or, l'analyse des fossiles démontre au contraire que le climat n'a pas fondamentalement changé pendant cette période et que la biosphère a obéi à certaines constantes chimiques, exactement comme si elle était capable d'exercer elle-même certaines fonctions régulatrices.
       La vie contribue elle-même à créer et à entretenir les conditions de la vie : elle n'est pas indépendante du milieu terrestre, soumise à la nécessité de s'y adapter, mais au contraire elle interréagit constamment avec ce milieu, formant avec lui un seul et même être... vivant. C'est à cet être que J.-E. Lovelock a donné le nom de l'ancienne divinité grecque de la Terre Mère : GAIA.
      Gaïa vit, et elle vivra avec ou sans les hommes tant que ses organes vitaux n'auront pas été irrémédiablement endommagés... or nous ne savons pas avec précision quels sont ces organes essentiels : seule une science ayant radicalement remis en cause ses anciens paradigmes nous permettra de le découvrir : une science nouvelle, fondée sur l'hypothèse Gaïa, par laquelle l'homme pourra mettre en harmonie sa vie sur Terre avec la vie de la Terre. Tel est l'enjeu de la biologie, de la biochimie et de toutes les sciences de l'environnement pour les décennies à venir.
        James Lovelock étudie la chimie à l'Université de Manchester avant d'entrer au Conseil de Recherche Médicale (Medical Research Council) de Londres. Dans les années 60, Lovelock était sous contrat avec la NASA et travaillait à mettre au point des instruments pour l'équipe chargée d'explorer les planètes, par des sondes. Il proposa alors l'analyse de l'atmosphère de Mars et soutint assez vite que s'il y en avait une, « il lui faudrait utiliser l'atmosphère pour y puiser des matières premières et évacuer ses déchets ; cela aboutirait à en modifier la composition » . Dès lors, il estima que Mars n'a pu abriter la Vie, ce qui lui valut un certain ostracisme dans le milieu scientifique. Ce premier travail scientifique lui valût d'être mis au ban, notamment par les biologistes.

      Lovelock travaille ensuite avec l'éminente biologiste américaine Lynn Margulis, avec laquelle il écrit son premier article scientifique. Il y développe la théorie selon laquelle la Terre est un système de contrôle actif capable de maintenir la planète en homéostasie.

       James Lovelock est souvent présenté comme un défenseur de la nature, mais une lecture attentive de ses ouvrages montre qu'en réalité il s'attache surtout à une approche cybernétique du système climatique, qu'il considère de ce fait d'un point de vue utilitaire. Il va même jusqu'à calculer la valeur monétaire de la régulation de la composition de l'atmosphère par les êtres vivants pour montrer à quel point sa destruction pourrait être préjudiciable à l'économie. Enfin, Lovelock est membre de l'Association des Écologistes Pour le Nucléaire (AEPN), car il estime que cette industrie est bien moins dangereuse pour Gaïa que l'usage des combustibles fossiles et que les craintes qui entourent l'industrie nucléaire sont irrationnelles. 


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  • La cause humaine

    16 euros, 2012, 195 pages, LES LIENS QUI LIBERENT EDITIONS (9 mai 2012)

    Nous vivons la fin d un monde. Celui inauguré par les temps modernes et caractérisé par les notions de compétition, de séparation sujet/objet, de temps linéaire, d équilibre spontané, de croissance indéfinie. Quelle est cette ère nouvelle dans laquelle nous entrons ? Comment sortir des vieux schémas qui ont apporté nombre de progrès mais qui nous plongent également dans une grave crise à la fois écologique, économique, sociale, morale ? Ce livre répond à ces questions et nous exhorte également à sortir du sentiment de peur et à dépasser les réactions régressives qui habitent les hommes à chaque grande mutation de civilisation. Patrick Viveret est philosophe. Il est l auteur de Reconsidérer la richesse (L Aube) ou de Pourquoi ça ne va pas plus mal (Fayard). Il participe à de nombreux forums sociaux mondiaux et européens.

    Patrick Viveret est philosophe, ancien conseiller référendaire à  la Cour des comptes. Il est également cofondateur du Forum  pour d'autres indicateurs de richesse et initiateur des rencontres internationales Dialogues en humanité. Il est  notamment l'auteur de Reconsidérer la richesse et Pourquoi ça ne va pas plus mal ?


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  • 3,60 €   2012   80 p.

       Tous les discours des personnalités économiques ou politiques qui s’expriment dans les médias ont un point commun : la reprise est en vue, la croissance va revenir, on va s’en tirer. Certes, il y aura des sacrifices à faire, des réformes à effectuer, mais, grosso modo, le cours ordinaire des choses reprendra à terme. C’est là l’illusion qui expose au danger. 
    Pourtant, nul n’arrive à se projeter dans le grand bouleversement de demain et à anticiper les mutations. Si rien ne change, nous savons – même si beaucoup refoulent cette perspective – que nous allons à la catastrophe. 
    Pour Yves Cochet, il faut se préparer au choc et le penser comme tel. Pour Jean-Pierre Dupuy, on doit changer de mode de pensée (« faire comme si le pire était inévitable ») ; pour Susan George, il est urgent de subordonner tout à fait l’économique au politique, au social et à l’écologique. Quant à Serge Latouche, il nous invite à penser le déclin inéluctable de l’ordre néolibéral occidental et espère qu’il sera remplacé par une société d’abondance frugale.

      Yves Cochet, député écologiste de Paris, ancien ministre de l’Environnement, est l’auteur de Pétrole apocalypse (Fayard). 

       Jean-Pierre Dupuy, philosophe, est l’auteur de Pour un catastrophisme éclairé (Le Seuil). 
     

       Susan George, présidente d’honneur d’Attac, est l’auteur de Leurs crises, nos solutions (Albin Michel).

      Serge Latouche, professeur émérite d’économie, objecteur de croissance, est l’auteur notamment du Pari de la décroissance (Fayard).


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  • Terre nourricière (Robert LEVESQUE )

    2011  188 p.  18 €

     

      En abordant le sujet de la terre nourricière, ce livre parle de l'avenir de l'homme et de son alimentation. L'agriculture actuelle pourrait satisfaire les besoins alimentaires de la planète, encore faudrait-il que ce ne soit pas au détriment des générations futures. Ce serait en fait une victoire à la Pyrrhus.
      Pour résoudre le problème alimentaire mondial, l'homme doit modifier extrêmement rapidement ses modes de consommation et de production, en mettant fin au pillage des biens communs de l'humanité : le climat, la terre nourricière et les éléments minéraux, non substituables, comme les phosphates et la potasse. Le danger le plus immédiat se nomme dérèglement climatique. A cet égard, nous disposons de bien trop d'énergies fossiles.
        Pour résoudre les crises environnementales, l'homme doit changer de paradigme. A l'individualisme, la concurrence, doivent se substituer la solidarité, la coopération. Un accès aux biens communs de l'humanité doit être assuré à tous. En référence à Epicure, ce livre est une invitation pressante à la vie prudente, honorable et juste pour préparer l'Ecolocène. A recommander à tout politique, économiste, aménageur, responsable et citoyen qui aurait oublié son rapport à la nature.
       Une réflexion sur l'avenir de l'homme et son alimentation. Selon l'auteur, l'agriculture actuelle ne pourra satisfaire les besoins alimentaires de la planète qu'au détriment des générations futures.

       Robert Levesque est ingénieur agronome de l'Institut national agronomique Paris-Grignon (AgroParisTech). Spécialiste des questions foncières, il travaille notamment pour la Fédération nationale des SAFER. Il a été expert auprès du Conseil économique et social pour le rapport sur la Maîtrise foncière, clé du développement rural paru en 2005. Il a publié de nombreux articles dans Etudes foncières, Chambres d'Agriculture, Demeter . Il a réalisé des missions d'expertise en Pologne et Ukraine.

     


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  • 2012   360 p.  25,40 €

      

    Regards sur la Terre décrypte la complexité des processus qui composent le développement durable et en révèle toute la richesse.

    La première partie dresse le bilan de l’année 2011 : retour sur les dates qui ont marqué l’avancée des connaissances et la construction de l’action dans les domaines du climat, de la biodiversité, des ressources naturelles, de la gouvernance, de l’énergie, de la santé ou du développement ; analyse des événements clés et des tendances émergentes, identification des acteurs majeurs, des enjeux et des perspectives.

    Le Dossier 2012 interroge l’un des enjeux majeurs de nos sociétés contemporaines : l’agriculture. Longtemps restée écartée des politiques de développement, celle-ci fait un retour en force sur le devant de la scène internationale. Mais si l’évidence d’un besoin d’investissements massifs dans le secteur agricole est aujourd’hui reconnue, d’importantes controverses demeurent. L’agriculture peut-elle être un moteur du développement ? Peut-elle assurer la sécurité alimentaire d’une population mondiale qui vient de franchir le cap des 7 milliards d’individus ? Comment concilier la production agricole avec les exigences du développement durable ? Un nouveau modèle doit-il être inventé ? Entre intérêt récent des investisseurs, débat sur les modèles de productions inscrits dans des réalités physiques, climatiques, environnementales et sociales et réflexion sur nos modes de consommation et d’alimentation, l’agriculture, qui cristallise tant les espoirs que les résistances à la mondialisation, est aujourd’hui plus que jamais un enjeu de gouvernance mondiale.

    Fruit d’une coopération entre l’AFD (Agence française de développement), l’Iddri (Institut du développement durable et des relations internationales) et le TERI (The Energy and Resources Institute), Regards sur la Terre constitue un outil d’information et de compréhension indispensable.

     

       Pierre Jacquet: ingénieur des Ponts, des eaux et forêts et membre du Cercle des économistes, est chef économiste de l’Agence française de développement (AFD). Il est aussi président du département d’économie, gestion, finances et professeur d’économie internationale à l’École des Ponts-ParisTech. Il est notamment administrateur de l’Institut de recherche pour le développement (IRD), de l’Institut de la gestion déléguée (IGD) et de Proparco. Il a appartenu entre 1997 et 2006 au Conseil d’analyse économique auprès du Premier ministre. Il écrit une chronique mensuelle sur les acteurs du développement dans Le Monde de l’économie.


    Rajendra Kumar Pachauri: Docteur en génie industriel et en économie. Il est actuellement le directeur général de The Energy and Resources Institute (TERI) basé à Delhi (Inde). Depuis 2002, il préside le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) qui a obtenu le prix Nobel de la paix en 2007.

     Laurence Tubiana: Économiste, a fondé et dirige l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) et la chaire Développement durable de Sciences Po. Elle est professeur au sein de l’école des affaires internationales de Sciences Po. Chargée de mission puis conseillère auprès du Premier ministre sur les questions de l’environnement de 1997 à 2002, elle a été directrice des biens publics mondiaux au ministère des Affaires étrangères et européennes. Elle est membre de divers conseils d’universités et de centres de recherches internationaux (Coopération internationale en recherche agronomique pour le développement-CIRAD, Earth Institute at Columbia University, Oxford Martin School). Elle est également membre de l’India Council for Sustainable Development et du China Council for International Cooperation on Environment and Development.

     


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  • La cause humaine

    2012   195 p.  16 €

      

        préface d'Edgar Morin.
    Nous vivons la fin d'un monde. Celui inauguré par les temps modernes et caractérisé par les notions de compétition, de séparation sujet/objet, de temps linéaire, d'équilibre spontané, de croissance indéfinie. Quelle est cette ère nouvelle dans laquelle nous entrons ? Comment sortir des vieux schémas qui ont apporté nombre de progrès mais qui nous plongent également dans une grave crise à la fois écologique, économique, sociale, morale ? Ce livre répond à ces questions et nous exhorte également à sortir du sentiment de peur et à dépasser les réactions régressives qui habitent les hommes à chaque grande mutation de civilisation. 

       Patrick Viveret est philosophe, ancien conseiller référendaire à la Cour des comptes. Il est également cofondateur du Forum pour d'autres indicateurs de richesse et initiateur des rencontres internationales Dialogues en humanité. Il est notamment l'auteur de
        -Reconsidérer la richesse (l'Aube )
        -Pourquoi ça ne va pas plus mal ?(Fayard)

     


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  • Un monde sans Wall Street (françois MORIN )

    février 2011      17 €

       Les Etats ont épuisé leurs marges de manoeuvres en sauvant le système financier sans s’attaquer aux causes de la crise financière. Le monde reste donc à la merci d’une finance globalisée de plus en plus instable.

       Qu’adviendra-t-il alors quand surviendra le prochain choc systémique inévitable ?

      On peut craindre l’explosion sociale, le délabrement des économies, voire l’effondrement du politique. Pour proposer un remède préventif contre cette menace, il faut s’assurer d’abord du diagnostic sur les racines de la crise. Elle est due à l’essor insensé des produits financiers dérivés et aux normes de rentabilité financière imposées aux entreprises.

      L'onde de choc qui frappe la planète part des places financières (dont Wall Street est l’emblème) qui ont cessé de servir au financement de l'économie réelle pour n’être plus qu’un outil de pure spéculation.

      Pour sortir de ce dérèglement, il faut penser un monde sans Wall Street. C’est-à-dire : changer le logiciel néolibéral des économistes et des gouvernants, et remettre au coeur de la réflexion économique, la démocratie, le pluralisme des idées et des méthodes d’action.

        François Morin, professeur émérite de sciences économiques à l'Université de Toulouse I, a été membre du Conseil Général de la Banque de France et du Conseil d'Analyse Economique. Il a notamment publié:

       - La Structure financière du capitalisme français (Calmann Lévy, 1974),

       - Le Capitalisme en France (1976),    - Le Coeur financier européen (en collaboration, Economica, 1993),   -Le Modèle français de détention et de gestion du capital : analyse prospective et comparaisons internationales (Editions de Bercy, 1998),    - Le Nouveau mur de l'argent : essai sur la finance globalisée (Seuil, 2006).

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  • 2012     192 p.    18 € 

    Comment le climat a-t-il évolué ? Peut-on établir un lien entre cette évolution et le développement des civilisations humaines ? Pourquoi certaines régions ont-elles connu un essor économique tandis que d'autres sont restées à l'écart du développement ? Vincent Boqueho présente dans cet ouvrage une intéressante analyse de l'impact du climat sur l'histoire humaine. Il démontre que l'apparition des foyers de civilisation coïncide avec une notion essentielle : l'existence d'un fort stress climatique, qui tend à développer la culture d'innovation. Sans nier que l'industrialisation et les progrès agronomiques aient rendu l'homme moins dépendant du climat, l'auteur soutient que le climat reste toujours aujourd'hui un facteur explicatif essentiel.
       Ingénieur Supaero de formation, docteur en astrophysique, Vincent Boqueho est agrégé de sciences physiques et enseigne en classes préparatoires au lycée Les Eucalyptus à Nice. Il est auteur de
      -Toute la physique sur un timbre poste (2010) et de
      -La vie, ailleurs? (2011)  

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  • Repenser l'économie,[François Geerolf et Gabriel Zucman (dir.)]

    La Découverte,   2012,   198 p.,   14 €  

    La crise financière a profondément remis en cause la science économique : personne ne se satisfait plus désormais de modèles mis en échec et les appels à refonder l'économie se multiplient. Peu de gens, cependant, savent que cette refondation a commencé. Qu'une nouvelle génération d'économistes reconnue internationalement travaille à renouveler les savoirs et les méthodes. Sereinement, mais radicalement.

      La revue Regards croisés sur l'économie a demandé à ces jeunes économistes talentueux, couronnés par le prix Le Monde/Cercle des économistes, de partager leurs travaux et d'expliquer au plus grand nombre les implications concrètes qu'ont leurs recherches pour les politiques publiques. Comment faire reculer le chômage ? Faut-il réformer le système monétaire international ? Comment réduire le pouvoir de la finance ? Peut-on faire disparaître la pauvreté ? Loin de tous les stéréotypes, cet ouvrage exceptionnel montre la recherche en train de se faire, avec ses avancées et ses incertitudes, dans un langage accessible à tous.  

    "La revue Regards croisés sur l'économie se transforme pour l'occasion en un livre qui vise à présenter la façon dont la nouvelle génération des économistes français voit leur discipline. Saluons déjà la belle humilité introductive du livre, plutôt rare dans la profession : "Il est indéniable que la crise a mis au jour des errements. Que certains économistes ont eu tendance à prendre leurs modèles pour la réalité. Que l'idéologie se cache parfois derrière les constructions savantes. Que les outils mis en oeuvre peuvent simplifier à outrance la réalité du monde social."

    Circonstances atténuantes

     Mais les économistes ont deux circonstances atténuantes, nous disent les auteurs de l'introduction. D'un côté, l'économie est une science jeune, car elle n'a démarré qu'avec Keynes. Quand les mercantilistes argumentaient sur la politique fiscale, la politique industrielle et les modes d'insertion dans la mondialisation ne faisaient-ils pourtant pas déjà de l'économie ? De l'autre, le renouvellement des connaissances économiques a déjà commencé…, mais plus à la frontière de la discipline qu'à son coeur, sont obligés de reconnaître les auteurs.

    Pluridirectionnelle

    Surtout, si la science économique change, rien ne dit encore vers où elle va. Il suffit pour s'en convaincre de lire les contributions rassemblées dans l'ouvrage. Certains comme Yann Algan, Bruno Amable ou Pierre-Cyril Hautcoeur veulent une interaction avec les autres sciences sociales (psychologie, science politique, sociologie, histoire). D'autres, comme Xavier Gabaix ou Elyes Jouini, sont fascinés par les mathématiques ou la physique. Le premier rêve de beaux modèles et le second voudrait arriver à démontrer que les intervenants sur les marchés financiers sous-estiment les risques extrêmes. On se demande alors s'il ne s'agit pas de vérifier que ce que tout le monde peut observer en réalité depuis 2007 est possible en théorie…

    Pour d'autres encore, comme Pierre Cahuc ou Philippe Martin, l'économiste est l'arbitre des politiques publiques ; il dit le vrai à partir de sa science objective. Pour David Thesmar, le salut passe par l'abandon des débats théoriques au profit des recherches empiriques : "il faut faire parler les données". Ce que voudrait faire aussi Thomas Philippon, tout en reconnaissant que les informations pertinentes ne sont pas toujours disponibles.

    Tous les auteurs ont joué le jeu de fournir des contributions brèves, directes, franches et très lisibles. Cela donne un livre rythmé et passionnant sur les avenirs possibles d'une profession au coeur de nos débats démocratiques."

     Alternatives Economiques


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  • L'eau

    2012   191 p.   16 €

      La situation actuelle de l'eau dans le monde est catastrophique. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : un milliard de personnes n'a pas accès à une eau potable, et 2.6 milliards n'ont pas accès à des toilettes privatives. Chaque jour, 5 000 enfants meurent d'avoir bu de l'eau insalubre. Pour tant, l'eau ne manque pas sur Terre mais sa répartition est très inégale. Les pays développés, dont la France, ont progressivement résolu le problème de l'accès à l'eau potable, mais font face maintenant à de graves pollutions agricoles et industrielles. Comment les résoudre ? Concernant les pays pauvres, un retard considérable a été pris.

      Sans décision politique forte de la communauté internationale, on ne viendra pas à bout de cette honte pour l'humanité. Comment faire ? Que font les politiques ?        Ce livre va bien au-delà de l'émotion et de l'indignation légitime. Il explique les vrais enjeux de l'eau dans les pays développés et dans les pays pauvres, présente des solutions locales qui fonctionnent et nous propose des pistes concrètes pour passer en urgence à l'action.

    Jean-Patrice Poirier, 62 ans, marié, 4 enfants, est ingénieur hydraulicien (diplômé de l'Institut national polytechnique de Grenoble). Il a travaillé pendant plus de vingt ans dans le secteur de l'eau. Directeur international dans une entreprise du secteur de l'environnement, il a beaucoup voyagé tant à titre professionnel que personnel. Dans ce premier livre, il nous fait part de son expérience de terrain. 
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      L'eau, encore un produit de luxe ?
    Lundi 19 Mars 2012      Jean-Patrice Poirier - Tribune (Marianne2 )

    L’accès à l’eau potable dans le monde a fait débat la semaine dernière, au Forum Mondial de l’Eau à Marseille. Pourquoi ? Explications par Jean-Patrice Poirier, auteur du livre « L’eau, objectif du millénaire ? ».

     

    L'eau, encore un produit de luxe ?
    L'objectif de réduction de moitié du nombre de personnes n'ayant pas accès à l'eau potable (l’une des cibles des Objectifs du millénaire pour le développement établis en 2000) aurait été atteint cinq ans avant l'échéance de 2015. Mais, selon les Nations Unies, une personne a accès à l’eau si elle dispose, par jour, de 20 litres d’eau de qualité améliorée à moins d’un kilomètre de son domicile. C’est suivant ce critère que l’Unicef et l’Organisation Mondiale de la Santé ont pu affirmer que le résultat était satisfaisant car, depuis 2010, « seulement » 780 millions de personnes en manquent.

    Que signifie une « eau de qualité améliorée » ? C’est une eau non contaminée, qui ne remplit pas obligatoirement tous les critères de potabilité en vigueur dans les pays développés. Ce peut être, loin des domiciles, l’eau d’une borne fontaine ou d’un puits partagé avec des animaux. Ce triple critère (quantité, qualité, distance) très modeste est loin d’être satisfaisant.

    L'arbre qui cache la forêt

    (Famille éthiopienne allant chercher de l'eau dans le Nil - © Jean-Patrice Poirier)
    (Famille éthiopienne allant chercher de l'eau dans le Nil - © Jean-Patrice Poirier)
    Si le critère retenu avait été de « disposer d’eau potable à domicile (robinets) » alors la population n’en disposant pas serait de trois milliards d’habitants ! Et si le critère retenu avait été de « disposer d’eau potable à domicile 24h/24 » alors le chiffre atteindrait plus de trois milliards et demi d’habitants. La moitié de la population mondiale manque d’eau potable !

    Pour l’accès à un assainissement de base (toilettes fermées sans contact avec les excréments), tout le monde est d’accord, la cible ne sera pas atteinte en 2015 car le chiffre reste toujours à 2,6 milliards de personnes qui ne disposent pas de toilettes de base, dont plus d’un milliard qui défèque dans la nature !

    Performances honteuses en réalité. Il est urgent de passer à la vitesse supérieure.   

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  • L'abondance dévastatrice (Sir Frank FRASER )

    Editions Fayard , Paris - 1972 , in 8 , broché , 118 pages , collection “écologie” dirigée par Armand Petitjean , traduit de l'anglais par Germaine de Tonnac-Villeneuve

    A lire en bibliothèque ou à acheter en solde (vide-grenier, brocante... )

      Ornithologue et écologiste écossais, Sir Frank Fraser Darling était le vice-président de la Conservation Society. Il était un proche ami de Sir Julian Huxley (cofondateur du WWF et accessoirement président de la Société eugéniste) et Teddy Goldsmith le considère comme « l’une des plus grandes figures du mouvement écologiste ». En 1970-1973, il fut nommé membre de la Commission royale sur la pollution environnementale et cautionna, en 1972, le livre Changer ou disparaître.

       Sir Frank Fraser Darling est un des fondateurs de l'Ecologie moderne. Au sommaire de son ouvrage : -L'homme et la Nature, -L'impact de l'homme sur son environnement, -L'exponentiel technologique, -Les changements planétaires, -Quand la conservation va de l'avant, -Qui est responsable, références -


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  • Leur grande trouille

     2011     230 p.      18 €

     François Ruffin est journaliste et fondateur du journal satirique Fakir. Il est aussi l’auteur de

       -Les petits soldats du journalisme (Ed. Les Arènes, 20000 expls), et

       -La guerre des classes (Fayard, 8000 expls). Il vit à Amiens. 

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       Force m'est de reconnaître que ce livre est salubre. Autant le dire : j'abordais cet ouvrage avec suspicion, en raison du sujet - le protectionnisme - et des orientations d'un auteur dont le précédent livre m'avait particulièrement énervé. Certes, ce nouvel ouvrage est un coup de gueule : l'industrie française tout entière, celle de la Picardie en particulier, où réside l'auteur, est aujourd'hui mise à mal par le libre-échange. La mondialisation fait chez nous bien plus de perdants que de gagnants, et les premiers sont concentrés dans les couches populaires, les seconds dans le haut de la pyramide sociale. D'une plume alerte, il raconte cette casse sociale, interrogeant au passage les quelques rares économistes critiques du libre-échange : Maurice Allais, Jacques Sapir, Jean-Luc Gréau, Frédéric Lordon et Emmanuel Todd.

    Quand les dés sont pipés, écrit-il en substance, il faut arrêter le jeu, rejoignant ainsi un sentiment croissant face au désastre de la désindustrialisation. Bien sûr, tout à sa thèse, il ne s'interroge pas sur les effets de second tour d'une telle politique - les sanctions, les guerres commerciales, les coûts plus élevés, la zizanie européenne. Et s'il voit les méfaits des délocalisations, il oublie que la moitié des produits industriels français sont exportés. Mais il n'est pas dupe : le protectionnisme " est une coquille vide, et qui peut se remplir du pire ou du meilleur ". Il pose un problème, avance une proposition et attend des spécialistes qu'ils la mettent en musique du mieux possible. C'est à la fois la limite et l'intérêt d'un livre militant, brillamment écrit, qui, sans m'avoir convaincu, m'a profondément interpellé.

      Denis Clerc 

    Alternatives Economiques n° 308 - décembre 2011


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  • Le développement (Teddy GOLDSMITH )

    2007    483 p.    19,50 €

     

    Le " développement " a servi pendant cinq décennies à légitimer d'innombrables politiques économiques et sociales, au Nord comme au Sud, et fait croire à l'avènement du bien-être pour tous. La mondialisation a ensuite pris le relais : oubliant de promettre le " développement ", on s'est contenté de lutter contre la pauvreté. Pourquoi alors, s'il a largement échoué, le " développement " est-il encore aujourd'hui au centre d'un débat passionné ? Sans doute parce qu'il repose sur une croyance profondément ancrée dans l'imaginaire occidental. Le besoin de croire est plus fort que les doutes que l'on peut avoir sur le contenu de la croyance. Remontant le cours de l'histoire, ce livre fait le point sur les théories et les stratégies qui, depuis la fin des années 1940, ont prétendu transformer le monde et mettre un terme à la maladie, à la misère et à la faim. Cette troisième édition actualisée et augmentée présente la controverse qui oppose aujourd'hui ceux qui rêvent d'affranchir le " développement " de ses dérives capitalistes et ceux qui estiment que la décroissance ouvre la voie à l'après-développement. Et s'il fallait remettre en cause les catégories économiques qui nous empêchent de penser ensemble la nature et la société ?
     

     

    On a pu y croire tout en déplorant sans cesse ses échecs. Le " développement " a fasciné les sociétés du Nord et du Sud. Cette époque est terminée. Mais on fait encore comme si la croissance allait créer des emplois, comme si les dettes internationales devaient être remboursées, comme si la mondialisation pouvait procurer l'opulence collective. Mais d'où vient cette croyance ? Pourquoi a-t-on mis tant d'ardeur à la proclamer et à la réaliser ? Quelle fut la cause et quel sera l'avenir de cette illusion ? En remontant le cours de l'histoire, cet ouvrage fait le point sur les théories et les stratégies qui ont prétendu transformer le monde. Pendant cinq décennies, ce grand récit a fait croire à l'avènement du bien-être pour tous ; or il débouche aujourd'hui sur la misère et le chômage, au Nord comme au Sud. Comment expliquer ce grand retournement ?

     


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  • Le grand basculement.... (J. M. SEVERINO, O. RAY )


     2011   299 p.   25,90€

      Crise alimentaire, crises sanitaires, crise énergétique, crise climatique et même crise financière et économique : la juxtaposition et la succession des événements extrêmes qu’a connus notre planète depuis dix ans est stupéfiante. Seraient-ils liés ? Des phénomènes structurels et transversaux n’expliquent-ils pas ces tensions, qui mettent à l’épreuve notre capacité à vivre ensemble — voire peut-être à survivre ?

    Nous avons atteint un niveau d’interdépendance sociale, économique et financière inégalé dans l’histoire. Ce système a permis soixante années de croissance impressionnante et des progrès sans précédent. Il atteint pourtant aujourd’hui ses limites, sous l’effet de la croissance démographique et des contraintes physiques qui pèsent sur notre planète. D’où la pression qui suscite les crises auxquelles nous assistons.
    Cette interdépendance explique aussi l’ampleur des inégalités et les tensions sociales qui s’ensuivent, annonçant peut-être encore d’autres crises. La question sociale se hisse donc au rang des problèmes globaux. Au cours du siècle qui s’ouvre, la société internationale saura-t-elle la traiter ?

    Jean-Michel Severino est directeur de recherches à la Fondation pour la recherche sur le développement international (FERDI) et a dirigé l’Agence française de développement (AFD).

    Olivier Ray est économiste à l’AFD.

    Tous deux ont co-écrit, aux éditions Odile Jacob, Le Temps de l’Afrique. 
     
    Christian Chavagneux
    Alternatives Economiques n° 308 - décembre 2011:

    " Si nous ne sommes pas capables de mettre en route des mécanismes d'enrichissement soutenables pour tous, nous ne pourrons pas supporter la charge humaine et écologique de notre planète, et nous dériverons inexorablement dans un monde de conflits et de violence." Nous voilà prévenus dès l'introduction : ce livre a été écrit dans l'urgence de proposer au débat une voie politique qui permette de sauver les hommes et la planète d'une tendance à l'autodestruction.

    " Inversion de raretés "

    Cette autodestruction s'exprime par une évolution que les deux auteurs ont baptisée d'" inversion des raretés " : alors que la terre et les ressources naturelles deviennent rares et donc chères, l'homme au travail, désormais abondant, voit sa valeur décliner. Aujourd'hui, 64 % de la population mondiale appartient à la population active, un pic qui devrait décliner avec le vieillissement mondial mais qui, pendant trente ans encore, va se traduire par la nécessité de devoir absorber la force de travail des pays du Sud. Soit trente ans de tensions sociales à venir.

    Car pendant que certains profitent de la mondialisation, d'autres y perdent leur emploi et leur revenu. Il ne sera pas facile d'y répondre par une montée en gamme de nos économies : celle-ci réclame une hausse des qualifications rendue difficile par l'accroissement de la pauvreté et le vieillissement, qui éloignent les individus de la formation.

    Conclusion : on n'en est qu'au début de mouvements de révolte politique et sociale, qu'ils prennent la forme de révolutions, de changements de régime, ou de mouvements d'indignés. Bref, comme dans le capitalisme de la fin du XIXe siècle, la question sociale se pose à nous et elle est désormais mondiale.

    Changer la donne

    Alors que faire ? Il y a les mauvaises réponses, que les auteurs veulent dénoncer. Le protectionnisme, par exemple. Si les riches s'enferment pour se protéger des pauvres, avec 9 milliards d'habitants demain dont 8 au Sud, le rapport de force risque d'être déséquilibré ! Et, argument peu souvent mis en avant, "difficile d'alimenter 9 milliards d'êtres humains en vase clos ". Bizarrement, tout à leur volonté de dénoncer la focalisation du G20 sur la régulation financière, les deux auteurs ne sont pas loin de nous dire que c'est un faux sujet ! Alors qu'une finance stable et orientée vers la facilitation de la transition écologique est essentielle tandis qu'une finance instable emporte tout sur son passage.

    Côté " bonnes " réponses, le livre plaide pour une plus grande gouvernance mondiale, sans vraiment nous dire comment la rendre démocratique. Ils veulent réinverser les raretés en plaidant pour des TVA vertes ou des taxes carbone. Ils défendent des modèles de croissance donnant la priorité aux marchés intérieurs. Et ils souhaitent la mise en oeuvre d'un filet de sécurité social mondial, financé par une taxation globale.

    Le livre agace parfois par son côté bon samaritain ou par la présentation de la vie de Monsieur Machin ou Truc censée symboliser les problèmes du monde. Mais, toujours pédagogique, il nous force à nous positionner pour répondre à l'admonestation de Winston Chruchill lorsqu'il déclarait : " Nous devons prendre le changement par la main, sans quoi soyons assurés qu'il nous prendra par la gorge ! " 


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  • 2011      180 p.     15 €

    Les riches ont largué les amarres : ils ont fait sécession du reste de la société. Leurs gains sont désormais sans commune mesure avec ceux de leurs contemporains et ils échappent toujours davantage aux filets de la solidarité. Cette situation n’est pas seulement moralement discutable et politiquement dangereuse. Elle est aussi économiquement absurde : aucune des théories échafaudées pour la justifier ne résiste à l’examen.
       Mais les raisons qui nous y ont conduits ne peuvent être cantonnées à la cupidité des individus, ni même aux décisions de telle ou telle majorité politique. Elles plongent leurs racines beaucoup plus profondément dans un compromis social et idéologique auquel nos sociétés ont collectivement consenti.
       Ont ainsi été réunies les conditions historiques pour que des élites désamarrées ressuscitent les clivages d’une société de rentiers et d’héritiers comparable à celle de la fin du XIXe siècle. C’est ce paradoxe que ce livre tente de percer : comment des sociétés envahies par un individualisme vidé de toute consistance morale ont organisé et finalement justifié la sécession de ceux qu’elles regardent à la fois comme l’accomplissement ultime de leur idéal et comme un symbole d’injustice majeur.
    Thierry Pech est directeur de la rédaction d’Alternatives économiques. Il a également été secrétaire général de la République des Idées, conseiller à la CFDT et secrétaire général adjoint de l’Institut des Hautes Etudes sur la Justice. Il a notamment publié
       -Et ce sera justice. Punir en démocratie (en coll. avec A. Garapon et F. Gros, Odile Jacob, 2001) et
       -Les Multinationales du coeur. Les ONG, la politique et le marché (Seuil, 2005). 

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  • Peut-onsauver notre planète sans toucher à notre mode de vie? (B. DESSUS, S. DAVID )

    2010     128 p.    11 €

    Deux scientifiques de haute volée s'affrontent. Pour Benjamin Dessus, si l'on veut limiter à deux degrés au plus le réchauffement climatique avant la fin du siècle et que les inégalités mondiales, notamment en matière énergétique, se réduisent, les pays les plus développés devront diminuer très fortement leurs émissions de gaz à effet de serre, ce qui ne pourra pas aller sans réduction importante des consommations énergétiques, donc sans changements profonds dans notre mode de vie. Nous ne vivrons pas moins bien, mais différemment, expose-t-il, chiffres et exemples à l'appui.

      Sylvain David (un physicien) ne conteste pas la première partie de l'affirmation (il va falloir réduire les émissions de façon importante). Mais il ne croit pas possible un changement de mode de vie: il met donc ses espoirs dans le captage de CO2 et un fort développement de l'électricité d'origine nucléaire, soit deux paris technologiques bien hasardeux. Aux points, B. Dessus l'emporte: ce n'est peut-être pas la voie la plus facile, mais certainement la plus raisonnable.


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  • 2011      185 p.   15€

    Débattre des urgences de la crise systémique, en Europe et dans d'autres parties du monde, tel est l'enjeu. En effet, après les très graves crises de 2008 et 2009, la reprise de la croissance mondiale en 2010 s'est accompagnée de la persistance et même de l'aiguisement des difficultés économiques et sociales. Outre l'aggravation de la crise du capitalisme mondialisé et des propositions de maîtrise et de débuts de dépassement des marchés, ou d'expansion radicale des services publics, sont évoqués ici des défis urgents et les affrontements des réponses. Cela se rapporte à la crise des dettes publiques européennes et de l'euro, à une autre coopération euro-méditerranéenne face aux démocratisations des pays arabes, aux transformations en cours dans les pays émergents comme la Chine et à de nouvelles relations et institutions internationales. Il s'agit de participer au débat démocratique sur de grands ensembles de propositions, immédiates et inscrites dans un processus de dépassement du capitalisme. Et cela va jusqu'à la perspective d'une nouvelle civilisation de toute l'humanité.
       Paul Boccara, Maître de conférences honoraire en Sciences économiques, agrégé d'histoire, ancien membre du Conseil national du PCF, présente ici, après son projet d'une Sécurité d'emploi ou de formation pour le marché du travail, ses analyses néo-marxistes de la mondialisation capitaliste et des propositions pour maîtriser et commencer à dépasser tous les marchés, de l'argent, des produits, à l'échelle mondiale, et contre l'hégémonie des Etats-Unis, afin de contribuer à une autre civilisation de toute l'humanité. 
     
       Daniel Bachet
    Alternatives Economiques n° 308 - décembre 2011:

    Paul Boccara propose une approche globale de la crise du capitalisme mondialisé et ouvre des perspectives en vue de commencer à dépasser un système économique et social qui, selon lui, entraîne l'humanité vers de grandes difficultés, au lieu d'utiliser les immenses progrès techniques pour construire une autre civilisation de coopération.

    L'auteur montre comment l'amplification des accumulations financières pénalise la demande globale et les investissements créateurs de richesses et d'emplois. L'insuffisance de la demande globale freine le progrès humain ainsi que les dépenses sociales pour développer les capacités des salariés, la formation et la créativité de chacun.

    Il avance des propositions de maîtrise et de dépassement des marchés, d'expansion des services publics et notamment de création monétaire de la BCE face à la crise de l'euro. Reprenant l'idée qu'il avait développé au début des années 1980, il souligne la nécessité de mettre en place de nouveaux critères d'efficacité sociale dans les entreprises afin d'élever la " valeur ajoutée disponible " pour les travailleurs et la population. Cette valeur ajoutée se traduit dans les salaires, les dépenses de formation et permet de financer les services publics et sociaux. Pour aller au-delà d'un marché libéralisé qui s'est mondialisé et qui polarise les richesses, il avance des propositions de coopération et de co-développement ainsi que la mise en place de biens publics mondiaux de l'humanité, de la santé à la culture.


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         février 2010   308 p.   16 €

         Longtemps les gauches se sont crues en pays de cocagne : il fallait toujours faire croître le gâteau (PIB) avant de pouvoir le répartir plus équitablement. Il est maintenant évident qu'il n'est pas possible d'avoir une croissance infinie dans un monde fini. L'enjeu est donc d'apprendre à vivre beaucoup mieux avec beaucoup moins. Apprenons à devenir des "partageux"! Paul Ariès pulvérise avec brio les idéologies du progrès et de la croissance qui continuent à coloniser notre imaginaire. À partir d'une (re)lecture systématique de tous les courants des gauches (socialiste utopique, libertaire, chrétien, marxiste officiel et hétérodoxe), il revient sur le combat qui oppose depuis deux siècles gauches productiviste et antiproductiviste. L'effondrement environnemental peut être une chance pour inventer une gauche antiproductiviste et optimiste. Il montre également comment l'histoire sociale a été truquée: les milieux populaires ont toujours été antiproductivistes. L'enjeu est de réinventer l'avenir autour de l'idée de gratuité. Pourquoi payer son eau le même prix pour faire son ménage et remplir sa piscine privée? Pourquoi payer son énergie le même prix pour une consommation normale et un gaspillage?

         Paul Ariès est militant écologiste. Il est rédacteur du journal La Décroissance et dirige le journal Le Sarkophage. Il a organisé plusieurs Contre-Grenelle de l'Environnement.

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  • 02-2011       345 p.      19,90 €

           Arundhati Roy a délaissé le roman pour ne plus écrire que des textes de combat, reflétant un engagement politique aussi intègre que virulent. Dans les articles polémiques ici réunis, elle dénonce des scandales et des atrocités survenus en Inde : le massacre planifié de musulmans, perpétré en toute impunité ; la corruption du système judiciaire ; la répression et la terreur qui règnent au Cachemire ; enfin, les mensonges médiatiques entourant les récents attentats de Bombay...

         Cet ouvrage a donc l'immense mérite de mettre en lumière les dérives scandaleuses et méconnues de la 4e " plus grande démocratie du monde ". Mais elle élargit encore son propos en réfléchissant à la multiplication des génocides dans le monde ainsi qu'à la possibilité de mettre sur pied un mouvement démocratique qui résisterait à la répression d'Etat et à tous les fanatismes, comme à la confiscation des ressources économiques par les multinationales. Ce recueil forme donc un contrepoint idéal au Deuxième avion de Martin Amis: par-delà leurs partis pris souvent opposés, les deux écrivains se rejoignent dans une même exigence morale, et dans l'éloquence d'une écriture combative.

     
         Après des études d'architecture, Arundhati Roy s'est consacrée au cinéma en tant que décoratrice et scénariste. Elle vit à New Delhi. Son premier roman, Le Dieu des Petits Riens, a été salué comme un événement littéraire dans le monde anglophone et s'est vu décerner le Booker Prize en 1997. Elle est également l'auteur de nombreux essais tels que:
        - Le coût de la vie (1999),
               -Ben Laden, secret de famille de l'Amérique (2001) 
                      - L'écrivain-militant (2003).

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  •    Montesquieu, déjà en 1748, dans un chapitre éclairant intitulé « De la dette publique » tiré de son livre « De l’esprit des lois », mentionnait ceci : On « ôte les revenus véritables de l’État à ceux qui ont de l’activité et de l’industrie, pour les transporter aux gens oisifs ; c’est-à-dire qu’on donne des commodités pour travailler à ceux qui ne travaillent point, et des difficultés  pour travailler à ceux qui travaillent. »

    Plus de deux siècles et demi plus tard, nous sommes encore face à la même situation. Dans le sauvetage des grandes sociétés de Wall Street, nos gouvernements ont généreusement donné à ceux qui ne travaillent point (Wall Street) pour créer de plus en plus de troubles à ceux qui travaillent (la classe moyenne). Chose assurée, la classe moyenne n’a pas le moindre avantage sur ces puissants créanciers que nous finançons pourtant.

    La prochaine étape, logique et conséquente de la précédente, sera de réduire radicalement les programmes sociaux pour financer banquiers et spéculateurs lorsque la prochaine crise se présentera. Justement, à cet égard, le Royaume-Uni et l’Irlande commencent à comprendre de quoi il retourne : on fait des coupes sombres dans les programmes sociaux pour rembourser la dette publique, alors que la prochaine crise n’a même pas encore frappé. Et on s’étonne ensuite de voir le secteur privé envahir le domaine de la santé. 

    Et la dinde est heureuse, car elle peut continuer à consommer comme auparavant ! La dinde ne se doute jamais que le mille et unième jour elle se fera trancher la tête, car chaque jour qui passe lui confirme avec de plus en plus d’évidences que demain sera la réplique d’hier ou d’aujourd’hui. Qui veut entendre parler de la dette publique ? Surtout pas la dinde, car elle désire plutôt qu’on la gave de formules prêt-à-penser en lui disant que tout va comme dans le meilleur des mondes !

        Courbe de dindification

    17 mars 2011 Pierre Fraser 

    Suite à la multitude d’entrevues que j’ai réalisées auprès des médias, j’ai reçu plusieurs courriels pour que j’explique la courbe de dindification. Le lecteur comprendra qu’il s’agit que d’un résumé d’un livre beaucoup plus complet qui explique le phénomène des tendances qui sortira à la fin mars 2011 et intitulé « Théorie des tendances – Le mutisme du futur ».

    Ce qu’il faut tout d’abord comprendre, c’est que la dindification est essentiellement un processus d’euphorisation des foules. Observez attentivement cette courbe.

    Voyons maintenant comment ce processus se déroule :

    1.         Initiateurs. A) Quelqu’un lance une idée ou un concept. B) Il peut s’agir d’une nouvelle tendance qui vient d’émerger d’une tendance qui s’est effritée ou effondrée.

    2.         Branchés. Au tout début, ce sont les gens qui sont toujours attirés par la nouveauté qui décident ou non d’adopter l’idée. Ce sont les « branchés ». En marketing, on parle des « early adopters » S’ils « achètent » l’idée, ils commencerent à la diffuser par le truchement de différents canaux.

    3.         Première contamination. Si les branchés ont assez d’influence et qu’ils réussissent à « contaminer » d’autres branchés, une certaine masse critique est atteinte. Sur le graphique, c’est la première courbe juste au dessus de l’axe des refus. Par contre, cela ne veut pas pour autant dire qu’une fois la masse critique de branchés atteinte, que l’idée sera acceptée par les cercles d’amis immédiats.

    4.         Cercles d’amis. Les cercles d’amis immédiats adoptent l’idée. Pendant une certaine période de temps, plus ou moins longue, l’idée connaît des hauts et des bas. Si l’idée réussit à se répandre auprès de plusieurs cercles d’amis, elle commence alors à se transformer graduellement en un potentiel phénomène de masse. 

    5.         Groupes élargis. Une fois que l’idée commence à devenir un potentiel phénomène de masse, son nombre d’adeptes croît rapidement. On entre dans les groupes élargis.

    6.         Artistes. Les artistes constatent que certaines valeurs proposées par la tendance répondent à certaines de leurs sensibilités. Ils les adoptent et s’en font les porte-drapeaux.

    7.         Journalistes. Les journalistes se rendent compte du phénomène une fois qu’une masse critique adopte l’idée. C’est ici que l’euphorisation de la tendance commence. L’idée atteint maintenant la grande diffusion par le truchement des médias de masse. Par la suite, les médias individuels (médias sociaux) prennent la relève et rediffusent massivement l’idée.

    8.         Consensus. Dès que les médias (de masse et sociaux) se font la courroie de transmission des valeurs proposée par une tendance, le consensus s’établit. S’installent alors dans le discours de la tendance les phrases types suivantes : « Tout le monde s’entend pour dire que… », « Tous les scientifiques s’entendent pour dire que… », « Tous les experts s’entendent pour dire que… ». À défaut de certitudes, on évoque le consensus.

    9.         Gourous, spécialistes, experts. Les gourous, les spécialistes, les experts, et les experts autoproclamés amplifient de plusieurs degrés l’euphorisation de la tendance. Les gourous sont ceux qui initient les nouvelles idées ou les concepts innovateurs, mais ils ne reconnaissent pas les limites de leur savoir. Les spécialistes sont ceux qui savent vraiment de quoi ils parlent, mais ils extrapolent si on les oblige à les franchir. Les experts sont à mi-chemin entre les gourous et les spécialistes. Ils n’ont généralement pas une formation dans le domaine dont ils traitent, mais ils ont on eu la piqûre pour celui-ci. Ce faisant, ils n’ont aucune étendue de leur ignorance. Les experts autoproclamés sévissent sur le Web et les médias sociaux et ne savent pas qu’ils sont ignorants.

    10.     Grand public. Par l’effet combiné des journalistes, des gourous, des spécialistes, des experts et des experts autoproclamés, l’euphorisation atteint maintenant le grand public.

    11.     Sous-tendances. Lorsque le grand public s’investit dans la tendance, parfois, c’est le moment où les premières personnes qui ont adhéré au système de valeurs de la tendance commencent à décliner celles-ci en différentes sous-tendances.

    12.     Politiciens et législations. Lorsque le grand public adhère aux valeurs proposées par la tendance, celui-ci demande aux instances gouvernementales d’adopter des lois et des règlements pour encadrer les différentes pratiques reliées à la tendance. Lorsque les instances politiques s’impliquent, le niveau d’euphorisation augmente encore, car les gens se disent que c’est vraiment sérieux.

    13.     Radicalisation. Lorsque le niveau politique s’investit et prend position en faveur de la tendance, c’est généralement à ce moment que les gardiens de l’orthodoxie de la tendance déclinent la tendance en une ou des sous tendances plus radicales en augmentant le niveau des irritants de celles-ci.

    14.     Entreprises. Avec les politiciens et le grand public totalement euphorisés par la tendance, les entrepreneurs se disent qu’il est impensable de ne pas investir ce nouveau marché qui offre de nouvelles possibilités. Selon le degré d’euphorisation atteint, les entreprises qui s’opposaient jusque là à la tendance, ou qui étaient réticentes, succombent (parfois malgré elles) à l’euphorisation. 

    15.     Retardataires. Pour les gens qui tardent toujours à prendre le train d’une tendance, le fait que les entreprises, le politique et la majorité du public s’investissent dans la tendance, les convainc une fois pour toutes de suivre (parfois malgré eux).

    16.     Euphorisation maximale. Lorsque les quinze conditions précédentes sont réunies, l’euphorisation de la tendance atteint son apogée. La tendance acquiert le statut définitif de système de valeurs. 

    17.     Événement imprévisible. Une fois qu’une grande partie de la population est investie dans une tendance, un événement imprévisible — causes naturelles, décisions politiques, irruption de nouvelles technologies — fait basculer la tendance.

    18.     Effritement et effondrement. L’effritement ou l’effondrement d’une tendance n’est possible que par l’irruption d’un événement imprévisible : désastre naturel, décision politique ou économique, nouvelle technologie.

    19.     Nouvelle tendance. Et le cycle recommence avec une sous tendance ou une toute nouvelle tendance.

     dindification.com

        Plusieurs lecteurs de mon livre « Dindification – Développer son esprit critique dans un monde du prêt-à-penser » m’ont demandé de clarifier la notion de discours. La voici donc :

        Qu ’est-ce qu’un discours ? C’est une représentation mentale que l’on se fait de la réalité à propos d’un sujet tant qu’on ne dispose pas de solides évidences pour établir des faits cohérents et concordants avec la réalité.  

     Au XVe siècle, il y avait une solide discussion — discours — à propos de la position de la Terre par rapport au soleil : l’héliocentrisme — la terre tourne autour du soleil — et le géocentrisme — la terre est immobile au centre de l’univers. On n’avait pas encore établi avec certitude — fait —, que la Terre tourne autour du soleil. L’idée est la suivante : il y a présence d’un discours tant qu’on n’a pas statué une fois pour toutes sur l’état de la chose. Autrement dit, il y a discours tant qu’on ne dispose pas de solides évidences pour établir des faits cohérents et concordants avec la réalité. Tant qu’une certitude n’est pas établie à propos d’une réalité, la réalité possède toujours une double personnalité : l’une relève du factuel et l’autre du discours. Concrètement, le factuel représente l’ensemble des données vérifiables, cohérentes, et concordantes avec la réalité, tandis que le discours, est une représentation mentale que l’on se fait du factuel. Entre les deux, il y a un abîme, et c’est à partir de cet abîme que se forgent les discours. 

    Un discours possède toujours sa contrepartie tant que le factuel n’est pas établi. Par exemple, le discours du chocolat noir, du thé vert, des antioxydants, de l’obésité, de la mise en forme, et de la pratique d’un sport composent pour une grande part le discours de la santé actuellement à la mode. Ce discours a ses opposants, pour la simple raison qu’aucun « factuel » n’a été établi. Autrement dit, personne n’a de certitude à propos de quoi que ce soit à propos de la santé, sauf pour quelques exceptions qui sont aujourd’hui des faits établis — le tabac cause le cancer du poumon.

    Personnellement, je ne me place jamais dans la position opposée au discours dominant. Pourquoi ? Parce que, lorsque vous vous placez dans la position du camp opposé, vous vous placez dans une position de polémique, c’est-à-dire que vous pensez contre quelqu’un au lieu de penser la chose même et de proposer des analyses. Ma position épistémologique est la suivante : ce qui importe, ce n’est pas de savoir qui a raison ou qui a tort. Ce qui importe vraiment, c’est de savoir quels seront les impacts sur nos vies et la société si nous adhérons massivement au « pour » ou au « contre » du discours de la santé, du discours sur le réchauffement climatique, du discours de la transparence, ouverture, partage et collaboration du Web 2.0, ou de tous les autres discours imaginables.

      L'une des raisons pour laquelle nos systèmes de santé sont des gouffres sans fond pour les finances publiques, c’est peut-être justement parce que nous prêtons foi aux discours à propos de la santé plutôt que de nous en remettre aux faits vérifiés et vérifiables.

    © Pierre Fraser, 2011 


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  • L'empire de la valeur (André ORLEAN )

       2011     347 p.     21 euros. 

       La crise financière a révélé au grand jour les limites de la théorie économique : celle-ci n’a su ni prévoir les désordres à venir, ni même simplement nous mettre en garde contre de possibles instabilités. Cet aveuglement est le signe d’un profond dysfonctionnement qui exige plus qu’un simple replâtrage pour être corrigé : un renouvellement radical des méthodes et des concepts, au premier rang desquels celui de valeur économique. Pour le dire simplement, les économistes conçoivent la valeur, que ce soit celle des marchandises ou celle des titres financiers, comme ayant la nature d’une grandeur objective qui s’impose aux acteurs et à leurs interactions, à la manièred’une force naturelle. Ceci est apparent dans le domaine financier au travers des formules mathématiques que calculent les économistes pour établir la juste évaluation des actifs.

      La crise a montré que ces formules n’étaient pas fiables. Cela ne tient pas à une insuffisante habileté à mener des calculs complexes mais à la nature même de la question posée. Il n’existe pas une juste valeur, ni pour les marchandises, ni pour les titres, mais différents prix possibles en fonction des intérêts et des croyances. À partir de ce nouveau cadre d'analyse, c'est toute la science économique qu'il s'agit de refonder.

      André Orléan est directeur de recherche au CNRS, directeur d’études à l’EHESS et membre del'École économique de Paris (ENS). Il est notamment l'auteur de:

       -La Monnaie souveraine (avecMichel Aglietta, Odile Jacob, 1998) et de

       -De l'euphorie à la panique, penser la crise financière (Éditions Rue d'Ulm, 2009). 

    C'estl'ouvrage d'économie le plus profond et le plus passionnant écrit depuis longtemps.

      Il est difficile de rendre justice au travail de réflexion qu'il contient en peu d'espace. Car son objectif - et il est atteint - n'est pas mince : proposer une nouvelle façon de penser l'économie de marché.

       Aussi l'auteur revient-il à une question fondamentale : comment expliquer que des millions de producteurs et de consommateurs séparés arrivent à se coordonner pour faire fonctionner des économies de marché ? Jusqu'ici, la pensée économique y a répondu en attribuant une valeur à chaque objet marchand, rendant ainsi les échanges possibles. Ce qui ne fait que déplacer la question : qu'est-ce qui détermine alors la valeur des choses ? 

    Valeur

      André Orléan démontre qu'aussi bien Karl Marx et les auteurs classiques que Léon Walras et toute la théorie néoclassique considèrent que la valeur est une qualité que les objets marchands possèdent en propre : la quantité de travail socialement nécessaire à leur production pour les premiers, l'utilité pour les seconds. Les biens ayant une valeur objective mesurable, s'échangent alors contre les autres biens et les rapports des acteurs économiques entre eux n'ont aucune influence sur l'échange, pas plus que la monnaie.

       Deux énormes erreurs selon André Orléan, qui développe sa critique de Marx et, surtout, de l'approche économique dominante. Il montre que sa validité est restreinte à l'acceptation d'hypothèses extrêmement fortes : jamais les désirs ne s'écartent de l'utilité des objets, tout le monde connaît la qualité des biens échangés (George Akerlof et Joseph Stiglitz remettront en cause cette idée avec leurs analyses des asymétries d'information), le futur est toujours objectivement probabilisable, et ainsi de suite… 

    Désir

      André Orléan propose une autre approche qui pose, après René Girard, que les individus ne savent pas ce qu'ils désirent et que, pour déterminer ce qui mérite d'être acquis, ils regardent ce qu'achètent les autres, avant de suivre par désir mimétique. Ils vont alors décider d'obtenir les objets de prestige qui leur permettront de se différencier socialement. Et le premier d'entre eux est la monnaie, car sa liquidité, sa capacité à être acceptée par les autres comme pouvoir d'achat, est première. Ainsi, "la fascination pour l'argent est au fondement de toutes les économies marchandes. Elle en est l'énergie primordiale." 

     Orléan propose alors une refonte complète de la théorie économique où les économies marchandes sont coordonnées par la monnaie et non par les prix, où les relations entre participants aux marchés jouent un rôle essentiel, et où la puissance collective de la société guide les désirs des individus qui ne sont plus libres, etc. 

      La sociologie, la psychologie ou l'analyse des relations de pouvoir sont alors essentielles à la compréhension des économies de marché. André Orléan ne s'y trompe pas, niant toute singularité à l'approche économique pour promouvoir une approche unidisciplinaire du monde. C'est puissant et fascinant. Le premier livre majeur de l'après-crise.  (Alternatives Economiques )


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  •  2010   416 p.   23 €

    André BOUNY est né handicapé, atteint de spina-bifida, dans le sud de la France. Suivant des études paramédicales à Paris, il proteste contre la guerre qui fait rage au Viêt Nam, dans la rue et par ses peintures exposées au Grand Palais.

    Ému par la découverte de ce pays ravagé par la guerre, où il rencontre mutilés et malades, il fonde l’association caritative DEFI Viêt Nam, (Donner Ensemble Former Informer), qui s’engage également dans la campagne contre les mines antipersonnel. Quelque 300 tonnes d’équipement médical, recueillies et mises en conformité, sont expédiées par bateaux (électrocardiographes, lits médicalisés, fauteuil roulants, à destination de services de chirurgie et de radiologie, de maternités, cabinets dentaires, etc). L’association à but non lucratif pourvoit aussi à la formation de personnel médical vietnamien en France, facilite le parrainage d’enfants, informe sur l’Agent Orange et distribue des aides aux victimes de ce poison chimique contenant de la dioxine.

    André enchaîne les voyages au Viêt Nam où il adopte deux enfants. En 2004, il adresse une lettre ouverte à John Kerry, diffusée dans la presse internationale. Puis il constitue et conduit le Comité International de Soutien aux victimes vietnamiennes de l’Agent Orange (CIS) qui comprend de très nombreuses personnalités dans des domaines d’expertises variés. Infatigablement, il explique les conséquences de ce poison dans tous les médias qui osent en parler (radios, télés, journaux et sites Internet…)

    Son livre se fonde sur 40 ans d’expérience et d’intérêt porté au peuple et à la culture du Viêt Nam, comme à son histoire.

    RÉSUMÉ (Réseau Voltaire)

    Si l’histoire de l’utilisation des poisons, (venins et toxiques) remonte à la nuit des temps, la synthèse chimique a permis d’en démultiplier les effets maléfiques. Il est un fait largement ignoré que la guerre du Viêt Nam fut la plus grande guerre chimique de l’histoire de l’Humanité. L’objet de ce livre est d’expliquer précisément comment et pourquoi. On y apprend de quelle façon, aujourd’hui encore, un demi-siècle après le début des épandages, la dioxine pénètre dans l’organisme, quelles maladies elle engendre, et les terribles effets tératogènes qu’elle inflige aux enfants.

    La description scientifique des agents chimiques utilisés est aussi précise que la technologie méthodique mise en œuvre. Celle de l’effroyable catastrophe écologique fait prendre conscience que la destruction du règne végétal précède et précipite une dévastation plus terrible encore.

    Les nombreuses photographies exceptionnelles, signées de très grands noms, illustrent l’ampleur de la tragédie actuelle. Cartes géographiques, documents d’archives inédits et témoignages états-uniens viennent démontrer l’intentionnalité de ce véritable écocide. L’auteur propose en outre un nouveau calcul renversant du volume des agents chimiques déversés au Viêt Nam. Dans cet ouvrage exhaustif, il aborde la partie juridique avec les procédures intentées au nom des victimes vietnamiennes dans un total silence médiatique.

    À l’image du Tribunal international d’opinion qui s’est tenu en 2009 à Paris, ce livre a pour but d’informer le public, premier pas d’une prise de conscience sur la route de la réparation des torts et des souffrances, car il existe aussi un espoir…

    Un document bouleversant, comme l’Histoire officielle ne la raconte jamais, pour comprendre l’ampleur de la tragédie que vivent au quotidien une multitude de victimes de l’Agent Orange.

    Dow Chemical, Monsanto, Diamond, Uniroyal...

    L'Agent Orange constitue le plus grand écocide du 20° siècle.

    Découvrez les crimes impunis des marchands de la mort !

    Préface de Howard ZINN

    Avant-propos de Maître William BOURDON

    Nombreuses photographies d’archives & cartes,
    ainsi que des images récentes de très grands photojournalistes...

    « C’est un crime hideux. »

    - Noam CHOMSKY, membre du CIS,
    le Comité International de Soutien aux victimes de l’Agent Orange.
     


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  • Nouvelle conscience, nouvelle société (Marc Luyckx GHISI )

    2011       18,90 E

       Le constat est simple : le monde moderne agonise. Un nouveau monde est en train d'émerger. A tous points de vue : les paradigmes de la modernité deviennent caducs, des centaines de millions de personnes changent de valeurs et de mode de pensée, les croyances de la modernité sont périmées, les idéologies sont mortes, le politique est dépassé, l'économie fonce dans le mur, l'écologie fait planer une énorme épée de Damoclès sur nos têtes... Tout est à revoir ! Le rapport au sacré, les rapports masculin-féminin, le progrès, la rationalité, le travail, la morale, l'éducation, l'épistémologie, la science... De nouveaux paradigmes sont en train d'émerger, qui vont régir tous les domaines de la vie collective d'une manière inédite. Une manière qui a pour seule légitimité de nous permettre de relever les défis colossaux qui nous attendent, et que la modernité nous a laissés, incapable qu'elle était de les affronter... 

        Marc Luyckx Ghisi, né en 1942 à Louvain, est licencié en théologie latine et docteur en théologie et philosophie russes et grecques. Disciple de Teilhard de Chardin, il a vécu et enseigné en Italie, au Brésil, aux Etats-Unis et à Bruxelles. De 1990 à 1999, il a été membre de la Cellule de Prospective de la Commission européenne, auprès des présidents Jacques Delors et Jacques Santer. Il est actuellement vice-président de la Cotrugli Business School de Zagreb et Belgrade et membre de l'Auroville International Advisory Council, en Inde. Il a publié trois livres en français :
       - La Société de la connaissance : une nouvelle vision de l'économie et de la politique, Editions romaines (Luxembourg), 2007,
       - Au delà de la modernité, du patriarcat et du capitalisme : la société réenchantée (préface d'Ilya Prigogine, Prix Nobel 1977), L'Harmattan, 2001, et
       -Surgissement d'un nouveau monde (préface de François Lemarchand), Alphée, mai 2010.
     Alexandre Rougé, né en 1978 à Dijon, est diplômé de sciences politiques et de journalisme. Il s'intéresse à différents domaines, histoire, politique, philosophie, spiritualité, pour essayer d'en tirer synthèses et enseignements. Il a publié:
        - Le Vin français - Un chef-d'oeuvre en péril, Res Publica, 2009, et
        -La Fin du monde moderne (préface d'Alain de Benoist), Res Publica, 2010

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  • 2011    64 p.    4,90 €

    La biodiversité décline à un rythme sans précédent sur la Terre. Et, paradoxe, ce sont les hommes eux-mêmes qui sont responsables de ce formidable déclin planétaire. Depuis la tenue d'une conférence internationale majeure, à Rio de Janeiro, en 1992, le Sommet de la Terre, et la ratification de la Convention pour la diversité biologique (CDB), en 2005, s'est progressivement mis en place un vaste réseau mondial de territoires protégés, parallèlement à l'élaboration de diverses listes d'espèces menacées. Les avancées sont certes significatives, mais peut-on considérer pour autant que la démarche soit complètement opérationnelle et satisfaisante ?
    Pour apprécier la réponse à cette question, encore faut-il savoir ce qu'est la biodiversité, comment les scientifiques la définissent et comment elle s'organise dans l'espace et dans le temps. Ce n'est qu ensuite que nous pourrons faire le point sur les différents types de conservation de la biodiversité, apprécier leur utilité et, malheureusement, leurs insuffisances... Que conviendrait-il de faire pour entraver l'érosion du capital biologique mondial ?
       Chercheur à l'INRA Avignon, Bruno Fady est spécialiste en génétique écologique.
       Frédéric Médail est professeur d'écologie et de biogéographie à l'université Aix-Marseille III - Paul Cézanne 

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  • Lordon : « Le soulèvement ou la table rase par l'effondrement »
    Publié le 21/01/2012

    Le 15 janvier 2011, Frédéric Lordon, économiste hors sérail microcosmique, était invité à une conférence organisée par Attac et Mediapart sur le thème : « Quel remède à la crise démocratique européenne ? » Frédéric Lordon décida de répondre à cette question « sans circonvolutions inutiles » :

    « Ma réponse, c'est : le soulèvement ou bien la table rase par l'effondrement financier. »

    La « démocratie » des marchés

    La démocratie représentative n'existe plus, pose Frédéric Lordon en citant le cas du référendum de 2005 et en pointant les pions Papademos et Monti avancés sans scrupules par la troïka financière (BCE, Commission européenne, FMI) au mépris de toute souveraineté populaire.

    La loi des marchés (ces « tiers inclus au contrat social ») règne en maître. Les élus du peuple, les résultats de scrutins ne sont plus tolérés par ces nouveaux dominants que s'ils rentrent dans leur moule.

    Citant la récente dégradation de la France, Frédéric Lordon relativise l'importance d'agences de notation parfaitement « périphériques » :

    « Il n'y a aucun lieu de s'étonner qu'un univers comme les marchés de capitaux, qui fonctionnent fondamentalement à la croyance, à l'opinion et au jugement, sécrètent en leur sein des producteurs spécialisés de croyance, d'opinion et de jugement. »

    S'attaquer à la structure d'ensemble

    Ce n'est pas à ces « points focaux » épiphénomèniques (les agences de notation) qu'il convient de s'attaquer, mais à la structure d'ensemble qui les féconde.

    Or, souligne l'iconoclaste économiste, les évènements en cours pourraient bien donner un sacré coup de main à ceux qui refusent la « monstruosité » d'un monde régi par « le corps informe des créanciers internationaux ».

    Comme en 2007/2008, le secteur interbancaire est en voie de devenir « le nouvel épicentre d'un nouveau séisme ». Sans que les puissances publiques, désormais ruinées, puissent voler à son secours comme la fois précédente :

    « Si donc nous voyons poindre la perspective de grand effondrement, alors oui, il y a plus que jamais matière à nous demander quoi reconstruire. Mais la toute première question étant bien sûr : à quelle échelle ? »

    La reconstruction, mais avec qui ?

    Sur ce point, l'ami Lordon est catégorique. La tendance va spontanément vers « une préférence a priori pour des ensembles les plus vastes possibles » (dit-il). Mais alors, « avec qui ? ».

    Lordon expose ses doutes quant à une solution européenne dans une Union européenne ouvertement dominée par la rigueur monétaire imposée par l'Allemagne. Et par une « juridicisiation » des politiques publiques « directement attentatoire » à toute souveraineté populaire :

    « Existe-t-il des intermédiaires viables entre les configurations nationales classiques et une Union européenne pleine et entière, je veux dire avec une intégration politique pleine et entière ?

    Si la réponse était non, alors il ne faudrait pas hésiter à en revenir à la configuration nationale dont on sait avec certitude qu'elle satisfait pleinement le principe de la souveraineté populaire. »


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    La dindification (Pierre FRASER )

    02/2011        144 p.     (Québec ) 
       Imaginez une dinde bien dodue, nourrie pendant mille jours par le fermier. De son point de vue, demain sera forcément la réplique d’hier ou d’aujourd’hui. Rien ne lui permet de croire le contraire. Pourtant, soudain, contre toute attente, le mille et unième jour, elle se fait trancher la tête. Selon Pierre Fraser, nous sommes tous des dindes gavées de prêt-à-penser. Subtilement euphorisés par le discours des journalistes, des experts, des économistes, des écologistes et des gourous du Web, nous gobons les idées reçues et vivons sur le pilote automatique. Nous mettons en veilleuse notre propre jugement. On nous dit comment nous comporter, et nous le faisons; à quelle idée adhérer, et nous y croyons. Nous y croyons tellement que nous ne pouvons envisager le pire. Et pourtant, le pire est en train de se produire.
        - Saviez-vous que Google arrive à vous faire travailler à votre insu?
       -que la Chine est en passe de réécrire les règles du libre marché sans se soucier de démocratie?
       -que l’écologisme n’est pas une science, mais une religion laïque qui cherche à vous imposer ses propres vues?

       Contestataire et sans merci, Dindification est un livre dérangeant qui nous invite à prendre une pause et à quitter le confort du consensus. Bref, à réfléchir au monde dans lequel nous voulons vivre. 

        Pierre Fraser, détenteur d’une maîtrise en linguistique de l’Université Laval, se définit avant tout comme un épistémocrate, c’est-à-dire, quelqu’un qui doute de son propre savoir, et à plus forte raison de celui des autres. Linguiste de formation qui a mal viré, attiré par les sirènes de l’intelligence artificielle, il est devenu informaticien tout comme entrepreneur, et a mis au point le premier système intelligent qui a permis à la société nStein Technologies d’entrer en bourse en juin 2000. À cinquante ans, retrouvant le bon sens, il se consacre désormais depuis ce temps à tenter de comprendre comment nos sociétés se transforment sous l’impulsion des technologies et des impacts qu’elles ont sur nous.

        dindification.com         dindification@gmail.com

       Conférences, ateliers et séminaires

      Il suffit de contacter mon agent, Roger Tremblay,  par courriel : Roger @ tel-t-textes.com 


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  • Peut-on sortir du nucléaire?

    2011     268 p.   19 €

     

     

     

    Fukushima ! Un nom que certains font sonner comme

    Hiroshima... après Tchernobyl.

    Faut-il « sortir du nucléaire » ? Et le peut-on ?

    Cet ouvrage s'appuie sur une conviction profonde : pour répondre aux besoins de santé, d'éducation, de bien-être de la planète, et notamment de ses habitants les plus pauvres, il faut de l'énergie. Sans doute trois ou quatre fois plus qu'aujourd'hui à l'horizon 2050. Or même si l'on développe au maximum les énergies renouvelables, même si l'on relance un nucléaire plus sûr, même si l'on se serre la ceinture, cela ne suffira pas.

    Alors, no futur ? L'Apocalypse ? Non. Comme nous l'avons fait au XXe siècle, nos enfants trouveront des solutions.

    « Peut-on sortir du nucléaire ? » est fondé sur une double expérience : l'approche universitaire du Pr Jacques Foos, titulaire pendant 25 ans de la chaire de sciences nucléaires du Conservatoire National des Arts et Métiers, et l'approche médiatique d'Yves de Saint Jacob, ancien rédacteur en chef de l'Agence France-Presse.


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  • la grande régression (Jacques GENEREUX )

    2011     278 p.    8,50 €

       « Durant les vingt premières années de ma vie, j’ai grandi dans un monde où le destin des enfants semblait naturellement devoir être plus heureux que celui de leurs parents ; au cours des trente suivantes, j’ai vu mourir la promesse d’un monde meilleur. En une génération, la quasi-certitude d’un progrès s’est peu à peu effacée devant l’évidence d’une régression sociale, écologique, morale et politique, la « Grande Régression » qu’il est temps de nommer et de se représenter pour pouvoir la combattre.   

      Car la première force des malades et des prédateurs qui orchestrent cette tragédie est leur capacité à présenter celle-ci comme le nouveau visage du progrès. Et leur première alliée, c’est la perméabilité des esprits stressés. À l’âge de la démocratie d’opinion, les réactionnaires ne peuvent se contenter de démolir l’acquis des luttes passées en faveur d’une vie meilleure pour tous ; il leur faut aussi anesthésier les résistances, susciter l’adhésion ou la résignation de leurs victimes ; ils doivent remporter une bataille culturelle dont l’enjeu est de nous faire aimer la décadence. […]

      En dépit des apparences et de son titre, ce livre n’est pas pessimiste ! Il dit au fond que la voie du progrès humain est connue et possible. Il annonce que nous sommes allés à peu près au bout de toutes les impasses des temps modernes. Tant et si bien, qu’au bout de la Grande Régression où nous voilà bientôt rendus, l’humanité devra bien d’une manière ou d’une autre prendre un autre chemin. La seule question est de savoir s’il nous faudra, pour cela, endurer la régression jusqu’à l’effondrement, ou s’il se trouvera des responsables politiques pour offrir enfin une Grande Transformation démocratique et des citoyens mobilisés pour les soutenir. »  Jacques Généreux

      Avec une rare clarté, Généreux, explique d'abord en quoi la crise mondiale en cours est l'effet inéluctable des politiques qui, depuis trente ans, ont promu un système vraiment capitaliste et l'essor mondial d'une véritable économie de marché, à l'exact opposé du mouvement engagé par les deux générations précédentes. Toutefois, la crise économique n'est qu'un avatar d'un plus vaste mouvement de régression de la civilisation moderne. Au terme d'une quête perpétuelle d'émancipation des individus, s'est installé un hyperindividualisme qui efface les repères moraux, détruit les liens sociaux et limite l'épanouissement personnel à la compétition permanente pour l'accumulation des biens. Il s'ensuit une mutation culturelle qui a d'abord favorisé le culte fou du marché et la fuite en avant consumériste qui détruit l'écosystème. Mais ensuite, la violence comme le désordre social et international exacerbés par l'hyperlibéralisme nourrissent la peur de l'autre, de l'étranger et du vide moral, d'où de multiples pulsions régressives: obscurantisme, replis communautaires ou nationalistes, politiques liberticides au nom de la sécurité. Pour sortir de cette régression, l'auteur montre comment on peut, sans révolution, en une simple législature démocratique, sortir de la société de marché capitaliste qui nous y a entraînés. Mais nous risquons d'être durablement empêché de renouer ainsi avec le progrès par les dysfonctionnements d'une démocratie où les classes populaires ne vont plus voter et par l'imbécillité d'une gauche " moderne " qui a fini de se convertir au modèle libéral au moment même ou celui-ci s'effondre.
        Jacques Généreux, professeur à Sciences Po., a publié plus d’une vingtaine d’ouvrages. Il poursuit ici son travail de refondation de l’analyse politique, économique ou sociale à la lumière de ce que nous savons aujourd’hui sur le fonctionnement des êtres humains, après

      - La Dissociété (Seuil, 2006), et

      - Le Socialisme néomoderne (Seuil, 2009).

        Le présent ouvrage, plus léger et plus accessible, outre le fait qu’il éclaire le moment charnière où se trouve notre civilisation, constitue aussi une bonne introduction à la pensée originale de l’auteur. Jacques Généreux est également Secrétaire national à l’économie du Parti de Gauche. 

    http://genereux.info 


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  • 2008    528 p.   26 €

           Ce livre, plaidoyer passionné, profond et précurseur contre la bombe atomique, comprend trois textes de genre très différent.

        L'Homme sur le pont - "quelque chose" qui n'a ni tête ni mains mais joue de la musique... - est le journal écrit par Anders lors de sa visite au japon, à Hiroshima, en août 1958. _journal d'une virulence terrible contre la bombe, la guerre, les techniques de destruction modernes.

        Hors limite reprend les lettres d'Anders au pilote de l'avion d'Hiroshima, Claude Eatherly, devenu une victime de la bombe, interné pour avoir refusé d'être traité en héros, ainsi que les réponses d'Eatherly.

        Les Discours sur les trois guerres mondiales (1964) anticipent les réflexions récentes sur le rôle "éthique" de la peur, de la "panique", de l'effroi, qu'on trouvera plus tard chez un Hans Jonas. Anders le reconnaît dans l'introduction de 1982, ces pages écrites plus de trente ans auparavant appartiennent à la "préhistoire" de la mouvance antiatomique. Pourtant, comme Jean-Pierre Dupuy le montre avec rigueur dans sa préface, elles restent d'une puissante actualité.

        Günther Anders est né en 1924. Elève de Husserl, il émigre aux Etats-Unis en 1936. Marqué par les bombes atomiques de 1945, il ne cessera de réfléchir sur leur sens pour lutter contre la guerre et ses techniques nouvelles, qui menacent l'avenir de l'espèce humaine et de la Terre. Il est mort en 1992.

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